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Édition 2010-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie

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SOMMAIRE<br />

A la Une<br />

Flamme violette<br />

Délinquance<br />

Sauvez Bucarest<br />

Sapinta, Vague <strong>de</strong> froid<br />

Actualité<br />

Vie internationale<br />

Moldavie<br />

Politique, Equipement<br />

Agriculture, Economie<br />

Social<br />

Société<br />

Evénements<br />

Faits divers, Justice<br />

Vie quotidienne<br />

Santé, Enseignement<br />

Environnement, Minorités<br />

Religion, Insolite, Sports<br />

Page photos<br />

Connaissance<br />

et découverte<br />

Cinéma<br />

Littérature, Musique<br />

Révolution an XX<br />

Tourisme<br />

Mémoire, Médias<br />

Francophonie<br />

Itinéraires, Humour<br />

Abonnements<br />

Coup <strong>de</strong> coeur<br />

2 et 3<br />

4 et 5<br />

6 et 7<br />

8 à 11<br />

12 et 13<br />

14 à 18<br />

19<br />

20 à 25<br />

26 et 27<br />

28 à 31<br />

32 et 33<br />

34 et 35<br />

36 à 38<br />

39<br />

40 et 41<br />

42 à 46<br />

47 à 53<br />

54 et 55<br />

56 à 59<br />

60 à 62<br />

63<br />

64<br />

Numéro 58 - mars - avril <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />

NOUVELLEs<br />

Lettre d’information bimestrielle<br />

Les<br />

<strong>de</strong><br />

ROUMANIE<br />

L'émergence <strong>de</strong> la société civile<br />

La crise touche durement <strong>les</strong> Roumains. Après plusieurs années <strong>de</strong> forte<br />

croissance, le réveil est douloureux. Le PIB a chuté <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 7 % en 2009,<br />

le nombre <strong>de</strong> faillites a été multiplié par dix et la consommation a baissé<br />

<strong>de</strong> façon drastique. En <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, <strong>les</strong> conséquences socia<strong>les</strong> <strong>de</strong> ce recul se font cruellement<br />

sentir, même si une légère reprise est espérée en fin d'année. La Roumanie <strong>de</strong>vrait<br />

compter un million <strong>de</strong> chômeurs au tournant <strong>de</strong> l'été et Bruxel<strong>les</strong> considère qu'elle est<br />

le second pays <strong>de</strong> l'UE le plus touché par la pauvreté. D'ailleurs, celle-ci est intervenue<br />

aux côtés du FMI et <strong>de</strong> la Banque Mondiale pour assurer <strong>les</strong> fins <strong>de</strong> mois <strong>de</strong> l'Etat<br />

roumain, garantir aux fonctionnaires leurs salaires et aux retraités, leurs pensions.<br />

Le tableau est sombre donc et ce ne sont pas <strong>les</strong> tristes pantalonna<strong>de</strong>s auxquel<strong>les</strong><br />

se livrent politiciens et dirigeants qui peuvent rassurer la population. Pourtant <strong>de</strong>s<br />

signes, certes ténus, mais encourageants, se font <strong>de</strong> plus en plus jour sur la capacité,<br />

l'envie, et même l'espoir <strong>de</strong>s Roumains à vouloir changer le cours <strong>de</strong>s choses.<br />

Une dynamique est en train <strong>de</strong> naître, dans <strong>de</strong>s domaines disparates, s'appuyant<br />

sur la volonté <strong>de</strong> citoyens à ne plus vouloir subir, ni rester <strong>les</strong> bras croisés. A Rosia<br />

Montana, l'action déterminée <strong>de</strong> petites ONG entrave plus que jamais <strong>les</strong> projets <strong>de</strong> la<br />

Gold Corporation <strong>de</strong> rayer <strong>de</strong> la carte toute une vallée, en exploitant au cyanure <strong>de</strong>s<br />

mines d'or. A Bucarest, la mobilisation d'associations a réussi à mettre un frein à une<br />

urbanisation sauvage, livrée aux promoteurs, qui a déjà gran<strong>de</strong>ment défiguré la capitale.<br />

Une jeune femme courageuse, Iana Matei, <strong>de</strong> retour au pays, a tiré <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong>s<br />

réseaux <strong>de</strong> proxénètes, 420 jeunes fil<strong>les</strong>. Son action lui a valu d'être désignée<br />

"Européenne <strong>de</strong> l'année" par le “Rea<strong>de</strong>r's Digest”. Une première pour la Roumanie.<br />

Greenpeace Roumanie a fait condamner à Strasbourg l'Etat Roumain qui refusait<br />

<strong>de</strong> dévoiler à la population l'endroit où il voulait implanter sa secon<strong>de</strong> centrale<br />

nucléaire. La branche d'Amnesty International a dénoncé au niveau européen <strong>les</strong><br />

expulsions “en douce” <strong>de</strong>s Tsiganes <strong>de</strong> leurs logements.<br />

L'association <strong>de</strong>s jeunes juges s'est élevée avec colère contre la nomination à la<br />

tête <strong>de</strong> la plus haute instance judiciaire du pays d'une magistrate connue pour ses liens<br />

passés avec la Securitate, bloquant sa nomination. Dans une enquête, la revue<br />

"Capital" a noté qu'"on ne la faisait plus" aux consommateurs : <strong>les</strong> Roumains ont<br />

boudé le magasin Ikea et ses promotions trompeuses alors, qu’en fait, ses prix augmentaient.<br />

Même le gouvernement, à sa façon, s'est mis <strong>de</strong> la partie en partant en guerre<br />

contre la "malbouffe", Mc Donald's et consorts, claironnant qu'il voulait la taxer !<br />

Sûr… ce n'est pas la nomenklatura qui mènera la Roumanie sur le bon chemin,<br />

mais cette élite qui a pour nom "société civile" et qu'il faut ai<strong>de</strong>r !<br />

Henri Gillet<br />

1


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

2<br />

BAIA<br />

ORADEA MARE<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

TARGU<br />

CLUJ MURES<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

PITESTI <br />

SUCEAVA<br />

<br />

BACAU <br />

<br />

BUCAREST<br />

IASI<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

CHISINAU<br />

SLOBOZIA<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Victor Ponta nouveau<br />

prési<strong>de</strong>nt du PSD<br />

Après son échec à la prési<strong>de</strong>ntielle,<br />

Mircea Geoana a-t-il été victime<br />

une secon<strong>de</strong> fois <strong>de</strong> "la flamme violette",<br />

mais cette fois ci <strong>de</strong> ses adversaires<br />

au sein <strong>de</strong> son propre parti?<br />

En tous <strong>les</strong> cas, prési<strong>de</strong>nt du PSD, il<br />

a perdu aussi<br />

cette fonction<br />

au cours du<br />

congrès d'après-élections<br />

qu'a tenu sa<br />

formation, fin<br />

février. Il a été<br />

battu par<br />

Victor Ponta<br />

(37 ans), jeune politicien aux <strong>de</strong>nts<br />

longues, qui l'a em-porté <strong>de</strong>vant <strong>les</strong><br />

représentants <strong>de</strong>s militants, par 856<br />

voix contre 781… A la gran<strong>de</strong> satisfaction<br />

d'Adrian Nastase et Ion<br />

Iliescu, qui ne pardonnaient pas à<br />

leur successeur<br />

d'avoir<br />

conduit à la<br />

défaite et tourné<br />

en ridicule<br />

le parti qui leur<br />

avait permis<br />

<strong>de</strong> diriger le<br />

pays après la<br />

chute <strong>de</strong><br />

Ceausescu.<br />

"Jamais<br />

<strong>de</strong>ux sans trois" pourrait même<br />

redouter Mircea Geoana: élu prési<strong>de</strong>nt<br />

du Sénat à la suite <strong>de</strong>s législatives<br />

<strong>de</strong> fin 2008, et d'un partage <strong>de</strong>s<br />

rô<strong>les</strong> entre le PSD et Traian Basescu,<br />

<strong>de</strong>venus alliés, il a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s chances<br />

<strong>de</strong> perdre également cette fonction<br />

qui en fait le <strong>de</strong>uxième personnage<br />

<strong>de</strong> l'Etat, une fron<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses propres<br />

troupes le menaçant.<br />

<br />

<br />

Prési<strong>de</strong>ntielle<br />

Mircea Geoana encadré par A. Nastase et Ion Iliescu.<br />

Mircea Geoana a trouvé la raison <strong>de</strong> sa défaite face à Traian Basescu, lors <strong>de</strong><br />

la récente élection prési<strong>de</strong>ntielle. Ainsi qu'il l'a déclaré publiquement, il a perdu<br />

le débat l'opposant au Prési<strong>de</strong>nt sortant parce que celui-ci a utilisé une arme<br />

déloyale: "la flamme violette", portant toujours cette couleur.<br />

Ce serait donc une énergie spirituelle, positive pour celui qui l'utilise mais<br />

négative pour sa victime, qui a précipité la défaite du candidat du PSD, paralysant<br />

ses réactions, le laissant sans mot face aux attaques <strong>de</strong> son adversaire<br />

! Sa femme, Mihaela, a même parlé <strong>de</strong> conspiration montée par le camp adverse.<br />

Mircea Geoana n'a pas été le seul a avancé cette explication. Son chef <strong>de</strong> campagne,<br />

Viorel Hrebenciuc, pourtant un dur à cuire du matérialisme marxiste-léniniste, a indiqué<br />

qu'il avait relevé que, tout au long <strong>de</strong> la campagne, Traian Basescu et son entourage<br />

portaient ostensiblement <strong>de</strong>s pulls, chemises<br />

ou cravates violettes pour lancer leurs on<strong>de</strong>s<br />

dévastatrices et améliorer leurs chances <strong>de</strong> victoire.<br />

Un député du PSD a même indiqué qu'il<br />

allait mener une enquête personnelle à ce sujet.<br />

Interrogé sur sa propension à porter du violet,<br />

le prési<strong>de</strong>nt réélu a blagué, répondant que<br />

"c'était la couleur <strong>de</strong> l'année". Par contre, l'ancien<br />

protecteu <strong>de</strong> Mircea Geoana, Ion Iliescu<br />

ne "décolore" pas. "Prostanacu" ("le petit couillon"),<br />

ainsi qu'il avait charitablement baptisé,<br />

mérite décidément ses sarcasmes, "ces suppu-<br />

tations étant le fait <strong>de</strong> naïfs, sans éducation". Même <strong>les</strong> prestigieux "Washington Post"<br />

et "New York Times" y sont allés <strong>de</strong> leurs commentaires sur cette affaire qui a fait le<br />

tour <strong>de</strong> la planète, et visiblement, dépasse leur enten<strong>de</strong>ment. L'histoire tournant à sa<br />

confusion, Mircea Geoana est revenu sur ses propos, mais le mal était fait et la presse<br />

en a fait <strong>de</strong>s gorges chau<strong>de</strong>s.<br />

Parapsychologie et magie noire<br />

A la Une<br />

Traian Basescu suspecté <strong>de</strong> sorcellerie !<br />

"La flamme violette" a causé<br />

la perte <strong>de</strong> Mircea Geoana...<br />

-J'vous donne ma parole que j'ai pas bu<br />

un seul coup…C'est sûr que j'ai dû être<br />

attaqué par la flamme violette ! (Vali)<br />

Il ne s'agit cependant pas <strong>de</strong> la première fois que Traian<br />

Basescu est suspecté <strong>de</strong> "sorcellerie" par ses adversaires. En<br />

2004, on avait déjà mis sur son compte le renoncement <strong>de</strong><br />

Theodor Stolojan à se présenter aux élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong>,<br />

ce qui lui avait laissé la voix libre pour être candidat <strong>de</strong> l'opposition<br />

d'alors et finalement être élu.<br />

Adrian Nastase, le Premier ministre <strong>de</strong> l'époque et candidat<br />

du PSD, battu <strong>de</strong> peu , avait écrit ensuite sur son blog qu'il<br />

avait été victime d'attaques énergétiques négatives et <strong>de</strong> séances<br />

<strong>de</strong> magie noire visant à le déstabiliser et à le faire perdre.<br />

Ses partisans avaient même avancé que cette technique avait été employée du temps <strong>de</strong><br />

la guerre froi<strong>de</strong> par <strong>les</strong> Soviétiques pour influencer et conditionner leurs ennemis.<br />

Cette fois-ci, certains au PSD ont i<strong>de</strong>ntifié le "gourou" qui serait <strong>de</strong>rrière cette<br />

"guerre <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s" et aurait aidé Traian Basescu à triompher. Il s'agit d'Aliodor<br />

Manolea, psychologue, spécialiste en psycho-énergétique, bio-synergétique, docteur en<br />

"sciences complémentaires" et auteur <strong>de</strong> plusieurs manuels <strong>de</strong> parapsychologie, qui l'aurait<br />

accompagné lors <strong>de</strong>s débats et tout au long <strong>de</strong> la campagne. L'ennui pour le PSD,<br />

c'est que cet "expert" était venu lui donner un coup <strong>de</strong> main lors <strong>de</strong>s élections européenne<br />

<strong>de</strong> 2007 et, qu'après avoir utilisé ses services, ce parti, mécontent <strong>de</strong>s résultats, l'avait<br />

mis à la porte sans ménagement. La vengeance est un plat qui se mange froid !<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE A la Une<br />

Trafics humains<br />

Placés souvent sous le joug <strong>de</strong> gangs mafieux et<br />

subissant <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie délétères dans<br />

quelque 110 campements <strong>de</strong> fortune en région parisienne,<br />

<strong>les</strong> ressortissants originaires d'Europe <strong>de</strong> l'Est - <strong>de</strong><br />

Roumanie en particulier - sont, selon la police, poussés à une<br />

délinquance <strong>de</strong> plus en plus préoccupante. Exilée en France<br />

après la chute du mur <strong>de</strong> Berlin pour s'installer dans le début<br />

<strong>de</strong>s années 1990 aux portes <strong>de</strong> la capitale notamment, cette<br />

population serait même à l'origine d'une "recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> la<br />

petite et moyenne délinquance".<br />

À titre d'exemple, la Direction régionale <strong>de</strong> la police <strong>de</strong>s<br />

transports (DRPT) a procédé au<br />

cours <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong>rnière à 2 500<br />

interpellations <strong>de</strong> jeunes femmes<br />

qui, par groupe <strong>de</strong> 3 à 10, s'attaquaient<br />

aux voyageurs et aux touristes<br />

pour <strong>les</strong> voler. Multirécidivistes,<br />

el<strong>les</strong> passent à l'action lors <strong>de</strong> la<br />

montée en rame, aux pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> affluence. "Cela a mené à 1<br />

800 mesures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> à vue, soit<br />

plus du double <strong>de</strong> l'activité répressive<br />

<strong>de</strong> l'année 2008, illustrant ainsi la<br />

montée en puissance du phénomène",<br />

précise-t-on à la Direction <strong>de</strong> la<br />

sécurité <strong>de</strong> proximité <strong>de</strong> l'agglomération<br />

parisienne (DSPAP).<br />

Spécialisés suivant leurs régions d'origine<br />

Selon <strong>les</strong> estimations policières, 3 000 personnes issues <strong>de</strong><br />

la communauté rom sont aujourd'hui installées en banlieue.<br />

Écumant <strong>les</strong> lieux <strong>les</strong> plus touristiques, <strong>les</strong> pavillons déserts,<br />

<strong>les</strong> stations <strong>de</strong> RER, et plus récemment <strong>les</strong> abords <strong>de</strong>s distributeurs<br />

automatiques <strong>de</strong> billets, el<strong>les</strong> se livrent à un panel d'infractions<br />

allant <strong>de</strong> la mendicité agressive aux "vols à la tire"<br />

dans <strong>les</strong> poches et <strong>les</strong> sacs, en passant par <strong>les</strong> escroqueries à la<br />

charité publique et <strong>les</strong> cambriolages en série.<br />

"Les auteurs d'infractions se sont spécialisés en fonction<br />

<strong>de</strong> leur ville d'origine et se regroupent, par lieux <strong>de</strong> naissance,<br />

par famil<strong>les</strong> ou par connaissances dans <strong>les</strong> mêmes campements.<br />

Ils ne se mélangent pas ou très peu", établit une synthèse<br />

du service d'investigation transversale. "À chaque communauté,<br />

émanant d'une origine géographique particulière, correspond<br />

également une activité économique spécifique".<br />

Ainsi, <strong>les</strong> mendiants seraient réputés venir <strong>de</strong> Timisoara et<br />

ceux qui lavent <strong>les</strong> vitres <strong>de</strong>s voitures aux portes <strong>de</strong> la capitale<br />

proviendraient <strong>de</strong>s faubourgs <strong>de</strong> Bucarest. Quant aux<br />

voleurs postés près <strong>de</strong>s distributeurs <strong>de</strong> billets, ils seraient tous<br />

Recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> la délinquance<br />

venue <strong>de</strong> l'Est, encadrée par <strong>de</strong>s gangs mafieux<br />

Esclavagisme mo<strong>de</strong>rne pour rembourser la "camata"<br />

Quelque 2 500 interpellations ont été effectuées pour vols à la tire dans <strong>les</strong> transports parisiens l'année <strong>de</strong>rnière, soit le<br />

double <strong>de</strong> 2008. Il s'agit souvent <strong>de</strong> Tsiganes venus pour la plupart <strong>de</strong> Roumanie. Agés 12 à 15 ans maximum et multirécidivistes,<br />

ils appartiennent à <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s structurées et spécialisées : vols à la tire, escroqueries, cambriolages …<br />

originaires <strong>de</strong> Tandarei et <strong>de</strong> Slobozia, à une centaine <strong>de</strong> kilomètres<br />

à l'est <strong>de</strong> la capitale roumaine. "Une majorité <strong>de</strong>s cambrioleurs<br />

mis en cause en France viennent <strong>de</strong> Tulcea", précise<br />

le rapport tandis que "<strong>les</strong> Maradona" ou faux policiers ayant<br />

sévi à Paris sont <strong>de</strong> Bucarest".<br />

Des organisations criminel<strong>les</strong><br />

hiérarchisées et structurées<br />

Pour se soustraire à la loi française, ces organisations criminel<strong>les</strong><br />

"hiérarchisées et structurées" emploient comme exécutants<br />

<strong>de</strong>s mineurs <strong>de</strong> 12 à 15 ans<br />

maximum. Dépourvus <strong>de</strong> tout <strong>document</strong><br />

d'i<strong>de</strong>ntité et refusant en bloc<br />

<strong>les</strong> examens médicaux pouvant<br />

déterminer leur âge, ils sont formellement<br />

connus <strong>de</strong>s fichiers anthropométriques<br />

sous <strong>de</strong> nombreux<br />

alias. "L'enquête établit le cas<br />

échéant la certitu<strong>de</strong> d'avoir affaire<br />

à la même personne, mais sans<br />

connaître son i<strong>de</strong>ntité officielle,<br />

déplore un haut fonctionnaire. Dès<br />

lors, cette absence d'i<strong>de</strong>ntification<br />

formelle empêche la procédure judi-<br />

Des mineurs exploités<br />

par <strong>de</strong>s organisations criminel<strong>les</strong><br />

hiérarchisées, structurées et spécialisées par régions<br />

ciaire <strong>de</strong> s'appliquer normalement<br />

pour rendre une décision <strong>de</strong> justice<br />

dans le sens d'une condamnation".<br />

Non soumis aux obligations <strong>de</strong> quitter le territoire français<br />

(OTQF), <strong>les</strong> mineurs jouissent donc d'un réel sentiment d'impunité<br />

qui s'enracine dans <strong>les</strong> esprits.<br />

N'hésitant pas à parler d'"esclavagisme mo<strong>de</strong>rne", ces<br />

délinquants sont avant tout <strong>de</strong>s victimes contraintes <strong>de</strong> rembourser<br />

la "camata", la <strong>de</strong>tte contractée par <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> auprès<br />

<strong>de</strong>s donneurs d'ordres retranchés en Roumanie. Les milliers<br />

d'euros qu'ils amassent sont envoyés au pays par Western<br />

Union.<br />

Eux tutoient la misère. "Cantonnés dans <strong>de</strong>s terrains<br />

vagues souvent contaminés au plomb, l'état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s Roms<br />

est inquiétant: 15 % d'entre eux sont vaccinés et la mortalité<br />

infantile est cinq fois supérieure à la moyenne française,<br />

confie Olivier Bernard, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cins du mon<strong>de</strong>.<br />

L'impossibilité d'accès au logement et au marché du travail est<br />

un obstacle majeur à toute tentative d'intégration". Dans le<br />

cadre d'une coopération internationale amorcée dès 2002 par<br />

Nicolas Sarkozy, alors ministre <strong>de</strong> l'Intérieur, la Préfecture <strong>de</strong><br />

police accueille désormais en son sein <strong>de</strong>s policiers roumains<br />

afin <strong>de</strong> mieux prendre en considération le phénomène.<br />

Christophe Cornevin (Le Figaro)<br />

223


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

4<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

TARGU IASI<br />

CHISINAU<br />

<br />

CLUJ MURES<br />

ARAD<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

PITESTI <br />

GALATI<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

TULCEA<br />

Un criminel <strong>de</strong> haut vol<br />

Sergiu Bahaian, le patron du club<br />

<strong>de</strong> football Gloria Buzau a été placé<br />

en détention par le procureur du<br />

Parquet <strong>de</strong> Ialomita. Il a été arrêté mijanvier<br />

avec trois <strong>de</strong> ses complices<br />

présumés. Les enquêteurs le soupçonnent<br />

d'avoir ordonné l'assassinat<br />

<strong>de</strong> quatre personnes, entre 2006 et<br />

2008, qui ont été frappées à coups <strong>de</strong><br />

marteau puis jetées dans le Danube<br />

ou enterrées vivantes. Ces victimes<br />

faisaient partie<br />

d'un réseau<br />

mafieux spécialisé<br />

dans <strong>les</strong> frau<strong>de</strong>scommercia<strong>les</strong><br />

qui opérait<br />

dans <strong>les</strong> régions<br />

<strong>de</strong> Constanta,<br />

Ialomita et<br />

Bucarest, et dont Sergiu Bahaian était<br />

l'un <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs. El<strong>les</strong> auraient été éliminées<br />

car el<strong>les</strong> <strong>de</strong>mandaient trop<br />

d'argent. D'autres meurtres et disparitions<br />

pourraient lui être attribués.<br />

Sergiu Bahaian avait déjà été arrêté<br />

en 1995 pour une magouille financière<br />

<strong>de</strong> dix millions d'euros - un jeux<br />

pyramidal escroquant 5000 personnes<br />

et auquel auraient été mêlés <strong>de</strong>s policiers,<br />

magistrats, politiciens - et<br />

condamné à cinq ans <strong>de</strong> prison pour<br />

faux et usage <strong>de</strong> faux. Il avait été<br />

arrêté à l'aéroport <strong>de</strong> Budapest, alors<br />

qu'il tentait <strong>de</strong> fuir vers d'autres cieux,<br />

et extradé vers la Roumanie. Libéré<br />

un an et neuf mois plus tard, il recommençait<br />

ses escroqueries, cette fois-ci<br />

dans le trafic d'or, retournait en prison...<br />

dont-il sortait à nouveau rapi<strong>de</strong>ment<br />

pour bonne conduite. Outre le<br />

football, Bahaian s'était éssayé également<br />

au cinéma, produisant un film <strong>de</strong><br />

Nae Caranfil... sponsorisé en partie<br />

par le ministère français <strong>de</strong> la Culture.<br />

Urbanisme<br />

A la Une<br />

La conclusion du rapport commandé par la Prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la République roumaine<br />

est sans appel : au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies, Bucarest a subi plus<br />

d'outrages que lui en avait fait subir Ceausescu. Espaces verts qui disparaissent,<br />

vieil<strong>les</strong> <strong>de</strong>meures appartenant au patrimoine roumain rasées pour laisser place à<br />

<strong>de</strong>s buildings sans âme. Le constat peut s'appliquer aux autres gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> du<br />

pays, livrées aux mains <strong>de</strong>s promoteurs immobiliers et du capitalisme sauvage.<br />

Dorina Banisor était venue spécialement à Angers lors du récent congrès<br />

d'OVR (Opération Villages Roumains) pour défendre la cause <strong>de</strong> sa capitale.<br />

Aux côtés <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> son association "Salvati Bucurestiul",<br />

présidée par Dan Nicusor, un jeune mathématicien, cette économiste se bat pour sauver<br />

Bucarest. "Peu <strong>de</strong> capita<strong>les</strong> dans l'Europe ont autant <strong>de</strong> quartiers pittoresques, parsemés<br />

<strong>de</strong> petites maison et leurs jardins" plai<strong>de</strong> cette Bucarestoise <strong>de</strong> naissance qui s'afflige<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> voir mourir peu à peu: "Des investisseurs viennent, achètent ce qu'ils peuvent,<br />

démolissent et font pousser d'immenses tours".<br />

Des millions d'euros <strong>de</strong> profits en jeu<br />

Les autorités laissent faire.<br />

Ce n'est pas surprenant, quand <strong>de</strong>s<br />

millions d'euros <strong>de</strong> profits sont en<br />

jeu, <strong>les</strong> promoteurs immobiliers<br />

sachant "arroser" qui <strong>de</strong> droit.<br />

Les dégâts touchent aussi bien <strong>les</strong><br />

quartiers protégés, <strong>les</strong> maisons<br />

classées. Les généreux bakchichs<br />

permettent <strong>de</strong> s'asseoir sur <strong>les</strong><br />

normes et <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s buildings<br />

<strong>de</strong> dix étages ou plus, là où<br />

seulement <strong>de</strong>ux sont autorisés.<br />

Le capitalisme sauvage profite<br />

d'une législation inadaptée,<br />

Le triste état du patrimoine <strong>de</strong> Bucarest.<br />

interprétable, pour mener à bien ses juteux projets, au grand dam <strong>de</strong>s vieux Bucarestois,<br />

mais aussi <strong>de</strong>s jeunes. Et quant il se heurte à un obstacle apparemment infranchissable,<br />

il trouve toujours une métho<strong>de</strong> pour le contourner. Quant une "proie" est repérée, une<br />

vieille <strong>de</strong>meure bourgeoise <strong>de</strong> caractère dont il faut se débarrasser pour faire place à un<br />

volumineux ensemble immobilier, <strong>de</strong>s promoteurs s'en emparent pour une bouchée <strong>de</strong><br />

pain, paient <strong>de</strong>s SDF pour la squatter. Lorsqu'elle sera suffisamment vampirisée, <strong>les</strong><br />

fenêtres arrachées, la toiture défoncée, parfois en partie incendiée, réduite à l'état <strong>de</strong><br />

ruine… il ne restera plus qu'à la démolir. Inutile d'aller porter plainte à la police: aucune<br />

législation précise n'empêche ses agissements. Quant à la mairie ou à l'Etat, ils laissent<br />

faire alors qu'il <strong>de</strong>vrait leur revenir d'entretenir le patrimoine, d'acheter <strong>les</strong> maisons<br />

menacées, d'exproprier au besoin.<br />

Seulement 7 m2 d'espaces verts par habitant<br />

Le désastre annoncé d'une<br />

"Ce qu'on a fait à Bucarest<br />

Le bilan <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies est accablant. 600 000 arbres bordant <strong>les</strong><br />

rues <strong>de</strong> la capitale ont disparu et 1,5 million au total dans tout Bucarest. Sont également<br />

passés à la trappe, rendus parfois à leurs anciens propriétaires qui en avaient été dépossédés<br />

et consacrés désormais à <strong>de</strong>s projets immobiliers ou commerciaux: 7,2 ha d'espaces<br />

vert du parc Herestrau, 10 ha du parc <strong>de</strong> la Jeunesse (Tineretului), 4,5 ha du parc<br />

Verdi dans Floreasca, 12 ha du parc IOR, 7,2 ha du parc Prisaca Dornei, et bien d'autres,<br />

45 équipement sportifs, <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> ont été rasés. Il ne subsiste plus que 6 piscines<br />

dans la capitale, celle du strand Tineterului a laissé place à un building <strong>de</strong> 23 étages.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE A la Une<br />

capitale livrée aux promoteurs sans scrupu<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>puis 20 ans est pire que sous Ceausescu<br />

En 1989, Bucarest comptait 3470 hectares d'espaces verts.<br />

En 2004, leur superficie avait diminué <strong>de</strong> moitié et, aujourd'hui,<br />

elle ne doit pas dépasser <strong>les</strong> 1200 à 1300 hectares. Les<br />

Bucarestois vivent désormais dans un espace<br />

vert <strong>de</strong> 7 m2, alors que la moyenne européenne<br />

est <strong>de</strong> 26 m2. Par comparaison, <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong><br />

Varsovie en bénéficient <strong>de</strong> 32 m2, ceux <strong>de</strong><br />

Londres <strong>de</strong> 64 m2, <strong>de</strong> Stockholm <strong>de</strong> 83 m2.<br />

L'OMS préconise une superficie <strong>de</strong> 50 m2.<br />

Des problèmes <strong>de</strong> santé n'ont pas tardé à se<br />

faire jour, notamment chez <strong>les</strong> enfants, ainsi que<br />

le relèvent <strong>les</strong> statistiques recueillies auprès <strong>de</strong>s<br />

mé<strong>de</strong>cins. Entre 1995 et 2006, <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> pharyngite<br />

ont augmenté <strong>de</strong> 66 % chez <strong>les</strong> moins <strong>de</strong><br />

quatorze ans, ont doublé pour <strong>les</strong> bronchites, ont<br />

été multipliés par cinq pour celui <strong>de</strong>s cas d'asthme nécessitant<br />

une hospitalisation. Le nombre <strong>de</strong> Bucarestois hospitalisés<br />

pour une cardiopathie a doublé.<br />

De véritab<strong>les</strong> "emm…"<br />

pour la mairie <strong>de</strong> Bucarest<br />

Face à ce constat effrayant, "Salvati Bucurestiul" s'efforce<br />

<strong>de</strong> sensibiliser et mobiliser la population, <strong>les</strong> médias, vole<br />

au secours <strong>de</strong>s propriétaires touchés par <strong>les</strong> projets immobiliers.<br />

La tâche est ru<strong>de</strong> car la société civile en Roumanie est<br />

balbutiante, voire inexistante. Pourtant, il y a urgence, car <strong>de</strong><br />

nouvel<strong>les</strong> menaces pèsent sur la capitale et notamment sur le<br />

palais Stirbey, un<br />

<strong>de</strong> ses joyaux architecturaux,<br />

qui<br />

risque <strong>de</strong> rentrer<br />

dans l'ombre<br />

immédiate d'un<br />

gratte-ciel, comme<br />

cela a été le cas<br />

pour la cathédrale<br />

catholique.<br />

L'ONG, qui<br />

regroupe principalement<br />

<strong>de</strong>s jeunes,<br />

étudiants, mais<br />

aussi d'anciens<br />

Bucares-tois, tous<br />

bénévo<strong>les</strong>, notion<br />

qui ne va pas encore <strong>de</strong> soi en Roumanie, a entamé une véritable<br />

guérilla urbaine. Elle harcèle le Conseil général <strong>de</strong> la capitale,<br />

exigeant sans relâche la transparence <strong>de</strong> ses projets. Les<br />

élus bucarestois la haïssent et, à leurs yeux, ses membres passent<br />

pour <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> "emm…".<br />

Mais cette tactique porte ses fruits. Ainsi 150 projets ont<br />

été bloqués, 10 mises en chantier ajournées, 10 autres attaquées<br />

en justice. La construction du "Dimbovita Center", un<br />

mall (centre commercial) <strong>de</strong>vant s'étendre sur dix hectares au<br />

coeur <strong>de</strong> la capitale a été suspendue. Le chantier d'Obor, qui<br />

doit faire disparaître un <strong>de</strong>s plus vieux marchés <strong>de</strong> Bucarest où<br />

<strong>les</strong> paysans viennent vendre <strong>les</strong> produits <strong>de</strong> leurs jardins pour<br />

laisser aussi place à un<br />

autre mall, connaît le<br />

même sort.<br />

"Salvati Bucurestiul"<br />

se bat aussi pour que la loi<br />

<strong>de</strong>vienne plus restrictive et<br />

que <strong>les</strong> élus, abusant <strong>de</strong><br />

dérogations spécia<strong>les</strong> ne<br />

puissent plus autoriser la<br />

construction <strong>de</strong> blocs <strong>de</strong><br />

huit ou dix étages, là où la<br />

règlementation n'en permet<br />

que <strong>de</strong>ux. Elle vient là d'enregistrer son plus grand succès,<br />

compensant ses innombrab<strong>les</strong> déceptions lorsqu'elle voit s'effondrer<br />

ces bel<strong>les</strong> <strong>de</strong>meures qui font le charme <strong>de</strong> Bucarest.<br />

