Édition 2010-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie
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SOMMAIRE<br />
A la Une<br />
Flamme violette<br />
Délinquance<br />
Sauvez Bucarest<br />
Sapinta, Vague <strong>de</strong> froid<br />
Actualité<br />
Vie internationale<br />
Moldavie<br />
Politique, Equipement<br />
Agriculture, Economie<br />
Social<br />
Société<br />
Evénements<br />
Faits divers, Justice<br />
Vie quotidienne<br />
Santé, Enseignement<br />
Environnement, Minorités<br />
Religion, Insolite, Sports<br />
Page photos<br />
Connaissance<br />
et découverte<br />
Cinéma<br />
Littérature, Musique<br />
Révolution an XX<br />
Tourisme<br />
Mémoire, Médias<br />
Francophonie<br />
Itinéraires, Humour<br />
Abonnements<br />
Coup <strong>de</strong> coeur<br />
2 et 3<br />
4 et 5<br />
6 et 7<br />
8 à 11<br />
12 et 13<br />
14 à 18<br />
19<br />
20 à 25<br />
26 et 27<br />
28 à 31<br />
32 et 33<br />
34 et 35<br />
36 à 38<br />
39<br />
40 et 41<br />
42 à 46<br />
47 à 53<br />
54 et 55<br />
56 à 59<br />
60 à 62<br />
63<br />
64<br />
Numéro 58 - mars - avril <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />
NOUVELLEs<br />
Lettre d’information bimestrielle<br />
Les<br />
<strong>de</strong><br />
ROUMANIE<br />
L'émergence <strong>de</strong> la société civile<br />
La crise touche durement <strong>les</strong> Roumains. Après plusieurs années <strong>de</strong> forte<br />
croissance, le réveil est douloureux. Le PIB a chuté <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 7 % en 2009,<br />
le nombre <strong>de</strong> faillites a été multiplié par dix et la consommation a baissé<br />
<strong>de</strong> façon drastique. En <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, <strong>les</strong> conséquences socia<strong>les</strong> <strong>de</strong> ce recul se font cruellement<br />
sentir, même si une légère reprise est espérée en fin d'année. La Roumanie <strong>de</strong>vrait<br />
compter un million <strong>de</strong> chômeurs au tournant <strong>de</strong> l'été et Bruxel<strong>les</strong> considère qu'elle est<br />
le second pays <strong>de</strong> l'UE le plus touché par la pauvreté. D'ailleurs, celle-ci est intervenue<br />
aux côtés du FMI et <strong>de</strong> la Banque Mondiale pour assurer <strong>les</strong> fins <strong>de</strong> mois <strong>de</strong> l'Etat<br />
roumain, garantir aux fonctionnaires leurs salaires et aux retraités, leurs pensions.<br />
Le tableau est sombre donc et ce ne sont pas <strong>les</strong> tristes pantalonna<strong>de</strong>s auxquel<strong>les</strong><br />
se livrent politiciens et dirigeants qui peuvent rassurer la population. Pourtant <strong>de</strong>s<br />
signes, certes ténus, mais encourageants, se font <strong>de</strong> plus en plus jour sur la capacité,<br />
l'envie, et même l'espoir <strong>de</strong>s Roumains à vouloir changer le cours <strong>de</strong>s choses.<br />
Une dynamique est en train <strong>de</strong> naître, dans <strong>de</strong>s domaines disparates, s'appuyant<br />
sur la volonté <strong>de</strong> citoyens à ne plus vouloir subir, ni rester <strong>les</strong> bras croisés. A Rosia<br />
Montana, l'action déterminée <strong>de</strong> petites ONG entrave plus que jamais <strong>les</strong> projets <strong>de</strong> la<br />
Gold Corporation <strong>de</strong> rayer <strong>de</strong> la carte toute une vallée, en exploitant au cyanure <strong>de</strong>s<br />
mines d'or. A Bucarest, la mobilisation d'associations a réussi à mettre un frein à une<br />
urbanisation sauvage, livrée aux promoteurs, qui a déjà gran<strong>de</strong>ment défiguré la capitale.<br />
Une jeune femme courageuse, Iana Matei, <strong>de</strong> retour au pays, a tiré <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong>s<br />
réseaux <strong>de</strong> proxénètes, 420 jeunes fil<strong>les</strong>. Son action lui a valu d'être désignée<br />
"Européenne <strong>de</strong> l'année" par le “Rea<strong>de</strong>r's Digest”. Une première pour la Roumanie.<br />
Greenpeace Roumanie a fait condamner à Strasbourg l'Etat Roumain qui refusait<br />
<strong>de</strong> dévoiler à la population l'endroit où il voulait implanter sa secon<strong>de</strong> centrale<br />
nucléaire. La branche d'Amnesty International a dénoncé au niveau européen <strong>les</strong><br />
expulsions “en douce” <strong>de</strong>s Tsiganes <strong>de</strong> leurs logements.<br />
L'association <strong>de</strong>s jeunes juges s'est élevée avec colère contre la nomination à la<br />
tête <strong>de</strong> la plus haute instance judiciaire du pays d'une magistrate connue pour ses liens<br />
passés avec la Securitate, bloquant sa nomination. Dans une enquête, la revue<br />
"Capital" a noté qu'"on ne la faisait plus" aux consommateurs : <strong>les</strong> Roumains ont<br />
boudé le magasin Ikea et ses promotions trompeuses alors, qu’en fait, ses prix augmentaient.<br />
Même le gouvernement, à sa façon, s'est mis <strong>de</strong> la partie en partant en guerre<br />
contre la "malbouffe", Mc Donald's et consorts, claironnant qu'il voulait la taxer !<br />
Sûr… ce n'est pas la nomenklatura qui mènera la Roumanie sur le bon chemin,<br />
mais cette élite qui a pour nom "société civile" et qu'il faut ai<strong>de</strong>r !<br />
Henri Gillet<br />
1
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
2<br />
BAIA<br />
ORADEA MARE<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
TARGU<br />
CLUJ MURES<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
PITESTI <br />
SUCEAVA<br />
<br />
BACAU <br />
<br />
BUCAREST<br />
IASI<br />
<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI<br />
<br />
BRAILA <br />
CHISINAU<br />
SLOBOZIA<br />
<br />
CONSTANTA<br />
Victor Ponta nouveau<br />
prési<strong>de</strong>nt du PSD<br />
Après son échec à la prési<strong>de</strong>ntielle,<br />
Mircea Geoana a-t-il été victime<br />
une secon<strong>de</strong> fois <strong>de</strong> "la flamme violette",<br />
mais cette fois ci <strong>de</strong> ses adversaires<br />
au sein <strong>de</strong> son propre parti?<br />
En tous <strong>les</strong> cas, prési<strong>de</strong>nt du PSD, il<br />
a perdu aussi<br />
cette fonction<br />
au cours du<br />
congrès d'après-élections<br />
qu'a tenu sa<br />
formation, fin<br />
février. Il a été<br />
battu par<br />
Victor Ponta<br />
(37 ans), jeune politicien aux <strong>de</strong>nts<br />
longues, qui l'a em-porté <strong>de</strong>vant <strong>les</strong><br />
représentants <strong>de</strong>s militants, par 856<br />
voix contre 781… A la gran<strong>de</strong> satisfaction<br />
d'Adrian Nastase et Ion<br />
Iliescu, qui ne pardonnaient pas à<br />
leur successeur<br />
d'avoir<br />
conduit à la<br />
défaite et tourné<br />
en ridicule<br />
le parti qui leur<br />
avait permis<br />
<strong>de</strong> diriger le<br />
pays après la<br />
chute <strong>de</strong><br />
Ceausescu.<br />
"Jamais<br />
<strong>de</strong>ux sans trois" pourrait même<br />
redouter Mircea Geoana: élu prési<strong>de</strong>nt<br />
du Sénat à la suite <strong>de</strong>s législatives<br />
<strong>de</strong> fin 2008, et d'un partage <strong>de</strong>s<br />
rô<strong>les</strong> entre le PSD et Traian Basescu,<br />
<strong>de</strong>venus alliés, il a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s chances<br />
<strong>de</strong> perdre également cette fonction<br />
qui en fait le <strong>de</strong>uxième personnage<br />
<strong>de</strong> l'Etat, une fron<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses propres<br />
troupes le menaçant.<br />
<br />
<br />
Prési<strong>de</strong>ntielle<br />
Mircea Geoana encadré par A. Nastase et Ion Iliescu.<br />
Mircea Geoana a trouvé la raison <strong>de</strong> sa défaite face à Traian Basescu, lors <strong>de</strong><br />
la récente élection prési<strong>de</strong>ntielle. Ainsi qu'il l'a déclaré publiquement, il a perdu<br />
le débat l'opposant au Prési<strong>de</strong>nt sortant parce que celui-ci a utilisé une arme<br />
déloyale: "la flamme violette", portant toujours cette couleur.<br />
Ce serait donc une énergie spirituelle, positive pour celui qui l'utilise mais<br />
négative pour sa victime, qui a précipité la défaite du candidat du PSD, paralysant<br />
ses réactions, le laissant sans mot face aux attaques <strong>de</strong> son adversaire<br />
! Sa femme, Mihaela, a même parlé <strong>de</strong> conspiration montée par le camp adverse.<br />
Mircea Geoana n'a pas été le seul a avancé cette explication. Son chef <strong>de</strong> campagne,<br />
Viorel Hrebenciuc, pourtant un dur à cuire du matérialisme marxiste-léniniste, a indiqué<br />
qu'il avait relevé que, tout au long <strong>de</strong> la campagne, Traian Basescu et son entourage<br />
portaient ostensiblement <strong>de</strong>s pulls, chemises<br />
ou cravates violettes pour lancer leurs on<strong>de</strong>s<br />
dévastatrices et améliorer leurs chances <strong>de</strong> victoire.<br />
Un député du PSD a même indiqué qu'il<br />
allait mener une enquête personnelle à ce sujet.<br />
Interrogé sur sa propension à porter du violet,<br />
le prési<strong>de</strong>nt réélu a blagué, répondant que<br />
"c'était la couleur <strong>de</strong> l'année". Par contre, l'ancien<br />
protecteu <strong>de</strong> Mircea Geoana, Ion Iliescu<br />
ne "décolore" pas. "Prostanacu" ("le petit couillon"),<br />
ainsi qu'il avait charitablement baptisé,<br />
mérite décidément ses sarcasmes, "ces suppu-<br />
tations étant le fait <strong>de</strong> naïfs, sans éducation". Même <strong>les</strong> prestigieux "Washington Post"<br />
et "New York Times" y sont allés <strong>de</strong> leurs commentaires sur cette affaire qui a fait le<br />
tour <strong>de</strong> la planète, et visiblement, dépasse leur enten<strong>de</strong>ment. L'histoire tournant à sa<br />
confusion, Mircea Geoana est revenu sur ses propos, mais le mal était fait et la presse<br />
en a fait <strong>de</strong>s gorges chau<strong>de</strong>s.<br />
Parapsychologie et magie noire<br />
A la Une<br />
Traian Basescu suspecté <strong>de</strong> sorcellerie !<br />
"La flamme violette" a causé<br />
la perte <strong>de</strong> Mircea Geoana...<br />
-J'vous donne ma parole que j'ai pas bu<br />
un seul coup…C'est sûr que j'ai dû être<br />
attaqué par la flamme violette ! (Vali)<br />
Il ne s'agit cependant pas <strong>de</strong> la première fois que Traian<br />
Basescu est suspecté <strong>de</strong> "sorcellerie" par ses adversaires. En<br />
2004, on avait déjà mis sur son compte le renoncement <strong>de</strong><br />
Theodor Stolojan à se présenter aux élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong>,<br />
ce qui lui avait laissé la voix libre pour être candidat <strong>de</strong> l'opposition<br />
d'alors et finalement être élu.<br />
Adrian Nastase, le Premier ministre <strong>de</strong> l'époque et candidat<br />
du PSD, battu <strong>de</strong> peu , avait écrit ensuite sur son blog qu'il<br />
avait été victime d'attaques énergétiques négatives et <strong>de</strong> séances<br />
<strong>de</strong> magie noire visant à le déstabiliser et à le faire perdre.<br />
Ses partisans avaient même avancé que cette technique avait été employée du temps <strong>de</strong><br />
la guerre froi<strong>de</strong> par <strong>les</strong> Soviétiques pour influencer et conditionner leurs ennemis.<br />
Cette fois-ci, certains au PSD ont i<strong>de</strong>ntifié le "gourou" qui serait <strong>de</strong>rrière cette<br />
"guerre <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s" et aurait aidé Traian Basescu à triompher. Il s'agit d'Aliodor<br />
Manolea, psychologue, spécialiste en psycho-énergétique, bio-synergétique, docteur en<br />
"sciences complémentaires" et auteur <strong>de</strong> plusieurs manuels <strong>de</strong> parapsychologie, qui l'aurait<br />
accompagné lors <strong>de</strong>s débats et tout au long <strong>de</strong> la campagne. L'ennui pour le PSD,<br />
c'est que cet "expert" était venu lui donner un coup <strong>de</strong> main lors <strong>de</strong>s élections européenne<br />
<strong>de</strong> 2007 et, qu'après avoir utilisé ses services, ce parti, mécontent <strong>de</strong>s résultats, l'avait<br />
mis à la porte sans ménagement. La vengeance est un plat qui se mange froid !<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE A la Une<br />
Trafics humains<br />
Placés souvent sous le joug <strong>de</strong> gangs mafieux et<br />
subissant <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie délétères dans<br />
quelque 110 campements <strong>de</strong> fortune en région parisienne,<br />
<strong>les</strong> ressortissants originaires d'Europe <strong>de</strong> l'Est - <strong>de</strong><br />
Roumanie en particulier - sont, selon la police, poussés à une<br />
délinquance <strong>de</strong> plus en plus préoccupante. Exilée en France<br />
après la chute du mur <strong>de</strong> Berlin pour s'installer dans le début<br />
<strong>de</strong>s années 1990 aux portes <strong>de</strong> la capitale notamment, cette<br />
population serait même à l'origine d'une "recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> la<br />
petite et moyenne délinquance".<br />
À titre d'exemple, la Direction régionale <strong>de</strong> la police <strong>de</strong>s<br />
transports (DRPT) a procédé au<br />
cours <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong>rnière à 2 500<br />
interpellations <strong>de</strong> jeunes femmes<br />
qui, par groupe <strong>de</strong> 3 à 10, s'attaquaient<br />
aux voyageurs et aux touristes<br />
pour <strong>les</strong> voler. Multirécidivistes,<br />
el<strong>les</strong> passent à l'action lors <strong>de</strong> la<br />
montée en rame, aux pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong> affluence. "Cela a mené à 1<br />
800 mesures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> à vue, soit<br />
plus du double <strong>de</strong> l'activité répressive<br />
<strong>de</strong> l'année 2008, illustrant ainsi la<br />
montée en puissance du phénomène",<br />
précise-t-on à la Direction <strong>de</strong> la<br />
sécurité <strong>de</strong> proximité <strong>de</strong> l'agglomération<br />
parisienne (DSPAP).<br />
Spécialisés suivant leurs régions d'origine<br />
Selon <strong>les</strong> estimations policières, 3 000 personnes issues <strong>de</strong><br />
la communauté rom sont aujourd'hui installées en banlieue.<br />
Écumant <strong>les</strong> lieux <strong>les</strong> plus touristiques, <strong>les</strong> pavillons déserts,<br />
<strong>les</strong> stations <strong>de</strong> RER, et plus récemment <strong>les</strong> abords <strong>de</strong>s distributeurs<br />
automatiques <strong>de</strong> billets, el<strong>les</strong> se livrent à un panel d'infractions<br />
allant <strong>de</strong> la mendicité agressive aux "vols à la tire"<br />
dans <strong>les</strong> poches et <strong>les</strong> sacs, en passant par <strong>les</strong> escroqueries à la<br />
charité publique et <strong>les</strong> cambriolages en série.<br />
"Les auteurs d'infractions se sont spécialisés en fonction<br />
<strong>de</strong> leur ville d'origine et se regroupent, par lieux <strong>de</strong> naissance,<br />
par famil<strong>les</strong> ou par connaissances dans <strong>les</strong> mêmes campements.<br />
Ils ne se mélangent pas ou très peu", établit une synthèse<br />
du service d'investigation transversale. "À chaque communauté,<br />
émanant d'une origine géographique particulière, correspond<br />
également une activité économique spécifique".<br />
Ainsi, <strong>les</strong> mendiants seraient réputés venir <strong>de</strong> Timisoara et<br />
ceux qui lavent <strong>les</strong> vitres <strong>de</strong>s voitures aux portes <strong>de</strong> la capitale<br />
proviendraient <strong>de</strong>s faubourgs <strong>de</strong> Bucarest. Quant aux<br />
voleurs postés près <strong>de</strong>s distributeurs <strong>de</strong> billets, ils seraient tous<br />
Recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> la délinquance<br />
venue <strong>de</strong> l'Est, encadrée par <strong>de</strong>s gangs mafieux<br />
Esclavagisme mo<strong>de</strong>rne pour rembourser la "camata"<br />
Quelque 2 500 interpellations ont été effectuées pour vols à la tire dans <strong>les</strong> transports parisiens l'année <strong>de</strong>rnière, soit le<br />
double <strong>de</strong> 2008. Il s'agit souvent <strong>de</strong> Tsiganes venus pour la plupart <strong>de</strong> Roumanie. Agés 12 à 15 ans maximum et multirécidivistes,<br />
ils appartiennent à <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s structurées et spécialisées : vols à la tire, escroqueries, cambriolages …<br />
originaires <strong>de</strong> Tandarei et <strong>de</strong> Slobozia, à une centaine <strong>de</strong> kilomètres<br />
à l'est <strong>de</strong> la capitale roumaine. "Une majorité <strong>de</strong>s cambrioleurs<br />
mis en cause en France viennent <strong>de</strong> Tulcea", précise<br />
le rapport tandis que "<strong>les</strong> Maradona" ou faux policiers ayant<br />
sévi à Paris sont <strong>de</strong> Bucarest".<br />
Des organisations criminel<strong>les</strong><br />
hiérarchisées et structurées<br />
Pour se soustraire à la loi française, ces organisations criminel<strong>les</strong><br />
"hiérarchisées et structurées" emploient comme exécutants<br />
<strong>de</strong>s mineurs <strong>de</strong> 12 à 15 ans<br />
maximum. Dépourvus <strong>de</strong> tout <strong>document</strong><br />
d'i<strong>de</strong>ntité et refusant en bloc<br />
<strong>les</strong> examens médicaux pouvant<br />
déterminer leur âge, ils sont formellement<br />
connus <strong>de</strong>s fichiers anthropométriques<br />
sous <strong>de</strong> nombreux<br />
alias. "L'enquête établit le cas<br />
échéant la certitu<strong>de</strong> d'avoir affaire<br />
à la même personne, mais sans<br />
connaître son i<strong>de</strong>ntité officielle,<br />
déplore un haut fonctionnaire. Dès<br />
lors, cette absence d'i<strong>de</strong>ntification<br />
formelle empêche la procédure judi-<br />
Des mineurs exploités<br />
par <strong>de</strong>s organisations criminel<strong>les</strong><br />
hiérarchisées, structurées et spécialisées par régions<br />
ciaire <strong>de</strong> s'appliquer normalement<br />
pour rendre une décision <strong>de</strong> justice<br />
dans le sens d'une condamnation".<br />
Non soumis aux obligations <strong>de</strong> quitter le territoire français<br />
(OTQF), <strong>les</strong> mineurs jouissent donc d'un réel sentiment d'impunité<br />
qui s'enracine dans <strong>les</strong> esprits.<br />
N'hésitant pas à parler d'"esclavagisme mo<strong>de</strong>rne", ces<br />
délinquants sont avant tout <strong>de</strong>s victimes contraintes <strong>de</strong> rembourser<br />
la "camata", la <strong>de</strong>tte contractée par <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> auprès<br />
<strong>de</strong>s donneurs d'ordres retranchés en Roumanie. Les milliers<br />
d'euros qu'ils amassent sont envoyés au pays par Western<br />
Union.<br />
Eux tutoient la misère. "Cantonnés dans <strong>de</strong>s terrains<br />
vagues souvent contaminés au plomb, l'état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s Roms<br />
est inquiétant: 15 % d'entre eux sont vaccinés et la mortalité<br />
infantile est cinq fois supérieure à la moyenne française,<br />
confie Olivier Bernard, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cins du mon<strong>de</strong>.<br />
L'impossibilité d'accès au logement et au marché du travail est<br />
un obstacle majeur à toute tentative d'intégration". Dans le<br />
cadre d'une coopération internationale amorcée dès 2002 par<br />
Nicolas Sarkozy, alors ministre <strong>de</strong> l'Intérieur, la Préfecture <strong>de</strong><br />
police accueille désormais en son sein <strong>de</strong>s policiers roumains<br />
afin <strong>de</strong> mieux prendre en considération le phénomène.<br />
Christophe Cornevin (Le Figaro)<br />
223
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
4<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
TARGU IASI<br />
CHISINAU<br />
<br />
CLUJ MURES<br />
ARAD<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
TIMISOARA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
PITESTI <br />
GALATI<br />
BRASOV<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
<br />
TULCEA<br />
Un criminel <strong>de</strong> haut vol<br />
Sergiu Bahaian, le patron du club<br />
<strong>de</strong> football Gloria Buzau a été placé<br />
en détention par le procureur du<br />
Parquet <strong>de</strong> Ialomita. Il a été arrêté mijanvier<br />
avec trois <strong>de</strong> ses complices<br />
présumés. Les enquêteurs le soupçonnent<br />
d'avoir ordonné l'assassinat<br />
<strong>de</strong> quatre personnes, entre 2006 et<br />
2008, qui ont été frappées à coups <strong>de</strong><br />
marteau puis jetées dans le Danube<br />
ou enterrées vivantes. Ces victimes<br />
faisaient partie<br />
d'un réseau<br />
mafieux spécialisé<br />
dans <strong>les</strong> frau<strong>de</strong>scommercia<strong>les</strong><br />
qui opérait<br />
dans <strong>les</strong> régions<br />
<strong>de</strong> Constanta,<br />
Ialomita et<br />
Bucarest, et dont Sergiu Bahaian était<br />
l'un <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs. El<strong>les</strong> auraient été éliminées<br />
car el<strong>les</strong> <strong>de</strong>mandaient trop<br />
d'argent. D'autres meurtres et disparitions<br />
pourraient lui être attribués.<br />
Sergiu Bahaian avait déjà été arrêté<br />
en 1995 pour une magouille financière<br />
<strong>de</strong> dix millions d'euros - un jeux<br />
pyramidal escroquant 5000 personnes<br />
et auquel auraient été mêlés <strong>de</strong>s policiers,<br />
magistrats, politiciens - et<br />
condamné à cinq ans <strong>de</strong> prison pour<br />
faux et usage <strong>de</strong> faux. Il avait été<br />
arrêté à l'aéroport <strong>de</strong> Budapest, alors<br />
qu'il tentait <strong>de</strong> fuir vers d'autres cieux,<br />
et extradé vers la Roumanie. Libéré<br />
un an et neuf mois plus tard, il recommençait<br />
ses escroqueries, cette fois-ci<br />
dans le trafic d'or, retournait en prison...<br />
dont-il sortait à nouveau rapi<strong>de</strong>ment<br />
pour bonne conduite. Outre le<br />
football, Bahaian s'était éssayé également<br />
au cinéma, produisant un film <strong>de</strong><br />
Nae Caranfil... sponsorisé en partie<br />
par le ministère français <strong>de</strong> la Culture.<br />
Urbanisme<br />
A la Une<br />
La conclusion du rapport commandé par la Prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la République roumaine<br />
est sans appel : au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies, Bucarest a subi plus<br />
d'outrages que lui en avait fait subir Ceausescu. Espaces verts qui disparaissent,<br />
vieil<strong>les</strong> <strong>de</strong>meures appartenant au patrimoine roumain rasées pour laisser place à<br />
<strong>de</strong>s buildings sans âme. Le constat peut s'appliquer aux autres gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> du<br />
pays, livrées aux mains <strong>de</strong>s promoteurs immobiliers et du capitalisme sauvage.<br />
Dorina Banisor était venue spécialement à Angers lors du récent congrès<br />
d'OVR (Opération Villages Roumains) pour défendre la cause <strong>de</strong> sa capitale.<br />
Aux côtés <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> son association "Salvati Bucurestiul",<br />
présidée par Dan Nicusor, un jeune mathématicien, cette économiste se bat pour sauver<br />
Bucarest. "Peu <strong>de</strong> capita<strong>les</strong> dans l'Europe ont autant <strong>de</strong> quartiers pittoresques, parsemés<br />
<strong>de</strong> petites maison et leurs jardins" plai<strong>de</strong> cette Bucarestoise <strong>de</strong> naissance qui s'afflige<br />
<strong>de</strong> <strong>les</strong> voir mourir peu à peu: "Des investisseurs viennent, achètent ce qu'ils peuvent,<br />
démolissent et font pousser d'immenses tours".<br />
Des millions d'euros <strong>de</strong> profits en jeu<br />
Les autorités laissent faire.<br />
Ce n'est pas surprenant, quand <strong>de</strong>s<br />
millions d'euros <strong>de</strong> profits sont en<br />
jeu, <strong>les</strong> promoteurs immobiliers<br />
sachant "arroser" qui <strong>de</strong> droit.<br />
Les dégâts touchent aussi bien <strong>les</strong><br />
quartiers protégés, <strong>les</strong> maisons<br />
classées. Les généreux bakchichs<br />
permettent <strong>de</strong> s'asseoir sur <strong>les</strong><br />
normes et <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s buildings<br />
<strong>de</strong> dix étages ou plus, là où<br />
seulement <strong>de</strong>ux sont autorisés.<br />
Le capitalisme sauvage profite<br />
d'une législation inadaptée,<br />
Le triste état du patrimoine <strong>de</strong> Bucarest.<br />
interprétable, pour mener à bien ses juteux projets, au grand dam <strong>de</strong>s vieux Bucarestois,<br />
mais aussi <strong>de</strong>s jeunes. Et quant il se heurte à un obstacle apparemment infranchissable,<br />
il trouve toujours une métho<strong>de</strong> pour le contourner. Quant une "proie" est repérée, une<br />
vieille <strong>de</strong>meure bourgeoise <strong>de</strong> caractère dont il faut se débarrasser pour faire place à un<br />
volumineux ensemble immobilier, <strong>de</strong>s promoteurs s'en emparent pour une bouchée <strong>de</strong><br />
pain, paient <strong>de</strong>s SDF pour la squatter. Lorsqu'elle sera suffisamment vampirisée, <strong>les</strong><br />
fenêtres arrachées, la toiture défoncée, parfois en partie incendiée, réduite à l'état <strong>de</strong><br />
ruine… il ne restera plus qu'à la démolir. Inutile d'aller porter plainte à la police: aucune<br />
législation précise n'empêche ses agissements. Quant à la mairie ou à l'Etat, ils laissent<br />
faire alors qu'il <strong>de</strong>vrait leur revenir d'entretenir le patrimoine, d'acheter <strong>les</strong> maisons<br />
menacées, d'exproprier au besoin.<br />
Seulement 7 m2 d'espaces verts par habitant<br />
Le désastre annoncé d'une<br />
"Ce qu'on a fait à Bucarest<br />
Le bilan <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies est accablant. 600 000 arbres bordant <strong>les</strong><br />
rues <strong>de</strong> la capitale ont disparu et 1,5 million au total dans tout Bucarest. Sont également<br />
passés à la trappe, rendus parfois à leurs anciens propriétaires qui en avaient été dépossédés<br />
et consacrés désormais à <strong>de</strong>s projets immobiliers ou commerciaux: 7,2 ha d'espaces<br />
vert du parc Herestrau, 10 ha du parc <strong>de</strong> la Jeunesse (Tineretului), 4,5 ha du parc<br />
Verdi dans Floreasca, 12 ha du parc IOR, 7,2 ha du parc Prisaca Dornei, et bien d'autres,<br />
45 équipement sportifs, <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> ont été rasés. Il ne subsiste plus que 6 piscines<br />
dans la capitale, celle du strand Tineterului a laissé place à un building <strong>de</strong> 23 étages.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE A la Une<br />
capitale livrée aux promoteurs sans scrupu<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>puis 20 ans est pire que sous Ceausescu<br />
En 1989, Bucarest comptait 3470 hectares d'espaces verts.<br />
En 2004, leur superficie avait diminué <strong>de</strong> moitié et, aujourd'hui,<br />
elle ne doit pas dépasser <strong>les</strong> 1200 à 1300 hectares. Les<br />
Bucarestois vivent désormais dans un espace<br />
vert <strong>de</strong> 7 m2, alors que la moyenne européenne<br />
est <strong>de</strong> 26 m2. Par comparaison, <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong><br />
Varsovie en bénéficient <strong>de</strong> 32 m2, ceux <strong>de</strong><br />
Londres <strong>de</strong> 64 m2, <strong>de</strong> Stockholm <strong>de</strong> 83 m2.<br />
L'OMS préconise une superficie <strong>de</strong> 50 m2.<br />
Des problèmes <strong>de</strong> santé n'ont pas tardé à se<br />
faire jour, notamment chez <strong>les</strong> enfants, ainsi que<br />
le relèvent <strong>les</strong> statistiques recueillies auprès <strong>de</strong>s<br />
mé<strong>de</strong>cins. Entre 1995 et 2006, <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> pharyngite<br />
ont augmenté <strong>de</strong> 66 % chez <strong>les</strong> moins <strong>de</strong><br />
quatorze ans, ont doublé pour <strong>les</strong> bronchites, ont<br />
été multipliés par cinq pour celui <strong>de</strong>s cas d'asthme nécessitant<br />
une hospitalisation. Le nombre <strong>de</strong> Bucarestois hospitalisés<br />
pour une cardiopathie a doublé.<br />
De véritab<strong>les</strong> "emm…"<br />
pour la mairie <strong>de</strong> Bucarest<br />
Face à ce constat effrayant, "Salvati Bucurestiul" s'efforce<br />
<strong>de</strong> sensibiliser et mobiliser la population, <strong>les</strong> médias, vole<br />
au secours <strong>de</strong>s propriétaires touchés par <strong>les</strong> projets immobiliers.<br />
La tâche est ru<strong>de</strong> car la société civile en Roumanie est<br />
balbutiante, voire inexistante. Pourtant, il y a urgence, car <strong>de</strong><br />
nouvel<strong>les</strong> menaces pèsent sur la capitale et notamment sur le<br />
palais Stirbey, un<br />
<strong>de</strong> ses joyaux architecturaux,<br />
qui<br />
risque <strong>de</strong> rentrer<br />
dans l'ombre<br />
immédiate d'un<br />
gratte-ciel, comme<br />
cela a été le cas<br />
pour la cathédrale<br />
catholique.<br />
L'ONG, qui<br />
regroupe principalement<br />
<strong>de</strong>s jeunes,<br />
étudiants, mais<br />
aussi d'anciens<br />
Bucares-tois, tous<br />
bénévo<strong>les</strong>, notion<br />
qui ne va pas encore <strong>de</strong> soi en Roumanie, a entamé une véritable<br />
guérilla urbaine. Elle harcèle le Conseil général <strong>de</strong> la capitale,<br />
exigeant sans relâche la transparence <strong>de</strong> ses projets. Les<br />
élus bucarestois la haïssent et, à leurs yeux, ses membres passent<br />
pour <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> "emm…".<br />
Mais cette tactique porte ses fruits. Ainsi 150 projets ont<br />
été bloqués, 10 mises en chantier ajournées, 10 autres attaquées<br />
en justice. La construction du "Dimbovita Center", un<br />
mall (centre commercial) <strong>de</strong>vant s'étendre sur dix hectares au<br />
coeur <strong>de</strong> la capitale a été suspendue. Le chantier d'Obor, qui<br />
doit faire disparaître un <strong>de</strong>s plus vieux marchés <strong>de</strong> Bucarest où<br />
<strong>les</strong> paysans viennent vendre <strong>les</strong> produits <strong>de</strong> leurs jardins pour<br />
laisser aussi place à un<br />
autre mall, connaît le<br />
même sort.<br />
"Salvati Bucurestiul"<br />
se bat aussi pour que la loi<br />
<strong>de</strong>vienne plus restrictive et<br />
que <strong>les</strong> élus, abusant <strong>de</strong><br />
dérogations spécia<strong>les</strong> ne<br />
puissent plus autoriser la<br />
construction <strong>de</strong> blocs <strong>de</strong><br />
huit ou dix étages, là où la<br />
règlementation n'en permet<br />
que <strong>de</strong>ux. Elle vient là d'enregistrer son plus grand succès,<br />
compensant ses innombrab<strong>les</strong> déceptions lorsqu'elle voit s'effondrer<br />
ces bel<strong>les</strong> <strong>de</strong>meures qui font le charme <strong>de</strong> Bucarest.<br />
Dorénavant, <strong>les</strong> dérogations ne pourront plus dépasser 20 % <strong>de</strong><br />
la norme autorisée.<br />
Aux prix d'empoigna<strong>de</strong>s, "Salvati Bucurestiul"<br />
et d'autres ONG ont empêché le Conseil général<br />
<strong>de</strong> mener à bien ses projets <strong>de</strong> défiguration <strong>de</strong> la ville.<br />
Le Palais Stirbei pourrait être l’une <strong>de</strong>s prochaines victimes<br />
<strong>de</strong> l’urbanisation sauvage, laissée aux mains <strong>de</strong>s promoteurs.<br />
Elus malmenés et victoire<br />
encourageante <strong>de</strong> la société civile<br />
La nouvelle loi est entrée en vigueur le 1er octobre. La<br />
veille <strong>de</strong> sa mise en application, le Conseil général <strong>de</strong> Bucarest<br />
s'est empressé d'inscrire à son ordre du jour 48 dossiers ne la<br />
respectant pas. Mais "Salvati Bucurestiul" et quelques autres<br />
ONG veillaient au grain. Leurs militants ont<br />
envahi la salle <strong>de</strong> délibération, trouvant<br />
opportunément le renfort <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois<br />
élus, heureux <strong>de</strong> se faire une publicité <strong>de</strong>vant<br />
l'attroupement <strong>de</strong>s médias, et qui, par leurs<br />
interruptions et prise <strong>de</strong> paro<strong>les</strong>, ont entravé<br />
<strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> leurs collègues. Dans le brouhaha<br />
général, le Conseil a été incapable <strong>de</strong><br />
faire adopter ses projets avant <strong>les</strong> douze<br />
coups <strong>de</strong> minuit fatidiques. Les 48 nouveaux<br />
buildings <strong>de</strong>vront donc respecter la norme<br />
<strong>de</strong>s 20 % à ne pas dépasser.<br />
Cette victoire sur le fil a mis du baume au<br />
cœur <strong>de</strong> l'ONG et l'encourage à persévérer.<br />
Mais Dorina Banisor et ses amis savent que la<br />
société civile roumaine a encore un long chemin<br />
à faire avant que la Roumanie ne rejoigne<br />
<strong>les</strong> "normes" européennes. "Chez nous, il y a <strong>de</strong>ux catégories<br />
<strong>de</strong> gens", constate-t-elle, un brun désabusée, "ceux qui<br />
s'estiment au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la loi… et ceux qui pensent qu'ils sont<br />
en-<strong>de</strong>ssous et que, <strong>de</strong> toutes façons, rien ne changera". Ses<br />
reproches s'adressent à ces <strong>de</strong>rniers, sachant que <strong>les</strong> premiers<br />
son irrécupérab<strong>les</strong>: "On ignore trop la loi dans notre pays, on<br />
ne lui fait pas confiance, on ne la connaît pas, on ne la respecte<br />
pas". Et <strong>de</strong> conclure: "La faire appliquer serait déjà un<br />
grand pas en avant !".<br />
225 5
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
6<br />
BOTOSANI<br />
SAPANTA<br />
<br />
<br />
CHISINAU<br />
BAIA MARE SUCEAVA<br />
<br />
<br />
M. CIUC IASI<br />
ORADEA<br />
<br />
ARAD<br />
INTORSURA<br />
SIBIU BRASOV<br />
<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
BUZAULUI<br />
<br />
BRAILA<br />
NITCHIDORF PLOIESTI<br />
<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Les riches vont bien<br />
Dans son <strong>de</strong>rnier numéro établissant<br />
le palmarès <strong>de</strong>s 500 milliardaires<br />
en lei ou millionnaires en euros<br />
du pays, la revue Forbes relève aussi<br />
que 20 000 Roumains disposent d'un<br />
patrimoine supérieur à 500 000 €.<br />
Elle dresse également le tableau <strong>de</strong><br />
la répartition géographique <strong>de</strong>s fortunes,<br />
par région.<br />
Sans surprise, Bucarest arrive en<br />
tête avec<br />
218 personnes<br />
qui détiennent<br />
au total<br />
17,2 milliards<br />
d'euros, le plus riche étant Dinu<br />
Patriciu (notre photo), 59 ans, avec<br />
2,2 milliards d'euros.<br />
Suit la Moldavie-Iasi, pourtant<br />
l'une <strong>de</strong>s régions <strong>les</strong> plus pauvres du<br />
pays, avec 44 fortunes se partageant<br />
4,2 milliards d'euros, dont Virgil et<br />
Angelica Rapotan (plus <strong>de</strong> 500 M€).<br />
Puis, dans l'ordre viennent: la<br />
Transylvanie-Cluj (100 personnes<br />
pour 3,7 milliards d'euros, Ilie Carabulea,<br />
230-250 M€), la Dobroudja-<br />
Constantsa (31 personnes pour 1,5<br />
milliard d'euros, Gabriel Comanescu,<br />
420 M€), le Crisana-Ora<strong>de</strong>a, (13<br />
personnes, 1,2 milliards d'euros, <strong>les</strong><br />
frères Micula, 400-450 M€), la<br />
Muntenia-Pitesti (39 personnes,<br />
1,1milliard d'euros, Gheorghe Caruz,<br />
115-120 M€), le Banat-Timisoara<br />
(20 personnes, 1 milliard d'euros, <strong>les</strong><br />
frères Cristescu, 600 M€), l'Olténie-<br />
Craoiva (22 personnes, 520 M€, <strong>les</strong><br />
frères Panait, 48-50 M€), le<br />
Maramures (13 personnes, 220 M€,<br />
Mihai Lung, 37-38 M€). La Bucovine<br />
ferme la marche (3 personnes, 41<br />
M€, Vasile Armenean, 22 M€).<br />
<br />
Patrimoine<br />
A la Une<br />
La guerre <strong>de</strong>s croix fait rage entre<br />
Si <strong>les</strong> morts du cimetière joyeux <strong>de</strong> Sapinta sont censés reposés en paix, il n'en<br />
va pas <strong>de</strong> même pour <strong>les</strong> croix qui surmontent leurs tombes, ornementées <strong>de</strong> figurines<br />
naïves et <strong>de</strong> citations qui ont fait la célébrité <strong>de</strong>s lieux, attirant 200 000 visiteurs<br />
chaque année, objet <strong>de</strong> reportages télévisés dans le mon<strong>de</strong> entier, le <strong>de</strong>rnier<br />
en date ayant été réalisé par une équipe coréenne. Cité dans tous <strong>les</strong> gui<strong>de</strong>s, le<br />
"cimitirul vesel" <strong>de</strong> Sapinta est considéré comme une <strong>de</strong>s attractions touristiques<br />
majeures <strong>de</strong> la Roumanie <strong>de</strong>puis la "Révolution".<br />
ASapinta, près <strong>de</strong> Sighet, <strong>les</strong> successeurs du maître sculpteur Ioan Stan<br />
Patras, décédé en 1977 et qui a fait la réputation <strong>de</strong> l'endroit mais n'a pas<br />
désigné <strong>de</strong> successeur, se disputent férocement l'héritage artistique <strong>de</strong> celui<br />
qui <strong>les</strong> a formés. Au cœur <strong>de</strong> la dispute, Dumitru Pop Tincu qui revendique la filiation<br />
exclusive pour, d'après ses dires, avoir été le plus fidèle <strong>de</strong> ses apprentis. De là à<br />
faire breveter <strong>les</strong> croix qu'il fabrique aujourd'hui, <strong>de</strong> déposer la marque auprès <strong>de</strong><br />
l'OSIM (Office d'Etat pour <strong>les</strong> Inventions et <strong>les</strong> Marques) et d'interdire aux autres<br />
sculpteurs - ils sont quatre en tout - <strong>de</strong> continuer à se réclamer du maître, il n'y avait<br />
qu'un pas que le prétentieux disciple a franchi l'an <strong>de</strong>rnier…<br />
Avec à la clé pour <strong>les</strong> concurrents l'interdiction <strong>de</strong> désormais confectionner et vendre<br />
leurs propres croix, <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> <strong>de</strong>s défunts, qui continuent la tradition, <strong>de</strong>vant s'adresser<br />
seulement à lui. Le marché est important, le cimetière joyeux contenant 1327<br />
tombes dotées <strong>de</strong> croix, dont la moitié réalisées par Ioan Stan Patras, l'autre par ses<br />
élèves, Dumitru Pop Tincu se taillant il est vrai la part du lion.<br />
Dumitru P. Tincu, se posant en seul héritier, s'est également<br />
approprié "le bleu <strong>de</strong> Sapintsa" dont il a déposé la couleur.<br />
Du rififi<br />
Menacé <strong>de</strong> prison<br />
Devant ce coup <strong>de</strong> Jarnac<br />
auquel ils n'avaient pas<br />
pensé, <strong>les</strong> autres sculpteurs<br />
du village ont crié au scandale.<br />
Mais rien n'y a fait. Pour<br />
avoir refusé d'obtempérer,<br />
Gheorghe Stan Coltun a vu<br />
débarquer dans son atelier<br />
<strong>de</strong>s procureurs <strong>de</strong> Sighet qui<br />
l'ont surpris en train <strong>de</strong> sculp-<br />
ter la croix d'un "tractorist" mort récemment dans un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> travail survenu dans<br />
la forêt. Il en a été quitte pour une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 400 lei (100 €) et a du s'acquitter <strong>de</strong>s<br />
frais <strong>de</strong> justice (12 €). Encore a-t-il bénéficié <strong>de</strong> leur clémence! Dumitru Pop Tincu<br />
réclamait qu'il soit envoyé <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> barreaux. Mais vu qu'il n'y avait pas récidive,<br />
qu'il n'avait pas <strong>de</strong> casier judiciaire, qu'il avait une famille, qu'il était professeur à l'école<br />
<strong>de</strong>s Arts et Métiers <strong>de</strong> Sapinta… le contrevenant a été dispensé <strong>de</strong> prison ! Son PV<br />
dans la poche, Gheorghe Stan Coltun s'étrangle: "Ils peuvent venir, je <strong>les</strong> attends",<br />
s'enflammant à nouveau, "C'est mon père, qui était son élève, qui fait la croix <strong>de</strong> la<br />
tombe du maître!", tout en continuant à sculpter une <strong>de</strong>rnière comman<strong>de</strong>. L'artisan est<br />
considéré comme un véritable orfèvre du travail du bois. Il a fait <strong>les</strong> ornements <strong>de</strong> nombreux<br />
monastères, a travaillé pour <strong>de</strong>s célébrités. Ceausescu l'a même fait requis quant<br />
il faisait construire son fameux palais.<br />
Gheorghe Stan Coltun affirme faire <strong>de</strong>s croix par <strong>de</strong>voir et respect <strong>de</strong> la mémoire<br />
<strong>de</strong> son père et du maître. "Je taille une gran<strong>de</strong> croix dans le meilleur bois en trois<br />
mois et je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> 12 millions (360 €). Les gens viennent me voir et me disent que<br />
c'est moins cher que chez Tincu. Et puis, on s'arrange. Ils me donnent un million, ven<strong>de</strong>nt<br />
un peu <strong>de</strong> lait ou <strong>de</strong> tsuica, me rapportent encore un million, m'amènent un jambon<br />
au moment <strong>de</strong> la saint Ignat (où on tue le cochon), un sac <strong>de</strong> blé. Ici, on est pauvres.<br />
Bref, ils me paient en <strong>de</strong>ux-trois ans".<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
sculpteurs se disputant l'héritage artistique du maître Ioan Stan Patras<br />
au cimetière joyeux <strong>de</strong> Sapinta<br />
L'artisan reproche également à Dumitru Pop Tincu, qui a<br />
obtenu la gestion <strong>de</strong> la maison du maître, <strong>de</strong> s'approprier <strong>les</strong><br />
bénéfices engendrés par la visite du cimetière alors que <strong>les</strong><br />
croix d'autres sculpteurs y figurent.<br />
Pourcentage exigé<br />
Il est rejoint dans sa colère par Toa<strong>de</strong>r Turda Sepe. Avec<br />
ce <strong>de</strong>rnier, Tincu a essayé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r autrement, tout en le<br />
menaçant aussi <strong>de</strong>s procureurs et <strong>de</strong> prison pour "contrefaçon".<br />
"Il m'a dit: quand tu fais <strong>de</strong>s croix, tu viens chez moi<br />
pour que je mette ma marque et tu me donneras un pourcentage".<br />
Lui aussi ancien apprenti <strong>de</strong> Ioan Stan Patras, Toa<strong>de</strong>r<br />
Turda Sepe s'estime aussi légitime que Tincu et n'a d'ailleurs<br />
pas hésité à lui lancer "Vas te faire f…". Toutefois, il a résolu<br />
le problème d'une autre manière. Devenu "pocait" (fidè<strong>les</strong> <strong>de</strong>s<br />
sectes protestantes), il ne fait plus <strong>de</strong> croix gran<strong>de</strong>ur nature<br />
pour le cimetière qui abrite essentiellement <strong>les</strong> tombes <strong>de</strong>s<br />
défunts orthodoxes mais s'est reconverti en en fabriquant <strong>de</strong>s<br />
petites qu'il vend aux touristes en guise <strong>de</strong> souvenirs.<br />
Le commerce marche bien. Toa<strong>de</strong>r Turda Sepe en sculpte<br />
à 20 lei (5 €), 40 ou 60 lei, ces <strong>de</strong>rnières atteignant 40 centimètres<br />
<strong>de</strong> haut, qu'il vend dans son magasin, en face du cimetière.<br />
Il y inscrit ce que lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ces client, proposant <strong>de</strong>s<br />
modè<strong>les</strong>… pour <strong>les</strong> belle-mère, <strong>les</strong> ivrognes, <strong>les</strong> paysans, <strong>les</strong><br />
travailleurs. Là il vient <strong>de</strong> graver: "Sub aceata cruce/Zace<br />
biata Soacra mea/Trei zile <strong>de</strong> mai traia/Zaceam eu si citea ea"<br />
(en français: Sous cette croix/Repose ma pauvre belle-mère/Si<br />
elle avait vécu encore trois jours/C'est moi qui me reposerais,<br />
et elle qui aurait lu.).<br />
Ne perdant pas le sens <strong>de</strong>s affaires, Toa<strong>de</strong>r Turda Sepe<br />
vend aussi <strong>de</strong>s colifichets, <strong>de</strong>s jouets en bois ou en plastique<br />
Hiver<br />
Des températures chutant en<br />
janvier jusqu'à moins 34,4°<br />
dans le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Covasna,<br />
(Intorsura Buzaului), appelé aussi "la<br />
Sibérie roumaine", plusieurs nuits ou le<br />
thermomètre a flirté avec <strong>les</strong> - 30° pour<br />
ne remonter qu'à - 15 ou - 20° dans la<br />
journée, comme à Bucarest… La<br />
Roumanie a connu un hiver exceptionnellement<br />
rigoureux, 34 ju<strong>de</strong>ts étant placés<br />
pendant plusieurs semaines en alerte<br />
orange, principalement dans le nord, l'est<br />
et le sud du pays. Le Danube, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong><br />
rivières ont été recouverts par <strong>les</strong><br />
glaces… On a relevé <strong>les</strong> cadavres <strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
nombreux animaux en détresse, comme<br />
pour <strong>les</strong> enfants,<br />
"ma<strong>de</strong> in Hongkong"<br />
ce qui fait<br />
réagir Tincu: "C'est<br />
une honte, il se<br />
moque <strong>de</strong> Sapinta<br />
avec ses objets<br />
kitsch. Il <strong>de</strong>vrait tout<br />
<strong>de</strong> suite arrêter son<br />
commerce!". "Qu'il<br />
vienne me couper <strong>les</strong><br />
mains!" réplique<br />
aussi sec Sepe, sortant<br />
<strong>de</strong> sa bonhomie<br />
naturelle, <strong>de</strong>s éclairs<br />
fulgurant <strong>de</strong> ses yeux.<br />
<strong>les</strong> cygnes ou <strong>les</strong> oies, ne pouvant plus se<br />
nourrir ou ouvrir leur bec gelé. Même la<br />
Mer Noire a gelé à Constantsa !<br />
Cette vague <strong>de</strong> froid polaire, accompagnée<br />
<strong>de</strong> neige, <strong>de</strong> vent glacial, <strong>de</strong> verglas<br />
a causé la mort <strong>de</strong> 43 personnes, la<br />
plupart étant <strong>de</strong>s sans-abri ou <strong>de</strong>s personnes<br />
âgées, dont dix dans la seule journée<br />
du 27 janvier. On estime à 15 000 le nombre<br />
<strong>de</strong>s sans abris en Roumanie, dont<br />
5000 à Bucarest. Les transports ferroviaires<br />
et routiers ont été perturbés, <strong>de</strong>s centaines<br />
d'automobilistes bloqués, <strong>de</strong>s communes<br />
privées d'électricité, <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong><br />
fermées.<br />
La Roumanie a frôlé ses records <strong>de</strong><br />
Le bleu <strong>de</strong> Sapinta marque aussi déposée<br />
A la Une<br />
La tombe du maître Ioan Stan Patras.<br />
Dumitru Pop Tincu a fait encore plus fort. Il a également<br />
déposé à l'OSIM le bleu <strong>de</strong> Sapinta, couleur dominante <strong>de</strong>s<br />
tombes, sous prétexte qu'il achète sa peinture au magasin du<br />
village. Il affirme y avoir adjoint <strong>de</strong>s ingrédients obtenus à partir<br />
<strong>de</strong> plantes <strong>de</strong> la région, dont il gar<strong>de</strong> secret le dosage.<br />
Les autres ne seraient donc que <strong>de</strong>s imitateurs, pire <strong>de</strong>s<br />
faussaires. A regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> près, <strong>les</strong> bleus <strong>de</strong> Coltun, Sepe ou<br />
Nacu l'Australien, autre sculpteur du village, il est difficile <strong>de</strong><br />
discerner une différence. Seul un expert pourrait se prononcer.<br />
A moins <strong>de</strong> faire revenir d'outre-tombe le maître. Ioan Stan<br />
Patras ne se serait sans-doute jamais douté que le capitalisme<br />
viendrait semé la zizanie dans son cimetière, non seulment<br />
“joyeux”... mais aussi tranquille jusqu'à la "Révolution".<br />
-34,4 ° relevé fin janvier à Intorsura Buzaului !<br />
Une vague <strong>de</strong> froid polaire s'est abattue sur quasiment tout le pays<br />
froid: -36° à Intorsura Buzaului en février<br />
2005, - 38,4° à Miercurea Ciuc en janvier<br />
1985 et - 38,5°, minimum absolu enregistré<br />
le 25 janvier 1942.<br />
Les Roumains n'étaient pas au bout<br />
<strong>de</strong> leurs peines après le retour d'un temps<br />
plus clément: La "fonte <strong>de</strong>s neiges" a mis<br />
Bucarest sens <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>ssous. Sans surprise,<br />
l'eau a envahi <strong>les</strong> rues et d'importantes<br />
inondations ont eu lieu à certaines<br />
intersections. Résultat, le trafic routier a<br />
été très perturbé, i<strong>de</strong>m pour <strong>les</strong> transports<br />
en commun. Des lignes <strong>de</strong> tramway ont<br />
dû être déviées et certains tramways sont<br />
restés bloqués.<br />
(Voir notre reportage photos p. 39).<br />
7
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
8<br />
SUCEAVA<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SATU MARE<br />
<br />
UNGHENI CHISINAU<br />
IASI <br />
ORADEA TARGU MURES<br />
Tiraspol<br />
ARAD<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
VASLUI<br />
<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
BRASOV BRAILA<br />
PITESTI <br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
PLOIESTI<br />
<br />
<br />
TULCEA<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
L'UE échappatoire<br />
au vent <strong>de</strong> pessimisme<br />
La timi<strong>de</strong> reprise qui se profile ne<br />
rend pas <strong>les</strong> Roumains plus optimistes,<br />
d'après un sondage réalisé fin<br />
2009 pour l'UE. Au contraire, le camp<br />
<strong>de</strong>s pessimistes absolus avait augmenté<br />
<strong>de</strong> 6 % dans <strong>les</strong> six <strong>de</strong>rniers<br />
mois atteignant 29 % <strong>de</strong>s personnes<br />
interrogées. La crise en est rendue<br />
responsable mais aussi le triste spectacle<br />
donné aux citoyens par la classe<br />
politique à l'occasion <strong>de</strong> l'élection<br />
prési<strong>de</strong>ntielle.<br />
La confiance dans le gouvernement,<br />
déjà très faible, est tombée <strong>de</strong><br />
22 à 17 %, dans <strong>les</strong> formations politiques<br />
<strong>de</strong> 12 à 11 %. Même la télévision<br />
qui jusque là recueillait 70 %<br />
d'opinions positives a reculé à 61 %,<br />
<strong>les</strong> téléspectateurs se montrant particulièrement<br />
irrités par son parti pris<br />
pendant la campagne.<br />
Du coup, <strong>les</strong> Roumains sont <strong>de</strong>venus<br />
<strong>les</strong> plus pessimistes <strong>de</strong><br />
l'Eurobaromètre. 88 % pensent que<br />
leur économie marche plus mal que<br />
celle <strong>de</strong>s autres pays et 53 % se<br />
déclarent mécontents <strong>de</strong> la vie qu'ils<br />
mènent, la moyenne européenne<br />
étant <strong>de</strong> 22 %.<br />
Par contrecoup, ils sont <strong>de</strong> plus en<br />
plus nombreux à s'en remettre à<br />
l'Union Européenne pour <strong>les</strong> sortir <strong>de</strong><br />
leur mauvais pas : 65 % <strong>de</strong>s personnes<br />
sondées déclarent avoir confiance<br />
dans le Parlement européen, 58<br />
% dans la Commission européenne,<br />
55 % dans le Conseil <strong>de</strong> l'Europe et<br />
51 % dans la Banque Centrale<br />
Européenne. Ainsi, <strong>les</strong> Roumains<br />
sont plus nombreux à associer l'idée<br />
<strong>de</strong> l'Europe à la prospérité économique<br />
(+ 6 % à 31 %) et à la protection<br />
sociale (+ 5 % à 22 %).<br />
<br />
Vie internationale<br />
Actualité<br />
Bucarest veut participer<br />
au bouclier antimissile US<br />
La Roumanie accueillera <strong>de</strong>s intercepteurs <strong>de</strong> missi<strong>les</strong> balistiques terrestres <strong>de</strong><br />
moyenne portée, déployés dans le cadre du nouveau projet <strong>de</strong> bouclier antimissile<br />
américain qui <strong>de</strong>vraient être opérationnels en 2<strong>01</strong>5 et qui visent à se<br />
prémunir d'une attaque venant <strong>de</strong> l'Iran. "Ce système <strong>de</strong> défense n'est pas dirigé contre<br />
la Russie", a souligné le Prési<strong>de</strong>nt Basescu, répondant aux inquiétu<strong>de</strong>s exprimées par le<br />
passé par Moscou à l'égard du projet américain. Ce bouclier s'inscrit dans le principe <strong>de</strong><br />
l'"indivisibilité <strong>de</strong> la sécurité" <strong>de</strong>s pays membres <strong>de</strong> l'Otan et "protégera l'ensemble du<br />
territoire roumain", à la différence du premier projet <strong>de</strong> bouclier, abandonné par<br />
Washington, qui n'offrait qu'une "protection très limitée" à la Roumanie. Le projet doit<br />
être ratifié par le Parlement roumain.<br />
… et la Transnistrie est prête à accueillir <strong>de</strong>s missi<strong>les</strong> russes<br />
"La Transnistrie est prête à accueillir <strong>de</strong>s missi<strong>les</strong> russes si Moscou veut contrecarrer<br />
le projet <strong>de</strong> bouclier antimissile américain", a indiqué le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> cette région<br />
séparatiste pro-russe <strong>de</strong> Moldavie, Igor Smirnov. Selon le quotidien russe<br />
Nezavissimaïa Gazeta, une telle décision pourrait contrebalancer la récente proposition<br />
roumaine <strong>de</strong> participer au nouveau système <strong>de</strong> bouclier antimissile <strong>de</strong>s Etats-Unis. Igor<br />
Smirnov a précisé avoir déjà discuté du projet avec le ministre russe <strong>de</strong>s Affaires étrangères,<br />
Sergueï Lavrov. La Transnistrie, petite ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre <strong>de</strong> 500 000 habitants dans<br />
l'est <strong>de</strong> la Moldavie, a gagné, avec le soutien russe, une courte guerre d'indépendance<br />
après l'effondrement <strong>de</strong> l'URSS en 1991 mais n'est pas reconnue par la communauté<br />
internationale. Un contingent <strong>de</strong> troupes russes est toujours présent dans cette région,<br />
où près <strong>de</strong> 120 000 habitants possè<strong>de</strong>nt un passeport russe.<br />
Bucarest a décidé d'envoyer<br />
600 militaires supplémentaires<br />
en Afghanistan cette<br />
année. Ce renfort s'ajoute à l'envoi d'une<br />
centaine <strong>de</strong> militaires supplémentaires<br />
déjà décidé en juin pour <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Le nombre<br />
<strong>de</strong> militaires roumains <strong>de</strong>vait ainsi<br />
approcher 1800 personnes. La Roumanie<br />
compte actuellement 1020 militaires en<br />
Afghanistan, dont 982 au sein <strong>de</strong> la Force<br />
internationale d'assistance à la sécurité<br />
(ISAF) <strong>de</strong> l'Otan et 38 dans le cadre <strong>de</strong><br />
Des renforts roumains en Afghanistan<br />
L'europarlementaire libérale Adina Valean, la<br />
femme du prési<strong>de</strong>nt du PNL (Parti national<br />
libéral) Crin Antonescu, est accusée d'avoir fait<br />
du lobbying pour la société canadienne Rosia Montana<br />
Gold Corporation au Parlement européen qui veut exploiter<br />
au cyanure <strong>de</strong>s gisements d'or dans une vallée <strong>de</strong>s<br />
Apuseni, la condamnant à la <strong>de</strong>struction. Elle est en effet<br />
à l'origine d'un séminaire intitulé "Faire <strong>de</strong> l'Europe un<br />
lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'exploitation minière soutenable et responsable"<br />
organisé le mardi 26 janvier à Bruxel<strong>les</strong>, et durant<br />
lequel la société canadienne a pu défendre son projet sans<br />
qu'aucun point <strong>de</strong> vue critique n'ait été soutenu.<br />
l'opération Enduring Freedom (Liberté<br />
immuable), sous comman<strong>de</strong>ment américain.<br />
Début décembre, le prési<strong>de</strong>nt américain<br />
Barack Obama a annoncé l'envoi<br />
<strong>de</strong> 30 000 soldats américains en renfort en<br />
Afghanistan et appelé <strong>les</strong> pays alliés à<br />
augmenter leur contribution.<br />
Le secrétaire général <strong>de</strong> l'Otan,<br />
An<strong>de</strong>rs Fogh Rasmussen, a ensuite fait<br />
part <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong>s alliés <strong>de</strong>s Etats-<br />
Unis d'envoyer "presque 7000 soldats" en<br />
renfort.<br />
Euro-députée au cyanure<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Vie internationale<br />
Le Premier ministre moldave Vlad Filat a ordonné<br />
aux services <strong>de</strong> l'Etat <strong>de</strong> démanteler <strong>les</strong> 360 km <strong>de</strong><br />
réseaux <strong>de</strong> fils barbelés restants<br />
qui séparaient <strong>les</strong> frontières entre<br />
la Moldavie et la Roumanie, cette<br />
mesure <strong>de</strong>vant être effective pour la mimars.<br />
A l'automne <strong>de</strong>rnier, Vlad Filat<br />
avait déjà normalisé le passage aux postes<br />
frontières, levant <strong>les</strong> restrictions prises<br />
en avril par le prési<strong>de</strong>nt communiste<br />
Vladimir Voronine. Les premiers barbelés<br />
séparant la Roumanie <strong>de</strong> la<br />
Moldavie ont été installés en 1940 par<br />
le pouvoir soviétique le long <strong>de</strong> la rivière<br />
Prout, un affluent du Danube qui délimite la frontière entre<br />
<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays. Durant <strong>les</strong> années 1990, après l'indépendance <strong>de</strong><br />
Une étu<strong>de</strong> réalisée par l'Union<br />
Européenne révèle que la<br />
Roumanie est le <strong>de</strong>uxième<br />
pays membre touché par la pauvreté (23<br />