Dorénavant, <strong>les</strong> dérogations ne pourront plus dépasser 20 % <strong>de</strong><br />

la norme autorisée.<br />

Aux prix d'empoigna<strong>de</strong>s, "Salvati Bucurestiul"<br />

et d'autres ONG ont empêché le Conseil général<br />

<strong>de</strong> mener à bien ses projets <strong>de</strong> défiguration <strong>de</strong> la ville.<br />

Le Palais Stirbei pourrait être l’une <strong>de</strong>s prochaines victimes<br />

<strong>de</strong> l’urbanisation sauvage, laissée aux mains <strong>de</strong>s promoteurs.<br />

Elus malmenés et victoire<br />

encourageante <strong>de</strong> la société civile<br />

La nouvelle loi est entrée en vigueur le 1er octobre. La<br />

veille <strong>de</strong> sa mise en application, le Conseil général <strong>de</strong> Bucarest<br />

s'est empressé d'inscrire à son ordre du jour 48 dossiers ne la<br />

respectant pas. Mais "Salvati Bucurestiul" et quelques autres<br />

ONG veillaient au grain. Leurs militants ont<br />

envahi la salle <strong>de</strong> délibération, trouvant<br />

opportunément le renfort <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois<br />

élus, heureux <strong>de</strong> se faire une publicité <strong>de</strong>vant<br />

l'attroupement <strong>de</strong>s médias, et qui, par leurs<br />

interruptions et prise <strong>de</strong> paro<strong>les</strong>, ont entravé<br />

<strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> leurs collègues. Dans le brouhaha<br />

général, le Conseil a été incapable <strong>de</strong><br />

faire adopter ses projets avant <strong>les</strong> douze<br />

coups <strong>de</strong> minuit fatidiques. Les 48 nouveaux<br />

buildings <strong>de</strong>vront donc respecter la norme<br />

<strong>de</strong>s 20 % à ne pas dépasser.<br />

Cette victoire sur le fil a mis du baume au<br />

cœur <strong>de</strong> l'ONG et l'encourage à persévérer.<br />

Mais Dorina Banisor et ses amis savent que la<br />

société civile roumaine a encore un long chemin<br />

à faire avant que la Roumanie ne rejoigne<br />

<strong>les</strong> "normes" européennes. "Chez nous, il y a <strong>de</strong>ux catégories<br />

<strong>de</strong> gens", constate-t-elle, un brun désabusée, "ceux qui<br />

s'estiment au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la loi… et ceux qui pensent qu'ils sont<br />

en-<strong>de</strong>ssous et que, <strong>de</strong> toutes façons, rien ne changera". Ses<br />

reproches s'adressent à ces <strong>de</strong>rniers, sachant que <strong>les</strong> premiers<br />

son irrécupérab<strong>les</strong>: "On ignore trop la loi dans notre pays, on<br />

ne lui fait pas confiance, on ne la connaît pas, on ne la respecte<br />

pas". Et <strong>de</strong> conclure: "La faire appliquer serait déjà un<br />

grand pas en avant !".<br />

225 5


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

6<br />

BOTOSANI<br />

SAPANTA<br />

<br />

<br />

CHISINAU<br />

BAIA MARE SUCEAVA<br />

<br />

<br />

M. CIUC IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

ARAD<br />

INTORSURA<br />

SIBIU BRASOV<br />

<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

BUZAULUI<br />

<br />

BRAILA<br />

NITCHIDORF PLOIESTI<br />

<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Les riches vont bien<br />

Dans son <strong>de</strong>rnier numéro établissant<br />

le palmarès <strong>de</strong>s 500 milliardaires<br />

en lei ou millionnaires en euros<br />

du pays, la revue Forbes relève aussi<br />

que 20 000 Roumains disposent d'un<br />

patrimoine supérieur à 500 000 €.<br />

Elle dresse également le tableau <strong>de</strong><br />

la répartition géographique <strong>de</strong>s fortunes,<br />

par région.<br />

Sans surprise, Bucarest arrive en<br />

tête avec<br />

218 personnes<br />

qui détiennent<br />

au total<br />

17,2 milliards<br />

d'euros, le plus riche étant Dinu<br />

Patriciu (notre photo), 59 ans, avec<br />

2,2 milliards d'euros.<br />

Suit la Moldavie-Iasi, pourtant<br />

l'une <strong>de</strong>s régions <strong>les</strong> plus pauvres du<br />

pays, avec 44 fortunes se partageant<br />

4,2 milliards d'euros, dont Virgil et<br />

Angelica Rapotan (plus <strong>de</strong> 500 M€).<br />

Puis, dans l'ordre viennent: la<br />

Transylvanie-Cluj (100 personnes<br />

pour 3,7 milliards d'euros, Ilie Carabulea,<br />

230-250 M€), la Dobroudja-<br />

Constantsa (31 personnes pour 1,5<br />

milliard d'euros, Gabriel Comanescu,<br />

420 M€), le Crisana-Ora<strong>de</strong>a, (13<br />

personnes, 1,2 milliards d'euros, <strong>les</strong><br />

frères Micula, 400-450 M€), la<br />

Muntenia-Pitesti (39 personnes,<br />

1,1milliard d'euros, Gheorghe Caruz,<br />

115-120 M€), le Banat-Timisoara<br />

(20 personnes, 1 milliard d'euros, <strong>les</strong><br />

frères Cristescu, 600 M€), l'Olténie-<br />

Craoiva (22 personnes, 520 M€, <strong>les</strong><br />

frères Panait, 48-50 M€), le<br />

Maramures (13 personnes, 220 M€,<br />

Mihai Lung, 37-38 M€). La Bucovine<br />

ferme la marche (3 personnes, 41<br />

M€, Vasile Armenean, 22 M€).<br />

<br />

Patrimoine<br />

A la Une<br />

La guerre <strong>de</strong>s croix fait rage entre<br />

Si <strong>les</strong> morts du cimetière joyeux <strong>de</strong> Sapinta sont censés reposés en paix, il n'en<br />

va pas <strong>de</strong> même pour <strong>les</strong> croix qui surmontent leurs tombes, ornementées <strong>de</strong> figurines<br />

naïves et <strong>de</strong> citations qui ont fait la célébrité <strong>de</strong>s lieux, attirant 200 000 visiteurs<br />

chaque année, objet <strong>de</strong> reportages télévisés dans le mon<strong>de</strong> entier, le <strong>de</strong>rnier<br />

en date ayant été réalisé par une équipe coréenne. Cité dans tous <strong>les</strong> gui<strong>de</strong>s, le<br />

"cimitirul vesel" <strong>de</strong> Sapinta est considéré comme une <strong>de</strong>s attractions touristiques<br />

majeures <strong>de</strong> la Roumanie <strong>de</strong>puis la "Révolution".<br />

ASapinta, près <strong>de</strong> Sighet, <strong>les</strong> successeurs du maître sculpteur Ioan Stan<br />

Patras, décédé en 1977 et qui a fait la réputation <strong>de</strong> l'endroit mais n'a pas<br />

désigné <strong>de</strong> successeur, se disputent férocement l'héritage artistique <strong>de</strong> celui<br />

qui <strong>les</strong> a formés. Au cœur <strong>de</strong> la dispute, Dumitru Pop Tincu qui revendique la filiation<br />

exclusive pour, d'après ses dires, avoir été le plus fidèle <strong>de</strong> ses apprentis. De là à<br />

faire breveter <strong>les</strong> croix qu'il fabrique aujourd'hui, <strong>de</strong> déposer la marque auprès <strong>de</strong><br />

l'OSIM (Office d'Etat pour <strong>les</strong> Inventions et <strong>les</strong> Marques) et d'interdire aux autres<br />

sculpteurs - ils sont quatre en tout - <strong>de</strong> continuer à se réclamer du maître, il n'y avait<br />

qu'un pas que le prétentieux disciple a franchi l'an <strong>de</strong>rnier…<br />

Avec à la clé pour <strong>les</strong> concurrents l'interdiction <strong>de</strong> désormais confectionner et vendre<br />

leurs propres croix, <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> <strong>de</strong>s défunts, qui continuent la tradition, <strong>de</strong>vant s'adresser<br />

seulement à lui. Le marché est important, le cimetière joyeux contenant 1327<br />

tombes dotées <strong>de</strong> croix, dont la moitié réalisées par Ioan Stan Patras, l'autre par ses<br />

élèves, Dumitru Pop Tincu se taillant il est vrai la part du lion.<br />

Dumitru P. Tincu, se posant en seul héritier, s'est également<br />

approprié "le bleu <strong>de</strong> Sapintsa" dont il a déposé la couleur.<br />

Du rififi<br />

Menacé <strong>de</strong> prison<br />

Devant ce coup <strong>de</strong> Jarnac<br />

auquel ils n'avaient pas<br />

pensé, <strong>les</strong> autres sculpteurs<br />

du village ont crié au scandale.<br />

Mais rien n'y a fait. Pour<br />

avoir refusé d'obtempérer,<br />

Gheorghe Stan Coltun a vu<br />

débarquer dans son atelier<br />

<strong>de</strong>s procureurs <strong>de</strong> Sighet qui<br />

l'ont surpris en train <strong>de</strong> sculp-<br />

ter la croix d'un "tractorist" mort récemment dans un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> travail survenu dans<br />

la forêt. Il en a été quitte pour une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 400 lei (100 €) et a du s'acquitter <strong>de</strong>s<br />

frais <strong>de</strong> justice (12 €). Encore a-t-il bénéficié <strong>de</strong> leur clémence! Dumitru Pop Tincu<br />

réclamait qu'il soit envoyé <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> barreaux. Mais vu qu'il n'y avait pas récidive,<br />

qu'il n'avait pas <strong>de</strong> casier judiciaire, qu'il avait une famille, qu'il était professeur à l'école<br />

<strong>de</strong>s Arts et Métiers <strong>de</strong> Sapinta… le contrevenant a été dispensé <strong>de</strong> prison ! Son PV<br />

dans la poche, Gheorghe Stan Coltun s'étrangle: "Ils peuvent venir, je <strong>les</strong> attends",<br />

s'enflammant à nouveau, "C'est mon père, qui était son élève, qui fait la croix <strong>de</strong> la<br />

tombe du maître!", tout en continuant à sculpter une <strong>de</strong>rnière comman<strong>de</strong>. L'artisan est<br />

considéré comme un véritable orfèvre du travail du bois. Il a fait <strong>les</strong> ornements <strong>de</strong> nombreux<br />

monastères, a travaillé pour <strong>de</strong>s célébrités. Ceausescu l'a même fait requis quant<br />

il faisait construire son fameux palais.<br />

Gheorghe Stan Coltun affirme faire <strong>de</strong>s croix par <strong>de</strong>voir et respect <strong>de</strong> la mémoire<br />

<strong>de</strong> son père et du maître. "Je taille une gran<strong>de</strong> croix dans le meilleur bois en trois<br />

mois et je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> 12 millions (360 €). Les gens viennent me voir et me disent que<br />

c'est moins cher que chez Tincu. Et puis, on s'arrange. Ils me donnent un million, ven<strong>de</strong>nt<br />

un peu <strong>de</strong> lait ou <strong>de</strong> tsuica, me rapportent encore un million, m'amènent un jambon<br />

au moment <strong>de</strong> la saint Ignat (où on tue le cochon), un sac <strong>de</strong> blé. Ici, on est pauvres.<br />

Bref, ils me paient en <strong>de</strong>ux-trois ans".<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

sculpteurs se disputant l'héritage artistique du maître Ioan Stan Patras<br />

au cimetière joyeux <strong>de</strong> Sapinta<br />

L'artisan reproche également à Dumitru Pop Tincu, qui a<br />

obtenu la gestion <strong>de</strong> la maison du maître, <strong>de</strong> s'approprier <strong>les</strong><br />

bénéfices engendrés par la visite du cimetière alors que <strong>les</strong><br />

croix d'autres sculpteurs y figurent.<br />

Pourcentage exigé<br />

Il est rejoint dans sa colère par Toa<strong>de</strong>r Turda Sepe. Avec<br />

ce <strong>de</strong>rnier, Tincu a essayé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r autrement, tout en le<br />

menaçant aussi <strong>de</strong>s procureurs et <strong>de</strong> prison pour "contrefaçon".<br />

"Il m'a dit: quand tu fais <strong>de</strong>s croix, tu viens chez moi<br />

pour que je mette ma marque et tu me donneras un pourcentage".<br />

Lui aussi ancien apprenti <strong>de</strong> Ioan Stan Patras, Toa<strong>de</strong>r<br />

Turda Sepe s'estime aussi légitime que Tincu et n'a d'ailleurs<br />

pas hésité à lui lancer "Vas te faire f…". Toutefois, il a résolu<br />

le problème d'une autre manière. Devenu "pocait" (fidè<strong>les</strong> <strong>de</strong>s<br />

sectes protestantes), il ne fait plus <strong>de</strong> croix gran<strong>de</strong>ur nature<br />

pour le cimetière qui abrite essentiellement <strong>les</strong> tombes <strong>de</strong>s<br />

défunts orthodoxes mais s'est reconverti en en fabriquant <strong>de</strong>s<br />

petites qu'il vend aux touristes en guise <strong>de</strong> souvenirs.<br />

Le commerce marche bien. Toa<strong>de</strong>r Turda Sepe en sculpte<br />

à 20 lei (5 €), 40 ou 60 lei, ces <strong>de</strong>rnières atteignant 40 centimètres<br />

<strong>de</strong> haut, qu'il vend dans son magasin, en face du cimetière.<br />

Il y inscrit ce que lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ces client, proposant <strong>de</strong>s<br />

modè<strong>les</strong>… pour <strong>les</strong> belle-mère, <strong>les</strong> ivrognes, <strong>les</strong> paysans, <strong>les</strong><br />

travailleurs. Là il vient <strong>de</strong> graver: "Sub aceata cruce/Zace<br />

biata Soacra mea/Trei zile <strong>de</strong> mai traia/Zaceam eu si citea ea"<br />

(en français: Sous cette croix/Repose ma pauvre belle-mère/Si<br />

elle avait vécu encore trois jours/C'est moi qui me reposerais,<br />

et elle qui aurait lu.).<br />

Ne perdant pas le sens <strong>de</strong>s affaires, Toa<strong>de</strong>r Turda Sepe<br />

vend aussi <strong>de</strong>s colifichets, <strong>de</strong>s jouets en bois ou en plastique<br />

Hiver<br />

Des températures chutant en<br />

janvier jusqu'à moins 34,4°<br />

dans le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Covasna,<br />

(Intorsura Buzaului), appelé aussi "la<br />

Sibérie roumaine", plusieurs nuits ou le<br />

thermomètre a flirté avec <strong>les</strong> - 30° pour<br />

ne remonter qu'à - 15 ou - 20° dans la<br />

journée, comme à Bucarest… La<br />

Roumanie a connu un hiver exceptionnellement<br />

rigoureux, 34 ju<strong>de</strong>ts étant placés<br />

pendant plusieurs semaines en alerte<br />

orange, principalement dans le nord, l'est<br />

et le sud du pays. Le Danube, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong><br />

rivières ont été recouverts par <strong>les</strong><br />

glaces… On a relevé <strong>les</strong> cadavres <strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

nombreux animaux en détresse, comme<br />

pour <strong>les</strong> enfants,<br />

"ma<strong>de</strong> in Hongkong"<br />

ce qui fait<br />

réagir Tincu: "C'est<br />

une honte, il se<br />

moque <strong>de</strong> Sapinta<br />

avec ses objets<br />

kitsch. Il <strong>de</strong>vrait tout<br />

<strong>de</strong> suite arrêter son<br />

commerce!". "Qu'il<br />

vienne me couper <strong>les</strong><br />

mains!" réplique<br />

aussi sec Sepe, sortant<br />

<strong>de</strong> sa bonhomie<br />

naturelle, <strong>de</strong>s éclairs<br />

fulgurant <strong>de</strong> ses yeux.<br />

<strong>les</strong> cygnes ou <strong>les</strong> oies, ne pouvant plus se<br />

nourrir ou ouvrir leur bec gelé. Même la<br />

Mer Noire a gelé à Constantsa !<br />

Cette vague <strong>de</strong> froid polaire, accompagnée<br />

<strong>de</strong> neige, <strong>de</strong> vent glacial, <strong>de</strong> verglas<br />

a causé la mort <strong>de</strong> 43 personnes, la<br />

plupart étant <strong>de</strong>s sans-abri ou <strong>de</strong>s personnes<br />

âgées, dont dix dans la seule journée<br />

du 27 janvier. On estime à 15 000 le nombre<br />

<strong>de</strong>s sans abris en Roumanie, dont<br />

5000 à Bucarest. Les transports ferroviaires<br />

et routiers ont été perturbés, <strong>de</strong>s centaines<br />

d'automobilistes bloqués, <strong>de</strong>s communes<br />

privées d'électricité, <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong><br />

fermées.<br />

La Roumanie a frôlé ses records <strong>de</strong><br />

Le bleu <strong>de</strong> Sapinta marque aussi déposée<br />

A la Une<br />

La tombe du maître Ioan Stan Patras.<br />

Dumitru Pop Tincu a fait encore plus fort. Il a également<br />

déposé à l'OSIM le bleu <strong>de</strong> Sapinta, couleur dominante <strong>de</strong>s<br />

tombes, sous prétexte qu'il achète sa peinture au magasin du<br />

village. Il affirme y avoir adjoint <strong>de</strong>s ingrédients obtenus à partir<br />

<strong>de</strong> plantes <strong>de</strong> la région, dont il gar<strong>de</strong> secret le dosage.<br />

Les autres ne seraient donc que <strong>de</strong>s imitateurs, pire <strong>de</strong>s<br />

faussaires. A regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> près, <strong>les</strong> bleus <strong>de</strong> Coltun, Sepe ou<br />

Nacu l'Australien, autre sculpteur du village, il est difficile <strong>de</strong><br />

discerner une différence. Seul un expert pourrait se prononcer.<br />

A moins <strong>de</strong> faire revenir d'outre-tombe le maître. Ioan Stan<br />

Patras ne se serait sans-doute jamais douté que le capitalisme<br />

viendrait semé la zizanie dans son cimetière, non seulment<br />

“joyeux”... mais aussi tranquille jusqu'à la "Révolution".<br />

-34,4 ° relevé fin janvier à Intorsura Buzaului !<br />

Une vague <strong>de</strong> froid polaire s'est abattue sur quasiment tout le pays<br />

froid: -36° à Intorsura Buzaului en février<br />

2005, - 38,4° à Miercurea Ciuc en janvier<br />

1985 et - 38,5°, minimum absolu enregistré<br />

le 25 janvier 1942.<br />

Les Roumains n'étaient pas au bout<br />

<strong>de</strong> leurs peines après le retour d'un temps<br />

plus clément: La "fonte <strong>de</strong>s neiges" a mis<br />

Bucarest sens <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>ssous. Sans surprise,<br />

l'eau a envahi <strong>les</strong> rues et d'importantes<br />

inondations ont eu lieu à certaines<br />

intersections. Résultat, le trafic routier a<br />

été très perturbé, i<strong>de</strong>m pour <strong>les</strong> transports<br />

en commun. Des lignes <strong>de</strong> tramway ont<br />

dû être déviées et certains tramways sont<br />

restés bloqués.<br />

(Voir notre reportage photos p. 39).<br />

7


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

8<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SATU MARE<br />

<br />

UNGHENI CHISINAU<br />

IASI <br />

ORADEA TARGU MURES<br />

Tiraspol<br />

ARAD<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

VASLUI<br />

<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

BRASOV BRAILA<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

PLOIESTI<br />

<br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

L'UE échappatoire<br />

au vent <strong>de</strong> pessimisme<br />

La timi<strong>de</strong> reprise qui se profile ne<br />

rend pas <strong>les</strong> Roumains plus optimistes,<br />

d'après un sondage réalisé fin<br />

2009 pour l'UE. Au contraire, le camp<br />

<strong>de</strong>s pessimistes absolus avait augmenté<br />

<strong>de</strong> 6 % dans <strong>les</strong> six <strong>de</strong>rniers<br />

mois atteignant 29 % <strong>de</strong>s personnes<br />

interrogées. La crise en est rendue<br />

responsable mais aussi le triste spectacle<br />

donné aux citoyens par la classe<br />

politique à l'occasion <strong>de</strong> l'élection<br />

prési<strong>de</strong>ntielle.<br />

La confiance dans le gouvernement,<br />

déjà très faible, est tombée <strong>de</strong><br />

22 à 17 %, dans <strong>les</strong> formations politiques<br />

<strong>de</strong> 12 à 11 %. Même la télévision<br />

qui jusque là recueillait 70 %<br />

d'opinions positives a reculé à 61 %,<br />

<strong>les</strong> téléspectateurs se montrant particulièrement<br />

irrités par son parti pris<br />

pendant la campagne.<br />

Du coup, <strong>les</strong> Roumains sont <strong>de</strong>venus<br />

<strong>les</strong> plus pessimistes <strong>de</strong><br />

l'Eurobaromètre. 88 % pensent que<br />

leur économie marche plus mal que<br />

celle <strong>de</strong>s autres pays et 53 % se<br />

déclarent mécontents <strong>de</strong> la vie qu'ils<br />

mènent, la moyenne européenne<br />

étant <strong>de</strong> 22 %.<br />

Par contrecoup, ils sont <strong>de</strong> plus en<br />

plus nombreux à s'en remettre à<br />

l'Union Européenne pour <strong>les</strong> sortir <strong>de</strong><br />

leur mauvais pas : 65 % <strong>de</strong>s personnes<br />

sondées déclarent avoir confiance<br />

dans le Parlement européen, 58<br />

% dans la Commission européenne,<br />

55 % dans le Conseil <strong>de</strong> l'Europe et<br />

51 % dans la Banque Centrale<br />

Européenne. Ainsi, <strong>les</strong> Roumains<br />

sont plus nombreux à associer l'idée<br />

<strong>de</strong> l'Europe à la prospérité économique<br />

(+ 6 % à 31 %) et à la protection<br />

sociale (+ 5 % à 22 %).<br />

<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

Bucarest veut participer<br />

au bouclier antimissile US<br />

La Roumanie accueillera <strong>de</strong>s intercepteurs <strong>de</strong> missi<strong>les</strong> balistiques terrestres <strong>de</strong><br />

moyenne portée, déployés dans le cadre du nouveau projet <strong>de</strong> bouclier antimissile<br />

américain qui <strong>de</strong>vraient être opérationnels en 2<strong>01</strong>5 et qui visent à se<br />

prémunir d'une attaque venant <strong>de</strong> l'Iran. "Ce système <strong>de</strong> défense n'est pas dirigé contre<br />

la Russie", a souligné le Prési<strong>de</strong>nt Basescu, répondant aux inquiétu<strong>de</strong>s exprimées par le<br />

passé par Moscou à l'égard du projet américain. Ce bouclier s'inscrit dans le principe <strong>de</strong><br />

l'"indivisibilité <strong>de</strong> la sécurité" <strong>de</strong>s pays membres <strong>de</strong> l'Otan et "protégera l'ensemble du<br />

territoire roumain", à la différence du premier projet <strong>de</strong> bouclier, abandonné par<br />

Washington, qui n'offrait qu'une "protection très limitée" à la Roumanie. Le projet doit<br />

être ratifié par le Parlement roumain.<br />

… et la Transnistrie est prête à accueillir <strong>de</strong>s missi<strong>les</strong> russes<br />

"La Transnistrie est prête à accueillir <strong>de</strong>s missi<strong>les</strong> russes si Moscou veut contrecarrer<br />

le projet <strong>de</strong> bouclier antimissile américain", a indiqué le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> cette région<br />

séparatiste pro-russe <strong>de</strong> Moldavie, Igor Smirnov. Selon le quotidien russe<br />

Nezavissimaïa Gazeta, une telle décision pourrait contrebalancer la récente proposition<br />

roumaine <strong>de</strong> participer au nouveau système <strong>de</strong> bouclier antimissile <strong>de</strong>s Etats-Unis. Igor<br />

Smirnov a précisé avoir déjà discuté du projet avec le ministre russe <strong>de</strong>s Affaires étrangères,<br />

Sergueï Lavrov. La Transnistrie, petite ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre <strong>de</strong> 500 000 habitants dans<br />

l'est <strong>de</strong> la Moldavie, a gagné, avec le soutien russe, une courte guerre d'indépendance<br />

après l'effondrement <strong>de</strong> l'URSS en 1991 mais n'est pas reconnue par la communauté<br />

internationale. Un contingent <strong>de</strong> troupes russes est toujours présent dans cette région,<br />

où près <strong>de</strong> 120 000 habitants possè<strong>de</strong>nt un passeport russe.<br />

Bucarest a décidé d'envoyer<br />

600 militaires supplémentaires<br />

en Afghanistan cette<br />

année. Ce renfort s'ajoute à l'envoi d'une<br />

centaine <strong>de</strong> militaires supplémentaires<br />

déjà décidé en juin pour <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Le nombre<br />

<strong>de</strong> militaires roumains <strong>de</strong>vait ainsi<br />

approcher 1800 personnes. La Roumanie<br />

compte actuellement 1020 militaires en<br />

Afghanistan, dont 982 au sein <strong>de</strong> la Force<br />

internationale d'assistance à la sécurité<br />

(ISAF) <strong>de</strong> l'Otan et 38 dans le cadre <strong>de</strong><br />

Des renforts roumains en Afghanistan<br />

L'europarlementaire libérale Adina Valean, la<br />

femme du prési<strong>de</strong>nt du PNL (Parti national<br />

libéral) Crin Antonescu, est accusée d'avoir fait<br />

du lobbying pour la société canadienne Rosia Montana<br />

Gold Corporation au Parlement européen qui veut exploiter<br />

au cyanure <strong>de</strong>s gisements d'or dans une vallée <strong>de</strong>s<br />

Apuseni, la condamnant à la <strong>de</strong>struction. Elle est en effet<br />

à l'origine d'un séminaire intitulé "Faire <strong>de</strong> l'Europe un<br />

lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'exploitation minière soutenable et responsable"<br />

organisé le mardi 26 janvier à Bruxel<strong>les</strong>, et durant<br />

lequel la société canadienne a pu défendre son projet sans<br />

qu'aucun point <strong>de</strong> vue critique n'ait été soutenu.<br />

l'opération Enduring Freedom (Liberté<br />

immuable), sous comman<strong>de</strong>ment américain.<br />

Début décembre, le prési<strong>de</strong>nt américain<br />

Barack Obama a annoncé l'envoi<br />

<strong>de</strong> 30 000 soldats américains en renfort en<br />

Afghanistan et appelé <strong>les</strong> pays alliés à<br />

augmenter leur contribution.<br />

Le secrétaire général <strong>de</strong> l'Otan,<br />

An<strong>de</strong>rs Fogh Rasmussen, a ensuite fait<br />

part <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong>s alliés <strong>de</strong>s Etats-<br />

Unis d'envoyer "presque 7000 soldats" en<br />

renfort.<br />

Euro-députée au cyanure<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Vie internationale<br />

Le Premier ministre moldave Vlad Filat a ordonné<br />

aux services <strong>de</strong> l'Etat <strong>de</strong> démanteler <strong>les</strong> 360 km <strong>de</strong><br />

réseaux <strong>de</strong> fils barbelés restants<br />

qui séparaient <strong>les</strong> frontières entre<br />

la Moldavie et la Roumanie, cette<br />

mesure <strong>de</strong>vant être effective pour la mimars.<br />

A l'automne <strong>de</strong>rnier, Vlad Filat<br />

avait déjà normalisé le passage aux postes<br />

frontières, levant <strong>les</strong> restrictions prises<br />

en avril par le prési<strong>de</strong>nt communiste<br />

Vladimir Voronine. Les premiers barbelés<br />

séparant la Roumanie <strong>de</strong> la<br />

Moldavie ont été installés en 1940 par<br />

le pouvoir soviétique le long <strong>de</strong> la rivière<br />

Prout, un affluent du Danube qui délimite la frontière entre<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays. Durant <strong>les</strong> années 1990, après l'indépendance <strong>de</strong><br />

Une étu<strong>de</strong> réalisée par l'Union<br />

Européenne révèle que la<br />

Roumanie est le <strong>de</strong>uxième<br />

pays membre touché par la pauvreté (23<br />

% <strong>de</strong> sa population), dont le seuil est défini<br />

comme représentant 60 % du revenu<br />

moyen <strong>de</strong> ses habitants. Il est <strong>de</strong> 159 € en<br />

Roumanie et <strong>de</strong> 811 € en France.<br />

La Roumanie est précédée par la<br />

Lettonie (27 % <strong>de</strong> la population concernée)<br />

et suivie par la Bulgarie (21 %), la<br />

Grèce, l'Espagne et la Lituanie (20 %), la<br />

moyenne européenne étant <strong>de</strong> 17 %. La<br />

République Tchèque est le pays où le<br />

risque <strong>de</strong> pauvreté est le plus réduit (9<br />

%), suivie <strong>de</strong>s Pays Bas et <strong>de</strong> la<br />

Slovaquie (11 %), du Danemark,<br />

Hongrie, Autriche, Slovénie et Suè<strong>de</strong> (12<br />

%), la France (13 %). Ce classement semble<br />

cependant aléatoire car, sans-doute,<br />

vaut-il mieux être pauvre dans ce <strong>de</strong>rnier<br />

Retour <strong>de</strong> bâton soviétique<br />

Moscou n'a pas tardé à sanctionner Chisinau après<br />

l’échec <strong>de</strong>s communistes aux léctions <strong>de</strong> juillet<br />

<strong>de</strong>rnier. L'ex-grand frère soviétique a majoré <strong>de</strong> 20<br />

% le prix du gaz, son tarif passant <strong>de</strong> 192 dollars <strong>les</strong> 1000 m3 en<br />

2009, à 233 en <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Encore s'agit-il d'un prix d'ami, l'Ukraine<br />

ayant été davantage punie, Gazprom lui facturant cinq fois plus<br />

cher son approvisionnement. Le Belarus, dont le régime est plus<br />

accommodant avec Moscou, s'en tire mieux: 170 dollars <strong>les</strong> 1000<br />

m3. La Moldavie est totalement dépendante du gaz naturel russe<br />

qui fournit toutes ses centra<strong>les</strong> thermo-électriques. Cette augmentation<br />

a entraîné également une majoration <strong>de</strong>s tarifs <strong>de</strong> l'électricité<br />

et du chauffage, l'Etat en compensant une partie pour<br />

<strong>les</strong> famil<strong>les</strong> pauvres.<br />

Actualité<br />

Plus <strong>de</strong> barbelés entre Moldavie et Roumanie<br />

pays qu'en Bulgarie…<br />

Si seulement 8 % <strong>de</strong>s Européens<br />

ayant un travail sont confrontés à la pauvreté,<br />

cette proportion passe à 17 % pour<br />

<strong>les</strong> Roumains. Pour autant, la moitié <strong>de</strong> la<br />

population roumaine et bulgare est soumise<br />

à <strong>de</strong>s privations matériel<strong>les</strong> importantes,<br />

contre 37 % pour la Hongrie, 13 %<br />

pour <strong>les</strong> Français, 5 % pour <strong>les</strong> Pays Bas<br />

et la Suè<strong>de</strong>.<br />

Ainsi 76 % <strong>de</strong>s Roumains ne se permettent<br />

pas <strong>de</strong> vacances en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />

chez eux (37 % <strong>de</strong>s Européens, 32 % <strong>de</strong>s<br />

Français et 10 % <strong>de</strong>s Danois), 49 % n'envisagent<br />

pas <strong>de</strong> s'offrir une voiture (9 %<br />

<strong>de</strong>s Européens, 4 % <strong>de</strong>s Français) et 19 %<br />

n'ont pas <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la<br />

vian<strong>de</strong>, du poulet ou du poisson tous <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux jours (9 % <strong>de</strong>s Européens, 8 % <strong>de</strong>s<br />

Français), mais 30 % <strong>de</strong>s Bulgares, 29 %<br />

<strong>de</strong>s Slovaques, 26 % <strong>de</strong>s Hongrois, 21 %<br />

la Moldavie <strong>de</strong> l'URSS, une partie <strong>de</strong> ces barrières ont été<br />

démantelées, mais certaines sont restées en place, le Parti communiste,<br />

au pouvoir <strong>de</strong> 20<strong>01</strong> à 2009,<br />

s'opposant à leur démontage, sur fond<br />

<strong>de</strong> tensions avec la Roumanie.<br />

Il y a <strong>de</strong>ux ans, le Conseil général<br />

d'Ungheni avait déjà décidé <strong>de</strong> faire<br />

tomber la clôture plantée sur son territoire<br />

mais <strong>les</strong> autorités centra<strong>les</strong> communistes<br />

avaient critiqué l'initiative et<br />

porté la décision <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux<br />

au motif qu'elle mettait en cause la<br />

sécurité <strong>de</strong> l'État. Sur <strong>les</strong> onze départements<br />

moldaves (raioane) qui sont<br />

frontaliers <strong>de</strong> la Roumanie, dix <strong>de</strong>vront faire tomber cette clôture,<br />

le département <strong>de</strong> Leova l'ayant déjà fait auparavant.<br />

Deuxième pays <strong>de</strong> l'UE touché par la pauvreté<br />

<strong>de</strong>s Polonais. Enfin, 25 % <strong>de</strong>s Roumains<br />

ne chauffent pas leur logement suffisamment<br />

contre 10 % <strong>de</strong>s Européens et 4 %<br />

<strong>de</strong>s Français.<br />

Le seuil <strong>de</strong> la pauvreté s'établit dans<br />

l'ordre suivant pour <strong>les</strong> principaux pays<br />

<strong>de</strong> l'UE: Royaume Uni: 967 €, Pays Bas:<br />

942 €, Autriche: 937 €, Irlan<strong>de</strong>: 912 €,<br />

Allemagne: 885 €, Danemark: 877 €,<br />

Suè<strong>de</strong>: 864 €, Belgique: 845 €, France,<br />

811 €, Finlan<strong>de</strong> 802 €, Italie: 752 €,<br />

Espagne: 699 €, Grèce: 604 €, Portugal:<br />

480 €, Pologne: 326 €, Bulgarie: 280 €,<br />

Roumanie: 159 €.<br />

Toutefois le seuil ne mesure pas l'étendue<br />

<strong>de</strong> la pauvreté, n'intégrant pas <strong>les</strong><br />

différents amortisseurs sociaux, ni le<br />

niveau <strong>de</strong>s prix dans le pays concerné.<br />

Ainsi, la Gran<strong>de</strong> Bretagne recule sérieusement<br />

quant il s'agit <strong>de</strong> <strong>les</strong> prendre en<br />

considération.<br />

Un sénateur roumain s'installe à Chisinau<br />

Le sénateur roumain Viorel Ba<strong>de</strong>a, élu au titre <strong>de</strong><br />

représentant <strong>de</strong> ses compatriotes à l'étranger, a<br />

ouvert en mars une permanence parlementaire à<br />

Chisinau. Il s’agit d’une première en République <strong>de</strong><br />

Moldavie. L’élu compte en faire <strong>de</strong> même dans <strong>les</strong> autres<br />

gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> du pays, Cahul et Balti et a assuré qu’il viendrait<br />

au moins une fois par mois dans la République sœur.<br />

De nombreux officiels moldaves ainsi que <strong>de</strong> ses collègues<br />

sénateurs roumains ont assisté à l'inauguration du local,<br />

situé dans le centre international "Le Roi" <strong>de</strong> Chisinau et qui<br />

est financé par un homme d'affaires roumain-moldave. Par<br />

ailleurs, le comité parlementaire réunissant <strong>de</strong>s élus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

pays a été réactivé.<br />

9


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

10<br />

<br />

<br />

ORADEA<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

CLUJ<br />

<br />

TARGU IASI<br />

CHISINAU<br />

<br />

ARAD<br />

MURES<br />

<br />

<br />

BRASOV<br />

TIMISOARA<br />

GALATI<br />

<br />

CRAIOVA<br />

PITESTI<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Passeports<br />

biométriques<br />

pour <strong>les</strong> Moldaves<br />

L'UE apporte une ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2 M€ à<br />

la Moldavie pour l'ai<strong>de</strong>r à financer à<br />

33 % le coût <strong>de</strong>s passeports biométriques<br />

désormais exigés <strong>de</strong>s<br />

Moldaves pour pénétrer dans l'espace<br />

européen. Bruxel<strong>les</strong> doit envoyer<br />

à Chisinau une mission pour étudier<br />

une libéralisation du régime <strong>de</strong> délivrance<br />

<strong>de</strong>s visas. Les autorités moldaves<br />

ont entamé le 12 janvier <strong>de</strong>rnier<br />

le premier round <strong>de</strong> négociations<br />

en vue <strong>de</strong> la signature d'un accord<br />

d'association avec l'UE.<br />

Haïti: la Moldavie <strong>de</strong>ux<br />

fois plus généreuse<br />

que la Roumanie<br />

Bucarest a apporté une ai<strong>de</strong> financière<br />

<strong>de</strong> 50 000 euros à Haïti suite au<br />

tremblement <strong>de</strong> terre. Cette ai<strong>de</strong> s'ajoute<br />

à la contribution roumaine via<br />

l'Union européenne, mais beaucoup<br />

d'observateurs considèrent ce montant<br />

ridicule. A titre <strong>de</strong> comparaison,<br />

la Moldavie voisine, dix fois plus petite,<br />

a débloqué une somme <strong>de</strong>ux fois<br />

plus importante.<br />

Des journaux<br />

roumains à Chisinau<br />

Six journaux roumains sont<br />

désormais distribués à Chisinau:<br />

Libertatea, Jurnalul National,<br />

A<strong>de</strong>varul, Aca<strong>de</strong>mia Catavencu,<br />

Gazeta Sporturilor et Pro Sport<br />

sont disponib<strong>les</strong> <strong>de</strong>puis février dans<br />

<strong>les</strong> kiosques à journaux Moldpresa.<br />

Dans un premier temps, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong><br />

éditions du lundi et du mardi sont distribuées.<br />

Le nombre <strong>de</strong> publications<br />

distribués pourrait être élargi.<br />

<br />

<br />

Moldavie<br />

Actualité<br />

Le meilleur moyen d'entrer en Transnistrie sans problème, en venant <strong>de</strong><br />

Moldavie, ancienne république soviétique, <strong>de</strong>venue indépendante en 1991, est <strong>de</strong><br />

jouer le jeu: passer la frontière muni d'un visa, saluer <strong>les</strong> douaniers, bien insister<br />

sur <strong>de</strong>s mots tels que pays, Etat ou République… Sauf que tout est factice.<br />

La Transnistrie est en réalité une région séparatiste <strong>de</strong> la Moldavie, qui a fait<br />

sécession en 1992, affolée par <strong>les</strong> velléités <strong>de</strong> son gouvernement <strong>de</strong> tomber<br />

dans l'orbite <strong>de</strong> la Roumanie à la chute <strong>de</strong> l'URSS. Depuis sa séparation, pas<br />

un pays au mon<strong>de</strong> n'a reconnu l'indépendance <strong>de</strong> cette mince ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre sur la rive<br />

gauche du fleuve Dniestr, accolée à la frontière ukrainienne. L'Etat fantôme possè<strong>de</strong><br />

pourtant sa monnaie, ses institutions, et son drapeau.<br />

Etat mafieux où on fait <strong>de</strong>s affaires en famille<br />

Quelques minutes après le poste<br />

<strong>de</strong> contrôle apparaît Ben<strong>de</strong>r, troisième<br />

gran<strong>de</strong> ville <strong>de</strong> Transnistrie, à<br />

trois quarts d'heure <strong>de</strong> Chisinau, la<br />

capitale <strong>de</strong> la Moldavie. Piotr, jeune<br />

citadin, prend le soleil aux abords<br />

du grand marché central, et moque<br />

bien volontiers l'incongruité <strong>de</strong> sa<br />

situation. "Qui suis-je ? Il paraît que<br />

je suis Transnistrien… En réalité,<br />

ma patrie, c'était l'Union soviétique.<br />

Ici, c'est juste une filiale <strong>de</strong> la<br />

Vrai état fantôme<br />

Le Russe Medve<strong>de</strong>v et le dictateur mafieux Smirnov<br />

affichent leur amitié dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> Tiraspol.<br />

Russie". Car si la Transnistrie a arraché son indépendance en 1992, au terme d'une<br />

guerre qui a fait <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> morts <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés du fleuve, c'est grâce au soutien<br />

<strong>de</strong> la Russie, pas mécontente <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r ainsi un pied près <strong>de</strong> l'Europe…<br />

Dix-sept ans après, <strong>les</strong> soldats russes sont toujours là, bien en vue sur le pont <strong>de</strong><br />

Ben<strong>de</strong>r. Pour relier la capitale, Tiraspol, quelques minutes <strong>de</strong> trolleybus suffisent. Sur<br />

le chemin s'élève le flamboyant sta<strong>de</strong> Sheriff, du nom <strong>de</strong> la première compagnie commerciale<br />

transnistrienne, dont l'un <strong>de</strong>s dirigeants est le fils du prési<strong>de</strong>nt, Igor Smirnov.<br />

On fait <strong>de</strong>s affaires en famille dans cet Etat mafieux, qui vit <strong>de</strong> trafics en tous genres:<br />

cigarettes, alcools, poulets, armes peut-être et, plus grave encore, êtres humains… Les<br />

frontières poreuses <strong>de</strong> la Transnistrie permettent tous <strong>les</strong> arrangements.<br />

C'est du Kremlin qu'arrive le chèque pour payer <strong>les</strong> fonctionnaires<br />

A Tiraspol, la statue <strong>de</strong> Lénine face au Soviet suprême, le drapeau du pays encore<br />

marqué <strong>de</strong> la faucille et du marteau et <strong>les</strong> larges avenues font dire aux étrangers que la<br />

Transnistrie est une petite URSS. Pourtant, plus qu'un folklorique musée du soviétisme,<br />

le pays est une véritable Russie miniature: ici et là on remarque <strong>les</strong> portraits <strong>de</strong><br />

Vladimir Poutine ou <strong>de</strong> Dmitri Medve<strong>de</strong>v et <strong>de</strong>s affiches <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> célébrant la<br />

bataille menée par <strong>les</strong> Russes en Géorgie. La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> la population vit à<br />

l'heure <strong>de</strong> Moscou. C'est du Kremlin qu'arrive le chèque pour payer <strong>les</strong> fonctionnaires<br />

et <strong>les</strong> retraités. C'est encore Moscou qui offre gaz et pétrole à bas prix pour garantir la<br />

paix sociale.<br />

Tous <strong>les</strong> matins, un petit attroupement se forme du côté <strong>de</strong> la rue du 24-Octobre,<br />

<strong>de</strong>vant le consulat officieux <strong>de</strong> la Russie, puisque même le Kremlin n'a pas reconnu<br />

officiellement le pays. Oleg, 20 ans, attend son tour: "Avec mon passeport transnistrien,<br />

je ne peux aller nulle part. Donc, je vais prendre la double nationalité russe, pour<br />

avoir plus <strong>de</strong> possibilités". La Russie distribue <strong>les</strong> passeports comme <strong>de</strong>s petits pains,<br />

s'attachant ainsi une population déjà acquise.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

la Transnistrie reste sous la coupe <strong>de</strong> Moscou<br />

"Ici, c'est juste une filiale <strong>de</strong> la Russie"<br />

Non loin <strong>de</strong> là se dresse le siège <strong>de</strong> l'organisation Proriv.<br />

Ce mouvement, proche <strong>de</strong>s Nachis (Nous Autres, la jeunesse<br />

poutinienne) ou <strong>de</strong> la Jeune gar<strong>de</strong> russe, veut rassembler <strong>les</strong><br />

jeunes au sein <strong>de</strong> sa Che Guevara High School.<br />

"Gloire au Che, gloire à la Transnistrie<br />

gloire à la Russie et gloire à nous !"<br />

Dans un étonnant salmigondis i<strong>de</strong>ntitaire, <strong>de</strong>s jeunes militants<br />

crient "gloire au Che, gloire à la Transnistrie, gloire à la<br />

Russie et gloire à nous!" Leur dirigeant, Dimitri Soïn,<br />

explique: "L'image du Che, c'est parce qu'elle attire beaucoup<br />

<strong>les</strong> jeunes. Mais notre mission, c'est <strong>de</strong> militer pour une reconnaissance<br />

<strong>de</strong> notre pays dans le mon<strong>de</strong>, et aussi <strong>de</strong> renforcer<br />

nos liens avec la Russie. On nous considère comme un trou<br />

noir, mais notre conception <strong>de</strong> la Transnistrie est celle d'un<br />

pays idéal où <strong>les</strong> droits <strong>de</strong>s citoyens sont la priorité." Dimitri<br />

reprend à son compte le credo du régime <strong>de</strong> Tiraspol : "Nous<br />

sommes indépendants <strong>de</strong> facto et nous ne cachons pas nos<br />

liens étroits avec la Russie. Mais nous <strong>de</strong>vons écouter <strong>les</strong> souhaits<br />

<strong>de</strong> la population", affirme Evgueny Chevchouk, prési<strong>de</strong>nt<br />

du Soviet suprême. "Or, pour le moment, d'après différents<br />

référendums, seul 3 ou 4 % <strong>de</strong> la population est pour un<br />

Comme en 2005, le Prési<strong>de</strong>nt Basescu a<br />

effectué sa première visite d'après-élections<br />

en Moldavie, y recevant un accueil chaleureux.<br />

Très symboliquement, le<br />

Prési<strong>de</strong>nt Basescu a réservé sa<br />

première visite après sa<br />

réélection à la Moldavie . Peu avant son<br />

départ, il avait déclaré que le processus<br />

<strong>de</strong> rapprochement <strong>de</strong> la petite république<br />

sœur avec l'UE "était un projet <strong>de</strong> cœur,<br />

la Roumanie voulant se manifester activement<br />

pour inclure Chisinau dans<br />

l'espace qui est historiquement le sien".<br />

Evoquant la question <strong>de</strong> la Transnistrie,<br />

le chef <strong>de</strong> l'Etat a aussi indiqué qu'"il ne<br />

signerait jamais un traité remettant en<br />

cause <strong>les</strong> frontières actuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la<br />

Moldavie", insistant sur le "rôle plus soutenu<br />

que Bruxel<strong>les</strong> <strong>de</strong>vait avoir dans la<br />

résolution <strong>de</strong> ce conflit".<br />

Sur le plan économique, le prési<strong>de</strong>nt<br />

roumain a annoncé le don à la Moldavie<br />

<strong>de</strong> 100 M€ pour l'ai<strong>de</strong>r à dépasser la<br />

crise actuelle. Trois autres grands dossiers<br />

ont été abordés avec ses homologues<br />

moldaves. La Roumanie va financer<br />

l'interconnexion du système <strong>de</strong> gaz<br />

Dochia-Ungheni-Iasi entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays<br />

pour que la Moldavie ne soit plus uniquement<br />

dépendante <strong>de</strong> l'approvisionnement<br />

russe et <strong>de</strong> ses chantages périodiques. Il a<br />

également promis <strong>de</strong> faire débloquer un<br />

prêt européen <strong>de</strong> 30 M€ pour l'électrification<br />

à 400 KV <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong><br />

fer Suceava-Balti. Dès la fin <strong>de</strong> <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, l'électrification<br />

à 110 KW <strong>de</strong> la ligne<br />

Falciu-Gotesti <strong>de</strong>vrait être achevé.<br />

Traian Basescu a suggéré que la<br />

Moldavie équipe peu à peu ses lignes <strong>de</strong><br />

chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> rails à l'écartement eurocompatible,<br />

plus petit que l’actuel, soviétique,<br />

afin <strong>de</strong> faciliter <strong>les</strong> liaisons avec la<br />

Roumanie.un signe pour déterminer à<br />

quel espace économique, et donc politique,<br />

le pays veut appartenir.<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt a également réaffirmé<br />

sa volonté <strong>de</strong> faciliter l'obtention <strong>de</strong> la<br />

Actualité<br />

retour à la Moldavie", ajoute-t-il.<br />

Seul hic, la démocratie et le pluralisme sont <strong>de</strong>s notions toutes<br />

relatives en Transnistrie: <strong>les</strong> médias <strong>de</strong> masse sont à la botte du<br />

gouvernement et <strong>les</strong> Moldaves <strong>de</strong> Transnistrie, qui représentent<br />

pourtant un tiers <strong>de</strong> la population, se disent victimes d'ostracisme.<br />

Enfin, le souvenir <strong>de</strong> la guerre est sans cesse agité<br />

par <strong>les</strong> autorités, ce qui ne favorise pas l'amitié entre voisins.<br />

"Cette guerre nous a rassemblés et nous a rendus plus forts",<br />

estime Sergey Dimitkov, charismatique vétéran et patriote<br />

endurci. "Je pense que si l'on tente encore une fois <strong>de</strong> nous<br />

retirer notre liberté, tout le mon<strong>de</strong> ici sera prêt à se battre. Et<br />

c'est aussi pour ça que <strong>les</strong> soldats russes doivent rester, car ils<br />

évitent à la guerre <strong>de</strong> reprendre."<br />

Mais la Transnistrie ne pourra pas jouer éternellement le<br />

statu quo. L'Union Européenne ne peut supporter la persistance<br />

d'un conflit gelé aux portes <strong>de</strong> l'Europe, surtout après <strong>les</strong><br />

événements d'août en Géorgie. L'idée d'une Transnistrie largement<br />

autonome au sein <strong>de</strong> la Moldavie fait donc son chemin,<br />

à la condition posée par le Kremlin qu'elle renonce à toute<br />

adhésion à l'Otan. S'ils s'avéraient capab<strong>les</strong> <strong>de</strong> lâcher la main<br />

<strong>de</strong> Tiraspol pour mieux la tendre à Chisinau, <strong>les</strong> Russes prouveraient<br />

une nouvelle fois qu'ils sont <strong>de</strong> bons joueurs d'échecs.<br />

Mathil<strong>de</strong> Goannec (Libération)<br />

Traian Basescu a réservé sa première visite à la Moldavie<br />

Bucarest et Chisinau renforcent leurs liens<br />

citoyenneté roumaine aux Moldaves qui<br />

s'en réclament, une agence <strong>de</strong>vant être<br />

ouverte à l'intention <strong>de</strong> ceux qui l'ont perdue.<br />

D'autres antennes suivront à Iasi,<br />

Galati, Suceava, Cluj et Timisoara.<br />

Nouveau poste frontière<br />

Enfin, il a annoncé l’ouverture d’un<br />

nouveau poste frontière entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

pays, à Radauti-Prut (Botosani) - Lipcani.<br />

Chose faite le 15 février, ce qui<br />

réduit la distance avec l'autre poste frontière<br />

le plus proche à 85 km. Toutefois, la<br />

libre circulation entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays est<br />

entravée par un autre problème, non réglé<br />

en dépit <strong>de</strong>s engagements du prési<strong>de</strong>nt<br />

roumain: <strong>les</strong> citoyens moldaves doivent<br />

apporter la preuve qu'ils disposent d'au<br />

moins 500 € quant ils entrent en<br />

Roumanie. Cependant, ceux qui habitent<br />

à moins <strong>de</strong> 50 km <strong>de</strong> la frontière disposent<br />

<strong>de</strong>puis le 1er mars d’un <strong>document</strong><br />

leur permettant <strong>de</strong> la franchir librement,<br />

ce qui concerne une population <strong>de</strong> 1,25<br />

million Moldaves <strong>de</strong> 361 communes.<br />

11


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

12<br />

<br />

<br />

ORADEA<br />

BAIA MARE<br />

IASI<br />

<br />

CLUJ TARGU MURES<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU <br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

R. VÂLCEA <br />

PITESTI <br />

PLOIESTI <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CHISINAU<br />

CONSTANTA<br />

Le PD-L va <strong>de</strong>venir<br />

le Parti populaire<br />

Non seulement la formation politique<br />

du prési<strong>de</strong>nt Traian Basescu, le<br />

Parti démocrate-libéral (PD-L) envisage<br />

<strong>de</strong> changer <strong>de</strong> nom, pour <strong>de</strong>venir<br />

le Parti populaire, mais elle se<br />

cherche aussi un nouveau symbole,<br />

pour remplacer la rose actuelle,<br />

jugée "fanée". Rassemblés à Poiana<br />

Brasov, où la vieille gar<strong>de</strong> du parti<br />

s'est opposée aux réformateurs<br />

incarnés par Cristian Preda, <strong>les</strong><br />

démocrates-libéraux ont lancé <strong>de</strong><br />

multip<strong>les</strong> idées: une pomme, une<br />

ancre, un nœud <strong>de</strong> marin, un gouvernail<br />

ou même une sirène. La nouvelle<br />

i<strong>de</strong>ntité visuelle <strong>de</strong> la formation<br />

<strong>de</strong>vrait être choisie lors du prochain<br />

congrès du parti.<br />

Prescription<br />

<strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> tortures:<br />

le dissi<strong>de</strong>nt Vasile<br />

Paraschiv débouté<br />

Le dissi<strong>de</strong>nt anti-communiste<br />

Vasile Paraschiv ne recevra aucune<br />

compensation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l'Etat roumain<br />

pour <strong>les</strong> tortures qu'il a endurées<br />

durant le régime <strong>de</strong> Nicolae<br />

Ceausescu. La décision a été prise<br />

par <strong>les</strong> magistrats <strong>de</strong> la Cour suprême<br />

<strong>de</strong> Roumanie. Ils ont ainsi rejeté<br />

définitivement l'appel fait par l'une<br />

<strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> la dissi<strong>de</strong>nce sous le<br />

communisme. La première décision<br />

du tribunal <strong>de</strong> Bucarest lui avait<br />

donné raison et obligeait l'Etat à lui<br />

verser 300 000 euros. Les autorités<br />

avaient toutefois fait appel et obtenu<br />

l'annulation <strong>de</strong> cette décision. La raison<br />

invoquée, qui vient d'être confirmée<br />

par la Cour suprême, est la<br />

prescription <strong>de</strong>s faits.<br />

<br />

<br />

Actualité<br />

Très décrié pour sa gestion <strong>de</strong>s intempéries, le maire <strong>de</strong> Bucarest Sorin<br />

Oprescu a décidé <strong>de</strong> lancer une gran<strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong>s innombrab<strong>les</strong><br />

nids <strong>de</strong> poule qui ont fait leur apparition sur plus d'une centaine<br />

d'artères importantes <strong>de</strong> la capitale, suite aux fortes chutes <strong>de</strong> neige et aux inondations.<br />

Il a annoncé en fanfare que <strong>les</strong> routes seraient réparées<br />

en une semaine ou dix jours, s'est déclaré près à<br />

faire appel à l'Armée, et est apparu sur le terrain, liste<br />

<strong>de</strong>s rues concernées à la main, sur Realitatea Tv,<br />

assistant aux réparations. Sauf que cette mobilisation<br />

générale semble plus relever d'une volonté d'améliorer<br />

son image que <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> résoudre <strong>les</strong> problèmes<br />

<strong>de</strong> ses administrés. Le site d'informations en ligne<br />

Hotnews.ro a publié un enregistrement <strong>de</strong> la réunion<br />

organisée la veille à la mairie sur ces réparations…<br />

"Ils veulent voir du sang sur <strong>les</strong> murs, ils veulent me<br />

voir engueuler <strong>les</strong> ouvriers (…), voir que le maire <strong>les</strong><br />

a pris en charge", explique Oprescu lors <strong>de</strong> cette<br />

fameuse réunion. Il en ressort que le maire avait minutieusement organisé une campagne<br />

médiatique, le présentant en train d'"engueler" <strong>les</strong> ouvriers en train <strong>de</strong> réparer<br />

l'asphalte pour prouver qu'il prenait <strong>les</strong> choses en main, qu'il considérait bien ce problème<br />

comme une urgence et faire ainsi "taire la presse". Pris en flagrant délit, le maire<br />

<strong>de</strong> Bucarest risque bien <strong>de</strong> voir son image s'écorner un peu plus.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Le Premier ministre est vexé et le fait savoir. Emil<br />

Boc n'admet pas d'être payé jusqu'à 30 fois moins<br />

que certains <strong>de</strong> ses subalternes. Il perçoit en effet<br />

un salaire mensuel <strong>de</strong> 1200 €, alors que <strong>les</strong> dirigeants <strong>de</strong>s<br />

banques d'Etat, comme Radu Gratian Ghetea, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

la CEC, sont appointés à 16 000 €, ou que la prési<strong>de</strong>nte du<br />

Fonds <strong>de</strong> propriété, Daniela Lulache, s'était attribué 36 000 €<br />

<strong>de</strong> revenus mensuels. Emil Boc a donc enjoint à ses cadres <strong>de</strong><br />

revenir à <strong>de</strong>s émoluments plus décents, <strong>de</strong>mandant publiquement<br />

à Ionut Costea, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Eximbank, <strong>de</strong> ramener son<br />

salaire <strong>de</strong> 20 000 à 1000 €, soit l'équivalent <strong>de</strong> celui d'un<br />

secrétaire d'Etat. Il a averti qu'il emploierait <strong>les</strong> moyens qu'il<br />

faut pour arriver à ses fins.<br />

Interrogé sur <strong>les</strong> émoluments <strong>de</strong> Mugur Isarescu, gouver-<br />

Actualité<br />

Politique Sorin Oprescu pris Politique Payé trente fois moins, Emil Boc <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

en flagrant délit <strong>de</strong> démagogie<br />

aux banquiers <strong>de</strong> réduire leurs salaires<br />

La campagne prési<strong>de</strong>ntielle <strong>de</strong> Basescu<br />

a coûté plus <strong>de</strong> 3,7 millions d'euros<br />

Onze millions d'euros: c'est la<br />

somme totale dépensée par<br />

<strong>les</strong> douze candidats dans la<br />

course à Cotroceni à l'automne <strong>de</strong>rnier.<br />

Selon <strong>les</strong> données fournies par <strong>les</strong> candidats<br />

à l'Autorité électorale permanente,<br />

Traian Basescu est celui qui a "investi"<br />

le plus dans sa campagne, dépensant 3,7<br />

millions d'euros. Il est suivi par Mircea<br />

Geoana, qui a lui dépensé 3 millions<br />

d'euros. Mais beaucoup d'associations<br />

dénoncent ces chiffres officiels et l'opacité<br />

du financement politique. El<strong>les</strong> estiment<br />

en effet que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> campagne<br />

ont été bien plus importants. Le patron du<br />

syndicat <strong>de</strong>s transporteurs routiers,<br />

Augustin Hagiu, a d'ailleurs déclaré que<br />

<strong>les</strong> sociétés <strong>de</strong> transport avaient réalisé<br />

un "transport électoral sans précé<strong>de</strong>nt"<br />

lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière campagne.<br />

Le maire corrompu fait citoyen d'honneur<br />

Le maire PD-L (Pro-Basescu) <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />

Ramnicu Valcea, Mircea Gutau, ainsi<br />

que l'ancien vice-maire, Nicolae Dicu, ont<br />

été transférés au pénitencier <strong>de</strong> Colibasi. Ils ont été<br />

condamnés à trois ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> prison pour prise <strong>de</strong><br />

pots-<strong>de</strong>-vin. En 2006, la DNA (Direction nationale<br />

anti-corruption) avait surpris <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes en flagrant<br />

délit mais, malgré <strong>les</strong> preuves, le tribunal d'Alba<br />

Iula (ouest) avait décidé leur acquittement. Cette<br />

décision avait été confirmée par la Cour d'appel <strong>de</strong> Constanta. La Cour suprême a<br />

contredit ces précé<strong>de</strong>nts acquittements et rendu une sentence définitive et irrévocable.<br />

Néanmoins, Mircea Gutau a été fait citoyen d'honneur <strong>de</strong> la ville par son conseil municipal,<br />

décision appuyée par la signature d'une pétition par plusieurs milliers <strong>de</strong> ses<br />

concitoyens. Son second vice-maire, Romeo Radu<strong>les</strong>cu, qui assure l'intérim, a l'intention<br />

d'aller lui remettre son diplôme à la prison <strong>de</strong> Colibasi où il purge sa peine.<br />

Equipement<br />

Pannes <strong>de</strong> courants, immeub<strong>les</strong><br />

qui ne sont plus chauffés, routes<br />

rendues impraticab<strong>les</strong> par<br />

leurs nids <strong>de</strong> pou<strong>les</strong>, digues emportées<br />

par <strong>les</strong> inondations… <strong>les</strong> réseaux et<br />

infrastructures roumaines sont dans un<br />

état déplorable et il faudra <strong>de</strong> nombreuses<br />

années aux autorités pour y remédier. On<br />

estime au minimum à 40 milliards d'euros<br />

<strong>les</strong> investissements nécessaires pour se<br />

mettre au niveau <strong>de</strong> l'Europe, une somme<br />

astronomique pour un pays en pleine<br />

crise, qui est obligé d'avoir recours à l'ai<strong>de</strong><br />

du FMI, <strong>de</strong> la Banque Mondiale et <strong>de</strong><br />

l'UE, pour boucler ses fins <strong>de</strong> mois.<br />

Le système d'énergie électrique a<br />

besoin d'urgence <strong>de</strong> 20 milliards d'euros<br />

dans la décennie pour <strong>de</strong>venir efficient.<br />

L'Etat et <strong>les</strong> compagnies privées doivent<br />

donc investir <strong>de</strong>ux milliards par an, dont<br />

la moitié consacrée à la production d'électricité<br />

et l'autre à son transport et sa<br />

distribution. Le réseau d'origine thermique,<br />

qui assure 50 % <strong>de</strong> la production,<br />

doit être refait totalement, notamment<br />

pour respecter <strong>les</strong> normes environnementa<strong>les</strong>.<br />

Alors que <strong>les</strong> équipements mo<strong>de</strong>rnes<br />

ont un ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> 60 % et une<br />

émission <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone <strong>de</strong><br />

200kg/MGW, en Roumanie ils sont <strong>de</strong><br />

30 % et d'une tonne par MGW.<br />

Ce n'est pas le seul problème dans ce<br />

domaine auquel le pays est confronté: <strong>les</strong><br />

vil<strong>les</strong> se sont agrandies, <strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

consommation ont changé mais le réseau<br />

<strong>de</strong> distribution, datant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 30 ans,<br />

est resté le même, notoirement insuffisant,<br />

notamment à Bucarest où <strong>de</strong>s problèmes<br />

d'approvisionnement surviennent<br />

régulièrement dans <strong>les</strong> secteurs ouest et<br />

sud <strong>de</strong> la capitale.<br />

Deux sièc<strong>les</strong> pour mo<strong>de</strong>rniser<br />

le réseau <strong>de</strong> chauffage<br />

La situation n'est guère meilleure en<br />

ce qui concerne le réseau <strong>de</strong> chauffage,<br />

vieux <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 40 ans. A Pitesti, <strong>les</strong> pertes<br />

sont <strong>de</strong> 70 % ! Ra<strong>de</strong>t, le distributeur,<br />

<strong>de</strong>uxième en Europe par sa taille, a<br />

besoin <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> millions d'euros<br />

pour refaire son système <strong>de</strong> canalisation,<br />

long <strong>de</strong> 4000 km, lequel n'a été rénové<br />

qu'à 20 % pour l'instant. L'an <strong>de</strong>rnier, la<br />

compagnie n'a pu mo<strong>de</strong>rniser que six<br />

kilomètres. En <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, sa dotation lui permettra<br />

<strong>de</strong> changer 20 km <strong>de</strong> conduits. A<br />

ce rythme, son directeur a calculé que le<br />

neur <strong>de</strong> la Banque Nationale <strong>de</strong> Roumanie (7000€), le Premier<br />

ministre <strong>les</strong> a trouvés corrects, par rapport à ceux <strong>de</strong>s banquiers<br />

et <strong>de</strong> ses responsabilités.<br />

Tout comme <strong>les</strong> salaires <strong>de</strong> certains autres <strong>de</strong> ses subordonnés:<br />

Horia Roman Patapievici, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Institut<br />