% <strong>de</strong> sa population), dont le seuil est défini<br />
comme représentant 60 % du revenu<br />
moyen <strong>de</strong> ses habitants. Il est <strong>de</strong> 159 € en<br />
Roumanie et <strong>de</strong> 811 € en France.<br />
La Roumanie est précédée par la<br />
Lettonie (27 % <strong>de</strong> la population concernée)<br />
et suivie par la Bulgarie (21 %), la<br />
Grèce, l'Espagne et la Lituanie (20 %), la<br />
moyenne européenne étant <strong>de</strong> 17 %. La<br />
République Tchèque est le pays où le<br />
risque <strong>de</strong> pauvreté est le plus réduit (9<br />
%), suivie <strong>de</strong>s Pays Bas et <strong>de</strong> la<br />
Slovaquie (11 %), du Danemark,<br />
Hongrie, Autriche, Slovénie et Suè<strong>de</strong> (12<br />
%), la France (13 %). Ce classement semble<br />
cependant aléatoire car, sans-doute,<br />
vaut-il mieux être pauvre dans ce <strong>de</strong>rnier<br />
Retour <strong>de</strong> bâton soviétique<br />
Moscou n'a pas tardé à sanctionner Chisinau après<br />
l’échec <strong>de</strong>s communistes aux léctions <strong>de</strong> juillet<br />
<strong>de</strong>rnier. L'ex-grand frère soviétique a majoré <strong>de</strong> 20<br />
% le prix du gaz, son tarif passant <strong>de</strong> 192 dollars <strong>les</strong> 1000 m3 en<br />
2009, à 233 en <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Encore s'agit-il d'un prix d'ami, l'Ukraine<br />
ayant été davantage punie, Gazprom lui facturant cinq fois plus<br />
cher son approvisionnement. Le Belarus, dont le régime est plus<br />
accommodant avec Moscou, s'en tire mieux: 170 dollars <strong>les</strong> 1000<br />
m3. La Moldavie est totalement dépendante du gaz naturel russe<br />
qui fournit toutes ses centra<strong>les</strong> thermo-électriques. Cette augmentation<br />
a entraîné également une majoration <strong>de</strong>s tarifs <strong>de</strong> l'électricité<br />
et du chauffage, l'Etat en compensant une partie pour<br />
<strong>les</strong> famil<strong>les</strong> pauvres.<br />
Actualité<br />
Plus <strong>de</strong> barbelés entre Moldavie et Roumanie<br />
pays qu'en Bulgarie…<br />
Si seulement 8 % <strong>de</strong>s Européens<br />
ayant un travail sont confrontés à la pauvreté,<br />
cette proportion passe à 17 % pour<br />
<strong>les</strong> Roumains. Pour autant, la moitié <strong>de</strong> la<br />
population roumaine et bulgare est soumise<br />
à <strong>de</strong>s privations matériel<strong>les</strong> importantes,<br />
contre 37 % pour la Hongrie, 13 %<br />
pour <strong>les</strong> Français, 5 % pour <strong>les</strong> Pays Bas<br />
et la Suè<strong>de</strong>.<br />
Ainsi 76 % <strong>de</strong>s Roumains ne se permettent<br />
pas <strong>de</strong> vacances en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />
chez eux (37 % <strong>de</strong>s Européens, 32 % <strong>de</strong>s<br />
Français et 10 % <strong>de</strong>s Danois), 49 % n'envisagent<br />
pas <strong>de</strong> s'offrir une voiture (9 %<br />
<strong>de</strong>s Européens, 4 % <strong>de</strong>s Français) et 19 %<br />
n'ont pas <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la<br />
vian<strong>de</strong>, du poulet ou du poisson tous <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux jours (9 % <strong>de</strong>s Européens, 8 % <strong>de</strong>s<br />
Français), mais 30 % <strong>de</strong>s Bulgares, 29 %<br />
<strong>de</strong>s Slovaques, 26 % <strong>de</strong>s Hongrois, 21 %<br />
la Moldavie <strong>de</strong> l'URSS, une partie <strong>de</strong> ces barrières ont été<br />
démantelées, mais certaines sont restées en place, le Parti communiste,<br />
au pouvoir <strong>de</strong> 20<strong>01</strong> à 2009,<br />
s'opposant à leur démontage, sur fond<br />
<strong>de</strong> tensions avec la Roumanie.<br />
Il y a <strong>de</strong>ux ans, le Conseil général<br />
d'Ungheni avait déjà décidé <strong>de</strong> faire<br />
tomber la clôture plantée sur son territoire<br />
mais <strong>les</strong> autorités centra<strong>les</strong> communistes<br />
avaient critiqué l'initiative et<br />
porté la décision <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux<br />
au motif qu'elle mettait en cause la<br />
sécurité <strong>de</strong> l'État. Sur <strong>les</strong> onze départements<br />
moldaves (raioane) qui sont<br />
frontaliers <strong>de</strong> la Roumanie, dix <strong>de</strong>vront faire tomber cette clôture,<br />
le département <strong>de</strong> Leova l'ayant déjà fait auparavant.<br />
Deuxième pays <strong>de</strong> l'UE touché par la pauvreté<br />
<strong>de</strong>s Polonais. Enfin, 25 % <strong>de</strong>s Roumains<br />
ne chauffent pas leur logement suffisamment<br />
contre 10 % <strong>de</strong>s Européens et 4 %<br />
<strong>de</strong>s Français.<br />
Le seuil <strong>de</strong> la pauvreté s'établit dans<br />
l'ordre suivant pour <strong>les</strong> principaux pays<br />
<strong>de</strong> l'UE: Royaume Uni: 967 €, Pays Bas:<br />
942 €, Autriche: 937 €, Irlan<strong>de</strong>: 912 €,<br />
Allemagne: 885 €, Danemark: 877 €,<br />
Suè<strong>de</strong>: 864 €, Belgique: 845 €, France,<br />
811 €, Finlan<strong>de</strong> 802 €, Italie: 752 €,<br />
Espagne: 699 €, Grèce: 604 €, Portugal:<br />
480 €, Pologne: 326 €, Bulgarie: 280 €,<br />
Roumanie: 159 €.<br />
Toutefois le seuil ne mesure pas l'étendue<br />
<strong>de</strong> la pauvreté, n'intégrant pas <strong>les</strong><br />
différents amortisseurs sociaux, ni le<br />
niveau <strong>de</strong>s prix dans le pays concerné.<br />
Ainsi, la Gran<strong>de</strong> Bretagne recule sérieusement<br />
quant il s'agit <strong>de</strong> <strong>les</strong> prendre en<br />
considération.<br />
Un sénateur roumain s'installe à Chisinau<br />
Le sénateur roumain Viorel Ba<strong>de</strong>a, élu au titre <strong>de</strong><br />
représentant <strong>de</strong> ses compatriotes à l'étranger, a<br />
ouvert en mars une permanence parlementaire à<br />
Chisinau. Il s’agit d’une première en République <strong>de</strong><br />
Moldavie. L’élu compte en faire <strong>de</strong> même dans <strong>les</strong> autres<br />
gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> du pays, Cahul et Balti et a assuré qu’il viendrait<br />
au moins une fois par mois dans la République sœur.<br />
De nombreux officiels moldaves ainsi que <strong>de</strong> ses collègues<br />
sénateurs roumains ont assisté à l'inauguration du local,<br />
situé dans le centre international "Le Roi" <strong>de</strong> Chisinau et qui<br />
est financé par un homme d'affaires roumain-moldave. Par<br />
ailleurs, le comité parlementaire réunissant <strong>de</strong>s élus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
pays a été réactivé.<br />
9
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
10<br />
<br />
<br />
ORADEA<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
CLUJ<br />
<br />
TARGU IASI<br />
CHISINAU<br />
<br />
ARAD<br />
MURES<br />
<br />
<br />
BRASOV<br />
TIMISOARA<br />
GALATI<br />
<br />
CRAIOVA<br />
PITESTI<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Passeports<br />
biométriques<br />
pour <strong>les</strong> Moldaves<br />
L'UE apporte une ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2 M€ à<br />
la Moldavie pour l'ai<strong>de</strong>r à financer à<br />
33 % le coût <strong>de</strong>s passeports biométriques<br />
désormais exigés <strong>de</strong>s<br />
Moldaves pour pénétrer dans l'espace<br />
européen. Bruxel<strong>les</strong> doit envoyer<br />
à Chisinau une mission pour étudier<br />
une libéralisation du régime <strong>de</strong> délivrance<br />
<strong>de</strong>s visas. Les autorités moldaves<br />
ont entamé le 12 janvier <strong>de</strong>rnier<br />
le premier round <strong>de</strong> négociations<br />
en vue <strong>de</strong> la signature d'un accord<br />
d'association avec l'UE.<br />
Haïti: la Moldavie <strong>de</strong>ux<br />
fois plus généreuse<br />
que la Roumanie<br />
Bucarest a apporté une ai<strong>de</strong> financière<br />
<strong>de</strong> 50 000 euros à Haïti suite au<br />
tremblement <strong>de</strong> terre. Cette ai<strong>de</strong> s'ajoute<br />
à la contribution roumaine via<br />
l'Union européenne, mais beaucoup<br />
d'observateurs considèrent ce montant<br />
ridicule. A titre <strong>de</strong> comparaison,<br />
la Moldavie voisine, dix fois plus petite,<br />
a débloqué une somme <strong>de</strong>ux fois<br />
plus importante.<br />
Des journaux<br />
roumains à Chisinau<br />
Six journaux roumains sont<br />
désormais distribués à Chisinau:<br />
Libertatea, Jurnalul National,<br />
A<strong>de</strong>varul, Aca<strong>de</strong>mia Catavencu,<br />
Gazeta Sporturilor et Pro Sport<br />
sont disponib<strong>les</strong> <strong>de</strong>puis février dans<br />
<strong>les</strong> kiosques à journaux Moldpresa.<br />
Dans un premier temps, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong><br />
éditions du lundi et du mardi sont distribuées.<br />
Le nombre <strong>de</strong> publications<br />
distribués pourrait être élargi.<br />
<br />
<br />
Moldavie<br />
Actualité<br />
Le meilleur moyen d'entrer en Transnistrie sans problème, en venant <strong>de</strong><br />
Moldavie, ancienne république soviétique, <strong>de</strong>venue indépendante en 1991, est <strong>de</strong><br />
jouer le jeu: passer la frontière muni d'un visa, saluer <strong>les</strong> douaniers, bien insister<br />
sur <strong>de</strong>s mots tels que pays, Etat ou République… Sauf que tout est factice.<br />
La Transnistrie est en réalité une région séparatiste <strong>de</strong> la Moldavie, qui a fait<br />
sécession en 1992, affolée par <strong>les</strong> velléités <strong>de</strong> son gouvernement <strong>de</strong> tomber<br />
dans l'orbite <strong>de</strong> la Roumanie à la chute <strong>de</strong> l'URSS. Depuis sa séparation, pas<br />
un pays au mon<strong>de</strong> n'a reconnu l'indépendance <strong>de</strong> cette mince ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre sur la rive<br />
gauche du fleuve Dniestr, accolée à la frontière ukrainienne. L'Etat fantôme possè<strong>de</strong><br />
pourtant sa monnaie, ses institutions, et son drapeau.<br />
Etat mafieux où on fait <strong>de</strong>s affaires en famille<br />
Quelques minutes après le poste<br />
<strong>de</strong> contrôle apparaît Ben<strong>de</strong>r, troisième<br />
gran<strong>de</strong> ville <strong>de</strong> Transnistrie, à<br />
trois quarts d'heure <strong>de</strong> Chisinau, la<br />
capitale <strong>de</strong> la Moldavie. Piotr, jeune<br />
citadin, prend le soleil aux abords<br />
du grand marché central, et moque<br />
bien volontiers l'incongruité <strong>de</strong> sa<br />
situation. "Qui suis-je ? Il paraît que<br />
je suis Transnistrien… En réalité,<br />
ma patrie, c'était l'Union soviétique.<br />
Ici, c'est juste une filiale <strong>de</strong> la<br />
Vrai état fantôme<br />
Le Russe Medve<strong>de</strong>v et le dictateur mafieux Smirnov<br />
affichent leur amitié dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> Tiraspol.<br />
Russie". Car si la Transnistrie a arraché son indépendance en 1992, au terme d'une<br />
guerre qui a fait <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> morts <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés du fleuve, c'est grâce au soutien<br />
<strong>de</strong> la Russie, pas mécontente <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r ainsi un pied près <strong>de</strong> l'Europe…<br />
Dix-sept ans après, <strong>les</strong> soldats russes sont toujours là, bien en vue sur le pont <strong>de</strong><br />
Ben<strong>de</strong>r. Pour relier la capitale, Tiraspol, quelques minutes <strong>de</strong> trolleybus suffisent. Sur<br />
le chemin s'élève le flamboyant sta<strong>de</strong> Sheriff, du nom <strong>de</strong> la première compagnie commerciale<br />
transnistrienne, dont l'un <strong>de</strong>s dirigeants est le fils du prési<strong>de</strong>nt, Igor Smirnov.<br />
On fait <strong>de</strong>s affaires en famille dans cet Etat mafieux, qui vit <strong>de</strong> trafics en tous genres:<br />
cigarettes, alcools, poulets, armes peut-être et, plus grave encore, êtres humains… Les<br />
frontières poreuses <strong>de</strong> la Transnistrie permettent tous <strong>les</strong> arrangements.<br />
C'est du Kremlin qu'arrive le chèque pour payer <strong>les</strong> fonctionnaires<br />
A Tiraspol, la statue <strong>de</strong> Lénine face au Soviet suprême, le drapeau du pays encore<br />
marqué <strong>de</strong> la faucille et du marteau et <strong>les</strong> larges avenues font dire aux étrangers que la<br />
Transnistrie est une petite URSS. Pourtant, plus qu'un folklorique musée du soviétisme,<br />
le pays est une véritable Russie miniature: ici et là on remarque <strong>les</strong> portraits <strong>de</strong><br />
Vladimir Poutine ou <strong>de</strong> Dmitri Medve<strong>de</strong>v et <strong>de</strong>s affiches <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> célébrant la<br />
bataille menée par <strong>les</strong> Russes en Géorgie. La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> la population vit à<br />
l'heure <strong>de</strong> Moscou. C'est du Kremlin qu'arrive le chèque pour payer <strong>les</strong> fonctionnaires<br />
et <strong>les</strong> retraités. C'est encore Moscou qui offre gaz et pétrole à bas prix pour garantir la<br />
paix sociale.<br />
Tous <strong>les</strong> matins, un petit attroupement se forme du côté <strong>de</strong> la rue du 24-Octobre,<br />
<strong>de</strong>vant le consulat officieux <strong>de</strong> la Russie, puisque même le Kremlin n'a pas reconnu<br />
officiellement le pays. Oleg, 20 ans, attend son tour: "Avec mon passeport transnistrien,<br />
je ne peux aller nulle part. Donc, je vais prendre la double nationalité russe, pour<br />
avoir plus <strong>de</strong> possibilités". La Russie distribue <strong>les</strong> passeports comme <strong>de</strong>s petits pains,<br />
s'attachant ainsi une population déjà acquise.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
la Transnistrie reste sous la coupe <strong>de</strong> Moscou<br />
"Ici, c'est juste une filiale <strong>de</strong> la Russie"<br />
Non loin <strong>de</strong> là se dresse le siège <strong>de</strong> l'organisation Proriv.<br />
Ce mouvement, proche <strong>de</strong>s Nachis (Nous Autres, la jeunesse<br />
poutinienne) ou <strong>de</strong> la Jeune gar<strong>de</strong> russe, veut rassembler <strong>les</strong><br />
jeunes au sein <strong>de</strong> sa Che Guevara High School.<br />
"Gloire au Che, gloire à la Transnistrie<br />
gloire à la Russie et gloire à nous !"<br />
Dans un étonnant salmigondis i<strong>de</strong>ntitaire, <strong>de</strong>s jeunes militants<br />
crient "gloire au Che, gloire à la Transnistrie, gloire à la<br />
Russie et gloire à nous!" Leur dirigeant, Dimitri Soïn,<br />
explique: "L'image du Che, c'est parce qu'elle attire beaucoup<br />
<strong>les</strong> jeunes. Mais notre mission, c'est <strong>de</strong> militer pour une reconnaissance<br />
<strong>de</strong> notre pays dans le mon<strong>de</strong>, et aussi <strong>de</strong> renforcer<br />
nos liens avec la Russie. On nous considère comme un trou<br />
noir, mais notre conception <strong>de</strong> la Transnistrie est celle d'un<br />
pays idéal où <strong>les</strong> droits <strong>de</strong>s citoyens sont la priorité." Dimitri<br />
reprend à son compte le credo du régime <strong>de</strong> Tiraspol : "Nous<br />
sommes indépendants <strong>de</strong> facto et nous ne cachons pas nos<br />
liens étroits avec la Russie. Mais nous <strong>de</strong>vons écouter <strong>les</strong> souhaits<br />
<strong>de</strong> la population", affirme Evgueny Chevchouk, prési<strong>de</strong>nt<br />
du Soviet suprême. "Or, pour le moment, d'après différents<br />
référendums, seul 3 ou 4 % <strong>de</strong> la population est pour un<br />
Comme en 2005, le Prési<strong>de</strong>nt Basescu a<br />
effectué sa première visite d'après-élections<br />
en Moldavie, y recevant un accueil chaleureux.<br />
Très symboliquement, le<br />
Prési<strong>de</strong>nt Basescu a réservé sa<br />
première visite après sa<br />
réélection à la Moldavie . Peu avant son<br />
départ, il avait déclaré que le processus<br />
<strong>de</strong> rapprochement <strong>de</strong> la petite république<br />
sœur avec l'UE "était un projet <strong>de</strong> cœur,<br />
la Roumanie voulant se manifester activement<br />
pour inclure Chisinau dans<br />
l'espace qui est historiquement le sien".<br />
Evoquant la question <strong>de</strong> la Transnistrie,<br />
le chef <strong>de</strong> l'Etat a aussi indiqué qu'"il ne<br />
signerait jamais un traité remettant en<br />
cause <strong>les</strong> frontières actuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la<br />
Moldavie", insistant sur le "rôle plus soutenu<br />
que Bruxel<strong>les</strong> <strong>de</strong>vait avoir dans la<br />
résolution <strong>de</strong> ce conflit".<br />
Sur le plan économique, le prési<strong>de</strong>nt<br />
roumain a annoncé le don à la Moldavie<br />
<strong>de</strong> 100 M€ pour l'ai<strong>de</strong>r à dépasser la<br />
crise actuelle. Trois autres grands dossiers<br />
ont été abordés avec ses homologues<br />
moldaves. La Roumanie va financer<br />
l'interconnexion du système <strong>de</strong> gaz<br />
Dochia-Ungheni-Iasi entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays<br />
pour que la Moldavie ne soit plus uniquement<br />
dépendante <strong>de</strong> l'approvisionnement<br />
russe et <strong>de</strong> ses chantages périodiques. Il a<br />
également promis <strong>de</strong> faire débloquer un<br />
prêt européen <strong>de</strong> 30 M€ pour l'électrification<br />
à 400 KV <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong><br />
fer Suceava-Balti. Dès la fin <strong>de</strong> <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, l'électrification<br />
à 110 KW <strong>de</strong> la ligne<br />
Falciu-Gotesti <strong>de</strong>vrait être achevé.<br />
Traian Basescu a suggéré que la<br />
Moldavie équipe peu à peu ses lignes <strong>de</strong><br />
chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> rails à l'écartement eurocompatible,<br />
plus petit que l’actuel, soviétique,<br />
afin <strong>de</strong> faciliter <strong>les</strong> liaisons avec la<br />
Roumanie.un signe pour déterminer à<br />
quel espace économique, et donc politique,<br />
le pays veut appartenir.<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt a également réaffirmé<br />
sa volonté <strong>de</strong> faciliter l'obtention <strong>de</strong> la<br />
Actualité<br />
retour à la Moldavie", ajoute-t-il.<br />
Seul hic, la démocratie et le pluralisme sont <strong>de</strong>s notions toutes<br />
relatives en Transnistrie: <strong>les</strong> médias <strong>de</strong> masse sont à la botte du<br />
gouvernement et <strong>les</strong> Moldaves <strong>de</strong> Transnistrie, qui représentent<br />
pourtant un tiers <strong>de</strong> la population, se disent victimes d'ostracisme.<br />
Enfin, le souvenir <strong>de</strong> la guerre est sans cesse agité<br />
par <strong>les</strong> autorités, ce qui ne favorise pas l'amitié entre voisins.<br />
"Cette guerre nous a rassemblés et nous a rendus plus forts",<br />
estime Sergey Dimitkov, charismatique vétéran et patriote<br />
endurci. "Je pense que si l'on tente encore une fois <strong>de</strong> nous<br />
retirer notre liberté, tout le mon<strong>de</strong> ici sera prêt à se battre. Et<br />
c'est aussi pour ça que <strong>les</strong> soldats russes doivent rester, car ils<br />
évitent à la guerre <strong>de</strong> reprendre."<br />
Mais la Transnistrie ne pourra pas jouer éternellement le<br />
statu quo. L'Union Européenne ne peut supporter la persistance<br />
d'un conflit gelé aux portes <strong>de</strong> l'Europe, surtout après <strong>les</strong><br />
événements d'août en Géorgie. L'idée d'une Transnistrie largement<br />
autonome au sein <strong>de</strong> la Moldavie fait donc son chemin,<br />
à la condition posée par le Kremlin qu'elle renonce à toute<br />
adhésion à l'Otan. S'ils s'avéraient capab<strong>les</strong> <strong>de</strong> lâcher la main<br />
<strong>de</strong> Tiraspol pour mieux la tendre à Chisinau, <strong>les</strong> Russes prouveraient<br />
une nouvelle fois qu'ils sont <strong>de</strong> bons joueurs d'échecs.<br />
Mathil<strong>de</strong> Goannec (Libération)<br />
Traian Basescu a réservé sa première visite à la Moldavie<br />
Bucarest et Chisinau renforcent leurs liens<br />
citoyenneté roumaine aux Moldaves qui<br />
s'en réclament, une agence <strong>de</strong>vant être<br />
ouverte à l'intention <strong>de</strong> ceux qui l'ont perdue.<br />
D'autres antennes suivront à Iasi,<br />
Galati, Suceava, Cluj et Timisoara.<br />
Nouveau poste frontière<br />
Enfin, il a annoncé l’ouverture d’un<br />
nouveau poste frontière entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
pays, à Radauti-Prut (Botosani) - Lipcani.<br />
Chose faite le 15 février, ce qui<br />
réduit la distance avec l'autre poste frontière<br />
le plus proche à 85 km. Toutefois, la<br />
libre circulation entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays est<br />
entravée par un autre problème, non réglé<br />
en dépit <strong>de</strong>s engagements du prési<strong>de</strong>nt<br />
roumain: <strong>les</strong> citoyens moldaves doivent<br />
apporter la preuve qu'ils disposent d'au<br />
moins 500 € quant ils entrent en<br />
Roumanie. Cependant, ceux qui habitent<br />
à moins <strong>de</strong> 50 km <strong>de</strong> la frontière disposent<br />
<strong>de</strong>puis le 1er mars d’un <strong>document</strong><br />
leur permettant <strong>de</strong> la franchir librement,<br />
ce qui concerne une population <strong>de</strong> 1,25<br />
million Moldaves <strong>de</strong> 361 communes.<br />
11
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
12<br />
<br />
<br />
ORADEA<br />
BAIA MARE<br />
IASI<br />
<br />
CLUJ TARGU MURES<br />
<br />
ARAD<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU <br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
R. VÂLCEA <br />
PITESTI <br />
PLOIESTI <br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
BUCAREST<br />
CHISINAU<br />
CONSTANTA<br />
Le PD-L va <strong>de</strong>venir<br />
le Parti populaire<br />
Non seulement la formation politique<br />
du prési<strong>de</strong>nt Traian Basescu, le<br />
Parti démocrate-libéral (PD-L) envisage<br />
<strong>de</strong> changer <strong>de</strong> nom, pour <strong>de</strong>venir<br />
le Parti populaire, mais elle se<br />
cherche aussi un nouveau symbole,<br />
pour remplacer la rose actuelle,<br />
jugée "fanée". Rassemblés à Poiana<br />
Brasov, où la vieille gar<strong>de</strong> du parti<br />
s'est opposée aux réformateurs<br />
incarnés par Cristian Preda, <strong>les</strong><br />
démocrates-libéraux ont lancé <strong>de</strong><br />
multip<strong>les</strong> idées: une pomme, une<br />
ancre, un nœud <strong>de</strong> marin, un gouvernail<br />
ou même une sirène. La nouvelle<br />
i<strong>de</strong>ntité visuelle <strong>de</strong> la formation<br />
<strong>de</strong>vrait être choisie lors du prochain<br />
congrès du parti.<br />
Prescription<br />
<strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> tortures:<br />
le dissi<strong>de</strong>nt Vasile<br />
Paraschiv débouté<br />
Le dissi<strong>de</strong>nt anti-communiste<br />
Vasile Paraschiv ne recevra aucune<br />
compensation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l'Etat roumain<br />
pour <strong>les</strong> tortures qu'il a endurées<br />
durant le régime <strong>de</strong> Nicolae<br />
Ceausescu. La décision a été prise<br />
par <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong> la Cour suprême<br />
<strong>de</strong> Roumanie. Ils ont ainsi rejeté<br />
définitivement l'appel fait par l'une<br />
<strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> la dissi<strong>de</strong>nce sous le<br />
communisme. La première décision<br />
du tribunal <strong>de</strong> Bucarest lui avait<br />
donné raison et obligeait l'Etat à lui<br />
verser 300 000 euros. Les autorités<br />
avaient toutefois fait appel et obtenu<br />
l'annulation <strong>de</strong> cette décision. La raison<br />
invoquée, qui vient d'être confirmée<br />
par la Cour suprême, est la<br />
prescription <strong>de</strong>s faits.<br />
<br />
<br />
Actualité<br />
Très décrié pour sa gestion <strong>de</strong>s intempéries, le maire <strong>de</strong> Bucarest Sorin<br />
Oprescu a décidé <strong>de</strong> lancer une gran<strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong>s innombrab<strong>les</strong><br />
nids <strong>de</strong> poule qui ont fait leur apparition sur plus d'une centaine<br />
d'artères importantes <strong>de</strong> la capitale, suite aux fortes chutes <strong>de</strong> neige et aux inondations.<br />
Il a annoncé en fanfare que <strong>les</strong> routes seraient réparées<br />
en une semaine ou dix jours, s'est déclaré près à<br />
faire appel à l'Armée, et est apparu sur le terrain, liste<br />
<strong>de</strong>s rues concernées à la main, sur Realitatea Tv,<br />
assistant aux réparations. Sauf que cette mobilisation<br />
générale semble plus relever d'une volonté d'améliorer<br />
son image que <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> résoudre <strong>les</strong> problèmes<br />
<strong>de</strong> ses administrés. Le site d'informations en ligne<br />
Hotnews.ro a publié un enregistrement <strong>de</strong> la réunion<br />
organisée la veille à la mairie sur ces réparations…<br />
"Ils veulent voir du sang sur <strong>les</strong> murs, ils veulent me<br />
voir engueuler <strong>les</strong> ouvriers (…), voir que le maire <strong>les</strong><br />
a pris en charge", explique Oprescu lors <strong>de</strong> cette<br />
fameuse réunion. Il en ressort que le maire avait minutieusement organisé une campagne<br />
médiatique, le présentant en train d'"engueler" <strong>les</strong> ouvriers en train <strong>de</strong> réparer<br />
l'asphalte pour prouver qu'il prenait <strong>les</strong> choses en main, qu'il considérait bien ce problème<br />
comme une urgence et faire ainsi "taire la presse". Pris en flagrant délit, le maire<br />
<strong>de</strong> Bucarest risque bien <strong>de</strong> voir son image s'écorner un peu plus.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Le Premier ministre est vexé et le fait savoir. Emil<br />
Boc n'admet pas d'être payé jusqu'à 30 fois moins<br />
que certains <strong>de</strong> ses subalternes. Il perçoit en effet<br />
un salaire mensuel <strong>de</strong> 1200 €, alors que <strong>les</strong> dirigeants <strong>de</strong>s<br />
banques d'Etat, comme Radu Gratian Ghetea, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
la CEC, sont appointés à 16 000 €, ou que la prési<strong>de</strong>nte du<br />
Fonds <strong>de</strong> propriété, Daniela Lulache, s'était attribué 36 000 €<br />
<strong>de</strong> revenus mensuels. Emil Boc a donc enjoint à ses cadres <strong>de</strong><br />
revenir à <strong>de</strong>s émoluments plus décents, <strong>de</strong>mandant publiquement<br />
à Ionut Costea, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Eximbank, <strong>de</strong> ramener son<br />
salaire <strong>de</strong> 20 000 à 1000 €, soit l'équivalent <strong>de</strong> celui d'un<br />
secrétaire d'Etat. Il a averti qu'il emploierait <strong>les</strong> moyens qu'il<br />
faut pour arriver à ses fins.<br />
Interrogé sur <strong>les</strong> émoluments <strong>de</strong> Mugur Isarescu, gouver-<br />
Actualité<br />
Politique Sorin Oprescu pris Politique Payé trente fois moins, Emil Boc <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
en flagrant délit <strong>de</strong> démagogie<br />
aux banquiers <strong>de</strong> réduire leurs salaires<br />
La campagne prési<strong>de</strong>ntielle <strong>de</strong> Basescu<br />
a coûté plus <strong>de</strong> 3,7 millions d'euros<br />
Onze millions d'euros: c'est la<br />
somme totale dépensée par<br />
<strong>les</strong> douze candidats dans la<br />
course à Cotroceni à l'automne <strong>de</strong>rnier.<br />
Selon <strong>les</strong> données fournies par <strong>les</strong> candidats<br />
à l'Autorité électorale permanente,<br />
Traian Basescu est celui qui a "investi"<br />
le plus dans sa campagne, dépensant 3,7<br />
millions d'euros. Il est suivi par Mircea<br />
Geoana, qui a lui dépensé 3 millions<br />
d'euros. Mais beaucoup d'associations<br />
dénoncent ces chiffres officiels et l'opacité<br />
du financement politique. El<strong>les</strong> estiment<br />
en effet que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> campagne<br />
ont été bien plus importants. Le patron du<br />
syndicat <strong>de</strong>s transporteurs routiers,<br />
Augustin Hagiu, a d'ailleurs déclaré que<br />
<strong>les</strong> sociétés <strong>de</strong> transport avaient réalisé<br />
un "transport électoral sans précé<strong>de</strong>nt"<br />
lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière campagne.<br />
Le maire corrompu fait citoyen d'honneur<br />
Le maire PD-L (Pro-Basescu) <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />
Ramnicu Valcea, Mircea Gutau, ainsi<br />
que l'ancien vice-maire, Nicolae Dicu, ont<br />
été transférés au pénitencier <strong>de</strong> Colibasi. Ils ont été<br />
condamnés à trois ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> prison pour prise <strong>de</strong><br />
pots-<strong>de</strong>-vin. En 2006, la DNA (Direction nationale<br />
anti-corruption) avait surpris <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes en flagrant<br />
délit mais, malgré <strong>les</strong> preuves, le tribunal d'Alba<br />
Iula (ouest) avait décidé leur acquittement. Cette<br />
décision avait été confirmée par la Cour d'appel <strong>de</strong> Constanta. La Cour suprême a<br />
contredit ces précé<strong>de</strong>nts acquittements et rendu une sentence définitive et irrévocable.<br />
Néanmoins, Mircea Gutau a été fait citoyen d'honneur <strong>de</strong> la ville par son conseil municipal,<br />
décision appuyée par la signature d'une pétition par plusieurs milliers <strong>de</strong> ses<br />
concitoyens. Son second vice-maire, Romeo Radu<strong>les</strong>cu, qui assure l'intérim, a l'intention<br />
d'aller lui remettre son diplôme à la prison <strong>de</strong> Colibasi où il purge sa peine.<br />
Equipement<br />
Pannes <strong>de</strong> courants, immeub<strong>les</strong><br />
qui ne sont plus chauffés, routes<br />
rendues impraticab<strong>les</strong> par<br />
leurs nids <strong>de</strong> pou<strong>les</strong>, digues emportées<br />
par <strong>les</strong> inondations… <strong>les</strong> réseaux et<br />
infrastructures roumaines sont dans un<br />
état déplorable et il faudra <strong>de</strong> nombreuses<br />
années aux autorités pour y remédier. On<br />
estime au minimum à 40 milliards d'euros<br />
<strong>les</strong> investissements nécessaires pour se<br />
mettre au niveau <strong>de</strong> l'Europe, une somme<br />
astronomique pour un pays en pleine<br />
crise, qui est obligé d'avoir recours à l'ai<strong>de</strong><br />
du FMI, <strong>de</strong> la Banque Mondiale et <strong>de</strong><br />
l'UE, pour boucler ses fins <strong>de</strong> mois.<br />
Le système d'énergie électrique a<br />
besoin d'urgence <strong>de</strong> 20 milliards d'euros<br />
dans la décennie pour <strong>de</strong>venir efficient.<br />
L'Etat et <strong>les</strong> compagnies privées doivent<br />
donc investir <strong>de</strong>ux milliards par an, dont<br />
la moitié consacrée à la production d'électricité<br />
et l'autre à son transport et sa<br />
distribution. Le réseau d'origine thermique,<br />
qui assure 50 % <strong>de</strong> la production,<br />
doit être refait totalement, notamment<br />
pour respecter <strong>les</strong> normes environnementa<strong>les</strong>.<br />
Alors que <strong>les</strong> équipements mo<strong>de</strong>rnes<br />
ont un ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> 60 % et une<br />
émission <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone <strong>de</strong><br />
200kg/MGW, en Roumanie ils sont <strong>de</strong><br />
30 % et d'une tonne par MGW.<br />
Ce n'est pas le seul problème dans ce<br />
domaine auquel le pays est confronté: <strong>les</strong><br />
vil<strong>les</strong> se sont agrandies, <strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
consommation ont changé mais le réseau<br />
<strong>de</strong> distribution, datant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 30 ans,<br />
est resté le même, notoirement insuffisant,<br />
notamment à Bucarest où <strong>de</strong>s problèmes<br />
d'approvisionnement surviennent<br />
régulièrement dans <strong>les</strong> secteurs ouest et<br />
sud <strong>de</strong> la capitale.<br />
Deux sièc<strong>les</strong> pour mo<strong>de</strong>rniser<br />
le réseau <strong>de</strong> chauffage<br />
La situation n'est guère meilleure en<br />
ce qui concerne le réseau <strong>de</strong> chauffage,<br />
vieux <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 40 ans. A Pitesti, <strong>les</strong> pertes<br />
sont <strong>de</strong> 70 % ! Ra<strong>de</strong>t, le distributeur,<br />
<strong>de</strong>uxième en Europe par sa taille, a<br />
besoin <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> millions d'euros<br />
pour refaire son système <strong>de</strong> canalisation,<br />
long <strong>de</strong> 4000 km, lequel n'a été rénové<br />
qu'à 20 % pour l'instant. L'an <strong>de</strong>rnier, la<br />
compagnie n'a pu mo<strong>de</strong>rniser que six<br />
kilomètres. En <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, sa dotation lui permettra<br />
<strong>de</strong> changer 20 km <strong>de</strong> conduits. A<br />
ce rythme, son directeur a calculé que le<br />
neur <strong>de</strong> la Banque Nationale <strong>de</strong> Roumanie (7000€), le Premier<br />
ministre <strong>les</strong> a trouvés corrects, par rapport à ceux <strong>de</strong>s banquiers<br />
et <strong>de</strong> ses responsabilités.<br />
Tout comme <strong>les</strong> salaires <strong>de</strong> certains autres <strong>de</strong> ses subordonnés:<br />
Horia Roman Patapievici, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Institut<br />
Culturel Roumains (4600 €), du chef <strong>de</strong> la Commission<br />
Nationale <strong>de</strong>s Valeurs immobilières (4000 €), du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l'Institut d'investigation sur <strong>les</strong> crimes du communisme,<br />
Marius Oprea (2000 €).<br />
Gouverneur <strong>de</strong> la Banque Centrale Européenne, Jean-<br />
Clau<strong>de</strong> Trichet touche 28 700 €, Ben Bernanke, gouverneur<br />
<strong>de</strong> la Banque Centrale Américaine, 10 200 €, Mervyn King <strong>de</strong><br />
la Banque Centrale d'Angleterre, 31 600 €, et Andras Simor<br />
<strong>de</strong> la Banque Centrale <strong>de</strong> Hongrie, 29 000 €.<br />
Energie, chauffage, routes, voies ferrées, digues: la Roumanie à la traîne<br />
Quarante milliards d'euros à investir pour se mettre à niveau<br />
Pour avoir hérité d'une situation catastrophique à la chute du communisme et ne pas avoir entrepris d'investissements<br />
ces vingt <strong>de</strong>rnières années, faute <strong>de</strong> moyens mais aussi <strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong> volonté, la Roumanie se trouve très loin à la<br />
traîne <strong>de</strong>rrière ses partenaires européens en ce qui concerne ses réseaux, complètement obsolètes, qu'elle doit mo<strong>de</strong>rniser<br />
ou rénover intégralement. Mais la facture est lour<strong>de</strong>: le pays a besoin <strong>de</strong> 40 milliards d'euros pour se remettre à niveau,<br />
soit près d'un tiers <strong>de</strong> son PIB et plus du double <strong>de</strong> son budget annuel.<br />
réseau <strong>de</strong> Bucarest sera complètement<br />
rénové dans 20 ans… et le reste du pays<br />
dans <strong>de</strong>ux sièc<strong>les</strong> !<br />
Le réseau routier - 15 600 km <strong>de</strong> routes<br />
nationa<strong>les</strong> - doit être refait à 70 %, ce<br />
qui nécessite 5 milliards d'euros. A<br />
500 000 € le kilomètre, il faudrait engager<br />
un milliard d'euros par an pour y parvenir<br />
dans <strong>les</strong> 5 prochaines années et y<br />
ajouter <strong>les</strong> investissements prévus pour la<br />
réalisation du corridor <strong>de</strong> transport paneuropéen<br />
IV et <strong>de</strong> quelques autres infrastructures.<br />
Environ 8000 km <strong>de</strong> voies ferrées,<br />
soit 38 % du réseau <strong>de</strong> 20 385 km du<br />
pays doivent également être impérativement<br />
réhabilités, dont 11 000 <strong>de</strong>s 18 000<br />
ponts ou ouvrages d'art, pour un coût estimé<br />
à 2,5 milliards d'euros.<br />
Enfin, confrontée pratiquement<br />
chaque année à <strong>de</strong>s inondations dévastatrices,<br />
du fait notamment <strong>de</strong> la déforestation,<br />
la Roumanie doit refaire d'urgence<br />
ses digues. L'Etat entend leur donner<br />
un statut <strong>de</strong> protection supérieur à celui<br />
existant, pour faire face à <strong>de</strong>s crues centenna<strong>les</strong>.<br />
Il a donc programmé 250 M€<br />
d'investissement chaque année jusqu'en<br />
2<strong>03</strong>0, soit une dépense totale <strong>de</strong><br />
5 milliards d'euros.<br />
13
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
14<br />
<br />
ORADEA<br />
<br />
CLUJ<br />
ARAD<br />
TIMISOARA<br />
<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
BAIA<br />
MARE<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
PLOIESTI <br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
BUCAREST<br />
<br />
IASI<br />
GALATI<br />
Les chiffres<br />
<br />
<br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
Population : 21 542 000 habitants<br />
Superficie : 238 391 km 2<br />
PIB estimé pour 2008 : 139 milliards<br />
d'euros (+5,8 %).<br />
PIB estimé pour 2009 : - 4,1 %<br />
Croissance en % du PIB en 2008:<br />
8,5 % (moyenne UE : 0,9 %)<br />
Croissance estimée en 2009 : - 7 %<br />
(UE : 0,2 %)<br />
PIB/habitant : 6465 € (indice : 44,3<br />
sur la base UE <strong>de</strong> 100)<br />
Déficit public en % du PIB en 2009:<br />
7,3 % (UE : 0,9 %)<br />
Dette publique en % du PIB en<br />
2007: 28,7 % (UE : 58,7 %)<br />
Taux d'inflation en 2008 : + 7,9 %<br />
(UE: 3,7 %)<br />
Chômage en % <strong>de</strong> la population<br />
active en 2008 : 5,8 % (UE : 7 %)<br />
Chômage en novembre 2009 : 7,5%<br />
(UE: 7,6 %)<br />
Salaire moyen net : 320 € (+23,2 %)<br />
-Le plus élevé (finances) : 966 €<br />
-Le plus faible (bois) : 181 €<br />
Salaire minimum net : 150 €<br />
(employés), 285 € (cadres)<br />
Retraite mensuelle moyenne: 150 €<br />
Minimum vieil<strong>les</strong>se: 75 €<br />
Espérance <strong>de</strong> vie (hommes/femmes):<br />
68-75 ans<br />
Moldavie* :<br />
Population : 4 350 000 habitants<br />
Population émigrée : 25 %<br />
Population sur place : 3 250 000<br />
Superficie : 33 700 km 2<br />
PIB : 7,2 milliards d'euros (+ 4 %)<br />
PIB/habitant : 2110 €<br />
Inflation : 12,7 %<br />
Salaire minimum : 58 €<br />
Salaire moyen : 170 € à Chisinau,<br />
80 € dans le reste du pays<br />
Chômage (chiffre officiel) : 8 %<br />
Espérance <strong>de</strong> vie (hommes/femmes):<br />
62-70 ans<br />
*Chiffres donnés sous réserves<br />
<br />
Agriculture<br />
Actualité<br />
Si la Roumanie dispose du 9ème plus grand territoire <strong>de</strong> l'Union Européenne<br />
et d'une <strong>de</strong> ses plus gran<strong>de</strong>s surfaces cultivab<strong>les</strong> et effectivement cultivées… elle<br />
figure cependant aux <strong>de</strong>rnières places en terme <strong>de</strong> production. Loin d'être un atout,<br />
l'agriculture est <strong>de</strong>venu un poids pour un pays qui, doté <strong>de</strong> la 7ème population <strong>de</strong><br />
l'UE, a le potentiel <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir aussi sa 7ème ou 8ème puissance économique.<br />
Quatrième pays <strong>de</strong> l'UE en surfaces cultivée en blé, <strong>de</strong>rrière la France,<br />
l'Allemagne et la Pologne, et tout près <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers, la Roumanie<br />
n'occupe que le 24ème rang sur 27 en termes <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment: 2,3 tonnes <strong>de</strong><br />
blé par hectare alors que <strong>les</strong> Bulgares en récoltent 3,2, <strong>les</strong> Hongrois 3,8, <strong>les</strong> Polonais 4,<br />
<strong>les</strong> Tchèques et <strong>les</strong> Slovaques 5. Des performances à comparer aux 8 tonnes que produisent<br />
l'Irlan<strong>de</strong>, <strong>les</strong> Pays Bas, la Belgique, la Gran<strong>de</strong> Bretagne, la France ou l'Allemagne!<br />
Et le blé n'est pas l'exception. L'orge connaît la même situation désastreuse: 8ème<br />
place pour la surface cultivée et seulement 23ème en matière <strong>de</strong> production. Pour le<br />
colza, le rapport est <strong>de</strong> 5 à 23. La surface cultivée <strong>de</strong> maïs est la plus élevée d'Europe,<br />
mais la Roumanie n'est que 18ème en termes <strong>de</strong> production. Bonne position pour la<br />
pomme <strong>de</strong> terre, aussi, avec la 3ème surface cultivée <strong>de</strong> l'UE, qui tombe, malheureusement,<br />
à la 11ème place en matière <strong>de</strong> production. Enfin, pour le tournesol, l'écart est également<br />
important : 2ème place en surface et seulement 18ème en ren<strong>de</strong>ment.<br />
Les superficies en jachère ont doublé<br />
La situation s'est également<br />
dégradée là même où la Roumanie<br />
semblait occuper une position enviable:<br />
la surface cultivée. Selon <strong>les</strong><br />
statistiques d'Eurostat, la plupart <strong>de</strong>s<br />
pays <strong>de</strong> l'Est <strong>de</strong> l'Europe ont conservé<br />
sinon augmenté leurs surfaces<br />
cultivées en blé lors <strong>de</strong>s 20 <strong>de</strong>rnières<br />
années. Les pays baltiques ont enregistré<br />
<strong>de</strong>s progressions spectaculaires:<br />
la Lettonie a doublé sa surface<br />
cultivée et l'Estonie l'a multipliée<br />
par 5 en 20 ans.<br />
Le pays <strong>de</strong>vrait être l'une <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong><br />
Non… la privatisation<br />
De nombreux paysans labourent encore<br />
à la charrue tirée par <strong>de</strong>s chevaux.<br />
La Roumanie disposait, en 1987, <strong>de</strong> 2,4 millions d'hectares cultivés <strong>de</strong> blé, et la<br />
Pologne 2,1 millions. Aujourd'hui, <strong>les</strong> positions se sont inversées: la Pologne cultive du<br />
blé sur 2,4 millions d'hectares et la Roumanie sur 2,2. Cela veut dire que la surface cultivable<br />
laissée en jachères est en forte progression. Si, en 2005, <strong>les</strong> jachères représentaient<br />
5,3% <strong>de</strong>s terres cultivab<strong>les</strong>, en 2009 c'est le double, avec 10,4%. Et ce pourcentage<br />
aurait été encore plus élevé sans le colza <strong>de</strong>stiné à la production <strong>de</strong> biocarburant :<br />
<strong>de</strong> 87 800 ha en 2005, le colza est passé à 440 000, et pourrait atteindre 490 000 ha en<br />
<strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Les Roumains ont préféré en planter, plutôt que <strong>de</strong> ne rien planter du tout.<br />
Mais que s'est-il passé pour <strong>les</strong> cultures <strong>de</strong> plantes texti<strong>les</strong> (lin et chanvre), du tabac<br />
et <strong>de</strong> betterave à sucre qui s'étendaient sur <strong>de</strong>s milliers d'hectares il y a quelques dizaines<br />
d'années à peine ? Le lin et <strong>de</strong> chanvre ne couvrent actuellement que 30 hectares, le<br />
tabac a chuté <strong>de</strong> 9000/12000 ha à 885, tandis que la betterave a été sacrifiée lors <strong>de</strong>s<br />
négociations avec l'UE.<br />
90% <strong>de</strong>s exploitations agrico<strong>les</strong> font moins <strong>de</strong> 5 hectares<br />
Inutile d'aller chercher <strong>de</strong>s boucs émissaires comme la défaillance du système d'irrigation<br />
ou la rupture <strong>de</strong>s digues lors <strong>de</strong> crues pour expliquer ce désastre. Il faut regar<strong>de</strong>r<br />
avant tout du côté <strong>de</strong>s ressources humaines.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
puissances agrico<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'UE, mais ses ren<strong>de</strong>ments le relègue aux <strong>de</strong>rnières places<br />
<strong>de</strong>s terres n'a pas été couronnée <strong>de</strong> succès !<br />
En 1990-1991, seulement 28-29% <strong>de</strong> la population se<br />
vouait encore à l'agriculture à la suite <strong>de</strong> l'industrialisation forcée<br />
<strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> communiste, imposant l'exo<strong>de</strong> urbain <strong>de</strong><br />
millions <strong>de</strong> personnes vivant dans <strong>les</strong> campagnes. Après la<br />
chute du communisme, le processus s'est inversé: nombre <strong>de</strong><br />
chômeurs, <strong>de</strong> retraités anticipés et d'autres travailleurs appauvris<br />
par la transition, ont trouvé dans l'agriculture un <strong>de</strong>rnier<br />
refuge, une ressource ultime leur permettant <strong>de</strong> survivre*.<br />
Mais cet afflux a précipité la<br />
chute <strong>de</strong> la productivité. Si, dans <strong>les</strong><br />
années 1995, la part <strong>de</strong> l'agriculture<br />
dans le PIB représentait 19%, elle ne<br />
compte plus que pour 6-7%. Pourtant,<br />
il lui faut nourrir une population équivalente.<br />
En émiettant la restitution<br />
<strong>de</strong>s terres, ou en la différant à la suite<br />
d'imbroglios et <strong>de</strong> contestations traînant<br />
en longueur <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux,<br />
ce qui fait qu'el<strong>les</strong> ne peuvent<br />
être ni vendues ni achetées, le pou-<br />
voir n'a fait qu'empirer le problème<br />
<strong>de</strong> la compétitivité <strong>de</strong> l'agriculture<br />
roumaine.<br />
90% <strong>de</strong>s exploitations agrico<strong>les</strong> mesurent moins <strong>de</strong> 5 ha,<br />
que <strong>les</strong> paysans labourent à la binette et à la charrue tirée par<br />
<strong>de</strong>s chevaux. Cela porte le nom d'agriculture vivrière, dont la<br />
production est <strong>de</strong>stinée principalement à la consommation <strong>de</strong><br />
l'exploitant, et non à la commercialisation. La Roumanie ne<br />
dispose pas encore <strong>de</strong> suffisamment <strong>de</strong> fermes mo<strong>de</strong>rnes et le<br />
concept d'exploitant agricole n'est même pas bien entré dans le<br />
vocabulaire.<br />
Le PIB agricole se mesure<br />
en nombre <strong>de</strong> cochons ou <strong>de</strong> pou<strong>les</strong><br />
Aujourdhui, le véritable PIB <strong>de</strong> l'agricuture roumaine ne<br />
se mesure pas en statistiques, mais en cochons, un <strong>de</strong> plus ou<br />
<strong>de</strong> moins, en pou<strong>les</strong>, 7 au lieu <strong>de</strong> 5, et en veaux mis au mon<strong>de</strong><br />
par <strong>de</strong>s vaches sous-alimentées. La mo<strong>de</strong>rnisation - raccor<strong>de</strong>ment<br />
à l'eau courante ou aux canalisations, emprunts auprès <strong>de</strong><br />
banques pour se développer - est loin <strong>de</strong>s préoccupations du<br />
paysan roumain qui ne peut même pas utiliser efficacement <strong>les</strong><br />
fonds <strong>de</strong> l'UE, à cause d'un système défaillant.<br />
A la queue pour <strong>les</strong> routes<br />
Pour le tourisme et <strong>les</strong> photographes, c’est bien...<br />
pour le ren<strong>de</strong>ment et la prospérité, c’est autre chose !<br />
Nouveau record, mais peu flatteur pour la Roumanie : selon un rapport <strong>de</strong> la<br />
Banque mondiale, le pays a <strong>les</strong> routes en plus mauvais état, le moins d'autoroutes<br />
et le prix par kilomètre construit le plus élevé <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />
Ainsi, un kilomètre d'autoroute coûte au minimum 80 millions d'euros, tandis<br />
qu'en France, le tarif moyen est <strong>de</strong> 18 millions, et en Grèce <strong>de</strong> 10 millions. En 2009,<br />
42 kilomètres d'autoroute ont été construits sur 836 promis par le ministère <strong>de</strong>s<br />
Transports d'ici à 2<strong>01</strong>2. Dans le même temps, 80 kilomètres <strong>de</strong> routes ont été détruits.<br />
En <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, 100 kilomètres supplémentaires d'autoroute doivent être construits.<br />
Actualité<br />
Considérant que l'agriculture représente désormais moins<br />
<strong>de</strong> 10 % du PIB, l'Etat s'en désintéresse, misant sur l'industrie<br />
et <strong>les</strong> services. Tant que le problème <strong>de</strong> la propriété <strong>de</strong>s terrains<br />
ne sera pas réglé, <strong>les</strong> parcel<strong>les</strong> ne pourront pas fusionner<br />
pour permettre une rentabilité décente. Les prix <strong>de</strong>s terres<br />
continuent donc à baisser, rendant le secteur peu attractif. Sans<br />
moyens financiers, sans capital, <strong>les</strong> éléments propices à son<br />
développement ne sont pas présents : bonne gestion et lobbys<br />
capable <strong>de</strong> peser sur l'adoption <strong>de</strong>s<br />
textes législatifs.<br />
C'est ignorer que <strong>les</strong> <strong>de</strong>nrées<br />
alimentaires pèsent lourd dans le<br />
panier du consommateur (37,6%).<br />
Si la contribution du secteur primaire<br />
à la richesse nationale est relativement<br />
faible, une saison agricole<br />
touchée par la sécheresse ou par <strong>les</strong><br />
inondations conduit invariablement<br />
à la flambée <strong>de</strong>s prix. Cela se traduit<br />
soit par une hausse <strong>de</strong> l'inflation,<br />
soit par le déséquilibre <strong>de</strong> la balance<br />
commerciale. Rien n'y fait. Les gou-<br />
vernements successifs persistent à proclamer que la privatisation<br />
<strong>de</strong> l'agriculture a été couronnée <strong>de</strong> succès !<br />
Ionut Balan (Saptamâna Financiara)<br />
Traduit par Ramona Delcea (Le Courrier <strong>de</strong>s Balkans)<br />
* La "transition" s'est déroulée en 3 étapes <strong>de</strong>puis la<br />
"Révolution". Dans un premier temps, <strong>les</strong> chômeurs se sont<br />
transformés en pensionnés, parfois pour raison <strong>de</strong> "maladie",<br />
un tiers <strong>de</strong> la population quitant la vie active et un retraité sur<br />
trois seulement atteignant l'âge légal du départ à la retraite.<br />
Dans une <strong>de</strong>uxième étape, on a assisté à un "exo<strong>de</strong><br />
urbain”: <strong>les</strong> chômeurs, pensionnés ou travailleurs, migrant<br />
vers <strong>les</strong> campagnes. Si en 1990, 28-29% <strong>de</strong> la population<br />
vivait <strong>de</strong> l'agriculture, en dix ans la hausse a été vertigineuse:<br />
en 20<strong>01</strong>, ce chiffre a atteint 41%.<br />
Le troisième acte se termine par l'émigration en masse -<br />
souvent temporaire - notamment à l'occasion <strong>de</strong> la levée <strong>de</strong>s<br />
restrictions <strong>de</strong> circulation sur le Vieux Continent et <strong>de</strong> l'entrée<br />
<strong>de</strong> la Roumanie dans l'UE.<br />
Un quatrième se <strong>de</strong>ssine actuellement: le retour au pays...<br />
qui marquerait la fin <strong>de</strong> la "transition".<br />
La Moldavie s'exporte<br />
Le gouvernement moldave a<br />
décidé d'envoyer une délégation<br />
d'hommes d'affaires<br />
dans <strong>de</strong>s expositions internationa<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
huit pays, à savoir la Russie,<br />
l'Allemagne, la Chine, la Biélorussie,<br />
la Belgique, la Suisse, la Gran<strong>de</strong><br />
Bretagne et la Lettonie.<br />
15
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
16<br />
ORADEA<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
<br />
IASI<br />
<br />
BUCAREST<br />
CHISINAU<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
BRAN<br />
GALATI<br />
<br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
GIURGIU <br />
SUCEAVA<br />
<br />
M. CIUC<br />
<br />
CONSTANTA<br />
Un milliard d'euros<br />
empruntés cette année<br />
La Roumanie s'apprêtait à<br />
emprunter un milliard d'euros sur le<br />
marché européen, somme qui pourrait<br />
être portée à 1,5 milliard. En<br />
2009, la Roumanie avait emprunté<br />
14,1 milliards d'euros, soit 5 fois plus<br />
que l'année précé<strong>de</strong>nte, dont 6,9<br />
milliards au FMI, 1,5 milliards à l'UE<br />
et 300 millions à la Banque Mondiale.<br />
Un an <strong>de</strong> plus<br />
pour réduire le déficit<br />
Les ministres <strong>de</strong>s Finances européens<br />
ont donné une année supplémentaire<br />
à la Roumanie, la Lituanie et<br />
Malte pour ramener leur déficit public<br />
sous la limite autorisée <strong>de</strong> 3% du<br />
PIB. Ils ont ainsi suivi une recommandation<br />
<strong>de</strong> la Commission qui visait à<br />
tenir compte <strong>de</strong> "la détérioration significative<br />
<strong>de</strong> la situation économique"<br />
dans ces pays. Malte a désormais<br />
jusque 2<strong>01</strong>1 pour revenir dans <strong>les</strong><br />
clous du Pacte européen <strong>de</strong> stabilité<br />
et <strong>de</strong> croissance, et la Rou-manie et<br />
la Lituanie jusque 2<strong>01</strong>2. L'UE avait<br />
lancé en juillet <strong>de</strong>s procédures pour<br />
déficit excessif contre ces pays, dont<br />
<strong>les</strong> finances publiques se sont dégradées<br />
avec la crise.<br />
La croissance<br />
va repartir<br />
La Banque mondiale prédit une<br />
reprise <strong>de</strong> la croissance roumaine en<br />
<strong>2<strong>01</strong>0</strong>: l'institution table sur une hausse<br />
<strong>de</strong> 0,5% pour cette année, avant<br />
le véritable rebond, prévu pour 2<strong>01</strong>1,<br />
où la Roumanie <strong>de</strong>vrait enregistrer<br />
une augmentation <strong>de</strong> son PIB comprise<br />
entre 2,5 et 4,2%. Le gouvernement<br />
Boc, lui, table sur une croissance<br />
<strong>de</strong> 1,3% pour <strong>2<strong>01</strong>0</strong>.<br />
<br />
Economie<br />
Actualité<br />
Près <strong>de</strong> 200 000 sociétés roumaines ont été suspendues, dissoutes ou radiées<br />
par l'Office national du registre du commerce (ONRC) en 2009. La suspension<br />
temporaire d'activité a été la métho<strong>de</strong> la plus utilisée par <strong>les</strong> entreprises<br />
en difficulté. El<strong>les</strong> ont été 133 362 l'année <strong>de</strong>rnière à choisir cette solution, soit une augmentation<br />
<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1000 % par rapport à 2008. Le nombre <strong>de</strong> dissolution volontaire<br />
a lui augmenté <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 400 % et celui <strong>de</strong>s radiations volontaires d'environ 150 %.<br />
A Bucarest, plus <strong>de</strong> 20 000 sociétés ont suspendu leur activité, contre 7000 à Cluj<br />
ou encore 4000 à Brasov. La région la plus touchée est la Moldavie, alors que <strong>les</strong> départements<br />
<strong>de</strong> Giurgiu et Teleorman, parmi <strong>les</strong> plus pauvres du pays, s'en sortent mieux.<br />
Au 1er janvier <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, l'ONRC enregistrait 690 000 sociétés (personnes juridiques) actives<br />
dans le pays, dont environ un quart domicilié à Bucarest. En janvier, la situation ne<br />
s'est pas améliorée. Le nombre <strong>de</strong> sociétés qui ont suspendu leur activité à travers le<br />
pays a été multiplié par 4 par rapport à janvier 2009. Plus <strong>de</strong> 6000 entreprises ont ainsi<br />
été mises en suspens, contre 1358 il y a un an. Le nombre <strong>de</strong> sociétés dissoutes a lui<br />
doublé; i<strong>de</strong>m pour celui <strong>de</strong>s firmes radiées du registre du commerce. Enfin, le nombre<br />
<strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> sociétés enregistrées a baissé <strong>de</strong> 23% en comparaison avec janvier 2009.<br />
Chute <strong>de</strong> la consommation<br />
En 2009, <strong>les</strong> Roumains ont acheté <strong>de</strong>ux fois moins <strong>de</strong> biens électroménagers ou <strong>de</strong><br />
consommation (téléviseurs, réfrigérateurs, ordinateurs, appareils photos), ce secteur<br />
n'enregistrant que 1,42 milliard d'euros <strong>de</strong> chiffre d'affaires au lieu <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3<br />
milliards. Parallèlement, le marché <strong>de</strong>s voitures neuves a connu la baisse la plus drastique<br />
<strong>de</strong> l'UE en janvier (- 85 % par rapport à janvier 2008), alors que, sous l'effet <strong>de</strong>s<br />
primes à la casse <strong>de</strong>s véhicu<strong>les</strong> anciens, il progressait <strong>de</strong> + 13 % dans <strong>les</strong> autres pays.<br />
Baisse <strong>de</strong> moitié <strong>de</strong>s investissements étrangers<br />
Les investissements directs étrangers (IDE) effectués en Roumanie ont baissé <strong>de</strong><br />
48,4% en 2009, à 4,89 milliards d'euros. Du total <strong>de</strong>s investissements attirés, <strong>les</strong> participations<br />
au capital, notamment le profit réinvesti, ont représenté 3,06 milliards d'euros,<br />
en baisse <strong>de</strong> 37% par rapport à 2008. Les crédits intra-groupe ont atteint pour leur part<br />
1,83 milliard d'euros. La Roumanie avait attiré 9,49 milliards d'euros d'IDE en 2008.<br />
Recul du déficit commercial<br />
La Roumanie a enregistré un déficit commercial <strong>de</strong> 9,7 milliards d'euros en 2009,<br />
en baisse <strong>de</strong> 58% par rapport à 2008, a annoncé mardi l'Institut national <strong>de</strong> la statistique<br />
(INS). Durement touchée par la crise économique, la Roumanie a drastiquement réduit<br />
ses importations en 2009, à 38,7 milliards d'euros, soit une chute <strong>de</strong> 32,3%. Les exportations<br />
se sont élevées à 29 milliards d'euros, en baisse <strong>de</strong> 13,9%.<br />
Grâce à l'exportation <strong>de</strong> quelque 270 000 véhicu<strong>les</strong> fabriqués par Dacia (groupe<br />
Renault), <strong>les</strong> livraisons d'automobi<strong>les</strong> et d'équipements <strong>de</strong> transport ont pour la première<br />
fois <strong>de</strong>vancé <strong>de</strong> près <strong>de</strong> dix points <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> biens similaires. Les échanges<br />
avec <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union européenne ont représenté 74,2% du total pour <strong>les</strong> exportations<br />
et 73,2% pour <strong>les</strong> importations. En 2008, la Roumanie avait enregistré un déficit commercial<br />
record, <strong>de</strong> 23,5 milliards d'euros, malgré une progression plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s exportations<br />
par rapport aux importations.<br />
Les taux d'intérêt en baisse<br />
2009 année noire pour<br />
<strong>les</strong> sociétés roumaines<br />
Les taux d'intérêt (en leu) pourraient tourner autour <strong>de</strong> 7 à 8% avant la fin <strong>de</strong> l'année,<br />
d'après <strong>les</strong> experts. Depuis le début <strong>de</strong> l'année, <strong>les</strong> taux d'intérêt ont déjà connu une<br />
baisse, passant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10% à environ 8%.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Economie<br />
L'indice <strong>de</strong> liberté économique - c'est-à-dire <strong>de</strong> développement<br />
capitaliste -, calculé chaque année par<br />
The Heritage Foundation et le Wall Street<br />
Journal, s'est amélioré pour la Roumanie en <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Le pays,<br />
qui gagne un point par rapport à l'année <strong>de</strong>rnière, se classe désormais<br />
en 63ème position sur 179 Etats recensés. Avec une<br />
cote <strong>de</strong> 64,2 sur 100, la Roumanie a plus ou moins le même<br />
indice <strong>de</strong> liberté économique que celui <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong>vance<br />
la Pologne, la Grèce, l'Italie et la Bulgarie. Sur <strong>les</strong> dix cri-<br />
Impôts: un potentiel énorme non collecté<br />
Le potentiel <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong>s impôts est "énorme" en<br />
Roumanie, d'après Mihai Tanasescu, le représentant <strong>de</strong> la<br />
Roumanie au FMI: "il n'y a pas besoin d'augmenter <strong>les</strong> taxes<br />
et <strong>les</strong> impôts, mais il faut simplement mieux <strong>les</strong> collecter". Les<br />
revenus budgétaires <strong>de</strong> la Roumanie représentent 31% <strong>de</strong> son<br />
PIB (Produit intérieur brut), soit entre 10 et 12 points en <strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong> la moyenne <strong>de</strong> l'Union européenne. Le budget <strong>2<strong>01</strong>0</strong> ne<br />
prévoit aucune modification <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> taxes actuel<strong>les</strong>.<br />
Frau<strong>de</strong>s fisca<strong>les</strong><br />
Le gouvernement a l'intention <strong>de</strong> soumettre à un impôts<br />
forfaitaire 26 professions où la frau<strong>de</strong> et l'évasion fiscale sont<br />
répandues. Parmi el<strong>les</strong>, cel<strong>les</strong> qui touchent aux activités touristiques,<br />
d'hébergement, <strong>de</strong> restauration et <strong>de</strong> loisirs, <strong>les</strong> métiers<br />
<strong>de</strong> l'artisanat et <strong>de</strong> réparation… et <strong>les</strong> pompes funèbres.<br />
Les immatriculations<br />
<strong>de</strong> voitures neuves en chute libre<br />
Le total <strong>de</strong>s immatriculations <strong>de</strong> voitures neuves en 2009<br />
a été <strong>de</strong> 116 <strong>01</strong>2, en baisse <strong>de</strong> 59% par rapport à 2008, selon<br />
<strong>les</strong> chiffres <strong>de</strong> la Direction du régime <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong> conduire<br />
et <strong>de</strong>s immatriculations. Le marché <strong>de</strong>s voitures d'occasion a<br />
moins souffert, avec une baisse <strong>de</strong> 11%, soit 275 <strong>01</strong>2 immatriculations,<br />
toujours par rapport à 2008.<br />
Objectif: un million <strong>de</strong> Logan<br />
produites dès cette année<br />
Dacia a enregistré une année record avec plus <strong>de</strong> 310 000<br />
véhicu<strong>les</strong> vendus dans le mon<strong>de</strong>, soit + 20,5% par rapport à<br />
2008. La firme <strong>de</strong> Pitesti a vendu 85 000 Logan l'année <strong>de</strong>rnière<br />
en Allemagne, soit 2,1 % du marché intérieur allemand,<br />
60 000 en France, 20 000 en Italie. Dacia reste lea<strong>de</strong>r sur le<br />
marché roumain, même si ses ventes dans le pays ont baissé <strong>de</strong><br />
plus <strong>de</strong> 50% en 2009, pour se situer à 45 000 véhicu<strong>les</strong>. Par<br />
ailleurs, sa maison-mère, Renault, a décidé <strong>de</strong> concrétiser à<br />
partir <strong>de</strong> cette année son objectif <strong>de</strong> produire annuellement un<br />
million <strong>de</strong> Logan à travers le mon<strong>de</strong> dans l'ensemble <strong>de</strong> ses<br />
Actualité<br />
La Roumanie renforce sa position<br />
<strong>de</strong> "bon élève capitaliste"<br />
tères qui entrent dans le calcul <strong>de</strong> cet indice, cinq se sont améliorés<br />
pour la Roumanie, à savoir la liberté commerciale, la<br />
liberté d'investir, <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> propriété, la liberté face à la corruption<br />
et la liberté <strong>de</strong> travail. La liberté financière est par<br />
contre restée égale, alors que la liberté <strong>de</strong>s affaires, la liberté<br />
fiscale, <strong>les</strong> dépenses publiques et la liberté monétaire ont légèrement<br />
diminué. Hong Kong et Singapour conduisent ce classement<br />
avec respectivement <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong> 89,7 et 86,1. Au sein<br />
<strong>de</strong> l'UE, c'est l'Irlan<strong>de</strong> qui occupe la première position.<br />
usines <strong>de</strong> Roumanie, Russie, Maroc, Colombie, Iran et In<strong>de</strong>.<br />
La Logan va être prochainement commercialisée en Tunisie, à<br />
partir <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> construits au Maroc.<br />
Renault recrute 300 ingénieurs<br />
Avec six mois <strong>de</strong> retard sur <strong>les</strong> prévisions, Renault va<br />
inaugurer en octobre prochain son centre d'essais pour ses<br />
véhicu<strong>les</strong> <strong>de</strong> Titu (ju<strong>de</strong>t Dâmbovita) et a commencé le recrutement<br />
<strong>de</strong> 300 ingénieurs. Le constructeur a trouvé le financement<br />
qu'il recherchait auprès <strong>de</strong> l'Etat roumain (28 M€), obtenant<br />
un prêt <strong>de</strong> la Banque Européenne d'Investissements <strong>de</strong><br />
83 M€ et la participation pour 44 M€ <strong>de</strong> la BERD à la majoration<br />
<strong>de</strong> son capital. A Titu, Renault procè<strong>de</strong>ra aux essais <strong>de</strong><br />
toute la gamme <strong>de</strong> ses véhicu<strong>les</strong>, aussi bien dans <strong>de</strong>s conditions<br />
<strong>de</strong> pluie, que <strong>de</strong> gel, <strong>de</strong> fortes chaleurs, <strong>de</strong> soleil éblouissant,<br />
<strong>de</strong> vent <strong>de</strong> sable, etc. En 2<strong>01</strong>1, la firme finalisera la réalisation<br />
<strong>de</strong> pistes d'essais sur 30 km avec <strong>de</strong>s portions <strong>de</strong> boue,<br />
<strong>de</strong> cailloux, <strong>de</strong> dénivelés, <strong>de</strong> trottoirs. Depuis son installation<br />
en Roumanie, à Mioveni, près <strong>de</strong> Pitesti, pour la production <strong>de</strong><br />
la Logan, le constructeur a investi 1,5 milliard d'euros.<br />
Heineken ferme à Hateg<br />
Heineken Roumanie a annoncé sa décision <strong>de</strong> fermer son<br />
site <strong>de</strong> production <strong>de</strong> bière <strong>de</strong> Hateg ( ju<strong>de</strong>t d' Hunedoara, près<br />
<strong>de</strong> Deva), licenciant sa centaine d'employés, regroupant son<br />
activité dans ses autres brasseries roumaines, situées à<br />
Miercurea Ciuc, Târgu Mures, Craiova et Constantsa.<br />
Gaz: la Roumanie veut s'allier<br />
avec la Georgie et l'Azerbaïdjan<br />
A savoir<br />
Le secrétaire d'Etat au ministère <strong>de</strong> l'Economie Tudor<br />
Serban a déclaré hier que la Roumanie allait signer en mars un<br />
"protocole tripartite" avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan pour le<br />
transport <strong>de</strong> gaz. Cet accord doit aboutir à la construction <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux terminaux <strong>de</strong> gaz naturel liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> très haute capacité<br />
dans le port <strong>de</strong> Constanta (Est) et dans une localité <strong>de</strong> Géorgie.<br />
L'investissement total se chiffrera à hauteur <strong>de</strong> 4 à 6 milliards<br />
d'euros. "La Roumanie peut <strong>de</strong>venir un nœud énergétique<br />
important en Europe", a-t-il affirmé.<br />
17
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
18<br />
BAIA MARE <br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
ARAD ZALAU<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
SUCEAVA<br />
CHISINAU<br />
IASI<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
HUNEDOARA BRASOV<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
GALATI<br />
<br />
CURTEA DE ARGES<br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
Prêt Japonais pour<br />
le métro <strong>de</strong> Bucarest<br />
Le Japon a décidé d'accor<strong>de</strong>r un<br />
prêt <strong>de</strong> 315 M€ à son homologue<br />
roumain pour l'ai<strong>de</strong>r à construire la<br />
liaison <strong>de</strong> métro conduisant <strong>de</strong> la gare<br />
du Nord à Bucarest à l'aéroport international<br />
Henri Coanda d'Otopeni.<br />
Internet ultra-rapi<strong>de</strong><br />
La Roumanie occupe la quatrième<br />
position, pour le troisième trimestre<br />
2009, dans un classement mondial<br />
sur la rapidité <strong>de</strong>s connexions<br />
Internet, effectué par la compagnie IT<br />
Akamai. Avec une vitesse moyenne<br />
<strong>de</strong> connexion <strong>de</strong> 6,2 Mbps, le pays<br />
est seulement <strong>de</strong>vancé par la Corée<br />
du Sud (14,6 Mbps), le Japon (7,9<br />
Mbps) et Hong Kong (7,6 Mbps). La<br />
Suè<strong>de</strong> (5,7 Mbps), l'Irlan<strong>de</strong> (5,3 Mps)<br />
et <strong>les</strong> Pays-Bas (5,2 Mbps) suivent la<br />
Roumanie. Les Etats-Unis se classent<br />
18ème, avec une vitesse moyenne <strong>de</strong><br />
connexion <strong>de</strong> 3,9 Mbps.<br />
Fly Taxi perd (enfin)<br />
son monopole<br />
Fly Taxi a perdu le monopole <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>sserte <strong>de</strong> l'aéroport Henri Coanda<br />
<strong>de</strong> Bucarest détenu <strong>de</strong>puis 2004, à la<br />
suite d'un appel d'offres très controversé,<br />
la compagnie ayant parmi ses<br />
actionnaires la femme même du<br />
Premier ministre <strong>de</strong> l'époque, considéré<br />
comme le dirigeant le plus corrompu,<br />
Adrian Nastase. Les voyageurs<br />
atterrissant à Bucarest étaient<br />
obligés d'utiliser ses services, aux<br />
tarifs prohibitifs. Depuis le 1er février,<br />
13 autres compagnies et 57 taxis<br />
indépendants sont autorisés à <strong>de</strong>sservir<br />
l'aéroport et un tarif maximum a<br />
été fixé: 3,5 lei par km, ce qui <strong>de</strong>vrait<br />
ramener la course vers le centre <strong>de</strong><br />
Bucarest aux environs <strong>de</strong> 15-20 €.<br />
<br />
Actualité<br />
Ascensoristes : la France<br />
a recours à la main d'oeuvre roumaine<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Economie Social<br />
Si la Loi Robien 20<strong>03</strong> imposant <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> sécurité dans le parc d'ascenseurs<br />
français n'a guère suscité la controverse, eu égard à une série d'acci<strong>de</strong>nts<br />
ayant suffi à sensibiliser l'opinion, le chantier colossal qu'il a suscité<br />
soulève bien <strong>de</strong>s interrogations. Il est vrai que le parc français a la réputation d'être le<br />
plus vétuste d'Europe, avec ses 450 000 cabines dont la moitié a plus <strong>de</strong> 20 ans d'âge.<br />
Si <strong>les</strong> pouvoirs publics ont pris la mesure <strong>de</strong> l'urgence<br />
à le réhabiliter le parc français, il semble que l'on ait<br />
péché encore une fois par manque d'anticipation. Face à<br />
l'ampleur <strong>de</strong> la tâche, il était aisé <strong>de</strong> <strong>de</strong>viner que le nombre<br />
d'entreprises susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
serait restreint.<br />
Du coup, le <strong>de</strong>vis moyen par ascenseur s'élève à<br />
22 000 €, soit <strong>de</strong>ux fois plus que le montant initialement<br />
avancé par <strong>les</strong> pouvoirs publics. Faute <strong>de</strong> concurrence,<br />
<strong>les</strong> entreprises spécialisées ont logiquement su tirer<br />
avantage <strong>de</strong> leur position favorable sur un marché extrêmement<br />
concentré. Face aux co-propriétés placées<br />
<strong>de</strong>vant le fait accompli et déconcertées, <strong>les</strong> entreprises<br />
ont beau jeu <strong>de</strong> brandir l'argument sécuritaire pour <strong>les</strong><br />
convaincre <strong>de</strong> lâcher un peu plus. Quatre entreprises se<br />
partagent aujourd'hui 90% du marché <strong>de</strong>s ascenseurs en France (Koné, OTIS, Thyssen,<br />
Schindler), <strong>de</strong>s entreprises qui ne peuvent être sur tous <strong>les</strong> fronts en même temps. C'est<br />
la raison pour laquelle le délai, initialement imposé par la loi, a été repoussé.<br />
Sur <strong>les</strong> chantiers, <strong>de</strong>s Dacia immatriculées en Roumanie<br />
Côté anticipation, <strong>les</strong> pouvoirs publics sont loin du compte, c'est rien <strong>de</strong> le dire. Le<br />
manque <strong>de</strong> main d'œuvre pénalise <strong>les</strong> chantiers, et parmi <strong>les</strong> 1500 techniciens recrutés<br />
cette année, il est aisé <strong>de</strong> constater que le renfort est loin d'être suffisant malgré un<br />
regain d'intérêt <strong>de</strong>s chômeurs pour un <strong>de</strong>s rares métiers qui embauche cette année, trouver<br />
une formation d'ascensoriste relève <strong>de</strong> l'exploit.Du coup, sur certains chantiers, <strong>les</strong><br />
équipes sont à 90% roumaines, et parmi <strong>les</strong> estafettes Peugeot, il n'est pas rare <strong>de</strong> trouver<br />
sur <strong>les</strong> chantiers <strong>de</strong>s Dacia immatriculées en Roumanie.<br />
Après tout, avec la main d'oeuvre polonaise ou roumaine, c'est toujours autant d'euros<br />
épargnés pour ces multinationa<strong>les</strong>, qui ne sont pas très regardantes lorsqu'il s'agit <strong>de</strong><br />
sous-traitance, un secteur où la règle du moins disant règne en maître.<br />
Certains ont encore en mémoire <strong>les</strong> déboires <strong>de</strong> la société Comas - un sous-traitant<br />
<strong>de</strong> Schindler - qui se signalait l'année <strong>de</strong>rnière par la mort acci<strong>de</strong>ntelle d'un <strong>de</strong> ses techniciens<br />
- un Roumain - suite à la chute d'une cabine d'ascenseur en cours <strong>de</strong> rénovation.<br />
Dans la profession, il se dit à mots couverts que cette main d'oeuvre venue <strong>de</strong> l'Est serait<br />
loin <strong>de</strong> remplir <strong>les</strong> exigences <strong>de</strong>s chartes Qualibat.<br />
La <strong>de</strong>tte extérieure moldave se<br />
montait à 580 M€ à la fin<br />
2009, en recul <strong>de</strong> 3 M€. Le<br />
pays a exporté pour 900 M€ <strong>de</strong> marchandises<br />
l'an passé, montant en baisse <strong>de</strong><br />
18 %, 52 % étant à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l'UE,<br />
40 % prenant le chemin <strong>de</strong> l'ancienne<br />
Union Soviétique, la Russie figurant en<br />
tête <strong>de</strong>s partenaires commerciaux avec<br />
22 %, <strong>de</strong>vant la Roumanie, 18,5 % et<br />
Dette extérieure moldave<br />
l'Italie, 10,5 %. La Moldavie exporte, dans<br />
l'ordre, <strong>de</strong>s produits alimentaires, boissons,<br />
tabac, produits végétaux, texti<strong>les</strong> et<br />
<strong>de</strong>s machines. L'euro s'échangeait à<br />
17,50 lei moldaves début février, en recul<br />
<strong>de</strong> 8 % par rapport à la fin 2009. La liaison<br />
aérienne Chisinau-Saint Pétersbourg arrive<br />
en tête du trafic passager <strong>de</strong> la<br />
Moldavie, <strong>de</strong>vançant celle avec Moscou,<br />
Francfort étant la troisième <strong>de</strong>stination.<br />
La CNP a établi le profil d'un retraité homme moyen,<br />
touchant une pension <strong>de</strong> mensuelle <strong>de</strong> 732 lei<br />
(178 €) commençant sa carrière à 20 ans et qui<br />
aura versé en 43,8 années <strong>de</strong> cotisation 3<strong>01</strong> 000 lei (73 415 €).<br />
Son espérance <strong>de</strong> vie limitée à 5,3 ans lui fera récupérer sur<br />
cette pério<strong>de</strong> 46 000 lei (11 220 €) <strong>de</strong> pension, soit un sixième<br />
<strong>de</strong> ce qu'il aura versé. Mais ces statistiques<br />
sont vivement contestées par <strong>les</strong><br />
syndicats qui y viient une manipulation.<br />
En 2<strong>01</strong>5, l'âge <strong>de</strong> la retraite doit être<br />
porté à 65 ans pour <strong>les</strong> hommes, mais son<br />
espérance <strong>de</strong> vie est estimée alors à 72 ans,<br />
suivant <strong>les</strong> prévisions <strong>de</strong> l'ONU. Le déséquilibre<br />
se sera un peu réduit, le cumul <strong>de</strong><br />
sa pension représentant un cinquième <strong>de</strong><br />
celui <strong>de</strong> ses cotisations. Aujourd'hui, en<br />
vertu <strong>de</strong> la législation en vigueur - une loi datant <strong>de</strong> 2000 qui<br />
réglemente le système <strong>de</strong> retraites - l'âge légal du départ à la<br />
retraite est <strong>de</strong> 60 ans pour <strong>les</strong> femmes et <strong>de</strong> 65 ans pour <strong>les</strong><br />
hommes, même si, en pratique, l'âge moyen est <strong>de</strong> 63,8 ans.<br />
A l'heure actuelle, 5,5 millions <strong>de</strong> Roumains paient <strong>de</strong>s<br />
CFR: licenciements massifs<br />
Pas loin <strong>de</strong> 10 000 salariés <strong>de</strong> la CFR<br />
(Chemins <strong>de</strong> fer roumains), dont 6000<br />
travaillent dans sa branche marchandise,<br />
<strong>de</strong>vaient être licenciés à partir du 1er<br />
mars. Le ministère <strong>de</strong>s Transports a prévu<br />
<strong>de</strong> leur accor<strong>de</strong>r un revenu complémentaire<br />
qui viendra compléter <strong>les</strong> allocations<br />
chômage classiques, pendant une<br />
pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> douze à quinze mois.<br />
Vers le million <strong>de</strong> chômeurs<br />
Le FMI estime avec certitu<strong>de</strong> que<br />
le nombre <strong>de</strong> chômeurs en Roumanie,<br />
qui a atteint 8,1 % <strong>de</strong> la population en<br />
janvier soit 740 000 personnes, dépassera<br />
le million à la rentrée prochaine et le<br />
seuil psychologique <strong>de</strong> 10 %, avant <strong>de</strong><br />
connaître une baisse en fin d'année.<br />
Ce taux a été dépassé une seule fois<br />
<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1990, en<br />
20<strong>03</strong>, lorsque qu'il avait atteint 8,6%. La<br />
majorité <strong>de</strong>s chômeurs proviennent du<br />
secteur privé, avec 605 371 personnes<br />
recensées. Les départements <strong>de</strong><br />
Mehedinti (14,5%), <strong>de</strong> Vaslui (13,5%) et<br />
<strong>de</strong> Alba (13,4%) sont <strong>les</strong> plus touchés,<br />
alors que Bucarest (2,4%), Ilfov (2,6%)<br />
et Timis (4,4%) sont <strong>les</strong> territoires <strong>les</strong><br />
plus épargnés.<br />
Réforme <strong>de</strong>s droits d'auteur<br />
Le paiement <strong>de</strong>s droits d'auteur <strong>de</strong>vra<br />
à présent inclure une cotisation auprès <strong>de</strong><br />
la caisse d'assurance <strong>de</strong> santé. Une mesure<br />
qui va faire baisser <strong>les</strong> revenus <strong>de</strong>s<br />
employés <strong>de</strong> 10,5% tandis que <strong>les</strong><br />
employeurs <strong>de</strong>vront payer 20,8% en plus.<br />
Treizième mois<br />
Le Premier ministre a assuré <strong>les</strong><br />
fonctionnaires qu'ils allaient recevoir leur<br />
13ème mois pour 2009 d'ici le mois d'avril,<br />
indiquant que c'était la <strong>de</strong>rnière fois,<br />
cet avantage salarial étant supprimé à<br />
partir <strong>de</strong> <strong>2<strong>01</strong>0</strong>.<br />
Actualité<br />
Retraites: <strong>les</strong> hommes cotisent<br />
plus... et en profitent moins<br />
La Caisse Nationale <strong>de</strong> Retraite a mis le doigt sur un déséquilibre flagrant en matière d'égalité <strong>de</strong>vant la retraite entre<br />
hommes, qui peuvent en bénéficier, en moyenne, à 63,8 ans et femmes, à 58,8 ans. Ils vivent moins longtemps et ont cotisé<br />
davantage. La moyenne <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s hommes est en effet <strong>de</strong> 69 ans, celle <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong> 76 ans, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> cotisent 5 ans <strong>de</strong><br />
moins mais bénéficient <strong>de</strong> leur retraite 8 ans <strong>de</strong> plus.<br />
contributions au système <strong>de</strong> retraites, et la Roumanie enregistre<br />
un nombre presque équivalent <strong>de</strong> retraités. Le pays compte<br />
0,98 retraité pour un actif. En 2050, le rapport <strong>de</strong>vrait être<br />
d'1,22 retraité pour un actif.<br />
Pressé par le FMI, le gouvernement veut réformer le système,<br />
notamment en harmonisant <strong>les</strong> gril<strong>les</strong> et <strong>les</strong> régimes <strong>de</strong>s<br />
salariés. Après moult reports, le gouvernement<br />
Boc vient d'annoncer qu'il espérait<br />
que le projet <strong>de</strong> loi serait adopté au plus<br />
tard au mois <strong>de</strong> mai.<br />
Première "révolution", il propose l'alignement<br />
<strong>de</strong> l'âge <strong>de</strong> la retraite <strong>de</strong>s femmes<br />
sur celui <strong>de</strong>s hommes, à 65 ans donc.<br />
Selon ce projet <strong>de</strong> loi, l'âge du départ à la<br />
retraite <strong>de</strong>vrait reculer chaque année <strong>de</strong> 5<br />
mois, jusqu'en 2<strong>01</strong>5 pour <strong>les</strong> hommes, et<br />
jusqu'en 2<strong>03</strong>0 pour <strong>les</strong> femmes. Une réforme que conteste le<br />
lea<strong>de</strong>r su syndicat Cartel Alfa, Bogdan Hossu, qui estime<br />
qu'elle ne doit pas être engagée avant que la moyenne <strong>de</strong> la<br />
durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s Roumains ne rejoigne celle <strong>de</strong>s autres pays <strong>de</strong><br />
l'Union Européenne.<br />
A savoir<br />
La crise hôtelière<br />
favorable aux clients<br />
Baisse du nombre <strong>de</strong> clients, mais<br />
aussi <strong>de</strong>s tarifs, 2009 est à marquer d'une<br />
pierre noire pour <strong>les</strong> hôtels <strong>de</strong> Bucarest,<br />
dont <strong>les</strong> prix étaient jusqu'ici supérieurs à<br />
ceux pratiqués à Berlin.. Les établissements<br />
trois étoi<strong>les</strong> ont enregistré un coefficient<br />
<strong>de</strong> remplissage <strong>de</strong> 37,3 % contre<br />
59,2 % l'année précé<strong>de</strong>nte, inférieur aux<br />
40 % estimés comme seuil <strong>de</strong> rentabilité<br />
par l'industrie hôtelière.<br />
Les prix <strong>de</strong>s chambres se négociaient<br />
en moyenne à 213 lei la nuit (52 €) au<br />
lieu <strong>de</strong> 240 lei (58,5 €). Le taux <strong>de</strong> remplissage<br />
<strong>de</strong>s quatre étoi<strong>les</strong> est tombé <strong>de</strong><br />
54,5 % à 41,5 %, <strong>les</strong> tarifs <strong>de</strong> 314 lei<br />
(76,5 €) à 271 lei (66 €). La crise,<br />
lebaisse du nombre <strong>de</strong> touristes sont passés<br />
par là, mais aussi augmentation <strong>de</strong><br />
l'offre, le nombre <strong>de</strong> chambres disponib<strong>les</strong><br />
dans la capitale dépassant désormais<br />
10 000, dont 5200 en 4 étoi<strong>les</strong> et 3000 en<br />
trois étoi<strong>les</strong>.<br />
19
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
20<br />
<br />
ORADEA<br />
ARAD<br />
SATU MARE<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
<br />
SUCEAVA<br />
IASI<br />
BACAU<br />
<br />
VASLUI<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
BRAILA<br />
BRASOV<br />
TULCEA<br />
<br />
PITESTI TARGOVISTE<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
<br />
GIURGIU CONSTANTA<br />
<br />
Entre 280 000<br />
et 380 000 victimes<br />
roumaines <strong>de</strong> la Shoah<br />
Sur le nombre <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> la<br />
Shoah en Roumanie, <strong>les</strong> estimations<br />
<strong>de</strong>s historiens varient aujourd'hui<br />
entre 280 000 et 380 000 morts,<br />
sans compter <strong>les</strong> quelques 25 000<br />
Tsiganes déportés et massacrés en<br />
Transnistrie par <strong>les</strong> troupes roumaines.<br />
Ces chiffres n'incluent pas <strong>les</strong><br />
130 000 Juifs <strong>de</strong> Transylvanie du<br />
nord (Maramures, etc.), une province<br />
placée alors sous administration <strong>de</strong>s<br />
Hongrois qui <strong>les</strong> déporteront vers <strong>les</strong><br />
camps <strong>de</strong> la mort, dont il ne réchapperont<br />
pas non plus.<br />
Le terrible livre-témoignage et<br />
<strong>document</strong>aire Cartea neagra <strong>de</strong><br />
Matatias Carp (édition française<br />
parue chez Denoël, 2009) rend<br />
compte <strong>de</strong> l'effroyable pogrom <strong>de</strong><br />
Bucarest, en janvier 1941, nuit <strong>de</strong><br />
cristal à la roumaine, mais aussi <strong>de</strong><br />
l'extermination sauvage <strong>de</strong>s juifs <strong>de</strong><br />
Roumanie et d'Ukraine sous la<br />
conduite <strong>de</strong> la gendarmerie et l'armée<br />
roumaine.<br />
Au fil du récit, on découvre un<br />
véritable enfer, marqué par la diversité<br />
insoupçonnée <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
tuerie : pogroms sanglants dont celui<br />
<strong>de</strong> Iasi (13 323 morts recensés),<br />
O<strong>de</strong>ssa (25 000 morts) région <strong>de</strong><br />
Golta (entre 75 000 et 80 000 morts),<br />
Berezovka (plus <strong>de</strong> 30 000 morts)<br />
exécutions sommaires massives en<br />
bordures <strong>de</strong>s routes et <strong>de</strong>s villages,<br />
Juifs brûlés vifs dans d'immenses<br />
porcheries, enfants jetés vivants<br />
dans <strong>de</strong>s puits, marches <strong>de</strong> la mort<br />
dantesques, abattage et vente <strong>de</strong>s<br />
déportés aux paysans <strong>les</strong> plus<br />
offrants…<br />
(suite page 22)<br />
Evénements<br />
Société<br />
L'Etat roumain condamné<br />
pour sa participation à l'Holocauste<br />
Deux frères juifs roumains déportés <strong>de</strong> 1941 à 1945 par le régime<br />
d'Antonescu ont obtenu la condamnation <strong>de</strong> l'Etat roumain pour "<strong>les</strong> souffrances<br />
et <strong>les</strong> abus" commis alors. Une première.<br />
L'affaire Abraham pourrait bien faire jurispru<strong>de</strong>nce et changer en profon<strong>de</strong>ur<br />
le rapport <strong>de</strong> la Roumanie à son passé lors <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale<br />
et notamment son rôle dans l'Holocauste. A l'époque, le régime fasciste <strong>de</strong>s<br />
légionnaires et du Maréchal Antonescu pratiquait une politique violemment antisémite<br />
et a déporté dans <strong>de</strong>s conditions atroces près <strong>de</strong> 195 000 juifs roumains, originaires<br />
<strong>de</strong> Bessarabie et Bucovine, dans <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> concentration en Transnistrie, région<br />
autonomiste aujourd'hui située en république <strong>de</strong> Moldavie. La quasi-totalité n'en<br />
reviendront pas.<br />
Parmi ces juifs, <strong>de</strong>ux frères, Devy et Sami Abraham. Ils ont obtenu <strong>de</strong>s dommages<br />
et intérêts pour <strong>les</strong> "abus" commis par le régime du Maréchal Antonescu. Le tribunal<br />
<strong>de</strong> Galati a condamné l'Etat<br />
roumain à leur verser 360 000 lei, soit<br />
180 000 € chacun. Le verdict a été<br />
prononcé en juin <strong>de</strong>rnier, mais <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux frères n'ont toujours rien perçu.<br />
L'Etat roumain condamné pour sa<br />
participation à l'Holocauste. Devy<br />
Abraham avait 8 ans en 1941 lorsqu'il<br />
a été déporté avec son frère et ses<br />
parents, après que son père, Isac, ait<br />
été arrêté à Galati. Dans une interview<br />
accordée la semaine <strong>de</strong>rnière au jour-<br />
nal Evenimentul Zilei, il raconte ce voyage vers <strong>les</strong> camps, le bateau jusqu'à l'Ukraine,<br />
<strong>les</strong> trains jusqu'à Chisinau, où ils rejoignent <strong>les</strong> dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> juifs déportés<br />
et <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s numéros parmi d'autres. "Nous avons marché <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> kilomètres.<br />
On s'est arrêté après neuf mois seulement, pas loin <strong>de</strong> Bug, dans le camp <strong>de</strong><br />
Halcinet", se souvient Devy Abraham. Il restera jusqu'en 1945 dans ce camp <strong>de</strong><br />
concentration, où le travail forcé, la famine et la violence étaient la règle.<br />
En 2005, Devy et son frère ont décidé <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r officiellement la condamnation<br />
<strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> leurs souffrances. Après quatre longues années <strong>de</strong> procédure,<br />
ils viennent d'obtenir gain <strong>de</strong> cause et sont <strong>les</strong> premiers juifs à obtenir ainsi <strong>de</strong>s réparations<br />
financières et la condamnation <strong>de</strong>s actions du Maréchal Antonescu et du régime<br />
légionnaire.<br />
Cent lei par an pour <strong>les</strong> survivants<br />
Les déportations vers <strong>les</strong> camps <strong>de</strong> Transnistrie<br />
n'avaient rien à envier à cel<strong>les</strong> vers Auschwitz.<br />
Une première qui pourrait obliger la Roumanie à regar<strong>de</strong>r enfin en face cette<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> son histoire et prendre <strong>de</strong>s mesures, voire une loi spécifiquement dédiée<br />
aux victimes <strong>de</strong> l'Holocauste. "Cette sentence <strong>de</strong>vrait donner l'impulsion au législateur<br />
pour évaluer et réfléchir à <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réparation d'ordre général", explique<br />
Mihai Ionescu, le directeur <strong>de</strong> l'Institut pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Holocauste en Roumanie. Car<br />
jusqu'à présent, <strong>les</strong> survivants <strong>de</strong> l'Holocauste en Roumanie - qui sont encore plus <strong>de</strong><br />
300 aujourd'hui - reçoivent l'équivalent <strong>de</strong> 100 lei par année <strong>de</strong> déportation et par mois.<br />
Cette décision <strong>de</strong> justice risque en tout cas <strong>de</strong> pousser <strong>les</strong> autres survivants <strong>de</strong>s camps<br />
<strong>de</strong> Transnistrie à entamer à leur tour <strong>de</strong>s actions judiciaires. "La décision est plus que<br />
justifiée et il est très probable qu'elle va déterminer <strong>de</strong> nombreuses autres personnes<br />
à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s dommages et intérêts <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux", explique Liviu Beris, luimême<br />
survivant du camp <strong>de</strong> Moghilev et prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association <strong>de</strong>s juifs roumains<br />
victimes <strong>de</strong> l'Holocauste.<br />
Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com / Bucarest)<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Evénements<br />
Le drame <strong>de</strong> Rodica Marta et <strong>de</strong> sa mère a commencé<br />
en 1952 quand Alexandru Birkle, réfugié à<br />
Washington, a révélé dans une interview, pour la<br />
première fois à la face du mon<strong>de</strong>, que <strong>les</strong> Soviétiques étaient<br />
<strong>les</strong> auteurs du massacre <strong>de</strong> Katyn. Jusque là, Moscou et ses<br />
relais dans <strong>les</strong> pays occi<strong>de</strong>ntaux tentaient d'accréditer la thèse<br />
selon laquelle la responsabilité en revenait à Hitler.<br />
Mé<strong>de</strong>cin légiste, parlant parfaitement l'allemand et le<br />
polonais, la langue <strong>de</strong> ses parents, Alexandru Birkle avait été<br />
désigné par le maréchal Antonescu pour faire partie <strong>de</strong> la commission<br />
d'enquête internationale sur le massacre, comprenant<br />
<strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> la Belgique, Hollan<strong>de</strong>, Italie, Suisse,<br />
Bohême, Moravie, Bulgarie, Croatie, Danemark, Finlan<strong>de</strong>,<br />
Slovaquie et Hongrie, tous pays (sauf la Suisse) sous la botte<br />
<strong>de</strong> Hitler, ce qui, évi<strong>de</strong>mment, à l'époque, entachait leur crédibilité.<br />
La commission s'était vite fait une religion sur le commanditaire<br />
<strong>de</strong> la tuerie, i<strong>de</strong>ntifiant la main <strong>de</strong> Staline (ce que<br />
Moscou a reconnu en 1990), et rendait son rapport en 1943.<br />
"Coïnci<strong>de</strong>nce malheureuse", la quasi-totalité <strong>de</strong> ses membres<br />
disparaissait opportunément peu après sa publication<br />
dans un acci<strong>de</strong>nt d'avion en Norvège. La commission ne comprenait<br />
plus que <strong>de</strong>ux survivants : Alexandru Birkle et son ami<br />
François Neuville, représentant <strong>de</strong> la Suisse et membre <strong>de</strong> la<br />
Croix Rouge Internationale, qui<br />
avaient pris un autre avion.<br />
A cette époque, Rodica<br />
Marta était étudiante en 3ème<br />
année <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine à Bucarest.<br />
Elle se montrait très fière <strong>de</strong> la<br />
Rodica Marta <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
3 millions d'euros <strong>de</strong><br />
dédommagement pour<br />
<strong>les</strong> souffrances endurées.<br />
Un beau matin, quelques jours<br />
après la fuite <strong>de</strong> mon père, la<br />
Securitate a débarqué à la<br />
maison, hurlant, nous brutalisant, ma<br />
mère et moi, mettant tout sans <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>ssous,<br />
pour finalement nous menotter et<br />
nous embarquer dans leur voiture" se<br />
souvient Rodica Marta, la fille<br />
d'Alexandru Birkle. A l'époque, en 1952,<br />
elle avait 24 ans, terminait ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cine, se <strong>de</strong>stinant à être pédiatre et<br />
Société<br />
Un mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> Bucarest avait établi et révélé la culpabilité <strong>de</strong>s<br />
Soviétiques dans le massacre <strong>de</strong>s 14 000 officiers polonais à Katyn<br />
Alexandru Birkle : la traque du <strong>de</strong>rnier témoin<br />
En 1942, une commission internationale partait enquêter sur le massacre <strong>de</strong> Katyn, perpétré par l'armée soviétique.<br />
Deux ans plus tôt, 14 000 officiers polonais y avaient été exécutés dans une forêt proche <strong>de</strong> Smolensk (aujourd'hui en<br />
Biélorussie), sur l'ordre <strong>de</strong> Staline qui voulait éliminer l'intelligentsia polonaise, prévoyant d'installer un régime à sa dévotion<br />
à Varsovie plus tard. Un mé<strong>de</strong>cin roumain, Alexandru Birkle, en faisait partie. Menacé après la guerre par <strong>les</strong> autorités<br />
communistes roumaines qui voulaient le faire taire, il s'enfuira, mais son épouse et sa fille, restées sur place, seront persécutées<br />
et emprisonnées. Aujourd'hui, cette <strong>de</strong>rnière, Rodica Marta, 83 ans, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> trois millions d'euros <strong>de</strong> réparation<br />
à l'Etat roumain.<br />
mission <strong>de</strong> son père dont un compte-rendu avait paru dans <strong>les</strong><br />
journaux roumains <strong>de</strong> l'époque. Les choses se gâtèrent après<br />
l'entrée <strong>de</strong> l'Armée Rouge dans la capitale roumaine, en septembre<br />
1944. Les Soviétiques se mirent alors en chasse <strong>de</strong> l'un<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers témoins <strong>de</strong> leur forfait. Alexandru Birkle<br />
avait réussi à se cacher chez <strong>de</strong>s amis, mais sa femme et sa<br />
fille furent arrêtées et interrogées pendant trois semaines.<br />
S'enfuyant en Suisse<br />
avait une petite fille <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans.<br />
Condamnée sans aucune preuve, <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux femmes effectueront <strong>de</strong>ux ans, <strong>de</strong>ux<br />
mois et huit jours <strong>de</strong> détention, humiliées,<br />
violentées, mourrant parfois <strong>de</strong> faim,<br />
baladées <strong>de</strong> prison en prison ou en camps<br />
<strong>de</strong> travail: Ghencea, Târgsor, Bragadiru,<br />
Domnesti, Milsea, Jilava. A Milsea, el<strong>les</strong><br />
seront emprisonnées avec <strong>les</strong> femmes <strong>de</strong><br />
dignitaires ou <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> l'élite <strong>de</strong><br />
l'ancien régime: <strong>les</strong> épouses <strong>de</strong> l'historien<br />
George Bratianu, du maréchal Antonescu<br />
qui avait été fusillé en juin 1946, <strong>de</strong><br />
Codreanu, le lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s Légionnaires, <strong>de</strong><br />
Grâce à un faux passeport, Alexandru Birkle réussit à fuir<br />
en Suisse pour y rejoindre François Neuville qui lui fournit <strong>de</strong><br />
l'argent, l'hébergea et l'aida à passer en Argentine d'où, en<br />
1952, il gagnera <strong>les</strong> USA. A Washington, il sera auditionné par<br />
la Commission du Congrès américain qui conclura à la culpabilité<br />
<strong>de</strong>s Soviétiques, <strong>de</strong>mandant que <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> soient<br />
traduits <strong>de</strong>vant la Cour Internationale <strong>de</strong> Justice.<br />
N'ayant pu vali<strong>de</strong>r ses étu<strong>de</strong>s par un diplôme à Bucarest,<br />
Alexandru Birkle ne pourra pas exercer la mé<strong>de</strong>cine aux USA<br />
et vivra d'expédients, faisant du commerce, jusqu'à sa mort en<br />
en 1987, sans jamais avoir revu ni sa famille, retenue en<br />
Roumanie, ni sa patrie.<br />
Après plus d'un <strong>de</strong>mi-siècle et l'entrée en vigueur récente<br />
<strong>de</strong> la loi accordant <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités compensatoires aux personnes<br />
victimes <strong>de</strong> condamnations à caractère politique, sa fille<br />
réclame aujourd'hui 3 millions d'euros <strong>de</strong> réparation à l'Etat<br />
roumain. A la suite <strong>de</strong>s révélations <strong>de</strong> son père, en 1952, elle<br />
et sa mère avaient été emprisonnées et brutalisées pendant<br />
<strong>de</strong>ux ans, <strong>de</strong>ux mois et huit jours.<br />
“Un beau matin, la Securitate a débarqué à la maison”<br />
différents ministres ou autres personnalités.<br />
"La seule chose que j'ai apprise en<br />
prison, c'est à voler en utilisant mes longues<br />
mains" se souvient Rodica Marta,<br />
blaguant à moitié, rajoutant tout <strong>de</strong> suite<br />
"mais je n'ai expérimenté cette technique<br />
qu'une fois… pour subtiliser <strong>de</strong>s <strong>document</strong>s<br />
au procureur qui m'interrogeait".<br />
L'unique bon souvenir qui lui reste,<br />
c'est quant un gardien est venu et lui à<br />
lancé "Allez docteur, fais tes bagages,<br />
<strong>de</strong>main tu vas revoir ta petiote". Elle n'en<br />
avait aucune nouvelle <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux ans.<br />
21
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
22<br />
<br />
BAIA<br />
ORADEA MARE<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
ALBA IULIA<br />
<br />
SIBIU <br />
CRAIOVA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
PITESTI<br />
<br />
BRASOV<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
IASI<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
BUZAU<br />
GALATI<br />
SLOBOZIA<br />
CONSTANTA<br />
(suite <strong>de</strong> la page 20)<br />
La Roumanie avait son Himmler à<br />
l'époque, il s'appelait Gheorghe<br />
Alexianu. Mais elle avait aussi son<br />
Schindler,<br />
Traian<br />
Popovici, le<br />
maire extraordinaire<br />
<strong>de</strong><br />
courage <strong>de</strong><br />
Cernauti,<br />
ville alors<br />
roumaine,<br />
qui lutta <strong>de</strong><br />
toutes ses<br />
forces pour éviter la constitution d'un<br />
ghetto et la déportation à ses habitants.<br />
Cet épiso<strong>de</strong> horrible a été<br />
gommé <strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong>s<br />
Roumains, même sous le communisme,<br />
qui s'en sont remis à l'histoire<br />
officielle: nombre <strong>de</strong> Juifs ont été<br />
sauvés grâce à l'intervention du<br />
maréchal Antonescu qui a facilité leur<br />
émigration vers Israël. La réalité est<br />
toute autre. Le dictateur, à l'origine<br />
<strong>de</strong>s lois anti-juives <strong>de</strong> son pays, a<br />
épargné <strong>les</strong> Juifs du Banat, dont l'élimination<br />
était programmée après<br />
1942, parce qu'il était mécontent <strong>de</strong><br />
la politique d'Hitler qu'il jugeait favorable<br />
aux Hongrois, n'ayant pas restitué<br />
la Transylvanie à la Roumanie,<br />
mais aussi parce qu'il a senti le vent<br />
tourné avec la défaite <strong>de</strong> Stalingrad<br />
et qu'il voulait ménager ses arrières.<br />
D'où le mythe du rôle protecteur qu'il<br />
aurait joué. Cela n'empêchera pas<br />
Antonescu d'être fusillé par <strong>les</strong> communistes<br />
en juin 1946 en compagnie<br />
d'Alexianu (on peut voir l'étonnante<br />
vidéo <strong>de</strong> leur exécution sur Google<br />
en tapant sur Internet Executia<br />
Maresalului Ion Antonescu).<br />
<br />
<br />
TULCEA<br />
Gheorghe Alexianu<br />
le Himmler roumain<br />
<br />
Société<br />
Evénements "Voïcu", l'espion<br />
roumain qui traquait Herta Müller<br />
Herta Müller, la lauréate du prix Nobel <strong>de</strong> littérature 2009 qui avait quitté la<br />
Roumanie pour l'Allemagne en 1987, n'en a pas fini avec la Securitate. Dans un<br />
entretien accordé à la chaîne <strong>de</strong> télévision alleman<strong>de</strong> ARD, elle témoigne du choc<br />
qu'elle a ressenti en découvrant dans <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> l'ancienne police politique l'i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong> l'homme qui l'avait dénoncée et espionnée dans <strong>les</strong> années 1980.<br />
L'espion s'appelle Franz Thomas Schleich. Celui-ci aimait se présenter, lui<br />
aussi, comme écrivain. Au début <strong>de</strong>s années 1980, il quitta Timisoara pour<br />
l'Allemagne. Il se disait alors victime du régime communiste, mais son lien<br />
avec la Securitate était sans doute resté encore opérationnel. Après avoir espionné son<br />
amie Herta Müller en Roumanie, il aurait continué à la surveiller en Allemagne. Dans<br />
<strong>les</strong> dossiers <strong>de</strong> la Securitate, il apparaît sous le nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> "Voïcu", véritable cerbère<br />
<strong>de</strong> l'écrivaine qui dérangeait le régime <strong>de</strong> Ceausescu. Il nota que le premier livre <strong>de</strong><br />
celle-ci, Nie<strong>de</strong>rungen ("Bas-fond"), présentait <strong>de</strong>s "orientations antiétatiques". Avis<br />
suffisant pour mettre en action l'appareil <strong>de</strong> la police politique. Aujourd'hui, résidant à<br />
Ludwigshafen, Franz Thomas Schleich est<br />
<strong>de</strong>venu porte-parole d'un fabricant <strong>de</strong> linoléum.<br />
Il se refuse à tout commentaire.<br />
Née en 1953 dans le village <strong>de</strong><br />
Nitzkidorf, proche <strong>de</strong> Timisoara, Herta<br />
Müller (notre photo) appartient à la minorité<br />
alleman<strong>de</strong> installée en Transylvanie au<br />
XIIIe siècle. Son grand-père, riche fermier<br />
et homme d'affaires, fût exproprié par le<br />
régime après la secon<strong>de</strong> guerre mondiale.<br />
Sa mère sera déportée en URSS, où elle passera cinq ans dans un goulag. Le futur prix<br />
Nobel <strong>de</strong> littérature se retrouvera traductrice dans une usine <strong>de</strong> Timisoara, où la<br />
Securitate lui proposa <strong>de</strong> collaborer. Son refus lui vaudra d'être licenciée.<br />
"Plus <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong> ceux qui sont aujourd'hui<br />
au pouvoir viennent <strong>de</strong> la Securitate"<br />
Aujourd'hui, à 56 ans, Herta Müller appelle à l'ouverture d'enquêtes officiel<strong>les</strong><br />
contre <strong>les</strong> anciens informateurs <strong>de</strong> la Securitate qui habitent en Allemagne. "Si <strong>les</strong><br />
Roumains sont fiers <strong>de</strong> son prix Nobel, souligne Marius Oprea, directeur <strong>de</strong> l'Institut<br />
d'investigation <strong>de</strong>s crimes du communisme, on <strong>de</strong>vrait aussi assumer ce qu'elle nous<br />
dit sur notre passé." "Plus <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong> ceux qui détiennent aujourd'hui le pouvoir en<br />
Roumanie viennent <strong>de</strong> l'ancienne Securitate et se protègent entre eux, affirme Herta<br />
Müller. La Roumanie postcommuniste ne s'est pas débarrassée <strong>de</strong>s horreurs communistes,<br />
dont la délation et l'anéantissement <strong>de</strong> l'intimité étaient <strong>les</strong> mécanismes <strong>les</strong> plus<br />
perfi<strong>de</strong>s. Les services secrets <strong>de</strong> Ceausescu n'ont pas été dissous, ils ont simplement<br />
été rebaptisés Service roumain <strong>de</strong> renseignement". Mirel Bran (Le Mon<strong>de</strong>)<br />
Le gouvernement Boc a adopté<br />
une ordonnance d'urgence<br />
classant 27 substances et 9<br />
plantes ethnobotaniques provoquant <strong>de</strong>s<br />
effets hallucinogènes dans la catégorie<br />
<strong>de</strong>s drogues, interdisant <strong>de</strong> <strong>les</strong> possé<strong>de</strong>r et<br />
<strong>de</strong> <strong>les</strong> vendre. Depuis plusieurs mois, <strong>de</strong>s<br />
"magasins <strong>de</strong> rêve" vendaient en toute<br />
légalité <strong>de</strong>s substances (chimiques ou<br />
Marchands <strong>de</strong> rêves interdits<br />
naturel<strong>les</strong>) provoquant <strong>de</strong>s effets similaires<br />
à ceux <strong>de</strong>s drogues, et qui rencontraient<br />
un succès croissant auprès <strong>de</strong>s jeunes<br />
Roumains. Mais la consommation <strong>de</strong><br />
ces produits était loin d'être inoffensive:<br />
quelques décès - dont celui d'un jeune<br />
Bucarestois début février - ont été enregistrés<br />
et <strong>de</strong> nombreux consommateurs<br />
avaient dû être hospitalisés.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Evénements<br />
Numéro<br />
un du<br />
tennis<br />
mondial en 1972 et<br />
1973, Ilie Nastase,<br />
63 ans, n'est pas<br />
seulement un<br />
champion <strong>de</strong> la<br />
raquette comme l'a<br />
rappelé récemment la revue américaine "Maxim"… il se classe<br />
aussi n° 6 <strong>de</strong>s séducteurs <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes, avec 2500<br />
conquêtes, <strong>de</strong>vançant Hugh Hefner, le fondateur <strong>de</strong><br />
"Playboy", et l'acteur Jack Nicholson. A son palmarès, notamment<br />
la chanteuse Diana Ross. Mo<strong>de</strong>ste, le tennisman conteste<br />
cependant quelques dizaines <strong>de</strong> victoires qui lui sont attribuées,<br />
indiquant que dans ces cas-là, il s'était contenté <strong>de</strong> prendre<br />
une douche bienfaitrice avec sa partenaire.<br />
Fidèle à sa réputation, le vainqueur <strong>de</strong> Rolland Garos a<br />
Bien décidée à nettoyer sa maison<br />
<strong>de</strong> fond en comble pour<br />
Noël, une Roumaine a jeté<br />
une paire <strong>de</strong> vieil<strong>les</strong> bottes où son mari<br />
avait caché 40 000 €, faisant le bonheur<br />
- <strong>de</strong> courte durée - d'une famille pauvre<br />
<strong>de</strong> la ville d'Alba Iulia. Le couple propriétaire<br />
<strong>de</strong>s "bottes tirelire" s'est aperçu <strong>de</strong> la<br />
méprise lors <strong>de</strong> la fête du nouvel an, partant<br />
immédiatement sur <strong>les</strong> traces <strong>de</strong>s<br />
bottes, a raconté à l'AFP une porte-parole<br />
<strong>de</strong> la police locale.<br />
Le mari avait caché <strong>les</strong> économies du<br />
Nicolae Ceausescu n'est pas venu chercher son titre <strong>de</strong> Docteur Honoris<br />
Causa attribué par l'université <strong>de</strong> Nice en 1975. Pourtant, post-mortem,<br />
ce titre continue <strong>de</strong> l'honorer. Joint au téléphone par L'Express, la porteparole<br />
<strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la faculté a admis que la faculté ne l'a toujours pas <strong>de</strong>stitué.<br />
Le campus était d'ailleurs bien embarrassé lorsque, en octobre 2008, le député<br />
UMP <strong>de</strong>s Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, a soulevé le lièvre.<br />
Convié par l'Université à une autre cérémonie <strong>de</strong> remise <strong>de</strong> Doctora honoris<br />
causa, il refusa alors d'y participer, au motif que si l'ancien dictateur avait été honoré<br />
par la même distinction, celle-ci perdait <strong>de</strong> sa signification. Né d'un père roumain<br />
qui a fui le nazisme puis le communisme <strong>de</strong> son pays, Lionnel Luca n'apprécie vraiment<br />
pas "le silence qui pèse sur cette affaire". La lettre que le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'université<br />
lui a adressé, le 5 novembre <strong>de</strong>rnier indique que Nicolae Ceausescu conserve<br />
son titre honorifique "la réglementation ne permettant pas <strong>de</strong> revenir sur cette décision".<br />
Son nom figure donc toujours sur la liste <strong>de</strong>s Docteurs <strong>de</strong> l'Université, aux<br />
côtés <strong>de</strong> l'économiste Oliver Williamson, récemment nobélisé, ou <strong>de</strong> l'ancien secrétaire<br />
général <strong>de</strong> l'ONU, Boutros Boutros Ghali. Ils apprécieront.<br />
Société<br />
2500 sets gagnants pour Ilie Nastase…<br />
qui perd cependant la balle <strong>de</strong> match<br />
couple dans <strong>les</strong> bottes car il se méfiait <strong>de</strong>s<br />
banques après avoir perdu <strong>de</strong> l'argent lors<br />
<strong>de</strong> la faillite <strong>de</strong> caritas, un fonds d'investissement<br />
pyramidal. Après quelques<br />
jours <strong>de</strong> vaines recherches, le couple a<br />
appelé <strong>les</strong> autorités roumaines à l'ai<strong>de</strong>.<br />
La police a récupéré très rapi<strong>de</strong>ment<br />
30 000 <strong>de</strong>s 40 000 €. Les bottes avaient<br />
été en effet trouvées par une femme qui<br />
gagne sa vie en faisant <strong>les</strong> poubel<strong>les</strong>.<br />
Cette <strong>de</strong>rnière, qui habite avec son mari<br />
et leurs dix enfants dans une baraque d'un<br />
quartier pauvre <strong>de</strong> la ville, avait profité <strong>de</strong><br />
Ceausescu toujours docteur<br />
Honoris Causa <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Nice !...<br />
commis un impair à l'automne <strong>de</strong>rnier, surpris dans ses ébats<br />
avec une admiratrice <strong>de</strong> 19 ans. Amalia, sa ravissante troisième<br />
femme, <strong>de</strong> 30 ans sa ca<strong>de</strong>tte, rencontrée en 1996 à Paris<br />
lors d'un concert <strong>de</strong> Sting, alors qu'elle n'avait que 20 ans, ne<br />
l'a pas supporté et a <strong>de</strong>mandé le divorce. Officiellement le couple,<br />
qui a <strong>de</strong>ux enfants, se sépare bons amis. Il est vrai que la<br />
jeune femme a eu la bonne idée <strong>de</strong> récupérer la gestion <strong>de</strong>s<br />
affaires <strong>de</strong> son volage <strong>de</strong> mari et <strong>de</strong>vrait se voir attribuer une<br />
grosse part <strong>de</strong>s 7 millions d'euros qu'il avait mis <strong>de</strong> côté.<br />
L'ancien tennisman a investi dans <strong>de</strong>s terrains, <strong>de</strong>s entreprises<br />
<strong>de</strong> boisson, gère le tournoi <strong>de</strong> Rolland Garros et détient<br />
90 % <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> la chaîne Mc'Donald <strong>de</strong> Moldavie. Outre<br />
<strong>de</strong>s propriétés en Roumanie, il possè<strong>de</strong> un château à 200 km<br />
<strong>de</strong> Paris et un appartement <strong>de</strong> 3 M€ avenue Foch, acheté voici<br />
2 ans, avant que la crise ne réduise d'un tiers sa fortune. Habitué<br />
à être "plumé" par ses anciennes épouses, le champion aux<br />
2500 sets gagnants, a-t-il perdu la balle <strong>de</strong> match ? Jusqu'ici, il<br />
a toujours su monter au filet pour se remettre dans le jeu.<br />
Les bottes du Père Noël<br />
l'argent miraculeux pour acheter une maison<br />
valant environ 20 000 €.<br />
La vente a été annulée. Les propriétaires<br />
<strong>de</strong>s bottes ont ainsi récupéré <strong>les</strong><br />
trois quarts <strong>de</strong> la somme. Le reste,<br />
10 000 €, avait déjà été dépensé par la<br />
famille pauvre.<br />
La femme, qui avait trouvé <strong>les</strong> bottes<br />
contenant ce ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong> Noël inespéré, est<br />
désormais sous le coup d'une enquête<br />
pour "appropriation <strong>de</strong> biens trouvés" et<br />
risque trois mois à un an <strong>de</strong> prison ou une<br />
amen<strong>de</strong>.<br />
… Et marque déposée<br />
Le fils aîné du dictateur,<br />
Valentin Ceausescu, a <strong>de</strong>mandé<br />
sans succès l'interdiction <strong>de</strong><br />
la pièce Les <strong>de</strong>rnières heures <strong>de</strong> Nicolae<br />
et Elena Ceausescu qui reconstitue le<br />
procès <strong>de</strong> ses parents, et un leu <strong>de</strong> dommages<br />
et intérêt au théâtre <strong>de</strong> l'Odéon <strong>de</strong><br />
Bucarest qui la présente.<br />
Avec son beau-frère - le mari <strong>de</strong> sa<br />
sœur, Zoia, décédée, comme le troisième<br />
enfant du couple Ceausescu, Nicu - il a<br />
déposé voici <strong>de</strong>ux ans le label<br />
"Ceausescu" auprès <strong>de</strong> l'OSIM (Office<br />
d'Etat pour la protection <strong>de</strong> Inventions et<br />
<strong>de</strong>s Marques), afin que ce nom ne puisse<br />
pas être utilisé à <strong>de</strong>s fins commercia<strong>les</strong>,<br />
sans l'accord <strong>de</strong> ses propriétaires.<br />
23
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
24<br />
ORADEA<br />
<br />
ARAD<br />
<br />
SATU<br />
MARE<br />
CLUJ <br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
CRAIOVA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
BRASOV<br />
<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
GIURGIU <br />
SUCEAVA<br />
IASI CHISINAU<br />
<br />
<br />
SF. GHEORGHE<br />
<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
“Massacre” <strong>de</strong> Balc:<br />
bien mal acquis...<br />
Depuis cinq ans, l'ancien tenisman,<br />
<strong>de</strong>venu milliardaire, Ion Tiriac,<br />
invite en janvier ses partenaires d'affaires<br />
roumains et étrangers - banquiers<br />
allemands et autrichiens, dirigeants<br />
<strong>de</strong> Merce<strong>de</strong>s, etc. - à participer<br />
pendant un week-end à une<br />
gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> chasse dans l'immense<br />
propriété <strong>de</strong> Balc, proche<br />
d'Ora<strong>de</strong>a, qu'il a obtenue en jouissance<br />
<strong>de</strong> l'Etat pour une <strong>de</strong>mi-bouchée<br />
<strong>de</strong> pain. Traditionnellement la<br />
battue tourne au massacre, comme à<br />
l'époque <strong>de</strong> Ceausescu, et <strong>les</strong> hommes<br />
politiques s'y font plus discrets,<br />