Culturel Roumains (4600 €), du chef <strong>de</strong> la Commission<br />

Nationale <strong>de</strong>s Valeurs immobilières (4000 €), du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l'Institut d'investigation sur <strong>les</strong> crimes du communisme,<br />

Marius Oprea (2000 €).<br />

Gouverneur <strong>de</strong> la Banque Centrale Européenne, Jean-<br />

Clau<strong>de</strong> Trichet touche 28 700 €, Ben Bernanke, gouverneur<br />

<strong>de</strong> la Banque Centrale Américaine, 10 200 €, Mervyn King <strong>de</strong><br />

la Banque Centrale d'Angleterre, 31 600 €, et Andras Simor<br />

<strong>de</strong> la Banque Centrale <strong>de</strong> Hongrie, 29 000 €.<br />

Energie, chauffage, routes, voies ferrées, digues: la Roumanie à la traîne<br />

Quarante milliards d'euros à investir pour se mettre à niveau<br />

Pour avoir hérité d'une situation catastrophique à la chute du communisme et ne pas avoir entrepris d'investissements<br />

ces vingt <strong>de</strong>rnières années, faute <strong>de</strong> moyens mais aussi <strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong> volonté, la Roumanie se trouve très loin à la<br />

traîne <strong>de</strong>rrière ses partenaires européens en ce qui concerne ses réseaux, complètement obsolètes, qu'elle doit mo<strong>de</strong>rniser<br />

ou rénover intégralement. Mais la facture est lour<strong>de</strong>: le pays a besoin <strong>de</strong> 40 milliards d'euros pour se remettre à niveau,<br />

soit près d'un tiers <strong>de</strong> son PIB et plus du double <strong>de</strong> son budget annuel.<br />

réseau <strong>de</strong> Bucarest sera complètement<br />

rénové dans 20 ans… et le reste du pays<br />

dans <strong>de</strong>ux sièc<strong>les</strong> !<br />

Le réseau routier - 15 600 km <strong>de</strong> routes<br />

nationa<strong>les</strong> - doit être refait à 70 %, ce<br />

qui nécessite 5 milliards d'euros. A<br />

500 000 € le kilomètre, il faudrait engager<br />

un milliard d'euros par an pour y parvenir<br />

dans <strong>les</strong> 5 prochaines années et y<br />

ajouter <strong>les</strong> investissements prévus pour la<br />

réalisation du corridor <strong>de</strong> transport paneuropéen<br />

IV et <strong>de</strong> quelques autres infrastructures.<br />

Environ 8000 km <strong>de</strong> voies ferrées,<br />

soit 38 % du réseau <strong>de</strong> 20 385 km du<br />

pays doivent également être impérativement<br />

réhabilités, dont 11 000 <strong>de</strong>s 18 000<br />

ponts ou ouvrages d'art, pour un coût estimé<br />

à 2,5 milliards d'euros.<br />

Enfin, confrontée pratiquement<br />

chaque année à <strong>de</strong>s inondations dévastatrices,<br />

du fait notamment <strong>de</strong> la déforestation,<br />

la Roumanie doit refaire d'urgence<br />

ses digues. L'Etat entend leur donner<br />

un statut <strong>de</strong> protection supérieur à celui<br />

existant, pour faire face à <strong>de</strong>s crues centenna<strong>les</strong>.<br />

Il a donc programmé 250 M€<br />

d'investissement chaque année jusqu'en<br />

2<strong>03</strong>0, soit une dépense totale <strong>de</strong><br />

5 milliards d'euros.<br />

13


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

14<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

CLUJ<br />

ARAD<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

BAIA<br />

MARE<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

PLOIESTI <br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

IASI<br />

GALATI<br />

Les chiffres<br />

<br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Population : 21 542 000 habitants<br />

Superficie : 238 391 km 2<br />

PIB estimé pour 2008 : 139 milliards<br />

d'euros (+5,8 %).<br />

PIB estimé pour 2009 : - 4,1 %<br />

Croissance en % du PIB en 2008:<br />

8,5 % (moyenne UE : 0,9 %)<br />

Croissance estimée en 2009 : - 7 %<br />

(UE : 0,2 %)<br />

PIB/habitant : 6465 € (indice : 44,3<br />

sur la base UE <strong>de</strong> 100)<br />

Déficit public en % du PIB en 2009:<br />

7,3 % (UE : 0,9 %)<br />

Dette publique en % du PIB en<br />

2007: 28,7 % (UE : 58,7 %)<br />

Taux d'inflation en 2008 : + 7,9 %<br />

(UE: 3,7 %)<br />

Chômage en % <strong>de</strong> la population<br />

active en 2008 : 5,8 % (UE : 7 %)<br />

Chômage en novembre 2009 : 7,5%<br />

(UE: 7,6 %)<br />

Salaire moyen net : 320 € (+23,2 %)<br />

-Le plus élevé (finances) : 966 €<br />

-Le plus faible (bois) : 181 €<br />

Salaire minimum net : 150 €<br />

(employés), 285 € (cadres)<br />

Retraite mensuelle moyenne: 150 €<br />

Minimum vieil<strong>les</strong>se: 75 €<br />

Espérance <strong>de</strong> vie (hommes/femmes):<br />

68-75 ans<br />

Moldavie* :<br />

Population : 4 350 000 habitants<br />

Population émigrée : 25 %<br />

Population sur place : 3 250 000<br />

Superficie : 33 700 km 2<br />

PIB : 7,2 milliards d'euros (+ 4 %)<br />

PIB/habitant : 2110 €<br />

Inflation : 12,7 %<br />

Salaire minimum : 58 €<br />

Salaire moyen : 170 € à Chisinau,<br />

80 € dans le reste du pays<br />

Chômage (chiffre officiel) : 8 %<br />

Espérance <strong>de</strong> vie (hommes/femmes):<br />

62-70 ans<br />

*Chiffres donnés sous réserves<br />

<br />

Agriculture<br />

Actualité<br />

Si la Roumanie dispose du 9ème plus grand territoire <strong>de</strong> l'Union Européenne<br />

et d'une <strong>de</strong> ses plus gran<strong>de</strong>s surfaces cultivab<strong>les</strong> et effectivement cultivées… elle<br />

figure cependant aux <strong>de</strong>rnières places en terme <strong>de</strong> production. Loin d'être un atout,<br />

l'agriculture est <strong>de</strong>venu un poids pour un pays qui, doté <strong>de</strong> la 7ème population <strong>de</strong><br />

l'UE, a le potentiel <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir aussi sa 7ème ou 8ème puissance économique.<br />

Quatrième pays <strong>de</strong> l'UE en surfaces cultivée en blé, <strong>de</strong>rrière la France,<br />

l'Allemagne et la Pologne, et tout près <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers, la Roumanie<br />

n'occupe que le 24ème rang sur 27 en termes <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment: 2,3 tonnes <strong>de</strong><br />

blé par hectare alors que <strong>les</strong> Bulgares en récoltent 3,2, <strong>les</strong> Hongrois 3,8, <strong>les</strong> Polonais 4,<br />

<strong>les</strong> Tchèques et <strong>les</strong> Slovaques 5. Des performances à comparer aux 8 tonnes que produisent<br />

l'Irlan<strong>de</strong>, <strong>les</strong> Pays Bas, la Belgique, la Gran<strong>de</strong> Bretagne, la France ou l'Allemagne!<br />

Et le blé n'est pas l'exception. L'orge connaît la même situation désastreuse: 8ème<br />

place pour la surface cultivée et seulement 23ème en matière <strong>de</strong> production. Pour le<br />

colza, le rapport est <strong>de</strong> 5 à 23. La surface cultivée <strong>de</strong> maïs est la plus élevée d'Europe,<br />

mais la Roumanie n'est que 18ème en termes <strong>de</strong> production. Bonne position pour la<br />

pomme <strong>de</strong> terre, aussi, avec la 3ème surface cultivée <strong>de</strong> l'UE, qui tombe, malheureusement,<br />

à la 11ème place en matière <strong>de</strong> production. Enfin, pour le tournesol, l'écart est également<br />

important : 2ème place en surface et seulement 18ème en ren<strong>de</strong>ment.<br />

Les superficies en jachère ont doublé<br />

La situation s'est également<br />

dégradée là même où la Roumanie<br />

semblait occuper une position enviable:<br />

la surface cultivée. Selon <strong>les</strong><br />

statistiques d'Eurostat, la plupart <strong>de</strong>s<br />

pays <strong>de</strong> l'Est <strong>de</strong> l'Europe ont conservé<br />

sinon augmenté leurs surfaces<br />

cultivées en blé lors <strong>de</strong>s 20 <strong>de</strong>rnières<br />

années. Les pays baltiques ont enregistré<br />

<strong>de</strong>s progressions spectaculaires:<br />

la Lettonie a doublé sa surface<br />

cultivée et l'Estonie l'a multipliée<br />

par 5 en 20 ans.<br />

Le pays <strong>de</strong>vrait être l'une <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong><br />

Non… la privatisation<br />

De nombreux paysans labourent encore<br />

à la charrue tirée par <strong>de</strong>s chevaux.<br />

La Roumanie disposait, en 1987, <strong>de</strong> 2,4 millions d'hectares cultivés <strong>de</strong> blé, et la<br />

Pologne 2,1 millions. Aujourd'hui, <strong>les</strong> positions se sont inversées: la Pologne cultive du<br />

blé sur 2,4 millions d'hectares et la Roumanie sur 2,2. Cela veut dire que la surface cultivable<br />

laissée en jachères est en forte progression. Si, en 2005, <strong>les</strong> jachères représentaient<br />

5,3% <strong>de</strong>s terres cultivab<strong>les</strong>, en 2009 c'est le double, avec 10,4%. Et ce pourcentage<br />

aurait été encore plus élevé sans le colza <strong>de</strong>stiné à la production <strong>de</strong> biocarburant :<br />

<strong>de</strong> 87 800 ha en 2005, le colza est passé à 440 000, et pourrait atteindre 490 000 ha en<br />

<strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Les Roumains ont préféré en planter, plutôt que <strong>de</strong> ne rien planter du tout.<br />

Mais que s'est-il passé pour <strong>les</strong> cultures <strong>de</strong> plantes texti<strong>les</strong> (lin et chanvre), du tabac<br />

et <strong>de</strong> betterave à sucre qui s'étendaient sur <strong>de</strong>s milliers d'hectares il y a quelques dizaines<br />

d'années à peine ? Le lin et <strong>de</strong> chanvre ne couvrent actuellement que 30 hectares, le<br />

tabac a chuté <strong>de</strong> 9000/12000 ha à 885, tandis que la betterave a été sacrifiée lors <strong>de</strong>s<br />

négociations avec l'UE.<br />

90% <strong>de</strong>s exploitations agrico<strong>les</strong> font moins <strong>de</strong> 5 hectares<br />

Inutile d'aller chercher <strong>de</strong>s boucs émissaires comme la défaillance du système d'irrigation<br />

ou la rupture <strong>de</strong>s digues lors <strong>de</strong> crues pour expliquer ce désastre. Il faut regar<strong>de</strong>r<br />

avant tout du côté <strong>de</strong>s ressources humaines.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

puissances agrico<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'UE, mais ses ren<strong>de</strong>ments le relègue aux <strong>de</strong>rnières places<br />

<strong>de</strong>s terres n'a pas été couronnée <strong>de</strong> succès !<br />

En 1990-1991, seulement 28-29% <strong>de</strong> la population se<br />

vouait encore à l'agriculture à la suite <strong>de</strong> l'industrialisation forcée<br />

<strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> communiste, imposant l'exo<strong>de</strong> urbain <strong>de</strong><br />

millions <strong>de</strong> personnes vivant dans <strong>les</strong> campagnes. Après la<br />

chute du communisme, le processus s'est inversé: nombre <strong>de</strong><br />

chômeurs, <strong>de</strong> retraités anticipés et d'autres travailleurs appauvris<br />

par la transition, ont trouvé dans l'agriculture un <strong>de</strong>rnier<br />

refuge, une ressource ultime leur permettant <strong>de</strong> survivre*.<br />

Mais cet afflux a précipité la<br />

chute <strong>de</strong> la productivité. Si, dans <strong>les</strong><br />

années 1995, la part <strong>de</strong> l'agriculture<br />

dans le PIB représentait 19%, elle ne<br />

compte plus que pour 6-7%. Pourtant,<br />

il lui faut nourrir une population équivalente.<br />

En émiettant la restitution<br />

<strong>de</strong>s terres, ou en la différant à la suite<br />

d'imbroglios et <strong>de</strong> contestations traînant<br />

en longueur <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux,<br />

ce qui fait qu'el<strong>les</strong> ne peuvent<br />

être ni vendues ni achetées, le pou-<br />

voir n'a fait qu'empirer le problème<br />

<strong>de</strong> la compétitivité <strong>de</strong> l'agriculture<br />

roumaine.<br />

90% <strong>de</strong>s exploitations agrico<strong>les</strong> mesurent moins <strong>de</strong> 5 ha,<br />

que <strong>les</strong> paysans labourent à la binette et à la charrue tirée par<br />

<strong>de</strong>s chevaux. Cela porte le nom d'agriculture vivrière, dont la<br />

production est <strong>de</strong>stinée principalement à la consommation <strong>de</strong><br />

l'exploitant, et non à la commercialisation. La Roumanie ne<br />

dispose pas encore <strong>de</strong> suffisamment <strong>de</strong> fermes mo<strong>de</strong>rnes et le<br />

concept d'exploitant agricole n'est même pas bien entré dans le<br />

vocabulaire.<br />

Le PIB agricole se mesure<br />

en nombre <strong>de</strong> cochons ou <strong>de</strong> pou<strong>les</strong><br />

Aujourdhui, le véritable PIB <strong>de</strong> l'agricuture roumaine ne<br />

se mesure pas en statistiques, mais en cochons, un <strong>de</strong> plus ou<br />

<strong>de</strong> moins, en pou<strong>les</strong>, 7 au lieu <strong>de</strong> 5, et en veaux mis au mon<strong>de</strong><br />

par <strong>de</strong>s vaches sous-alimentées. La mo<strong>de</strong>rnisation - raccor<strong>de</strong>ment<br />

à l'eau courante ou aux canalisations, emprunts auprès <strong>de</strong><br />

banques pour se développer - est loin <strong>de</strong>s préoccupations du<br />

paysan roumain qui ne peut même pas utiliser efficacement <strong>les</strong><br />

fonds <strong>de</strong> l'UE, à cause d'un système défaillant.<br />

A la queue pour <strong>les</strong> routes<br />

Pour le tourisme et <strong>les</strong> photographes, c’est bien...<br />

pour le ren<strong>de</strong>ment et la prospérité, c’est autre chose !<br />

Nouveau record, mais peu flatteur pour la Roumanie : selon un rapport <strong>de</strong> la<br />

Banque mondiale, le pays a <strong>les</strong> routes en plus mauvais état, le moins d'autoroutes<br />

et le prix par kilomètre construit le plus élevé <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />

Ainsi, un kilomètre d'autoroute coûte au minimum 80 millions d'euros, tandis<br />

qu'en France, le tarif moyen est <strong>de</strong> 18 millions, et en Grèce <strong>de</strong> 10 millions. En 2009,<br />

42 kilomètres d'autoroute ont été construits sur 836 promis par le ministère <strong>de</strong>s<br />

Transports d'ici à 2<strong>01</strong>2. Dans le même temps, 80 kilomètres <strong>de</strong> routes ont été détruits.<br />

En <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, 100 kilomètres supplémentaires d'autoroute doivent être construits.<br />

Actualité<br />

Considérant que l'agriculture représente désormais moins<br />

<strong>de</strong> 10 % du PIB, l'Etat s'en désintéresse, misant sur l'industrie<br />

et <strong>les</strong> services. Tant que le problème <strong>de</strong> la propriété <strong>de</strong>s terrains<br />

ne sera pas réglé, <strong>les</strong> parcel<strong>les</strong> ne pourront pas fusionner<br />

pour permettre une rentabilité décente. Les prix <strong>de</strong>s terres<br />

continuent donc à baisser, rendant le secteur peu attractif. Sans<br />

moyens financiers, sans capital, <strong>les</strong> éléments propices à son<br />

développement ne sont pas présents : bonne gestion et lobbys<br />

capable <strong>de</strong> peser sur l'adoption <strong>de</strong>s<br />

textes législatifs.<br />

C'est ignorer que <strong>les</strong> <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires pèsent lourd dans le<br />

panier du consommateur (37,6%).<br />

Si la contribution du secteur primaire<br />

à la richesse nationale est relativement<br />

faible, une saison agricole<br />

touchée par la sécheresse ou par <strong>les</strong><br />

inondations conduit invariablement<br />

à la flambée <strong>de</strong>s prix. Cela se traduit<br />

soit par une hausse <strong>de</strong> l'inflation,<br />

soit par le déséquilibre <strong>de</strong> la balance<br />

commerciale. Rien n'y fait. Les gou-<br />

vernements successifs persistent à proclamer que la privatisation<br />

<strong>de</strong> l'agriculture a été couronnée <strong>de</strong> succès !<br />

Ionut Balan (Saptamâna Financiara)<br />

Traduit par Ramona Delcea (Le Courrier <strong>de</strong>s Balkans)<br />

* La "transition" s'est déroulée en 3 étapes <strong>de</strong>puis la<br />

"Révolution". Dans un premier temps, <strong>les</strong> chômeurs se sont<br />

transformés en pensionnés, parfois pour raison <strong>de</strong> "maladie",<br />

un tiers <strong>de</strong> la population quitant la vie active et un retraité sur<br />

trois seulement atteignant l'âge légal du départ à la retraite.<br />

Dans une <strong>de</strong>uxième étape, on a assisté à un "exo<strong>de</strong><br />

urbain”: <strong>les</strong> chômeurs, pensionnés ou travailleurs, migrant<br />

vers <strong>les</strong> campagnes. Si en 1990, 28-29% <strong>de</strong> la population<br />

vivait <strong>de</strong> l'agriculture, en dix ans la hausse a été vertigineuse:<br />

en 20<strong>01</strong>, ce chiffre a atteint 41%.<br />

Le troisième acte se termine par l'émigration en masse -<br />

souvent temporaire - notamment à l'occasion <strong>de</strong> la levée <strong>de</strong>s<br />

restrictions <strong>de</strong> circulation sur le Vieux Continent et <strong>de</strong> l'entrée<br />

<strong>de</strong> la Roumanie dans l'UE.<br />

Un quatrième se <strong>de</strong>ssine actuellement: le retour au pays...<br />

qui marquerait la fin <strong>de</strong> la "transition".<br />

La Moldavie s'exporte<br />

Le gouvernement moldave a<br />

décidé d'envoyer une délégation<br />

d'hommes d'affaires<br />

dans <strong>de</strong>s expositions internationa<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

huit pays, à savoir la Russie,<br />

l'Allemagne, la Chine, la Biélorussie,<br />

la Belgique, la Suisse, la Gran<strong>de</strong><br />

Bretagne et la Lettonie.<br />

15


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

16<br />

ORADEA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

IASI<br />

<br />

BUCAREST<br />

CHISINAU<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

BRAN<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

GIURGIU <br />

SUCEAVA<br />

<br />

M. CIUC<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Un milliard d'euros<br />

empruntés cette année<br />

La Roumanie s'apprêtait à<br />

emprunter un milliard d'euros sur le<br />

marché européen, somme qui pourrait<br />

être portée à 1,5 milliard. En<br />

2009, la Roumanie avait emprunté<br />

14,1 milliards d'euros, soit 5 fois plus<br />

que l'année précé<strong>de</strong>nte, dont 6,9<br />

milliards au FMI, 1,5 milliards à l'UE<br />

et 300 millions à la Banque Mondiale.<br />

Un an <strong>de</strong> plus<br />

pour réduire le déficit<br />

Les ministres <strong>de</strong>s Finances européens<br />

ont donné une année supplémentaire<br />

à la Roumanie, la Lituanie et<br />

Malte pour ramener leur déficit public<br />

sous la limite autorisée <strong>de</strong> 3% du<br />

PIB. Ils ont ainsi suivi une recommandation<br />

<strong>de</strong> la Commission qui visait à<br />

tenir compte <strong>de</strong> "la détérioration significative<br />

<strong>de</strong> la situation économique"<br />

dans ces pays. Malte a désormais<br />

jusque 2<strong>01</strong>1 pour revenir dans <strong>les</strong><br />

clous du Pacte européen <strong>de</strong> stabilité<br />

et <strong>de</strong> croissance, et la Rou-manie et<br />

la Lituanie jusque 2<strong>01</strong>2. L'UE avait<br />

lancé en juillet <strong>de</strong>s procédures pour<br />

déficit excessif contre ces pays, dont<br />

<strong>les</strong> finances publiques se sont dégradées<br />

avec la crise.<br />

La croissance<br />

va repartir<br />

La Banque mondiale prédit une<br />

reprise <strong>de</strong> la croissance roumaine en<br />

<strong>2<strong>01</strong>0</strong>: l'institution table sur une hausse<br />

<strong>de</strong> 0,5% pour cette année, avant<br />

le véritable rebond, prévu pour 2<strong>01</strong>1,<br />

où la Roumanie <strong>de</strong>vrait enregistrer<br />

une augmentation <strong>de</strong> son PIB comprise<br />

entre 2,5 et 4,2%. Le gouvernement<br />

Boc, lui, table sur une croissance<br />

<strong>de</strong> 1,3% pour <strong>2<strong>01</strong>0</strong>.<br />

<br />

Economie<br />

Actualité<br />

Près <strong>de</strong> 200 000 sociétés roumaines ont été suspendues, dissoutes ou radiées<br />

par l'Office national du registre du commerce (ONRC) en 2009. La suspension<br />

temporaire d'activité a été la métho<strong>de</strong> la plus utilisée par <strong>les</strong> entreprises<br />

en difficulté. El<strong>les</strong> ont été 133 362 l'année <strong>de</strong>rnière à choisir cette solution, soit une augmentation<br />

<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1000 % par rapport à 2008. Le nombre <strong>de</strong> dissolution volontaire<br />

a lui augmenté <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 400 % et celui <strong>de</strong>s radiations volontaires d'environ 150 %.<br />

A Bucarest, plus <strong>de</strong> 20 000 sociétés ont suspendu leur activité, contre 7000 à Cluj<br />

ou encore 4000 à Brasov. La région la plus touchée est la Moldavie, alors que <strong>les</strong> départements<br />

<strong>de</strong> Giurgiu et Teleorman, parmi <strong>les</strong> plus pauvres du pays, s'en sortent mieux.<br />

Au 1er janvier <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, l'ONRC enregistrait 690 000 sociétés (personnes juridiques) actives<br />

dans le pays, dont environ un quart domicilié à Bucarest. En janvier, la situation ne<br />

s'est pas améliorée. Le nombre <strong>de</strong> sociétés qui ont suspendu leur activité à travers le<br />

pays a été multiplié par 4 par rapport à janvier 2009. Plus <strong>de</strong> 6000 entreprises ont ainsi<br />

été mises en suspens, contre 1358 il y a un an. Le nombre <strong>de</strong> sociétés dissoutes a lui<br />

doublé; i<strong>de</strong>m pour celui <strong>de</strong>s firmes radiées du registre du commerce. Enfin, le nombre<br />

<strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> sociétés enregistrées a baissé <strong>de</strong> 23% en comparaison avec janvier 2009.<br />

Chute <strong>de</strong> la consommation<br />

En 2009, <strong>les</strong> Roumains ont acheté <strong>de</strong>ux fois moins <strong>de</strong> biens électroménagers ou <strong>de</strong><br />

consommation (téléviseurs, réfrigérateurs, ordinateurs, appareils photos), ce secteur<br />

n'enregistrant que 1,42 milliard d'euros <strong>de</strong> chiffre d'affaires au lieu <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3<br />

milliards. Parallèlement, le marché <strong>de</strong>s voitures neuves a connu la baisse la plus drastique<br />

<strong>de</strong> l'UE en janvier (- 85 % par rapport à janvier 2008), alors que, sous l'effet <strong>de</strong>s<br />

primes à la casse <strong>de</strong>s véhicu<strong>les</strong> anciens, il progressait <strong>de</strong> + 13 % dans <strong>les</strong> autres pays.<br />

Baisse <strong>de</strong> moitié <strong>de</strong>s investissements étrangers<br />

Les investissements directs étrangers (IDE) effectués en Roumanie ont baissé <strong>de</strong><br />

48,4% en 2009, à 4,89 milliards d'euros. Du total <strong>de</strong>s investissements attirés, <strong>les</strong> participations<br />

au capital, notamment le profit réinvesti, ont représenté 3,06 milliards d'euros,<br />

en baisse <strong>de</strong> 37% par rapport à 2008. Les crédits intra-groupe ont atteint pour leur part<br />

1,83 milliard d'euros. La Roumanie avait attiré 9,49 milliards d'euros d'IDE en 2008.<br />

Recul du déficit commercial<br />

La Roumanie a enregistré un déficit commercial <strong>de</strong> 9,7 milliards d'euros en 2009,<br />

en baisse <strong>de</strong> 58% par rapport à 2008, a annoncé mardi l'Institut national <strong>de</strong> la statistique<br />

(INS). Durement touchée par la crise économique, la Roumanie a drastiquement réduit<br />

ses importations en 2009, à 38,7 milliards d'euros, soit une chute <strong>de</strong> 32,3%. Les exportations<br />

se sont élevées à 29 milliards d'euros, en baisse <strong>de</strong> 13,9%.<br />

Grâce à l'exportation <strong>de</strong> quelque 270 000 véhicu<strong>les</strong> fabriqués par Dacia (groupe<br />

Renault), <strong>les</strong> livraisons d'automobi<strong>les</strong> et d'équipements <strong>de</strong> transport ont pour la première<br />

fois <strong>de</strong>vancé <strong>de</strong> près <strong>de</strong> dix points <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> biens similaires. Les échanges<br />

avec <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union européenne ont représenté 74,2% du total pour <strong>les</strong> exportations<br />

et 73,2% pour <strong>les</strong> importations. En 2008, la Roumanie avait enregistré un déficit commercial<br />

record, <strong>de</strong> 23,5 milliards d'euros, malgré une progression plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s exportations<br />

par rapport aux importations.<br />

Les taux d'intérêt en baisse<br />

2009 année noire pour<br />

<strong>les</strong> sociétés roumaines<br />

Les taux d'intérêt (en leu) pourraient tourner autour <strong>de</strong> 7 à 8% avant la fin <strong>de</strong> l'année,<br />

d'après <strong>les</strong> experts. Depuis le début <strong>de</strong> l'année, <strong>les</strong> taux d'intérêt ont déjà connu une<br />

baisse, passant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10% à environ 8%.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Economie<br />

L'indice <strong>de</strong> liberté économique - c'est-à-dire <strong>de</strong> développement<br />

capitaliste -, calculé chaque année par<br />

The Heritage Foundation et le Wall Street<br />

Journal, s'est amélioré pour la Roumanie en <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Le pays,<br />

qui gagne un point par rapport à l'année <strong>de</strong>rnière, se classe désormais<br />

en 63ème position sur 179 Etats recensés. Avec une<br />

cote <strong>de</strong> 64,2 sur 100, la Roumanie a plus ou moins le même<br />

indice <strong>de</strong> liberté économique que celui <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong>vance<br />

la Pologne, la Grèce, l'Italie et la Bulgarie. Sur <strong>les</strong> dix cri-<br />

Impôts: un potentiel énorme non collecté<br />

Le potentiel <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong>s impôts est "énorme" en<br />

Roumanie, d'après Mihai Tanasescu, le représentant <strong>de</strong> la<br />

Roumanie au FMI: "il n'y a pas besoin d'augmenter <strong>les</strong> taxes<br />

et <strong>les</strong> impôts, mais il faut simplement mieux <strong>les</strong> collecter". Les<br />

revenus budgétaires <strong>de</strong> la Roumanie représentent 31% <strong>de</strong> son<br />

PIB (Produit intérieur brut), soit entre 10 et 12 points en <strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> la moyenne <strong>de</strong> l'Union européenne. Le budget <strong>2<strong>01</strong>0</strong> ne<br />

prévoit aucune modification <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> taxes actuel<strong>les</strong>.<br />

Frau<strong>de</strong>s fisca<strong>les</strong><br />

Le gouvernement a l'intention <strong>de</strong> soumettre à un impôts<br />

forfaitaire 26 professions où la frau<strong>de</strong> et l'évasion fiscale sont<br />

répandues. Parmi el<strong>les</strong>, cel<strong>les</strong> qui touchent aux activités touristiques,<br />

d'hébergement, <strong>de</strong> restauration et <strong>de</strong> loisirs, <strong>les</strong> métiers<br />

<strong>de</strong> l'artisanat et <strong>de</strong> réparation… et <strong>les</strong> pompes funèbres.<br />

Les immatriculations<br />

<strong>de</strong> voitures neuves en chute libre<br />

Le total <strong>de</strong>s immatriculations <strong>de</strong> voitures neuves en 2009<br />

a été <strong>de</strong> 116 <strong>01</strong>2, en baisse <strong>de</strong> 59% par rapport à 2008, selon<br />

<strong>les</strong> chiffres <strong>de</strong> la Direction du régime <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong> conduire<br />

et <strong>de</strong>s immatriculations. Le marché <strong>de</strong>s voitures d'occasion a<br />

moins souffert, avec une baisse <strong>de</strong> 11%, soit 275 <strong>01</strong>2 immatriculations,<br />

toujours par rapport à 2008.<br />

Objectif: un million <strong>de</strong> Logan<br />

produites dès cette année<br />

Dacia a enregistré une année record avec plus <strong>de</strong> 310 000<br />

véhicu<strong>les</strong> vendus dans le mon<strong>de</strong>, soit + 20,5% par rapport à<br />

2008. La firme <strong>de</strong> Pitesti a vendu 85 000 Logan l'année <strong>de</strong>rnière<br />

en Allemagne, soit 2,1 % du marché intérieur allemand,<br />

60 000 en France, 20 000 en Italie. Dacia reste lea<strong>de</strong>r sur le<br />

marché roumain, même si ses ventes dans le pays ont baissé <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> 50% en 2009, pour se situer à 45 000 véhicu<strong>les</strong>. Par<br />

ailleurs, sa maison-mère, Renault, a décidé <strong>de</strong> concrétiser à<br />

partir <strong>de</strong> cette année son objectif <strong>de</strong> produire annuellement un<br />

million <strong>de</strong> Logan à travers le mon<strong>de</strong> dans l'ensemble <strong>de</strong> ses<br />

Actualité<br />

La Roumanie renforce sa position<br />

<strong>de</strong> "bon élève capitaliste"<br />

tères qui entrent dans le calcul <strong>de</strong> cet indice, cinq se sont améliorés<br />

pour la Roumanie, à savoir la liberté commerciale, la<br />

liberté d'investir, <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> propriété, la liberté face à la corruption<br />

et la liberté <strong>de</strong> travail. La liberté financière est par<br />

contre restée égale, alors que la liberté <strong>de</strong>s affaires, la liberté<br />

fiscale, <strong>les</strong> dépenses publiques et la liberté monétaire ont légèrement<br />

diminué. Hong Kong et Singapour conduisent ce classement<br />

avec respectivement <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong> 89,7 et 86,1. Au sein<br />

<strong>de</strong> l'UE, c'est l'Irlan<strong>de</strong> qui occupe la première position.<br />

usines <strong>de</strong> Roumanie, Russie, Maroc, Colombie, Iran et In<strong>de</strong>.<br />

La Logan va être prochainement commercialisée en Tunisie, à<br />

partir <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> construits au Maroc.<br />

Renault recrute 300 ingénieurs<br />

Avec six mois <strong>de</strong> retard sur <strong>les</strong> prévisions, Renault va<br />

inaugurer en octobre prochain son centre d'essais pour ses<br />

véhicu<strong>les</strong> <strong>de</strong> Titu (ju<strong>de</strong>t Dâmbovita) et a commencé le recrutement<br />

<strong>de</strong> 300 ingénieurs. Le constructeur a trouvé le financement<br />

qu'il recherchait auprès <strong>de</strong> l'Etat roumain (28 M€), obtenant<br />

un prêt <strong>de</strong> la Banque Européenne d'Investissements <strong>de</strong><br />