<strong>de</strong> peur d'être épinglés par la presse.<br />
Les invités, venus en jets privés,<br />
sont conduits sur <strong>les</strong> lieux en limousines<br />
<strong>de</strong> luxe.<br />
Cette année, la trentaine <strong>de</strong> personnalités<br />
invitées n'ont cependant<br />
pas pu se régaler <strong>de</strong> leur tableau <strong>de</strong><br />
chasse. Cinq <strong>de</strong>s 160 sangliers abattus<br />
se sont révèlés être touchés par<br />
la trichinellose, selon la Direction<br />
sanitaire et vétérinaire (DSVSA) du<br />
département <strong>de</strong> Bihor, qui avait<br />
effectué <strong>de</strong>s analyses préalablement<br />
au festin. Tout le complexe <strong>de</strong> chasse<br />
<strong>de</strong> Balc est donc considéré<br />
comme une zone infestée <strong>de</strong> trichines,<br />
ces petits vers qui se développent<br />
dans <strong>les</strong> intestins <strong>de</strong> plusieurs<br />
mammifères, notamment l'homme, et<br />
qui se transmettent par la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
porc crue ou insuffisamment cuite.<br />
Les cinq spécimens infestés ont été<br />
"détruits" par une société spécialisée<br />
et le reste <strong>de</strong>s sangliers "sains" amenés<br />
dans un abattoir, leur vian<strong>de</strong><br />
étant ensuite distribuée gratuitement<br />
dans <strong>de</strong>s foyers d'enfants et <strong>de</strong> personnes<br />
âgées.<br />
<br />
Société<br />
Evénements<br />
La princesse Lia<br />
donne naissance à un héritier à 61 ans<br />
A61 ans, la princesse Lia, d'origine américaine, a donné naissance début janvier<br />
à un garçon <strong>de</strong> 2,2 kg à la maternité Regina Maria <strong>de</strong> Bucarest. Le<br />
bébé a été baptisé dans le rite orthodoxe. Son père, Paul <strong>de</strong> Roumanie, 62<br />
ans, né à Paris, est le petit-fils du Roi Carol II, et le fils <strong>de</strong> Carol-Mircea, légitimé par<br />
son père en 1955. Ce <strong>de</strong>rnier était issu du premier mariage <strong>de</strong> Carol II, avec Zizi<br />
Lambrino, en 1918. Cette union avait été dissoute sur ordre du Roi Ferdinand. Il s'en<br />
suit <strong>de</strong>puis une querelle <strong>de</strong> succession entre Paul qui revendique le titre <strong>de</strong> prince héritier<br />
et le Roi Michel. Celui-ci n'a en effet pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendant mâle qui pourrait être appelé<br />
à lui succé<strong>de</strong>r, selon <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> en cours.<br />
La naissance du fils <strong>de</strong> Paul <strong>de</strong><br />
Roumanie pourrait relancer ses prétentions.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier ne s'en cache d'ailleurs pas: il a<br />
prénommé son <strong>de</strong>scendant Carol-Ferdinand<br />
<strong>de</strong> Roumanie, du nom <strong>de</strong> son grand-père et<br />
arrière grand-père, souverains <strong>de</strong> Roumanie.<br />
La presse roumaine n'a pas tardé à se<br />
gausser <strong>de</strong> cette naissance tardive, <strong>de</strong>venue<br />
une spécialité du pays. En 2005, Adriana<br />
Iliescu une Roumanie <strong>de</strong> 67 ans avait donné<br />
le jour à une fillette, <strong>de</strong>venant la plus vieille maman du mon<strong>de</strong>. Depuis elle a été dépassée<br />
par une Espagnole, puis une Indienne, âgée <strong>de</strong> 72 ans. De nombreuses mères sur le<br />
tard viennent toujours lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r conseil. A noter qu'Adriana Iliescu n'a aucun lien<br />
<strong>de</strong> parenté avec Ion Iliescu. L'ancien prési<strong>de</strong>nt ne souhaite pas agrandir sa <strong>de</strong>scendance.<br />
Régler ses problèmes <strong>de</strong> succession au PSD lui suffit…<br />
Une femme <strong>de</strong> 240 kg met<br />
au mon<strong>de</strong> un bébé <strong>de</strong> 2,9 kg<br />
Une Roumaine <strong>de</strong> 240 kg a accouché<br />
à l'hôpital universitaire d'urgence <strong>de</strong><br />
Bucarest d'une petite fille <strong>de</strong> 2,9 kg.<br />
L'accouchement s'est fait par césarienne.<br />
L'enfant est sain et la mère se trouve dans<br />
un état stable, même si <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins ont<br />
fait savoir qu'il la gar<strong>de</strong>rait en observation.<br />
La mère, âgée <strong>de</strong> 25 ans, et originaire<br />
<strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Draghiceni (su<strong>de</strong>st),<br />
a d'abord été amenée à l'hôpital<br />
départemental <strong>de</strong> Craiova. Les tab<strong>les</strong><br />
d'opération ne pouvant supporter plus <strong>de</strong><br />
170 kg, elle a été transportée à Bucarest.<br />
Adoption plus rapi<strong>de</strong> ?<br />
L'office National <strong>de</strong> l'Adoption soutient<br />
un projet <strong>de</strong> loi qui permettrait aux<br />
bébés abandonnés à la maternité d'être<br />
adoptab<strong>les</strong> 30 jours après la délivrance du<br />
certificat <strong>de</strong> naissance. Ceux dont <strong>les</strong><br />
parents sont inconnus pourraient être<br />
adoptés un an et <strong>de</strong>ux mois après leur arrivée<br />
à l'orphelinat. A l'heure actuelle, on<br />
compte environ 4000 orphelins en<br />
Roumanie et seuls 800 sont adoptab<strong>les</strong>.<br />
Chiens errants<br />
<strong>de</strong> Bucarest et Chisinau<br />
A savoir<br />
Chisinau et Bucarest partagent le<br />
même fléau: <strong>les</strong> chiens errants. Alors que<br />
dans la capitale roumaine, 10 000 personnes<br />
auraient été mordues au cours <strong>de</strong>s<br />
trois <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> 2009, soit une centaine<br />
par jour (chiffre qui paraît invraisemblable<br />
par son énormité), sa consoeur<br />
moldave compte 20 000 <strong>de</strong> ses animaux<br />
sans maîtres, 2138 ayant été capturés au<br />
cours du mois <strong>de</strong> janvier.<br />
La mairie <strong>de</strong> Chisinau envisage désormais<br />
<strong>de</strong> faire euthanasier ceux qui ne<br />
seraient pas réclamés dans <strong>les</strong> dix jours,<br />
<strong>de</strong> même que celle <strong>de</strong> Bucarest qui<br />
reviendrait à cette pratique, instituée par<br />
Traian Basescu lorsqu'il était maire, puis<br />
abandonnée après une visite <strong>de</strong> Brigitte<br />
Bardot sur place, où 100 000 chiens<br />
errants sont dénombrés pour moins <strong>de</strong><br />
3000 places dans <strong>les</strong> refuges. L’actrice a<br />
d’ailleurs vigoureusement protesté.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Evénements<br />
La Roumanie <strong>de</strong>vra verser 10 000 euros d'in<strong>de</strong>mnité<br />
à un détenu privé <strong>de</strong> prothèse <strong>de</strong>ntaire et victime,<br />
<strong>de</strong> surcroît, d'un procès inéquitable après le viol <strong>de</strong><br />
sa grand-mère âgée <strong>de</strong> 83 ans, a décidé la Cour européenne <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong> l'Homme.<br />
E<strong>de</strong>nté, le plaignant, 41 ans, purge une peine <strong>de</strong> 10 ans <strong>de</strong><br />
prison à Giurgiu (sud <strong>de</strong> la Roumanie) pour le viol en 20<strong>01</strong> <strong>de</strong><br />
sa grand-mère sénile qui l'hébergeait et qui est morte quelques<br />
mois plus tard, ainsi que pour le vol à main armée d'un kilo <strong>de</strong><br />
vian<strong>de</strong> chez sa voisine, alors qu'il était en état d'ébriété.<br />
Souffrant <strong>de</strong> graves problèmes <strong>de</strong> santé chroniques -<br />
digestifs, hépatiques, psychiatriques et cardiaques -, le détenu<br />
a perdu ses <strong>de</strong>rnières <strong>de</strong>nts en prison et il avait besoin d'une<br />
prothèse <strong>de</strong>ntaire, ce qui fut médicalement constaté en prison.<br />
Mais il ne pouvait pas la payer et son assurance maladie refusait<br />
<strong>de</strong> prendre cette dépense en charge.<br />
Les habitants <strong>de</strong> Sfântu<br />
Gheorghe (Covasna), n'auraient<br />
jamais cru que Zsolt (30<br />
ans) et Stefan (29 ans), <strong>les</strong> garçons qui<br />
ont réalisé le spectacle <strong>de</strong> lasers pour la<br />
fête du saint patron <strong>de</strong> la ville, seraient <strong>les</strong><br />
maîtres d'œuvre <strong>de</strong> la cérémonie d'ouverture<br />
<strong>de</strong>s Jeux olympiques <strong>de</strong> Vancouver,<br />
Les Islandais n'ont pas fini <strong>de</strong> payer l'addition <strong>de</strong> la<br />
crise financière. Leur niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>vrait encore<br />
reculer <strong>de</strong> 16,5 % en <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Les ventes d'automobi<strong>les</strong><br />
ont baissé <strong>de</strong> 85 % en un an, cel<strong>les</strong> d'électroménager <strong>de</strong><br />
60 % et McDonald's a fermé. Du jour au len<strong>de</strong>main, en octobre<br />
2008, lors <strong>de</strong> l'implosion <strong>de</strong> son système bancaire, l'Islan<strong>de</strong>,<br />
l'un <strong>de</strong>s pays <strong>les</strong> plus riches <strong>de</strong> la Terre, en tête du palmarès du<br />
développement humain, est <strong>de</strong>venue une nation en déroute<br />
Madonna récompensée<br />
Société<br />
La Roumanie <strong>de</strong>vra verser 10 000 €<br />
au détenu privé <strong>de</strong> prothèse <strong>de</strong>ntaire<br />
écrit le quotidien roumain Gandul.<br />
Pour ces <strong>de</strong>ux-là, <strong>les</strong> choses avaient<br />
pourtant commencé dans la douleur.<br />
Programmeurs informatiques <strong>de</strong> profession,<br />
ils ont perdu leurs emplois et ont<br />
alors choisi <strong>de</strong> créer leur propre société,<br />
SC Savvy SRL. Ils ont ensuite conclu un<br />
partenariat avec une société alleman<strong>de</strong><br />
Le "roi" autoproclamé <strong>de</strong>s Roms, le<br />
Roumain Florin Cioaba, a annoncé qu'il<br />
offrirait une plaque en or à la star américaine<br />
Madonna pour la remercier <strong>de</strong> son message contre<br />
<strong>les</strong> discriminations envers <strong>les</strong> Roms adressé l'été <strong>de</strong>rnier<br />
à l'occasion d'un concert à Bucarest. "Madonna a<br />
un très grand mérite. Elle a pu sensibiliser le mon<strong>de</strong><br />
entier aux discriminations" dont sont victimes <strong>les</strong> Roms, a déclaré le roi au cours<br />
d'une conférence <strong>de</strong> presse à Sibiu, où il rési<strong>de</strong>. La plaque a été commandée à un<br />
bijoutier d'Italie et sera fabriquée en or <strong>de</strong> 24 carats. En août, Madonna s'était déclarée<br />
"attristée" par <strong>les</strong> "discriminations envers <strong>les</strong> Roms et <strong>les</strong> Tziganes, très présentes<br />
en Europe <strong>de</strong> l'Est". Plusieurs milliers <strong>de</strong> spectateurs sur <strong>les</strong> quelque 60 000 présents<br />
au concert avaient hué la chanteuse américaine après son discours.<br />
Pour la Cour européenne, qui observe qu'à ce jour, le détenu<br />
n'a toujours pas obtenu <strong>de</strong> prothèse <strong>de</strong>ntaire, cette situation<br />
constitue un traitement inhumain et dégradant.<br />
En ce qui concerne son procès, <strong>les</strong> juges européens relèvent<br />
que sa condamnation repose essentiellement sur une<br />
déclaration <strong>de</strong> la victime et qu'aucune autre mesure n'a été<br />
prise pour vérifier <strong>les</strong> déclarations et la crédibilité <strong>de</strong> cette<br />
vieille dame, en dépit <strong>de</strong>s dénégations du requérant.En particulier,<br />
aucun prélèvement ADN n'a été effectué sur la victime<br />
après le viol et aucune trace <strong>de</strong> l'agression n'a été recherchée<br />
par <strong>les</strong> policiers lors <strong>de</strong> l'enquête.<br />
Pour la Cour Européenne, l'équilibre entre <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> la<br />
victime et <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> la défense n'ont pas été respectés, car le<br />
détenu n'a pas eu la possibilité <strong>de</strong> se défendre <strong>de</strong>s accusations<br />
portées contre lui. Les juges européens ont accordé 10 000<br />
euros au requérant au titre du dommage moral.<br />
Deux jeunes <strong>de</strong> Covasna au firmament...<br />
qui propose une technologie permettant<br />
la réalisation <strong>de</strong> grands spectac<strong>les</strong> comme<br />
celui <strong>de</strong> l'inauguration <strong>de</strong>s Jeux <strong>de</strong><br />
Vancouver. Aujourd'hui, cette petite<br />
société dirigée par <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux Roumains<br />
appartenant à la minorité hongroise <strong>de</strong><br />
Transylvanie est le numéro <strong>de</strong>ux mondial<br />
dans ce domaine.<br />
Quand l'Islan<strong>de</strong> imite Ceausescu<br />
découvrant qu'elle avait cédé à la folie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs, illustrée<br />
dans le centre <strong>de</strong> Reykjavik par la construction d'un immense<br />
palais <strong>de</strong> la musique et <strong>de</strong>s congrès. La ville et l'Etat ont décidé<br />
<strong>de</strong> finir le gros oeuvre, après avoir hésité à en faire un<br />
monument souvenir <strong>de</strong> l'effondrement. Ramené à la population,<br />
c'est un chantier qui dépasse en coût et en dimensions le<br />
palais <strong>de</strong> Ceausescu à Bucarest, relève la presse, à ceci près<br />
que, gagné sur la mer, il ne se substitue pas à un habitat ancien.<br />
Retour <strong>de</strong> nombreux<br />
mendiants à Lour<strong>de</strong>s<br />
Avec l'affluence <strong>de</strong>s pèlerins<br />
liée à la fête Notre-Dame <strong>de</strong><br />
Lour<strong>de</strong>s, en particulier début<br />
février, <strong>les</strong> mendiants originaires <strong>de</strong>s pays<br />
<strong>de</strong> l'Est, essentiellement <strong>de</strong>s tsiganes <strong>de</strong><br />
Roumanie, sont <strong>de</strong> retour, à tous <strong>les</strong> coins<br />
<strong>de</strong> rue. Ce sont souvent <strong>de</strong>s femmes avec<br />
<strong>de</strong>s enfants dans <strong>les</strong> bras, exploités par <strong>de</strong>s<br />
réseaux, soumis au grand froid <strong>de</strong> cet<br />
hiver glacial, que l'on croise sur <strong>les</strong> trottoirs<br />
et qui font la mendicité <strong>de</strong>vant <strong>les</strong><br />
commerces d'objets <strong>de</strong> piété.<br />
25
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
26<br />
<br />
SATU<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU IASI <br />
MURES BACAU <br />
ARAD<br />
<br />
<br />
HUNEDOARA<br />
VASLUI<br />
SIBIU<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
PLOIESTI GALATI <br />
<br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Coup <strong>de</strong> filet à Iasi<br />
Les procureurs <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s<br />
investigations sur le crime organisé<br />
<strong>de</strong> Iasi ont démantelé à la mi-janvier<br />
un réseau criminel dirigé par le clan<br />
<strong>de</strong>s Corduneanu et leur lea<strong>de</strong>r,<br />
Bogdan Constantin. Ce réseau était<br />
spécialisé dans le trafic <strong>de</strong> personnes<br />
- prostitution, mendicité ou vol -<br />
et la frau<strong>de</strong> financière. Il a opéré<br />
dans toute la Roumanie <strong>de</strong> 2006 à<br />
2009. 457 perquisitions ont été effectuées<br />
en une journée à Iasi et<br />
Brasov et 30 personnes, dont<br />
Bogdan Constantin, ont été mises en<br />
examen.<br />
Voleurs… <strong>de</strong> pont !<br />
La police a surpris une équipe <strong>de</strong><br />
malfaiteurs en train <strong>de</strong> démonter un<br />
pont ferroviaire désaffecté et laissé à<br />
l'abandon dans <strong>les</strong> environs <strong>de</strong><br />
Voluntari, à Bucarest, et s'apprêtant à<br />
embarqué <strong>les</strong> matériaux récupérés,<br />
dont la ferraille, particulièrement prisée,<br />
à bord <strong>de</strong> trois camions à <strong>de</strong>stination<br />
<strong>de</strong> Constantsa. Deux <strong>de</strong>s<br />
chauffeurs ont réussi à s'enfuir, le<br />
troisième étant intercepté. Une première<br />
tentative avait déjà eu lieu et<br />
échoué voici <strong>de</strong>ux ans<br />
Jean-Paul Gaultier<br />
copié à Sibiu<br />
Le créateur <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> Jean-Paul<br />
Gaultier a porté plainte contre une<br />
société <strong>de</strong> Sibiu qui a écoulé 19 000<br />
flacons <strong>de</strong> parfum contrefait à son<br />
nom, portant sa griffe et celle d'Hugo<br />
Boss, à la suite <strong>de</strong> la saisie d'un<br />
camion, qui en était rempli et dont la<br />
valeur dépasse 2 M€. Jean-Paul<br />
Gaultier a <strong>de</strong>mandé 760 000 € <strong>de</strong><br />
dommages et intérêts ainsi que la<br />
<strong>de</strong>struction du stock saisi.<br />
<br />
Faits divers<br />
Société<br />
Les trafiquants <strong>de</strong><br />
dinosaures piégés par Internet<br />
Trois habitants du ju<strong>de</strong>t d'Hunedoara ont été<br />
inculpés pour avoir vendu au marché noir<br />
<strong>de</strong>s ossements <strong>de</strong> dinosaures provenant d'un<br />
site archéologique situé près <strong>de</strong> la commune Général<br />
Berthelot. Lors <strong>de</strong> la perquisition effectuée à leur<br />
domicile, <strong>les</strong> policiers ont trouvé 115 objets qu'ils tentaient<br />
d'écouler par Internet, notamment auprès <strong>de</strong> collectionneurs<br />
autrichiens. Une démarche qui <strong>les</strong> a perdus, car sur leur catalogue figurait<br />
une photo d'une receleuse présentant <strong>de</strong>ux fragments d'os, ce qui a permis aux<br />
enquêteurs <strong>de</strong> remonter jusqu'à eux. La région d'Hunedoara est très riche en vestiges<br />
archéologiques, paléontologiques dont le géoparc <strong>de</strong> dinosaures du Pays d'Hateg, ou<br />
<strong>de</strong> l'époque romaine comme Ulpia Traiana Sarmizegetusa, et <strong>les</strong> trafics et braconniers<br />
y sont nombreux. Le plus célèbre vol remonte à 2007. Il concerne <strong>les</strong> bracelets daces<br />
en or qui ont valu aux 11 habitants <strong>de</strong> la région impliqués dans l'affaire et qui tentaient<br />
<strong>de</strong> <strong>les</strong> revendre à l'étranger d'être condamnés à un total <strong>de</strong> 104 années <strong>de</strong> prison.<br />
Les voleurs <strong>de</strong> voitures préfèrent Volkswagen<br />
D'après <strong>les</strong> statistiques <strong>de</strong> la<br />
police roumaine, environ<br />
5000 véhicu<strong>les</strong> ont été dérobés<br />
l'an passé, <strong>les</strong> marques préférées <strong>de</strong>s<br />
voleurs étant, dans l'ordre, Volkswagen,<br />
Merce<strong>de</strong>s, Audi, BMW et Dacia. La moi-<br />
Le service <strong>de</strong>s voieries <strong>de</strong> Ploiesti a comptabilisé le nombre <strong>de</strong> trous que<br />
comptaient <strong>les</strong> chaussées <strong>de</strong> la ville ainsi que leur profon<strong>de</strong>ur. Il est arrivé<br />
à un total <strong>de</strong> 2755 m2, certains atteignant 20 cm <strong>de</strong> hauteur. Les travaux <strong>de</strong><br />
réparation, qui <strong>de</strong>vaient commencer au printemps, ont été estimés à 55 000 €.<br />
Tous <strong>les</strong> faits <strong>de</strong> roumains doivent<br />
être signalés", dixit une<br />
affichette "Info Sûreté", siglée<br />
SNCF, trouvée dans un TER Midi-<br />
Pyrénées fin janvier. L'écrivain-riverain<br />
Mouloud Akkouche effectue le trajet<br />
Foix-Toulouse, à bord d'un TER Midi-<br />
Pyrénées. Il découvre, placardée dans <strong>les</strong><br />
wagons, l'affichette suivante:<br />
"Ces <strong>de</strong>rnières semaines <strong>de</strong>s soucis<br />
ont été rencontrés avec <strong>de</strong>s Roumains. En<br />
effet <strong>de</strong> nombreux vols <strong>de</strong> bagages ont été<br />
constatés. Nous vous <strong>de</strong>mandons <strong>de</strong><br />
redoubler <strong>de</strong> vigilance.<br />
Par ailleurs tous <strong>les</strong> faits <strong>de</strong> roumains<br />
doivent être signalés au PCNS"<br />
(PC national sûreté <strong>de</strong> la SNCF, ndlr).<br />
Il arrache alors ce qu'il pense être un<br />
canular. Pris d'un doute, il compose le<br />
tié seulement ont été retrouvés. La police<br />
a dénombré 3876 voitures <strong>de</strong> tourisme<br />
qui ont été volées, 724 motos et cyclomoteurs,<br />
125 camions, bus, autocars,y compris<br />
<strong>de</strong>s tracteurs ou engins <strong>de</strong> travaux<br />
publics.<br />
2755 m2 <strong>de</strong> trous dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> Ploiesti<br />
Dans le TER, une scandaleuse<br />
affiche SNCF qui stigmatise <strong>les</strong> Roumains<br />
numéro inscrit et tombe… sur la SNCF. Il<br />
scanne alors l'affiche et l'envoie à Rue89.<br />
Contacté par le site média, le service <strong>de</strong><br />
communication <strong>de</strong> la SNCF en Midi-<br />
Pyrénées reconnaît que "cette note a bien<br />
existé. Elle a été affichée dans certains<br />
TER <strong>de</strong> la région. Début février, <strong>de</strong>s<br />
agents SNCF nous ont alertés. Les affichettes<br />
ont immédiatement été retirées.<br />
C'est un responsable <strong>de</strong> l'entité contrôleurs<br />
à la SNCF Midi-Pyrénées qui a eu<br />
cette initiative malheureuse. Une enquête<br />
est en cours en interne, pour déterminer<br />
comment cela a pu se produire".<br />
La SNCF s'est excusée. Selon elle,<br />
aucun passager ne s'est plaint <strong>de</strong> la note,<br />
qui serait restée affichée plus d'une<br />
semaine, et aucun "fait <strong>de</strong> Roumains" n'a<br />
été signalé.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Justice<br />
La juge Florica Bejinaru (tribunal <strong>de</strong> Mehedinti,<br />
Turnu Severin) a été élue prési<strong>de</strong>nte du Conseil<br />
supérieur <strong>de</strong> la magistrature (CSM). Elle a été préférée<br />
aux <strong>de</strong>ux autres candidats en lice, la juge Ana Labus<br />
(Iasi) et Liviu Dasca<strong>les</strong>cu, procureur général adjoint au<br />
Parquet <strong>de</strong> la cour d'appel <strong>de</strong> Bucarest. Elle succè<strong>de</strong> à Virgil<br />
Andreies à la tête <strong>de</strong> l'institution pour un mandat d'un an.<br />
Derrière son regard sévère et sa présence distante, la juge<br />
Florica Bejinariu, 48 ans, cache un passé trouble qui éclabousse<br />
une institution judiciaire roumaine, déjà l'objet <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s<br />
controverses. Le CNSAS affirme qu'elle a été sollicitée par la<br />
Securitate en mai 1987. Sous le pseudonyme d'"Alexandra<br />
Stefanescu", celle qui était alors une jeune juriste <strong>de</strong> 26 ans<br />
avait pour mission <strong>de</strong> surveiller <strong>les</strong> employés <strong>de</strong> la société <strong>de</strong><br />
textile où elle travaillait. Une mission "inoffensive", s'est-elle<br />
défendue. En 2006, la justice l'avait blanchie <strong>de</strong>s accusations<br />
<strong>de</strong> collaboration avec la Securitate, mais pour vice <strong>de</strong> forme.<br />
L'Union nationale <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong> Roumanie, affiliée au<br />
Me<strong>de</strong>l (Magistrats européens pour la démocratie et <strong>les</strong> libertés),<br />
considère au contraire que c'est "un coup dur pour la justice<br />
roumaine (que d'être) représentée par une personne dont<br />
le passé est entaché par la collaboration avec la Securitate,<br />
l'organe <strong>de</strong> répression du régime communiste". "D'un point <strong>de</strong><br />
vue moral, Florica Bejinariu n'a pas le droit <strong>de</strong> diriger l'institution<br />
qui est garante <strong>de</strong> l'indépendance <strong>de</strong> la justice", ajoute<br />
le communiqué <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s juges.<br />
Des experts en violation<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Homme <strong>de</strong>venus juges<br />
20 ans après la chute d’une <strong>de</strong>s dictatures communistes <strong>les</strong><br />
plus dures d'Europe, le malaise provoqué par la présence avérée<br />
<strong>de</strong> l'ancienne Securitate dans le camp <strong>de</strong>s magistrats tombe<br />
mal. Bucarest est constamment critiquée par la Commission<br />
européenne concernant le retard pris par la réforme <strong>de</strong> la justice<br />
et la lutte contre la corruption. Coïnci<strong>de</strong>nce, Florica<br />
Bejinariu a été élue au moment où <strong>de</strong>s experts <strong>de</strong> l'Union<br />
Européenne (UE) - dont la Roumanie est membre <strong>de</strong>puis 2007<br />
- arrivaient à Bucarest pour évaluer la justice roumaine. Leur<br />
rapport <strong>de</strong>vait être publié prochainement. Or, la présence d'anciens<br />
membres <strong>de</strong> la Securitate dans l'appareil judiciaire<br />
explique probablement en partie la lenteur <strong>de</strong>s réformes.<br />
Les dix-sept automobilistes qui<br />
avaient entamé ces trois <strong>de</strong>rnières<br />
années <strong>de</strong>s procès contre<br />
la mairie <strong>de</strong> Sibiu parce que leurs voi-<br />
Société<br />
La magistrature est noyautée par d'anciens agents <strong>de</strong> la Securitate<br />
L'honneur perdu <strong>de</strong> Florica Bejinariu<br />
Depuis son élection, le 11 janvier, à la tête <strong>de</strong> la plus haute instance judiciaire roumaine, le Conseil supérieur <strong>de</strong> la<br />
magistrature (CSM), Florica Bejinariu pose un problème aux représentants <strong>de</strong> la loi en Roumanie. La magistrate aurait<br />
collaboré dans <strong>les</strong> années 1980 avec la police politique communiste, selon <strong>de</strong>s <strong>document</strong>s révélés par le Conseil national d'étu<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la Securitate (CNSAS), une institution publique.<br />
tures avaient été endommagées par <strong>les</strong><br />
trous parsemant <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> la ville ont été<br />
systématiquement déboutés par <strong>les</strong> juges.<br />
Raison invoquée et ressortie d'un alinéa<br />
Et cette présence est<br />
semble-t-il massive. Après<br />
avoir fait tomber Nicolae<br />
Ceausescu en décembre<br />
1989, Ion Iliescu - apparatchik<br />
communiste en disgrâce<br />
pendant <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières<br />
années <strong>de</strong> la dictature - et<br />
son équipe ont ménagé <strong>les</strong><br />
anciens officiers <strong>de</strong> la<br />
Securitate. Mieux, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong><br />
autorités ont offert<br />
aux agents <strong>de</strong> la police<br />
politique <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir magistrats<br />
sur la base <strong>de</strong> diplômes<br />
obtenus sur <strong>les</strong> bancs <strong>de</strong> l'école <strong>de</strong> la Securitate.<br />
"A l'époque <strong>de</strong> la dictature, le travail <strong>de</strong> ces gens consistait<br />
à violer <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l'homme, affirme Germina Nagatz,<br />
chargée du département d'investigation du CNSAS. Comment<br />
ont-ils pu, du jour au len<strong>de</strong>main, <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong><br />
la loi? Sur la base <strong>de</strong> quel<strong>les</strong> compétences leurs diplômes <strong>de</strong><br />
la Securitate leur ont-ils assuré une place dans le système juridique<br />
? S'ils étaient si bons, pourquoi ne sont-ils pas allés<br />
dans le privé, comme avocats ? Pourquoi voulaient-ils à tous<br />
prix être fonctionnaires en tant que juges ou procureurs ?"<br />
Des magistrats décrédibilisés<br />
Ces questions décrédibilisent <strong>les</strong> 6 000 magistrats roumains.<br />
Si la Pologne a découvert ces trois <strong>de</strong>rnières années 19<br />
collaborateurs <strong>de</strong> l'ancienne police politique dans son système<br />
judiciaire, le CNSAS, lui, en a dépisté 29 en huit mois. Le prési<strong>de</strong>nt<br />
Traian Basescu a aussi admis qu'un quart <strong>de</strong>s magistrats<br />
roumains auraient collaboré avec l'ancienne Securitate.<br />
"La candidature <strong>de</strong> Florica Bejinariu à la tête du CSM ne<br />
m'a pas étonnée, déclare Germina Nagatz. Mais je trouve<br />
scandaleux qu'elle ait été élue par la majorité <strong>de</strong> ses collègues.<br />
Cela veut dire que <strong>les</strong> magistrats se sont solidarisés pour<br />
défendre l'ancienne Securitate." Et <strong>les</strong> Roumains ne sont pas<br />
dupes. Les enquêtes montrent qu'ils font plus confiance aux<br />
instances européennes qu'à la justice <strong>de</strong> leur pays.<br />
Mirel Bran (Le Mon<strong>de</strong>)<br />
Les juges au secours <strong>de</strong>s trous... contre leurs victimes<br />
du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route: le conducteur doit<br />
rester maître <strong>de</strong> sa vitesse en toutes circonstances<br />
et l'adapter aux conditions <strong>de</strong><br />
circulation.<br />
27
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
28<br />
SATU<br />
MARE<br />
BOTOSANI <br />
<br />
SUCEAVA IASI<br />
ORADEA<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
ARAD<br />
<br />
DEVA<br />
FOCSANI<br />
BRASOV <br />
<br />
<br />
<br />
GALATI<br />
TIMISOARA SIBIU<br />
<br />
PLOIESTI<br />
T. SEVERIN<br />
<br />
PITESTI <br />
<br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
La Roumanie 53ème<br />
pour la qualité <strong>de</strong> la vie<br />
Alors que, pour la 5ème année<br />
consécutive, la revue américaine<br />
Living classe la France au premier<br />
rang <strong>de</strong>s pays où il fait bon vivre<br />
dans le mon<strong>de</strong> - elle arrive en tête<br />
dans chaque catégorie - la<br />
Roumanie figure au 53ème rang, à<br />
égalité avec la Moldavie, <strong>les</strong> î<strong>les</strong><br />
Caïman et la Dominique, se classant<br />
<strong>de</strong>rrière la Hongrie, 20ème et la<br />
Bulgarie, 44ème.<br />
La Roumanie obtient ses plus<br />
mauvaises notes dans <strong>les</strong> domaines<br />
<strong>de</strong> la santé (93ème rang sur 200,<br />
<strong>de</strong>rrière le Nicaragua, l'Ukraine,<br />
l'Albanie, à égalité avec le<br />
Guatemala), <strong>de</strong> la sécurité (à égalité<br />
avec le Botswana, l'Egypte, le<br />
Mexique et le Sénégal), <strong>de</strong> la liberté<br />
(à égalité avec le Brésil, la Mongolie,<br />
le Botswana, Trinidad-Tobago, la<br />
Namibie et l'Afrique du Sud), et <strong>de</strong>s<br />
infra-structures (<strong>de</strong>rrière la<br />
Moldavie).<br />
La France a obtenu le maximum<br />
<strong>de</strong> points dans pratiquement toutes<br />
<strong>les</strong> catégories, en dépit <strong>de</strong>s impôts et<br />
taxes qui y sont considérés élevés et<br />
du niveau abusif <strong>de</strong> sa bureaucratie…<br />
handicaps que la revue estime<br />
largement compensés par sa qualité<br />
<strong>de</strong> vie et son système <strong>de</strong> santé et<br />
protection sociale, jugé parmi <strong>les</strong><br />
meilleurs du mon<strong>de</strong>. Elle est suivie<br />
<strong>de</strong> l'Australie, qui fait un bond <strong>de</strong><br />
trois places, <strong>de</strong> la Suisse, <strong>de</strong><br />
l'Allemagne, <strong>de</strong> la Nouvelle Zélan<strong>de</strong>,<br />
du Luxembourg, <strong>de</strong>s USA (qui reculent<br />
<strong>de</strong> trois places), <strong>de</strong> la Belgique,<br />
du Canada et <strong>de</strong> l'Italie.<br />
Aux <strong>de</strong>rniers rangs figurent<br />
l'Afghanistan, le Tchad, le Soudan, le<br />
Yémen et la Somalie.<br />
<br />
Vie quotidienne<br />
Société<br />
Les "drô<strong>les</strong>" <strong>de</strong> promotion<br />
du magasin Ikea-Bucarest<br />
L'ouverture en 2007 à Bucarest du premier magasin Ikea <strong>de</strong> Roumanie a été<br />
un évènement. L'enseigne annonce chaque année <strong>de</strong>s promotions <strong>de</strong> plus en plus<br />
alléchantes aux Bucarestois… cependant, comme le démontre la revue Capital,<br />
ses prix ne cessent d'augmenter !<br />
En janvier, Ikea Bucarest a lancé à grand renfort <strong>de</strong> publicité ses sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
début d'année, avec <strong>de</strong>s remises atteignant 70 %. "On liqui<strong>de</strong> nos stocks et<br />
on continue notre lutte pour réduire <strong>les</strong> coûts" se vantait l'enseigne…<br />
comme en août <strong>de</strong>rnier, lors <strong>de</strong> la sortie <strong>de</strong> son nouveau catalogue… comme chaque<br />
année, donnant le sentiment que chez le fabricant <strong>de</strong> meub<strong>les</strong> suédois, <strong>les</strong> prix n'arrêtent<br />
pas <strong>de</strong> baisser à l'inverse <strong>de</strong> ce qui se passe en général en Roumanie.<br />
Ces annonces choc ont conduit la rédaction du magazine Capital à vouloir en<br />
savoir plus. Et là, sa surprise a été gran<strong>de</strong>: au rayon ameublement - le plus important<br />
<strong>de</strong> la chaîne et qui fait sa réputation - en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> quelques rares produits cib<strong>les</strong>, mis<br />
en valeur par la publicité, <strong>les</strong> prix n'ont cessé <strong>de</strong> grimper <strong>de</strong>puis l'ouverture du magasin,<br />
faisant <strong>de</strong> celui-ci un <strong>de</strong>s plus chers du réseau Ikea à travers le mon<strong>de</strong>, alors que<br />
le niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s Roumains est le plus faible <strong>de</strong> l'UE ! Même en Norvège, pays<br />
considéré comme le plus riche <strong>de</strong> la planète,<br />
on y trouve parfois le même produit meilleur<br />
marché. Capital a poursuivi son enquête en<br />
comparant également l'Ikea <strong>de</strong> Bucarest avec<br />
ceux <strong>de</strong> France, <strong>de</strong> Hongrie, d'Allemagne et<br />
<strong>de</strong>s USA.<br />
Exemple <strong>de</strong> "baisse" relevé: le lit Mandal,<br />
vendu 825 lei en 2007 et 1450 aujourd'hui…<br />
soit + 75 %. Dans <strong>les</strong> autres pays étudiés, son prix varie <strong>de</strong> 1<strong>01</strong>2 (USA) à 1168 lei<br />
(France), soit entre - 24 % et - 43 %. I<strong>de</strong>m pour le canapé Lovas qui a augmenté <strong>de</strong><br />
100 lei en 3 ans et coûte 32 % plus cher qu'en France. Capital cite d'autres exemp<strong>les</strong>,<br />
dont <strong>de</strong>s produits dits "phare". Les Bucarestois sont aussi invités à payer un supplément<br />
s'ils veulent un coloris différent, alors que <strong>les</strong> tarifs sont en général i<strong>de</strong>ntiques<br />
dans <strong>les</strong> autres pays. Toutefois, ils peuvent se consoler en faisant <strong>de</strong>s emplettes au<br />
rayon accessoires où <strong>les</strong> prix sont en général moins chers que dans le reste du réseau.<br />
Interrogé, le directeur du magasin a plaidé la dévaluation du cours du leu qui a<br />
entraîné la valse <strong>de</strong>s étiquettes, <strong>les</strong> produits étant, pour la plus gran<strong>de</strong> part, importés.<br />
Une justification qui ne tient guère, car le comparatif a été fait en lei pour <strong>les</strong> pays<br />
enquêtés. Situé à la sortie nord <strong>de</strong> Bucarest, sur la Nationale 1 à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> Ploiesti,<br />
Ikea se trouve dans le centre commercial Baneasa (Carrefour, Bricostore, etc.), fonctionne<br />
en système <strong>de</strong> franchise, appartient à la firme Moaro Trading et est contrôlé<br />
indirectement par Gabriel Popoviciu, 4ème fortune du pays (entre 600 et 650 M€) qui<br />
a également introduit en Roumanie <strong>les</strong> fast food Pizza Hut, KFC. L'homme d'affaires<br />
est enquêté par la DNA (Direction nationale Anti-corruption), a été arrêté et libéré.<br />
Ikea-Baneasa a réalisé 82 M€ <strong>de</strong> chiffre d'affaires en 2009, en baisse <strong>de</strong> 9 % par rapport<br />
à l'année précé<strong>de</strong>nte, à cause <strong>de</strong> la crise…. A moins que <strong>les</strong> Bucarestois ne<br />
veuillent plus être pris pour <strong>de</strong>s poires.<br />
Une quarantaine d'amen<strong>de</strong>s et<br />
<strong>de</strong> contraventions pour une<br />
valeur totale <strong>de</strong> 210 200 lei<br />
(environ 50 000 euros) ont été dressées<br />
lors <strong>de</strong> contrô<strong>les</strong> sanitaires effectués dans<br />
plusieurs gran<strong>de</strong>s surfaces <strong>de</strong> Bucarest.<br />
Produits périmés dans<br />
<strong>les</strong> hypermarchés bucarestois<br />
Plus <strong>de</strong> 110 kg d'aliments périmés ont été<br />
retirés <strong>de</strong>s rayons et 511 kg d'autres produits<br />
alimentaires ont été interdits temporairement<br />
à la vente jusqu'à la rectification<br />
<strong>de</strong>s erreurs constatées (étiquetage,<br />
emballage, promotion…).<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Vie quotidienne<br />
La revue Capital vient <strong>de</strong> révéler <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> son<br />
<strong>de</strong>uxième classement <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus agréab<strong>les</strong> à<br />
vivre <strong>de</strong> Roumanie, et encore une fois, la capitale<br />
roumaine, Bucarest, l'emporte haut la main. Malgré le trafic,<br />
le bruit… Ce classement a été établi à partir <strong>de</strong> douze critères:<br />
le marché du travail, l'infrastructure <strong>de</strong>s transports, le système<br />
sanitaire, l'enseignement supérieur, le coût <strong>de</strong> la vie, l'offre <strong>de</strong><br />
distractions, <strong>les</strong> commerces, la qualité <strong>de</strong><br />
l'environnement, le climat, la sécurité et le<br />
niveau <strong>de</strong>s taxes loca<strong>les</strong>. Et la capitale arrive<br />
en tête sur cinq <strong>de</strong> ces critères (santé,<br />
éducation, développement économique,<br />
loisirs, transports). Malgré la pollution ou<br />
la cherté <strong>de</strong> la vie, elle reste la <strong>de</strong>stination<br />
privilégiée pour <strong>de</strong> nombreux Roumains.<br />
Un choix qui s'explique par la situation du<br />
marché du travail: à Bucarest, <strong>les</strong> salaires<br />
peuvent avoisiner ceux d'Europe occi<strong>de</strong>ntale,<br />
et surtout, malgré la crise, le taux <strong>de</strong><br />
chômage reste stable et faible. Résultat,<br />
chaque année la capitale voit grossir <strong>les</strong><br />
rangs <strong>de</strong> ses habitants <strong>de</strong> plusieurs dizaines<br />
<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> nouveaux venus.<br />
Suivent Timisoara, dont <strong>les</strong> principaux<br />
attraits sont son dynamisme écono-<br />
mique et l'offre généreuse <strong>de</strong> loisirs, puis<br />
Cluj dont la vitalité économique, le système<br />
universitaire et celui <strong>de</strong> santé compensent <strong>les</strong> désagréments<br />
liés au coût <strong>de</strong> la vie. En quatrième position Constanta, qui<br />
bénéficie surtout <strong>de</strong> la proximité <strong>de</strong> la Mer noire. Les vil<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
Iasi, Sibiu, Brasov, Ora<strong>de</strong>a, Târgu-Mures et Arad complètent<br />
le top 10.<br />
Société<br />
Bucarest, Timisoara, Cluj et Constanta, vil<strong>les</strong> préférées <strong>de</strong>s Roumains<br />
Les conventions socia<strong>les</strong> à la roumaine<br />
.... selon un <strong>document</strong> du ministère du Travail<br />
Un “gui<strong>de</strong> d'information pour <strong>les</strong> citoyens <strong>de</strong> pays tiers” qui viennent<br />
séjourner ou s'installer en Roumanie invite <strong>les</strong> immigrés à prendre un<br />
ton "poli, ni provocateur, ni agressif" dans leur interaction avec <strong>les</strong><br />
fonctionnaires publics. Ce <strong>document</strong>, disponible sur le site Internet du ministère du<br />
Travail et dont une partie est consacrée aux principa<strong>les</strong> conventions socia<strong>les</strong> pratiquées<br />
en Roumanie, ajoute que la "ponctualité" est une qualité "très appréciée" et<br />
que toute interaction doit être "civilisée". Le ministère du Travail va même jusqu'à<br />
conseiller, pour une meilleure intégration, <strong>de</strong> ne pas interrompre son interlocuteur,<br />
quel qu'il soit, avant qu'il ait terminé <strong>de</strong> parler et <strong>de</strong> dire "bon appétit" au moment<br />
<strong>de</strong> passer à table.<br />
Parmi <strong>les</strong> "différences culturel<strong>les</strong>" qui peut exister entre pays, le gui<strong>de</strong> souligne<br />
également que la consommation d'alcool représente en Roumanie un "mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
socialisation". Mais son abus ne doit pas faire oublier aux étrangers qu'ils doivent<br />
dire "Bonjour", "Merci Monsieur", "Merci Madame", "Merci Ma<strong>de</strong>moiselle". On ne<br />
sait jamais...<br />
Où fait-il bon vivre en Roumanie ?<br />
Selon un classement établi par la revue Capital, Bucarest, Timisoara, Cluj et Constanta, à savoir <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> vil<strong>les</strong><br />
du pays, sont <strong>les</strong> endroits préférés <strong>de</strong>s Roumains, malgré un rythme <strong>de</strong> vie bien plus stressant. Explications.<br />
A l'autre extrêmité du classement, d'autres vil<strong>les</strong> sont bien<br />
moins “bonnes élèves”: Baia Mare, trop polluée, Drobeta-<br />
Turnu Severin, où <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> distraction sont rares,<br />
Botosani et Focsani, considérées sous-développées sur le plan<br />
économique, viennent fermer la marche.<br />
Le premier critère est économique<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s résultats, ce second classement<br />
Capital montre que la situation a<br />
peu évolué <strong>de</strong>puis la première édition en<br />
2006. Les vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Transylvanie et du<br />
Banat l'emportent au chapitre <strong>de</strong> la qualité<br />
<strong>de</strong> vie. Surtout, il ressort <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong><br />
que c'est encore le facteur économique<br />
qui compte plus que la qualité <strong>de</strong> vie en<br />
Roumanie, en raison <strong>de</strong> l'inégal développement<br />
du pays. “En Roumanie aujourd'hui,<br />
il est dur <strong>de</strong> contester ce classement”,<br />
estime Catalin Zamfir, chercheur à<br />
l'Académie roumaine, dans <strong>les</strong> colonnes<br />
<strong>de</strong> Capital. “Du fait <strong>de</strong> la situation économique,<br />
il existe <strong>de</strong>s petites vil<strong>les</strong>, agréab<strong>les</strong>,<br />
où il serait possible <strong>de</strong> vivre une vie<br />
bien plus relaxée que dans une métropole,<br />
mais dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>, pour parler franchement,<br />
on “meurt <strong>de</strong> faim”.<br />
“Du coup, <strong>les</strong> gens choisissent <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> où <strong>les</strong> problèmes<br />
économiques, (niveau <strong>de</strong> salaire, sécurité <strong>de</strong> l'emploi…) sont<br />
moins importants”, conclut le chercheur.<br />
Marion Guyonvarch<br />
(www.lepetitjournal.com / Bucarest)<br />
Les terrasses flottantes sur le canal Bega<br />
sont très appréciées à Timisoara.<br />
Sol<strong>de</strong>s<br />
La durée <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s en<br />
Roumanie est relativement<br />
longue par rapport aux autres<br />
pays européens. Les <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s autorisées<br />
sont:<br />
- du 15 janvier au 15 avril inclus,<br />
pour <strong>les</strong> produits automne-hiver ;<br />
- du 1er août au 31 octobre inclus,<br />
pour <strong>les</strong> produits printemps-été.<br />
Durant ces pério<strong>de</strong>s, le commerçant<br />
est libre <strong>de</strong> choisir la date <strong>de</strong> début et <strong>de</strong><br />
fin <strong>de</strong> ses propres sol<strong>de</strong>s, sachant que<br />
cette pério<strong>de</strong> ne peut dépasser 45 jours. A<br />
noter qu'il est obligatoire <strong>de</strong> notifier à la<br />
mairie compétente la pério<strong>de</strong> choisie pour<br />
<strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s (15 jours avant leur début).<br />
29
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
30<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
ARAD<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
SUCEAVA<br />
IASI<br />
TIMISOARA<br />
<br />
BRASOV<br />
<br />
TG. JIU<br />
TÂRGOVISTE<br />
GALATI <br />
T. SEVERIN<br />
<br />
PITESTI <br />
<br />
BUZAU<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
Les grilla<strong>de</strong>s (gratar) et <strong>les</strong> piquenique<br />
font partie <strong>de</strong>s bonheurs que<br />
<strong>les</strong> Roumains aiment s'offrir en<br />
famille ou entre amis,notamment aux<br />
beaux jours. Malheureusement, ils<br />
laissent <strong>de</strong>rière eux <strong>de</strong>s traces -<br />
déchets, feux mal éteints - qui défigurent<br />
<strong>les</strong> lieux ou menacent l'environnement.<br />
Toutefois, une prise <strong>de</strong><br />
conscience s'effectue. Des voix s'élèvent<br />
pour y mettre bon ordre.<br />
L'association "Révolution verte",<br />
en concertation avec <strong>de</strong>s spécialistes<br />
du ministère <strong>de</strong> l'Environnement et<br />
un cabinet d'avocat, a proposé la<br />
mise en place d'un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne<br />
conduite, facile à comprendre et à<br />
appliquer, afin que pique-niqueurs et<br />
campeurs sachent quels sont leurs<br />
droits et <strong>de</strong>voirs.<br />
Elle suggère également qu'une loi<br />
définise <strong>les</strong> obligations <strong>de</strong>s collectivités<br />
loca<strong>les</strong> qui gèrent <strong>les</strong> espaces<br />
verts, leur <strong>de</strong>mandant d'aménager<br />
<strong>de</strong>s zones spécifiques pour piqueniquer,<br />
clôturées, avec <strong>de</strong>s points <strong>de</strong><br />
collecte d'ordures sélectives, <strong>de</strong>s toilettes<br />
écologiques, <strong>de</strong>s endroits équipés<br />
pour faire <strong>de</strong>s grilla<strong>de</strong>s, pour<br />
garer sa voiture, avec un système <strong>de</strong><br />
gardiennage. Par ailleurs, <strong>les</strong> personnes<br />
ne respectant pas l'environnement<br />
pourraient faire l'objet <strong>de</strong><br />
poursuites.<br />
Ces propositions ont toutefois été<br />
rejetées, Elena Udrea, la ministre<br />
ayant en charge ce domaine, indiquant<br />
qu'il suffisait d'appliquer la<br />
réglementation existante. Encore<br />
faut-il en avoir la réelle volonté... ce<br />
dont on peut douter quant on parcourt<br />
le pays en long et en large !<br />
<br />
CHISINAU<br />
Pas <strong>de</strong> loi<br />
pour règlementer<br />
<strong>les</strong> pique-niques<br />
Vie quotidienne<br />
Société<br />
La Saint Ignat ne connaît pas<br />
la réglementation européenne<br />
Le massacre <strong>de</strong>s porcs continue<br />
D'après l'Institut National <strong>de</strong> la Statistique roumain, 2 182 000 porcs, pesant<br />
en moyenne 121 kg, ont été tués dans tout le pays à l'occasion <strong>de</strong> la Saint Ignat,<br />
quelques jours avant Noël. Cette tradition, très ancrée dans <strong>les</strong> campagnes, est<br />
normalement encadrée <strong>de</strong>puis 2007 au niveau <strong>de</strong>s conditions d'abattage <strong>de</strong>s animaux,<br />
par la réglementation européenne. Dans <strong>les</strong> faits, il en va tout autrement,<br />
comme nous le rapporte un <strong>de</strong> nos lecteurs <strong>de</strong> Constantsa, Roger Cordier.<br />
La métho<strong>de</strong> qui consiste à sacrifier <strong>de</strong>s animaux domestiques avec <strong>de</strong>s pistolets<br />
assommoirs ou <strong>de</strong>s arcs électriques, comme le veut l'UE, afin que leur<br />
système nerveux ne sente plus la douleur, n'est pas encore très appliquée<br />
dans ma région, d'après la constatation <strong>de</strong> la DSVSA (Direction Sanitaire Vétérinaire<br />
pour la Sécurité <strong>de</strong>s Aliments), malgré ses tentatives dans ce sens. Un fonds avait été<br />
prévu pour doter <strong>les</strong> vétérinaires <strong>de</strong> ces instruments, mais n'a pas été engagé car on<br />
s'est rendu compte qu'ils allaient être stockés sans être utilisés. De l'argent avait été mis<br />
à disposition <strong>de</strong>s mairies pour en acheter, mais aucune ne s’est intéressée à la question.<br />
Personnel insuffisant (quelques vétérinaires répartis en dix arrondissements dans<br />
le ju<strong>de</strong>t pour au moins 50 000 porcs abattus en quelques jours au niveau <strong>de</strong> chaque<br />
département du pays), ignorance <strong>de</strong>s paysans, prix du pistolet qu'il faut acheter (environ<br />
200 €), nécessitant une autorisation <strong>de</strong> la police… pour "port d'arme prohibée",<br />
ren<strong>de</strong>nt inopérante la réglementation. Les propriétaires d'animaux domestiques pourraient<br />
se rendre chez <strong>les</strong> vétérinaires en disposant, mais cela a un coût dissuasif. Les<br />
mairies ou administrations loca<strong>les</strong> sont normalement obligées <strong>de</strong> mettre à disposition<br />
<strong>de</strong>s espaces appropriés pour respecter <strong>les</strong><br />
normes et <strong>les</strong> conditions d'abattage, mais<br />
cette décision est restée lettre morte. Dans<br />
ces conditions, <strong>les</strong> paysans s'en tiennent<br />
aux métho<strong>de</strong>s traditionnel<strong>les</strong> et le directeur<br />
<strong>de</strong> la DSVSA en est réduit à se borner<br />
à rappeler la réglementation aux vétérinaires,<br />
à l'approche <strong>de</strong> Noël".<br />
Permis <strong>de</strong> port d'armes exigé !<br />
Profondément choqué, après avoir<br />
assisté à <strong>de</strong>s tueries <strong>de</strong> porcs dans <strong>de</strong>s conditions barbares, Roger Cordier avait profité<br />
d'un <strong>de</strong> ses retours dans sa Lorraine natale, l'été <strong>de</strong>rnier, pour acquérir un pistolet<br />
d'abattage non électrique, par percussion, moins cher (116 € hors taxes) mais tout<br />
aussi efficace. Il l'a présenté pour démonstration à son retour au directeur <strong>de</strong> la DSVSA<br />
du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Constantsa, afin que son usage soit éventuellement encouragé. Après l'avoir<br />
fait testé, celui-ci l'a trouvé en effet valable, mais lui a conseillé <strong>de</strong> le présenter à<br />
la police. Le Lorrain s'est entendu répondre qu'il lui fallait une autorisation <strong>de</strong> port d'armes…<br />
alors qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> projecti<strong>les</strong> !<br />
D'ici 2<strong>01</strong>2, chaque Roumain<br />
<strong>de</strong>vrait disposer d'une carte<br />
personnelle <strong>de</strong> santé, indiquant<br />
sa situation d'assuré social. Jusqu'à<br />
présent, <strong>les</strong> assurés <strong>de</strong>vaient se déplacer<br />
régulièrement à la caisse d'assurance<br />
maladie pour obtenir une attestation<br />
prouvant qu'ils étaient à jour <strong>de</strong> leurs<br />
Une carte pour la santé<br />
cotisations. Par ailleurs, le ministre <strong>de</strong> la<br />
santé a déclaré qu'il fallait trouver une<br />
solution pour que chaque citoyen roumain<br />
ait accès au système <strong>de</strong> santé: à<br />
l'heure actuelle, six millions <strong>de</strong> personnes<br />
cotisent, dix millions ne cotisent pas mais<br />
sont prises en charge (retraités), <strong>les</strong> autres<br />
ne bénéficient pas d'assurance <strong>de</strong> santé.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Vie quotidienne<br />
Dans le <strong>de</strong>rnier rapport du<br />
Forum économique mondial<br />
sur la place <strong>de</strong>s femmes dans<br />
la société, la Roumanie occupe la 70e<br />
place sur un total <strong>de</strong> 134 pays, la 30e pour<br />
leur participation à la vie économique, la<br />
70e concernant leur accès à l'éducation,<br />
la 41e dans le domaine <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong><br />
l'espérance <strong>de</strong> vie, et seulement la 126e<br />
Santé<br />
La clinique <strong>de</strong> néphrologie<br />
<strong>de</strong> Craiova débordée<br />
Société<br />
De moins en moins<br />
<strong>de</strong> Roumains prennent le train<br />
Ces <strong>de</strong>rnières années, le nombre <strong>de</strong> Roumains utilisant le train n'a cessé <strong>de</strong> baisser.<br />
Eurostat relève qu'il était encore <strong>de</strong> 98 millions par an en 2004, était tombé à 75<br />
millions en 2008 et avait sans doute reculé <strong>de</strong> 10 % cette année. Parallèlement, à<br />
l'exception <strong>de</strong> quatre pays, son nombre d'utilisateurs ne cesse <strong>de</strong> croître dans le reste <strong>de</strong> l'UE,<br />
passant <strong>de</strong> 7 à 8 milliards <strong>de</strong> passagers en quatre ans. Il a augmenté <strong>de</strong> 24 % en Gran<strong>de</strong> Bretagne,<br />
<strong>de</strong> 13 % en France et <strong>de</strong> 12 % en Allemagne, ces trois pays assurant 58 % du total du trafic <strong>de</strong><br />
l'UE. L'évolution roumaine semble étonnante alors que le train <strong>de</strong>vrait profiter <strong>de</strong> l'état déplorable<br />
dans lequel se trouve une bonne partie du réseau routier du pays. Il semble que <strong>les</strong> usagers<br />
soient rebutés par <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> voyages offertes par la CFR: gares encombrées d'aurolacs<br />
(jeunes SDF), <strong>de</strong> personnes douteuses, chauffeurs <strong>de</strong> taxis qui sautent sur <strong>les</strong> passagers pour tenter<br />
<strong>de</strong> <strong>les</strong> arnaquer. Les omnibus (trains "personal") sont trop souvent dans un état misérable,<br />
banquettes défoncées, fenètres qui ne ferment pas, o<strong>de</strong>urs insupportab<strong>les</strong>, manele (airs disco tsiganes)<br />
à tue-tête, compartiments non fumeurs remplis <strong>de</strong> fumée... Nombre <strong>de</strong> voyageur préfèrent<br />
encore mille fois "se payer" <strong>les</strong> trous qu'ils ne manqueront pas <strong>de</strong> trouver sur <strong>les</strong> routes !<br />
Les Roumaines étaient mieux considérées sous le communisme<br />
Le ministre roumain <strong>de</strong> la Santé, Attila Cseke, a<br />
annoncé vouloir taxer la "malbouffe" -hamburgers,<br />
boissons gazeuses et autres sucreries- afin <strong>de</strong> financer<br />
un système <strong>de</strong> santé en crise et <strong>de</strong> lutter contre l'obésité .<br />
"Nous avons l'intention d'introduire une taxe fast-food,<br />
sucreries, boissons gazeuses afin <strong>de</strong> soutenir <strong>de</strong>s programmes<br />
nationaux <strong>de</strong> santé", a-t-il déclaré lors d'une conférence <strong>de</strong><br />
presse. Cette taxe pourrait rapporter près d'un milliard d'euros<br />
- la <strong>de</strong>rnière en Europe - au niveau <strong>de</strong><br />
l'engagement dans la vie politique, bien<br />
après la Turquie (107e), la Syrie (116e)<br />
ou l'Algérie (120e)… Un comble: <strong>de</strong>rrière<br />
<strong>les</strong> pays musulmans !<br />
De la transition post-1989 à l'intégration<br />
européenne, la présence <strong>de</strong>s<br />
Roumaines sur la scène politique a fortement<br />
évolué. Des 30% <strong>de</strong> femmes à<br />
Environ 80 000 habitants du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Dolj (Craiova) sont affectés par <strong>de</strong>s<br />
maladies chroniques <strong>de</strong>s reins, à la suite <strong>de</strong> la consommation d'eaux à<br />
trop forte teneur <strong>de</strong> nitrates et nitrites, et leur nombre est en augmentation.<br />
"Trop <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s viennent quand leur maladie, silencieuse jusque là, est arrivée<br />
au sta<strong>de</strong> 4 ou 5, le <strong>de</strong>rnier" constate le docteur Eugen Mota, chef <strong>de</strong> la clinique<br />
<strong>de</strong> néphrologie <strong>de</strong> l'hôpital d'urgence <strong>de</strong> Craiova où il traite 80 patients en hémodialyse<br />
et 55 en dialyse péritonéale, soignés à domicile, alors que la liste d'attente comprend<br />
<strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> noms.<br />
D'après <strong>les</strong> estimations, 2 millions <strong>de</strong> Roumains, soit 10 % <strong>de</strong> la population,<br />
souffriraient <strong>de</strong> maladies réna<strong>les</strong> chroniques, 8000 d'entre eux faisant <strong>de</strong>s dialyses.<br />
l'Assemblée nationale imposés par <strong>les</strong><br />
quotas communistes à la fin <strong>de</strong>s années<br />
1980, leur part au Parlement a chuté à<br />
moins <strong>de</strong> 4% au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premières<br />
législatures d'après 1989, pour monter<br />
timi<strong>de</strong>ment vers <strong>les</strong> 11-12% dans <strong>les</strong><br />
années 2000-2004, puis re<strong>de</strong>scendre à<br />
9% après <strong>les</strong> élections uninomina<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
2008 et se maintenir à ce taux.<br />
Un habitant sur quatre souffrirait d’obésité<br />