83 M€ et la participation pour 44 M€ <strong>de</strong> la BERD à la majoration<br />

<strong>de</strong> son capital. A Titu, Renault procè<strong>de</strong>ra aux essais <strong>de</strong><br />

toute la gamme <strong>de</strong> ses véhicu<strong>les</strong>, aussi bien dans <strong>de</strong>s conditions<br />

<strong>de</strong> pluie, que <strong>de</strong> gel, <strong>de</strong> fortes chaleurs, <strong>de</strong> soleil éblouissant,<br />

<strong>de</strong> vent <strong>de</strong> sable, etc. En 2<strong>01</strong>1, la firme finalisera la réalisation<br />

<strong>de</strong> pistes d'essais sur 30 km avec <strong>de</strong>s portions <strong>de</strong> boue,<br />

<strong>de</strong> cailloux, <strong>de</strong> dénivelés, <strong>de</strong> trottoirs. Depuis son installation<br />

en Roumanie, à Mioveni, près <strong>de</strong> Pitesti, pour la production <strong>de</strong><br />

la Logan, le constructeur a investi 1,5 milliard d'euros.<br />

Heineken ferme à Hateg<br />

Heineken Roumanie a annoncé sa décision <strong>de</strong> fermer son<br />

site <strong>de</strong> production <strong>de</strong> bière <strong>de</strong> Hateg ( ju<strong>de</strong>t d' Hunedoara, près<br />

<strong>de</strong> Deva), licenciant sa centaine d'employés, regroupant son<br />

activité dans ses autres brasseries roumaines, situées à<br />

Miercurea Ciuc, Târgu Mures, Craiova et Constantsa.<br />

Gaz: la Roumanie veut s'allier<br />

avec la Georgie et l'Azerbaïdjan<br />

A savoir<br />

Le secrétaire d'Etat au ministère <strong>de</strong> l'Economie Tudor<br />

Serban a déclaré hier que la Roumanie allait signer en mars un<br />

"protocole tripartite" avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan pour le<br />

transport <strong>de</strong> gaz. Cet accord doit aboutir à la construction <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux terminaux <strong>de</strong> gaz naturel liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> très haute capacité<br />

dans le port <strong>de</strong> Constanta (Est) et dans une localité <strong>de</strong> Géorgie.<br />

L'investissement total se chiffrera à hauteur <strong>de</strong> 4 à 6 milliards<br />

d'euros. "La Roumanie peut <strong>de</strong>venir un nœud énergétique<br />

important en Europe", a-t-il affirmé.<br />

17


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

18<br />

BAIA MARE <br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

ARAD ZALAU<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

SUCEAVA<br />

CHISINAU<br />

IASI<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

HUNEDOARA BRASOV<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

GALATI<br />

<br />

CURTEA DE ARGES<br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Prêt Japonais pour<br />

le métro <strong>de</strong> Bucarest<br />

Le Japon a décidé d'accor<strong>de</strong>r un<br />

prêt <strong>de</strong> 315 M€ à son homologue<br />

roumain pour l'ai<strong>de</strong>r à construire la<br />

liaison <strong>de</strong> métro conduisant <strong>de</strong> la gare<br />

du Nord à Bucarest à l'aéroport international<br />

Henri Coanda d'Otopeni.<br />

Internet ultra-rapi<strong>de</strong><br />

La Roumanie occupe la quatrième<br />

position, pour le troisième trimestre<br />

2009, dans un classement mondial<br />

sur la rapidité <strong>de</strong>s connexions<br />

Internet, effectué par la compagnie IT<br />

Akamai. Avec une vitesse moyenne<br />

<strong>de</strong> connexion <strong>de</strong> 6,2 Mbps, le pays<br />

est seulement <strong>de</strong>vancé par la Corée<br />

du Sud (14,6 Mbps), le Japon (7,9<br />

Mbps) et Hong Kong (7,6 Mbps). La<br />

Suè<strong>de</strong> (5,7 Mbps), l'Irlan<strong>de</strong> (5,3 Mps)<br />

et <strong>les</strong> Pays-Bas (5,2 Mbps) suivent la<br />

Roumanie. Les Etats-Unis se classent<br />

18ème, avec une vitesse moyenne <strong>de</strong><br />

connexion <strong>de</strong> 3,9 Mbps.<br />

Fly Taxi perd (enfin)<br />

son monopole<br />

Fly Taxi a perdu le monopole <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>sserte <strong>de</strong> l'aéroport Henri Coanda<br />

<strong>de</strong> Bucarest détenu <strong>de</strong>puis 2004, à la<br />

suite d'un appel d'offres très controversé,<br />

la compagnie ayant parmi ses<br />

actionnaires la femme même du<br />

Premier ministre <strong>de</strong> l'époque, considéré<br />

comme le dirigeant le plus corrompu,<br />

Adrian Nastase. Les voyageurs<br />

atterrissant à Bucarest étaient<br />

obligés d'utiliser ses services, aux<br />

tarifs prohibitifs. Depuis le 1er février,<br />

13 autres compagnies et 57 taxis<br />

indépendants sont autorisés à <strong>de</strong>sservir<br />

l'aéroport et un tarif maximum a<br />

été fixé: 3,5 lei par km, ce qui <strong>de</strong>vrait<br />

ramener la course vers le centre <strong>de</strong><br />

Bucarest aux environs <strong>de</strong> 15-20 €.<br />

<br />

Actualité<br />

Ascensoristes : la France<br />

a recours à la main d'oeuvre roumaine<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Economie Social<br />

Si la Loi Robien 20<strong>03</strong> imposant <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> sécurité dans le parc d'ascenseurs<br />

français n'a guère suscité la controverse, eu égard à une série d'acci<strong>de</strong>nts<br />

ayant suffi à sensibiliser l'opinion, le chantier colossal qu'il a suscité<br />

soulève bien <strong>de</strong>s interrogations. Il est vrai que le parc français a la réputation d'être le<br />

plus vétuste d'Europe, avec ses 450 000 cabines dont la moitié a plus <strong>de</strong> 20 ans d'âge.<br />

Si <strong>les</strong> pouvoirs publics ont pris la mesure <strong>de</strong> l'urgence<br />

à le réhabiliter le parc français, il semble que l'on ait<br />

péché encore une fois par manque d'anticipation. Face à<br />

l'ampleur <strong>de</strong> la tâche, il était aisé <strong>de</strong> <strong>de</strong>viner que le nombre<br />

d'entreprises susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

serait restreint.<br />

Du coup, le <strong>de</strong>vis moyen par ascenseur s'élève à<br />

22 000 €, soit <strong>de</strong>ux fois plus que le montant initialement<br />

avancé par <strong>les</strong> pouvoirs publics. Faute <strong>de</strong> concurrence,<br />

<strong>les</strong> entreprises spécialisées ont logiquement su tirer<br />

avantage <strong>de</strong> leur position favorable sur un marché extrêmement<br />

concentré. Face aux co-propriétés placées<br />

<strong>de</strong>vant le fait accompli et déconcertées, <strong>les</strong> entreprises<br />

ont beau jeu <strong>de</strong> brandir l'argument sécuritaire pour <strong>les</strong><br />

convaincre <strong>de</strong> lâcher un peu plus. Quatre entreprises se<br />

partagent aujourd'hui 90% du marché <strong>de</strong>s ascenseurs en France (Koné, OTIS, Thyssen,<br />

Schindler), <strong>de</strong>s entreprises qui ne peuvent être sur tous <strong>les</strong> fronts en même temps. C'est<br />

la raison pour laquelle le délai, initialement imposé par la loi, a été repoussé.<br />

Sur <strong>les</strong> chantiers, <strong>de</strong>s Dacia immatriculées en Roumanie<br />

Côté anticipation, <strong>les</strong> pouvoirs publics sont loin du compte, c'est rien <strong>de</strong> le dire. Le<br />

manque <strong>de</strong> main d'œuvre pénalise <strong>les</strong> chantiers, et parmi <strong>les</strong> 1500 techniciens recrutés<br />

cette année, il est aisé <strong>de</strong> constater que le renfort est loin d'être suffisant malgré un<br />

regain d'intérêt <strong>de</strong>s chômeurs pour un <strong>de</strong>s rares métiers qui embauche cette année, trouver<br />

une formation d'ascensoriste relève <strong>de</strong> l'exploit.Du coup, sur certains chantiers, <strong>les</strong><br />

équipes sont à 90% roumaines, et parmi <strong>les</strong> estafettes Peugeot, il n'est pas rare <strong>de</strong> trouver<br />

sur <strong>les</strong> chantiers <strong>de</strong>s Dacia immatriculées en Roumanie.<br />

Après tout, avec la main d'oeuvre polonaise ou roumaine, c'est toujours autant d'euros<br />

épargnés pour ces multinationa<strong>les</strong>, qui ne sont pas très regardantes lorsqu'il s'agit <strong>de</strong><br />

sous-traitance, un secteur où la règle du moins disant règne en maître.<br />

Certains ont encore en mémoire <strong>les</strong> déboires <strong>de</strong> la société Comas - un sous-traitant<br />

<strong>de</strong> Schindler - qui se signalait l'année <strong>de</strong>rnière par la mort acci<strong>de</strong>ntelle d'un <strong>de</strong> ses techniciens<br />

- un Roumain - suite à la chute d'une cabine d'ascenseur en cours <strong>de</strong> rénovation.<br />

Dans la profession, il se dit à mots couverts que cette main d'oeuvre venue <strong>de</strong> l'Est serait<br />

loin <strong>de</strong> remplir <strong>les</strong> exigences <strong>de</strong>s chartes Qualibat.<br />

La <strong>de</strong>tte extérieure moldave se<br />

montait à 580 M€ à la fin<br />

2009, en recul <strong>de</strong> 3 M€. Le<br />

pays a exporté pour 900 M€ <strong>de</strong> marchandises<br />

l'an passé, montant en baisse <strong>de</strong><br />

18 %, 52 % étant à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l'UE,<br />

40 % prenant le chemin <strong>de</strong> l'ancienne<br />

Union Soviétique, la Russie figurant en<br />

tête <strong>de</strong>s partenaires commerciaux avec<br />

22 %, <strong>de</strong>vant la Roumanie, 18,5 % et<br />

Dette extérieure moldave<br />

l'Italie, 10,5 %. La Moldavie exporte, dans<br />

l'ordre, <strong>de</strong>s produits alimentaires, boissons,<br />

tabac, produits végétaux, texti<strong>les</strong> et<br />

<strong>de</strong>s machines. L'euro s'échangeait à<br />

17,50 lei moldaves début février, en recul<br />

<strong>de</strong> 8 % par rapport à la fin 2009. La liaison<br />

aérienne Chisinau-Saint Pétersbourg arrive<br />

en tête du trafic passager <strong>de</strong> la<br />

Moldavie, <strong>de</strong>vançant celle avec Moscou,<br />

Francfort étant la troisième <strong>de</strong>stination.<br />

La CNP a établi le profil d'un retraité homme moyen,<br />

touchant une pension <strong>de</strong> mensuelle <strong>de</strong> 732 lei<br />

(178 €) commençant sa carrière à 20 ans et qui<br />

aura versé en 43,8 années <strong>de</strong> cotisation 3<strong>01</strong> 000 lei (73 415 €).<br />

Son espérance <strong>de</strong> vie limitée à 5,3 ans lui fera récupérer sur<br />

cette pério<strong>de</strong> 46 000 lei (11 220 €) <strong>de</strong> pension, soit un sixième<br />

<strong>de</strong> ce qu'il aura versé. Mais ces statistiques<br />

sont vivement contestées par <strong>les</strong><br />

syndicats qui y viient une manipulation.<br />

En 2<strong>01</strong>5, l'âge <strong>de</strong> la retraite doit être<br />

porté à 65 ans pour <strong>les</strong> hommes, mais son<br />

espérance <strong>de</strong> vie est estimée alors à 72 ans,<br />

suivant <strong>les</strong> prévisions <strong>de</strong> l'ONU. Le déséquilibre<br />

se sera un peu réduit, le cumul <strong>de</strong><br />

sa pension représentant un cinquième <strong>de</strong><br />

celui <strong>de</strong> ses cotisations. Aujourd'hui, en<br />

vertu <strong>de</strong> la législation en vigueur - une loi datant <strong>de</strong> 2000 qui<br />

réglemente le système <strong>de</strong> retraites - l'âge légal du départ à la<br />

retraite est <strong>de</strong> 60 ans pour <strong>les</strong> femmes et <strong>de</strong> 65 ans pour <strong>les</strong><br />

hommes, même si, en pratique, l'âge moyen est <strong>de</strong> 63,8 ans.<br />

A l'heure actuelle, 5,5 millions <strong>de</strong> Roumains paient <strong>de</strong>s<br />

CFR: licenciements massifs<br />

Pas loin <strong>de</strong> 10 000 salariés <strong>de</strong> la CFR<br />

(Chemins <strong>de</strong> fer roumains), dont 6000<br />

travaillent dans sa branche marchandise,<br />

<strong>de</strong>vaient être licenciés à partir du 1er<br />

mars. Le ministère <strong>de</strong>s Transports a prévu<br />

<strong>de</strong> leur accor<strong>de</strong>r un revenu complémentaire<br />

qui viendra compléter <strong>les</strong> allocations<br />

chômage classiques, pendant une<br />

pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> douze à quinze mois.<br />

Vers le million <strong>de</strong> chômeurs<br />

Le FMI estime avec certitu<strong>de</strong> que<br />

le nombre <strong>de</strong> chômeurs en Roumanie,<br />

qui a atteint 8,1 % <strong>de</strong> la population en<br />

janvier soit 740 000 personnes, dépassera<br />

le million à la rentrée prochaine et le<br />

seuil psychologique <strong>de</strong> 10 %, avant <strong>de</strong><br />

connaître une baisse en fin d'année.<br />

Ce taux a été dépassé une seule fois<br />

<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1990, en<br />

20<strong>03</strong>, lorsque qu'il avait atteint 8,6%. La<br />

majorité <strong>de</strong>s chômeurs proviennent du<br />

secteur privé, avec 605 371 personnes<br />

recensées. Les départements <strong>de</strong><br />

Mehedinti (14,5%), <strong>de</strong> Vaslui (13,5%) et<br />

<strong>de</strong> Alba (13,4%) sont <strong>les</strong> plus touchés,<br />

alors que Bucarest (2,4%), Ilfov (2,6%)<br />

et Timis (4,4%) sont <strong>les</strong> territoires <strong>les</strong><br />

plus épargnés.<br />

Réforme <strong>de</strong>s droits d'auteur<br />

Le paiement <strong>de</strong>s droits d'auteur <strong>de</strong>vra<br />

à présent inclure une cotisation auprès <strong>de</strong><br />

la caisse d'assurance <strong>de</strong> santé. Une mesure<br />

qui va faire baisser <strong>les</strong> revenus <strong>de</strong>s<br />

employés <strong>de</strong> 10,5% tandis que <strong>les</strong><br />

employeurs <strong>de</strong>vront payer 20,8% en plus.<br />

Treizième mois<br />

Le Premier ministre a assuré <strong>les</strong><br />

fonctionnaires qu'ils allaient recevoir leur<br />

13ème mois pour 2009 d'ici le mois d'avril,<br />

indiquant que c'était la <strong>de</strong>rnière fois,<br />

cet avantage salarial étant supprimé à<br />

partir <strong>de</strong> <strong>2<strong>01</strong>0</strong>.<br />

Actualité<br />

Retraites: <strong>les</strong> hommes cotisent<br />

plus... et en profitent moins<br />

La Caisse Nationale <strong>de</strong> Retraite a mis le doigt sur un déséquilibre flagrant en matière d'égalité <strong>de</strong>vant la retraite entre<br />

hommes, qui peuvent en bénéficier, en moyenne, à 63,8 ans et femmes, à 58,8 ans. Ils vivent moins longtemps et ont cotisé<br />

davantage. La moyenne <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s hommes est en effet <strong>de</strong> 69 ans, celle <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong> 76 ans, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> cotisent 5 ans <strong>de</strong><br />

moins mais bénéficient <strong>de</strong> leur retraite 8 ans <strong>de</strong> plus.<br />

contributions au système <strong>de</strong> retraites, et la Roumanie enregistre<br />

un nombre presque équivalent <strong>de</strong> retraités. Le pays compte<br />

0,98 retraité pour un actif. En 2050, le rapport <strong>de</strong>vrait être<br />

d'1,22 retraité pour un actif.<br />

Pressé par le FMI, le gouvernement veut réformer le système,<br />

notamment en harmonisant <strong>les</strong> gril<strong>les</strong> et <strong>les</strong> régimes <strong>de</strong>s<br />

salariés. Après moult reports, le gouvernement<br />

Boc vient d'annoncer qu'il espérait<br />

que le projet <strong>de</strong> loi serait adopté au plus<br />

tard au mois <strong>de</strong> mai.<br />

Première "révolution", il propose l'alignement<br />

<strong>de</strong> l'âge <strong>de</strong> la retraite <strong>de</strong>s femmes<br />

sur celui <strong>de</strong>s hommes, à 65 ans donc.<br />

Selon ce projet <strong>de</strong> loi, l'âge du départ à la<br />

retraite <strong>de</strong>vrait reculer chaque année <strong>de</strong> 5<br />

mois, jusqu'en 2<strong>01</strong>5 pour <strong>les</strong> hommes, et<br />

jusqu'en 2<strong>03</strong>0 pour <strong>les</strong> femmes. Une réforme que conteste le<br />

lea<strong>de</strong>r su syndicat Cartel Alfa, Bogdan Hossu, qui estime<br />

qu'elle ne doit pas être engagée avant que la moyenne <strong>de</strong> la<br />

durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s Roumains ne rejoigne celle <strong>de</strong>s autres pays <strong>de</strong><br />

l'Union Européenne.<br />

A savoir<br />

La crise hôtelière<br />

favorable aux clients<br />

Baisse du nombre <strong>de</strong> clients, mais<br />

aussi <strong>de</strong>s tarifs, 2009 est à marquer d'une<br />

pierre noire pour <strong>les</strong> hôtels <strong>de</strong> Bucarest,<br />

dont <strong>les</strong> prix étaient jusqu'ici supérieurs à<br />

ceux pratiqués à Berlin.. Les établissements<br />

trois étoi<strong>les</strong> ont enregistré un coefficient<br />

<strong>de</strong> remplissage <strong>de</strong> 37,3 % contre<br />

59,2 % l'année précé<strong>de</strong>nte, inférieur aux<br />

40 % estimés comme seuil <strong>de</strong> rentabilité<br />

par l'industrie hôtelière.<br />

Les prix <strong>de</strong>s chambres se négociaient<br />

en moyenne à 213 lei la nuit (52 €) au<br />

lieu <strong>de</strong> 240 lei (58,5 €). Le taux <strong>de</strong> remplissage<br />

<strong>de</strong>s quatre étoi<strong>les</strong> est tombé <strong>de</strong><br />

54,5 % à 41,5 %, <strong>les</strong> tarifs <strong>de</strong> 314 lei<br />

(76,5 €) à 271 lei (66 €). La crise,<br />

lebaisse du nombre <strong>de</strong> touristes sont passés<br />

par là, mais aussi augmentation <strong>de</strong><br />

l'offre, le nombre <strong>de</strong> chambres disponib<strong>les</strong><br />

dans la capitale dépassant désormais<br />

10 000, dont 5200 en 4 étoi<strong>les</strong> et 3000 en<br />

trois étoi<strong>les</strong>.<br />

19


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

20<br />

<br />

ORADEA<br />

ARAD<br />

SATU MARE<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

IASI<br />

BACAU<br />

<br />

VASLUI<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

BRAILA<br />

BRASOV<br />

TULCEA<br />

<br />

PITESTI TARGOVISTE<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

GIURGIU CONSTANTA<br />

<br />

Entre 280 000<br />

et 380 000 victimes<br />

roumaines <strong>de</strong> la Shoah<br />

Sur le nombre <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> la<br />

Shoah en Roumanie, <strong>les</strong> estimations<br />

<strong>de</strong>s historiens varient aujourd'hui<br />

entre 280 000 et 380 000 morts,<br />

sans compter <strong>les</strong> quelques 25 000<br />

Tsiganes déportés et massacrés en<br />

Transnistrie par <strong>les</strong> troupes roumaines.<br />

Ces chiffres n'incluent pas <strong>les</strong><br />

130 000 Juifs <strong>de</strong> Transylvanie du<br />

nord (Maramures, etc.), une province<br />

placée alors sous administration <strong>de</strong>s<br />

Hongrois qui <strong>les</strong> déporteront vers <strong>les</strong><br />

camps <strong>de</strong> la mort, dont il ne réchapperont<br />

pas non plus.<br />

Le terrible livre-témoignage et<br />

<strong>document</strong>aire Cartea neagra <strong>de</strong><br />

Matatias Carp (édition française<br />

parue chez Denoël, 2009) rend<br />

compte <strong>de</strong> l'effroyable pogrom <strong>de</strong><br />

Bucarest, en janvier 1941, nuit <strong>de</strong><br />

cristal à la roumaine, mais aussi <strong>de</strong><br />

l'extermination sauvage <strong>de</strong>s juifs <strong>de</strong><br />

Roumanie et d'Ukraine sous la<br />

conduite <strong>de</strong> la gendarmerie et l'armée<br />

roumaine.<br />

Au fil du récit, on découvre un<br />

véritable enfer, marqué par la diversité<br />

insoupçonnée <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

tuerie : pogroms sanglants dont celui<br />

<strong>de</strong> Iasi (13 323 morts recensés),<br />

O<strong>de</strong>ssa (25 000 morts) région <strong>de</strong><br />

Golta (entre 75 000 et 80 000 morts),<br />

Berezovka (plus <strong>de</strong> 30 000 morts)<br />

exécutions sommaires massives en<br />

bordures <strong>de</strong>s routes et <strong>de</strong>s villages,<br />

Juifs brûlés vifs dans d'immenses<br />

porcheries, enfants jetés vivants<br />

dans <strong>de</strong>s puits, marches <strong>de</strong> la mort<br />

dantesques, abattage et vente <strong>de</strong>s<br />

déportés aux paysans <strong>les</strong> plus<br />

offrants…<br />

(suite page 22)<br />

Evénements<br />

Société<br />

L'Etat roumain condamné<br />

pour sa participation à l'Holocauste<br />

Deux frères juifs roumains déportés <strong>de</strong> 1941 à 1945 par le régime<br />

d'Antonescu ont obtenu la condamnation <strong>de</strong> l'Etat roumain pour "<strong>les</strong> souffrances<br />

et <strong>les</strong> abus" commis alors. Une première.<br />

L'affaire Abraham pourrait bien faire jurispru<strong>de</strong>nce et changer en profon<strong>de</strong>ur<br />

le rapport <strong>de</strong> la Roumanie à son passé lors <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale<br />

et notamment son rôle dans l'Holocauste. A l'époque, le régime fasciste <strong>de</strong>s<br />

légionnaires et du Maréchal Antonescu pratiquait une politique violemment antisémite<br />

et a déporté dans <strong>de</strong>s conditions atroces près <strong>de</strong> 195 000 juifs roumains, originaires<br />

<strong>de</strong> Bessarabie et Bucovine, dans <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> concentration en Transnistrie, région<br />

autonomiste aujourd'hui située en république <strong>de</strong> Moldavie. La quasi-totalité n'en<br />

reviendront pas.<br />

Parmi ces juifs, <strong>de</strong>ux frères, Devy et Sami Abraham. Ils ont obtenu <strong>de</strong>s dommages<br />

et intérêts pour <strong>les</strong> "abus" commis par le régime du Maréchal Antonescu. Le tribunal<br />

<strong>de</strong> Galati a condamné l'Etat<br />

roumain à leur verser 360 000 lei, soit<br />

180 000 € chacun. Le verdict a été<br />

prononcé en juin <strong>de</strong>rnier, mais <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux frères n'ont toujours rien perçu.<br />

L'Etat roumain condamné pour sa<br />

participation à l'Holocauste. Devy<br />

Abraham avait 8 ans en 1941 lorsqu'il<br />

a été déporté avec son frère et ses<br />

parents, après que son père, Isac, ait<br />

été arrêté à Galati. Dans une interview<br />

accordée la semaine <strong>de</strong>rnière au jour-<br />

nal Evenimentul Zilei, il raconte ce voyage vers <strong>les</strong> camps, le bateau jusqu'à l'Ukraine,<br />

<strong>les</strong> trains jusqu'à Chisinau, où ils rejoignent <strong>les</strong> dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> juifs déportés<br />

et <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s numéros parmi d'autres. "Nous avons marché <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> kilomètres.<br />

On s'est arrêté après neuf mois seulement, pas loin <strong>de</strong> Bug, dans le camp <strong>de</strong><br />

Halcinet", se souvient Devy Abraham. Il restera jusqu'en 1945 dans ce camp <strong>de</strong><br />

concentration, où le travail forcé, la famine et la violence étaient la règle.<br />

En 2005, Devy et son frère ont décidé <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r officiellement la condamnation<br />

<strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> leurs souffrances. Après quatre longues années <strong>de</strong> procédure,<br />

ils viennent d'obtenir gain <strong>de</strong> cause et sont <strong>les</strong> premiers juifs à obtenir ainsi <strong>de</strong>s réparations<br />

financières et la condamnation <strong>de</strong>s actions du Maréchal Antonescu et du régime<br />

légionnaire.<br />

Cent lei par an pour <strong>les</strong> survivants<br />

Les déportations vers <strong>les</strong> camps <strong>de</strong> Transnistrie<br />

n'avaient rien à envier à cel<strong>les</strong> vers Auschwitz.<br />

Une première qui pourrait obliger la Roumanie à regar<strong>de</strong>r enfin en face cette<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> son histoire et prendre <strong>de</strong>s mesures, voire une loi spécifiquement dédiée<br />

aux victimes <strong>de</strong> l'Holocauste. "Cette sentence <strong>de</strong>vrait donner l'impulsion au législateur<br />

pour évaluer et réfléchir à <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réparation d'ordre général", explique<br />

Mihai Ionescu, le directeur <strong>de</strong> l'Institut pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Holocauste en Roumanie. Car<br />

jusqu'à présent, <strong>les</strong> survivants <strong>de</strong> l'Holocauste en Roumanie - qui sont encore plus <strong>de</strong><br />

300 aujourd'hui - reçoivent l'équivalent <strong>de</strong> 100 lei par année <strong>de</strong> déportation et par mois.<br />

Cette décision <strong>de</strong> justice risque en tout cas <strong>de</strong> pousser <strong>les</strong> autres survivants <strong>de</strong>s camps<br />

<strong>de</strong> Transnistrie à entamer à leur tour <strong>de</strong>s actions judiciaires. "La décision est plus que<br />

justifiée et il est très probable qu'elle va déterminer <strong>de</strong> nombreuses autres personnes<br />

à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s dommages et intérêts <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux", explique Liviu Beris, luimême<br />

survivant du camp <strong>de</strong> Moghilev et prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association <strong>de</strong>s juifs roumains<br />

victimes <strong>de</strong> l'Holocauste.<br />

Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com / Bucarest)<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Evénements<br />

Le drame <strong>de</strong> Rodica Marta et <strong>de</strong> sa mère a commencé<br />

en 1952 quand Alexandru Birkle, réfugié à<br />

Washington, a révélé dans une interview, pour la<br />

première fois à la face du mon<strong>de</strong>, que <strong>les</strong> Soviétiques étaient<br />

<strong>les</strong> auteurs du massacre <strong>de</strong> Katyn. Jusque là, Moscou et ses<br />

relais dans <strong>les</strong> pays occi<strong>de</strong>ntaux tentaient d'accréditer la thèse<br />

selon laquelle la responsabilité en revenait à Hitler.<br />

Mé<strong>de</strong>cin légiste, parlant parfaitement l'allemand et le<br />

polonais, la langue <strong>de</strong> ses parents, Alexandru Birkle avait été<br />

désigné par le maréchal Antonescu pour faire partie <strong>de</strong> la commission<br />

d'enquête internationale sur le massacre, comprenant<br />

<strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> la Belgique, Hollan<strong>de</strong>, Italie, Suisse,<br />

Bohême, Moravie, Bulgarie, Croatie, Danemark, Finlan<strong>de</strong>,<br />

Slovaquie et Hongrie, tous pays (sauf la Suisse) sous la botte<br />

<strong>de</strong> Hitler, ce qui, évi<strong>de</strong>mment, à l'époque, entachait leur crédibilité.<br />

La commission s'était vite fait une religion sur le commanditaire<br />

<strong>de</strong> la tuerie, i<strong>de</strong>ntifiant la main <strong>de</strong> Staline (ce que<br />

Moscou a reconnu en 1990), et rendait son rapport en 1943.<br />

"Coïnci<strong>de</strong>nce malheureuse", la quasi-totalité <strong>de</strong> ses membres<br />

disparaissait opportunément peu après sa publication<br />

dans un acci<strong>de</strong>nt d'avion en Norvège. La commission ne comprenait<br />

plus que <strong>de</strong>ux survivants : Alexandru Birkle et son ami<br />

François Neuville, représentant <strong>de</strong> la Suisse et membre <strong>de</strong> la<br />

Croix Rouge Internationale, qui<br />

avaient pris un autre avion.<br />

A cette époque, Rodica<br />

Marta était étudiante en 3ème<br />

année <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine à Bucarest.<br />

Elle se montrait très fière <strong>de</strong> la<br />

Rodica Marta <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

3 millions d'euros <strong>de</strong><br />

dédommagement pour<br />

<strong>les</strong> souffrances endurées.<br />

Un beau matin, quelques jours<br />

après la fuite <strong>de</strong> mon père, la<br />

Securitate a débarqué à la<br />

maison, hurlant, nous brutalisant, ma<br />

mère et moi, mettant tout sans <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>ssous,<br />

pour finalement nous menotter et<br />

nous embarquer dans leur voiture" se<br />

souvient Rodica Marta, la fille<br />

d'Alexandru Birkle. A l'époque, en 1952,<br />

elle avait 24 ans, terminait ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

mé<strong>de</strong>cine, se <strong>de</strong>stinant à être pédiatre et<br />

Société<br />

Un mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> Bucarest avait établi et révélé la culpabilité <strong>de</strong>s<br />

Soviétiques dans le massacre <strong>de</strong>s 14 000 officiers polonais à Katyn<br />

Alexandru Birkle : la traque du <strong>de</strong>rnier témoin<br />

En 1942, une commission internationale partait enquêter sur le massacre <strong>de</strong> Katyn, perpétré par l'armée soviétique.<br />

Deux ans plus tôt, 14 000 officiers polonais y avaient été exécutés dans une forêt proche <strong>de</strong> Smolensk (aujourd'hui en<br />

Biélorussie), sur l'ordre <strong>de</strong> Staline qui voulait éliminer l'intelligentsia polonaise, prévoyant d'installer un régime à sa dévotion<br />

à Varsovie plus tard. Un mé<strong>de</strong>cin roumain, Alexandru Birkle, en faisait partie. Menacé après la guerre par <strong>les</strong> autorités<br />

communistes roumaines qui voulaient le faire taire, il s'enfuira, mais son épouse et sa fille, restées sur place, seront persécutées<br />

et emprisonnées. Aujourd'hui, cette <strong>de</strong>rnière, Rodica Marta, 83 ans, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> trois millions d'euros <strong>de</strong> réparation<br />

à l'Etat roumain.<br />

mission <strong>de</strong> son père dont un compte-rendu avait paru dans <strong>les</strong><br />

journaux roumains <strong>de</strong> l'époque. Les choses se gâtèrent après<br />

l'entrée <strong>de</strong> l'Armée Rouge dans la capitale roumaine, en septembre<br />

1944. Les Soviétiques se mirent alors en chasse <strong>de</strong> l'un<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers témoins <strong>de</strong> leur forfait. Alexandru Birkle<br />

avait réussi à se cacher chez <strong>de</strong>s amis, mais sa femme et sa<br />

fille furent arrêtées et interrogées pendant trois semaines.<br />

S'enfuyant en Suisse<br />

avait une petite fille <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans.<br />

Condamnée sans aucune preuve, <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux femmes effectueront <strong>de</strong>ux ans, <strong>de</strong>ux<br />

mois et huit jours <strong>de</strong> détention, humiliées,<br />

violentées, mourrant parfois <strong>de</strong> faim,<br />

baladées <strong>de</strong> prison en prison ou en camps<br />

<strong>de</strong> travail: Ghencea, Târgsor, Bragadiru,<br />

Domnesti, Milsea, Jilava. A Milsea, el<strong>les</strong><br />

seront emprisonnées avec <strong>les</strong> femmes <strong>de</strong><br />

dignitaires ou <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> l'élite <strong>de</strong><br />

l'ancien régime: <strong>les</strong> épouses <strong>de</strong> l'historien<br />