La Roumanie veut taxer la "malbouffe"<br />
au budget <strong>de</strong> la Santé, a estimé le ministre. Elle s'appliquerait<br />
à chacun <strong>de</strong>s produits considérés comme <strong>de</strong> la "malbouffe".<br />
Le ministre a <strong>de</strong>mandé à la commission <strong>de</strong> nutrition du<br />
ministère d'oeuvrer à la mise en application <strong>de</strong> ce projet. Il<br />
aura aussi <strong>de</strong>s rencontres avec <strong>les</strong> producteurs et <strong>les</strong> distributeurs<br />
<strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> produits. Selon la Fédération roumaine <strong>de</strong><br />
nutrition et <strong>de</strong> lutte contre le diabète et <strong>les</strong> maladies du métabolisme,<br />
un Roumain sur quatre souffre d'obésité.<br />
Troub<strong>les</strong> psychologiques<br />
chez <strong>les</strong> enfants<br />
Selon l'Organisation Mondiale <strong>de</strong><br />
la Santé, 20 % <strong>de</strong>s enfants roumains<br />
souffrent <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> psychiques,<br />
soit au total près <strong>de</strong> 880 000<br />
enfants. 572 000, soit 13 %, souffrent d'anxiété,<br />
allant <strong>de</strong> l'angoisse généralisée aux<br />
phobies et jusqu'aux attaques <strong>de</strong> panique.<br />
220 000 enfants souffrent, eux, <strong>de</strong> déficit<br />
d'attention et d'hyper activité. Enfin, plus<br />
<strong>de</strong> 150 000 sont dépressifs.<br />
31
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
32<br />
ARAD<br />
<br />
SATU<br />
<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TIMISOARA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
SF. GHEORGHE <br />
SUCEAVA<br />
<br />
BACAU <br />
<br />
BUCAREST<br />
IASI<br />
<br />
BRASOV GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
URZICENI TULCEA<br />
<br />
VASLUI <br />
CONSTANTA<br />
De l'eau d'Arad<br />
pour ses 300 000<br />
voisins Hongrois<br />
Sur la base d'un accord qui vient<br />
d'être signé entre le département<br />
frontalier <strong>de</strong> Bekes en Hongrie et la<br />
ville d'Arad, celle-ci va approvisionner<br />
ses voisins magyars, soit 300 000<br />
personnes, en eau potable, pour <strong>les</strong><br />
50 prochaines années. Arad leur<br />
fournira quotidiennement 30 000 m3<br />
afin <strong>de</strong> diluer la concentration en<br />
arsenic, nitrates et bore contenus en<br />
proportion trop élevés dans <strong>les</strong> eaux<br />
loca<strong>les</strong>. Le département hongrois est<br />
confronté <strong>de</strong>puis longtemps à ce<br />
grave problème et tente d'y remédier<br />
<strong>de</strong>puis 1980, mais il n'a réussi à faire<br />
tomber le niveau du taux d'arsenic<br />
qu'à 30 microgrammes par litre, la<br />
limite maximum admise par l'UE<br />
étant <strong>de</strong> 10 microgrammes. Les autorités<br />
du département <strong>de</strong> Bekes ont<br />
calculé que pour y parvenir, cela leur<br />
coûterait moins cher <strong>de</strong> construire<br />
une conduite d'eau <strong>de</strong> 30 km <strong>de</strong> long<br />
et <strong>de</strong> s'approvisionner chez leur voisine<br />
plutôt que <strong>de</strong> s'échiner à traiter<br />
leur eau chimiquement.<br />
Repeuplement<br />
<strong>de</strong>s castors<br />
La Roumanie entreprend <strong>de</strong> réintroduire<br />
<strong>les</strong> castors. 650 d'entre eux,<br />
parfois dotés <strong>de</strong> colliers GPS, peuplent<br />
déjà <strong>les</strong> vallées <strong>de</strong> l'Olt, le<br />
Mures et la Ialomita. Des précautions<br />
ont été prises pour <strong>les</strong> empêcher <strong>de</strong><br />
dévaster <strong>les</strong> cultures <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong><br />
terre et <strong>de</strong> choux, dont ils sont<br />
friands, en <strong>les</strong> protégeant par <strong>de</strong>s<br />
clôtures électriques, ou en <strong>les</strong> dissuadant<br />
<strong>de</strong> faire leurs <strong>de</strong>nts sur <strong>les</strong><br />
troncs <strong>de</strong>s arbres fruitiers qui ont été<br />
enduits d'un produit répulsif, à base<br />
<strong>de</strong> chaux et <strong>de</strong> sable.<br />
<br />
Santé<br />
Société<br />
Mort à 36 ans en se vidant <strong>de</strong> son sang<br />
pour une fracture non opérée à temps<br />
Cinq ans après son succès à Cannes, "La mort <strong>de</strong> M. Lazarescu" reste d'actualité<br />
en Roumanie, comme l'illustrent <strong>de</strong>ux malheureuses histoires survenues<br />
en janvier et début février en Moldavie, qui ne sont pas, hélas, isolées. A Pascani<br />
comme à Vaslui, il s'agit d'horreur et non d'erreur médicale.<br />
Le 15 janvier au soir, un agriculteur <strong>de</strong> 36 ans <strong>de</strong> Vanatori, petite commune<br />
du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Iasi, est conduit en urgence par sa femme à l'hôpital <strong>de</strong> Pascani<br />
avec <strong>de</strong>s plaies et fractures <strong>de</strong> la jambe à la suite <strong>de</strong> la charge d'un taureau.<br />
Le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> lui fait un pansement et le renvoie en salle d'attente, lui disant <strong>de</strong><br />
patienter. Sa femme revient le len<strong>de</strong>main… Son mari n'a pas bougé, sa jambe est sanguinolente<br />
et il souffre le martyr. Elle se précipite chez le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> service, chef <strong>de</strong><br />
la clinique <strong>de</strong> chirurgie, qui lui répond qu'il ne peut pas s'occuper <strong>de</strong> lui parce qu'il<br />
n'est pas assuré. Elle l'implore <strong>de</strong> le faire transporter à l'hôpital d'urgence <strong>de</strong> Iasi, se<br />
heurtant à la même réponse et au même refus.<br />
Le surlen<strong>de</strong>main, alors que sa situation et <strong>les</strong> douleurs ont empiré, et que toute la<br />
famille est venue la soutenir, elle supplie le même mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> la laisser au moins<br />
transférer son mari s'il ne veut pas s'en occuper. La réponse est invariable : il n'a pas<br />
d'assurance et ne peut donc pas bénéficier d'un transport en ambulance.<br />
Le troisième jour, sur l'insistance <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> proches du b<strong>les</strong>sé, le mé<strong>de</strong>cin se<br />
déci<strong>de</strong> enfin à l'opérer. Le malheureux est mis dans une chaise ambulante, la jambe<br />
enveloppée dans une serviette pour que le sang ne tâche pas le sol, et conduit dans la<br />
salle d'opération. Quelques minutes plus tard, le mé<strong>de</strong>cin en sort pour indiquer que l'opéré<br />
a fait un stop cardio-respiratoire grave. Il revient quelques instants plus tard pour<br />
annoncer qu'il est mort.<br />
La famille a porté plainte.<br />
L'hôpital <strong>de</strong> Pascani a décidé <strong>de</strong><br />
se séparer du mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>,<br />
qui était un retraité, et <strong>de</strong> suspendre<br />
<strong>de</strong> ses fonctions <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> la<br />
clinique <strong>de</strong> chirurgie pour une<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois, le mé<strong>de</strong>cin<br />
<strong>de</strong> service. L'assistante médicale<br />
qui s'était occupée <strong>de</strong> ce cas<br />
la première nuit a été également<br />
sanctionnée, son salaire étant<br />
diminué <strong>de</strong> 10 % pendant trois<br />
mois, <strong>de</strong>ux infirmières étant L'hôpital <strong>de</strong> Pascani a été durement mis en cause.<br />
mutées disciplinairement. Par<br />
ailleurs, une enquête a été ouverte par le collège <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> Iasi.<br />
Onze heures d'attente pour l'ambulance<br />
Toujours en Moldavie, à Vaslui, un homme <strong>de</strong> 74 ans est mort après avoir attendu<br />
pendant onze heures une ambulance. Hospitalisé dans un premier temps dans un<br />
hôpital <strong>de</strong> Negresti, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins avaient décidé <strong>de</strong> son transfert à Vaslui <strong>de</strong>vant l'aggravation<br />
<strong>de</strong> son état <strong>de</strong> santé. La direction départementale du service <strong>de</strong>s ambulances<br />
a rejeté la faute sur l'hôpital <strong>de</strong> Negresti qui ne lui aurait pas signalé qu'il s'agissait<br />
d'une urgence. Là aussi, une enquête est ouverte par le services départementaux <strong>de</strong><br />
santé. Face à ces cas, toujours fréquents dans le pays, <strong>les</strong> Roumains sont <strong>de</strong> plus en<br />
plus nombreux à réagir et à porter plainte. Les pouvoirs publics et <strong>les</strong> autorités médica<strong>les</strong>,<br />
prenant conscience <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> la situation, rechignent moins à ouvrir <strong>de</strong>s<br />
enquêtes. Cela ne ramène pas cependant <strong>les</strong> victimes à la vie. Le triste état du système<br />
<strong>de</strong> santé reste toujours le problème n°1 <strong>de</strong> la Roumanie.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Enseignement<br />
Avec la<br />
transition<br />
<strong>de</strong> l'économie<br />
roumaine du socialisme<br />
au capitalisme,<br />
métallurgie, sidérurgie<br />
et pétrochimie ont tour<br />
à tour disparu. Les<br />
effectifs salariés dans<br />
ces secteurs ont subi <strong>de</strong>s<br />
coupes répétées, mais<br />
<strong>les</strong> facultés ont pourtant continué à produire à la chaîne <strong>de</strong>s<br />
diplômés. Ce sont ainsi 350 jeunes qui sont entrés en 2009, sur<br />
simple dossier d'admission, à la faculté <strong>de</strong> métallurgie <strong>de</strong><br />
Bucarest, rebaptisée faculté <strong>de</strong>s sciences et du génie <strong>de</strong>s<br />
métaux.<br />
Lorsque Narcisa Mina et son amie se sont inscrites à la fac<br />
voici plusieurs années, <strong>les</strong> grands complexes ALRO et Mitall<br />
Galati (conglomérats sidérurgiques) embauchaient encore.<br />
Entre-temps, ALRO a procédé à <strong>de</strong>s dégraissages dans son<br />
personnel, et Galati ne propose plus <strong>de</strong> postes non plus. Sur le<br />
site <strong>de</strong> recrutement MyJob, la métallurgie n'existe même plus<br />
en tant que critère <strong>de</strong> recherche. Les seu<strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'ingénieurs<br />
métallurgistes émanent <strong>de</strong> l'étranger (Canada et<br />
Australie), et encore sont-el<strong>les</strong> rares.<br />
Des dizaines <strong>de</strong> milliers d'étudiants<br />
pour une poignée d’emplois disponib<strong>les</strong><br />
Une situation tout aussi préoccupante prédomine à la<br />
faculté <strong>de</strong> droit, qui délivre chaque année <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> diplômes.<br />
Une faculté certes utile, mais dont <strong>les</strong> débouchés, sur un<br />
marché du travail saturé, sont problématiques. Les établissements<br />
publics d'enseignement du droit ont admis en 2009 plus<br />
<strong>de</strong> 9 000 étudiants, auxquels s'ajoutent ceux <strong>de</strong> 22 facultés privées.<br />
Mais <strong>les</strong> diplômés <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années n'ont pu déposer<br />
leur candidature que pour 720 places d'avocats stagiaires,<br />
136 postes <strong>de</strong> notaires débutants et 130 places au concours <strong>de</strong><br />
la magistrature. Iuliana Ba<strong>de</strong>a, une experte en recrutement,<br />
constate que la plupart <strong>de</strong>s diplômés en droit s'orientent désormais<br />
vers le marketing et la vente…<br />
L'emploi n'est guère plus au ren<strong>de</strong>z-vous dans d'autres<br />
domaines. Ainsi, malgré <strong>les</strong> problèmes environnementaux que<br />
connaît la Roumanie, le métier <strong>de</strong> "spécialiste <strong>de</strong> l'environnement"<br />
n'offre pas <strong>de</strong> débouchés sur le marché. Et pourtant, <strong>les</strong><br />
facultés continuent <strong>de</strong> former chaque année <strong>de</strong>s milliers d'ingénieurs<br />
<strong>de</strong>s eaux et forêts, sous le prétexte que l'écologie<br />
représente l'avenir. C'est ainsi que <strong>les</strong> mêmes offres <strong>de</strong> forma-<br />
Société<br />
"Les universités son <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s usines<br />
à chômeurs" s'insurge le quotidien A<strong>de</strong>varul<br />
A Pascani, l'horreur médicale Un bout <strong>de</strong> papier qui ne vaut plus rien<br />
9000 étudiants en droit dans<br />
<strong>les</strong> seu<strong>les</strong> universités publiques<br />
sans compter 22 facultés privées…<br />
pour à peine 1000 emplois à pourvoir.<br />
"L'université roumaine est <strong>de</strong>venue une usine à chômeurs. Faute <strong>de</strong> revoir <strong>de</strong>s filières<br />
et <strong>de</strong>s programmes figés <strong>de</strong>puis l'ère communiste, elle forme <strong>de</strong>s diplômés qui restent<br />
sur le carreau", s'insurge le quotidien "A<strong>de</strong>varul", dans un article repris par "Le<br />
Courrier international".<br />
tion se retrouvent dans <strong>les</strong> programmes <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> établissements<br />
d'enseignement supérieur du pays.<br />
Il en va <strong>de</strong> même pour le cursus d'agronomie: bien que l'agriculture<br />
en Roumanie soit gérée très approximativement et<br />
que <strong>de</strong>s spécialistes s'avèrent plus que nécessaires, <strong>les</strong> jeunes<br />
diplômés ne trouvent pas <strong>de</strong> travail. Les fermes d'élevage<br />
industriel n'existent plus, et dans la sylviculture, on licencie.<br />
La seule spécialité qui offre <strong>de</strong>s débouchés est celle <strong>de</strong> "paysagiste".<br />
Préserver <strong>les</strong> emplois<br />
<strong>de</strong>s professeurs universitaires<br />
Malheureusement, bien qu'ils n'offrent pratiquement aucune<br />
perspective d'emploi aux étudiants, <strong>les</strong> enseignants s'accrochent<br />
à leurs chaires. Anca Opris, <strong>de</strong> la Société académique<br />
roumaine, confie que le nombre <strong>de</strong> places proposées par <strong>les</strong><br />
universités est établi selon <strong>de</strong>s critères pour le moins particuliers.<br />
"El<strong>les</strong> s'efforcent d'attirer le plus grand nombre d'étudiants<br />
afin <strong>de</strong> préserver l'emploi <strong>de</strong>s professeurs. El<strong>les</strong> vont<br />
même jusqu'à abaisser <strong>les</strong> standards académiques, <strong>de</strong> peur<br />
que <strong>les</strong> étudiants n'aillent voir ailleurs", explique-t-elle.<br />
L'absence d'un plan économique <strong>de</strong> développement à long<br />
terme complique encore davantage la situation. L'ancien<br />
ministre <strong>de</strong> l'Education, le professeur Mircea Miclea, aujourd'hui<br />
chef <strong>de</strong> la Commission prési<strong>de</strong>ntielle pour l'éducation,<br />
assure avoir essayé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s prévisions à long terme sur l'évolution<br />
industrielle pour orienter <strong>les</strong> universités. Mais "<strong>les</strong><br />
investisseurs n'ont pas été capab<strong>les</strong> <strong>de</strong> me donner <strong>de</strong>s perspectives<br />
sur plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois ans au maximum", plai<strong>de</strong>-t-il.<br />
Sous le régime communiste, rappelle M. Miclea, <strong>les</strong> autorités<br />
étaient obligées d'élaborer une stratégie <strong>de</strong> développement<br />
économique et social sur dix à vingt ans, indiquant si la<br />
Roumanie <strong>de</strong>vait parier sur l'informatique, sur l'agriculture, sur<br />
le tourisme ou sur d'autres secteurs porteurs d'emploi.<br />
Aujourd'hui, un tel schéma ai<strong>de</strong>rait gran<strong>de</strong>ment <strong>les</strong> jeunes à<br />
choisir leur filière. "Les universités en sont arrivées à vendre<br />
<strong>de</strong>s illusions au lieu <strong>de</strong> métiers", déplore-t-il.<br />
Quelque 3 millions <strong>de</strong> Roumains, sur 21 millions d'habitants,<br />
sont partis à l'étranger pour trouver du travail ou étudier.<br />
Mais la majorité <strong>de</strong> ces migrants ne trouvent pas d'emploi à la<br />
hauteur <strong>de</strong> leurs diplômes: ils <strong>de</strong>viennent le plus souvent<br />
femme <strong>de</strong> ménage, chauffeur <strong>de</strong> taxi ou caissière. Pourtant,<br />
15 % <strong>de</strong> la population adulte du pays souhaite encore émigrer,<br />
dont 50 000 jeunes diplômés <strong>de</strong> l'université ou étudiants <strong>de</strong> 3e<br />
cycle. Malgré une directive européenne qui l'impose, la France<br />
ne reconnaît toujours pas <strong>les</strong> diplômes roumains.<br />
Mariana Bechir et Daniela Serb (A<strong>de</strong>varul)<br />
33
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
34<br />
ORADEA<br />
BAIA<br />
MARE<br />
SUCEAVA<br />
IASI<br />
<br />
ARAD<br />
ROSIA M.<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
<br />
FOCSANI<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
BRASOV <br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
PITESTI <br />
CERNAVODA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
<br />
<br />
T. MAGURELE CONSTANTA<br />
Greenpeace<br />
fait condamner<br />
l'Etat roumain<br />
<br />
Le ministère roumain <strong>de</strong><br />
l'Economie a été condamné par la<br />
Justice roumaine à payer un leu <strong>de</strong><br />
dommages et intérêts à l'organisations<br />
Greenpeace Romania pour<br />
avoir refusé <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong>s informations<br />
relatives à l'emplacement <strong>de</strong> la<br />
future centrale nucléaire que l'Etat<br />
prévoit <strong>de</strong> construire. Les juges ont<br />
estimé qu'il s'agissait d'une violation<br />
<strong>de</strong> la constitution roumaine et <strong>de</strong> la<br />
convention internationale d'Aarhus sur<br />
l'accès à l'information. Le ministère<br />
est obligé maintenant <strong>de</strong> mettre ces<br />
informations à la disposition du public.<br />
Quatre emplacements auraient été<br />
retenus le long <strong>de</strong> la rivière Somes,<br />
en Transylvanie pour la réalisation <strong>de</strong><br />
cette centrale dont la puissance totale<br />
serait comprise entre 2000 et<br />
3000 MW. Actuellement, la Roumanie<br />
dispose d'une seule centrale, à<br />
Cernavoda, avec <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong><br />
700 MW chacun qui produisent 18 %<br />
<strong>de</strong> la consommation nationale d'électricité.<br />
Deux autres réacteurs doivent<br />
être achevés en 2<strong>01</strong>5 pour un coût<br />
total <strong>de</strong> 4 milliards d'euros.<br />
Environnement<br />
Société<br />
Un oligarque russe veut relancer<br />
l'exploitation <strong>de</strong> la mine d'or fermée<br />
Un Rosia Montana bis à Baia Mare ?<br />
Le magnat russe Mihail Prokhorov s'apprête à relancer l'exploitation <strong>de</strong> la<br />
mine d'or <strong>de</strong> Baia Mare dans le Maramures dont il est <strong>de</strong>venu récemment le propriétaire<br />
et qui avait été fermée après avoir provoqué la plus importante pollution<br />
que la Roumanie ait connu, en 2000.<br />
Al'époque, un bassin <strong>de</strong> décantation au cyanure avait rejeté ses déchets dans<br />
la rivière Tisza, affluent du Danube, causant d'importants dégâts jusqu'en<br />
Hongrie et entraînant la fermeture du site ainsi qu'une crise dans <strong>les</strong> relations<br />
avec Budapest. L'histoire va-t-elle se répéter ? Mihail Prokhorov a déjà déposé<br />
une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'exploitation qu'il compte calquer sur celle <strong>de</strong> Rosia Montana, utilisant à<br />
nouveau le cyanure, et a indiqué qu'il comptait investir 100 M€. Mais alors que dans<br />
<strong>les</strong> Apuseni, ce sont une vallée et un site archéologique qui risquent <strong>de</strong> disparaître, dans<br />
le Marmures c'est la ville <strong>de</strong> Baia Mare, déjà l'une <strong>de</strong>s cités <strong>les</strong> plus polluées du pays<br />
qui sera directement menacée. Le magnat russe a<br />
promis la création <strong>de</strong> 500 emplois, recevant l'appui<br />
<strong>de</strong> syndicats ainsi que celui asez étonnant du<br />
responsable <strong>de</strong> l'environnement du ju<strong>de</strong>t qui a<br />
déclaré que <strong>les</strong> normes européennes <strong>de</strong> protection<br />
<strong>de</strong> l'environnement seraient respectées,<br />
"l'eau arrivant à une concentration <strong>de</strong> 10 mg <strong>de</strong><br />
cyanure par litre à la sortie <strong>de</strong> la mine, cette substance<br />
étant décomposée ensuite naturellement<br />
par <strong>les</strong> rayons ultra-violets du soleil dans <strong>les</strong><br />
bassins <strong>de</strong> décantation, le reliquat <strong>de</strong> cyanure<br />
étant traité dans la station d'épuration que le<br />
nouveau propriétaire projette <strong>de</strong> construire".<br />
Ca<strong>de</strong>au empoisonné<br />
Première fortune <strong>de</strong> Russie,<br />
proche <strong>de</strong> Poutine, Mihail Prokhorov<br />
a fait parler <strong>de</strong> lui dans <strong>les</strong> colonnes<br />
faits divers <strong>de</strong>s journaux.<br />
Plus grosse fortune <strong>de</strong> Russie, (8 milliards d'euros, mais 18 milliards avant la crise)<br />
Mikhaïl Prokhorov est un proche <strong>de</strong> Poutine et <strong>de</strong> sa sphère KGB-mafia d'oligarques.<br />
Ce magnat <strong>de</strong> 45 ans a été déstabilisé après son arrestation médiatisée et pour le moins<br />
inattendue ainsi que 25 autres personnes dans la station huppée <strong>de</strong> Courchevel en janvier<br />
2007 dans le cadre d'une enquête sur un réseau présumé <strong>de</strong> prostitution. Courchevel<br />
est le repaire <strong>de</strong>s jeunes gol<strong>de</strong>n-boys bling-bling <strong>de</strong> l'Est dont Prokhorov fait partie.<br />
L'enquête judiciaire n'a jamais abouti.<br />
Mikhaïl Prokhorov a fait à nouveau beaucoup parler <strong>de</strong> lui lors <strong>de</strong> l'été 2008 lorsque<br />
la presse a prétendu que c'était lui qui voudrait racheter pour la somme incroyable <strong>de</strong><br />
496 millions d'euros la villa Léopolda à Villefranche-sur-mer, appartenant à Lily Safra,<br />
veuve du milliardaire suisse d'origine libanaise Edmond Safra (mort en 1999 dans l'incendie<br />
d'un immeuble monégasque). Ces rumeurs ont été aussitôt démenties par<br />
Prokhorov qui a nié être l'acheteur secret <strong>de</strong> la villa Leopolda. Et l'oligarque russe d'affirmer<br />
qu'il ne ferait plus jamais d'affaires en France tant que <strong>les</strong> autorités françaises ne<br />
lui auraient pas présenté <strong>les</strong> excuses officiel<strong>les</strong> pour la fâcheuse histoire <strong>de</strong> Courchevel.<br />
C'est donc la Roumanie qui risque d'hériter <strong>de</strong> ce ca<strong>de</strong>au empoisonné.<br />
Le site <strong>de</strong> Rosia Montana proposé au patrimoine <strong>de</strong> l'Unesco<br />
Afin <strong>de</strong> protéger le site archéologique <strong>de</strong> Rosia Montana, dont la vallée, contenant <strong>de</strong>s gisements aurifères, est menacée<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction par une exploitation utilisant le cyanure, le ministre <strong>de</strong> la Culture et du Patrimoine national, Kelemen<br />
Hunor, a <strong>de</strong>mandé qu'il soit classé au patrimoine mondial <strong>de</strong> l'UNESCO. Jusqu'ici, le ministre, d'origine magyare, s'était<br />
fait discret sur la question, mais peu <strong>de</strong> jours avant sa prise <strong>de</strong> position Budapest avait tapé du point sur la table, réclamant l'abandon<br />
du projet, à la fois proche <strong>de</strong> son territoire et situé dans une zone où vivent <strong>de</strong>s Hongrois.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Environnement<br />
Réunis à Vienne, <strong>les</strong> représentants <strong>de</strong>s pays riverains du Danube<br />
(Allemagne, Autriche, Hongrie, Croatie, Bosnie, Bulgarie, Roumanie,<br />
République tchèque, Slovaquie, Serbie, Slovénie, Ukraine, Monténégro et<br />
Moldavie) ainsi que <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Commission européenne ont adopté un<br />
plan <strong>de</strong> gestion à mettre en oeuvre d'ici 2<strong>01</strong>5 afin "d'améliorer la situation environnementale<br />
du fleuve et <strong>de</strong> ses affluents". Il s'agit notamment <strong>de</strong> réduire la pollution<br />
d'origine humaine <strong>de</strong> cette importante voie fluviale, par une série <strong>de</strong> mesures allant<br />
<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> centra<strong>les</strong> hydro-électriques à l'interdiction <strong>de</strong>s détergents<br />
contenant <strong>de</strong>s phosphates en passant par une gestion <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> pollution<br />
acci<strong>de</strong>ntelle et l'entretien <strong>de</strong>s marais et digues longeant le fleuve. Des plans <strong>de</strong> prévention<br />
<strong>de</strong>s inondations avec l'instauration <strong>de</strong> barrières naturel<strong>les</strong> et l'amélioration<br />
<strong>de</strong>s systèmes d'alerte et prévisions sont également prévus.<br />
Minorités<br />
Le secrétaire d'État français aux<br />
Affaires européennes, Pierre<br />
Lellouche, en visite à<br />
Bucarest le 11 férvrier, a obtenu du gouvernement<br />
roumain qu'il nomme un<br />
responsable <strong>de</strong> la réinsertion <strong>de</strong>s Roms,<br />
chargé <strong>de</strong> veiller à ce qu'ils ne<br />
reviennent pas en France<br />
après avoir été expulsés.<br />
Pierre Lellouche, qui était<br />
accompagné <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux députés<br />
<strong>de</strong> l'UMP (Union pour un<br />
mouvement populaire, majorité<br />
prési<strong>de</strong>ntielle), Lionnel<br />
Luca et Jean-Marc Roubaud,<br />
ainsi que du député socialiste<br />
Dominique Raimbourg, a été<br />
reçu peu après son arrivée par le Premier<br />
ministre roumain Emil Boc.<br />
A l'issue <strong>de</strong> leur entretien, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
hommes ont annoncé trois décisions. La<br />
première est la nomination d'un secrétaire<br />
d'État chargé <strong>de</strong> la réinsertion <strong>de</strong>s<br />
Roms auprès du ministère du Travail et<br />
du Premier ministre, "ce qui va permett-<br />
Société<br />
Le nettoyage du Danube mis en œuvre d'ici 2<strong>01</strong>5<br />
Dans un rapport l'association <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s droits<br />
<strong>de</strong> l'Homme Amnesty International appelle <strong>les</strong><br />
autorités roumaines à "arrêter <strong>les</strong> expulsions forcées<br />
<strong>de</strong> Roms et à reloger sans délai" ceux qui vivent dans <strong>de</strong>s<br />
endroits insalubres, notamment à proximité <strong>de</strong> décharges<br />
publiques. Selon cette étu<strong>de</strong> d'Amnesty International, "à travers<br />
le pays, <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> roms sont expulsées <strong>de</strong> leurs maisons<br />
contre leur volonté", perdant "leurs biens, leurs contacts<br />
Près <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s Tsiganes renvoyés<br />
en Roumanie reviendraient clan<strong>de</strong>stinement en France<br />
Paris encourage Bucarest dans la voie <strong>de</strong> la résinsertion<br />
re", a expliqué Pierre Lellouche, "à nous<br />
Français et Européens, d'accompagner<br />
la réinsertion <strong>de</strong>s Roms en Roumanie".<br />
Ce "suivi" nécessaire, a-t-il dit, était le<br />
"chaînon manquant" dans la surveillance<br />
et la réinsertion. La <strong>de</strong>uxième décision<br />
Un squat tsigane dans la région <strong>de</strong> Nice.<br />
est l'envoi <strong>de</strong> policiers et <strong>de</strong> magistrats<br />
roumains en France "pour nous ai<strong>de</strong>r à<br />
démanteler <strong>les</strong> trafics d'êtres humains",<br />
a-t-il poursuivi. La troisième est une<br />
"politique <strong>de</strong> coopération" pour "mobiliser<br />
<strong>de</strong>s fonds européens au service <strong>de</strong> la<br />
réinsertion <strong>de</strong> la communauté rom".<br />
Cette politique, a précisé le responsable<br />
Une petite fille se baigne<br />
dans le Danube <strong>de</strong>vant une usine<br />
pestici<strong>de</strong> à Turnu Magurele, en août 20<strong>03</strong>.<br />
français, "va s'appuyer sur la conférence<br />
européenne <strong>de</strong> Cordoue (Espagne), en<br />
avril, sur <strong>les</strong> Roms".<br />
Emil Boc a qualifié <strong>de</strong> "très directes"<br />
<strong>les</strong> discussions et évoqué une "tolérance<br />
zéro" à l'égard <strong>de</strong>s réseaux criminels qui<br />
encouragent <strong>les</strong> Roms à se rendre<br />
clan<strong>de</strong>stinement en France.<br />
Huit mille Roms ont été reconduits<br />
<strong>de</strong> France vers la<br />
Roumanie en 2009 avec en<br />
poche 300 € par adulte et 100<br />
€ par enfant, mais près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
tiers d'entre eux reviendraient<br />
clan<strong>de</strong>stinement en France.<br />
"Nous voulons traiter cette<br />
affaire <strong>de</strong> façon humaine et<br />
intelligente", avait dit Pierre Lellouche<br />
avant d'arriver à Bucarest, en soulignant<br />
le caractère délicat <strong>de</strong> la visite, dont l'objet<br />
"ne divise pas la droite et la gauche<br />
françaises", comme en témoigne la présence<br />
d'un député socialiste. Entre 20 000<br />
et 30 000 Roms d'origine roumaine rési<strong>de</strong>nt<br />
actuellement en France.<br />
Amnesty International dénonce<br />
<strong>les</strong> expulsions <strong>de</strong> Tsiganes <strong>de</strong> leurs logements<br />
sociaux, ainsi que leur accès au travail et aux services<br />
sociaux. Ces expulsions sans annonce préalable, sans consultation<br />
et en l'absence d'un logement alternatif perpétuent la<br />
ségrégation raciale et représentent une violation <strong>de</strong>s engagements<br />
internationaux <strong>de</strong> la Roumanie", note Amnesty. Plus <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> Roms vivent en Roumanie. Cette communauté<br />
connaît un taux <strong>de</strong> pauvreté, <strong>de</strong> chômage et d'illettrisme<br />
<strong>de</strong>ux à trois fois plus élevé que la moyenne nationale.<br />
35
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
36<br />
SATU<br />
MARE<br />
SUCEAVA<br />
<br />
IASI<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
<br />
MURES BACAU<br />
ARAD<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
BRASOV<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
TÂRGOVISTE GALATI <br />
<br />
TG. JIU PITESTI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Tiriac était<br />
"Titi Ionescu"<br />
Ion Tiriac, ancien champion <strong>de</strong><br />
tennis et, aujourd'hui, 3ème plus riche<br />
Roumain avec une fortune estimée<br />
entre 850 et 900 M€, avait signé un<br />
engagement comme informateur <strong>de</strong> la<br />
Securitate en 1963, a révélé le<br />
CNSAS, organisme chargé <strong>de</strong> faire le<br />
point sur <strong>les</strong> collaborateurs <strong>de</strong> l'ancienne<br />
police politique. Son nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong><br />
était "Titi Ionescu". Le CNSAS a<br />
cependant indiqué qu'à cause <strong>de</strong> la<br />
mauvaise volonté du sportif, la Securitate<br />
avait mis un terme à cette colloboration,<br />
3 ans plus tard. Tiriac, 24 ans à<br />
l'époque, s'était marié la même année<br />
avec la handaballeuse est-alleman<strong>de</strong><br />
Erika Braed. Son rôle était <strong>de</strong> rapporter<br />
<strong>les</strong> discussions qu'il avait avec <strong>les</strong><br />
sportifs et délégations étrangères catalogués<br />
comme suspects, venant en<br />
Roumanie. La CNSAS n'a retrouvé<br />
que <strong>de</strong>ux traces écrites <strong>de</strong> ses rapports,<br />
dont l'un concernant <strong>les</strong> rencontres<br />
<strong>de</strong> coupe Davis opposant son pays<br />
à l'Afrique du Sud. Tiriac avait remporté<br />
le double avec son co-équipier<br />
Alexandru Bardan, qui est aujourd'hui<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fédération<br />
Roumaine <strong>de</strong> Tennis.<br />
La gran<strong>de</strong> cathédrale<br />
bientôt en chantier<br />
Longtemps repoussée, la construction<br />
<strong>de</strong> la controversée gran<strong>de</strong> cathédrale<br />
<strong>de</strong> Bucarest "La repentance du<br />
peuple" va débuter au mois d'août, a<br />
annoncé le Patriarche Daniel. Elle<br />
sera édifiée à proximité du palais du<br />
Parlement et affichera <strong>de</strong>s mensurations<br />
impressionnantes: 120 mètres <strong>de</strong><br />
long, 70 <strong>de</strong> large, une surface <strong>de</strong> 38<br />
000 mètres carrés et une capacité <strong>de</strong><br />
5000 personnes. Coût : 200 millions<br />
d'euros (maquette ci-contre).<br />
<br />
Religion<br />
Société<br />
Le métropolite <strong>de</strong> Cluj a-t-il<br />
collaboré avec la Securitate ?<br />
Souvent mis en cause pour ses compromissions avec l'ancien régime communiste,<br />
l'Eglise orthodoxe roumain (BOR) reproche au Conseil national d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
archives <strong>de</strong> la Securitate (CNSAS) <strong>de</strong> mener <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> dénigrement à son<br />
encontre. Celui-ci se défend et rappelle la loi sur le droit d'accès aux archives.<br />
Le métropolite <strong>de</strong> Cluj, "martyr ou tortionnaire<br />
<strong>de</strong> la prison d'Aiud" sous le régime<br />
communiste? Cette question, c'est un journaliste<br />
du quotidien Evenimentul Zilei qui se la pose<br />
dans un article paru le 12 janvier. Témoignages d'anciens<br />
détenus à l'appui, ce <strong>de</strong>rnier entend démontrer<br />
le rôle <strong>de</strong> collaborateur qu'a eu Valeriu Anania à l'époque<br />
<strong>de</strong>s faits. Arrêté par la Securitate et enfermé<br />
pendant six ans dans la prison d'Aiud entre 1958 et<br />
1964, le jeune prêtre aurait choisi <strong>de</strong> collaborer avec<br />
<strong>les</strong> tortionnaires pour jouer "un rôle important dans<br />
le processus <strong>de</strong> rééducation <strong>de</strong>s détenus", peut-on lire.<br />
Cet article se base notamment sur une note du CNSAS, rendue publique le 22 janvier<br />
2008, qui affirme que Valeriu Anania a collaboré avec la Securitate sous le nom <strong>de</strong><br />
co<strong>de</strong> "Apostol" ("Apôtre"). Ces accusations ont suscité la colère <strong>de</strong>s autorités religieuses.<br />
Le bureau <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> la Métropolie <strong>de</strong> Cluj a remis au journal Evenimentul Zilei<br />
un droit <strong>de</strong> réplique, dans lequel elle insiste sur le manque <strong>de</strong> preuves "concluantes et<br />
indubitab<strong>les</strong>" du journaliste dans <strong>les</strong> accusations qu'il porte.<br />
Quelques jours plus tard, c'est la Patriarchie roumaine elle-même qui, par le biais<br />
d'un communiqué <strong>de</strong> presse, accuse une campagne <strong>de</strong> "dénigrement" du clergé orthodoxe<br />
par <strong>de</strong>s fuites d'informations "douteuses" vers <strong>de</strong>s "mercenaires médiatiques" et<br />
d'autres personnes qui cherchent "à humilier et à frapper" <strong>les</strong> serviteurs <strong>de</strong> l'Eglise avant<br />
l'avis <strong>de</strong>s instances civi<strong>les</strong>.<br />
"Obstination"… ou droit à la vérité ?<br />
Nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> "Apostol"<br />
"Le CNSAS continue <strong>de</strong> montrer son incapacité à évaluer <strong>de</strong> façon objective l'attitu<strong>de</strong><br />
du clergé orthodoxe <strong>de</strong>vant le régime communiste", peut-on encore lire dans ce<br />
communiqué. Les accusations proférées par la Patriarchie roumaine ont été repoussées<br />
immédiatement par <strong>les</strong> représentants du CNSAS. "Nous ne dirigeons aucune campagne<br />
contre aucune institution en général, encore moins contre un culte entier. S'il est question<br />
<strong>de</strong> <strong>document</strong>s apparus dans la presse ces <strong>de</strong>rnières semaines, ceux-ci n'ont pas été<br />
donnés par le CNSAS mais par <strong>de</strong>s personnes qui <strong>les</strong> ont obtenus en vertu du droit d'accès<br />
aux dossiers", a répondu Claudiu Secasiu, l'un <strong>de</strong>s membres du collège du CNSAS,<br />
cité par l'agence <strong>de</strong> presse NewsIn. Une explication qui est loin <strong>de</strong> satisfaire <strong>les</strong> prélats.<br />
Contacté par Lepetitjournal.com, le prêtre Constantin Necula, <strong>de</strong> l'archiépiscopat <strong>de</strong><br />
Sibiu accuse "l'obstination" avec laquelle le CNSAS s'applique à décrédibiliser l'Eglise<br />
orthodoxe. Pour lui, <strong>les</strong> "campagnes" menées par le CNSAS à l'encontre <strong>de</strong> l'Eglise servent<br />
<strong>de</strong>s "intérêts politiques" et en aucun cas la "vérité historique" .<br />
"L'Eglise est dépassée par toutes ces accusations.<br />
C'est certain qu'aujourd'hui, elle doit<br />
reconnaître ses fautes", admet-il, mais sans que<br />
<strong>les</strong> collaborateurs soient faits "criminels"... "Les<br />
vrais criminels promènent aujourd'hui leurs<br />
enfants dans <strong>les</strong> parcs et vont tous <strong>les</strong> dimanches<br />
à l'Eglise", conclut-il avec colère.<br />
Jonas Mercier<br />
(www.lepetitjournal.com / Bucarest)<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Insolite<br />
A pied d'œuvre<br />
L'administration pénitentiaire roumaine va<br />
confier à un <strong>de</strong> ses protégés la conception <strong>de</strong> la<br />
première prison privée du pays. Nicolae<br />
Popescu, ancien architecte en chef du secteur Voluntari <strong>de</strong><br />
Bucarest est en effet <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> barreaux <strong>de</strong>puis septembre<br />
<strong>de</strong>rnier, après sa condamnation pour avoir exigé et reçu<br />
<strong>de</strong>s pots <strong>de</strong> vin <strong>de</strong> ses commanditaires. S'ennuyant dans sa<br />
cellule, il s'est mis au travail, faisant venir une planche à<br />
<strong>de</strong>ssins. La société chargée du projet a été heureuse <strong>de</strong><br />
trouver un professionnel expérimenté, l'administration,<br />
quelqu'un qui connaissait désormais bien le milieu. Le seul<br />
engagement qu'ait pris l'architecte est <strong>de</strong> ne pas utiliser <strong>les</strong><br />
plans qu'il va <strong>de</strong>ssiner pour faciliter son éventuelle évasion,<br />
s'il était transféré dans l'établissement qu'il conçoit.<br />
Cigarettes radioactives<br />
La vallée <strong>de</strong> Jiu est actuellement<br />
inondée par <strong>de</strong>s stocks<br />
<strong>de</strong> cigarettes <strong>de</strong> contreban<strong>de</strong>,<br />
venant <strong>de</strong> Moldavie et d'Ukraine, en<br />
empruntant un circuit passant par le<br />
Maramures ou Satu Mare. Ce marché<br />
noir, qui concerne aussi d'autres pays<br />
Galati mérite le livre <strong>de</strong>s records<br />
Le record n'est pas homologué et <strong>les</strong> édi<strong>les</strong> locaux<br />
n'y tiennent sans doute pas… La rue qui mène à<br />
la gare <strong>de</strong> Galati, empruntée quotidiennement<br />
par <strong>de</strong>s voitures, contient pas moins <strong>de</strong> 323 trous en 500<br />
mètres, soit plus d'un tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mètres ! Les chauffeurs<br />
<strong>de</strong> taxis qui conduisent leurs clients pour prendre le bus ou<br />
le train sont <strong>les</strong> plus touchés et <strong>les</strong> plus en colère. Ils doivent<br />
faire procé<strong>de</strong>r à une révision générale <strong>de</strong> leur véhicule<br />
au moins tous <strong>les</strong> six mois, changer la suspension, <strong>les</strong> biel<strong>les</strong>,<br />
la direction, <strong>les</strong> jantes, sans compter le nombre <strong>de</strong> fois<br />
où ils doivent se rendre chez le "vulcanizator" pour <strong>les</strong><br />
pneus abîmés ou crevés.<br />
Société<br />
Une statue <strong>de</strong> Lénine rose et en chocolat<br />
Le 3 mars 1990, le grutier Gheorghe Gavri<strong>les</strong>cu venait <strong>de</strong> sa propre<br />
initiative avec un engin <strong>de</strong> levage, enlever <strong>de</strong> son socle la statue en bronze<br />
<strong>de</strong> 7 mètres <strong>de</strong> haut <strong>de</strong> Lénine, qui trônait <strong>de</strong>vant la Casa Scinteii, le<br />
grand bâtiment <strong>de</strong> style stalinien <strong>de</strong> Bucarest, abritant la presse communiste. Le 26<br />
janvier <strong>de</strong>rnier, jour <strong>de</strong> l'anniversaire <strong>de</strong> Ceausescu, Ioana Ciocan, artiste plasticienne,<br />
l'a remplacée par une autre statue du dirigeant <strong>de</strong> la Révolution d'octobre,<br />
mais <strong>de</strong> dimension plus mo<strong>de</strong>ste - 3 mètres <strong>de</strong> haut - <strong>de</strong> couleur rose, faite en polyester…<br />
et recouverte <strong>de</strong> bonbons et <strong>de</strong> chocolat.<br />
Le but <strong>de</strong> l'artiste était <strong>de</strong> provoquer une réaction afin que <strong>de</strong>s pans entiers <strong>de</strong><br />
l'histoire du pays ne soient pas gommés <strong>de</strong>s mémoires. Ioana Ciocan milite pour<br />
que soit ouvert un musée <strong>de</strong> l'Art sous l'époque communiste, comme il en existe en<br />
Pologne, ex-Allemagne <strong>de</strong> l'Est, Hongrie, République Tchèque et que l'on n'efface<br />
pas purement et simplement une époque <strong>de</strong> 50 ans. Sa statue n'était pas mangeable<br />
et pas plus digérable que le communisme, a-t-elle précisé.<br />
d'Europe centrale et <strong>de</strong> l'Est, est d'autant<br />
plus intéressant que le prix <strong>de</strong>s cigarettes<br />
<strong>de</strong> fabrication locale a bondi avec l'augmentation<br />
<strong>de</strong>s taxes, le paquet frisant<br />
dorénavant <strong>les</strong> 2 €, soit un cinquième du<br />
salaire quotidien moyen. L'ennui, c'est<br />
qu'el<strong>les</strong> sont fabriquées avec du tabac<br />
cultivé aux alentours <strong>de</strong> Tchernobyl,<br />
planté dans <strong>de</strong>s terrains pourtant impropres<br />
à toute culture pour <strong>de</strong>s décennies.<br />
Des doutes sérieux pour la santé <strong>de</strong>s<br />
fumeurs se font jour, même si aucune<br />
preuve <strong>de</strong> leur nocivité n'a pu encore être<br />
établie.<br />
Hôte royal indésirable<br />
Débarqué <strong>de</strong>puis moins <strong>de</strong> 24 heures à Londres et ne<br />
sachant où loger, un jeune Roumain à sauter le mur<br />
d'une caserne, trouvant un refuge pour la nuit dans un<br />
local souterrain <strong>de</strong> Buckingham Palace où il a été trouvé profondément<br />
endormi par une police sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>nts. Sans être aperçu dans un<br />
premier temps, il avait été finalement signalé pour avoir franchi<br />
cette enceinte du régiment <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong> Sa<br />
gracieuse Majesté.<br />
Suspecté d'être un terroriste d'Al Quaïda, il a été finalement<br />
relâché après plusieurs heures d'interrogatoire, un officier enquêteur<br />
reconnaissant que cette histoire était "assez gênante", relevant<br />
que la sécurité <strong>de</strong>s lieux "laissait à désirer".<br />
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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
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CONSTANTA<br />
Ski <strong>de</strong> fond: enfin<br />
un titre roumain<br />
Paul Constantin Pepene, 22 ans,<br />
est <strong>de</strong>venu champion du mon<strong>de</strong><br />
junior<br />
(moins <strong>de</strong><br />
23 ans) <strong>de</strong><br />
ski <strong>de</strong><br />
fond, dans<br />
la catégorie<br />
30 km<br />
aux<br />
championnats<br />
qui se<br />
sont<br />
déroulés<br />
fin janvier<br />
à Hinterzaten en Allemagne. Deux<br />
jours plus tôt, son compatriote<br />
Petrica Hogiu avait terminé 2ème du<br />
20 km. Jusqu'ici, La Roumanie n'avait<br />
remporté qu'une seule médaille<br />
en sports d'hiver, le bronze, en bobsleigh,<br />
grâce à Ion Pantaru, en 1968,<br />
aux J.O. <strong>de</strong> Grenoble. Cette 3ème<br />
place lui avait valu la remise par<br />
Ceausescu d'un "diplôme <strong>de</strong> reconnaissance<br />
éternelle"... ce qui ne l'avait<br />
pas empêché, quelques années<br />
plus tard, d'être à <strong>de</strong>ux doigts <strong>de</strong> son<br />
exclusion du Parti communiste pour<br />
n'avoir terminé que 5ème.<br />
Descente aux enfers<br />
Jamais l'équipe nationale <strong>de</strong> football<br />
roumaine n'avait été classée<br />
aussi bas dans la hiérarchie mondiale<br />
par la Fédération Internationale <strong>de</strong><br />
Football, dont le classement existe<br />
<strong>de</strong>puis 1992. Avec 745 points, <strong>les</strong><br />
successeurs <strong>de</strong> Hagi figurent à la<br />
38ème place, reculant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux places<br />
par rapport au classement précé<strong>de</strong>nt.<br />
L'Espagne est en tête, suivie du<br />
Brésil. La France est 7ème.<br />
<br />
Sports<br />
Société<br />
Décrocher une médaille<br />
aurait été un véritable exploit<br />
Mission impossible à Vancouver<br />
Aux J.O. d'hiver <strong>de</strong> Vancouver, la Roumanie était représentée par une délégation<br />
<strong>de</strong> 29 sportifs, dont trois pour le ski alpin, autant pour le ski <strong>de</strong> fond, un patineur,<br />
le reste étant constitué par <strong>les</strong> équipages <strong>de</strong> bobsleigh, <strong>de</strong> traîneaux et <strong>les</strong><br />
compétiteurs <strong>de</strong> biathlon. Comme prévu, dans un sport qui a toujours été laissé en<br />
déshérence, <strong>les</strong> Roumains n'ont ramené aucune médaille au pays.<br />
La Roumanie a <strong>de</strong>s montagnes et <strong>de</strong> la neige, mais <strong>les</strong> disciplines sportives<br />
hiverna<strong>les</strong> n'y ont jamais trouvé grâce. Il n'y existe aucune patinoire, pistes<br />
<strong>de</strong> ski ou tremplins pour <strong>les</strong> sauts, homologués, alors que le nombre <strong>de</strong> stations<br />
<strong>de</strong> sports d'hiver et <strong>de</strong> patinoires pour le public ne cesse d'augmenter. Les rares<br />
champions sont obligés <strong>de</strong> partir six ou sept mois à l'étranger chaque année pour s'entraîner.<br />
Edit Miklos, la seule skieuse <strong>de</strong> l'équipe roumaine prend régulièrement le chemin<br />
<strong>de</strong> l'Autriche… Elle a même pris le tic <strong>de</strong> dire "je retourne chez moi".<br />
Paul Pepene qui vient <strong>de</strong> donner à la Roumanie son premier titre, <strong>de</strong>venant champion<br />
du mon<strong>de</strong> junior <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> fond sur 30 km, avoue passer 70 % <strong>de</strong> sa vie loin du pays,<br />
en Autriche l'hiver, et en Bulgarie l'été où il peut s'entraîner et entretenir son souffle et<br />
sa musculation car il y existe <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> rollers spécialement conçus pour sa discipline.<br />
"Quand je suis en Roumanie, je m'entraîne dans la rue, entre <strong>les</strong> voitures" déploret-il,<br />
rajoutant qu'il a <strong>de</strong> la chance car il a trouvé <strong>de</strong>s sponsors qui paient ses séjours à<br />
l'étranger. Le jeune champion confie qu'il s'en sort surtout grâce à l'ai<strong>de</strong> ses parents, son<br />
club, le Dinamo Bucarest l'in<strong>de</strong>mnisant à hauteur <strong>de</strong> 170 € par mois. La situation est<br />
i<strong>de</strong>ntique pour Zoltan Kelemen, champion <strong>de</strong> Roumanie <strong>de</strong> patinage artistique. Son<br />
club Miercurea Ciuc, l'a gratifié <strong>de</strong> 120 € mensuels pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mois précé<strong>de</strong>nts <strong>les</strong><br />
J.O.. Toutefois sa Fédération prend en charge son hébergement à l'étranger. Pour le<br />
reste, il s'en remet à sa mère… "J'aime trop le patinage pour renoncer" affirme le<br />
champion qui a 23 ans et a tout <strong>de</strong> même terminé 19ème au championnat d'Europe.<br />
Championnats <strong>de</strong> Roumanie… en Pologne<br />
Sans moyens, <strong>les</strong> fédérations ne sont pas à incriminer. D'ailleurs, faute <strong>de</strong> structures<br />
adéquates, el<strong>les</strong> en sont réduites à faire disputer certains championnats nationaux à<br />
l'étranger. Le titre <strong>de</strong> champion <strong>de</strong> saut est attribué en Pologne ou en Autriche. Les<br />
voleurs <strong>de</strong> ferraille ont désossé le seul tremplin du pays, à Sacele, près <strong>de</strong> Brasov. Si<br />
el<strong>les</strong> arrivent à fournir en matériel leurs champions <strong>de</strong> ski ou <strong>de</strong> patinage, l'équipement<br />
n'étant pas trop coûteux, il en va tout autrement en ce qui concerne le bobsleigh et <strong>les</strong><br />
traîneaux où il peut atteindre <strong>de</strong>s milliers d'euros. C'est ainsi qu'Emanoil Savin, le maire<br />
<strong>de</strong> Busteni, station <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Prahova, près <strong>de</strong> Sinaia, a lancé une quête publique<br />
pour acheter <strong>de</strong>ux traîneaux <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière génération aux sœurs Raluca et Violeta<br />
Stramaturaru, originaires <strong>de</strong> l'endroit, sélectionnées pour représenter la Roumanie à<br />
Vancouver. Il a collecté 15 000 € dont 1000 € remis par Lucian Bute, champion du<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> boxe.<br />
Euro 2<strong>01</strong>2: France et Roumanie ne se quittent plus<br />
Décidément le sort s'acharne à<br />
se faire affronter France et<br />
Roumanie. Les <strong>de</strong>ux équipes<br />
font partie du même groupe <strong>de</strong> qualification<br />
<strong>de</strong> l'Euro 2<strong>01</strong>2 qui se déroulera en<br />
Pologne et Ukraine. Comme en 2008... et<br />
comme pour <strong>les</strong> pou<strong>les</strong> <strong>de</strong> qualification à<br />
la coupe du Mon<strong>de</strong> en Afrique du Sud <strong>de</strong><br />
juillet prochain. El<strong>les</strong> se rencontreront en<br />
matchs aller-retour et auront comme<br />
adversaires la Bosnie-Herzégovine, la<br />
Biélorussie, l'Albanie et le Luxembourg.<br />
Les premiers matchs auront lieu dès l'automne<br />
prochain, la France recevant la<br />
Roumanie le 9 octobre et lui rendant visite<br />
le 6 septembre 2<strong>01</strong>1. La France et la<br />
Roumanie se sont déjà rencontrées à 13<br />
reprises, la première s'imposant six fois, la<br />
secon<strong>de</strong> trois fois. Les trois <strong>de</strong>rnières rencontres<br />
se sont terminées sur un score nul.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
IARNA<br />
2009<br />
<strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />
Société<br />
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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
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BACAU<br />
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Ours d'argent à Berlin<br />
pour Florin Serban<br />
Il ne se passe plus <strong>de</strong> festivals internationaux<br />
sans qu'un film roumain<br />
ne soit primé et un nouveau réalisateur<br />
découvert. Le festival <strong>de</strong> Berlin,<br />
le plus prestigieux en Europe après<br />
Cannes vient <strong>de</strong> décerner un ours<br />
d'argent à "Eu cand vreau sa fluier,<br />
fluier", ("Si je veux siffler, je siffle")<br />
qui fait le portrait d'un jeune délinquant<br />
en maison <strong>de</strong> correction, et le<br />
Prix Alfred Bauer pour cette œuvre,<br />
qui ouvre <strong>de</strong>s perspectives nouvel<strong>les</strong><br />
dans l'art cinématographique, à son<br />
jeune réalisateur Florin Serban.<br />
Le trophée lui a été remis par l'actrice<br />
Renée Zellweger. Le Turc Semih<br />
Kaplanoglu a reçu l'Ours d'or pour<br />
"Bal"/"Honey", et le franco-Polonais<br />
(et Suisse "malgré lui") Roman<br />
Polanski un ours d'argent comme<br />
meilleur metteur en scène.<br />
Sous-titrage<br />
en roumain dans<br />
<strong>les</strong> cinémas moldaves<br />
Boris Focsa, ministre <strong>de</strong> la culture<br />
Moldave a décidé que <strong>les</strong> films étrangers<br />
projetés dans le pays, soit leur<br />
quasi-totalité, <strong>de</strong>vraient être doublés<br />
ou sous-titrés en roumain. Jusqu'ici,<br />
ils l'étaient en russe. Cette mesure a<br />
mécontenté le co-propriétaire du principal<br />
réseau <strong>de</strong> cinémas <strong>de</strong> la petite<br />
République, Victor Selin, pro-russe,<br />
qui a prédit qu'elle ferait fuir 90 % <strong>de</strong>s<br />
spectateurs et a indiqué que son coût<br />
aggraverait encore la crise du septième<br />
art dans le pays, alors que 40<br />
cinémas ont dû déjà y fermer leurs<br />
portes. Le ministre a répliqué qu'ainsi<br />
"<strong>les</strong> Moldaves ne pratiquant que le<br />
russe auraient dorénavant l'occasion<br />
<strong>de</strong> se familiariser avec la langue<br />
maternelle <strong>de</strong> la terre où ils habitent".<br />
CInéma<br />
Connaissance et découverte<br />
Malgré ses succès internationaux<br />
Palme d'or 2007 avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Cristian Mungiu est<br />
<strong>de</strong>venu le plus éminent ambassa<strong>de</strong>ur d'un cinéma roumain. Transfuge <strong>de</strong> l'université<br />
<strong>de</strong> théâtre et <strong>de</strong> cinéma <strong>de</strong> Bucarest, le cinéaste, âgé <strong>de</strong> 41 ans s'évertue à<br />
travailler dans son pays, en dépit <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s et malgré <strong>les</strong> nombreuses propositions<br />
venues <strong>de</strong> l'étranger. A l'occasion <strong>de</strong> la sortie <strong>de</strong>s "Contes <strong>de</strong> l'âge d'or"<br />
dont il est le scénariste, le réalisateur revient sur son parcours.<br />
Gil<strong>les</strong> Renault: Qu'est ce qui a changé dans votre vie <strong>de</strong>puis "4 mois, 3 semaines<br />
et 2 jours"?<br />
Cristian Mungiu: Le fait d'être plus connu multiplie le nombre <strong>de</strong> choses qu'on<br />
vous propose... et me conforte dans l'idée <strong>de</strong> privilégier mes propres sujets. J'ai dû<br />
recevoir une centaine <strong>de</strong> scénarios qui auraient pu me faire prendre la direction <strong>de</strong>s<br />
Etats-Unis, ainsi qu'une opportunité <strong>de</strong> tournage <strong>de</strong> pub pour une marque alleman<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> camions. Mais rien ne vaut pour moi la réaction <strong>de</strong>s gens que je croise dans un<br />
aéroport ou dans la rue et me disent à quel point <strong>les</strong> thèmes que j'abor<strong>de</strong> <strong>les</strong> touchent.<br />
Alors, j'ai renforcé mon implication en Roumanie, où je passe beaucoup <strong>de</strong> temps à<br />
discuter avec <strong>les</strong> autorités, chercher <strong>de</strong> meilleures conditions pour le financement et la<br />
distribution <strong>de</strong> nos films. A titre privé, j'ai toujours le même bureau, la même voiture.<br />
On m'a aussi suggéré <strong>de</strong> m'impliquer sur le plan politique et <strong>de</strong> briguer une place au<br />
Parlement européen. Ce qui n'est<br />
évi<strong>de</strong>mment pas ma place.<br />
G.R.: Peut-on éprouver une<br />
forme <strong>de</strong> nostalgie pour la vie à<br />
l'époque <strong>de</strong> l'ancien bloc communiste<br />
?<br />
C.M.: La nostalgie n'opère pas<br />
par rapport au contexte social et<br />
politique, elle renvoie simplement<br />
à notre jeunesse et aux changements<br />
qu'a subis le mon<strong>de</strong>. Dans<br />
Le cinéma roumain concrétise ausssi son âge d’or...<br />
avec l’Ours d’argent <strong>de</strong> Florin Serban obtenu à Berlin.<br />
<strong>les</strong> années 80, nous n'avions pas<br />
Internet, ni <strong>les</strong> téléphones porta-<br />
b<strong>les</strong>, <strong>les</strong> gens passaient bien plus <strong>de</strong> temps ensemble à se parler, échanger <strong>de</strong>s idées.<br />
Paradoxalement, malgré <strong>les</strong> difficultés que nous rencontrions au quotidien, il y avait<br />
sans doute un aspect plus humain. Contes <strong>de</strong> l'âge d'or correspond ainsi à une façon<br />
<strong>de</strong> retrouver le goût <strong>de</strong> choses perdues.<br />
La vie sentimentale sous Ceausescu<br />
prochain épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong>s "Contes <strong>de</strong> l'âge d'or"<br />
Cristian Mungiu:<br />
G.R.: Comme beaucoup <strong>de</strong> films roumains actuels, "Contes <strong>de</strong> l'âge d'or" possè<strong>de</strong><br />
une forte tonalité ironique…<br />
C.M.: L'aspect comédie correspond à cet humour dont <strong>les</strong> gens avaient besoin<br />