George Bratianu, du maréchal Antonescu<br />

qui avait été fusillé en juin 1946, <strong>de</strong><br />

Codreanu, le lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s Légionnaires, <strong>de</strong><br />

Grâce à un faux passeport, Alexandru Birkle réussit à fuir<br />

en Suisse pour y rejoindre François Neuville qui lui fournit <strong>de</strong><br />

l'argent, l'hébergea et l'aida à passer en Argentine d'où, en<br />

1952, il gagnera <strong>les</strong> USA. A Washington, il sera auditionné par<br />

la Commission du Congrès américain qui conclura à la culpabilité<br />

<strong>de</strong>s Soviétiques, <strong>de</strong>mandant que <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> soient<br />

traduits <strong>de</strong>vant la Cour Internationale <strong>de</strong> Justice.<br />

N'ayant pu vali<strong>de</strong>r ses étu<strong>de</strong>s par un diplôme à Bucarest,<br />

Alexandru Birkle ne pourra pas exercer la mé<strong>de</strong>cine aux USA<br />

et vivra d'expédients, faisant du commerce, jusqu'à sa mort en<br />

en 1987, sans jamais avoir revu ni sa famille, retenue en<br />

Roumanie, ni sa patrie.<br />

Après plus d'un <strong>de</strong>mi-siècle et l'entrée en vigueur récente<br />

<strong>de</strong> la loi accordant <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités compensatoires aux personnes<br />

victimes <strong>de</strong> condamnations à caractère politique, sa fille<br />

réclame aujourd'hui 3 millions d'euros <strong>de</strong> réparation à l'Etat<br />

roumain. A la suite <strong>de</strong>s révélations <strong>de</strong> son père, en 1952, elle<br />

et sa mère avaient été emprisonnées et brutalisées pendant<br />

<strong>de</strong>ux ans, <strong>de</strong>ux mois et huit jours.<br />

“Un beau matin, la Securitate a débarqué à la maison”<br />

différents ministres ou autres personnalités.<br />

"La seule chose que j'ai apprise en<br />

prison, c'est à voler en utilisant mes longues<br />

mains" se souvient Rodica Marta,<br />

blaguant à moitié, rajoutant tout <strong>de</strong> suite<br />

"mais je n'ai expérimenté cette technique<br />

qu'une fois… pour subtiliser <strong>de</strong>s <strong>document</strong>s<br />

au procureur qui m'interrogeait".<br />

L'unique bon souvenir qui lui reste,<br />

c'est quant un gardien est venu et lui à<br />

lancé "Allez docteur, fais tes bagages,<br />

<strong>de</strong>main tu vas revoir ta petiote". Elle n'en<br />

avait aucune nouvelle <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans.<br />

21


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22<br />

<br />

BAIA<br />

ORADEA MARE<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

ALBA IULIA<br />

<br />

SIBIU <br />

CRAIOVA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

PITESTI<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

IASI<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

BUZAU<br />

GALATI<br />

SLOBOZIA<br />

CONSTANTA<br />

(suite <strong>de</strong> la page 20)<br />

La Roumanie avait son Himmler à<br />

l'époque, il s'appelait Gheorghe<br />

Alexianu. Mais elle avait aussi son<br />

Schindler,<br />

Traian<br />

Popovici, le<br />

maire extraordinaire<br />

<strong>de</strong><br />

courage <strong>de</strong><br />

Cernauti,<br />

ville alors<br />

roumaine,<br />

qui lutta <strong>de</strong><br />

toutes ses<br />

forces pour éviter la constitution d'un<br />

ghetto et la déportation à ses habitants.<br />

Cet épiso<strong>de</strong> horrible a été<br />

gommé <strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong>s<br />

Roumains, même sous le communisme,<br />

qui s'en sont remis à l'histoire<br />

officielle: nombre <strong>de</strong> Juifs ont été<br />

sauvés grâce à l'intervention du<br />

maréchal Antonescu qui a facilité leur<br />

émigration vers Israël. La réalité est<br />

toute autre. Le dictateur, à l'origine<br />

<strong>de</strong>s lois anti-juives <strong>de</strong> son pays, a<br />

épargné <strong>les</strong> Juifs du Banat, dont l'élimination<br />

était programmée après<br />

1942, parce qu'il était mécontent <strong>de</strong><br />

la politique d'Hitler qu'il jugeait favorable<br />

aux Hongrois, n'ayant pas restitué<br />

la Transylvanie à la Roumanie,<br />

mais aussi parce qu'il a senti le vent<br />

tourné avec la défaite <strong>de</strong> Stalingrad<br />

et qu'il voulait ménager ses arrières.<br />

D'où le mythe du rôle protecteur qu'il<br />

aurait joué. Cela n'empêchera pas<br />

Antonescu d'être fusillé par <strong>les</strong> communistes<br />

en juin 1946 en compagnie<br />

d'Alexianu (on peut voir l'étonnante<br />

vidéo <strong>de</strong> leur exécution sur Google<br />

en tapant sur Internet Executia<br />

Maresalului Ion Antonescu).<br />

<br />

<br />

TULCEA<br />

Gheorghe Alexianu<br />

le Himmler roumain<br />

<br />

Société<br />

Evénements "Voïcu", l'espion<br />

roumain qui traquait Herta Müller<br />

Herta Müller, la lauréate du prix Nobel <strong>de</strong> littérature 2009 qui avait quitté la<br />

Roumanie pour l'Allemagne en 1987, n'en a pas fini avec la Securitate. Dans un<br />

entretien accordé à la chaîne <strong>de</strong> télévision alleman<strong>de</strong> ARD, elle témoigne du choc<br />

qu'elle a ressenti en découvrant dans <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> l'ancienne police politique l'i<strong>de</strong>ntité<br />

<strong>de</strong> l'homme qui l'avait dénoncée et espionnée dans <strong>les</strong> années 1980.<br />

L'espion s'appelle Franz Thomas Schleich. Celui-ci aimait se présenter, lui<br />

aussi, comme écrivain. Au début <strong>de</strong>s années 1980, il quitta Timisoara pour<br />

l'Allemagne. Il se disait alors victime du régime communiste, mais son lien<br />

avec la Securitate était sans doute resté encore opérationnel. Après avoir espionné son<br />

amie Herta Müller en Roumanie, il aurait continué à la surveiller en Allemagne. Dans<br />

<strong>les</strong> dossiers <strong>de</strong> la Securitate, il apparaît sous le nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> "Voïcu", véritable cerbère<br />

<strong>de</strong> l'écrivaine qui dérangeait le régime <strong>de</strong> Ceausescu. Il nota que le premier livre <strong>de</strong><br />

celle-ci, Nie<strong>de</strong>rungen ("Bas-fond"), présentait <strong>de</strong>s "orientations antiétatiques". Avis<br />

suffisant pour mettre en action l'appareil <strong>de</strong> la police politique. Aujourd'hui, résidant à<br />

Ludwigshafen, Franz Thomas Schleich est<br />

<strong>de</strong>venu porte-parole d'un fabricant <strong>de</strong> linoléum.<br />

Il se refuse à tout commentaire.<br />

Née en 1953 dans le village <strong>de</strong><br />

Nitzkidorf, proche <strong>de</strong> Timisoara, Herta<br />

Müller (notre photo) appartient à la minorité<br />

alleman<strong>de</strong> installée en Transylvanie au<br />

XIIIe siècle. Son grand-père, riche fermier<br />

et homme d'affaires, fût exproprié par le<br />

régime après la secon<strong>de</strong> guerre mondiale.<br />

Sa mère sera déportée en URSS, où elle passera cinq ans dans un goulag. Le futur prix<br />

Nobel <strong>de</strong> littérature se retrouvera traductrice dans une usine <strong>de</strong> Timisoara, où la<br />

Securitate lui proposa <strong>de</strong> collaborer. Son refus lui vaudra d'être licenciée.<br />

"Plus <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong> ceux qui sont aujourd'hui<br />

au pouvoir viennent <strong>de</strong> la Securitate"<br />

Aujourd'hui, à 56 ans, Herta Müller appelle à l'ouverture d'enquêtes officiel<strong>les</strong><br />

contre <strong>les</strong> anciens informateurs <strong>de</strong> la Securitate qui habitent en Allemagne. "Si <strong>les</strong><br />

Roumains sont fiers <strong>de</strong> son prix Nobel, souligne Marius Oprea, directeur <strong>de</strong> l'Institut<br />

d'investigation <strong>de</strong>s crimes du communisme, on <strong>de</strong>vrait aussi assumer ce qu'elle nous<br />

dit sur notre passé." "Plus <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong> ceux qui détiennent aujourd'hui le pouvoir en<br />

Roumanie viennent <strong>de</strong> l'ancienne Securitate et se protègent entre eux, affirme Herta<br />

Müller. La Roumanie postcommuniste ne s'est pas débarrassée <strong>de</strong>s horreurs communistes,<br />

dont la délation et l'anéantissement <strong>de</strong> l'intimité étaient <strong>les</strong> mécanismes <strong>les</strong> plus<br />

perfi<strong>de</strong>s. Les services secrets <strong>de</strong> Ceausescu n'ont pas été dissous, ils ont simplement<br />

été rebaptisés Service roumain <strong>de</strong> renseignement". Mirel Bran (Le Mon<strong>de</strong>)<br />

Le gouvernement Boc a adopté<br />

une ordonnance d'urgence<br />

classant 27 substances et 9<br />

plantes ethnobotaniques provoquant <strong>de</strong>s<br />

effets hallucinogènes dans la catégorie<br />

<strong>de</strong>s drogues, interdisant <strong>de</strong> <strong>les</strong> possé<strong>de</strong>r et<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> vendre. Depuis plusieurs mois, <strong>de</strong>s<br />

"magasins <strong>de</strong> rêve" vendaient en toute<br />

légalité <strong>de</strong>s substances (chimiques ou<br />

Marchands <strong>de</strong> rêves interdits<br />

naturel<strong>les</strong>) provoquant <strong>de</strong>s effets similaires<br />

à ceux <strong>de</strong>s drogues, et qui rencontraient<br />

un succès croissant auprès <strong>de</strong>s jeunes<br />

Roumains. Mais la consommation <strong>de</strong><br />

ces produits était loin d'être inoffensive:<br />

quelques décès - dont celui d'un jeune<br />

Bucarestois début février - ont été enregistrés<br />

et <strong>de</strong> nombreux consommateurs<br />

avaient dû être hospitalisés.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Evénements<br />

Numéro<br />

un du<br />

tennis<br />

mondial en 1972 et<br />

1973, Ilie Nastase,<br />

63 ans, n'est pas<br />

seulement un<br />

champion <strong>de</strong> la<br />

raquette comme l'a<br />

rappelé récemment la revue américaine "Maxim"… il se classe<br />

aussi n° 6 <strong>de</strong>s séducteurs <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes, avec 2500<br />

conquêtes, <strong>de</strong>vançant Hugh Hefner, le fondateur <strong>de</strong><br />

"Playboy", et l'acteur Jack Nicholson. A son palmarès, notamment<br />

la chanteuse Diana Ross. Mo<strong>de</strong>ste, le tennisman conteste<br />

cependant quelques dizaines <strong>de</strong> victoires qui lui sont attribuées,<br />

indiquant que dans ces cas-là, il s'était contenté <strong>de</strong> prendre<br />

une douche bienfaitrice avec sa partenaire.<br />

Fidèle à sa réputation, le vainqueur <strong>de</strong> Rolland Garos a<br />

Bien décidée à nettoyer sa maison<br />

<strong>de</strong> fond en comble pour<br />

Noël, une Roumaine a jeté<br />

une paire <strong>de</strong> vieil<strong>les</strong> bottes où son mari<br />

avait caché 40 000 €, faisant le bonheur<br />

- <strong>de</strong> courte durée - d'une famille pauvre<br />

<strong>de</strong> la ville d'Alba Iulia. Le couple propriétaire<br />

<strong>de</strong>s "bottes tirelire" s'est aperçu <strong>de</strong> la<br />

méprise lors <strong>de</strong> la fête du nouvel an, partant<br />

immédiatement sur <strong>les</strong> traces <strong>de</strong>s<br />

bottes, a raconté à l'AFP une porte-parole<br />

<strong>de</strong> la police locale.<br />

Le mari avait caché <strong>les</strong> économies du<br />

Nicolae Ceausescu n'est pas venu chercher son titre <strong>de</strong> Docteur Honoris<br />

Causa attribué par l'université <strong>de</strong> Nice en 1975. Pourtant, post-mortem,<br />

ce titre continue <strong>de</strong> l'honorer. Joint au téléphone par L'Express, la porteparole<br />

<strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la faculté a admis que la faculté ne l'a toujours pas <strong>de</strong>stitué.<br />

Le campus était d'ailleurs bien embarrassé lorsque, en octobre 2008, le député<br />

UMP <strong>de</strong>s Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, a soulevé le lièvre.<br />

Convié par l'Université à une autre cérémonie <strong>de</strong> remise <strong>de</strong> Doctora honoris<br />

causa, il refusa alors d'y participer, au motif que si l'ancien dictateur avait été honoré<br />

par la même distinction, celle-ci perdait <strong>de</strong> sa signification. Né d'un père roumain<br />

qui a fui le nazisme puis le communisme <strong>de</strong> son pays, Lionnel Luca n'apprécie vraiment<br />

pas "le silence qui pèse sur cette affaire". La lettre que le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'université<br />

lui a adressé, le 5 novembre <strong>de</strong>rnier indique que Nicolae Ceausescu conserve<br />

son titre honorifique "la réglementation ne permettant pas <strong>de</strong> revenir sur cette décision".<br />

Son nom figure donc toujours sur la liste <strong>de</strong>s Docteurs <strong>de</strong> l'Université, aux<br />

côtés <strong>de</strong> l'économiste Oliver Williamson, récemment nobélisé, ou <strong>de</strong> l'ancien secrétaire<br />

général <strong>de</strong> l'ONU, Boutros Boutros Ghali. Ils apprécieront.<br />

Société<br />

2500 sets gagnants pour Ilie Nastase…<br />

qui perd cependant la balle <strong>de</strong> match<br />

couple dans <strong>les</strong> bottes car il se méfiait <strong>de</strong>s<br />

banques après avoir perdu <strong>de</strong> l'argent lors<br />

<strong>de</strong> la faillite <strong>de</strong> caritas, un fonds d'investissement<br />

pyramidal. Après quelques<br />

jours <strong>de</strong> vaines recherches, le couple a<br />

appelé <strong>les</strong> autorités roumaines à l'ai<strong>de</strong>.<br />

La police a récupéré très rapi<strong>de</strong>ment<br />

30 000 <strong>de</strong>s 40 000 €. Les bottes avaient<br />

été en effet trouvées par une femme qui<br />

gagne sa vie en faisant <strong>les</strong> poubel<strong>les</strong>.<br />

Cette <strong>de</strong>rnière, qui habite avec son mari<br />

et leurs dix enfants dans une baraque d'un<br />

quartier pauvre <strong>de</strong> la ville, avait profité <strong>de</strong><br />

Ceausescu toujours docteur<br />

Honoris Causa <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Nice !...<br />

commis un impair à l'automne <strong>de</strong>rnier, surpris dans ses ébats<br />

avec une admiratrice <strong>de</strong> 19 ans. Amalia, sa ravissante troisième<br />

femme, <strong>de</strong> 30 ans sa ca<strong>de</strong>tte, rencontrée en 1996 à Paris<br />

lors d'un concert <strong>de</strong> Sting, alors qu'elle n'avait que 20 ans, ne<br />

l'a pas supporté et a <strong>de</strong>mandé le divorce. Officiellement le couple,<br />

qui a <strong>de</strong>ux enfants, se sépare bons amis. Il est vrai que la<br />

jeune femme a eu la bonne idée <strong>de</strong> récupérer la gestion <strong>de</strong>s<br />

affaires <strong>de</strong> son volage <strong>de</strong> mari et <strong>de</strong>vrait se voir attribuer une<br />

grosse part <strong>de</strong>s 7 millions d'euros qu'il avait mis <strong>de</strong> côté.<br />

L'ancien tennisman a investi dans <strong>de</strong>s terrains, <strong>de</strong>s entreprises<br />

<strong>de</strong> boisson, gère le tournoi <strong>de</strong> Rolland Garros et détient<br />

90 % <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> la chaîne Mc'Donald <strong>de</strong> Moldavie. Outre<br />

<strong>de</strong>s propriétés en Roumanie, il possè<strong>de</strong> un château à 200 km<br />

<strong>de</strong> Paris et un appartement <strong>de</strong> 3 M€ avenue Foch, acheté voici<br />

2 ans, avant que la crise ne réduise d'un tiers sa fortune. Habitué<br />

à être "plumé" par ses anciennes épouses, le champion aux<br />

2500 sets gagnants, a-t-il perdu la balle <strong>de</strong> match ? Jusqu'ici, il<br />

a toujours su monter au filet pour se remettre dans le jeu.<br />

Les bottes du Père Noël<br />

l'argent miraculeux pour acheter une maison<br />

valant environ 20 000 €.<br />

La vente a été annulée. Les propriétaires<br />

<strong>de</strong>s bottes ont ainsi récupéré <strong>les</strong><br />

trois quarts <strong>de</strong> la somme. Le reste,<br />

10 000 €, avait déjà été dépensé par la<br />

famille pauvre.<br />

La femme, qui avait trouvé <strong>les</strong> bottes<br />

contenant ce ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong> Noël inespéré, est<br />

désormais sous le coup d'une enquête<br />

pour "appropriation <strong>de</strong> biens trouvés" et<br />

risque trois mois à un an <strong>de</strong> prison ou une<br />

amen<strong>de</strong>.<br />

… Et marque déposée<br />

Le fils aîné du dictateur,<br />

Valentin Ceausescu, a <strong>de</strong>mandé<br />

sans succès l'interdiction <strong>de</strong><br />

la pièce Les <strong>de</strong>rnières heures <strong>de</strong> Nicolae<br />

et Elena Ceausescu qui reconstitue le<br />

procès <strong>de</strong> ses parents, et un leu <strong>de</strong> dommages<br />

et intérêt au théâtre <strong>de</strong> l'Odéon <strong>de</strong><br />

Bucarest qui la présente.<br />

Avec son beau-frère - le mari <strong>de</strong> sa<br />

sœur, Zoia, décédée, comme le troisième<br />

enfant du couple Ceausescu, Nicu - il a<br />

déposé voici <strong>de</strong>ux ans le label<br />

"Ceausescu" auprès <strong>de</strong> l'OSIM (Office<br />

d'Etat pour la protection <strong>de</strong> Inventions et<br />

<strong>de</strong>s Marques), afin que ce nom ne puisse<br />

pas être utilisé à <strong>de</strong>s fins commercia<strong>les</strong>,<br />

sans l'accord <strong>de</strong> ses propriétaires.<br />

23


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

24<br />

ORADEA<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

SATU<br />

MARE<br />

CLUJ <br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

CRAIOVA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

GIURGIU <br />

SUCEAVA<br />

IASI CHISINAU<br />

<br />

<br />

SF. GHEORGHE<br />

<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

“Massacre” <strong>de</strong> Balc:<br />

bien mal acquis...<br />

Depuis cinq ans, l'ancien tenisman,<br />

<strong>de</strong>venu milliardaire, Ion Tiriac,<br />

invite en janvier ses partenaires d'affaires<br />

roumains et étrangers - banquiers<br />

allemands et autrichiens, dirigeants<br />

<strong>de</strong> Merce<strong>de</strong>s, etc. - à participer<br />

pendant un week-end à une<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> chasse dans l'immense<br />

propriété <strong>de</strong> Balc, proche<br />

d'Ora<strong>de</strong>a, qu'il a obtenue en jouissance<br />

<strong>de</strong> l'Etat pour une <strong>de</strong>mi-bouchée<br />

<strong>de</strong> pain. Traditionnellement la<br />

battue tourne au massacre, comme à<br />

l'époque <strong>de</strong> Ceausescu, et <strong>les</strong> hommes<br />

politiques s'y font plus discrets,<br />

<strong>de</strong> peur d'être épinglés par la presse.<br />

Les invités, venus en jets privés,<br />

sont conduits sur <strong>les</strong> lieux en limousines<br />

<strong>de</strong> luxe.<br />

Cette année, la trentaine <strong>de</strong> personnalités<br />

invitées n'ont cependant<br />

pas pu se régaler <strong>de</strong> leur tableau <strong>de</strong><br />

chasse. Cinq <strong>de</strong>s 160 sangliers abattus<br />

se sont révèlés être touchés par<br />

la trichinellose, selon la Direction<br />

sanitaire et vétérinaire (DSVSA) du<br />

département <strong>de</strong> Bihor, qui avait<br />

effectué <strong>de</strong>s analyses préalablement<br />

au festin. Tout le complexe <strong>de</strong> chasse<br />

<strong>de</strong> Balc est donc considéré<br />

comme une zone infestée <strong>de</strong> trichines,<br />

ces petits vers qui se développent<br />

dans <strong>les</strong> intestins <strong>de</strong> plusieurs<br />

mammifères, notamment l'homme, et<br />

qui se transmettent par la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

porc crue ou insuffisamment cuite.<br />

Les cinq spécimens infestés ont été<br />

"détruits" par une société spécialisée<br />

et le reste <strong>de</strong>s sangliers "sains" amenés<br />

dans un abattoir, leur vian<strong>de</strong><br />

étant ensuite distribuée gratuitement<br />

dans <strong>de</strong>s foyers d'enfants et <strong>de</strong> personnes<br />

âgées.<br />

<br />

Société<br />

Evénements<br />

La princesse Lia<br />

donne naissance à un héritier à 61 ans<br />

A61 ans, la princesse Lia, d'origine américaine, a donné naissance début janvier<br />

à un garçon <strong>de</strong> 2,2 kg à la maternité Regina Maria <strong>de</strong> Bucarest. Le<br />

bébé a été baptisé dans le rite orthodoxe. Son père, Paul <strong>de</strong> Roumanie, 62<br />

ans, né à Paris, est le petit-fils du Roi Carol II, et le fils <strong>de</strong> Carol-Mircea, légitimé par<br />

son père en 1955. Ce <strong>de</strong>rnier était issu du premier mariage <strong>de</strong> Carol II, avec Zizi<br />

Lambrino, en 1918. Cette union avait été dissoute sur ordre du Roi Ferdinand. Il s'en<br />

suit <strong>de</strong>puis une querelle <strong>de</strong> succession entre Paul qui revendique le titre <strong>de</strong> prince héritier<br />

et le Roi Michel. Celui-ci n'a en effet pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendant mâle qui pourrait être appelé<br />

à lui succé<strong>de</strong>r, selon <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> en cours.<br />

La naissance du fils <strong>de</strong> Paul <strong>de</strong><br />

Roumanie pourrait relancer ses prétentions.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier ne s'en cache d'ailleurs pas: il a<br />

prénommé son <strong>de</strong>scendant Carol-Ferdinand<br />

<strong>de</strong> Roumanie, du nom <strong>de</strong> son grand-père et<br />

arrière grand-père, souverains <strong>de</strong> Roumanie.<br />

La presse roumaine n'a pas tardé à se<br />

gausser <strong>de</strong> cette naissance tardive, <strong>de</strong>venue<br />

une spécialité du pays. En 2005, Adriana<br />

Iliescu une Roumanie <strong>de</strong> 67 ans avait donné<br />

le jour à une fillette, <strong>de</strong>venant la plus vieille maman du mon<strong>de</strong>. Depuis elle a été dépassée<br />

par une Espagnole, puis une Indienne, âgée <strong>de</strong> 72 ans. De nombreuses mères sur le<br />

tard viennent toujours lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r conseil. A noter qu'Adriana Iliescu n'a aucun lien<br />

<strong>de</strong> parenté avec Ion Iliescu. L'ancien prési<strong>de</strong>nt ne souhaite pas agrandir sa <strong>de</strong>scendance.<br />

Régler ses problèmes <strong>de</strong> succession au PSD lui suffit…<br />

Une femme <strong>de</strong> 240 kg met<br />

au mon<strong>de</strong> un bébé <strong>de</strong> 2,9 kg<br />

Une Roumaine <strong>de</strong> 240 kg a accouché<br />

à l'hôpital universitaire d'urgence <strong>de</strong><br />

Bucarest d'une petite fille <strong>de</strong> 2,9 kg.<br />

L'accouchement s'est fait par césarienne.<br />

L'enfant est sain et la mère se trouve dans<br />

un état stable, même si <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins ont<br />

fait savoir qu'il la gar<strong>de</strong>rait en observation.<br />

La mère, âgée <strong>de</strong> 25 ans, et originaire<br />

<strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Draghiceni (su<strong>de</strong>st),<br />

a d'abord été amenée à l'hôpital<br />

départemental <strong>de</strong> Craiova. Les tab<strong>les</strong><br />

d'opération ne pouvant supporter plus <strong>de</strong><br />

170 kg, elle a été transportée à Bucarest.<br />

Adoption plus rapi<strong>de</strong> ?<br />

L'office National <strong>de</strong> l'Adoption soutient<br />

un projet <strong>de</strong> loi qui permettrait aux<br />

bébés abandonnés à la maternité d'être<br />

adoptab<strong>les</strong> 30 jours après la délivrance du<br />

certificat <strong>de</strong> naissance. Ceux dont <strong>les</strong><br />

parents sont inconnus pourraient être<br />

adoptés un an et <strong>de</strong>ux mois après leur arrivée<br />

à l'orphelinat. A l'heure actuelle, on<br />

compte environ 4000 orphelins en<br />

Roumanie et seuls 800 sont adoptab<strong>les</strong>.<br />

Chiens errants<br />

<strong>de</strong> Bucarest et Chisinau<br />

A savoir<br />

Chisinau et Bucarest partagent le<br />

même fléau: <strong>les</strong> chiens errants. Alors que<br />

dans la capitale roumaine, 10 000 personnes<br />

auraient été mordues au cours <strong>de</strong>s<br />

trois <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> 2009, soit une centaine<br />

par jour (chiffre qui paraît invraisemblable<br />

par son énormité), sa consoeur<br />

moldave compte 20 000 <strong>de</strong> ses animaux<br />

sans maîtres, 2138 ayant été capturés au<br />

cours du mois <strong>de</strong> janvier.<br />

La mairie <strong>de</strong> Chisinau envisage désormais<br />

<strong>de</strong> faire euthanasier ceux qui ne<br />

seraient pas réclamés dans <strong>les</strong> dix jours,<br />

<strong>de</strong> même que celle <strong>de</strong> Bucarest qui<br />

reviendrait à cette pratique, instituée par<br />

Traian Basescu lorsqu'il était maire, puis<br />

abandonnée après une visite <strong>de</strong> Brigitte<br />

Bardot sur place, où 100 000 chiens<br />

errants sont dénombrés pour moins <strong>de</strong><br />

3000 places dans <strong>les</strong> refuges. L’actrice a<br />

d’ailleurs vigoureusement protesté.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Evénements<br />

La Roumanie <strong>de</strong>vra verser 10 000 euros d'in<strong>de</strong>mnité<br />

à un détenu privé <strong>de</strong> prothèse <strong>de</strong>ntaire et victime,<br />

<strong>de</strong> surcroît, d'un procès inéquitable après le viol <strong>de</strong><br />

sa grand-mère âgée <strong>de</strong> 83 ans, a décidé la Cour européenne <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> l'Homme.<br />

E<strong>de</strong>nté, le plaignant, 41 ans, purge une peine <strong>de</strong> 10 ans <strong>de</strong><br />

prison à Giurgiu (sud <strong>de</strong> la Roumanie) pour le viol en 20<strong>01</strong> <strong>de</strong><br />

sa grand-mère sénile qui l'hébergeait et qui est morte quelques<br />

mois plus tard, ainsi que pour le vol à main armée d'un kilo <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> chez sa voisine, alors qu'il était en état d'ébriété.<br />

Souffrant <strong>de</strong> graves problèmes <strong>de</strong> santé chroniques -<br />

digestifs, hépatiques, psychiatriques et cardiaques -, le détenu<br />

a perdu ses <strong>de</strong>rnières <strong>de</strong>nts en prison et il avait besoin d'une<br />

prothèse <strong>de</strong>ntaire, ce qui fut médicalement constaté en prison.<br />

Mais il ne pouvait pas la payer et son assurance maladie refusait<br />

<strong>de</strong> prendre cette dépense en charge.<br />

Les habitants <strong>de</strong> Sfântu<br />

Gheorghe (Covasna), n'auraient<br />

jamais cru que Zsolt (30<br />

ans) et Stefan (29 ans), <strong>les</strong> garçons qui<br />

ont réalisé le spectacle <strong>de</strong> lasers pour la<br />

fête du saint patron <strong>de</strong> la ville, seraient <strong>les</strong><br />

maîtres d'œuvre <strong>de</strong> la cérémonie d'ouverture<br />

<strong>de</strong>s Jeux olympiques <strong>de</strong> Vancouver,<br />

Les Islandais n'ont pas fini <strong>de</strong> payer l'addition <strong>de</strong> la<br />

crise financière. Leur niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>vrait encore<br />

reculer <strong>de</strong> 16,5 % en <strong>2<strong>01</strong>0</strong>. Les ventes d'automobi<strong>les</strong><br />

ont baissé <strong>de</strong> 85 % en un an, cel<strong>les</strong> d'électroménager <strong>de</strong><br />

60 % et McDonald's a fermé. Du jour au len<strong>de</strong>main, en octobre<br />

2008, lors <strong>de</strong> l'implosion <strong>de</strong> son système bancaire, l'Islan<strong>de</strong>,<br />

l'un <strong>de</strong>s pays <strong>les</strong> plus riches <strong>de</strong> la Terre, en tête du palmarès du<br />

développement humain, est <strong>de</strong>venue une nation en déroute<br />

Madonna récompensée<br />

Société<br />

La Roumanie <strong>de</strong>vra verser 10 000 €<br />

au détenu privé <strong>de</strong> prothèse <strong>de</strong>ntaire<br />

écrit le quotidien roumain Gandul.<br />

Pour ces <strong>de</strong>ux-là, <strong>les</strong> choses avaient<br />

pourtant commencé dans la douleur.<br />

Programmeurs informatiques <strong>de</strong> profession,<br />

ils ont perdu leurs emplois et ont<br />

alors choisi <strong>de</strong> créer leur propre société,<br />

SC Savvy SRL. Ils ont ensuite conclu un<br />

partenariat avec une société alleman<strong>de</strong><br />

Le "roi" autoproclamé <strong>de</strong>s Roms, le<br />

Roumain Florin Cioaba, a annoncé qu'il<br />

offrirait une plaque en or à la star américaine<br />

Madonna pour la remercier <strong>de</strong> son message contre<br />

<strong>les</strong> discriminations envers <strong>les</strong> Roms adressé l'été <strong>de</strong>rnier<br />

à l'occasion d'un concert à Bucarest. "Madonna a<br />

un très grand mérite. Elle a pu sensibiliser le mon<strong>de</strong><br />

entier aux discriminations" dont sont victimes <strong>les</strong> Roms, a déclaré le roi au cours<br />

d'une conférence <strong>de</strong> presse à Sibiu, où il rési<strong>de</strong>. La plaque a été commandée à un<br />

bijoutier d'Italie et sera fabriquée en or <strong>de</strong> 24 carats. En août, Madonna s'était déclarée<br />