pour vivre au quotidien. Le système était coercitif, mais personne ne pouvait réellement<br />
croire à cette propagan<strong>de</strong> qui vantait une existence où l'on manquait <strong>de</strong> chauffage,<br />
<strong>de</strong> nourriture, d'essence. En tant que cinéaste, j'ai voulu traiter ce contexte sous<br />
forme <strong>de</strong> trilogie. Dans 4 mois..., je privilégiais une forte dimension dramatique.<br />
Après Contes <strong>de</strong> l'âge d'or, la troisième partie, déjà tournée, relatera trois épiso<strong>de</strong>s<br />
amoureux, ou comment le système interférait aussi avec la vie sentimentale <strong>de</strong> la<br />
population.<br />
G.R.: Peut-on parler d'un âge d'or actuel du cinéma roumain ?<br />
C.M.: Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la reconnaissance internationale, sans doute. Mais cela<br />
contraste singulièrement avec la réalité du pays: sous le communisme, 30 ou 40 films<br />
roumains sortaient chaque année, contre 5 à 10 aujourd'hui; nous sommes passés <strong>de</strong><br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
le scénariste <strong>de</strong>s “Contes <strong>de</strong> l’âge d’or” a décidé <strong>de</strong> rester au pays<br />
"La nostalgie renvoie simplement à notre jeunesse"<br />
800 écrans à 80 et l'affluence à chuté <strong>de</strong> 20-30 millions à 2-3<br />
millions. La piraterie prolifère et seul le cinéma très grand<br />
public, style comédie romantique américaine, tire son épingle<br />
du jeu. Les gens réclament <strong>de</strong>s histoires simp<strong>les</strong>, basiques, qui<br />
répon<strong>de</strong>nt à leur attente. Ils per<strong>de</strong>nt aussi l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sortir,<br />
et récolter <strong>de</strong>s fonds pour tourner le moindre film est toujours<br />
une âpre bataille. D'ailleurs, avec Contes..., j'ai aussi envisagé<br />
la comédie comme moyen d'attirer le public en sal<strong>les</strong>; bien<br />
qu'en définitive, il ait semble-t-il eu du mal à imaginer qu'on<br />
puisse faire un film drôle sur une telle pério<strong>de</strong>. Ça a été le film<br />
roumain qui a le mieux marché cette année, mais très loin <strong>de</strong>rrière<br />
le cinéma américain, type l'Age <strong>de</strong> glace 3.<br />
"Le mensonge et la manipulation<br />
ont fini par reprendre le <strong>de</strong>ssus"<br />
G.R. : Où étiez-vous pendant l'âge d'or ?<br />
C.M. : J'étudiais <strong>les</strong> langues à<br />
Iasi, une ville au nord du pays. Je<br />
collaborais aussi au journal Opinia<br />
Stu<strong>de</strong>nteasca, qu'on citait comme<br />
un exemple <strong>de</strong> presse libre car il n'avait<br />
pas l'obligation <strong>de</strong> mettre<br />
Ceausescu en couverture. Au<br />
moment <strong>de</strong> sa chute, il y a eu une<br />
Eclaircie annonciatrice <strong>de</strong> jours<br />
meilleurs pour <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
cinéma roumaines. Alors que<br />
la crise a sévi durement l'an passé en<br />
Roumanie, le cinéma roumain a connu<br />
paradoxalement une embellie spectaculaire,<br />
ce qui a amené <strong>les</strong> exploitants <strong>de</strong>s<br />
sal<strong>les</strong> à renouer avec <strong>les</strong> bénéfices.<br />
Avec un quart <strong>de</strong> siècle <strong>de</strong> retard, le<br />
cinéma roumain a emprunté <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s<br />
d'Hollywood <strong>de</strong>s années 80 pour faire<br />
revenir le public dans ses sal<strong>les</strong>. A<br />
savoir… lui donner le sentiment qu'aller<br />
au cinéma, c'est sortir en ville, voir du<br />
mon<strong>de</strong>, faire ses courses ou du lèche<br />
vitrine, en installant <strong>de</strong>s complexes<br />
offrant un grand choix <strong>de</strong> films dans <strong>les</strong><br />
"malls", immenses galeries commercia<strong>les</strong>,<br />
<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>. Et çà a marché,<br />
notamment auprès <strong>de</strong> jeunes ! D'autant<br />
plus que l'avènement <strong>de</strong> la 3 D ne permet<br />
pas <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> ses effets spectaculaires<br />
en piratant ses longs métrages sur<br />
Internet, une spécialité dans laquelle <strong>les</strong><br />
Roumains excellent.<br />
Le résultat est là: <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> roumaines<br />
ont vendu 4,6 millions <strong>de</strong> billets en<br />
2009 pour <strong>les</strong> 182 films présentés en première,<br />
contre 3,5 millions <strong>de</strong>ux ans auparavant,<br />
soit une augmentation <strong>de</strong> 40 %.<br />
Les chiffres sont encore plus probants<br />
pour <strong>les</strong> recettes: 19 millions d'euros au<br />
lieu <strong>de</strong> 11 millions. Les propriétaires <strong>de</strong><br />
sal<strong>les</strong> espèrent redresser la situation dans<br />
<strong>les</strong> dix ans qui viennent et retrouver la<br />
moitié du nombre d'entrées enregistrées<br />
encore en 1990, 130 millions à l'époque !<br />
Le cinéma roumain reviendrait alors <strong>de</strong><br />
loin. Après une dégringola<strong>de</strong> quasiment<br />
ininterrompue <strong>de</strong>puis la "Révolution",<br />
hormis en 20<strong>01</strong>, 2002 et 2008, il avait<br />
touché le fond en 2007, avec 2,8 millions<br />
<strong>de</strong> billets vendus… soit environ 2 % <strong>de</strong><br />
l'époque d'or !<br />
Cette éclaircie annonciatrice <strong>de</strong> jours<br />
meilleurs est donc une première récompense<br />
pour <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation<br />
du cinéma roumain. Il ne comptait que 75<br />
cinémas et 136 sal<strong>les</strong> offrant au total<br />
47 000 places en 2008. Ces chiffres ont<br />
Connaissance et découverte<br />
formidable effervescence. Tout le mon<strong>de</strong> passait à la rédaction,<br />
<strong>les</strong> gens nous remerciaient <strong>de</strong> dire enfin la vérité. De mensuel,<br />
on est passé quotidien, travaillant jour et nuit. On nous apportait<br />
<strong>de</strong> la nourriture, <strong>de</strong>s cigarettes. Nous vendions le journal à<br />
la criée. Tout était à réinventer, avec une dimension romantique.<br />
Bien sûr, ça n'a pas duré: le mensonge et la manipulation<br />
ont fini par reprendre le <strong>de</strong>ssus.<br />
G.R.: Au vu <strong>de</strong>s récentes élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong> roumaines,<br />
on sent l'opinion publique désabusée…<br />
C.M.: Effectivement. On y a cru. Mais ces <strong>de</strong>rnières<br />
années, ça a basculé, avec l'impression que tous <strong>les</strong> politiques<br />
se valent, uniquement soucieux <strong>de</strong> leurs intérêts personnels;<br />
qu'il n'y a plus <strong>de</strong> débat idéologique; et que seule la démagogie<br />
prévaut. La campagne électorale a été désastreuse.<br />
G.R. : Si vous <strong>de</strong>viez imaginer un "conte" dont l'action<br />
se situerait en 2009 ?<br />
C.M. : On m'a raconté que certaines visites <strong>de</strong> candidats,<br />
pendant la campagne, rappelaient étrangement la première histoire<br />
du film (où <strong>de</strong>s villageois reçoivent tout un tas <strong>de</strong> consignes<br />
abracadabrantes pour enjoliver leur bourg à l'occasion du<br />
passage attendu <strong>de</strong> Ceausescu). Sinon, j'aime bien le pont édifié<br />
pour relier Bucarest à Constantsa. Une fortune engloutie<br />
jusqu'au moment où on s'est aperçu que <strong>les</strong> fils électriques <strong>de</strong><br />
la voie ferrée, située en contrebas, empêchaient d'achever la<br />
construction. Propos recueillis par Gil<strong>les</strong> Renault<br />
Le nombre d'entrées dans <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> <strong>de</strong> cinéma<br />
a augmenté <strong>de</strong> 40 % en 2009 et <strong>les</strong> recettes <strong>de</strong> 60 %<br />
dépassé aujourd'hui 150 sal<strong>les</strong>, 21 ayant<br />
ouvert à Bucarest en 2009, dans le complexe<br />
AFI Cotroceni. Cette année,<br />
Cinema City, le plus grand opérateur <strong>de</strong><br />
cinéma en Europe Centrale et <strong>de</strong> l'Est,<br />
compte inaugurer 15 sal<strong>les</strong> dans le complexe<br />
Sun Plaza <strong>de</strong> la capitale et dix autres<br />
à Arad. Il était temps. RADEF, le<br />
principal réseau <strong>de</strong> sal<strong>les</strong> dans le pays<br />
n'en comptait plus que 38, <strong>de</strong> moins en<br />
moins fréquentées à cause <strong>de</strong> leur équipement<br />
vétuste, mais aussi parce qu'el<strong>les</strong> ne<br />
sont pas bien chauffées.<br />
Toutefois, le cinéma roumain doit<br />
faire face à un autre problème. Ses films,<br />
si appréciés à l'étranger, n'ont réalisé que<br />
1,9 % <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> ses recettes en<br />
2009, soit 380 000 €, dont 85 000 € pour<br />
"Les Contes <strong>de</strong> l'âge d'or", arrivés en<br />
tête <strong>de</strong> la production locale. Le 3ème épiso<strong>de</strong><br />
hollywoodien <strong>de</strong> "L'âge <strong>de</strong> glace",<br />
a engrangé 1,6 M€… Apparemment, l'épopée<br />
communiste, pourtant récente, passionne<br />
nettement moins <strong>les</strong> Roumains<br />
que celle <strong>de</strong>s dinosaures.<br />
41
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
42<br />
SUCEAVA<br />
BAIA<br />
MARE<br />
<br />
IASI CHISINAU<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
GHERLA <br />
<br />
ARAD<br />
<br />
CLUJ TARGU<br />
<br />
MURES<br />
BACAU<br />
TIMISOARA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
PITESTI BRAILA <br />
<br />
<br />
TULCEA<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Ah si Cartouche<br />
avait été Roumain !<br />
Amateurs <strong>de</strong> beaux films <strong>de</strong> cape<br />
et d'épée, <strong>les</strong> téléspectateurs français<br />
ont été bien déçus, à la veille <strong>de</strong> Noël,<br />
par le téléfilm <strong>de</strong> France 2 présentant<br />
<strong>les</strong> exploits <strong>de</strong> Cartouche, bandit au<br />
grand cœur Cartouche, mort à 29 ans,<br />
en 1721, en subissant le supplice <strong>de</strong><br />
la roue.<br />
On leur a servi un récit consternant<br />
d'ennui, avec <strong>de</strong>s personnages incarnés<br />
par <strong>de</strong>s acteurs médiocres, particulièrement<br />
le principal, jouant sans<br />
conviction, <strong>de</strong>s combats sans âmes,<br />
<strong>de</strong>s décors répétitifs, <strong>de</strong>s situations<br />
convenues, réglées par une mise en<br />
scène insipi<strong>de</strong> et une direction d'acteurs<br />
en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> tout. Le clou <strong>de</strong><br />
ce naufrage était d'entendre <strong>les</strong> protagonistes<br />
s'invectiver en français d'aujourd'hui:<br />
"Fous le camp", " Tire-toi ",<br />
"dégage"… Et pourquoi pas "Cassetoi,<br />
pov'con" tant qu’on y est…<br />
On peut légitimement penser que<br />
le cinéma roumain aurait réservé un<br />
bien meilleur traitement à ce héros<br />
populaire ! D'autant plus que ce<br />
"redresseur <strong>de</strong> torts" aurait du travail<br />
à faire dans la Roumanie d'aujourd'hui,<br />
et que <strong>les</strong> metteurs en scène roumains<br />
ont déjà excellé dans le genre<br />
en racontant la vie <strong>de</strong> "haiduci" qui ont<br />
jalonné son histoire, comme Pintea,<br />
Baba Novac, Iancu Jianu, Andrii<br />
Popa, etc…, magistralement incarnés<br />
à l'écran par <strong>de</strong>s grands acteurs<br />
comme Florin Piersic et Toma<br />
Caragiu! Dans <strong>les</strong> années 60, le<br />
public roumain avait beaucoup apprécié<br />
la version du "Cartouche" <strong>de</strong><br />
Philipe <strong>de</strong> Broca, interprété par Jean-<br />
Paul Belmondo et Claudia Cardinale.<br />
Au point que <strong>de</strong>s parents avaient baptisé<br />
leur enfant "Cartouche" !<br />
<br />
Littérature<br />
Connaissance et découverte<br />
Une ONG <strong>de</strong> Chisinau <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
Une ONG moldave, Asociatia Civica Hy<strong>de</strong> Park, a<br />
<strong>de</strong>mandé aux nouvel<strong>les</strong> autorités du pays d'accor<strong>de</strong>r la<br />
citoyenneté moldave à l'écrivain apatri<strong>de</strong> et dissi<strong>de</strong>nt<br />
Paul Goma, 74 ans (notre photo), né en 1935 dans la localité<br />
<strong>de</strong> Mana (ju<strong>de</strong>t d'Orhei), alors Bessarabie roumaine,<br />
ainsi que <strong>de</strong> lui décerner le titre <strong>de</strong> citoyen d'honneur <strong>de</strong><br />
la ville <strong>de</strong> Chisinau, pour le récompenser <strong>de</strong> son oeuvre<br />
littéraire, dans laquelle il évoque ses origines moldaves, et<br />
du courage dont il a fait preuve tout au long <strong>de</strong> sa vie.<br />
L'ONG Asociatia Civica Hy<strong>de</strong> Park, a suggéré également que le gouvernement<br />
moldave attribue à Paul Goma un appartement à Chisinau ou une<br />
maison dans son village natal, ainsi qu'une pension décente ou une bourse<br />
<strong>de</strong> création et qu'il examine aussi la possibilité <strong>de</strong> diffuser son œuvre à travers <strong>les</strong><br />
bibliothèques du pays et <strong>de</strong> Roumanie, tout en faisant traduire ses publications françaises.<br />
L'écrivain, déjà citoyen d'honneur <strong>de</strong> Timisoara, est réfugié à Paris <strong>de</strong>puis 1977 où<br />
la Securitate a essayé à plusieurs reprises <strong>de</strong> l'assassiner.<br />
Lycéen, interrogé huit jours d'affilée par la Securitate<br />
Fils d'instituteurs roumanophones, Paul Goma a cinq ans lorsque sa famille doit<br />
fuir <strong>de</strong>vant l'Armée rouge, alors qu'en application du protocole secret du pacte Hitler-<br />
Staline, l'URSS annexe son pays natal. La famille s'installe à Sibiu, où le communisme<br />
(roumain cette fois) la rattrapera cinq ans plus tard, alors que le petit Paul a dix ans.<br />
Paul Goma a montré dès sa jeunesse un esprit contestataire et provocateur, déclarant<br />
que "la persécution ou la disparition d'un citoyen n'est rentable pour un pouvoir,<br />
que si ce citoyen reste anonyme". En mai 1952, alors qu'il était élève en secon<strong>de</strong> au<br />
lycée Gheorghe Lazar <strong>de</strong> Sibiu, il défend <strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s accusés <strong>de</strong> "menées subversives"<br />
et, amené à la Securitate, il y est interrogé durant huit jours, après quoi il est exclu<br />
du lycée. Il réussit à poursuivre sa scolarité à 100 km <strong>de</strong> là, au lycée Radu Negru <strong>de</strong><br />
Fagaras, passant son bac en 1953.<br />
En 1954, le jeune homme réussit <strong>les</strong> examens d'admission en philologie à<br />
l'Université <strong>de</strong> Bucarest et en littérature à l' Institut <strong>de</strong> littérature Mihai Eminescu, choisissant<br />
ce <strong>de</strong>rnier. Il a comme professeurs Radu Florian, Tamara Gane, Mihai Gafita et<br />
T.G. Maiorescu et adhère à l'Union <strong>de</strong>s jeunesses communistes, pensant que la rénovation<br />
intérieure peut être plus efficace que la contestation extérieure.<br />
Exclu <strong>de</strong> l'université et emprisonné trois ans<br />
"L'infréquentable"<br />
Mais, suite à ses nombreuses provocations et disputes (entre autres, il manifeste<br />
son soutien à la révolution hongroise <strong>de</strong> Budapest), Paul Goma en est exclu en novembre<br />
1956 et aussitôt arrêté, puis jugé pour "tentative d'organiser une manifestation hostile<br />
au socialisme"; en mars 1957 il est condamné à <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> correctionnelle, et en<br />
fera trois (il fut insoumis en prison aussi) à Jilava et à Gherla. En 1960, il est envoyé<br />
en rési<strong>de</strong>nce forcée et sous contrôle judiciaire dans le village <strong>de</strong> Latesti, dans la plaine<br />
valaque du Baragan (la Sibérie roumaine), où il est assigné jusqu'en 1964.<br />
Ne pouvant pas reprendre ses étu<strong>de</strong>s là où el<strong>les</strong> avaient été interrompues, il se réinscrit<br />
en première année en philologie, à Bucarest, en 1965. Pensant toujours à la "résistance<br />
intérieure", il s'inscrit au P.C. roumain. En 1968 il adhère aux positions défendues<br />
à Prague par Alexandre Dubcek ("le Socialisme à visage humain"), et comme<br />
Ceausescu soutient lui aussi le Tchécoslovaque au début, Goma n'est pas inquiété. Il<br />
achève ses étu<strong>de</strong>s en 1970. En 1971, alors que son roman Ostinato (L'obstiné), censuré<br />
en Roumanie, paraît en version intégrale en R.F.A. (<strong>de</strong>s amis dissi<strong>de</strong>nts ont sorti<br />
le manuscrit), il est exclu du P.C.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
que l'écrivain apatri<strong>de</strong>, réfugié en France, soit fait citoyen moldave<br />
Paul Goma esprit contestataire et provocateur né<br />
Au printemps 1977, Goma réussit par le même biais à<br />
envoyer une Lettre ouverte au gouvernement roumain à la<br />
radio américaine "Free Europe", exigeant le respect <strong>de</strong>s droits<br />
<strong>de</strong> l'homme en Roumanie. Cette lettre y est lue au micro.<br />
Victime <strong>de</strong> tentatives d'assassinat à Paris<br />
Paul Goma est aussi l'un <strong>de</strong>s signataires <strong>de</strong> la "Charte 77".<br />
Exclu <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s écrivains, puis arrêté et torturé par la<br />
Securitate, il est détenu plusieurs mois à la prison <strong>de</strong> Rahova.<br />
Mais, étant déjà connu en Occi<strong>de</strong>nt et répertorié par l'ONG<br />
Amnesty International, il ne peut plus être jugé et condamné<br />
sans provoquer <strong>de</strong>s protestations internationa<strong>les</strong>, alors même<br />
que le régime communiste tente <strong>de</strong> donner à l'étranger l'image<br />
d'une "démocratie populaire indépendante".<br />
Le 20 novembre 1977, Paul Goma, son épouse et son fils<br />
sont privés <strong>de</strong> la nationalité roumaine et expulsés vers la<br />
France. À Paris, ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt et obtiennent l'asile politique.<br />
Goma y continue son combat contre le système communiste,<br />
la dénonciation <strong>de</strong> ses crimes (en 2005, le gouvernement roumain<br />
a chiffré le nombre <strong>de</strong> victimes en Roumanie à <strong>de</strong>ux<br />
millions entre 1945 et 1989) et <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> Ceausescu.<br />
La Securitate réagit par un colis piégé (désamorcé par la<br />
police française, qui protège alors Goma) puis par plusieurs<br />
tentatives d'empoisonnement contre Goma et son fils, ce qui<br />
provoquera une grave crise diplomatique entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />
Refus <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir Français<br />
À partir <strong>de</strong> 1980 sa lutte contre le communisme prend un<br />
ton <strong>de</strong> plus en plus nationaliste et même anti-occi<strong>de</strong>ntal. Paul<br />
Goma refuse la nationalité française, offerte au bout <strong>de</strong> seulement<br />
trois ans <strong>de</strong> séjour, en même temps qu'au dissi<strong>de</strong>nt<br />
tchèque Milan Kun<strong>de</strong>ra (qui l'accepte), et se rapproche <strong>de</strong>s<br />
positions d'inspiration fascistes défendues avant-guerre en<br />
Roumanie par Nae Ionescu, Octavian Goga et Nichifor<br />
Crainic. Après la chute <strong>de</strong> Ceausescu, une partie <strong>de</strong> ses livres<br />
est publiée en Roumanie. Il écrit <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> revues<br />
"Vatra", "Familia", "Timpul" et "Jurnalul Literar".<br />
Paul Goma a fait partie durant 8 jours <strong>de</strong> la Commission<br />
prési<strong>de</strong>ntielle pour l'analyse <strong>de</strong> la dictature communiste en<br />
Roumanie, dont il a été révoqué par son coordonnateur<br />
Vladimir Tismaneanu, suite à ses prises <strong>de</strong> position radica<strong>les</strong>.<br />
Politiquement incorrect après<br />
le scandale <strong>de</strong> la "Semaine rouge"<br />
Après 1989, Paul Goma se montre très irrité par la relative<br />
indifférence que <strong>les</strong> régimes communistes est-européens et<br />
leurs crimes suscitent en Occi<strong>de</strong>nt, en comparaison avec la<br />
mémoire <strong>de</strong> la Shoah qui, elle, est bien mieux entretenue par<br />
<strong>les</strong> historiens, <strong>les</strong> écrivains et <strong>les</strong> cinéastes.<br />
Au lieu <strong>de</strong> suivre l'exemple <strong>de</strong> ceux-ci, Paul Goma placé<br />
son témoignage littéraire dans l'engrenage <strong>de</strong> la concurrence<br />
Connaissance et découverte<br />
<strong>de</strong> la mémoire. Il exige <strong>de</strong>s auteurs juifs qu'ils "assument <strong>les</strong><br />
responsabilités pour <strong>les</strong> crimes commis contre <strong>les</strong> Roumains,<br />
et cessent <strong>de</strong> monopoliser l'histoire avec le mythe du génoci<strong>de</strong><br />
unique, celui dont ils ont été victimes, <strong>de</strong> culpabiliser toutes<br />
<strong>les</strong> autres nations, dans le but politique et économique <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />
dominer et <strong>de</strong> leur extorquer <strong>de</strong>s fonds, sans aucune analyse<br />
critique <strong>de</strong> leurs propres agissements criminels anti-roumains<br />
(et en général contre <strong>les</strong> non-juifs), avec le soutien et l'approbation<br />
<strong>de</strong> la quasi-totalité <strong>de</strong>s cerc<strong>les</strong> israélites".<br />
Ce propos provoque un immense scandale et lui aliène la<br />
plupart <strong>de</strong>s anciens dissi<strong>de</strong>nts tels Doina Cornea, Romulus<br />
Rusan, Ana Blandiana, Gabriel Liiceanu, Andrei P<strong>les</strong>u ou<br />
Mihai Stanescu, qui se désolidarisent publiquement <strong>de</strong> lui. En<br />
2002, <strong>de</strong>venu politiquement "infréquentable" Paul Goma n'arrange<br />
rien en publiant son essai: La semaine rouge 28 juin - 3<br />
juillet 1940 ou la Bessarabie et <strong>les</strong> Juifs, y relatant son traumatisme<br />
<strong>de</strong> jeunesse, lorsqu'il fut témoin <strong>de</strong> la réaction d'une<br />
partie <strong>de</strong> la population non-roumanophone <strong>de</strong> Bessarabie lors<br />
<strong>de</strong> l'ultimatum <strong>de</strong> Staline à la Roumanie et <strong>de</strong> l'évacuation <strong>de</strong><br />
ce territoire par <strong>les</strong> autorités roumaines fin juin 1940.<br />
La Roumanie ne veut plus entendre parler <strong>de</strong> lui<br />
Paul Goma attribue spécifiquement aux Juifs <strong>de</strong>s pillages<br />
et atrocités commises alors contre la majorité moldave, puis<br />
enchaîne en tentant <strong>de</strong> "légitimer" <strong>les</strong> crimes contre l'humanité<br />
du régime fasciste roumain contre <strong>les</strong> Juifs après le 22 juin<br />
1941 (attaque <strong>de</strong> l'Axe contre l'URSS), par "la vengeance<br />
contre <strong>les</strong> actes commis l'année précé<strong>de</strong>nte".<br />
Les historiens roumains ont qualifié la Semaine rouge <strong>de</strong><br />
"manifeste politique qui réinterprète l'histoire, utilise <strong>de</strong>s<br />
sources tendancieuses, et n'en choisit que cel<strong>les</strong> qui peuvent<br />
servir son propos, rendant une population tout entière<br />
(250 000 juifs moldaves) responsable <strong>de</strong> l'action <strong>de</strong>s commandos<br />
communistes, dont <strong>les</strong> membres n'étaient pas majoritairement<br />
juifs". "La Semaine rouge ne sert pas la dénonciation <strong>de</strong>s<br />
crimes du communisme, mais <strong>de</strong>s thèses antisémites et négationniste"<br />
concluent-ils. Goma réplique en affirmant que "Les<br />
sources primaires concernant <strong>les</strong> évènements décrits dans La<br />
Semaine rouge se trouvent dans <strong>les</strong> Archives militaires roumaines<br />
et sont citées par <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong> renom”.<br />
Face à ces critiques, Paul Goma a tenté <strong>de</strong> crédibiliser son<br />
essai en multipliant <strong>les</strong> références et en renonçant à certaines<br />
approximations, généralisations et amalgames: il publia plusieurs<br />
variantes entre 2002 et 2005. La première mouture est<br />
parue chez l'éditeur moldave "Museum" <strong>de</strong> Chisinau en 20<strong>03</strong>,<br />
la <strong>de</strong>uxième chez "Criterion Publishing House" à Bucarest<br />
(20<strong>03</strong>), la troisième chez "Vremea", également à Bucarest<br />
(2004). Le résultat fut l'inverse <strong>de</strong> ce qu'il espérait: son isolement<br />
s'accentua tant en Roumanie qu'en France. La Roumanie<br />
refuse <strong>de</strong> lui rendre sa nationalité d'origine, et il est toujours<br />
apatri<strong>de</strong>. En 2006, une pétition en faveur <strong>de</strong> Goma, signée par<br />
300 personnes, s'est heurtée aux fins <strong>de</strong> non-recevoir du<br />
Prési<strong>de</strong>nt Traian Basescu.<br />
43
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
44<br />
<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
ARAD<br />
<br />
BRASOV<br />
TIMISOARA<br />
<br />
TÂRGOVISTE GALATI <br />
PITESTI<br />
<br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
CERNAUTI<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
BUCAREST<br />
CHISINAU<br />
IASI <br />
<br />
BACAU<br />
<br />
CONSTANTA<br />
Deuxième mandat pour<br />
Nicolae Manu<strong>les</strong>cu<br />
L'écrivain et critique littéraire<br />
Nicolae Mano<strong>les</strong>cu, 70 ans, membre<br />
<strong>de</strong> l'Académie roumaine et ambassa<strong>de</strong>ur<br />
<strong>de</strong> la Roumanie auprès <strong>de</strong><br />
l'UNESCO, a été réélu pour un<br />
second mandat à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />
l'Union <strong>de</strong>s Ecrivains <strong>de</strong> Roumanie,<br />
fonction<br />
qu'il<br />
occupe<br />
<strong>de</strong>puis<br />
2005.<br />
L'union<br />
<strong>de</strong>s<br />
Ecrivains<br />
compte<br />
2400<br />
membres répartis dans 12 sections,<br />
dont une à Chisinau, en République<br />
<strong>de</strong> Moldavie.<br />
Saint Eminescu ?<br />
La Ligue <strong>de</strong>s écrivains <strong>de</strong><br />
Roumanie, dont le siège est à Cluj, a<br />
envoyé une lettre au Patriarche<br />
Daniel lui <strong>de</strong>mandant que Mihai<br />
Eminescu soit canonisé et que son<br />
nom figure dans le calendrier orthodoxe<br />
roumain. Elle motive sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />
en s'appuyant sur <strong>les</strong> pages écrites<br />
par le poète "glorifiant l'âme roumaine<br />
profondément empreinte du<br />
souffle <strong>de</strong> l'Eglise orthodoxe du<br />
poète". L'Eglise a répondu, dans un<br />
communiqué, que la proposition <strong>de</strong> la<br />
LSR était appréciée et qu'elle serait<br />
soumise aux mêmes critères que<br />
n'importe quelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> canonisation.<br />
La BOR a toutefois précisé<br />
que <strong>les</strong> critères et <strong>les</strong> procédures<br />
nécessaires à la canonisation ne se<br />
basaient pas "seulement" sur l'enthousiasme<br />
et la volonté publique.<br />
<br />
Littérature<br />
Connaissance et découverte<br />
Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers sièc<strong>les</strong>, plusieurs écrivains étrangers, français ou<br />
<strong>de</strong> langue française ont évoqué la capitale roumaine dans leurs écrits, à l'instar <strong>de</strong><br />
Paul Morand et <strong>de</strong> son ouvrage "Bucarest", publié en 1934 chez Plon et réédité en<br />
1990 (voir par ailleurs).<br />
En 2006, paraît Bucarest, le dégel (éd. Autrement), un livre <strong>de</strong> Mirel Bran,<br />
correspondant du Mon<strong>de</strong> illustré par <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> Franck Hamel.<br />
Ce sont <strong>de</strong>s entretiens captivants avec 24 personnalités, qui vivent dans la<br />
capitale roumaine. Mirel Bran y rappelle que Paul Morand écrivait en 1935: "C'est avec<br />
<strong>de</strong>s cités rasées, <strong>de</strong>s églises détruites, <strong>de</strong>s archives étouffées, que la Roumanie se présente<br />
<strong>de</strong>vant l'histoire. La leçon que nous offre Bucarest n'est pas une leçon d'art, mais<br />
une leçon <strong>de</strong> vie; il enseigne à s'adapter à tout, même à l'impossible".<br />
Les conseils diététiques du "Lumineux gui<strong>de</strong>"<br />
La capitale roumaine d'hier<br />
Bucarest enseigne<br />
En effet, il est toujours instructif <strong>de</strong> lire ce que <strong>les</strong> écrivains pensent <strong>de</strong> nos vil<strong>les</strong>.<br />
Ulysse <strong>de</strong> Marcillac, auteur français bien oublié, fait paraître en 1869 La peste à<br />
Bucarest, tout un programme; mais la plus violente image l'auteur la réserve à la <strong>de</strong>rnière<br />
page <strong>de</strong> son livre. Il y dit son souhait <strong>de</strong> parler <strong>de</strong>s cimetières. Et <strong>de</strong> commencer<br />
par confier qu'il ne connaît pas "un autre pays où la mort serait traitée avec autant d'attention<br />
qu'à Bucarest". Puis l’auteur en vient à cette observation: "Il existe <strong>de</strong>s centaines<br />
<strong>de</strong> vieux cimetières, autant que d'églises. Ce sont comme <strong>de</strong> petites cours ouvertes<br />
à tous <strong>les</strong> passants et parfois entourées <strong>de</strong> petites maisons, logements habituels <strong>de</strong>s prostituées.<br />
La mort et la volupté sont <strong>de</strong>ux sœurs proches chez <strong>les</strong> roumains".<br />
Michel <strong>de</strong>l Castillo dans le roman Mort d'un poète (1989) fait parler son héros<br />
Igor Vedoz: "La capitale <strong>de</strong> notre radieuse République offrait déjà l'aspect désolé d'une<br />
ville sinistrée. Éclairage anémique qui laissait <strong>de</strong>s rues entières, remplies <strong>de</strong> ténèbres<br />
inquiétantes. Les passants couraient, courbés, emmitouflés dans <strong>de</strong>s vêtements usés et<br />
rapiécés, amas <strong>de</strong> loques enfilées <strong>les</strong> unes sur <strong>les</strong> autres, tournaient en rond, évoquaient<br />
<strong>de</strong>s meutes <strong>de</strong> chiens affamés.<br />
Difformes, <strong>les</strong> silhouettes avaient perdu jusqu'à l'apparence <strong>de</strong> l'humanité. Un peuple<br />
<strong>de</strong> fantômes. Chaussées défoncées, creusées d'ornières où l'eau <strong>de</strong> pluie stagnait.<br />
Aucune enseigne ou presque. Les <strong>de</strong>vantures <strong>de</strong>s boutiques, vi<strong>de</strong>s, renvoyaient <strong>de</strong>s<br />
reflets bleuâtres. Dans <strong>les</strong> cités ouvrières, on apercevait <strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> télévision où le<br />
Lumineux Gui<strong>de</strong> prodiguait, comme chaque soir à la même heure, ses conseils diététiques.<br />
Moins <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong> matières grasses, aucun sucre"...<br />
"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité <strong>de</strong> Bucarest ?"<br />
Miguel Sanchez-Ostiz (notre photo), auteur espagnol,<br />
tient un blog et dans un <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers artic<strong>les</strong> en 2008, il écrit:<br />
"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité <strong>de</strong><br />
Bucarest? Il y en a beaucoup qui donneraient tout pour être<br />
américain avec toutes <strong>les</strong> conséquences que cela implique.<br />
Il n'y a qu'à voir le nombre <strong>de</strong> personnes qui font la queue<br />
<strong>de</strong>vant le Consulat américain pour obtenir visas et permis<br />
divers. Le Roumain peut apporter au style <strong>de</strong> vie américain sa<br />
légendaire débrouillardise, je ne le conteste pas, mais aussi son goût pour la police et<br />
<strong>les</strong> compagnies <strong>de</strong> sécurité renforcées par <strong>de</strong>s gros durs qui n'ont aucune considération<br />
pour leurs concitoyens.<br />
A Bucarest, <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> bodyguards sont florissantes. C'est l'industrie <strong>de</strong> notre<br />
époque. Nous ne sommes plus loin <strong>de</strong>s polices privées et <strong>de</strong>s corps armés au service du<br />
particulier. L'Autorité comman<strong>de</strong>, mais l'arbitraire aussi. La droite roumaine monte et<br />
marque <strong>de</strong>s points dans un pays où le mot qui revient le plus souvent dans <strong>les</strong> conver-<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
et aujourd'hui vue par <strong>les</strong> écrivains français et étrangers<br />
à s'adapter à tout… même à l'impossible<br />
sations est "Mafia", et où le contraste entre le luxe et la vie<br />
misérable est <strong>de</strong> plus en plus évi<strong>de</strong>nt. La droite est la même<br />
que partout ailleurs: autoritaire, néolibérale, et bien entendu<br />
amie <strong>de</strong>s “graaaaaan<strong>de</strong>s” libertés, mais aussi orthodoxe,<br />
nationaliste, brutale.On trouve même à l'Université <strong>de</strong>s étudiants<br />
qui se présentent ainsi: Roumain orthodoxe, pour qu'il<br />
n'y ait pas le moindre doute sur leur i<strong>de</strong>ntité.<br />
Comment on décrète qu'une maison<br />
est insalubre et doit être détruite<br />
Une curieuse droite et une toute aussi curieuse classe <strong>de</strong><br />
dirigeants politiques dont il ne faudrait pas trop fouiller le<br />
Cette manifestation présente le<br />
séjour <strong>de</strong> Paul Morand en<br />
Roumanie, mais aussi le reste<br />
<strong>de</strong> sa carrière - littéraire et diplomatique,<br />
apportant <strong>de</strong>s éclairages nouveaux, assez<br />
étonnants", a déclaré à l'AFP l'un <strong>de</strong>s<br />
commissaires <strong>de</strong> l'événement, le professeur<br />
Michel Collomb. Un colloque<br />
réunissant <strong>de</strong>s historiens, écrivains et critiques<br />
littéraires roumains et français,<br />
complété par une exposition recueillant<br />
<strong>de</strong>s <strong>document</strong>s inédits et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins<br />
signés par Morand "permet <strong>de</strong> corriger<br />
un peu l'image très négative qui était<br />
donnée <strong>de</strong> son séjour ici", a-t-il ajouté.<br />
L'inimitié profon<strong>de</strong> et le mépris<br />
<strong>de</strong> De Gaulle qui le révoquera<br />
Proche du régime <strong>de</strong> Vichy, Paul<br />
Morand (1888-1976) fut nommé en 1943<br />
ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Roumanie,<br />
pays allié d'Hitler et menacé par l'avancée<br />
<strong>de</strong>s troupes soviétiques. "On voit que sa<br />
mission à Bucarest n'était pas facile,<br />
alors que Morand a rencontré une opposition<br />
au sein même <strong>de</strong> son ambassa<strong>de</strong>,<br />
dont une partie était conquise aux thèses<br />
<strong>de</strong> la France libre, sans parler <strong>de</strong> la<br />
situation militaire difficile sur le front", a<br />
souligné Michel Collomb.<br />
Son attitu<strong>de</strong> durant la guerre lui valut<br />
Connaissance et découverte<br />
passé et leurs implications, au moins comme informateurs,<br />
dans l'ancien appareil d'État policier, la Securitate. A Bucarest,<br />
<strong>les</strong> usines du régime communiste ont fermé et ont laissé la<br />
place à d'immenses terrains vagues qui excitent la spéculation.<br />
Partout on démolit et on reconstruit.<br />
Comment décrète-t-on qu'une maison est <strong>de</strong>venue insalubre<br />
et qu'elle doit être détruite ? C'est très simple. On laisse <strong>de</strong>s<br />
Tsiganes s'y installer ou même on <strong>les</strong> incite à prendre possession<br />
du bâtiment. Et quand ils ont fini <strong>de</strong> brûler, <strong>de</strong> jeter ou <strong>de</strong><br />
vendre tout ce qu'on peut brûler, jeter ou vendre, il ne reste<br />
plus qu'à <strong>les</strong> expulser". Un regard extérieur vaut parfois mieux<br />
qu'un long discours.<br />
Publié dans La Lettre du Moldave<br />
L'écrivain et diplomate commémoré à Bucarest<br />
Paul Morand : un ambassa<strong>de</strong>ur en Roumanie très controversé<br />
L'écrivain et diplomate français Paul Morand, ambassa<strong>de</strong>ur en Roumanie en 1943 et 1944, a<br />
été célébré à Bucarest dans le cadre d'une manifestation visant à restituer au public l'image <strong>de</strong> cet<br />
"Européen", avec ses lueurs et ses zones d'ombre.<br />
l'inimitié profon<strong>de</strong> et le mépris du général<br />
De Gaulle, qui le fera révoquer à la<br />
Libération et empêchera longtemps son<br />
entrée à l'Académie française, laquelle<br />
n'interviendra qu'en 1968. Contrairement<br />
à la tradition, De Gaulle ne<br />
le recevra d'ailleurs pas et<br />
Morand l'appellera toujours<br />
"Gaulle".<br />
Dans son intervention,<br />
l'historien roumain Carol<br />
Iancu a notamment regretté<br />
que Morand lorsqu'il était à<br />
Bucarest "ne se soit pas fait<br />
connaître par une quelconque<br />
action en faveur <strong>de</strong>s<br />
Juifs" déportés en Transnistrie par le régime<br />
du maréchal pro-nazi Ion Antonescu.<br />
Le critique littéraire Ion Pop a pour<br />
sa part épluché la presse roumaine <strong>de</strong> l'époque<br />
pour analyser l'accueil réservé au<br />
diplomate et à son oeuvre, allant <strong>de</strong> l'admiration<br />
totale - "l'un <strong>de</strong>s écrivains <strong>les</strong><br />
plus illustres du globe" - à <strong>de</strong>s critiques<br />
virulentes, déplorant l'image "caricaturale"<br />
qu'il a donnée <strong>de</strong> la Roumanie dans<br />
son livre Bucarest, publié en 1934, à la<br />
suite d'un séjour qu'il y avait effectué.<br />
Michel Collomb a souligné néanmoins<br />
que Morand était "associé à l'image<br />
d'une Roumanie très libérale, avec une<br />
aristocratie empreinte <strong>de</strong> culture françai-<br />
se, une Roumanie intégrée dans l'Europe<br />
intellectuelle".<br />
Epousant une richissime<br />
princesse roumaine<br />
Un <strong>de</strong>s faits marquants <strong>de</strong><br />
la vie <strong>de</strong> Paul Morand fut donc<br />
son attitu<strong>de</strong> durant la Secon<strong>de</strong><br />
Guerre mondiale, sa proximité<br />
avec le régime <strong>de</strong> Vichy et son<br />
ambassa<strong>de</strong> à Bucarest.<br />
Après avoir été mis à la<br />
retraite d'office en 1940 pour<br />
avoir déserté l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Londres où il était chargé<br />
d'une mission économique, et ce contrairement<br />
aux consignes <strong>de</strong> Vichy qui souhait<br />
gar<strong>de</strong>r un contact avec l'Angleterre,<br />
l'écrivain fut nommé, lors du retour <strong>de</strong><br />
Pierre Laval au gouvernement en 1943,<br />
ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Roumanie.<br />
Il retrouvait ainsi le pays <strong>de</strong> sa<br />
femme qu'il épousa en 1927, la richissime<br />
Hélène Soutzo (photo), fille d'un<br />
banquier grec <strong>de</strong> Trieste, née en Moldavie<br />
et <strong>de</strong>venue princesse roumaine en épousant<br />
le prince Dumitru Soutzo, un attaché<br />
militaire roumain dont elle divorcera en<br />
1924. Une princesse détestée par ses<br />
"consoeurs" franco-roumaines, Anna <strong>de</strong><br />
Noail<strong>les</strong> et Marthe Bibesco. (suite p. 46)<br />
45
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
46<br />
<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
ARAD MURES<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
BUCAREST<br />
<br />
IASI<br />
<br />
CHISINAU<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
CONSTANTA<br />
(suite <strong>de</strong> la page 45)<br />
Maurice Rheims, ami <strong>de</strong> l'écrivain<br />
<strong>de</strong>puis 1959, a évoqué plus tard “cet<br />
homme délicieux, amateur raffiné" et<br />
son épouse roumaine, "vieille impératrice<br />
asiatique, savourant son thé<br />
dans une tasse en céramique bleue<br />
d'époque Ming, assise au centre d'un<br />
trône moghol du XVIIIe siècle marqué<br />
d'un M majuscule, acquis par Morand<br />
lors d'un voyage". Cocteau prendra<br />
moins <strong>de</strong> gants, la comparant à<br />
“Minerve ayant avalé sa chouette”.<br />
Ambassa<strong>de</strong>ur pour récupérer<br />
la fortune <strong>de</strong> sa femme<br />
Jean Jardin, éminence grise <strong>de</strong><br />
Pierre Laval, favorisa le départ <strong>de</strong><br />
Morand <strong>de</strong> Bucarest en 1944, lors <strong>de</strong><br />
l'avancée <strong>de</strong>s troupes russes, et le fit<br />
nommer ambassa<strong>de</strong>ur en Suisse.<br />
" [...] En 1940, Laval ne lui <strong>de</strong>mandait<br />
même pas <strong>de</strong> rentrer <strong>de</strong> Londres<br />
où il était alors chargé d'une mission<br />
économique, mais il est parti par le<br />
même bateau que l'ambassa<strong>de</strong>" rappela<br />
cruellement De Gaulle en 1962,<br />
dans une confi<strong>de</strong>nce que rapporte<br />
Alain Peyrefitte dans C'était <strong>de</strong><br />
Gaulle, le Général enchaînant: "On<br />
ne voulait pas <strong>de</strong> lui à Vichy et on lui<br />
a tenu rigueur <strong>de</strong> son abandon <strong>de</strong><br />
poste à Londres. Il était victime <strong>de</strong>s<br />
richesses <strong>de</strong> sa femme. Pour <strong>les</strong><br />
récupérer, il s'est fait nommer ministre<br />
<strong>de</strong> Vichy à Bucarest. Puis, quand <strong>les</strong><br />
troupes russes se sont approchées, il<br />
a chargé un train entier <strong>de</strong> tableaux et<br />
d'objets d'art et l'a envoyé en Suisse.<br />
Il s'est fait ensuite nommer à Berne,<br />
pour s'occuper du déchargement".<br />
Paul Morand n’a survécu qu’ un an<br />
et <strong>de</strong>mi à son épouse et mourut à<br />
l'hôpital Laennec à Paris; il fit mêler<br />
ses cendres aux siennes à Trieste, sa<br />
ville natale.<br />
<br />
Connaissance et découverte<br />
Musique Iacob Maciuca et son<br />
violon tsigane ont lancé<br />
<strong>les</strong> “Fol<strong>les</strong> journées <strong>de</strong> Nantes”<br />
C'est l'histoire d'un long voyage, né dans un poste <strong>de</strong> radio à Tulcea,<br />
Roumanie. "Ce son chaud du violon, ça te prenait comme une vague et te<br />
transportait loin", se souvient Iacob Maciuca. Si loin que l'instrument<br />
découvert enfant le fera tanguer <strong>de</strong>s rives du Danube où il est né, aux bords <strong>de</strong> Loire.<br />
C'était en 1992, aux prémices <strong>de</strong> l'été. Alors que la Roumanie se réveille sur <strong>les</strong> décombres<br />
<strong>de</strong> la dictature communiste, le jeune violoniste se fait repérer par un restaurateur<br />
nazairien, soucieux d'animer son commerce. Une aubaine. "C'était le rêve <strong>de</strong> tous <strong>les</strong><br />
jeunes, se rappelle Iacob Maciuca. Je n'étais pas un battant désireux <strong>de</strong> reconstruire<br />
le pays. J'avais trop entendu cette langue <strong>de</strong> bois <strong>de</strong>s politiques, ces discours qui donnaient<br />
envie <strong>de</strong> vomir".<br />
Ebloui par <strong>les</strong> magasins, par ce<br />
contraste saisissant avec <strong>les</strong> rayons vi<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> son pays, Iacob Maciuca rêve<br />
d'Amérique. Il s'imagine à Paris et, "parce<br />
qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> train direct pour la<br />
capitale", pose ses valises à Nantes. Son<br />
escale dans la cité <strong>de</strong>s Ducs <strong>de</strong> Bretagne<br />
sera la bonne. Il y fait <strong>de</strong>s rencontres décisives,<br />
notamment avec Gerardo Jerez Le<br />
Des rives du Danube aux bords <strong>de</strong> la Loire.<br />
Cam. Le pianiste argentin avait débarqué à<br />
Nantes cette même année alors que le fes-<br />
tival Les Allumées consacrait son édition à Buenos Aires. Ensemble, ils vont mêler le<br />
tango et la musique tzigane dans <strong>de</strong>s projets étonnants <strong>de</strong> créativité.<br />
Agé <strong>de</strong> 43 ans, Iacob Maciuca est un violoniste atypique dans le mon<strong>de</strong> exigeant<br />
<strong>de</strong> la musique classique. Après avoir fait ses classes à Bucarest, il s'est passionné lors<br />
<strong>de</strong> son service militaire pour <strong>les</strong> musiques traditionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Est. "Je préférais çà aux<br />
tirs <strong>de</strong>s fusils dans <strong>les</strong> champs". C'est le guitariste Michel Grizard, avec qui il a interprété<br />
Paganini, qui lui a proposé <strong>de</strong> jouer pour la première fois aux Fol<strong>les</strong> Journées<br />
<strong>de</strong> Nantes, <strong>de</strong>venues le plus grand concert du mon<strong>de</strong>, <strong>les</strong> musiciens s'y produisant jour<br />
et nuit pendant près d'une semaine <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> spectateurs, et<br />
dont le modèle s'est exporté sur tous <strong>les</strong> continent, <strong>de</strong> Tokyo au Brésil. Un autre décor.<br />
A Nantes, ce père <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants a longtemps joué dans un restaurant russe, l'ex-<br />
Petrusca, près <strong>de</strong> la place République. "Après minuit, le patron sortait la vodka, on<br />
sympathisait avec <strong>les</strong> clients et la soirée se terminait souvent au vieux quartier du<br />
Bouffay entre musiciens". Avec parfois la police aux trousses, qui goûtait peu ses<br />
concerts nocturnes. Et s'il s'est <strong>de</strong>puis installé à La Chapelle-<strong>de</strong>s-Marais, en Brière,<br />
près <strong>de</strong> Saint Nazaire et <strong>de</strong> l'océan, Nantes <strong>de</strong>meure la ville où Iacob Maciuca est "né<br />
une <strong>de</strong>uxième fois". David Prochasson (20 Minutes)<br />
Pecs, capitale culturelle européenne <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />
Après Sibiu, en 2007, la ville hongroise<br />
<strong>de</strong> Pecs assume le rôle <strong>de</strong><br />
capitale européenne <strong>de</strong> la culture<br />
pour l'année <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, en compagnie d'Essen<br />
(Allemagne) et Istanbul (Turquie), représentant<br />
l'Europe centrale. Elle a prévu d'organiser<br />
quelques 350 concerts, spectac<strong>les</strong>, conférences,<br />
expositions, festivals, tout au long <strong>de</strong><br />
l'année. Une occasion rêvée pour faire étape<br />
sur le chemin <strong>de</strong> la Roumanie dans cette très belle cité fondée par <strong>les</strong> Romains, située<br />
à 250 km d'Arad et Timisoara. Pecs est jumelée avec Grenoble, Dijon et Lyon.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Révolution an XX<br />
Vingt ans après, il est difficile d'expliquer l'ampleur<br />
du mal, <strong>de</strong>s ravages qu'ont causés <strong>les</strong> années <strong>de</strong> fer<br />
et <strong>de</strong> plomb subies pendant un <strong>de</strong>mi-siècle par <strong>les</strong><br />
Roumains. De restituer avec fidélité l'usage <strong>de</strong> la surveillance,<br />
<strong>de</strong> la peur, <strong>de</strong> l'intimidation et <strong>de</strong> la répression par la police<br />
politique roumaine, grâce à une toile mise en place avant l'arrivée<br />
<strong>de</strong> Nicolae Ceausescu au pouvoir, en 1965.<br />
Le "Conducator" a poli <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> son prédécesseur<br />
au poste <strong>de</strong> secrétaire général du Parti, Gheorghe Gheorghiu-<br />
Dej, qui s'était appuyé sur <strong>les</strong> assassinats et un système pénitentiaire<br />
<strong>de</strong>nse pour instaurer une terreur ouverte. Avec le<br />
génie autoproclamé <strong>de</strong>s Carpates, cette terreur <strong>de</strong>vient sour<strong>de</strong>,<br />
préventive, invisible; elle nourrit la paranoïa et <strong>les</strong> angoisses.<br />
Au total, pendant la pério<strong>de</strong> communiste, plus <strong>de</strong> 10 000 personnes<br />
ont été exécutées sans aucune forme <strong>de</strong> procès, mais le<br />
nombre total <strong>de</strong>s victimes, directes ou indirectes, est estimé<br />
entre un à <strong>de</strong>ux millions.<br />
Les métastases du régime avaient une envergure incomparable<br />
en Europe, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la Stasi.<br />
La Securitate pénétrait dans chaque<br />
corps social. S'appuyant sur une toile <strong>de</strong><br />
plusieurs centaines <strong>de</strong> milliers d'informateurs<br />
zélés ou contraints, elle traquait<br />
<strong>les</strong> ennemis <strong>de</strong> la cause socialiste.<br />
Brevets <strong>de</strong> "Révolutionnaires"<br />
pour <strong>les</strong> tortionnaires<br />
"C'était une expérience totalitaire<br />
assez unique, explique l'historien<br />
Tismaneanu, qui a dirigé la commission<br />
prési<strong>de</strong>ntielle pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dictature<br />
communiste, en 2006. Ceausescu a<br />
conçu la Securitate comme sa gar<strong>de</strong> prétorienne,<br />
sa police secrète non inféodée à Moscou".<br />
Il y avait entre 10 000 et 15 000 officiers <strong>de</strong> la Securitate<br />
à la fin <strong>de</strong>s années 1980. Beaucoup ont obtenu <strong>de</strong>s certificats<br />
<strong>de</strong> révolutionnaires, qui leur ont donné <strong>de</strong>s privilèges en plus<br />
<strong>de</strong> leur retraite, comme <strong>de</strong>s terrains gratuits, <strong>de</strong>s maisons, <strong>de</strong>s<br />
exemptions fisca<strong>les</strong>. "Ils sont au Parlement, dans <strong>les</strong> médias<br />
ou dans <strong>les</strong> administrations. Ils ont informé, rédigé <strong>de</strong>s rapports,<br />
ou même pire, intégré l'appareil <strong>de</strong> répression. On a<br />
i<strong>de</strong>ntifié plus <strong>de</strong> 400 suspects pour <strong>de</strong>s tortures ou <strong>de</strong>s assassinats"<br />
explique l'historien Marius Oprea, poursuivant "Pas<br />
un n'a été poursuivi. La condamnation du communisme n'a été<br />
utilisée que <strong>de</strong> façon politique".<br />
Marius Oprea dirige l'Institut <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s crimes du<br />
communisme. Pendant trois semaines, en septembre <strong>de</strong>rnier, il<br />
Connaissance et découverte<br />
L'ancienne nomenklatura, reconvertie en nouvelle<br />
élite, a réussi à se défaire <strong>de</strong> son passé encombrant<br />
Vingt ans sans avoir à rendre <strong>de</strong> comptes !<br />
Envoyé par Le Mon<strong>de</strong> à Bucarest à l'occasion <strong>de</strong>s vingt ans <strong>de</strong> l'effondrement du Bloc <strong>de</strong> l'Est, Piotr Smolar évoque <strong>les</strong><br />
difficultés que <strong>les</strong> Roumains éprouvent à se défaire <strong>de</strong> leur passé récent et <strong>les</strong> efforts, couronnés <strong>de</strong> succès, <strong>de</strong> l'ancienne<br />
nomenklatura, <strong>de</strong>venue la nouvelle élite, pour y échapper sans avoir à rendre <strong>de</strong> comptes. Dans <strong>de</strong>ux autres artic<strong>les</strong>, il décrit<br />
<strong>les</strong> dégâts irréparab<strong>les</strong> que le régime communiste a causé parmi <strong>les</strong> Roumains.<br />
a parcouru <strong>les</strong> montagnes pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> partisans fusillés<br />
sans procès, au début <strong>de</strong>s années 1950. "Parmi eux, il y avait<br />
beaucoup <strong>de</strong> paysans qui refusaient <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r leurs terres aux<br />
kolkhozes". Faisant autorité dans son domaine, l'historien ne<br />
baisse jamais <strong>les</strong> bras mais reconnaît: "Le communisme n'a pas<br />
disparu, il a été privatisé. Les enfants, <strong>les</strong> fil<strong>les</strong>, <strong>les</strong> neveux <strong>de</strong>s<br />
officiers sont au sommet <strong>de</strong>s administrations, <strong>de</strong>s entreprises.<br />
C'est un système difficile à quantifier, du genre mafieux."<br />
"Le passé n'est pas notre souci"<br />
Cette vision pessimiste <strong>de</strong> la transition est largement partagée.<br />
Un <strong>de</strong>s personnages <strong>les</strong> plus controversés actuellement,<br />
à la lisière <strong>de</strong>s affaires et <strong>de</strong> la politique qu'il sait habilement<br />
mêlées, est Dan Voïcu<strong>les</strong>cu.<br />
Propriétaire <strong>de</strong> plusieurs chaînes <strong>de</strong> télévision, homme<br />
très riche et influent, il a créé un parti à son usage, le Parti<br />
Conservateur qui lui offre comme première facilité <strong>de</strong> bénéficier<br />
<strong>de</strong> l'immunité parlementaire.<br />
Voicu<strong>les</strong>cu a fait l'objet d'une enquête du<br />
CNSAS (Conseil National pour l'Etu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s Archives <strong>de</strong> la Securitate), qui a<br />
démontré ses liens avec la police politique<br />
ou son nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> était "Felix".<br />
Le milliardaire a contesté la légitimité du<br />
conseil <strong>de</strong>vant la justice, faisant même<br />
vaciller l'existence <strong>de</strong> l'institution, grâce<br />
aux complicités qu'il entretient au<br />
Parlement.<br />
Au cours <strong>de</strong> son enquête à Bucarest,<br />
l'envoyé spécial du Mon<strong>de</strong> à chercher à<br />
le rencontrer. Dans un langage qui n'a<br />
plus rien à envier à celui <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong><br />
communication <strong>de</strong>s multinationa<strong>les</strong>, l'attaché<br />
<strong>de</strong> presse <strong>de</strong> celui qui était déjà nomenklaturiste sous<br />
Ceausescu été clair. "Le sujet ne nous intéresse pas, il ne correspond<br />
pas à notre stratégie. Le passé n'est pas notre souci ".<br />
Le retard énorme et le manque <strong>de</strong> volonté dans l'ouverture<br />
<strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la Securitate expliquent la continuité du personnel<br />
au pouvoir, après la révolution <strong>de</strong> 1989. Depuis vingt<br />
ans, <strong>les</strong> élites ont su se protéger. Leur alliée a été la justice, faible<br />
et souvent corrompue. Ceux qui étaient compromis ont<br />
contesté <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux, tout en continuant à<br />
exercer leurs fonctions. Les très rares procès peuvent durer <strong>de</strong>s<br />
années. D'où une frustration générale <strong>de</strong>s enquêteurs du<br />
CNSAS, mais aussi du grand public, éprouvé par la ru<strong>de</strong>sse <strong>de</strong><br />
la transition, qui gron<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant l'impunité <strong>de</strong>s puissants.<br />
Piotr Smolar (Le Mon<strong>de</strong>)<br />
Aujourd'hui magnat <strong>de</strong> la presse<br />
et milliardaire, Dan Voicu<strong>les</strong>cu,<br />
alias "Felix", laissait traîner autrefois<br />
ses oreil<strong>les</strong> au service <strong>de</strong> la Securitate.<br />
47
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
48<br />
SUCEAVA<br />
BAIA<br />
MARE<br />
<br />
IASI<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
<br />
MURES BACAU<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Une nomenklatura<br />
toujours puissante<br />
Dans son texte, Marius Oprea<br />
évoque <strong>les</strong> mesures qu'il compte<br />
prendre pour démasquer <strong>les</strong> communistes<br />
et membres <strong>de</strong> la Securitate<br />
toujours au pouvoir… Non sans une<br />
certaine naïveté en oubliant que le<br />
Prési<strong>de</strong>nt qui vient d'être élu, Traian<br />
Basescu, est lui-même issu <strong>de</strong> cette<br />
nomenklatura qu'il essaie <strong>de</strong> démanteler.<br />
Il justifie son action en rappelant<br />
que "Le communisme est non seulement<br />
un régime criminel mais un régime<br />
qui a pratiqué le terrorisme d'Etat.<br />
Le crime peut être acci<strong>de</strong>ntel, mais le<br />
régime communiste l'a organisé en<br />
système. Il a organisé <strong>les</strong> abus et la<br />
violence <strong>de</strong> manière scientifique".<br />
Marius Oprea prévient aussi :<br />
"Selon nos calculs, il n'y a aujourd'hui<br />
pas plus <strong>de</strong> 10 000 anciens activistes<br />
du Parti communiste et <strong>de</strong> la<br />
Securitate. Nous allons nous occuper<br />
<strong>de</strong> ceux qui étaient membres <strong>de</strong> la<br />
nomenklatura et pas faire l'erreur <strong>de</strong><br />
commencer par <strong>les</strong> informateurs pour<br />
nous intéresser plus tard aux cadres.<br />
Nous visons <strong>les</strong> membres du Comité<br />
central, <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> Securitate, <strong>les</strong><br />
cadres régionaux, <strong>les</strong> cadres supérieurs<br />
<strong>de</strong> la milice et <strong>les</strong> magistrats<br />
qui ont participé à <strong>de</strong>s procès politiques.<br />
Mais nous n'allons pas faire<br />
<strong>de</strong> dossier pénal, sauf en cas <strong>de</strong> persécution<br />
d'une personne".<br />
L'Institut présidé par Marius Oprea<br />
était censé fonctionner pour une<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> six ans, soit jusqu'en 2<strong>01</strong>1<br />
et publier <strong>de</strong>s rapports trimestriels et<br />
annuels, son directeur estimant que<br />
ce délai <strong>de</strong>vait être suffisant pour<br />
trouver ce qu'il cherchait, à condition<br />
d'avoir un accès libre aux archives.<br />
En fait, il n'a jamais pu fonctionner<br />
normalement.<br />
<br />
CHISINAU<br />
<br />
Révolution an XX<br />
Connaissance et découverte<br />
En décembre 2005, le nouveau gouvernement roumain, sous la direction <strong>de</strong><br />
Calin Popescu Tariceanu a décidé la création d'un Institut pour l'investigation <strong>de</strong>s<br />
crimes du régime communiste, malgré l'opposition du Prési<strong>de</strong>nt Basescu, fraîchement<br />
élu. Marius Oprea*, son directeur se proposait alors <strong>de</strong> faire cohabiter dans<br />
la même maison morale et politique. Il partait du constat que dans tous <strong>les</strong> partis<br />
politiques roumains, ce sont <strong>les</strong> anciens activistes du Parti communiste et <strong>de</strong> la<br />
Securitate qui occupent <strong>les</strong> postes clé. Force est <strong>de</strong> constater que peu <strong>de</strong> choses ont<br />
changé <strong>de</strong>puis.<br />
Marius Oprea brise ses lances contre <strong>les</strong><br />
anciens nomenklaturistes et la Securitate.<br />
Condamner <strong>les</strong> crimes <strong>de</strong> l'ancien<br />
Marius Oprea: "Après 1989<br />
Dans un texte publié au moment<br />
<strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> ses fonctions,<br />
Marius Oprea donnait son sentiment,<br />
évoquant <strong>les</strong> difficultés rencontrées,<br />
son courageux projet faisant déjà penser au<br />
vain combat <strong>de</strong> Don Quichotte, la nomenklatura<br />
remplaçant <strong>les</strong> moulins :<br />
"L'Institut pour l'investigation <strong>de</strong>s crimes<br />
du communisme en Roumanie a été créé le<br />
21 décembre 2005 par une décision du gouvernement<br />
roumain. Cette institution ne<br />
dépend donc ni <strong>de</strong> l'Académie ni <strong>de</strong><br />
l'Université. Elle matérialise une idée que je<br />
défends <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 1990.<br />
Après <strong>les</strong> évènements <strong>de</strong> décembre<br />
1989, le sentiment anti-communiste était<br />
extrêmement fort dans la population. La classe politique a promis d'organiser un procès<br />
du communisme, ce qu'elle n'a pas fait. Peu à peu, il est <strong>de</strong>venu visible que ceux qui se<br />
sont installés au pouvoir en Roumanie en 1990 ont, en fait, organisé un coup d'Etat<br />
contre la révolution anti-communiste. Nous avons assisté à la création d'une nouvelle<br />
Securitate, l'ancienne police politique, à travers <strong>les</strong> services secrets créés en 1990 et via<br />
le levier économique <strong>de</strong>s individus issus <strong>de</strong> l'ancienne nomenklatura. Ainsi, une nouvelle<br />
et très puissante oligarchie s'est installée au pouvoir, à travers un processus que<br />
j'ai appelé la "privatisation du communisme".<br />
Après 1989, <strong>les</strong> anciens <strong>de</strong> la Securitate et du Parti communiste gar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s postes<br />
clé. Dans ce contexte, il n'était évi<strong>de</strong>mment plus question d'organiser un procès du communisme.<br />
Bien que diplômé d'archéologie, j'ai décidé <strong>de</strong> me spécialiser en histoire<br />
contemporaine et <strong>de</strong> préparer une thèse <strong>de</strong> doctorat sur le rôle <strong>de</strong> la police politique<br />
durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gheorghe Gheorghiu-Dej, c'est à dire avant 1965. Paradoxalement,<br />
même cette voie n'était pas la bonne puisque <strong>les</strong> portes <strong>de</strong>s instituts <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong><br />
l'Université me sont restées fermées. J'ai ainsi découvert que <strong>les</strong> anciens <strong>de</strong> la Securitate<br />
et du Parti communiste étaient restés aux comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'Université roumaine.<br />
Les excuses du Prési<strong>de</strong>nt Constantinescu n'ont servi à rien<br />
Les structures <strong>de</strong> cette oligarchie ont même créé un institut censé étudier le totalitarisme,<br />
dirigé par un représentant du Parti <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Roumanie (le parti <strong>de</strong> Vadim<br />
Tudor), un parti extrémiste qui a <strong>de</strong>s origines communistes. Il est <strong>de</strong>venu évi<strong>de</strong>nt que<br />
seule l'installation d'un nouveau pouvoir était en mesure <strong>de</strong> donner une chance à l'idée<br />
<strong>de</strong> commencer un procès du communisme.<br />
Un tel changement a eu lieu en 1996, quand la Convention démocratique a gagné<br />
<strong>les</strong> élections. Les choses semblaient avoir pris une bonne direction, surtout après l'été<br />
1997, lorsque le Prési<strong>de</strong>nt Emil Constantinescu a présenté <strong>de</strong>s excuses au peuple pour<br />
<strong>les</strong> crimes du régime communiste. Malheureusement, on en est resté au niveau déclaratif.<br />
Il n'y a eu aucune condamnation <strong>de</strong> la Securitate et <strong>de</strong>s dirigeants communistes.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
régime revient au vain combat <strong>de</strong> Don Quichotte<br />
on a seulement privatisé le communisme"<br />
En 2000, lorsque <strong>les</strong> anciens communistes sont revenus au<br />
pouvoir, il est re<strong>de</strong>venu impossible <strong>de</strong> penser à un procès du<br />
communisme.<br />
Pendant toute cette pério<strong>de</strong> je n'ai pas cessé d'écrire <strong>de</strong>s<br />
artic<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s livres pour maintenir éveillée l'attention du<br />
public sur <strong>les</strong> crimes du communisme. J'ai subi durant ces<br />
années une centaine d'actions en justice <strong>de</strong>stinées à m'intimi<strong>de</strong>r.<br />
El<strong>les</strong> étaient souvent initiées par <strong>de</strong>s informateurs <strong>de</strong> la<br />
Securitate que j'avais démasqués.<br />
Les manœuvres d'Iliescu<br />
et Nastase revenus au pouvoir<br />
Fin 2000, lorsque Ion Iliescu est re<strong>de</strong>venu Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
République et qu'Adrian Nastase a été nommé Premier ministre,<br />
<strong>les</strong> menaces sur ceux qui voulaient faire sortir la vérité sur<br />
le régime communiste se sont aggravées.<br />
Pendant ces années, sans le soutien <strong>de</strong> la presse et d'intellectuels<br />
importants, notre démarche serait restée isolée. En<br />
2002, on a introduit trois actions en justice contre moi: on voulait<br />
m'obliger à verser 2 millions d'euros.<br />
Toujours en 2002, le Premier ministre Adrian Nastase a<br />
voulu me faire condamner comme auteur du dossier publié<br />
dans la presse au sujet <strong>de</strong> sa fortune, signée sous le pseudonyme<br />
d'Armaguedon.<br />
Les problèmes <strong>de</strong>venaient <strong>de</strong> plus en plus graves parce<br />
que je ne me contentais pas d'étu<strong>de</strong>s historiques, mais cherchais<br />
à suivre la carrière post-<br />
1989 <strong>de</strong> ceux que j'étudiais.<br />
J'ai découvert que le<br />
Conseiller pour la Sécurité<br />
nationale du Premier ministre<br />
A. Nastase avaient été l'un<br />
<strong>de</strong>s enquêteurs <strong>les</strong> plus brutaux<br />
<strong>de</strong> la Securitate. Son<br />
nom est Ristea Priboi. J'ai<br />
aussi mis à jour que le chef<br />
d'un <strong>de</strong>s services secrets <strong>de</strong><br />
Roumanie, Marin Ureche,<br />
avait été impliqué dans <strong>de</strong>s<br />
actions très graves <strong>de</strong> police<br />
politique. J'ai encore découvert<br />
que <strong>de</strong>s personnes qui<br />
occupaient <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> directeurs dans certains ministères<br />
en avaient précé<strong>de</strong>mment occupé d'autres importantes dans <strong>les</strong><br />
structures <strong>de</strong> la Securitate. J'ai mis en évi<strong>de</strong>nce qu'en 1993<br />
seize <strong>de</strong>s attachés commerciaux envoyés dans <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>s<br />
roumaines à l'étranger provenaient <strong>de</strong> la Securitate.<br />
Des biographies qui commencent<br />
bizarrement seulement en 1990<br />
Ristea Priboi, conseiller pour la sécurité<br />
nationale d'Adrian Nastase, alors Premier<br />
ministre, était l'un <strong>de</strong>s interrogateurs<br />
<strong>les</strong> plus brutaux <strong>de</strong> la Securitate.<br />
Petit à petit, j'ai constaté que peu <strong>de</strong> choses avaient changé<br />
par rapport à l'avant 1989, mis à part que ceux qui gouver-<br />
naient le faisaient non<br />
plus au nom du communisme<br />
mais <strong>de</strong> la démocratie.<br />
60% <strong>de</strong>s personnes<br />
mentionnées sur le<br />
site du Premier ministre<br />
A. Nastase faisaient<br />
débuter leur biographie<br />
en 1990… Ce qui m'a<br />
fait dire que nous<br />
étions dirigés par <strong>de</strong>s<br />
ado<strong>les</strong>cents… Bien sûr<br />
Connaissance et découverte<br />
Curieusement, l’ancien Premier ministre<br />
Adrian Nastase fait démarrer<br />
sa biographie après 1990.<br />
j'aurais préféré, mais ce n'était pas le cas, nous étions gouvernés<br />
par <strong>de</strong>s personnes qui avaient <strong>de</strong>s éléments biographiques<br />
importants à cacher.<br />
La dénonciation <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> la Securitate reste donc<br />
d'actualité en ce début du XXIe siècle. Pratiquement, en étudiant<br />
le parcours <strong>de</strong>s anciens activistes communistes ou <strong>de</strong> la<br />
Securitate, nous pouvons suivre leur trace et savoir où ils se<br />
trouvent aujourd'hui".<br />
…Dans son texte, publié un an avant l'entrée <strong>de</strong> la<br />
Roumanie, Marius Oprea lançait aussi cet avertissement prémonitoire:<br />
"Si l'Union Européenne ne veut pas avoir à faire à<br />
<strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> roumains corrompus et issus <strong>de</strong> la<br />
Securitate, elle a tout intérêt à nous soutenir. En effet, si cette<br />
oligarchie communiste et <strong>de</strong> la Securitate continue à agir en<br />
Roumanie, la corruption <strong>de</strong> haut niveau sera bientôt le principal<br />
produit d'exportation <strong>de</strong> la Roumanie. Nos bureaucrates,<br />
issus <strong>de</strong>s structures communistes peuvent très<br />
bien enseigner à ceux <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong> comment on vole".<br />
Marius Oprea<br />
(Traduit du roumain par Radu Portocala)<br />
*Historien, né en 1964 à Târgoviste. Directeur <strong>de</strong><br />
l'Institut pour l'investigation <strong>de</strong>s crimes du régime<br />
communiste roumain.<br />
Au moment <strong>de</strong> sa nomination, Marius Oprea a été<br />
directement menacé par <strong>de</strong>s membres importants <strong>de</strong>s<br />
services secrets roumains, anciens <strong>de</strong> la Securitate. Il a<br />
été notamment abordé dans la rue et on lui a fait comprendre<br />
que son petit garçon pourrait être enlevé. Depuis<br />
cette époque, et toujours aujourd'hui, sa femme et son<br />
enfant vivent en Allemagne, où il leur rend fréquemment<br />
visite. "J'ai compris que ces menaces venaient d'un groupe<br />
d'officiers qui craignaient que je dirige cet Institut" indique-til,<br />
enchaînant: "Leur crainte était justifiée parce que je disposais<br />
déjà d'informations sur la corruption dans <strong>les</strong> services<br />
secrets roumains et j'en avais également rendu publiques certaines<br />
concernant leur collusion avec la mafia arabe".<br />
Marius Oprea confie également: "Çà m'a déterminé à agir.<br />
Peut-être autrement me serais-je contenté d'écrire <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong><br />
et <strong>de</strong>s livres sans aller jusqu'à m'impliquer dans une structure<br />
qui ressemble à celle <strong>de</strong> Simon Wiesenthal (le chasseur <strong>de</strong><br />
nazis) à Vienne".<br />
49
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
50<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
ARAD<br />
TIMISOARA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BRASOV<br />
<br />
TÂRGOVISTE<br />
PITESTI <br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
IASI <br />
<br />
BUCAREST<br />
BACAU<br />
<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
"L'ami en qui<br />
j'avais confiance "…<br />
Les médias jouent un rôle majeur<br />
dans <strong>les</strong> règlements <strong>de</strong> comptes d'après-révolution.<br />
En mars 2002, l'écrivain<br />
et animateur <strong>de</strong> télévision<br />
Stelian Tanase, dont <strong>de</strong>ux ouvrages<br />
avaient été interdits à l'époque communiste,<br />
va jusqu'à organiser une<br />
confrontation, <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> caméras,<br />
avec l'homme qui l'avait trahi pendant<br />
<strong>de</strong>s années: son meilleur ami,<br />
Dan Oprescu.<br />
Quelques mois plus tôt, il avait eu<br />
enfin accès à son dossier - du<br />
moins, à la seule partie disponible -<br />
au CNSAS. " Ma première réaction,<br />
en lisant, a été <strong>de</strong> dire : tout cela est<br />
dérisoire! Une vraie comédie macabre.<br />
Ces vauriens d'agents étaient<br />
préoccupés par la couleur <strong>de</strong> mes<br />
chemises, le tramway que je prenais".<br />
Certains, contraints <strong>de</strong> collaborer,<br />
s'en tiraient rapportant <strong>de</strong>s choses<br />
anodines.<br />
C'est dans ce même dossier qu'il<br />
découvre le rôle d'informateur joué<br />
par son ami. "On s'est connus<br />
lorsque nous étudiions la philosophie.<br />
Il était très bien éduqué, avait<br />
<strong>de</strong>s connaissances littéraires colossa<strong>les</strong>.<br />
De mes amis, il était celui en<br />
qui j'avais le plus confiance. Je lui<br />
livrais tous mes secrets, mes projets<br />
<strong>de</strong> livre, mes rencontres avec <strong>de</strong>s<br />
ambassa<strong>de</strong>urs et <strong>de</strong>s journalistes".<br />
Stelian Tanase finit par lui proposer<br />
une explication publique, à l'antenne.<br />
Dan Oprescu accepte. "Il a dit<br />
qu'il avait été volontaire pour collaborer.<br />
Que son but était <strong>de</strong> me protéger,<br />
en donnant une meilleure image<br />
<strong>de</strong> moi à la Securitate", explique<br />
Stelian Tanase, qui ne sait toujours<br />
pas quel crédit accor<strong>de</strong>r aux justifications<br />
<strong>de</strong> son ancien ami.<br />
<br />
Révolution an XX<br />
Connaissance et découverte<br />
Vasile et Aurora s'aimaient <strong>de</strong>puis<br />
Depuis le début <strong>de</strong>s années 2000, <strong>les</strong> Roumains ont, en théorie, la possibilité <strong>de</strong><br />
consulter <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate <strong>les</strong> concernant, en se rendant au CNSAS, à<br />
Bucarest. En théorie seulement: le peu d'empressement <strong>de</strong>s autorités qui se sont<br />
succédées <strong>de</strong>puis pour en faciliter l'accès, <strong>les</strong> entraves suscitées délibérément par<br />
<strong>les</strong> héritiers <strong>de</strong> l'ancienne police politique ren<strong>de</strong>nt pratiquement inopérante cette<br />
opportunité. A la découverte <strong>de</strong> ces <strong>document</strong>s, <strong>les</strong> rares "privilégiés" font souvent<br />
"un retour vers l'Enfer", comme le conte Piotr Smolar, évoquant la tragique histoire<br />
<strong>de</strong> l'écrivain Vasile Gavri<strong>les</strong>cu et <strong>de</strong> son amour <strong>de</strong> jeunesse, Aurora.<br />
Un jour, un ours a pénétré<br />
dans le jardin <strong>de</strong> Vasile<br />
Gavri<strong>les</strong>cu. Les aboiements<br />
hystériques <strong>de</strong> ses huit chiens,<br />
impuissants <strong>de</strong>rrière le grillage <strong>de</strong> leur<br />
enclos, réveillèrent la campagne. Les 7<br />
500 habitants d'Horezu, village situé à<br />
environ 250 km <strong>de</strong> Bucarest, avaient<br />
l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s visites impromptues d'animaux.<br />
Chaussons à la main, Vasile<br />
Gavri<strong>les</strong>cu a fait fuir le grand ours,<br />
sans doute surpris par tant <strong>de</strong> témérité.<br />
Il est comme ça, l'écrivain: buté jus-<br />
Retour vers l’Enfer<br />
Vasile Gavri<strong>les</strong>cu, amer après<br />
avoir découvert la trahison <strong>de</strong> sa femme :<br />
"J'ai couché avec la Securitate".<br />
qu'à l'inconscience, tanné comme le cuir d'un tambour qui aurait rythmé mille batail<strong>les</strong>.<br />
A l'époque communiste, Vasile Gavri<strong>les</strong>cu a écopé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux peines <strong>de</strong> prison et<br />
rendu blêmes <strong>de</strong> rage <strong>de</strong>s dizaines d'officiers <strong>de</strong> la police politique. C'est un survivant,<br />
une sorte <strong>de</strong> baobab, qui résiste aux chaleurs éreintantes. En 1948, lorsque le roi Michel<br />
Ier est contraint à l'exil, Vasile, 10 ans, se tire une balle dans la poitrine. Il rate son coup.<br />
Inutile <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts monarchistes dans la famille: une mère ouvrière, un<br />
père pharmacien qui <strong>les</strong> abandonne à la naissance.<br />
A 18 et 16 ans, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux amoureux prennent le maquis<br />
Au lycée, dans la ville <strong>de</strong> Craiova, il rencontre Aurora, belle ado<strong>les</strong>cente, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
ans sa ca<strong>de</strong>tte. L'amour <strong>de</strong> jeunesse se conjugue avec un engagement commun. Inspiré<br />
par l'insurrection en Hongrie <strong>de</strong> 1956, Vasile crée un réseau clan<strong>de</strong>stin. Si la révolution<br />
vient, il faudra être prêt. "Avec mes dix-huit camara<strong>de</strong>s, on avait un plan pour s'emparer<br />
<strong>de</strong>s lieux stratégiques <strong>de</strong> la ville et prendre <strong>les</strong> armes". Mais un mouchard parle.<br />
Vasile et Aurora rejoignent le maquis. Ils sont arrêtés <strong>de</strong>ux ans plus tard.<br />
Elle est condamnée à douze ans; lui à vingt-<strong>de</strong>ux ans. Cette séparation forcée va<br />
changer leur histoire. "J'ai eu la possibilité <strong>de</strong> bénéficier d'une belle éducation en prison,<br />
auprès <strong>de</strong> ministres, d'aristocrates, d'intellectuels, <strong>de</strong> gens venant <strong>de</strong> la Sorbonne<br />
et d'Oxford", explique-t-il dans un français châtié, parfois ponctué <strong>de</strong> "merrr<strong>de</strong>" et <strong>de</strong><br />
"connarrrds" sonores et espièg<strong>les</strong>.<br />
Sorti <strong>de</strong> prison en 1964, en même temps que sa femme, Vasile Gavri<strong>les</strong>cu la retrouve<br />
marquée, plus distante. Il <strong>de</strong>vient électricien. Mais <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> la Securitate lui<br />
ren<strong>de</strong>nt la vie impossible. Il tente <strong>de</strong> fuir, seul, en franchissant le Danube. Il atteint la<br />
côte yougoslave, mais est interpellé et rendu aux autorités roumaines, contre un wagon<br />
<strong>de</strong> sel. Deuxième condamnation, cette fois à sept ans. Il sort au bout <strong>de</strong> trois ans et<br />
<strong>de</strong>mi, fait enfin la connaissance <strong>de</strong> sa fille, née pendant sa détention. Il commence alors<br />
à écrire, pour se libérer <strong>de</strong> sa détestation envers le régime.<br />
Le 23 novembre 1972, la Securitate perquisitionnent l'appartement familial, brandissant<br />
une lettre anonyme factice qui accuse Vasile <strong>de</strong> trafic <strong>de</strong> pierres précieuses. Les<br />
officiers trouvent ses manuscrits dans le double fond d'un tiroir. Mais il ne retourne pas<br />
en prison, ses écrits n'ayant pas été diffusés.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Infos pratiques<br />
l'enfance: <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate ont irrémédiablement terni leur histoire d'amour<br />
pour ceux qui veulent savoir<br />
En 1985, déchu <strong>de</strong> la nationalité roumaine, il s'installe à<br />
Paris, avec Aurora et leurs <strong>de</strong>ux enfants. Il espère ranimer leur<br />
amour, affaibli par <strong>les</strong> épreuves. Gavri<strong>les</strong>cu suit à distance la<br />
chute du régime Ceaucescu. Gravement mala<strong>de</strong>, Aurora meurt<br />
en 1991. Elle est enterrée à Amiens. Deux ans plus tard,<br />
Gavri<strong>les</strong>cu retourne en Roumanie.<br />
"Sa femme, son amour, sa confi<strong>de</strong>nte,<br />
la mère <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux enfants, l'espionnait"<br />
Comme <strong>de</strong>s milliers d'autres victimes <strong>de</strong> la répression, l'écrivain<br />
souhaite consulter son dossier personnel, constitué par<br />
la police. Plusieurs années <strong>de</strong> démarches sont nécessaires.<br />
Enfin, un jour <strong>de</strong> novembre 20<strong>01</strong>, il pénètre dans la salle <strong>de</strong><br />
lectures du Centre national pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la<br />
Securitate (CNSAS). Un homme pousse un chariot jusqu'à lui.<br />
"Je m'attendais à <strong>de</strong>ux ou trois volumes. Il en a apporté 22, et<br />
ce n'était pas l'intégralité."<br />
Aucun adjectif, aucune métaphore, ne pourrait transcrire<br />
avec précision ce que Vasile Gavri<strong>les</strong>cu a ressenti ce jour-là.<br />
Disons que la vie s'est dérobée sous ses pieds. Après une <strong>de</strong>miheure<br />
<strong>de</strong> lecture du dossier "chauve-souris", surnom que la<br />
police lui avait donné, l'écrivain a pris la vérité en pleine figure:<br />
Aurora, sa femme, son amour, sa confi<strong>de</strong>nte, la mère <strong>de</strong> ses<br />
<strong>de</strong>ux enfants, sa raison <strong>de</strong> vivre, collaborait, l'espionnait.<br />
En 1961, pendant sa détention, Aurora a signé un formu-<br />
Les dossiers sont <strong>de</strong> quatre<br />
types: <strong>les</strong> rapports <strong>de</strong> surveillance,<br />
<strong>les</strong> dossiers <strong>de</strong>s<br />
informateurs, <strong>les</strong> affaires judiciaires, et<br />
enfin <strong>les</strong> analyses généra<strong>les</strong>. Sur un coin<br />
<strong>de</strong> table, on trouve aussi <strong>de</strong>s sacs plastique<br />
transparents, avec <strong>de</strong>s bouts <strong>de</strong><br />
feuil<strong>les</strong> mangés par <strong>les</strong> flammes. Il s'agit<br />
<strong>de</strong> dossiers brûlés à la révolution <strong>de</strong> 1989<br />
par <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> paniqués.<br />
Il faut renoncer à chercher l'entière<br />
vérité <strong>de</strong> l'époque communiste dans <strong>les</strong><br />
archives. D'abord, en raison <strong>de</strong> leur<br />
Des archives diffici<strong>les</strong> à consulter.<br />
caractère très incomplet.<br />
Les <strong>de</strong>structions avaient<br />
commencé bien avant<br />
1989. "Dans <strong>les</strong> années<br />
1970, <strong>de</strong>s ordres sont tombés du sommet<br />
du pouvoir pour se débarrasser d'environ<br />
200 000 dossiers <strong>de</strong> membres du Parti",<br />
rappelle Dorin Dobrincu, directeur <strong>de</strong>s<br />
archives nationa<strong>les</strong>. Ensuite, parce qu'il<br />
faut se méfier <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> la police politique.<br />
Exemple: dans <strong>les</strong> 500 000 dossiers<br />
d'informateurs ne figurent pas ceux du<br />
Parti; en revanche, on y trouve ceux qui<br />
avaient refusé <strong>de</strong> collaborer avec la<br />
Securitate, enregistrés malgré tout.<br />
Dans <strong>les</strong> cartons <strong>de</strong>s informateurs,<br />
tous dotés d'un pseudonyme, on trouve<br />
laire d'engagement. Après sa libération, elle a renseigné la<br />
Securitate sur <strong>les</strong> déplacements, <strong>les</strong> propos et <strong>les</strong> écrits <strong>de</strong><br />
Vasile Gavri<strong>les</strong>cu. La perquisition <strong>de</strong> l'appartement, la découverte<br />
<strong>de</strong> sa cache: c'était elle. La rage lui noue encore le ventre.<br />
"Je ne pardonne pas et je n'oublie pas. Heureusement que<br />
ma femme était déjà morte quand j'ai appris cela. Je suis<br />
bélier. Le bélier cogne avec la tête sans se poser <strong>de</strong> questions,<br />
et après se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi il a mal".<br />
Quarante trois autres "mouchards":<br />
amis, connaissances, collègues, voisins<br />
Le dossier contenait également une liste <strong>de</strong> 43 personnes -<br />
amis, connaissances, collègues, voisins - qui avaient apporté<br />
leur contribution à l'étau invisible qui l'enserrait. "Tous autour<br />
<strong>de</strong> moi collaboraient. Et moi, j'étais comme un poisson dans<br />
un aquarium". L'année suivante, Gavri<strong>les</strong>cu fut gravement<br />
mala<strong>de</strong>. Puis il s'efforça <strong>de</strong> reprendre pied, par l'écriture.<br />
Depuis, il a publié dix-sept livres, <strong>de</strong> l'autobiographie à la<br />
poésie, pour décrire la nature maléfique <strong>de</strong> l'ancien "système<br />
tortionnaire". Malgré l'éloignement du milieu littéraire dont il<br />
se sent banni, la vie à la campagne lui fait du bien.<br />
Aujourd'hui, il va vers ses 72 ans. "Ici, le temps se dilate", dit<br />
joliment en français sa secon<strong>de</strong> compagne, peintre et professeur<br />
d'arts plastiques.<br />
Piotr Smolar (Le Mon<strong>de</strong>)<br />
L'intérêt national brandi pour refuser l'accès aux archives<br />
La quête impossible <strong>de</strong> la vérité<br />
L'o<strong>de</strong>ur du papier jauni et humi<strong>de</strong>, ajoutée à la poussière,<br />
vous saisit à la gorge lorsque vous pénétrez dans l'un <strong>de</strong>s trois hangars<br />
contenant <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate. Nous sommes à une<br />
vingtaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> Bucarest. C'est ici, en zone militaire,<br />
que le Conseil national pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la Securitate<br />
(CNSAS) entrepose et gère près <strong>de</strong> 20 km <strong>de</strong> <strong>document</strong>s.<br />
l'ensemble <strong>de</strong> leur parcours: leur accord<br />
écrit, leur profil psychologique avant<br />
recrutement, <strong>les</strong> informations pouvant<br />
servir pour un chantage en cas <strong>de</strong> nécessité,<br />
leurs dénonciations manuscrites, et<br />
enfin <strong>les</strong> traces <strong>de</strong> leurs rémunérations.<br />
Des sommes souvent dérisoires, parfois<br />
substantiel<strong>les</strong>.<br />
Les "informateurs"<br />
avaient tous un pseudonyme<br />
Créé en 1999, le CNSAS s'est longtemps<br />
heurté au manque <strong>de</strong> coopération<br />
du service roumain <strong>de</strong> renseignement<br />
(SRI, le successeur <strong>de</strong> la Securitate).<br />
(suite page 52)<br />
51
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
52<br />
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BUCAREST<br />
BACAU<br />
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GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
(suite <strong>de</strong> la page 51)<br />
“Nous n'avons pu utiliser que<br />
moins d'1 % <strong>de</strong>s archives entre 1999<br />
et 2006, souligne Germina Nagat,<br />
chef <strong>de</strong> l'unité d'enquête au Conseil,<br />
qui compte cinquante-cinq employés.<br />
En réalité, le Conseil n'a commencé<br />
à fonctionner <strong>de</strong> façon efficace qu'à<br />
partir <strong>de</strong> 2007”.<br />
Comme le rappelle Dorin<br />
Dobrincu, aux archives nationa<strong>les</strong>,<br />
"le SRI a constamment brandi, dans<br />
<strong>les</strong> années 1990, la notion d'intérêt<br />
national pour refuser l'accès aux<br />
dossiers. Cette tactique a beaucoup<br />
retardé l'ouverture <strong>de</strong>s archives".<br />
L'obscurité n'a pas été totalement<br />
levée. Personne ne sait quelle est la<br />
part réelle <strong>de</strong>s dossiers transmis.<br />
"On dit que le SRI ne nous a donné<br />
que 85 % <strong>de</strong>s dossiers", souligne<br />
Germina<br />
Nagat.<br />
Le directeur<br />
du SRI,<br />
George Cristian<br />
Maior, nous<br />
a fait savoir<br />
par écrit que<br />
son service "a<br />
gardé seulement<br />
<strong>les</strong> dos-<br />
siers prévus<br />
par la loi,<br />
concernant la<br />
sûreté nationale actuelle <strong>de</strong> la<br />
Roumanie, surtout la protection contre-terroriste".<br />
Cela représenterait 3 %<br />
<strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> archives.Le service<br />
affirme que la rupture avec <strong>les</strong> temps<br />
anciens, en termes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s et<br />
<strong>de</strong> personnel, est "totale et irréversible".<br />
"L'âge moyen <strong>de</strong> notre institution<br />
est <strong>de</strong> 36 ans, et plus <strong>de</strong> 60 %<br />
<strong>de</strong> ceux-ci avaient 18 ans environ<br />
lors <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> 1989".<br />
P. S (Le Mon<strong>de</strong>)<br />
<br />
Révolution an XX<br />
Mauvaise surprise pour l'écrivain Stelian Tanase<br />
qui a découvert dans <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate<br />
la trahison <strong>de</strong> son meilleur ami.<br />
Connaissance et découverte<br />
Pour Luciana Jinga, <strong>les</strong> Roumains<br />
Luciana Jinga est historienne à l'Institut <strong>de</strong> recherches et d'investigation <strong>de</strong>s<br />
crimes du communisme, organe fondé en 2005, financé par l'Etat et dirigé par<br />
Marius Oprea. L'Institut tente <strong>de</strong> faire la lumière sur <strong>les</strong> crimes commis pendant<br />
la pério<strong>de</strong> communiste entre 1947 et 1989, notamment par <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> la<br />
Securitate, et <strong>de</strong> faire juger <strong>les</strong> personnes impliquées... Sans résultat, jusqu'à présent,<br />
comme elle l'explique.<br />
Ala différence d'autres pays ex-communistes<br />
en Europe, comme<br />
l'Allemagne ou la République<br />
tchèque, il n'y a pas eu, en Roumanie, <strong>de</strong> loi <strong>de</strong><br />
"lustration" <strong>de</strong>stinée à protéger <strong>les</strong> institutions<br />
démocratiques du nouvel Etat en excluant <strong>les</strong><br />
anciens agents <strong>de</strong> la police communiste <strong>de</strong> la<br />
fonction publique. Pourquoi?<br />
Toujours <strong>les</strong> mêmes aux mêmes places<br />
C'est simple. Ici, tous ceux qui étaient dans<br />
<strong>les</strong> rouages <strong>de</strong> l'ancien système sont restés en<br />
place. Comment Ion Iliescu, par exemple, qui a<br />
été le premier prési<strong>de</strong>nt roumain après 1989,<br />
aurait-il pu adopter une telle loi, alors qu'il était<br />
lui-même un cadre du régime communiste?<br />
L'actuel prési<strong>de</strong>nt, Traian Basescu, ancien officier<br />
<strong>de</strong> la marine roumaine, a été le responsable<br />
d'une agence dans le port d'Anvers.<br />
Or pour être envoyé avec <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> responsabilités<br />
à l'étranger, il fallait<br />
"La reconnaissance <strong>de</strong> sa<br />
"Il n'y a pas <strong>de</strong> crimes sans cadavres"<br />
a-t-on lancé à Marius Oprea… Du<br />
coup, l'historien s'est lancé dans <strong>de</strong>s<br />
fouil<strong>les</strong>,à la recherche <strong>de</strong>s ossements<br />
<strong>de</strong>s victimes du régime communiste.<br />
faire partie du système ou au moins lui être dévoué. En clair, <strong>les</strong><br />
politiciens roumains n'allaient pas faire une loi dont <strong>les</strong> conséquences<br />
auraient été fata<strong>les</strong> pour eux...<br />
Aujourd'hui encore, ce sont ces mêmes personnes qui sont<br />
en place dans l'administration, la politique, la justice ou <strong>les</strong> affaires.<br />
Les mêmes ou leurs enfants, leurs proches, le népotisme<br />
fonctionnant toujours très bien chez nous. Même la loi "partielle"<br />
<strong>de</strong> lustration qui a été adoptée (en 2005), qui concerne la justice<br />
et l'administration, a ses limites; elle s'est très vite transformée<br />
en instrument politique, certains passant entre <strong>les</strong> mail<strong>les</strong> du<br />
filet, d'autres pas. Si <strong>de</strong>s procès sont en cours pour <strong>de</strong>s crimes<br />
commis à l'époque, il n'y a encore eu aucune condamnation prononcée...<br />
"Il n'y a pas crimes sans cadavres… alors il faut <strong>les</strong> trouver”<br />
Le maintien en place <strong>de</strong>s anciens communistes l'explique, encore une fois. Tant<br />
que le premier ex-officier <strong>de</strong> Securitate ne sera pas condamné, on ne pourra pas avancer.<br />
Notre Institut intente <strong>de</strong>s actions en justice, dépose <strong>de</strong>s plaintes contre <strong>de</strong>s tortionnaires,<br />
mais rien n'aboutit, le principal problème étant la prescription...<br />
Récemment, nous avons <strong>de</strong>mandé l'ouverture <strong>de</strong> poursuites péna<strong>les</strong> contre un<br />
ancien milicien qui, à la fin <strong>de</strong>s années 1980, aurait arrêté sans mandat une vingtaine<br />
d'étudiants qui écoutaient <strong>de</strong> la musique rock, qu'il aurait ensuite battus et torturés. Le<br />
chef d'accusation retenu a été celui d' "abus dans le cadre du travail"! Il risquait <strong>de</strong>ux<br />
à six mois <strong>de</strong> prison; surtout, le délai <strong>de</strong> prescription est <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans...<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
ont peur d'affronter le passé… qui est en fait le présent<br />
faute n'est pas une spécialité roumaine"<br />
La plainte a donc été rejetée. C'est un exemple parmi d'autres...<br />
Ici, on a un peu un sentiment d'inutilité. Nous passons<br />
<strong>de</strong>s mois à rassembler <strong>les</strong> pièces du puzzle pour chaque cas,<br />
afin <strong>de</strong> présenter <strong>les</strong> preuves d'un crime, en vain.<br />
Cet été, Marius Oprea, notre directeur, a lancé une gran<strong>de</strong><br />
campagne d'exhumation <strong>de</strong> corps, car un jour, un procureur lui<br />
avait dit: "Il n'y a pas <strong>de</strong> crime sans cadavres". Alors il a commencé<br />
à chercher <strong>les</strong> cadavres <strong>de</strong>s crimes du régime communiste,<br />
en retrouvant certains endroits où <strong>les</strong> corps <strong>de</strong>s personnes<br />
fusillées par la Securitate dans <strong>les</strong> années 1950 avaient été<br />
cachés. Même avec ces "cadavres", cependant, <strong>les</strong> crimes ont<br />
très peu <strong>de</strong> chances d'être condamnés.<br />
La crainte <strong>de</strong> découvrir<br />
que votre meilleur ami vous a mouchardé<br />
Les mêmes raisons expliquent-el<strong>les</strong> l'ouverture tardive <strong>de</strong>s<br />
archives <strong>de</strong> la Securitate?<br />
Oui, d'autant qu'el<strong>les</strong> ont été ouvertes sans être ouvertes.<br />
Au début, en 1999, le Conseil national <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la<br />
Securitate (CNSAS) n'avait aucun dossier sous la main, pour<br />
travailler. Aujourd'hui, il en a beaucoup plus mais on ne sait<br />
pas exactement <strong>de</strong> quoi ils disposent: l'inventaire détaillé n'est<br />
pas public et l'accès est difficile.<br />
Pour <strong>les</strong> citoyens - certaines personnes viennent nous voir<br />
parce qu'el<strong>les</strong> n'ont pas pu avoir accès à leur dossier au<br />
CNSAS - mais aussi pour <strong>les</strong> chercheurs. Les conditions à<br />
remplir pour être accrédité sont compliquées.<br />
On a le sentiment que le passé est encore tabou pour la<br />
société roumaine... Mais, c'est bien plus. On en parle, cela<br />
intéresse <strong>les</strong> gens, comme le montre le succès <strong>de</strong>s émissions ou<br />
<strong>de</strong>s livres que notre Institut publie sur le sujet. Mais ce n'est<br />
pas forcément suivi d'actions concrètes, comme aller voir son<br />
dossier personnel par exemple.<br />
Il y a une forme <strong>de</strong> crainte, d'abord... Dans la majorité <strong>de</strong>s<br />
cas, <strong>les</strong> informateurs étaient <strong>de</strong>s personnes proches, <strong>de</strong>s collègues,<br />
<strong>de</strong>s amis, <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille. Après la révolution,<br />
le communisme est tombé, mais le cercle <strong>de</strong> relations socia<strong>les</strong><br />
est resté le même. D'où une peur d'affronter le passé, qui est en<br />
fait le présent.<br />
Dans ma famille par exemple, mon grand-père a été renvoyé<br />
<strong>de</strong> l'armée lors <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> épuration, en 1958, car<br />
quelqu'un l'a accusé d'être un "bourgeois". A présent, il refuse<br />
d'aller consulter son dossier: il craint que ce soit son meilleur<br />
ami qui ait écrit cette déclaration mensongère. De nombreuses<br />
personnes sont dans son cas. Et veulent tourner la page...<br />
“Avec <strong>les</strong> difficultés <strong>de</strong> la vie, le travail<br />
<strong>de</strong> mémoire était le <strong>de</strong>rnier souci”<br />
Oui, beaucoup ne veulent plus penser à une pério<strong>de</strong> si<br />
douloureuse... Ils ont déjà perdu une partie <strong>de</strong> leur vie à cette<br />
époque, ce n'est pas la peine <strong>de</strong> rouvrir la plaie. Dans <strong>les</strong><br />
années 1990, <strong>de</strong> plus, la Roumanie a connu une pério<strong>de</strong> éco-<br />
nomique très<br />
dure. Le travail<br />
<strong>de</strong> mémoire était<br />
le <strong>de</strong>rnier souci<br />
<strong>de</strong>s gens. Les<br />
victimes, bien<br />
sûr, s'en sont<br />
préoccupées,<br />
mais pas <strong>les</strong> autres.<br />
Quelques<br />
Connaissance et découverte<br />
voix éparses évoquaient ces problèmes d'ouverture <strong>de</strong>s archives,<br />
mais el<strong>les</strong> n'étaient pas portées par un vrai mouvement<br />
dans la société civile.<br />
“Il y avait par nature<br />
une tendance au dédoublement”<br />
Le rapport Tismaneanu sur le communisme<br />
semble surtout avoir été fait pour être classé...<br />
Enfin, nous subissions le contrecoup du mécanisme pervers<br />
subi sous le régime communiste, lorsque <strong>les</strong> gens vivaient<br />
dans <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s parallè<strong>les</strong>: le mon<strong>de</strong> extérieur où ils obéissaient<br />
au régime, et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maison, très différent.<br />
Par exemple, chez moi, nous faisions <strong>de</strong>s prières, nous<br />
chantions <strong>de</strong>s chants monarchistes, et sitôt quitté la maison, je<br />
chantais <strong>de</strong>s chants communistes. Donc il y a, par nature, une<br />
tendance au dédoublement. En 1989, l'une <strong>de</strong> ces réalités<br />
parallè<strong>les</strong> s'est écroulée. Beaucoup <strong>de</strong> gens ont tendance à<br />
croire que tout ce qu'elle contenait s'est écroulé avec elle. Y<br />
compris leurs éventuel<strong>les</strong> compromissions...<br />
“Ici on se considère tous victimes”<br />
Mais le vrai problème, dites-vous, c'est que l'Etat ne montre<br />
pas l'exemple. Certes, il y a eu cette condamnation <strong>de</strong><br />
Traian Basescu <strong>de</strong>vant le Parlement, en 2006, et le rapport <strong>de</strong><br />
la commission <strong>de</strong> l'historien Tismaneanu. Mais un discours et<br />
un livre ne suffisent pas pour condamner cinquante ans d'un<br />
régime extrêmement dur, durant <strong>les</strong>quels <strong>de</strong>s hommes ont été<br />
torturés et <strong>de</strong>s crimes atroces ont été commis.<br />
Il ne faut pas seulement condamner en bloc, il faut aussi<br />
juger <strong>les</strong> hommes qui étaient dans ce système. Je ne dis pas<br />
qu'il faut forcément un procès type Nuremberg, mais une<br />
reconnaissance juridique <strong>de</strong> ces crimes. On finit par croire que<br />
ce n'était pas si grave, puisque il ne se passe rien...<br />
Les Roumains auraient-ils honte, aussi, <strong>de</strong> leurs compromissions<br />
? Pas <strong>de</strong> honte, non, je dirais plus une incapacité à se<br />
penser coupab<strong>les</strong>. A la différence <strong>de</strong> l'Allemagne nazie par<br />
exemple, il y a un vrai problème <strong>de</strong> la Roumanie et <strong>de</strong>s<br />
Roumains à reconnaître leur culpabilité.<br />
Ici, on est tous victimes. C'est une question <strong>de</strong> mentalité et<br />
ce n'est pas lié qu'au régime communiste: on observe le même<br />
rapport par rapport à la question <strong>de</strong> l'Holocauste et <strong>de</strong> la participation<br />
<strong>de</strong> la Roumanie. La reconnaissance <strong>de</strong> la faute n'est<br />
pas une spécialité roumaine.<br />
Marion Guyonvarch, Delphine Saubaber (L'Express)<br />
53
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
54<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
ARAD<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
<br />
BRASOV<br />
SUCEAVA<br />
IASI <br />
<br />
BUCAREST<br />
BACAU<br />
TIMISOARA<br />
<br />
TÂRGOVISTE<br />
GALATI <br />
PITESTI <br />
<br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
<br />
CONSTANTA<br />
Haiti… Tahiti, c'est<br />
du pareil au même…<br />
L'histoire a fait le tour du mon<strong>de</strong>.<br />
Un bataillon <strong>de</strong> 2000 soldats roumains<br />
et 200 tonnes <strong>de</strong> matériel envoyés en<br />
Haïti avec <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> humanitaire aurait<br />
atterri par erreur à Tahiti. Le soi-disant<br />
article, qui était une blague, a été<br />
publié sur un blog roumain, Times.ro,<br />
comme s'il s'agissait d'une information<br />
<strong>de</strong>s plus sérieuses.<br />
Illustré par une photo présentant<br />
<strong>les</strong> soldats roumains sur une plage<br />
tahitienne, il cite le ministre roumain<br />
<strong>de</strong> la défense: "Franchement, ce n'est<br />
pas la peine d'en faire un plat, aurait<br />
affirmé celui-ci, selon le canular. Haïti,<br />
Tahiti, Mahiti, Papiti, toutes ces î<strong>les</strong><br />
ont <strong>de</strong>s noms qui se ressemblent.<br />
Qu'el<strong>les</strong> aillent au diable."<br />
Aussitôt, <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> journaux<br />
russes, lettons, hongrois et italiens ont<br />
propagé la nouvelle. Celle-ci s'est<br />
également retrouvée sur <strong>les</strong> écrans<br />
<strong>de</strong> télévision. L'édition en espagnol <strong>de</strong><br />
la chaîne internationale d'informations<br />
Russia Today a présenté un long<br />
reportage sur cette affaire qualifiée<br />
d'"incroyable mais vraie". La présentatrice<br />
résumait l'histoire à partir d'un<br />
montage d'images d'archive qui montraient<br />
<strong>de</strong>s soldats roumains et <strong>de</strong>s<br />
touristes surfant sur <strong>les</strong> eaux <strong>de</strong> la<br />
Polynésie française.<br />
"Je n'en revenais pas, avoue Ionut<br />
Foltea, le blogueur à l'origine <strong>de</strong> cette<br />
dérive médiatique. Notre site est une<br />
plate-forme <strong>de</strong> pamphlets, <strong>de</strong> faux<br />
sujets et <strong>de</strong> blagues, que <strong>les</strong> gens<br />
lisent pour s'amuser. Quand tu es<br />
journaliste, la première chose que tu<br />
fais c'est <strong>de</strong> vérifier tes informations.<br />
Personne ne s'est donné la peine <strong>de</strong><br />
passer un coup <strong>de</strong> téléphone. Et voilà<br />
la télé montre <strong>de</strong>s histoires qui n'ont<br />
jamais eu lieu." (suite page 56)<br />
<br />
Tourisme<br />
Connaissance et découverte<br />
A Valea Vinului, en amoureux <strong>de</strong><br />
Au cours <strong>de</strong> ses pérégrinations en Roumanie, l'écrivain Noël Tamini a découvert<br />
un endroit dans le sud Maramures, où il passe plusieurs mois chaque année,<br />
"qui lui a tapé dans l'œil" et dont il entend faire profiter <strong>les</strong> amoureux <strong>de</strong> ce pays.<br />
Valea Vinului, une belle région à découvrir, près <strong>de</strong> Baia Mare…<br />
mais qui, contrairement à son nom ne dispose pas <strong>de</strong> vignob<strong>les</strong>.<br />
En 1993, quand<br />
je suis <strong>de</strong>venu<br />
propriétaire <strong>de</strong><br />
ces lieux", m'a confié mon<br />
hôte, "il n'y avait rien ici<br />
que ces trois pommiers, et<br />
ce noyer". Marinel Filip<br />
a <strong>de</strong>puis lors déployé un<br />
verger (livada), qui,<br />
comme il se doit, jouxte<br />
36 ruches. Dès l'abord, on<br />
a admiré <strong>de</strong>ux lacs (au<br />
total 2,5 ha), bordés <strong>de</strong><br />
chalets et d'appartements<br />
en bois (en voie d'achèvement),<br />
si bien conçus<br />
qu'on se dirait en Suisse<br />
ou en Autriche. Près du plus grand lac, sont déployées <strong>de</strong>s tentes, et <strong>de</strong>s amateurs <strong>de</strong><br />
pêche sportive y sont tout à leur passion: <strong>de</strong>s poissons <strong>de</strong> 2 à 8 kilos, imaginez... Tout<br />
exprime ici une véritable harmonie entre la nature, pas trafiquée du tout, et le plaisir d'y<br />
vivre sainement quelques jours.<br />
Ces lieux, qu'on dirait créés par l'imagination d'un internaute, existent bel et bien.<br />
Je l’ai trouvé à Valea Vinului, un village <strong>de</strong> verdure, sur la rive gauche <strong>de</strong> la rivière<br />
Somes, a environ 50 km au sud-ouest <strong>de</strong> Baia Mare (Maramures). Explication. Car il y<br />
en a une, et même <strong>de</strong>ux...<br />
Si j'ai pu admirer ce qu'a réalisé la famille Filip, c'est à l'invitation d'une inspectrice<br />
du contrôle fiscal, et, soit dit en passant, la seule incorruptible que je connaisse en<br />
ce pays. "Ce monsieur", m'avait-elle dit, "avait réclamé à l'Etat le remboursement <strong>de</strong><br />
la TVA, pour divers travaux réalisés comme prévu. Et, contre l'avis <strong>de</strong> mes collègues,<br />
j'avais jugé bon d'aller le rencontrer tout d'abord afin <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> visu la réalité <strong>de</strong> ce<br />
qu'il disait. J'ai été aussitôt ébahie: ce qu'ont fait <strong>les</strong> Filip, je n'avais pas imaginé que<br />
cela soit déjà accompli dans mon pays. Evi<strong>de</strong>mment, l'Etat lui a remboursé la TVA". Et<br />
<strong>les</strong> Filip lui en savent gré.<br />
Sans attendre ma question, Marinel Filip, me guidant pour le tour du propriétaire,<br />
me dira: "A la base il y a ces sept hectares, qui me sont venus <strong>de</strong> mon grand-père. Il<br />
avait acheté cela à <strong>de</strong>s juifs, au début <strong>de</strong>s années 40. Il avait eu la sagesse <strong>de</strong> <strong>les</strong> partager<br />
aussitôt pour <strong>les</strong> cé<strong>de</strong>r a ses enfants, par acte notarié. C'était peu avant la prise<br />
<strong>de</strong> pouvoir par <strong>les</strong> communistes. Ensuite, ce fut évi<strong>de</strong>mment confisqué. Mais après <strong>les</strong><br />
évènements <strong>de</strong> 1989, mon père récupéra facilement cet héritage".<br />
Outre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux beaux lacs ourlés <strong>de</strong> gazon du plus bel effet et flanques <strong>de</strong> superbes<br />
constructions en bois, ce qui frappe c'est l'exubérant verger <strong>de</strong> pommiers et une<br />
grosse voiture renfermant 36 ruches. "J'ai une formation <strong>de</strong> zootechnicien", dit mon<br />
Cicérone, poursuivant "On sait à quel point <strong>les</strong> abeil<strong>les</strong> ont besoin <strong>de</strong> ces fleurs, et réciproquement.<br />
Par chance, ces terres n'ont jamais fait l'objet d'une agriculture intensive,<br />
et le sol est <strong>de</strong>meuré sain. De même, <strong>les</strong> pestici<strong>de</strong>s n'ont pas sévi ici, si bien que tout<br />
s'est présenté au mieux quand je m'y suis mis, en 1993".<br />
Profiter d’un cadre <strong>de</strong> vie paisible<br />
“La nature<br />
Voila donc seize ans que <strong>les</strong> Filip, qui ont <strong>de</strong>ux enfants, ont consacré tous leurs<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
leur pays, <strong>les</strong> Filip font tout pour ébahir le touriste intelligent<br />
est là, qui t’invite et qui t’aime”<br />
loisirs et leurs économies a réaliser, somme toute, le rêve d'un<br />
homme amoureux <strong>de</strong> son pays, et donc conscient <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux plus<br />
bel<strong>les</strong> richesses <strong>de</strong> la Roumanie: le tourisme et l'agriculture,<br />
plus précisément la bioculture. Plus une certaine forme <strong>de</strong> vie,<br />
paisible, qui convient au mieux a cette région proche du<br />
Maramures historique.<br />
"La crise a ralenti la réalisation <strong>de</strong> nos projets", poursuit<br />
le "rêveur", "et nous recherchons désormais un partenaire.<br />
J'aimerais en effet offrir aux touristes, outre <strong>de</strong>s appartements<br />
<strong>de</strong> villégiature, une petite salle pour <strong>de</strong>s expositions artistiques<br />
et <strong>de</strong>s concerts, afin <strong>de</strong> mettre en valeur au mieux certains<br />
atouts culturels <strong>de</strong> cette région. De même, nous avons<br />
prévu d'ai<strong>de</strong>r nos hôtes à découvrir <strong>les</strong> merveil<strong>les</strong> d'alentour.<br />
Par exemple, <strong>de</strong>s visites guidées du Pays d'Oas, et du<br />
Maramures historique, mais aussi grâce a un peu d'équitation,<br />
Un jury <strong>de</strong> spécialistes étrangers<br />
<strong>de</strong> dégustation <strong>de</strong> vins<br />
s'est réuni mi-novembre à<br />
Corbeanca, près <strong>de</strong> Bucarest, afin <strong>de</strong> tester<br />
quelques 168 crûs proposés habituellement<br />
sur <strong>les</strong> rayons <strong>de</strong>s magasins et<br />
sélectionnés auparavant en fonction <strong>de</strong><br />
leur prix, leur catégorie et leur couleur<br />
(blanc, rosé, rouge). Il s'agissait d'éviter<br />
<strong>les</strong> écueils qui ternissent trop souvent <strong>les</strong><br />
concours <strong>de</strong> vins, où <strong>les</strong> producteurs proposent<br />
leurs meilleures bouteil<strong>les</strong>, peu<br />
représentatives <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> la cuvée,<br />
ou bien qui, après avoir été primées, sont<br />
par la suite conservées dans <strong>de</strong> mauvaises<br />
conditions, rendant impropres leur<br />
consommation.<br />
Par cette initiative, Ovidiu Gheorghe,<br />
directeur du Patronat Nationale <strong>de</strong> la<br />
Vigne et <strong>de</strong>s Vins, espère promouvoir la<br />
vente <strong>de</strong>s vins roumains dans le pays<br />
même mais aussi à l'étranger, où elle a<br />
chuté <strong>de</strong> 11% au cours du premier semestre<br />
2009, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> <strong>de</strong>stinations à<br />
l'exportation étant, dans l'ordre,<br />
l'Allemagne, la Bulgarie, le Danemark,<br />
l'Estonie, la Russie, le Royaume Uni,<br />
l'Italie, la Chine et <strong>les</strong> USA.<br />
La Roumanie se place au 6ème rang<br />
européen <strong>de</strong>s pays producteurs <strong>de</strong> vin et<br />
au 12ème rang mondial, avec une superficie<br />
<strong>de</strong> 187 000 ha <strong>de</strong> vignes, une production<br />
annuelle <strong>de</strong> 1,2 à 1,5 millions<br />
d'hectolitres, pour une valeur <strong>de</strong> 450 M€<br />
en 2007. Bien que sur le marché local, la<br />
vente <strong>de</strong> vin augmente <strong>de</strong> 10-13 % par an,<br />
la consommation annuelle <strong>de</strong>s Roumains<br />
se situe à 24 litres, soit la moitié <strong>de</strong> celle<br />
<strong>de</strong>s Français.<br />
Le palmarès du concours <strong>de</strong><br />
Corbeanca :<br />
Vins blancs :<br />
Blanc sec (8-15 lei, 2-4 €):<br />
Halewood Feteasca Regala Special<br />
Reserve 2008 (Cramele Halewood)<br />
Blanc sec (15-25 lei, 4-6 €): Terase<br />
Danubiene Beluga Sauvignon Blanc<br />
2008 (Vinarte)<br />
Blanc supérieur (25-42 lei, 6-11 €):<br />
La Cetate Chardonnay 2008 (Carl Reh)<br />
Blanc <strong>de</strong>mi-sec (15-25 lei, 4-6 €):<br />
Blanc Cotnari 2006<br />
Blanc <strong>de</strong>mi-doux (8-15 lei, 2-4 €):<br />
Zestrea Murfatlar Pinot Gris (Murfatlar)<br />
Vin blanc doux (8-15 lei, 2-4 €) : 7<br />
Pacate Tamâioasa Româneasca 2006<br />
Vins rosés :<br />
Connaissance et découverte<br />
outre l'initiation à la pêche sportive". Sans parler du miel et <strong>de</strong><br />
fruits bio. Plus, bien sûr, du jogging, <strong>de</strong>s promena<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s<br />
randonnées.<br />
Cet écrin d'eau et <strong>de</strong> verdure, <strong>de</strong> verger et <strong>de</strong> forêt, sous<br />
l'oeil <strong>de</strong> bustes originaux sculptés dans le bois et la pierre, invite<br />
au repos, à la détente, à une vie tonique. "La nature est là,<br />
qui t'invite et qui t'aime": ce vers <strong>de</strong> Lamartine pourrait bien<br />
embellir le portail d'entrée.<br />
Quant aux "vignes" <strong>de</strong> Valea Vinului (La vallée du vin)...<br />
il n'y en a pas. "Ce village tire son nom d'une légen<strong>de</strong>. Un<br />
boyard était passé par là, avec tout un chargement <strong>de</strong> tonneaux,<br />
fracassés dans <strong>de</strong>s fondrières creusées par un orage. Et<br />
l'endroit porte ce nom par dérision". Un lieu que l'on peut désormais<br />
aussi découvrir grâce au site www.profy.ro.<br />
Noël Tamini<br />
Les vins proposés dans <strong>les</strong> rayons <strong>de</strong> magasins<br />
roumains passés à la loupe par un jury international<br />
Rosé sec et <strong>de</strong>mi-sec (15-25 lei, 4-<br />
6 €): Vinul Cavalerului Merlot Roze<br />
2008 (Serve Ceptura)<br />
Rosé (25-42 lei, 6-11 €): 3 Hectare<br />
Cabernet Sauvignon Roze 2008<br />
(Murfatlar)<br />
Vins rouges :<br />
Rouge sec (15-25 lei, 4-6 €):<br />
Maiastru Merlot 2008 (Carl Reh)<br />
Rouge supérieur (25-42 l. , 6-11 €):<br />
La Cetate Merlot 2007 (Carl Reh)<br />
Rouge <strong>de</strong>mi-sec (15-25 lei, 4-6 €):<br />
Halewood Feteasca Neagra Special<br />
Reserve 2007 (Cramele Halewood)<br />
Rouge <strong>de</strong>mi-doux (8-15 lei, 2-4 €):<br />
Val Duna Crama Oprisor Feteasca<br />
Neagra 2008 (Carl Reh)<br />
Vin spécial (liquoreux) (15-25 lei, 4-<br />
6 €): Lacrima lui Ovidiu 5 (Murfatlar)<br />
Les principaux pays producteurs :<br />
1. France et Italie*, 3. Espagne, 4.<br />
États-Unis (dont Californie), 5.<br />
Argentine, 6. Chine, 7. Australie, 8.<br />
Afrique du Sud, 9. Allemagne, 10. Chili,<br />
11. Portugal, 12. Roumanie, 13. Russie,<br />
14. Hongrie, 15. Grèce, 16. Brésil, 17.<br />
Autriche, 18. Ukraine, 19. Moldavie, 20.<br />
Croatie, 21. Serbie, 22. Bulgarie, 23.<br />
Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>, 24. Suisse, 25.<br />
Uruguay, 26. Macédoine, 27. Mexique,<br />
28. Japon, 29. Algérie, 30. Georgie.<br />
*Suivant <strong>les</strong> évaluations, France et<br />
Italie sont données alternativement en<br />
tête du classement.<br />
55
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
56<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
ARAD<br />
CRAIOVA<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
IASI <br />
<br />
<br />
BRASOV<br />
<br />
BUCAREST<br />
BACAU<br />
TIMISOARA<br />
<br />
TÂRGOVISTE<br />
<br />
<br />
PITESTI<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
(Suite <strong>de</strong> la page 54)<br />
…Comme Budapest<br />
et Bucarest pour Canal + !<br />
Lancé en 2008 par une société<br />
roumaine créant <strong>de</strong>s sites Internet, le<br />
site Times.ro, qui n'a pas hésité à<br />
emprunter le nom d'un journal britannique<br />
sérieux, a vu le nombre <strong>de</strong> ses<br />
lecteurs exploser.<br />
Depuis l'affaire Haïti-<br />
Tahiti, quelque 25<br />
000 internautes visitent<br />
désormais le site<br />
chaque jour, contre 4<br />
000 précé<strong>de</strong>mment.<br />
Et l'aventure continue<br />
en France. Le 18<br />
février, l'hebdomadaire<br />
Courrier international<br />
résume un article<br />
<strong>de</strong> la presse roumaine<br />
et révèle la<br />
bour<strong>de</strong> médiatique,<br />
mais sur Canal+ on ne lit que le<br />
début <strong>de</strong> l'article et on tombe dans le<br />
panneau, l'émission "L'édition spéciale",<br />
présentée par Bruce<br />
Toussaint se gaussant <strong>de</strong> la bêtise<br />
<strong>de</strong>s Roumains à la gran<strong>de</strong> joie <strong>de</strong><br />
ses invités qui se tapent sur <strong>les</strong> cuisses,<br />
et dont pourtant beaucoup ne<br />
savent pas faire la différence entre<br />
Budapest et Bucarest.<br />
La chaîne consacre plusieurs<br />
minutes à l'incroyable histoire roumaine,<br />
que le site Times.ro signale à<br />
sa manière: "Canal+ a reçu l'information<br />
<strong>de</strong> son correspondant local, le<br />
peintre Paul Gauguin, peut-on lire sur<br />
le site roumain. Il vit sur cette île et a<br />
été le témoin oculaire <strong>de</strong> l'arrivée du<br />
bataillon roumain." Une affaire que ce<br />
site, dont le slogan est "Not as seen<br />
on TV" ("Pas vu à la télévision"), promet<br />
<strong>de</strong> suivre.<br />
Mirel Bran<br />