"attristée" par <strong>les</strong> "discriminations envers <strong>les</strong> Roms et <strong>les</strong> Tziganes, très présentes<br />

en Europe <strong>de</strong> l'Est". Plusieurs milliers <strong>de</strong> spectateurs sur <strong>les</strong> quelque 60 000 présents<br />

au concert avaient hué la chanteuse américaine après son discours.<br />

Pour la Cour européenne, qui observe qu'à ce jour, le détenu<br />

n'a toujours pas obtenu <strong>de</strong> prothèse <strong>de</strong>ntaire, cette situation<br />

constitue un traitement inhumain et dégradant.<br />

En ce qui concerne son procès, <strong>les</strong> juges européens relèvent<br />

que sa condamnation repose essentiellement sur une<br />

déclaration <strong>de</strong> la victime et qu'aucune autre mesure n'a été<br />

prise pour vérifier <strong>les</strong> déclarations et la crédibilité <strong>de</strong> cette<br />

vieille dame, en dépit <strong>de</strong>s dénégations du requérant.En particulier,<br />

aucun prélèvement ADN n'a été effectué sur la victime<br />

après le viol et aucune trace <strong>de</strong> l'agression n'a été recherchée<br />

par <strong>les</strong> policiers lors <strong>de</strong> l'enquête.<br />

Pour la Cour Européenne, l'équilibre entre <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> la<br />

victime et <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> la défense n'ont pas été respectés, car le<br />

détenu n'a pas eu la possibilité <strong>de</strong> se défendre <strong>de</strong>s accusations<br />

portées contre lui. Les juges européens ont accordé 10 000<br />

euros au requérant au titre du dommage moral.<br />

Deux jeunes <strong>de</strong> Covasna au firmament...<br />

qui propose une technologie permettant<br />

la réalisation <strong>de</strong> grands spectac<strong>les</strong> comme<br />

celui <strong>de</strong> l'inauguration <strong>de</strong>s Jeux <strong>de</strong><br />

Vancouver. Aujourd'hui, cette petite<br />

société dirigée par <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux Roumains<br />

appartenant à la minorité hongroise <strong>de</strong><br />

Transylvanie est le numéro <strong>de</strong>ux mondial<br />

dans ce domaine.<br />

Quand l'Islan<strong>de</strong> imite Ceausescu<br />

découvrant qu'elle avait cédé à la folie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs, illustrée<br />

dans le centre <strong>de</strong> Reykjavik par la construction d'un immense<br />

palais <strong>de</strong> la musique et <strong>de</strong>s congrès. La ville et l'Etat ont décidé<br />

<strong>de</strong> finir le gros oeuvre, après avoir hésité à en faire un<br />

monument souvenir <strong>de</strong> l'effondrement. Ramené à la population,<br />

c'est un chantier qui dépasse en coût et en dimensions le<br />

palais <strong>de</strong> Ceausescu à Bucarest, relève la presse, à ceci près<br />

que, gagné sur la mer, il ne se substitue pas à un habitat ancien.<br />

Retour <strong>de</strong> nombreux<br />

mendiants à Lour<strong>de</strong>s<br />

Avec l'affluence <strong>de</strong>s pèlerins<br />

liée à la fête Notre-Dame <strong>de</strong><br />

Lour<strong>de</strong>s, en particulier début<br />

février, <strong>les</strong> mendiants originaires <strong>de</strong>s pays<br />

<strong>de</strong> l'Est, essentiellement <strong>de</strong>s tsiganes <strong>de</strong><br />

Roumanie, sont <strong>de</strong> retour, à tous <strong>les</strong> coins<br />

<strong>de</strong> rue. Ce sont souvent <strong>de</strong>s femmes avec<br />

<strong>de</strong>s enfants dans <strong>les</strong> bras, exploités par <strong>de</strong>s<br />

réseaux, soumis au grand froid <strong>de</strong> cet<br />

hiver glacial, que l'on croise sur <strong>les</strong> trottoirs<br />

et qui font la mendicité <strong>de</strong>vant <strong>les</strong><br />

commerces d'objets <strong>de</strong> piété.<br />

25


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

26<br />

<br />

SATU<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU IASI <br />

MURES BACAU <br />

ARAD<br />

<br />

<br />

HUNEDOARA<br />

VASLUI<br />

SIBIU<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

PLOIESTI GALATI <br />

<br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Coup <strong>de</strong> filet à Iasi<br />

Les procureurs <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s<br />

investigations sur le crime organisé<br />

<strong>de</strong> Iasi ont démantelé à la mi-janvier<br />

un réseau criminel dirigé par le clan<br />

<strong>de</strong>s Corduneanu et leur lea<strong>de</strong>r,<br />

Bogdan Constantin. Ce réseau était<br />

spécialisé dans le trafic <strong>de</strong> personnes<br />

- prostitution, mendicité ou vol -<br />

et la frau<strong>de</strong> financière. Il a opéré<br />

dans toute la Roumanie <strong>de</strong> 2006 à<br />

2009. 457 perquisitions ont été effectuées<br />

en une journée à Iasi et<br />

Brasov et 30 personnes, dont<br />

Bogdan Constantin, ont été mises en<br />

examen.<br />

Voleurs… <strong>de</strong> pont !<br />

La police a surpris une équipe <strong>de</strong><br />

malfaiteurs en train <strong>de</strong> démonter un<br />

pont ferroviaire désaffecté et laissé à<br />

l'abandon dans <strong>les</strong> environs <strong>de</strong><br />

Voluntari, à Bucarest, et s'apprêtant à<br />

embarqué <strong>les</strong> matériaux récupérés,<br />

dont la ferraille, particulièrement prisée,<br />

à bord <strong>de</strong> trois camions à <strong>de</strong>stination<br />

<strong>de</strong> Constantsa. Deux <strong>de</strong>s<br />

chauffeurs ont réussi à s'enfuir, le<br />

troisième étant intercepté. Une première<br />

tentative avait déjà eu lieu et<br />

échoué voici <strong>de</strong>ux ans<br />

Jean-Paul Gaultier<br />

copié à Sibiu<br />

Le créateur <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> Jean-Paul<br />

Gaultier a porté plainte contre une<br />

société <strong>de</strong> Sibiu qui a écoulé 19 000<br />

flacons <strong>de</strong> parfum contrefait à son<br />

nom, portant sa griffe et celle d'Hugo<br />

Boss, à la suite <strong>de</strong> la saisie d'un<br />

camion, qui en était rempli et dont la<br />

valeur dépasse 2 M€. Jean-Paul<br />

Gaultier a <strong>de</strong>mandé 760 000 € <strong>de</strong><br />

dommages et intérêts ainsi que la<br />

<strong>de</strong>struction du stock saisi.<br />

<br />

Faits divers<br />

Société<br />

Les trafiquants <strong>de</strong><br />

dinosaures piégés par Internet<br />

Trois habitants du ju<strong>de</strong>t d'Hunedoara ont été<br />

inculpés pour avoir vendu au marché noir<br />

<strong>de</strong>s ossements <strong>de</strong> dinosaures provenant d'un<br />

site archéologique situé près <strong>de</strong> la commune Général<br />

Berthelot. Lors <strong>de</strong> la perquisition effectuée à leur<br />

domicile, <strong>les</strong> policiers ont trouvé 115 objets qu'ils tentaient<br />

d'écouler par Internet, notamment auprès <strong>de</strong> collectionneurs<br />

autrichiens. Une démarche qui <strong>les</strong> a perdus, car sur leur catalogue figurait<br />

une photo d'une receleuse présentant <strong>de</strong>ux fragments d'os, ce qui a permis aux<br />

enquêteurs <strong>de</strong> remonter jusqu'à eux. La région d'Hunedoara est très riche en vestiges<br />

archéologiques, paléontologiques dont le géoparc <strong>de</strong> dinosaures du Pays d'Hateg, ou<br />

<strong>de</strong> l'époque romaine comme Ulpia Traiana Sarmizegetusa, et <strong>les</strong> trafics et braconniers<br />

y sont nombreux. Le plus célèbre vol remonte à 2007. Il concerne <strong>les</strong> bracelets daces<br />

en or qui ont valu aux 11 habitants <strong>de</strong> la région impliqués dans l'affaire et qui tentaient<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> revendre à l'étranger d'être condamnés à un total <strong>de</strong> 104 années <strong>de</strong> prison.<br />

Les voleurs <strong>de</strong> voitures préfèrent Volkswagen<br />

D'après <strong>les</strong> statistiques <strong>de</strong> la<br />

police roumaine, environ<br />

5000 véhicu<strong>les</strong> ont été dérobés<br />

l'an passé, <strong>les</strong> marques préférées <strong>de</strong>s<br />

voleurs étant, dans l'ordre, Volkswagen,<br />

Merce<strong>de</strong>s, Audi, BMW et Dacia. La moi-<br />

Le service <strong>de</strong>s voieries <strong>de</strong> Ploiesti a comptabilisé le nombre <strong>de</strong> trous que<br />

comptaient <strong>les</strong> chaussées <strong>de</strong> la ville ainsi que leur profon<strong>de</strong>ur. Il est arrivé<br />

à un total <strong>de</strong> 2755 m2, certains atteignant 20 cm <strong>de</strong> hauteur. Les travaux <strong>de</strong><br />

réparation, qui <strong>de</strong>vaient commencer au printemps, ont été estimés à 55 000 €.<br />

Tous <strong>les</strong> faits <strong>de</strong> roumains doivent<br />

être signalés", dixit une<br />

affichette "Info Sûreté", siglée<br />

SNCF, trouvée dans un TER Midi-<br />

Pyrénées fin janvier. L'écrivain-riverain<br />

Mouloud Akkouche effectue le trajet<br />

Foix-Toulouse, à bord d'un TER Midi-<br />

Pyrénées. Il découvre, placardée dans <strong>les</strong><br />

wagons, l'affichette suivante:<br />

"Ces <strong>de</strong>rnières semaines <strong>de</strong>s soucis<br />

ont été rencontrés avec <strong>de</strong>s Roumains. En<br />

effet <strong>de</strong> nombreux vols <strong>de</strong> bagages ont été<br />

constatés. Nous vous <strong>de</strong>mandons <strong>de</strong><br />

redoubler <strong>de</strong> vigilance.<br />

Par ailleurs tous <strong>les</strong> faits <strong>de</strong> roumains<br />

doivent être signalés au PCNS"<br />

(PC national sûreté <strong>de</strong> la SNCF, ndlr).<br />

Il arrache alors ce qu'il pense être un<br />

canular. Pris d'un doute, il compose le<br />

tié seulement ont été retrouvés. La police<br />

a dénombré 3876 voitures <strong>de</strong> tourisme<br />

qui ont été volées, 724 motos et cyclomoteurs,<br />

125 camions, bus, autocars,y compris<br />

<strong>de</strong>s tracteurs ou engins <strong>de</strong> travaux<br />

publics.<br />

2755 m2 <strong>de</strong> trous dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> Ploiesti<br />

Dans le TER, une scandaleuse<br />

affiche SNCF qui stigmatise <strong>les</strong> Roumains<br />

numéro inscrit et tombe… sur la SNCF. Il<br />

scanne alors l'affiche et l'envoie à Rue89.<br />

Contacté par le site média, le service <strong>de</strong><br />

communication <strong>de</strong> la SNCF en Midi-<br />

Pyrénées reconnaît que "cette note a bien<br />

existé. Elle a été affichée dans certains<br />

TER <strong>de</strong> la région. Début février, <strong>de</strong>s<br />

agents SNCF nous ont alertés. Les affichettes<br />

ont immédiatement été retirées.<br />

C'est un responsable <strong>de</strong> l'entité contrôleurs<br />

à la SNCF Midi-Pyrénées qui a eu<br />

cette initiative malheureuse. Une enquête<br />

est en cours en interne, pour déterminer<br />

comment cela a pu se produire".<br />

La SNCF s'est excusée. Selon elle,<br />

aucun passager ne s'est plaint <strong>de</strong> la note,<br />

qui serait restée affichée plus d'une<br />

semaine, et aucun "fait <strong>de</strong> Roumains" n'a<br />

été signalé.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Justice<br />

La juge Florica Bejinaru (tribunal <strong>de</strong> Mehedinti,<br />

Turnu Severin) a été élue prési<strong>de</strong>nte du Conseil<br />

supérieur <strong>de</strong> la magistrature (CSM). Elle a été préférée<br />

aux <strong>de</strong>ux autres candidats en lice, la juge Ana Labus<br />

(Iasi) et Liviu Dasca<strong>les</strong>cu, procureur général adjoint au<br />

Parquet <strong>de</strong> la cour d'appel <strong>de</strong> Bucarest. Elle succè<strong>de</strong> à Virgil<br />

Andreies à la tête <strong>de</strong> l'institution pour un mandat d'un an.<br />

Derrière son regard sévère et sa présence distante, la juge<br />

Florica Bejinariu, 48 ans, cache un passé trouble qui éclabousse<br />

une institution judiciaire roumaine, déjà l'objet <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s<br />

controverses. Le CNSAS affirme qu'elle a été sollicitée par la<br />

Securitate en mai 1987. Sous le pseudonyme d'"Alexandra<br />

Stefanescu", celle qui était alors une jeune juriste <strong>de</strong> 26 ans<br />

avait pour mission <strong>de</strong> surveiller <strong>les</strong> employés <strong>de</strong> la société <strong>de</strong><br />

textile où elle travaillait. Une mission "inoffensive", s'est-elle<br />

défendue. En 2006, la justice l'avait blanchie <strong>de</strong>s accusations<br />

<strong>de</strong> collaboration avec la Securitate, mais pour vice <strong>de</strong> forme.<br />

L'Union nationale <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong> Roumanie, affiliée au<br />

Me<strong>de</strong>l (Magistrats européens pour la démocratie et <strong>les</strong> libertés),<br />

considère au contraire que c'est "un coup dur pour la justice<br />

roumaine (que d'être) représentée par une personne dont<br />

le passé est entaché par la collaboration avec la Securitate,<br />

l'organe <strong>de</strong> répression du régime communiste". "D'un point <strong>de</strong><br />

vue moral, Florica Bejinariu n'a pas le droit <strong>de</strong> diriger l'institution<br />

qui est garante <strong>de</strong> l'indépendance <strong>de</strong> la justice", ajoute<br />

le communiqué <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s juges.<br />

Des experts en violation<br />

<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Homme <strong>de</strong>venus juges<br />

20 ans après la chute d’une <strong>de</strong>s dictatures communistes <strong>les</strong><br />

plus dures d'Europe, le malaise provoqué par la présence avérée<br />

<strong>de</strong> l'ancienne Securitate dans le camp <strong>de</strong>s magistrats tombe<br />

mal. Bucarest est constamment critiquée par la Commission<br />

européenne concernant le retard pris par la réforme <strong>de</strong> la justice<br />

et la lutte contre la corruption. Coïnci<strong>de</strong>nce, Florica<br />

Bejinariu a été élue au moment où <strong>de</strong>s experts <strong>de</strong> l'Union<br />

Européenne (UE) - dont la Roumanie est membre <strong>de</strong>puis 2007<br />

- arrivaient à Bucarest pour évaluer la justice roumaine. Leur<br />

rapport <strong>de</strong>vait être publié prochainement. Or, la présence d'anciens<br />

membres <strong>de</strong> la Securitate dans l'appareil judiciaire<br />

explique probablement en partie la lenteur <strong>de</strong>s réformes.<br />

Les dix-sept automobilistes qui<br />

avaient entamé ces trois <strong>de</strong>rnières<br />

années <strong>de</strong>s procès contre<br />

la mairie <strong>de</strong> Sibiu parce que leurs voi-<br />

Société<br />

La magistrature est noyautée par d'anciens agents <strong>de</strong> la Securitate<br />

L'honneur perdu <strong>de</strong> Florica Bejinariu<br />

Depuis son élection, le 11 janvier, à la tête <strong>de</strong> la plus haute instance judiciaire roumaine, le Conseil supérieur <strong>de</strong> la<br />

magistrature (CSM), Florica Bejinariu pose un problème aux représentants <strong>de</strong> la loi en Roumanie. La magistrate aurait<br />

collaboré dans <strong>les</strong> années 1980 avec la police politique communiste, selon <strong>de</strong>s <strong>document</strong>s révélés par le Conseil national d'étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la Securitate (CNSAS), une institution publique.<br />

tures avaient été endommagées par <strong>les</strong><br />

trous parsemant <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> la ville ont été<br />

systématiquement déboutés par <strong>les</strong> juges.<br />

Raison invoquée et ressortie d'un alinéa<br />

Et cette présence est<br />

semble-t-il massive. Après<br />

avoir fait tomber Nicolae<br />

Ceausescu en décembre<br />

1989, Ion Iliescu - apparatchik<br />

communiste en disgrâce<br />

pendant <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières<br />

années <strong>de</strong> la dictature - et<br />

son équipe ont ménagé <strong>les</strong><br />

anciens officiers <strong>de</strong> la<br />

Securitate. Mieux, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong><br />

autorités ont offert<br />

aux agents <strong>de</strong> la police<br />

politique <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir magistrats<br />

sur la base <strong>de</strong> diplômes<br />

obtenus sur <strong>les</strong> bancs <strong>de</strong> l'école <strong>de</strong> la Securitate.<br />

"A l'époque <strong>de</strong> la dictature, le travail <strong>de</strong> ces gens consistait<br />

à violer <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l'homme, affirme Germina Nagatz,<br />

chargée du département d'investigation du CNSAS. Comment<br />

ont-ils pu, du jour au len<strong>de</strong>main, <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong><br />

la loi? Sur la base <strong>de</strong> quel<strong>les</strong> compétences leurs diplômes <strong>de</strong><br />

la Securitate leur ont-ils assuré une place dans le système juridique<br />

? S'ils étaient si bons, pourquoi ne sont-ils pas allés<br />

dans le privé, comme avocats ? Pourquoi voulaient-ils à tous<br />

prix être fonctionnaires en tant que juges ou procureurs ?"<br />

Des magistrats décrédibilisés<br />

Ces questions décrédibilisent <strong>les</strong> 6 000 magistrats roumains.<br />

Si la Pologne a découvert ces trois <strong>de</strong>rnières années 19<br />

collaborateurs <strong>de</strong> l'ancienne police politique dans son système<br />

judiciaire, le CNSAS, lui, en a dépisté 29 en huit mois. Le prési<strong>de</strong>nt<br />

Traian Basescu a aussi admis qu'un quart <strong>de</strong>s magistrats<br />

roumains auraient collaboré avec l'ancienne Securitate.<br />

"La candidature <strong>de</strong> Florica Bejinariu à la tête du CSM ne<br />

m'a pas étonnée, déclare Germina Nagatz. Mais je trouve<br />

scandaleux qu'elle ait été élue par la majorité <strong>de</strong> ses collègues.<br />

Cela veut dire que <strong>les</strong> magistrats se sont solidarisés pour<br />

défendre l'ancienne Securitate." Et <strong>les</strong> Roumains ne sont pas<br />

dupes. Les enquêtes montrent qu'ils font plus confiance aux<br />

instances européennes qu'à la justice <strong>de</strong> leur pays.<br />

Mirel Bran (Le Mon<strong>de</strong>)<br />

Les juges au secours <strong>de</strong>s trous... contre leurs victimes<br />

du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route: le conducteur doit<br />

rester maître <strong>de</strong> sa vitesse en toutes circonstances<br />

et l'adapter aux conditions <strong>de</strong><br />

circulation.<br />

27


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

28<br />

SATU<br />

MARE<br />

BOTOSANI <br />

<br />

SUCEAVA IASI<br />

ORADEA<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

DEVA<br />

FOCSANI<br />

BRASOV <br />

<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

<br />

PLOIESTI<br />

T. SEVERIN<br />

<br />

PITESTI <br />

<br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

La Roumanie 53ème<br />

pour la qualité <strong>de</strong> la vie<br />

Alors que, pour la 5ème année<br />

consécutive, la revue américaine<br />

Living classe la France au premier<br />

rang <strong>de</strong>s pays où il fait bon vivre<br />

dans le mon<strong>de</strong> - elle arrive en tête<br />

dans chaque catégorie - la<br />

Roumanie figure au 53ème rang, à<br />

égalité avec la Moldavie, <strong>les</strong> î<strong>les</strong><br />

Caïman et la Dominique, se classant<br />

<strong>de</strong>rrière la Hongrie, 20ème et la<br />

Bulgarie, 44ème.<br />

La Roumanie obtient ses plus<br />

mauvaises notes dans <strong>les</strong> domaines<br />

<strong>de</strong> la santé (93ème rang sur 200,<br />

<strong>de</strong>rrière le Nicaragua, l'Ukraine,<br />

l'Albanie, à égalité avec le<br />

Guatemala), <strong>de</strong> la sécurité (à égalité<br />

avec le Botswana, l'Egypte, le<br />

Mexique et le Sénégal), <strong>de</strong> la liberté<br />

(à égalité avec le Brésil, la Mongolie,<br />

le Botswana, Trinidad-Tobago, la<br />

Namibie et l'Afrique du Sud), et <strong>de</strong>s<br />

infra-structures (<strong>de</strong>rrière la<br />

Moldavie).<br />

La France a obtenu le maximum<br />

<strong>de</strong> points dans pratiquement toutes<br />

<strong>les</strong> catégories, en dépit <strong>de</strong>s impôts et<br />

taxes qui y sont considérés élevés et<br />

du niveau abusif <strong>de</strong> sa bureaucratie…<br />

handicaps que la revue estime<br />

largement compensés par sa qualité<br />

<strong>de</strong> vie et son système <strong>de</strong> santé et<br />

protection sociale, jugé parmi <strong>les</strong><br />

meilleurs du mon<strong>de</strong>. Elle est suivie<br />

<strong>de</strong> l'Australie, qui fait un bond <strong>de</strong><br />

trois places, <strong>de</strong> la Suisse, <strong>de</strong><br />

l'Allemagne, <strong>de</strong> la Nouvelle Zélan<strong>de</strong>,<br />

du Luxembourg, <strong>de</strong>s USA (qui reculent<br />

<strong>de</strong> trois places), <strong>de</strong> la Belgique,<br />

du Canada et <strong>de</strong> l'Italie.<br />

Aux <strong>de</strong>rniers rangs figurent<br />

l'Afghanistan, le Tchad, le Soudan, le<br />

Yémen et la Somalie.<br />

<br />

Vie quotidienne<br />

Société<br />

Les "drô<strong>les</strong>" <strong>de</strong> promotion<br />

du magasin Ikea-Bucarest<br />

L'ouverture en 2007 à Bucarest du premier magasin Ikea <strong>de</strong> Roumanie a été<br />

un évènement. L'enseigne annonce chaque année <strong>de</strong>s promotions <strong>de</strong> plus en plus<br />

alléchantes aux Bucarestois… cependant, comme le démontre la revue Capital,<br />

ses prix ne cessent d'augmenter !<br />

En janvier, Ikea Bucarest a lancé à grand renfort <strong>de</strong> publicité ses sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

début d'année, avec <strong>de</strong>s remises atteignant 70 %. "On liqui<strong>de</strong> nos stocks et<br />

on continue notre lutte pour réduire <strong>les</strong> coûts" se vantait l'enseigne…<br />

comme en août <strong>de</strong>rnier, lors <strong>de</strong> la sortie <strong>de</strong> son nouveau catalogue… comme chaque<br />

année, donnant le sentiment que chez le fabricant <strong>de</strong> meub<strong>les</strong> suédois, <strong>les</strong> prix n'arrêtent<br />

pas <strong>de</strong> baisser à l'inverse <strong>de</strong> ce qui se passe en général en Roumanie.<br />

Ces annonces choc ont conduit la rédaction du magazine Capital à vouloir en<br />

savoir plus. Et là, sa surprise a été gran<strong>de</strong>: au rayon ameublement - le plus important<br />

<strong>de</strong> la chaîne et qui fait sa réputation - en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> quelques rares produits cib<strong>les</strong>, mis<br />

en valeur par la publicité, <strong>les</strong> prix n'ont cessé <strong>de</strong> grimper <strong>de</strong>puis l'ouverture du magasin,<br />

faisant <strong>de</strong> celui-ci un <strong>de</strong>s plus chers du réseau Ikea à travers le mon<strong>de</strong>, alors que<br />

le niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s Roumains est le plus faible <strong>de</strong> l'UE ! Même en Norvège, pays<br />

considéré comme le plus riche <strong>de</strong> la planète,<br />

on y trouve parfois le même produit meilleur<br />

marché. Capital a poursuivi son enquête en<br />

comparant également l'Ikea <strong>de</strong> Bucarest avec<br />

ceux <strong>de</strong> France, <strong>de</strong> Hongrie, d'Allemagne et<br />

<strong>de</strong>s USA.<br />

Exemple <strong>de</strong> "baisse" relevé: le lit Mandal,<br />

vendu 825 lei en 2007 et 1450 aujourd'hui…<br />

soit + 75 %. Dans <strong>les</strong> autres pays étudiés, son prix varie <strong>de</strong> 1<strong>01</strong>2 (USA) à 1168 lei<br />

(France), soit entre - 24 % et - 43 %. I<strong>de</strong>m pour le canapé Lovas qui a augmenté <strong>de</strong><br />

100 lei en 3 ans et coûte 32 % plus cher qu'en France. Capital cite d'autres exemp<strong>les</strong>,<br />

dont <strong>de</strong>s produits dits "phare". Les Bucarestois sont aussi invités à payer un supplément<br />

s'ils veulent un coloris différent, alors que <strong>les</strong> tarifs sont en général i<strong>de</strong>ntiques<br />

dans <strong>les</strong> autres pays. Toutefois, ils peuvent se consoler en faisant <strong>de</strong>s emplettes au<br />

rayon accessoires où <strong>les</strong> prix sont en général moins chers que dans le reste du réseau.<br />

Interrogé, le directeur du magasin a plaidé la dévaluation du cours du leu qui a<br />

entraîné la valse <strong>de</strong>s étiquettes, <strong>les</strong> produits étant, pour la plus gran<strong>de</strong> part, importés.<br />

Une justification qui ne tient guère, car le comparatif a été fait en lei pour <strong>les</strong> pays<br />

enquêtés. Situé à la sortie nord <strong>de</strong> Bucarest, sur la Nationale 1 à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> Ploiesti,<br />

Ikea se trouve dans le centre commercial Baneasa (Carrefour, Bricostore, etc.), fonctionne<br />

en système <strong>de</strong> franchise, appartient à la firme Moaro Trading et est contrôlé<br />

indirectement par Gabriel Popoviciu, 4ème fortune du pays (entre 600 et 650 M€) qui<br />

a également introduit en Roumanie <strong>les</strong> fast food Pizza Hut, KFC. L'homme d'affaires<br />

est enquêté par la DNA (Direction nationale Anti-corruption), a été arrêté et libéré.<br />

Ikea-Baneasa a réalisé 82 M€ <strong>de</strong> chiffre d'affaires en 2009, en baisse <strong>de</strong> 9 % par rapport<br />

à l'année précé<strong>de</strong>nte, à cause <strong>de</strong> la crise…. A moins que <strong>les</strong> Bucarestois ne<br />

veuillent plus être pris pour <strong>de</strong>s poires.<br />

Une quarantaine d'amen<strong>de</strong>s et<br />

<strong>de</strong> contraventions pour une<br />

valeur totale <strong>de</strong> 210 200 lei<br />

(environ 50 000 euros) ont été dressées<br />

lors <strong>de</strong> contrô<strong>les</strong> sanitaires effectués dans<br />

plusieurs gran<strong>de</strong>s surfaces <strong>de</strong> Bucarest.<br />

Produits périmés dans<br />

<strong>les</strong> hypermarchés bucarestois<br />

Plus <strong>de</strong> 110 kg d'aliments périmés ont été<br />

retirés <strong>de</strong>s rayons et 511 kg d'autres produits<br />

alimentaires ont été interdits temporairement<br />

à la vente jusqu'à la rectification<br />

<strong>de</strong>s erreurs constatées (étiquetage,<br />

emballage, promotion…).<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Vie quotidienne<br />

La revue Capital vient <strong>de</strong> révéler <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> son<br />

<strong>de</strong>uxième classement <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus agréab<strong>les</strong> à<br />

vivre <strong>de</strong> Roumanie, et encore une fois, la capitale<br />

roumaine, Bucarest, l'emporte haut la main. Malgré le trafic,<br />

le bruit… Ce classement a été établi à partir <strong>de</strong> douze critères:<br />

le marché du travail, l'infrastructure <strong>de</strong>s transports, le système<br />

sanitaire, l'enseignement supérieur, le coût <strong>de</strong> la vie, l'offre <strong>de</strong><br />

distractions, <strong>les</strong> commerces, la qualité <strong>de</strong><br />

l'environnement, le climat, la sécurité et le<br />

niveau <strong>de</strong>s taxes loca<strong>les</strong>. Et la capitale arrive<br />

en tête sur cinq <strong>de</strong> ces critères (santé,<br />

éducation, développement économique,<br />

loisirs, transports). Malgré la pollution ou<br />

la cherté <strong>de</strong> la vie, elle reste la <strong>de</strong>stination<br />

privilégiée pour <strong>de</strong> nombreux Roumains.<br />

Un choix qui s'explique par la situation du<br />

marché du travail: à Bucarest, <strong>les</strong> salaires<br />

peuvent avoisiner ceux d'Europe occi<strong>de</strong>ntale,<br />

et surtout, malgré la crise, le taux <strong>de</strong><br />

chômage reste stable et faible. Résultat,<br />

chaque année la capitale voit grossir <strong>les</strong><br />

rangs <strong>de</strong> ses habitants <strong>de</strong> plusieurs dizaines<br />

<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> nouveaux venus.<br />

Suivent Timisoara, dont <strong>les</strong> principaux<br />

attraits sont son dynamisme écono-<br />

mique et l'offre généreuse <strong>de</strong> loisirs, puis<br />

Cluj dont la vitalité économique, le système<br />

universitaire et celui <strong>de</strong> santé compensent <strong>les</strong> désagréments<br />

liés au coût <strong>de</strong> la vie. En quatrième position Constanta, qui<br />

bénéficie surtout <strong>de</strong> la proximité <strong>de</strong> la Mer noire. Les vil<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

Iasi, Sibiu, Brasov, Ora<strong>de</strong>a, Târgu-Mures et Arad complètent<br />

le top 10.<br />

Société<br />

Bucarest, Timisoara, Cluj et Constanta, vil<strong>les</strong> préférées <strong>de</strong>s Roumains<br />

Les conventions socia<strong>les</strong> à la roumaine<br />

.... selon un <strong>document</strong> du ministère du Travail<br />

Un “gui<strong>de</strong> d'information pour <strong>les</strong> citoyens <strong>de</strong> pays tiers” qui viennent<br />

séjourner ou s'installer en Roumanie invite <strong>les</strong> immigrés à prendre un<br />

ton "poli, ni provocateur, ni agressif" dans leur interaction avec <strong>les</strong><br />

fonctionnaires publics. Ce <strong>document</strong>, disponible sur le site Internet du ministère du<br />

Travail et dont une partie est consacrée aux principa<strong>les</strong> conventions socia<strong>les</strong> pratiquées<br />

en Roumanie, ajoute que la "ponctualité" est une qualité "très appréciée" et<br />

que toute interaction doit être "civilisée". Le ministère du Travail va même jusqu'à<br />

conseiller, pour une meilleure intégration, <strong>de</strong> ne pas interrompre son interlocuteur,<br />

quel qu'il soit, avant qu'il ait terminé <strong>de</strong> parler et <strong>de</strong> dire "bon appétit" au moment<br />

<strong>de</strong> passer à table.<br />

Parmi <strong>les</strong> "différences culturel<strong>les</strong>" qui peut exister entre pays, le gui<strong>de</strong> souligne<br />

également que la consommation d'alcool représente en Roumanie un "mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

socialisation". Mais son abus ne doit pas faire oublier aux étrangers qu'ils doivent<br />

dire "Bonjour", "Merci Monsieur", "Merci Madame", "Merci Ma<strong>de</strong>moiselle". On ne<br />

sait jamais...<br />

Où fait-il bon vivre en Roumanie ?<br />

Selon un classement établi par la revue Capital, Bucarest, Timisoara, Cluj et Constanta, à savoir <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> vil<strong>les</strong><br />

du pays, sont <strong>les</strong> endroits préférés <strong>de</strong>s Roumains, malgré un rythme <strong>de</strong> vie bien plus stressant. Explications.<br />

A l'autre extrêmité du classement, d'autres vil<strong>les</strong> sont bien<br />

moins “bonnes élèves”: Baia Mare, trop polluée, Drobeta-<br />

Turnu Severin, où <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> distraction sont rares,<br />

Botosani et Focsani, considérées sous-développées sur le plan<br />

économique, viennent fermer la marche.<br />

Le premier critère est économique<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s résultats, ce second classement<br />