<br />
Mémoire<br />
Connaissance et découverte<br />
Pour <strong>les</strong> Bucarestois, comme pour l'ensemble <strong>de</strong>s Roumains, dans <strong>les</strong> années<br />
80 on éteignait <strong>les</strong> lumières vers 22 heures, au moment où apparaissait la mire sur<br />
<strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> télévision. "Bonne nuit, Camara<strong>de</strong>s !"… C'était l'heure daller se<br />
coucher. La capitale s'enfonçait dans le silence, restaurants et bars fermaient<br />
leurs portes. Dans <strong>les</strong> rues endormies, seuls <strong>les</strong> taxis circulaient, hélés par<br />
quelques rares noctambu<strong>les</strong>.<br />
En Roumanie comme dans <strong>les</strong> pays frères, le communisme n'a pas totalement<br />
éradiqué la vie nocturne, et le plus vieux métier du mon<strong>de</strong> y a trouvé sa<br />
place, bien qu'interdit. Les prostituées partaient à la recherche <strong>de</strong>s clients.<br />
De préférence <strong>les</strong> Japonais, connus pour leurs largesses, ou alors <strong>les</strong> Suisses, <strong>les</strong><br />
Autrichiens et <strong>les</strong> Allemands… mais pas <strong>les</strong> Français, catalogués comme pingres.<br />
Il n'était cependant pas question <strong>de</strong> racoler dans la rue. Les fil<strong>les</strong> se mettaient <strong>de</strong><br />
mèche avec <strong>de</strong>s "taximetristes" qui sillonnaient lentement <strong>les</strong> rues. Quant el<strong>les</strong> repéraient<br />
un étranger, el<strong>les</strong> baissaient la vitre pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r "Speak english ?", tentant<br />
parfois leur chance en italien. Le chauffeur savait dans quel hôtel il pouvait emmener<br />
le couple. En général, l'Intercontinental, l'hôtel Bucuresti,<br />
l'Athénée Palace. Lui seul était suffisamment introduit<br />
auprès du concierge pour, moyennant un pourboire, permettre<br />
à sa passagère <strong>de</strong> ne pas voir son nom consigné dans<br />
le registre. Ren<strong>de</strong>z-vous était pris pour venir la rechercher,<br />
tout aussi discrètement, vers 4-5 h du matin. A<br />
l'Intercontinental, certaines fil<strong>les</strong> rentraient cependant<br />
sans problème, car el<strong>les</strong> étaient connues <strong>de</strong> la Securitate et<br />
lui rendaient <strong>de</strong>s services en la renseignant sur leurs clients.<br />
De cent à moins d'un dollar la nuit !<br />
On estime à une centaine <strong>les</strong> "pou<strong>les</strong> <strong>de</strong> luxe" qui opéraient<br />
dans la capitale à cette époque, le tarif étant d'environ<br />
cent dollars la nuit. Mais il y avait moyen <strong>de</strong> se procurer<br />
leurs faveurs à beaucoup moins cher. La légen<strong>de</strong> raconte qu'il fallait se rendre au<br />
restaurant "Ciresica", sur l'actuel boulevard Regina Elisabeta, comman<strong>de</strong>r un certain<br />
<strong>de</strong>ssert qui servait <strong>de</strong> mot <strong>de</strong> passe… pour voir apparaître une fille peu farouche qui le<br />
servait. Certaines prostituées occasionnel<strong>les</strong> se contentaient <strong>de</strong> 25 lei <strong>de</strong> l'époque. Le<br />
cours officiel du dollar était alors <strong>de</strong> 21 lei et s'est négocié à certains moments au noir<br />
jusqu à 75 lei.<br />
Quelques propriétaires <strong>de</strong> maisons du quartier <strong>de</strong> la gare du Nord et du boulevard<br />
Grivitei, offraient d'abriter <strong>les</strong> ébats <strong>de</strong>s coup<strong>les</strong> <strong>de</strong> rencontre dans une chambre qu'ils<br />
louaient à l'heure. Il suffisait <strong>de</strong> sonner à la bonne porte et <strong>de</strong> leur verser une centaine<br />
<strong>de</strong> lei. Des hommes d'affaires étrangers prenaient également une maîtresse attitrée pour<br />
la durée <strong>de</strong> leur séjour, payant le loyer <strong>de</strong> la <strong>de</strong>moiselle ou <strong>de</strong> la dame, couvrant <strong>les</strong><br />
frais, versant une petite rente, assortie <strong>de</strong> ca<strong>de</strong>aux. Autre possibilité: <strong>les</strong> cités universitaires<br />
où la prostitution pouvait être fréquente si el<strong>les</strong> abritaient <strong>de</strong>s étudiants étrangers.<br />
Des chambres d'hôtel au luxe spartiate.<br />
Peu <strong>de</strong> sanctions<br />
Les fil<strong>les</strong> qui se faisaient pincer par la police ne risquaient pas grand-chose.<br />
L'article 328 du co<strong>de</strong> pénal <strong>de</strong> 1968 prévoyait que "<strong>les</strong> personnes qui se procurent <strong>de</strong>s<br />
moyens d'existence par <strong>de</strong>s relations sexuel<strong>les</strong> encourent une peine <strong>de</strong> prison <strong>de</strong> 3 mois<br />
à 3 ans". Comme tout le mon<strong>de</strong> avait un travail, il suffisait <strong>de</strong> montrer sa "légitimation"<br />
(<strong>document</strong> prouvant qu'on avait un emploi) pour éviter d'être inquiétée. Au pire,<br />
on pouvait être sanctionnée pour mener un style <strong>de</strong> vie parasitaire ce qui pouvait<br />
conduire à un ou six mois <strong>de</strong> prison et à une amen<strong>de</strong> entre 1000 et 5000 lei.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
La “tournée <strong>de</strong>s grands ducs” sous Ceausescu n'avait vraiment rien <strong>de</strong> folichonne<br />
"Bonne nuit, Camara<strong>de</strong>s… C'est l'heure d'aller se coucher !"<br />
Dans <strong>les</strong> faits, il y avait très peu <strong>de</strong> poursuites. Ainsi <strong>les</strong><br />
archives indiquent-el<strong>les</strong> que le 1er octobre<br />
1987, sur <strong>les</strong> 66 346 personnes détenues<br />
dans <strong>les</strong> pénitenciers ou centres <strong>de</strong> redressement,<br />
on ne dénombrait que 75 cas <strong>de</strong> prostitution.<br />
La curiosité d'Elena Ceausescu<br />
La vie nocturne bucarestoise, pour aussi<br />
pauvre qu'elle était, ne se limitait pas cependant<br />
à cette activité. Encore fallait-il être<br />
connaisseur <strong>de</strong>s lieux où elle se déroulait.<br />
Dans certaines rues, il était possible <strong>de</strong> se<br />
procurer <strong>de</strong>s cigarettes ou <strong>de</strong> l'alcool auprès<br />
<strong>de</strong> petits trafiquants à n'importe quelle heure<br />
<strong>de</strong> la nuit.<br />
Si <strong>les</strong> principaux restaurants, Cina,<br />
Bulevard, Lido, Capsa, Caru' cu bere, Marul<br />
<strong>de</strong> aur, Moldova, Ambasador, Pescarus,<br />
Herastrau, Bor<strong>de</strong>i, fermaient leurs portes <strong>de</strong><br />
bonne heure, il existait quelques bars <strong>de</strong> nuit,<br />
fréquentés par <strong>les</strong> étudiants étrangers et <strong>les</strong><br />
Roumains ayant <strong>de</strong> l'argent. Deux d'entre<br />
eux, le Melody Bar et l'Atlantic Bar (<strong>de</strong>venu<br />
ultérieurement le Bucuresti) étaient célèbres.<br />
On rapporte qu'Elena Ceausescu était intriguée par ces<br />
Médias<br />
Fin décembre <strong>de</strong>ux quotidiens<br />
importants ont cessé leur parution:<br />
Cotidianul et Business<br />
Standard. Cotidianul avait été le premier<br />
journal indépendant à paraître en<br />
Roumanie, en 1991. Ion Ratiu, un millionaire<br />
anglais d`origine roumaine, qui s'était<br />
présenté en vain aux élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> mai 1990 contre Ion Iliescu,<br />
en était le propriétaire. A sa mort, le titre<br />
a été racheté par Sorin Ovidiu Vantu,<br />
milliardaire, ancien repris <strong>de</strong> justice qui a<br />
acquis sa fortune en dépouillant <strong>de</strong> leurs<br />
économies quelques 300 000 petits actionaires<br />
du Fond National d`Investisments.<br />
S.O. Vantu, par l`intermédiaire <strong>de</strong> son<br />
groupe <strong>de</strong> presse Realitatea-Catavencu a<br />
également édité le quotidien économique<br />
Business Standard.<br />
Deux semaines plus tard, <strong>de</strong>ux autres<br />
quotidiens annonçaient qu`ils cessaient<br />
leur parution sur papier, Ziua et<br />
Gardianul, ne conservant qu'une version<br />
Internet, comme <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts. Ils<br />
Elena Ceausescu faisait surveiller<br />
<strong>les</strong> relations <strong>de</strong> son fils avec la<br />
chanteuse Jeanina Matei. Ici, en 1972.<br />
appartenaient également à la zone<br />
d`influence <strong>de</strong> S.O.V.. Les <strong>de</strong>ux journaux<br />
avaient été accusés à plusieurs reprises <strong>de</strong><br />
chantage par <strong>de</strong>s hommes politiques ou<br />
d`affaires, y compris par Traian Basescu<br />
ou l`ancien maire <strong>de</strong> Bucarest, Adrian<br />
Vi<strong>de</strong>anu, actuellement ministre <strong>de</strong><br />
l'Economie. Quelques jours plus tard,<br />
c'est Jurnalul National, le plus grand<br />
quotidien du pays, appartenant à un autre<br />
magnat <strong>de</strong> la presse, Dan Voicu<strong>les</strong>cu,<br />
régnant également sur un empire audiovisuel,<br />
qui annonçait revoir ses ambition<br />
à la baisse, licenciant 50 <strong>de</strong> ses 300<br />
employés.<br />
Tous ces médias avaient un trait commun:<br />
ils faisaient partie <strong>de</strong> la pieuvre<br />
politico-économico-médiatique <strong>de</strong>s oligarques<br />
roumains qui espéraient faire<br />
totalement main basse sur le pouvoir à<br />
l'occasion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong>,<br />
manipulant sans vergogne l'opinion<br />
et soutenant le candidat du PSD,<br />
Mircea Geoana, issu comme eux <strong>de</strong>s<br />
Connaissance et découverte<br />
lieux et <strong>les</strong> faisait surveiller, son fils Nicu y retrouvant une <strong>de</strong><br />
ses maîtresses, Janina Matei, une chanteuse<br />
connue qui s'y produisait.<br />
Cassettes vidéo<br />
Des maisons clan<strong>de</strong>stines, sortes <strong>de</strong> tripots,<br />
peu nombreuses, existaient également<br />
où <strong>de</strong>s patrons <strong>de</strong> bistrots et <strong>de</strong> restaurants<br />
allaient terminer la nuit, jouant au poker jusqu'u<br />
petit matin bien que, théoriquement, <strong>les</strong><br />
jeux <strong>de</strong> hasards étaient interdits. Après <strong>les</strong><br />
années 84-85, une autre habitu<strong>de</strong> est apparue<br />
chez <strong>les</strong> Bucarestois: dénicher <strong>de</strong>s cassettes<br />
vidéo avec <strong>de</strong>s films, porno ou non,<br />
<strong>de</strong>s reportages venus d'Occi<strong>de</strong>nt et <strong>les</strong> regar<strong>de</strong>r<br />
chez soi ou en compagnie d'amis.<br />
Mais une autre activité nocturne connaîtra<br />
malheureusement un bien plus grand<br />
succès, que ce soit à Bucarest ou dans le<br />
reste du pays… Faire la queue pour trouver<br />
<strong>de</strong> l'essence ou bien <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Nombre<br />
<strong>de</strong> retraités, chargés d'approvisionner la<br />
famille, passeront leurs nuits, un sac à la<br />
main, parfois dans le froid, assis sur un<br />
siège pliant à la porte <strong>de</strong>s magasins, guettant<br />
l'arrivée d'éventuels livreurs.<br />
Presse: manipulation et retour <strong>de</strong> bâton<br />
rangs <strong>de</strong>s héritiers du régime communiste<br />
et <strong>de</strong> la Securitate.<br />
Leur empire a donc servi <strong>de</strong> machine<br />
<strong>de</strong> guerre contre son adversaire, Traian<br />
Basescu, jugé moins malléable quoique<br />
ayant <strong>les</strong> même racines, et ils espéraient<br />
bien en recevoir <strong>les</strong> divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s, une fois<br />
sa défaite acquise. Leur coup ayant raté,<br />
leurs journaux ne leur servent plus à rien,<br />
et, comme ils leur coûtent cher, ils s'en<br />
débarassent aujourd'hui.<br />
Mais <strong>les</strong> lecteurs ne <strong>les</strong> avaient pas<br />
attendus. Voici longtemps que plusieurs<br />
<strong>de</strong> ces médias avaient perdu leur crédibilité,<br />
<strong>les</strong> autres prenant le même chemin.<br />
Le tirage <strong>de</strong> Cotidianul, l'un <strong>de</strong>s journaux<br />
<strong>les</strong> plus appréciés <strong>de</strong> l'immédiat après<br />
Ceausescu, était passé <strong>de</strong> 50 000 exemplaires<br />
dans <strong>les</strong> années 90 à 6000 avant<br />
<strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières élections.<br />
Les Roumains commenceraient-ils à<br />
ne plus vouloir se laisser mener par le<br />
bout du nez ?<br />
Dodo Nita<br />
57
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
58<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
ARAD<br />
SIBIU<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CHISINAU<br />
IASI <br />
<br />
BACAU<br />
TIMISOARA<br />
BRASOV<br />
<br />
TÂRGOVISTE<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
<br />
CONSTANTA<br />
Evenimentul Zilei<br />
et Capital vendus<br />
Le groupe suisse Ringier a vendu<br />
<strong>de</strong>ux titres phares <strong>de</strong> la presse roumaine,<br />
le magazine économique<br />
Capital et le quotidien Evenimentul<br />
Zilei, à une société dont l'actionnaire<br />
principal est Bobby Paunescu, déjà<br />
propriétaire <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> télévision<br />
B1. Ringier entend ainsi être<br />
"plus efficace" et se concentrer sur<br />
<strong>les</strong> publications Libertatea, Unica et<br />
sur le marché <strong>de</strong> la presse en ligne;<br />
un vaste plan <strong>de</strong> restructuration avec<br />
licenciements est en cours au sein<br />
du groupe. Le montant <strong>de</strong> la vente<br />
avoisinerait 8 millions d'euros. Cet<br />
achat accentue la concentration <strong>de</strong>s<br />
principaux titres dans <strong>les</strong> mains <strong>de</strong>s<br />
affairistes. Classés 13ème fortune du<br />
pays avec 350 M€, <strong>les</strong> frères<br />
Paunescu ont été impliqués dans<br />
plusieurs affaires <strong>de</strong> corruption…<br />
dénoncées notamment en leur temps<br />
par Evenimentul Zilei.<br />
Mafieux et véreux<br />
contre journalistes<br />
Selon un rapport du Centre pour le<br />
journalisme d'investigation en Bosnie-<br />
Herzégovine, <strong>les</strong> mafieux, politiciens<br />
et hommes d'affaires véreux d'Europe<br />
centrale, dont la Roumanie, se tournent<br />
<strong>de</strong> plus en plus vers <strong>les</strong> tribunaux<br />
britanniques pour attaquer <strong>les</strong><br />
journalistes <strong>les</strong> mettant en cause. Ils<br />
y ont plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> gagner,<br />
leurs détracteurs <strong>de</strong>vant faire la preuve<br />
<strong>de</strong> ce qu'ils avancent. Cette pratique<br />
dilatoire a eu pour effet <strong>de</strong> tarir<br />
<strong>les</strong> investigations journalistiques <strong>les</strong><br />
concernant, <strong>les</strong> directions hésitant à<br />
envoyer leurs reporters faire <strong>de</strong>s<br />
enquêtes, <strong>les</strong> sites Internet prenant<br />
peu à peu le relais.<br />
<br />
Connaissance et découverte<br />
Médias Musique <strong>de</strong> fanfares et <strong>de</strong><br />
fêtes sur “Balkanophonie”<br />
Né au début <strong>de</strong> l'été, "Balkanophonie" veut être la radio francophone en<br />
ligne <strong>de</strong>s Balkans. Cette ramification <strong>de</strong> la version Web du Courrier <strong>de</strong>s<br />
Balkans propose à la fois musique et reportages. La bonne surprise du site<br />
est l'éclectisme <strong>de</strong> la palette musicale, classée selon trois référencements: artistes, sty<strong>les</strong><br />
et pays. Même si la musique traditionnelle n'est pas ignorée, elle côtoie autant le<br />
rock psychédélique turc <strong>de</strong>s années 1960-70 que le hip-hop balkanique. "Il y a une<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Balkans qui a envahi l'Occi<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong>puis quelques années, notamment avec<br />
<strong>les</strong> films <strong>de</strong> Kusturica", explique le responsable du site, Simon Rico. "Toute cette<br />
musique <strong>de</strong> fanfare et <strong>de</strong> fête, c'est quelque chose qu'on veut valoriser tout en montrant<br />
aussi qu'il y a toute une scène musicale actuelle en pleine effervescence".<br />
En témoigne la playlist sélectionnée par un <strong>de</strong> leurs correspondants en Roumanie<br />
avec, au programme, R'n'B, rock et hip-hop version roumaine. Autre expérience musicale,<br />
la découverte <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s stars <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> l'ancienne Yougoslavie, Rambo<br />
Ama<strong>de</strong>us, musicien inclassable flirtant avec l'électro, le hip-hop, le funk et le reggae.<br />
Côté information, on y trouve <strong>de</strong>s sujets audio d'actualité ou <strong>de</strong>s magazines tels<br />
que l'interview <strong>de</strong> l'organisateur <strong>de</strong> Balkan Trafik, festival consacré aux cultures balkaniques.<br />
Pour l'instant, ce versant du site est encore limité, mais l'objectif est bien <strong>de</strong><br />
le développer dans <strong>les</strong> mois à venir. Avec une cinquantaine <strong>de</strong> visites par jour,<br />
"Balkanophonie" reste encore loin cependant <strong>de</strong>rrière son grand frère, le site Web du<br />
"Courrier <strong>de</strong>s Balkans", qui compte entre 2 000 et 2 500 visites quotidiennes.<br />
Antoine Bellier (La Croix)<br />
En Roumanie, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong>,<br />
<strong>les</strong> Lautari ont perpétué<br />
et maintenu en vie un patrimoine<br />
musical populaire d'une gran<strong>de</strong><br />
richesse. Ces chanteurs et musiciens professionnels,<br />
Tsiganes pour la plupart, ont<br />
toujours accompagné et rythmé <strong>les</strong><br />
grands événements <strong>de</strong> la vie, <strong>de</strong>s plus<br />
heureux aux plus douloureux: mariages,<br />
baptêmes, enterrements. On peut retrouver<br />
ces airs sur Balkanophonie.<br />
Plus tard, avec l'urbanisation naissante,<br />
dans <strong>les</strong> tavernes <strong>de</strong>s faubourgs <strong>de</strong>s<br />
quartiers pauvres, et dans <strong>les</strong> vapeurs <strong>de</strong><br />
tsuica, le répertoire lautari s'enrichissait<br />
<strong>de</strong> mélodies et <strong>de</strong> chansons nouvel<strong>les</strong>,<br />
mélancoliques, teintées <strong>de</strong> "blues",<br />
réconfortant le cœur <strong>de</strong>s âmes en peine.<br />
Chanson <strong>de</strong>s faubourgs et <strong>de</strong>s lautari<br />
L'amour, la solitu<strong>de</strong>, la pauvreté, la<br />
condition carcérale, étaient alors autant<br />
<strong>de</strong> thèmes qui nourrissaient <strong>les</strong> textes <strong>de</strong><br />
ces chansons populaires. Malgré la censure<br />
opérée par le pouvoir en place dans<br />
la secon<strong>de</strong> moitié du XXe siècle, au profit<br />
d'un folklore d'État bien réglé, ces<br />
chansons <strong>de</strong>s faubourgs<br />
connurent un âge d'or dans <strong>les</strong><br />
années 1940-70. Andrei<br />
Mihalache, Ionel Tudorache,<br />
Constantin Stanciu, Gabi<br />
Lunca, Romica Puceanu, en<br />
sont quelques uns <strong>de</strong> ses<br />
représentants.<br />
Aujourd'hui, même si <strong>les</strong><br />
Lautari ont été supplantés par<br />
<strong>de</strong>s formations plus mo<strong>de</strong>rnes,<br />
notamment dans <strong>les</strong> mariages,<br />
leur répertoire continue d'être joué par<br />
une nouvelle génération, dynamique, et<br />
non moins virtuose et créative.<br />
Le Raki Balkans Sound System<br />
vous propose une sélection <strong>de</strong> morceaux,<br />
notamment <strong>de</strong> ces chansons <strong>de</strong>s faubourgs<br />
(mahala), choisis parmi <strong>les</strong> grands<br />
noms <strong>de</strong> la musique Lautari.<br />
Balkanophonie.org, cliquer sur<br />
Raki Balkans Sound System: Chansons<br />
<strong>de</strong>s faubourgs <strong>de</strong> Roumanie.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMA-<br />
Francophonie<br />
LMaison <strong>de</strong>s savoirs <strong>de</strong> la Francophonie, la<br />
<strong>de</strong>uxième du genre dans l'espace francophone,<br />
après Hué au Vietnam et la première en Europe<br />
centrale et orientale, située au coeur <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Chisinau en<br />
Moldavie, a été inaugurée le 29 janvier . La 3e ouvrira prochainement<br />
ses portes à Ouagadougou, capitale du Burkina<br />
Faso. La 4e sera établie à Kinshasa (R.D.du Congo).<br />
Ce projet pilote mis en place conjointement par<br />
l'Organisation internationale <strong>de</strong> la Francophonie (OIF) et<br />
l'Association internationale <strong>de</strong>s maires francophones<br />
(AIMF), auxquel<strong>les</strong> s'associent TV5Mon<strong>de</strong> et l'Agence universitaire<br />
<strong>de</strong> la Francophonie (AUF) aura ainsi été réalisé<br />
conformément au calendrier prévu.<br />
A Chisinau, La Maison <strong>de</strong>s savoirs est un espace public<br />
<strong>de</strong> 585 m2, désormais ouvert à la population, en particulier aux<br />
jeunes et aux femmes qui offrira un accès facile et peu coûteux<br />
aux savoirs et à la culture numérique et différentes activités<br />
éducatives et pédagogiques, notamment la promotion et le perfectionnement<br />
<strong>de</strong> la langue française, l'initiation aux logiciels<br />
libres pour <strong>les</strong> éducateurs et <strong>les</strong> étudiants pré-universitaires.<br />
L'appui financier <strong>de</strong> l'OIF a permis <strong>de</strong> rénover l'espace<br />
hébergeant la Maison <strong>de</strong>s savoirs <strong>de</strong> Chisinau, d'équiper<br />
Le français <strong>de</strong>meure, à la rentrée<br />
2009/<strong>2<strong>01</strong>0</strong>, la première<br />
langue étrangère enseignée<br />
dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>, collèges et lycées <strong>de</strong><br />
Moldavie indique le Bureau<br />
national <strong>de</strong> la Statistique <strong>de</strong><br />
Moldavie. Le total <strong>de</strong>s "apprenants"<br />
<strong>de</strong> français s'établit à 376<br />
027 élèves en Langue Vivante 1<br />
(52,07 % <strong>de</strong>s effectifs) et à 26<br />
190 en Langue Vivante 2 (6,96<br />
%). L'anglais n'arrive qu'en<br />
secon<strong>de</strong> position avec un taux<br />
d'apprentissage <strong>de</strong> 47,72 % en<br />
LV1 et 6,45% en LV2.<br />
L'allemand n'est, quant à lui,<br />
appris que par un peu plus <strong>de</strong> 3%<br />
<strong>de</strong>s jeunes Moldaves.<br />
Le résultat encourageant <strong>de</strong><br />
cette rentrée 2009/<strong>2<strong>01</strong>0</strong> provient<br />
<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> où le français progresse:<br />
+ 24 % d'apprenants à Chisinau, la<br />
capitale et + 8 % à Balti.<br />
L'enseignement du français conserve<br />
enfin une très large avance dans <strong>les</strong> campagnes<br />
et <strong>les</strong> petites vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Moldavie :<br />
+ <strong>de</strong> 63% <strong>de</strong>s jeunes y apprennent encore<br />
le français. La Moldavie conforte ainsi sa<br />
tradition francophone et francophile.<br />
Connaissance et découverte<br />
Inauguration à Chisinau<br />
<strong>de</strong> “La Maison <strong>de</strong>s Savoirs <strong>de</strong> la Francophonie”<br />
Le pays reste le plus francophone<br />
d'Europe centrale et orientale.<br />
Plusieurs facteurs expliquent cette<br />
persistance <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> la langue fran-<br />
çaise. L'Ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France et<br />
l'Alliance française <strong>de</strong> Moldavie mènent<br />
une politique active en termes <strong>de</strong> formation<br />
et <strong>de</strong> dotation en matériels pédagogiques<br />
et didactiques <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong><br />
français du pays. Des campagnes <strong>de</strong> promotion<br />
du français sont conduites pour<br />
rappeler que cette langue est celle du rap-<br />
l'Espace numérique par la dotation d'une trentaine <strong>de</strong> postes<br />
informatiques, <strong>de</strong> matériels <strong>de</strong> vidéo (projecteur, scanneur,<br />
télévision, visioconférence), la création d'un centre <strong>de</strong> <strong>document</strong>ation<br />
et d'apprentissage <strong>de</strong> la langue française regroupant<br />
3 000 titres (livres, <strong>document</strong>s, DVD, CD et monographies)<br />
ainsi que l'aménagement et l'ameublement <strong>de</strong> sal<strong>les</strong> multifonctionnel<strong>les</strong><br />
et d'espaces d'animations socioculturel<strong>les</strong>.<br />
La Ville <strong>de</strong> Chisinau prend en charge une partie <strong>de</strong>s frais<br />
<strong>de</strong> fonctionnement (salaire <strong>de</strong>s animateurs, téléphone, électricité,<br />
entretien, gardiennage, assurances).<br />
Pour renforcer l'apprentissage du français et l'appropriation<br />
<strong>de</strong>s logiciels libres par environ 8 000 étudiants, La<br />
Maison <strong>de</strong>s savoirs a conclu <strong>de</strong>s ententes avec l'Académie<br />
d'étu<strong>de</strong>s supérieures <strong>de</strong> Moldova (ASEM), <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> supérieures<br />
<strong>de</strong>s langues étrangères <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> Moldova et <strong>de</strong> la<br />
Faculté <strong>de</strong> français, le Lycée professionnel N° 1 d'hôtellerie et<br />
<strong>de</strong> tourisme (accueillant une classe bilingue) ainsi que huit<br />
lycées académiques.<br />
Les activités offertes par La Maison <strong>de</strong>s savoirs <strong>de</strong><br />
Chisinau ont commencé dès son inauguration. Sa création<br />
avait été décidée en 2006 à Bucarest (Roumanie) lors du<br />
Sommet <strong>de</strong> la Francophonie.<br />
Le français <strong>de</strong>meure la première langue étrangère enseignée en Moldavie<br />
Dans <strong>les</strong> couloirs d’une école d’un petit village moldave.<br />
prochement du pays à l'UE.<br />
Par ailleurs, Bruxel<strong>les</strong>, Strasbourg et<br />
Luxembourg, <strong>les</strong> trois capita<strong>les</strong> européennes<br />
sont francophones. La France est<br />
un <strong>de</strong>s piliers <strong>de</strong> la construction<br />
européenne et l'un <strong>de</strong>s principaux<br />
contributeurs financiers <strong>de</strong><br />
l'Union Européenne dont <strong>les</strong><br />
efforts bénéficient largement à la<br />
Moldavie.<br />
L'apprentissage et la pratique<br />
du français sont aussi <strong>de</strong>s atouts<br />
en matière d'emploi et d'accompagnement<br />
du développement<br />
économique moldave.<br />
De nombreux investisseurs<br />
français sont présents en<br />
Moldavie. La francophonie est<br />
une <strong>de</strong>s motivations citées par <strong>les</strong><br />
entreprises françaises présentes<br />
pour expliquer leur choix d'implantation<br />
dans le pays.<br />
Enfin, la France <strong>de</strong>meure le 4ème<br />
pays d'accueil <strong>de</strong>s jeunes moldaves effectuant<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures à l'étranger,<br />
certes <strong>de</strong>rrière la Roumanie, la Russie et<br />
l'Ukraine, mais toujours <strong>de</strong>vant<br />
l'Allemagne, la Gran<strong>de</strong>-Bretagne, <strong>les</strong><br />
USA, l’Espagne ou la Bulgarie.<br />
59
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
60<br />
SUCEAVA<br />
BAIA<br />
<br />
MARE<br />
IASI<br />
ORADEA<br />
<br />
TG. NEMAT <br />
<br />
CHISINAU<br />
<br />
TARGU<br />
BACAU<br />
ARAD MURES <br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
PITESTI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Libre propos<br />
La petite mendiante<br />
et la vieille dame<br />
“C'est à la sortie du match que je<br />
l'ai vue la première fois: un petit<br />
paquet <strong>de</strong> vêtements roulé dans un<br />
coin. Du moins je le supposais mais,<br />
en m'approchant, je vis que c'était<br />
une femme, plutôt une jeune fille,<br />
très jeune… 15 ans peut-être 16 !<br />
A côté d'elle, un petit landau vi<strong>de</strong>!<br />
Plus près d'elle, je constatais très<br />
vite que l'enfant du landau était le<br />
sien et qu'elle le gardait tout contre<br />
elle, le berçant doucement en lui<br />
chantant une petite rengaine.<br />
A ses pieds, un gobelet <strong>de</strong> carton<br />
vi<strong>de</strong> <strong>de</strong>stiné à attirer la générosité<br />
<strong>de</strong>s passants sortants du magasin, le<br />
caddie rempli <strong>de</strong> bonnes choses. La<br />
jeune fille levait alors <strong>les</strong> yeux sur<br />
eux et leur disait simplement :<br />
"Bonjour" !<br />
Certains répondaient mais continuaient<br />
leur chemin, d'autres lui souriaient<br />
aussi très gentiment mais<br />
sans plus et quelques-uns, pas beaucoup,<br />
s'arrêtaient pour glisser dans<br />
son gobelet quelques cents ou euros<br />
et elle <strong>les</strong> remerciait d'un sourire.<br />
Je m'approchais alors à mon tour,<br />
quelques piécettes à la main et je<br />
croisai son regard: Ciel ! Je crus être<br />
transpercé par l'intensité <strong>de</strong> ses yeux<br />
d'un bleu parfait qui me regardait,<br />
emplis <strong>de</strong> gentil<strong>les</strong>se et <strong>de</strong> reconnaissance.<br />
Mon Dieu, chère petite maman tzigane,<br />
tu m'as interpellé <strong>de</strong> manière<br />
incroyable lors <strong>de</strong> cette première rencontre<br />
rien que par ce regard qui m'a<br />
bouleversé”.<br />
(lire la suite page 62)<br />
<br />
Itinéraires<br />
Connaissance et découverte<br />
Daniel Tabard conte l'aventure<br />
qui l'a mené du Forez en Moldavie à pied<br />
Comme Brancusi, autrefois …<br />
“L-am facut” (je l'ai fait) s'est exclamé Daniel Tabard, à son arrivée à Târgu-<br />
Neamt, en Moldavie roumaine, après la longue traversée <strong>de</strong> l'Europe - 2300 km,<br />
à pied - Du Forez aux Carpates. Randonneur atypique, Daniel Tabard est "heureux<br />
d'aller à pied dans un mon<strong>de</strong> qui marche sur la tête". Son projet, "longuement<br />
mûri", était la réalisation "<strong>de</strong> quelque chose toujours d'exaltant, mais aussi source<br />
d'appréhension".<br />
Périple, voyage, quête, randonnée, errance, pèlerinage, ce sont <strong>les</strong> signes<br />
(emblèmes) qui couronnent un défi, pour une personne <strong>de</strong> soixante ans, historien<br />
d'art, portant son sac à dos <strong>de</strong> douze kilos, comme on pourrait le voir<br />
sur une photo, avec cette motivation: "Jésus porte sa croix et moi mon zaino". (sac à<br />
dos). L'aventure <strong>de</strong> Daniel Tabard a commencé <strong>de</strong>puis sa "plus tendre enfance",<br />
quand il savait par cœur tous <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Europe, sur une carte accrochée dans la cuisine.<br />
Le défi dont il est question dans <strong>les</strong> pages <strong>de</strong> son Journal d'un randonneur solitaire,<br />
c'est <strong>de</strong> "m'approprier l'espace européen à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> mes jambes", car, "à pied<br />
on a tout le temps d'observer, <strong>de</strong> détailler, <strong>de</strong> méditer".<br />
Rédigé selon <strong>les</strong> notes prises lors du voyage, son journal n'a ni un caractère scientifique,<br />
ni <strong>document</strong>aire, mais, bel et bien, ce sont <strong>les</strong> impressions, soit visuel<strong>les</strong> (il a<br />
pris <strong>de</strong> bel<strong>les</strong> photos), soit culturel<strong>les</strong>, comme une trace <strong>de</strong> cette aventure initiatique.<br />
Chaque fois, Daniel Tabard se rend heureux dans la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa mémoire afin<br />
d'exercer la fidélité et l'authenticité <strong>de</strong> ses lectures inoubliab<strong>les</strong>.<br />
"Avec mon sac, ma pèlerine, mes bâtons, je fais extraterrestre"<br />
Il s'agit d'une raison moins<br />
aventureuse que d'une raison<br />
intime: "pour découvrir réellement<br />
un territoire, il faut prendre<br />
le temps <strong>de</strong> préparer sa visite,<br />
<strong>de</strong> vivre l'aventure, <strong>de</strong> goûter le<br />
dépaysement, <strong>de</strong> se perdre dans<br />
<strong>les</strong> profon<strong>de</strong>urs du pays. J'ai<br />
toujours aimé randonner pour<br />
une connaissance intime".<br />
On l'imagine à la recherche<br />
d'un gîte, sous le regard étonné <strong>de</strong>s passants, "avec mon sac, ma pèlerine, mes bâtons,<br />
je fais un peu extraterrestre", à l'image du sculpteur Constantin Brâncusi, qui a fait<br />
le trajet en sens inverse, en 1904, à pied, <strong>de</strong> Roumanie, la besace sur l'épaule, le bâton<br />
à la main, traversant l'Europe, pour arriver à Paris au bout <strong>de</strong> plusieurs mois d'errance.<br />
Le vif regard du voyageur est attiré par <strong>les</strong> oratoires, <strong>les</strong> croix et <strong>les</strong> oies, <strong>les</strong> vaches<br />
"qui ruminent", <strong>les</strong> moutons, "mais pas <strong>de</strong> berger". "J'entre dans la Roumanie, que<br />
j'aime " confie-t-il, "celle qui me rappelle la campagne <strong>de</strong> mon enfance, qui a<br />
quelques points communs avec le Forez, même relief, petites fermes dispersées, troupeaux<br />
dans <strong>les</strong> champs". Ici, "<strong>les</strong> âmes sont mieux traitées que <strong>les</strong> corps".<br />
Randonneur passionné, voyageur convaincu, pèlerin respectueux, avec ses <strong>de</strong>ux<br />
bâtons, Daniel Tabard risque d'être confondu. Il a l'air d'un vacancier, d'un skieur, d'un<br />
montagnard, d'un alpiniste, toujours dévisagé comme un Allemand, jamais, comme un<br />
Français, dont l'usage <strong>de</strong> la langue lui manque. Après 1600 km parcourus en <strong>de</strong>ux<br />
mois, il a le sentiment d'avoir vécu dans une bulle.<br />
Georges Simon (Roumanie)<br />
Journal d'un randonneur solitaire, <strong>de</strong> Daniel Tabard (<strong>Édition</strong>s Jeanne-d'Arc, 2009, 25<br />
rue <strong>de</strong> la Gazelle - BP 6, 430<strong>01</strong> Le Puy-En-Velay Ce<strong>de</strong>x, tél. 04 71 02 11 34), 250 pages, ISBN<br />
9782911794759, 22 €.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Quand Chiriac était jeune, à Bucarest en<br />
Roumanie, il travaillait, chez Ford. En ce tempslà,<br />
juste après la guerre, la Roumanie n'était pas<br />
encore communiste, il y avait une usine Ford à Bucarest et<br />
notre ami Chiriac travaillait comme mécano. Les premières<br />
années du communisme ont été épouvantablement dures. Et ça<br />
ne s'est pas vraiment arrangé avec l'arrivée <strong>de</strong> Ceausescu. Évi<strong>de</strong>mment,<br />
l'usine Ford a déménagé, Chiriac a laissé la mécanique<br />
pour quelle chose d'absolument sans intérêt. En fait, la<br />
principale occupation <strong>de</strong> Chiriac, et d'ailleurs <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> autres<br />
Roumains a cette époque-là, c'était <strong>de</strong> rêver.<br />
Les Roumains, comme <strong>les</strong> Russes, <strong>les</strong> Polonais, <strong>les</strong><br />
Hongrois, <strong>les</strong> Bulgares n'auraient jamais survécu sans le rêve.<br />
On attendait la nuit pour prolonger le rêve <strong>de</strong> la veille, le préciser,<br />
ajouter un détail, une merveille au mon<strong>de</strong> qu'on inventait<br />
et qu'on quittait à regret au matin.<br />
Le rêve <strong>de</strong> Chiriac, vous n'en serez pas surpris, c'était<br />
l'Amérique. Mais pas l'Amérique pour l'Amérique.<br />
L'Amérique pour acheter une voiture Ford.<br />
Travailler comme un mala<strong>de</strong><br />
pour se payer enfin sa Ford<br />
Pour Chiriac, Ford incarnait la liberté bien sûr, mais aussi<br />
la perfection mécanique absolue. Pour ce petit moteur dans<br />
l'âme, le vrai bonheur faisait vroum-vroum en Amérique. Il<br />
avait 60 ans quand il est arrivé au Québec avec sa femme<br />
Petrika. Ils se sont installés dans un trois et <strong>de</strong>mie du boulevard<br />
Lévesque à Laval et... et non, Chiriac ne s'est acheté un<br />
Ford. Pas tout <strong>de</strong> suite. Il n'avait pas un sou. II a travaillé<br />
comme un mala<strong>de</strong> - comme un animal, dit sa femme - pendant<br />
plusieurs années. Camionneur, routier.<br />
Il a conduit <strong>de</strong>s vans à New York, à Vancouver. II ne parlait<br />
pas un mot d'anglais, pas beaucoup français, ne comprenait<br />
rien aux panneaux <strong>de</strong> signalisation. Pas grave. Monte <strong>de</strong>s planches<br />
au Tennessee. Rapporte <strong>de</strong>s fruits. Repart pour Las Vegas.<br />
II avait 60 ans, puis un jour, il en a eu 65. Et un autre jour, 68.<br />
Et enfin quelques économies.<br />
Un bon matin, il a pris l'autobus jusque chez Fortier Auto,<br />
important concessionnaire Ford a Anjou. Et il a acheté un<br />
Ford. Un gros. Un long. Un Crown Victoria bleu, quatre portes,<br />
huit cyclindres qui consomment comme 16. Un vrai char<br />
<strong>de</strong> mononcle. Un bateau assez grand pour embarquer le rêve<br />
américain d'un vieux défroqué du communisme.<br />
Un "char" attendu <strong>de</strong>puis cinquante ans<br />
Chiriac a donné 2000 $ cash et il a fait financer le reste;<br />
36 mois à 437,90 $. Ça a été long dans le bureau <strong>de</strong> crédit.<br />
Plein <strong>de</strong> chiffres. La madame expliquait, reprenait, insistait,<br />
soulignait <strong>de</strong>s trucs sur le contrat. Oui, oui, oui disait, Chiriac.<br />
Connaissance et découverte<br />
Bonnes feuil<strong>les</strong> Le rêve à louer <strong>de</strong> Chiriac<br />
le Roumain, en Amérique<br />
Grand reporter au quotidien "La Presse" <strong>de</strong> Montréal Montréal, Pierre Foglia raconte <strong>les</strong> déboires, au milieu <strong>de</strong>s<br />
années 90, d'un Roumain débarquant en Amérique du Nord, dans son style inimitable, qui fait son succès Outre-Atlantique.<br />
Et s'impatientait silencieusement: "Envoye, bonne femme,<br />
arrête <strong>de</strong> bretter, ça fait 50 ans que j'attends ce char-là "...<br />
- Ça va, c'est clair, vous avez bien tout compris ? a encore<br />
insisté la dame du crédit.<br />
- Oui, oui, oui, disait Chiriac qui ne comprenait rien.<br />
- Signez ici.<br />
Chiriac s'est mis au volant. Vous dire comment il se sentait:<br />
le roi était son cousin. Ce qu'il ne savait pas, ce qu'il n'avait<br />
pas compris dans le bureau <strong>de</strong> la dame du crédit, c'est qu'il<br />
venait <strong>de</strong> signer un contrat <strong>de</strong> LOCATION. Il venait <strong>de</strong><br />
LOUER sa voiture. Pas <strong>de</strong> l'acheter.<br />
II paraît (je n'ai jamais acheté d'auto neuve, c'est pour ça<br />
que je vous dis "il paraît") que c'est <strong>de</strong>venu la pratique quand<br />
on va acheter une auto: le ven<strong>de</strong>ur insiste pour vous la louer à<br />
long terme plutôt que vous la vendre. Il parait que ça revient à<br />
peu près au même pour l'acheteur, mais que c'est plus avantageux<br />
pour le locateur et surtout pour la compagnie <strong>de</strong> prêt…<br />
C'est aussi l'histoire<br />
<strong>de</strong> milliers d'immigrés <strong>de</strong> l'Est<br />
Anyway, si je me résignais à acheter un char neuf et que<br />
le responsable du crédit me proposât <strong>de</strong> le louer, je tomberais<br />
<strong>de</strong>s nues ! Dans ma culture, on loue une voiture une semaine,<br />
pas trois ans. C'est la même culture que Chiriac, S'il avait compris<br />
le français, il aurait dit à la bonne femme du crédit; non,<br />
mais ça va pas la tête ! Cette auto-là, il la voulait toute à lui. Il<br />
allait se dépêcher <strong>de</strong> la payer. Il n'y aurait jamais une tache <strong>de</strong><br />
rouille <strong>de</strong>ssus. Un char <strong>de</strong> curé, son premier et son <strong>de</strong>rnier.<br />
Passe un an et <strong>de</strong>mi. Un jour, sur un relevé <strong>de</strong> banque, sa<br />
femme qui commence à mieux comprendre le français, lit:<br />
"contrat <strong>de</strong> location"...<br />
- Location ? Quelle location ?<br />
Chiriac ne comprend pas. Et quand il comprend, il capote.<br />
Ben d'abord, si cette auto n'est pas à lui, il n'en veut plus.<br />
Qu'on vienne la chercher immédiatement... II pense qu'on va<br />
le rembourser. Mais c'est lui qui doit <strong>de</strong>s sous. Selon la mise<br />
en <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> la Compagnie <strong>de</strong> finances, il doit 4431 $.<br />
Ça s'est finalement arrangé. Fortier Auto, comprenant<br />
dans quel malentendu s'était fourré le vieux Roumain, a eu l'élégance<br />
d'arranger le coup et d'effacer la <strong>de</strong>tte.<br />
Aujourd'hui, Chiriac est trop b<strong>les</strong>sé pour réaliser quelle<br />
chance il a eu <strong>de</strong> s'en tirer à si bon compte. Il a racheté une<br />
vieille minoune et zigone <strong>de</strong>ssus à temps perdu. Il n'est pas à<br />
pied, mais son rêve d'Amérique est foutu.<br />
Voilà, c'était l'histoire <strong>de</strong> Chiriac… mais c'est un peu l'histoire<br />
aussi <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> Russes, <strong>de</strong> Polonais, <strong>de</strong> Bulgares, <strong>de</strong><br />
Hongrois, <strong>de</strong> Tchécoslovaques qui n'avaient pas imaginé qu'à<br />
défaut <strong>de</strong> réaliser leur "rêve américain", ils pourraient le louer,<br />
437,90 $ par mois. Et qu'au bout <strong>de</strong> trois ans, ils <strong>de</strong>vraient le<br />
rendre. Ou l'acheter. Ou le vendre. Pierre Foglia<br />
61
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
62<br />
BAIA<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
ARAD<br />
IASI <br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
PITESTI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
BACAU<br />
<br />
CONSTANTA<br />
(suite <strong>de</strong> la page 60)<br />
“Nous nous sommes revus souvent<br />
car tu étais fidèle au même<br />
magasin que moi mais pour d'autres<br />
raisons.<br />
Nous avons fait connaissance, tu<br />
étais d'origine Roumaine, <strong>de</strong><br />
Timisoara exactement, et tu avais<br />
suivi ta famille en Belgique appâtée<br />
par une vie plus riche et plus facile<br />
que dans ton pays. Tu me dis habiter<br />
un petit appartement <strong>de</strong> quatre pièces<br />
avec tes parents et tes trois frères.<br />
Ton papa travaille dans le bâtiment<br />
au noir, bien sûr) ta maman fait <strong>de</strong>s<br />
ménages (au même statut) et tes frères….se<br />
débrouillent !<br />
Ben oui, la vie n'est pas tellement<br />
plus facile en Belgique qu'autre part !<br />
La confiance venant et tout en donnant<br />
le sein à ton bébé, tu me dis<br />
gagner péniblement une cinquantaine<br />
d'euros par jour par ta mendicité.<br />
C'est peu, en effet ! Mais je n'ai pas<br />
pu m'empêcher <strong>de</strong> te dire que la petite<br />
dame <strong>de</strong> 68 ans, qui habite au<strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong> chez toi, touche une<br />
in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> mutualité (ah la "moutouelle"!)<br />
<strong>de</strong> 824,56 euros par mois<br />
après avoir travaillé pendant plus <strong>de</strong><br />
40 ans ! Quelle différence car cela ne<br />
lui fait, à elle qui vit seule, que 27,50<br />
euros par jour !<br />
Je n'ose alors te dire que moi,<br />
retraité <strong>de</strong> l'administration, je perçois<br />
une "belle" pension <strong>de</strong> 1240,89 €<br />
tous <strong>les</strong> mois. C'est encore moins<br />
que ce que tu gagnes, toi !<br />
Dis-moi alors, chère petite maman<br />
tzigane <strong>de</strong> 16 ans, tellement belle<br />
avec tes vêtements chamarrés, tes<br />
longs cheveux et tes superbes yeux<br />
bleus, où se trouvent donc <strong>les</strong> plus<br />
pauvres dans notre pays ?”<br />
Marcel Pohl<br />
<br />
Blagues<br />
Connaissance et découverte<br />
De la suite dans <strong>les</strong> idées<br />
Le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s élections, un électeur se présente au siège du PSD et<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> à parler au "Prési<strong>de</strong>nt" <strong>de</strong> la Roumanie, M. Geoana. Embarassée,<br />
la secrétaire répond :<br />
-M. Geoana n'est pas Prési<strong>de</strong>nt.<br />
Dix minutes plus tard, le quidam revient :<br />
-Je voudrais parler avec Monsieur Mircea Geoana, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Roumanie.<br />
-Je regrette, je vous assure qu'il n'est pas Prési<strong>de</strong>nt !<br />
Et <strong>de</strong> répéter à nouveau ce scénario un quart d'heure plus tard :<br />
-Est-ce que je peux voir Monsieur le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Roumanie ?<br />
La secrétaire s'énerve :<br />
-Mais je vous ai dit déjà cent fois que M. Geoana n'était pas Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
Roumanie… Qu'est-ce qui vous prend à la fin ?!!!<br />
-Pardonnez-moi, Ma<strong>de</strong>moiselle, çà me fait tellement plaisir <strong>de</strong> l'entendre dire…<br />
Précautions<br />
Un peu avant <strong>les</strong> élections qui s'annoncent<br />
mal, Basescu fait venir son<br />
ministre <strong>de</strong> la construction et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser <strong>les</strong> prisons pour que <strong>les</strong><br />
détenus puissent y vivre confortablement.<br />
Le ministre <strong>de</strong> s'étonner :<br />
-Comment çà, chef ? Je croyais que<br />
priorité était donnée à l'enseignement.<br />
-Crétin… Tu crois qu'après <strong>les</strong> élections,<br />
ils vont nous envoyer à l'école ?<br />
Observation<br />
Deux copains mangent leurs sandwichs<br />
sur un banc, dans un parc, tout en<br />
observant <strong>les</strong> pigeons.<br />
-Tu sais qui ils me rappellent ?<br />
- ??????<br />
-Nos politiciens. Quand ils sont en<br />
bas, ils te mangent dans la main et quand<br />
ils sont en haut., ils te … <strong>de</strong>ssus !<br />
Solutions <strong>de</strong> crise<br />
Discussion <strong>de</strong> couple en temps <strong>de</strong><br />
crise, entre Ion et Maria :<br />
-Maria, ma chérie, comme maintenant<br />
tu a appris à cuisiner... que dirais-tu<br />
si on renvoyait la cuisnière ?<br />
-Bonne idée mon chéri... mais je<br />
peux peut-être aussi renvoyer le jardinier<br />
maintenant que tu sais faire l'amour ?<br />
Le bon choix<br />
Quatre copains discutent du métier<br />
qu'ils aimeraient faire plus tard.<br />
Viorel: Je voudrais être avocat pour<br />
défendre mes concitoyens.<br />
Nelu: Moi, député pour faire <strong>de</strong>s lois<br />
qui servent mes concitoyens.<br />
Adriana: J'ai envie d'être docteur<br />
pour bien soigner mes concitoyens.<br />
Octavian est resté silencieux, ses<br />
copains le pressent <strong>de</strong> questions:<br />
-Moi, je me vois bien concitoyen.<br />
Travailler plus<br />
pour gagner moins<br />
Deux ministres du nouveau gouvernement<br />
Boc, aux poches bien remplies, se<br />
rencontrent <strong>de</strong>vant une bière avant le vote<br />
du budget <strong>2<strong>01</strong>0</strong>:<br />
-Comment çà va ?<br />
-C'est dur... et toi ?<br />
-Ne m'en parle pas, j'ai pas payé mes<br />
fonctionnaires <strong>de</strong>puis trois mois...<br />
-Moi, c'est <strong>de</strong>puis août ! Mais le plus<br />
drôle, c'est que ces idiots ils continuent à<br />
venir travailler !<br />
-Chez moi, ils viennent même le<br />
dimanche !<br />
-Alors çà, c’est génial ! C'est encore<br />
mieux que Sarkozy... Travailler plus pour<br />
gagner moins !<br />
-Dis donc... J'y pense tout à coup... Et<br />
si on leur <strong>de</strong>mandait aussi une taxe quand<br />
ils viennent pointer ?...<br />
Pénibilité<br />
La femme <strong>de</strong> Bula <strong>de</strong>man<strong>de</strong> audience<br />
au directeur <strong>de</strong> la prison où son mari<br />
est incarcéré:<br />
-Monsieur le directeur, je vous prie<br />
<strong>de</strong> donner un travail moins pénible à mon<br />
mari<br />
-Mais comment çà... Je l'ai mis à coller<br />
<strong>de</strong>s étiquettes sur <strong>de</strong>s enveloppes... çà<br />
vous semble si fatiguant ?<br />
-Non, mais il m'a dit que, en plus, il<br />
creusait un tunnel...<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
CHANGE*<br />
(en nouveaux lei, RON**)<br />
Euro =4,11 RON<br />
(1 RON = 0,24 €)<br />
Franc suisse = 2,81 RON<br />
Dollar = 3,02 RON<br />
Forint hongrois 1 = 0,02 RON<br />
(1 € = 270 forints)<br />
*Au 27 février <strong>2<strong>01</strong>0</strong> ** 1 RON = 10 000 anciens lei<br />
Les NOUVELLES<br />
<strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Numéro 58, mars - avril <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />
Lettre d'information bimestrielle sur<br />
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association loi 19<strong>01</strong><br />
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Henri Gillet<br />
Rédactrice en chef<br />
Dolores Sîrbu-Ghiran<br />
Ont participé à ce numéro :<br />
Cristophe Cornevin, Gil<strong>les</strong> Renault,<br />
Mathil<strong>de</strong> Goannec, Ianut Balan,<br />
Ramona Delcea, Laurent Cour<strong>de</strong>rc<br />
Marion Guyonvarch, Mirel Bran,<br />
Jonas Mercier, Mariana Bechir,<br />
Daniela Serb, Piotr Smolar,<br />
David Prochasson, Radu Portocala,<br />
Antoine Bellier, Delphine Saubaber,<br />
Noël Tamini, Georges Simon,<br />
Marcel Pohl, Vali, Dodo Nita.<br />
Autres sources: agences <strong>de</strong> presse<br />
et presse roumaines, françaises,<br />
lepetitjournal.com, télévisions<br />
roumaines, Roumanie.com, Le<br />
Courrier <strong>de</strong>s Balkans, sites internet,<br />
fonds <strong>de</strong> <strong>document</strong>ation ADICA.<br />
Impression: Helio Graphic<br />
2 rue Gutenberg<br />
44 981 Sainte-Luce sur Loire Ce<strong>de</strong>x<br />
Numéro <strong>de</strong> Commission paritaire:<br />
1112 G 8<strong>01</strong>72; ISSN 1624-4699<br />
Dépôt légal: à parution<br />
Prochain numéro: mai <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />
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63
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
64<br />
Iana Matei, première Roumaine<br />
“Européenne <strong>de</strong> l'année” en 2009<br />
Iana Matei, une Roumaine <strong>de</strong> 50 ans qui prési<strong>de</strong> l'association<br />
Reaching Out, a été désignée "Européenne <strong>de</strong> l'année 2009" par le magazine<br />
Rea<strong>de</strong>r's Digest. C'est la première fois que cette distinction est<br />
accordée à un citoyen roumain. Iana Matei a été récompensée pour sa<br />
lutte contre la prostitution juvénile. En onze ans d'existence, son association<br />
a sauvé 420 <strong>de</strong> ces enfants, ado<strong>les</strong>centes et jeune fil<strong>les</strong>.<br />
On a arrêté trois petites putes dégueulasses, on n'en veut pas dans<br />
notre voiture… Vous pouvez leur apporter <strong>de</strong>s vêtements propres ?". Ce coup <strong>de</strong> fil brutal <strong>de</strong><br />
la police <strong>de</strong> Pitesti, en janvier 1999, a changé la vie <strong>de</strong> Iana Matei. "J'ai pris ce que j'avais sous la main et j'ai filé au<br />
commissariat" se rappelle-t-elle. Trois fillettes <strong>de</strong> 14,15 et 16 ans, serrées <strong>les</strong> unes contre <strong>les</strong> autres, attendaient, apeurées.<br />
"Mais qu'est-ce que vous faites là ?"… "On a été vendues et achetées" lui confia la plus hardie. La plus jeune lui souffla<br />
quelques mots <strong>de</strong> son histoire. Elle s'était enfuie <strong>de</strong> chez elle car son père avait tenté <strong>de</strong> la violer et rejoint une copine travaillant<br />
dans un bar qui lui avait parlé d'un boulot <strong>de</strong> femme <strong>de</strong> ménage. Après une nuit dans <strong>les</strong> lieux, elle avait été conduite dans un restaurant<br />
et vendue au patron pour 100 dollars. Tout <strong>de</strong> suite, elle avait été enfermée à double tour dans une pièce dont la porte ne<br />
s'ouvrait que pour laisser entrer <strong>les</strong> camionneurs venus abuser d'elle. Réussissant à s'échapper, elle avait couru au commissariat,<br />
où lui avait enjoint <strong>de</strong> vite retourner dans <strong>les</strong> lieux pour ne pas éveiller <strong>les</strong> soupçons. Trois jours plus tard, une <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> police<br />
la délivrait ainsi que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses compagnes d'infortune.<br />
C'est là que Iana Matei <strong>les</strong> avait prises en charge. Après une absence <strong>de</strong> huit ans, elle venait <strong>de</strong> revenir au pays et avait ouvert<br />
un foyer pour <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> la rue qui s'étaient enfuis <strong>de</strong>s orphelinats. A la vue <strong>de</strong> ces trois fillettes, traitées comme <strong>de</strong>s prostituées,<br />
son sang ne fit qu'un tour et elle décida immédiatement <strong>de</strong> créer un refuge pour<br />
toutes cel<strong>les</strong> qui étaient dans leur cas. En quelques jours, la jeune femme montait<br />
son association "Reaching out" ("La main tendue") et grâce à un don <strong>de</strong><br />
300 dollars, louait un appartement à Pitesti pour trois mois dont ses trois protégées<br />
furent <strong>les</strong> premières occupantes. Aujourd'hui, el<strong>les</strong> ont retrouvé une vie<br />
normale et sont chacune mère <strong>de</strong> famille.<br />
420 jeunes fil<strong>les</strong> sorties <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> proxénètes<br />
Depuis, d'autres jeunes victimes leur ont succédé. "En onze ans, j'ai vu<br />
plein <strong>de</strong> fil<strong>les</strong> défiler ici, la plus jeune avait 13 ans et la plus vieille, 29 ans.<br />
C'est à peu près toujours la même histoire, bien qu'el<strong>les</strong> se taisent, refusent <strong>de</strong><br />
donner <strong>de</strong>s noms. Je leur dis que leur cauchemar est terminé, qu'el<strong>les</strong> doivent<br />
l'oublier. Mais je n'insiste pas… Je n'ai pas le droit <strong>de</strong> leur faire revivre leur<br />
enfer". Iana Matei a sorti <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> proxénètes 420 jeunes fil<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> toute la Roumanie, amenée par <strong>de</strong>s policiers, dont 85 % sont suivies <strong>de</strong> façon<br />
permanente par l'association. "On <strong>les</strong> sort <strong>de</strong> la rue pour qu'el<strong>les</strong> n'y reviennent<br />
jamais. El<strong>les</strong> restent chez nous pendant un an environ ou jusqu'à leur majorité. El<strong>les</strong> sont hébergées, retournent à l'école, on prend<br />
soin d'el<strong>les</strong>, el<strong>les</strong> reçoivent une assistance médicale, psychologique. Avant qu'el<strong>les</strong> ne repartent, on leur assure une formation professionnelle,<br />
on leur cherche un travail et si el<strong>les</strong> ont <strong>de</strong> l'argent, il est déposé sur un compte bancaire".<br />
L'appartement d'origine est <strong>de</strong>venue une maison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étages accueillant actuellement dix jeunes fil<strong>les</strong>, dont l'adresse est<br />
tenue secrète pour que <strong>les</strong> souteneurs ne <strong>les</strong> retrouvent pas. Elle est gardée par <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> sécurité. Iana Matei et <strong>les</strong> membres<br />
<strong>de</strong> "Reaching out" n'ont pas froid aux yeux quant on leur signale <strong>de</strong>s fil<strong>les</strong> tombées dans <strong>les</strong> filets <strong>de</strong> trafiquants, dans <strong>de</strong>s bars ou<br />
sur la rue. Il <strong>les</strong> enlève tout simplement, suivant une métho<strong>de</strong> qu'ils ne dévoilent pas, et <strong>les</strong> embarquent directement pour le refuge.<br />
Au début, el<strong>les</strong> pensent être tombées aux mains <strong>de</strong> nouveaux proxénètes, sont très méfiantes, mais sont peu à peu rassurées en<br />
voyant qu'on ne <strong>les</strong> bat pas et qu'on ne <strong>les</strong> met pas "au travail", le déclic venant quant el<strong>les</strong> parlent avec <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> déjà hébergées.<br />
C'est ensuite avec leurs confi<strong>de</strong>nces que leurs copines en danger sont i<strong>de</strong>ntifiées et secourues.<br />
Rien ne <strong>de</strong>stinait Iana Matei, originaire d'Orastie, près <strong>de</strong> Deva, étudiante aux beaux Arts à Bucarest à ce rôle <strong>de</strong> "bonne samaritaine".<br />
En 1990, elle avait fui la Roumanie à 30 ans pour la Yougoslavie et l'Australie comme réfugiée politique après avoir été<br />
victime <strong>de</strong> la Minéria<strong>de</strong> <strong>de</strong> juin et même emprisonnée. Mère célibataire d'un garçon <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, elle a passé à l'autre bout du<br />
mon<strong>de</strong> une licence <strong>de</strong> psychologie, tout en faisant la cuisine aux enfants <strong>de</strong> la rue d'Australie. Effrayée par l'ampleur que ce phénomène<br />
avait pris dans son pays natal, elle avait décidé <strong>de</strong> rentrer en Roumanie. Iana Matei a été déclarée "Héroïne <strong>de</strong> l'année"<br />
par le Département d'Etat américain en 2006 et reçu l'"Abolitionist Award" <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s lords britanniques un an plus tard.