Capital montre que la situation a<br />

peu évolué <strong>de</strong>puis la première édition en<br />

2006. Les vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Transylvanie et du<br />

Banat l'emportent au chapitre <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong> vie. Surtout, il ressort <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong><br />

que c'est encore le facteur économique<br />

qui compte plus que la qualité <strong>de</strong> vie en<br />

Roumanie, en raison <strong>de</strong> l'inégal développement<br />

du pays. “En Roumanie aujourd'hui,<br />

il est dur <strong>de</strong> contester ce classement”,<br />

estime Catalin Zamfir, chercheur à<br />

l'Académie roumaine, dans <strong>les</strong> colonnes<br />

<strong>de</strong> Capital. “Du fait <strong>de</strong> la situation économique,<br />

il existe <strong>de</strong>s petites vil<strong>les</strong>, agréab<strong>les</strong>,<br />

où il serait possible <strong>de</strong> vivre une vie<br />

bien plus relaxée que dans une métropole,<br />

mais dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>, pour parler franchement,<br />

on “meurt <strong>de</strong> faim”.<br />

“Du coup, <strong>les</strong> gens choisissent <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> où <strong>les</strong> problèmes<br />

économiques, (niveau <strong>de</strong> salaire, sécurité <strong>de</strong> l'emploi…) sont<br />

moins importants”, conclut le chercheur.<br />

Marion Guyonvarch<br />

(www.lepetitjournal.com / Bucarest)<br />

Les terrasses flottantes sur le canal Bega<br />

sont très appréciées à Timisoara.<br />

Sol<strong>de</strong>s<br />

La durée <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s en<br />

Roumanie est relativement<br />

longue par rapport aux autres<br />

pays européens. Les <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s autorisées<br />

sont:<br />

- du 15 janvier au 15 avril inclus,<br />

pour <strong>les</strong> produits automne-hiver ;<br />

- du 1er août au 31 octobre inclus,<br />

pour <strong>les</strong> produits printemps-été.<br />

Durant ces pério<strong>de</strong>s, le commerçant<br />

est libre <strong>de</strong> choisir la date <strong>de</strong> début et <strong>de</strong><br />

fin <strong>de</strong> ses propres sol<strong>de</strong>s, sachant que<br />

cette pério<strong>de</strong> ne peut dépasser 45 jours. A<br />

noter qu'il est obligatoire <strong>de</strong> notifier à la<br />

mairie compétente la pério<strong>de</strong> choisie pour<br />

<strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s (15 jours avant leur début).<br />

29


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

30<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

SUCEAVA<br />

IASI<br />

TIMISOARA<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

TG. JIU<br />

TÂRGOVISTE<br />

GALATI <br />

T. SEVERIN<br />

<br />

PITESTI <br />

<br />

BUZAU<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

Les grilla<strong>de</strong>s (gratar) et <strong>les</strong> piquenique<br />

font partie <strong>de</strong>s bonheurs que<br />

<strong>les</strong> Roumains aiment s'offrir en<br />

famille ou entre amis,notamment aux<br />

beaux jours. Malheureusement, ils<br />

laissent <strong>de</strong>rière eux <strong>de</strong>s traces -<br />

déchets, feux mal éteints - qui défigurent<br />

<strong>les</strong> lieux ou menacent l'environnement.<br />

Toutefois, une prise <strong>de</strong><br />

conscience s'effectue. Des voix s'élèvent<br />

pour y mettre bon ordre.<br />

L'association "Révolution verte",<br />

en concertation avec <strong>de</strong>s spécialistes<br />

du ministère <strong>de</strong> l'Environnement et<br />

un cabinet d'avocat, a proposé la<br />

mise en place d'un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne<br />

conduite, facile à comprendre et à<br />

appliquer, afin que pique-niqueurs et<br />

campeurs sachent quels sont leurs<br />

droits et <strong>de</strong>voirs.<br />

Elle suggère également qu'une loi<br />

définise <strong>les</strong> obligations <strong>de</strong>s collectivités<br />

loca<strong>les</strong> qui gèrent <strong>les</strong> espaces<br />

verts, leur <strong>de</strong>mandant d'aménager<br />

<strong>de</strong>s zones spécifiques pour piqueniquer,<br />

clôturées, avec <strong>de</strong>s points <strong>de</strong><br />

collecte d'ordures sélectives, <strong>de</strong>s toilettes<br />

écologiques, <strong>de</strong>s endroits équipés<br />

pour faire <strong>de</strong>s grilla<strong>de</strong>s, pour<br />

garer sa voiture, avec un système <strong>de</strong><br />

gardiennage. Par ailleurs, <strong>les</strong> personnes<br />

ne respectant pas l'environnement<br />

pourraient faire l'objet <strong>de</strong><br />

poursuites.<br />

Ces propositions ont toutefois été<br />

rejetées, Elena Udrea, la ministre<br />

ayant en charge ce domaine, indiquant<br />

qu'il suffisait d'appliquer la<br />

réglementation existante. Encore<br />

faut-il en avoir la réelle volonté... ce<br />

dont on peut douter quant on parcourt<br />

le pays en long et en large !<br />

<br />

CHISINAU<br />

Pas <strong>de</strong> loi<br />

pour règlementer<br />

<strong>les</strong> pique-niques<br />

Vie quotidienne<br />

Société<br />

La Saint Ignat ne connaît pas<br />

la réglementation européenne<br />

Le massacre <strong>de</strong>s porcs continue<br />

D'après l'Institut National <strong>de</strong> la Statistique roumain, 2 182 000 porcs, pesant<br />

en moyenne 121 kg, ont été tués dans tout le pays à l'occasion <strong>de</strong> la Saint Ignat,<br />

quelques jours avant Noël. Cette tradition, très ancrée dans <strong>les</strong> campagnes, est<br />

normalement encadrée <strong>de</strong>puis 2007 au niveau <strong>de</strong>s conditions d'abattage <strong>de</strong>s animaux,<br />

par la réglementation européenne. Dans <strong>les</strong> faits, il en va tout autrement,<br />

comme nous le rapporte un <strong>de</strong> nos lecteurs <strong>de</strong> Constantsa, Roger Cordier.<br />

La métho<strong>de</strong> qui consiste à sacrifier <strong>de</strong>s animaux domestiques avec <strong>de</strong>s pistolets<br />

assommoirs ou <strong>de</strong>s arcs électriques, comme le veut l'UE, afin que leur<br />

système nerveux ne sente plus la douleur, n'est pas encore très appliquée<br />

dans ma région, d'après la constatation <strong>de</strong> la DSVSA (Direction Sanitaire Vétérinaire<br />

pour la Sécurité <strong>de</strong>s Aliments), malgré ses tentatives dans ce sens. Un fonds avait été<br />

prévu pour doter <strong>les</strong> vétérinaires <strong>de</strong> ces instruments, mais n'a pas été engagé car on<br />

s'est rendu compte qu'ils allaient être stockés sans être utilisés. De l'argent avait été mis<br />

à disposition <strong>de</strong>s mairies pour en acheter, mais aucune ne s’est intéressée à la question.<br />

Personnel insuffisant (quelques vétérinaires répartis en dix arrondissements dans<br />

le ju<strong>de</strong>t pour au moins 50 000 porcs abattus en quelques jours au niveau <strong>de</strong> chaque<br />

département du pays), ignorance <strong>de</strong>s paysans, prix du pistolet qu'il faut acheter (environ<br />

200 €), nécessitant une autorisation <strong>de</strong> la police… pour "port d'arme prohibée",<br />

ren<strong>de</strong>nt inopérante la réglementation. Les propriétaires d'animaux domestiques pourraient<br />

se rendre chez <strong>les</strong> vétérinaires en disposant, mais cela a un coût dissuasif. Les<br />

mairies ou administrations loca<strong>les</strong> sont normalement obligées <strong>de</strong> mettre à disposition<br />

<strong>de</strong>s espaces appropriés pour respecter <strong>les</strong><br />

normes et <strong>les</strong> conditions d'abattage, mais<br />

cette décision est restée lettre morte. Dans<br />

ces conditions, <strong>les</strong> paysans s'en tiennent<br />

aux métho<strong>de</strong>s traditionnel<strong>les</strong> et le directeur<br />

<strong>de</strong> la DSVSA en est réduit à se borner<br />

à rappeler la réglementation aux vétérinaires,<br />

à l'approche <strong>de</strong> Noël".<br />

Permis <strong>de</strong> port d'armes exigé !<br />

Profondément choqué, après avoir<br />

assisté à <strong>de</strong>s tueries <strong>de</strong> porcs dans <strong>de</strong>s conditions barbares, Roger Cordier avait profité<br />

d'un <strong>de</strong> ses retours dans sa Lorraine natale, l'été <strong>de</strong>rnier, pour acquérir un pistolet<br />

d'abattage non électrique, par percussion, moins cher (116 € hors taxes) mais tout<br />

aussi efficace. Il l'a présenté pour démonstration à son retour au directeur <strong>de</strong> la DSVSA<br />

du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Constantsa, afin que son usage soit éventuellement encouragé. Après l'avoir<br />

fait testé, celui-ci l'a trouvé en effet valable, mais lui a conseillé <strong>de</strong> le présenter à<br />

la police. Le Lorrain s'est entendu répondre qu'il lui fallait une autorisation <strong>de</strong> port d'armes…<br />

alors qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> projecti<strong>les</strong> !<br />

D'ici 2<strong>01</strong>2, chaque Roumain<br />

<strong>de</strong>vrait disposer d'une carte<br />

personnelle <strong>de</strong> santé, indiquant<br />

sa situation d'assuré social. Jusqu'à<br />

présent, <strong>les</strong> assurés <strong>de</strong>vaient se déplacer<br />

régulièrement à la caisse d'assurance<br />

maladie pour obtenir une attestation<br />

prouvant qu'ils étaient à jour <strong>de</strong> leurs<br />

Une carte pour la santé<br />

cotisations. Par ailleurs, le ministre <strong>de</strong> la<br />

santé a déclaré qu'il fallait trouver une<br />

solution pour que chaque citoyen roumain<br />

ait accès au système <strong>de</strong> santé: à<br />

l'heure actuelle, six millions <strong>de</strong> personnes<br />

cotisent, dix millions ne cotisent pas mais<br />

sont prises en charge (retraités), <strong>les</strong> autres<br />

ne bénéficient pas d'assurance <strong>de</strong> santé.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Vie quotidienne<br />

Dans le <strong>de</strong>rnier rapport du<br />

Forum économique mondial<br />

sur la place <strong>de</strong>s femmes dans<br />

la société, la Roumanie occupe la 70e<br />

place sur un total <strong>de</strong> 134 pays, la 30e pour<br />

leur participation à la vie économique, la<br />

70e concernant leur accès à l'éducation,<br />

la 41e dans le domaine <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong><br />

l'espérance <strong>de</strong> vie, et seulement la 126e<br />

Santé<br />

La clinique <strong>de</strong> néphrologie<br />

<strong>de</strong> Craiova débordée<br />

Société<br />

De moins en moins<br />

<strong>de</strong> Roumains prennent le train<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années, le nombre <strong>de</strong> Roumains utilisant le train n'a cessé <strong>de</strong> baisser.<br />

Eurostat relève qu'il était encore <strong>de</strong> 98 millions par an en 2004, était tombé à 75<br />

millions en 2008 et avait sans doute reculé <strong>de</strong> 10 % cette année. Parallèlement, à<br />

l'exception <strong>de</strong> quatre pays, son nombre d'utilisateurs ne cesse <strong>de</strong> croître dans le reste <strong>de</strong> l'UE,<br />

passant <strong>de</strong> 7 à 8 milliards <strong>de</strong> passagers en quatre ans. Il a augmenté <strong>de</strong> 24 % en Gran<strong>de</strong> Bretagne,<br />

<strong>de</strong> 13 % en France et <strong>de</strong> 12 % en Allemagne, ces trois pays assurant 58 % du total du trafic <strong>de</strong><br />

l'UE. L'évolution roumaine semble étonnante alors que le train <strong>de</strong>vrait profiter <strong>de</strong> l'état déplorable<br />

dans lequel se trouve une bonne partie du réseau routier du pays. Il semble que <strong>les</strong> usagers<br />

soient rebutés par <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> voyages offertes par la CFR: gares encombrées d'aurolacs<br />

(jeunes SDF), <strong>de</strong> personnes douteuses, chauffeurs <strong>de</strong> taxis qui sautent sur <strong>les</strong> passagers pour tenter<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> arnaquer. Les omnibus (trains "personal") sont trop souvent dans un état misérable,<br />

banquettes défoncées, fenètres qui ne ferment pas, o<strong>de</strong>urs insupportab<strong>les</strong>, manele (airs disco tsiganes)<br />

à tue-tête, compartiments non fumeurs remplis <strong>de</strong> fumée... Nombre <strong>de</strong> voyageur préfèrent<br />

encore mille fois "se payer" <strong>les</strong> trous qu'ils ne manqueront pas <strong>de</strong> trouver sur <strong>les</strong> routes !<br />

Les Roumaines étaient mieux considérées sous le communisme<br />

Le ministre roumain <strong>de</strong> la Santé, Attila Cseke, a<br />

annoncé vouloir taxer la "malbouffe" -hamburgers,<br />

boissons gazeuses et autres sucreries- afin <strong>de</strong> financer<br />

un système <strong>de</strong> santé en crise et <strong>de</strong> lutter contre l'obésité .<br />

"Nous avons l'intention d'introduire une taxe fast-food,<br />

sucreries, boissons gazeuses afin <strong>de</strong> soutenir <strong>de</strong>s programmes<br />

nationaux <strong>de</strong> santé", a-t-il déclaré lors d'une conférence <strong>de</strong><br />

presse. Cette taxe pourrait rapporter près d'un milliard d'euros<br />

- la <strong>de</strong>rnière en Europe - au niveau <strong>de</strong><br />

l'engagement dans la vie politique, bien<br />

après la Turquie (107e), la Syrie (116e)<br />

ou l'Algérie (120e)… Un comble: <strong>de</strong>rrière<br />

<strong>les</strong> pays musulmans !<br />

De la transition post-1989 à l'intégration<br />

européenne, la présence <strong>de</strong>s<br />

Roumaines sur la scène politique a fortement<br />

évolué. Des 30% <strong>de</strong> femmes à<br />

Environ 80 000 habitants du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Dolj (Craiova) sont affectés par <strong>de</strong>s<br />

maladies chroniques <strong>de</strong>s reins, à la suite <strong>de</strong> la consommation d'eaux à<br />

trop forte teneur <strong>de</strong> nitrates et nitrites, et leur nombre est en augmentation.<br />

"Trop <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s viennent quand leur maladie, silencieuse jusque là, est arrivée<br />

au sta<strong>de</strong> 4 ou 5, le <strong>de</strong>rnier" constate le docteur Eugen Mota, chef <strong>de</strong> la clinique<br />

<strong>de</strong> néphrologie <strong>de</strong> l'hôpital d'urgence <strong>de</strong> Craiova où il traite 80 patients en hémodialyse<br />

et 55 en dialyse péritonéale, soignés à domicile, alors que la liste d'attente comprend<br />

<strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> noms.<br />

D'après <strong>les</strong> estimations, 2 millions <strong>de</strong> Roumains, soit 10 % <strong>de</strong> la population,<br />

souffriraient <strong>de</strong> maladies réna<strong>les</strong> chroniques, 8000 d'entre eux faisant <strong>de</strong>s dialyses.<br />

l'Assemblée nationale imposés par <strong>les</strong><br />

quotas communistes à la fin <strong>de</strong>s années<br />

1980, leur part au Parlement a chuté à<br />

moins <strong>de</strong> 4% au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premières<br />

législatures d'après 1989, pour monter<br />

timi<strong>de</strong>ment vers <strong>les</strong> 11-12% dans <strong>les</strong><br />

années 2000-2004, puis re<strong>de</strong>scendre à<br />

9% après <strong>les</strong> élections uninomina<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

2008 et se maintenir à ce taux.<br />

Un habitant sur quatre souffrirait d’obésité<br />

La Roumanie veut taxer la "malbouffe"<br />

au budget <strong>de</strong> la Santé, a estimé le ministre. Elle s'appliquerait<br />

à chacun <strong>de</strong>s produits considérés comme <strong>de</strong> la "malbouffe".<br />

Le ministre a <strong>de</strong>mandé à la commission <strong>de</strong> nutrition du<br />

ministère d'oeuvrer à la mise en application <strong>de</strong> ce projet. Il<br />

aura aussi <strong>de</strong>s rencontres avec <strong>les</strong> producteurs et <strong>les</strong> distributeurs<br />

<strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> produits. Selon la Fédération roumaine <strong>de</strong><br />

nutrition et <strong>de</strong> lutte contre le diabète et <strong>les</strong> maladies du métabolisme,<br />

un Roumain sur quatre souffre d'obésité.<br />

Troub<strong>les</strong> psychologiques<br />

chez <strong>les</strong> enfants<br />

Selon l'Organisation Mondiale <strong>de</strong><br />

la Santé, 20 % <strong>de</strong>s enfants roumains<br />

souffrent <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> psychiques,<br />

soit au total près <strong>de</strong> 880 000<br />

enfants. 572 000, soit 13 %, souffrent d'anxiété,<br />

allant <strong>de</strong> l'angoisse généralisée aux<br />

phobies et jusqu'aux attaques <strong>de</strong> panique.<br />

220 000 enfants souffrent, eux, <strong>de</strong> déficit<br />

d'attention et d'hyper activité. Enfin, plus<br />

<strong>de</strong> 150 000 sont dépressifs.<br />

31


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

32<br />

ARAD<br />

<br />

SATU<br />

<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TIMISOARA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

SF. GHEORGHE <br />

SUCEAVA<br />

<br />

BACAU <br />

<br />

BUCAREST<br />

IASI<br />

<br />

BRASOV GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

URZICENI TULCEA<br />

<br />

VASLUI <br />

CONSTANTA<br />

De l'eau d'Arad<br />

pour ses 300 000<br />

voisins Hongrois<br />

Sur la base d'un accord qui vient<br />

d'être signé entre le département<br />

frontalier <strong>de</strong> Bekes en Hongrie et la<br />

ville d'Arad, celle-ci va approvisionner<br />

ses voisins magyars, soit 300 000<br />

personnes, en eau potable, pour <strong>les</strong><br />

50 prochaines années. Arad leur<br />

fournira quotidiennement 30 000 m3<br />

afin <strong>de</strong> diluer la concentration en<br />

arsenic, nitrates et bore contenus en<br />

proportion trop élevés dans <strong>les</strong> eaux<br />

loca<strong>les</strong>. Le département hongrois est<br />

confronté <strong>de</strong>puis longtemps à ce<br />

grave problème et tente d'y remédier<br />

<strong>de</strong>puis 1980, mais il n'a réussi à faire<br />

tomber le niveau du taux d'arsenic<br />

qu'à 30 microgrammes par litre, la<br />

limite maximum admise par l'UE<br />

étant <strong>de</strong> 10 microgrammes. Les autorités<br />

du département <strong>de</strong> Bekes ont<br />

calculé que pour y parvenir, cela leur<br />

coûterait moins cher <strong>de</strong> construire<br />

une conduite d'eau <strong>de</strong> 30 km <strong>de</strong> long<br />

et <strong>de</strong> s'approvisionner chez leur voisine<br />

plutôt que <strong>de</strong> s'échiner à traiter<br />

leur eau chimiquement.<br />

Repeuplement<br />

<strong>de</strong>s castors<br />

La Roumanie entreprend <strong>de</strong> réintroduire<br />

<strong>les</strong> castors. 650 d'entre eux,<br />

parfois dotés <strong>de</strong> colliers GPS, peuplent<br />

déjà <strong>les</strong> vallées <strong>de</strong> l'Olt, le<br />

Mures et la Ialomita. Des précautions<br />

ont été prises pour <strong>les</strong> empêcher <strong>de</strong><br />

dévaster <strong>les</strong> cultures <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong><br />

terre et <strong>de</strong> choux, dont ils sont<br />

friands, en <strong>les</strong> protégeant par <strong>de</strong>s<br />

clôtures électriques, ou en <strong>les</strong> dissuadant<br />

<strong>de</strong> faire leurs <strong>de</strong>nts sur <strong>les</strong><br />

troncs <strong>de</strong>s arbres fruitiers qui ont été<br />

enduits d'un produit répulsif, à base<br />

<strong>de</strong> chaux et <strong>de</strong> sable.<br />

<br />

Santé<br />

Société<br />

Mort à 36 ans en se vidant <strong>de</strong> son sang<br />

pour une fracture non opérée à temps<br />

Cinq ans après son succès à Cannes, "La mort <strong>de</strong> M. Lazarescu" reste d'actualité<br />

en Roumanie, comme l'illustrent <strong>de</strong>ux malheureuses histoires survenues<br />

en janvier et début février en Moldavie, qui ne sont pas, hélas, isolées. A Pascani<br />

comme à Vaslui, il s'agit d'horreur et non d'erreur médicale.<br />

Le 15 janvier au soir, un agriculteur <strong>de</strong> 36 ans <strong>de</strong> Vanatori, petite commune<br />

du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Iasi, est conduit en urgence par sa femme à l'hôpital <strong>de</strong> Pascani<br />

avec <strong>de</strong>s plaies et fractures <strong>de</strong> la jambe à la suite <strong>de</strong> la charge d'un taureau.<br />

Le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> lui fait un pansement et le renvoie en salle d'attente, lui disant <strong>de</strong><br />

patienter. Sa femme revient le len<strong>de</strong>main… Son mari n'a pas bougé, sa jambe est sanguinolente<br />

et il souffre le martyr. Elle se précipite chez le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> service, chef <strong>de</strong><br />

la clinique <strong>de</strong> chirurgie, qui lui répond qu'il ne peut pas s'occuper <strong>de</strong> lui parce qu'il<br />

n'est pas assuré. Elle l'implore <strong>de</strong> le faire transporter à l'hôpital d'urgence <strong>de</strong> Iasi, se<br />

heurtant à la même réponse et au même refus.<br />

Le surlen<strong>de</strong>main, alors que sa situation et <strong>les</strong> douleurs ont empiré, et que toute la<br />

famille est venue la soutenir, elle supplie le même mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> la laisser au moins<br />

transférer son mari s'il ne veut pas s'en occuper. La réponse est invariable : il n'a pas<br />

d'assurance et ne peut donc pas bénéficier d'un transport en ambulance.<br />

Le troisième jour, sur l'insistance <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> proches du b<strong>les</strong>sé, le mé<strong>de</strong>cin se<br />

déci<strong>de</strong> enfin à l'opérer. Le malheureux est mis dans une chaise ambulante, la jambe<br />

enveloppée dans une serviette pour que le sang ne tâche pas le sol, et conduit dans la<br />

salle d'opération. Quelques minutes plus tard, le mé<strong>de</strong>cin en sort pour indiquer que l'opéré<br />

a fait un stop cardio-respiratoire grave. Il revient quelques instants plus tard pour<br />

annoncer qu'il est mort.<br />

La famille a porté plainte.<br />

L'hôpital <strong>de</strong> Pascani a décidé <strong>de</strong><br />

se séparer du mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>,<br />

qui était un retraité, et <strong>de</strong> suspendre<br />

<strong>de</strong> ses fonctions <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> la<br />

clinique <strong>de</strong> chirurgie pour une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois, le mé<strong>de</strong>cin<br />

<strong>de</strong> service. L'assistante médicale<br />

qui s'était occupée <strong>de</strong> ce cas<br />

la première nuit a été également<br />

sanctionnée, son salaire étant<br />

diminué <strong>de</strong> 10 % pendant trois<br />

mois, <strong>de</strong>ux infirmières étant L'hôpital <strong>de</strong> Pascani a été durement mis en cause.<br />

mutées disciplinairement. Par<br />

ailleurs, une enquête a été ouverte par le collège <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> Iasi.<br />

Onze heures d'attente pour l'ambulance<br />

Toujours en Moldavie, à Vaslui, un homme <strong>de</strong> 74 ans est mort après avoir attendu<br />

pendant onze heures une ambulance. Hospitalisé dans un premier temps dans un<br />

hôpital <strong>de</strong> Negresti, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins avaient décidé <strong>de</strong> son transfert à Vaslui <strong>de</strong>vant l'aggravation<br />

<strong>de</strong> son état <strong>de</strong> santé. La direction départementale du service <strong>de</strong>s ambulances<br />

a rejeté la faute sur l'hôpital <strong>de</strong> Negresti qui ne lui aurait pas signalé qu'il s'agissait<br />

d'une urgence. Là aussi, une enquête est ouverte par le services départementaux <strong>de</strong><br />

santé. Face à ces cas, toujours fréquents dans le pays, <strong>les</strong> Roumains sont <strong>de</strong> plus en<br />

plus nombreux à réagir et à porter plainte. Les pouvoirs publics et <strong>les</strong> autorités médica<strong>les</strong>,<br />

prenant conscience <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> la situation, rechignent moins à ouvrir <strong>de</strong>s<br />

enquêtes. Cela ne ramène pas cependant <strong>les</strong> victimes à la vie. Le triste état du système<br />

<strong>de</strong> santé reste toujours le problème n°1 <strong>de</strong> la Roumanie.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Enseignement<br />

Avec la<br />

transition<br />

<strong>de</strong> l'économie<br />

roumaine du socialisme<br />

au capitalisme,<br />

métallurgie, sidérurgie<br />

et pétrochimie ont tour<br />

à tour disparu. Les<br />

effectifs salariés dans<br />

ces secteurs ont subi <strong>de</strong>s<br />

coupes répétées, mais<br />

<strong>les</strong> facultés ont pourtant continué à produire à la chaîne <strong>de</strong>s<br />

diplômés. Ce sont ainsi 350 jeunes qui sont entrés en 2009, sur<br />

simple dossier d'admission, à la faculté <strong>de</strong> métallurgie <strong>de</strong><br />

Bucarest, rebaptisée faculté <strong>de</strong>s sciences et du génie <strong>de</strong>s<br />

métaux.<br />

Lorsque Narcisa Mina et son amie se sont inscrites à la fac<br />

voici plusieurs années, <strong>les</strong> grands complexes ALRO et Mitall<br />

Galati (conglomérats sidérurgiques) embauchaient encore.<br />

Entre-temps, ALRO a procédé à <strong>de</strong>s dégraissages dans son<br />

personnel, et Galati ne propose plus <strong>de</strong> postes non plus. Sur le<br />

site <strong>de</strong> recrutement MyJob, la métallurgie n'existe même plus<br />

en tant que critère <strong>de</strong> recherche. Les seu<strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'ingénieurs<br />

métallurgistes émanent <strong>de</strong> l'étranger (Canada et<br />

Australie), et encore sont-el<strong>les</strong> rares.<br />

Des dizaines <strong>de</strong> milliers d'étudiants<br />

pour une poignée d’emplois disponib<strong>les</strong><br />

Une situation tout aussi préoccupante prédomine à la<br />

faculté <strong>de</strong> droit, qui délivre chaque année <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> diplômes.<br />

Une faculté certes utile, mais dont <strong>les</strong> débouchés, sur un<br />

marché du travail saturé, sont problématiques. Les établissements<br />

publics d'enseignement du droit ont admis en 2009 plus<br />

<strong>de</strong> 9 000 étudiants, auxquels s'ajoutent ceux <strong>de</strong> 22 facultés privées.<br />

Mais <strong>les</strong> diplômés <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années n'ont pu déposer<br />

leur candidature que pour 720 places d'avocats stagiaires,<br />

136 postes <strong>de</strong> notaires débutants et 130 places au concours <strong>de</strong><br />

la magistrature. Iuliana Ba<strong>de</strong>a, une experte en recrutement,<br />

constate que la plupart <strong>de</strong>s diplômés en droit s'orientent désormais<br />

vers le marketing et la vente…<br />

L'emploi n'est guère plus au ren<strong>de</strong>z-vous dans d'autres<br />

domaines. Ainsi, malgré <strong>les</strong> problèmes environnementaux que<br />

connaît la Roumanie, le métier <strong>de</strong> "spécialiste <strong>de</strong> l'environnement"<br />

n'offre pas <strong>de</strong> débouchés sur le marché. Et pourtant, <strong>les</strong><br />

facultés continuent <strong>de</strong> former chaque année <strong>de</strong>s milliers d'ingénieurs<br />

<strong>de</strong>s eaux et forêts, sous le prétexte que l'écologie<br />

représente l'avenir. C'est ainsi que <strong>les</strong> mêmes offres <strong>de</strong> forma-<br />

Société<br />

"Les universités son <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s usines<br />

à chômeurs" s'insurge le quotidien A<strong>de</strong>varul<br />

A Pascani, l'horreur médicale Un bout <strong>de</strong> papier qui ne vaut plus rien<br />

9000 étudiants en droit dans<br />

<strong>les</strong> seu<strong>les</strong> universités publiques<br />

sans compter 22 facultés privées…<br />

pour à peine 1000 emplois à pourvoir.<br />

"L'université roumaine est <strong>de</strong>venue une usine à chômeurs. Faute <strong>de</strong> revoir <strong>de</strong>s filières<br />

et <strong>de</strong>s programmes figés <strong>de</strong>puis l'ère communiste, elle forme <strong>de</strong>s diplômés qui restent<br />

sur le carreau", s'insurge le quotidien "A<strong>de</strong>varul", dans un article repris par "Le<br />

Courrier international".<br />

tion se retrouvent dans <strong>les</strong> programmes <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> établissements<br />

d'enseignement supérieur du pays.<br />

Il en va <strong>de</strong> même pour le cursus d'agronomie: bien que l'agriculture<br />

en Roumanie soit gérée très approximativement et<br />

que <strong>de</strong>s spécialistes s'avèrent plus que nécessaires, <strong>les</strong> jeunes<br />

diplômés ne trouvent pas <strong>de</strong> travail. Les fermes d'élevage<br />

industriel n'existent plus, et dans la sylviculture, on licencie.<br />

La seule spécialité qui offre <strong>de</strong>s débouchés est celle <strong>de</strong> "paysagiste".<br />

Préserver <strong>les</strong> emplois<br />

<strong>de</strong>s professeurs universitaires<br />

Malheureusement, bien qu'ils n'offrent pratiquement aucune<br />

perspective d'emploi aux étudiants, <strong>les</strong> enseignants s'accrochent<br />

à leurs chaires. Anca Opris, <strong>de</strong> la Société académique<br />

roumaine, confie que le nombre <strong>de</strong> places proposées par <strong>les</strong><br />

universités est établi selon <strong>de</strong>s critères pour le moins particuliers.<br />

"El<strong>les</strong> s'efforcent d'attirer le plus grand nombre d'étudiants<br />

afin <strong>de</strong> préserver l'emploi <strong>de</strong>s professeurs. El<strong>les</strong> vont<br />

même jusqu'à abaisser <strong>les</strong> standards académiques, <strong>de</strong> peur<br />

que <strong>les</strong> étudiants n'aillent voir ailleurs", explique-t-elle.<br />

L'absence d'un plan économique <strong>de</strong> développement à long<br />

terme complique encore davantage la situation. L'ancien<br />

ministre <strong>de</strong> l'Education, le professeur Mircea Miclea, aujourd'hui<br />

chef <strong>de</strong> la Commission prési<strong>de</strong>ntielle pour l'éducation,<br />

assure avoir essayé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s prévisions à long terme sur l'évolution<br />

industrielle pour orienter <strong>les</strong> universités. Mais "<strong>les</strong><br />

investisseurs n'ont pas été capab<strong>les</strong> <strong>de</strong> me donner <strong>de</strong>s perspectives<br />

sur plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois ans au maximum", plai<strong>de</strong>-t-il.<br />

Sous le régime communiste, rappelle M. Miclea, <strong>les</strong> autorités<br />

étaient obligées d'élaborer une stratégie <strong>de</strong> développement<br />

économique et social sur dix à vingt ans, indiquant si la<br />

Roumanie <strong>de</strong>vait parier sur l'informatique, sur l'agriculture, sur<br />

le tourisme ou sur d'autres secteurs porteurs d'emploi.<br />

Aujourd'hui, un tel schéma ai<strong>de</strong>rait gran<strong>de</strong>ment <strong>les</strong> jeunes à<br />

choisir leur filière. "Les universités en sont arrivées à vendre<br />

<strong>de</strong>s illusions au lieu <strong>de</strong> métiers", déplore-t-il.<br />

Quelque 3 millions <strong>de</strong> Roumains, sur 21 millions d'habitants,<br />

sont partis à l'étranger pour trouver du travail ou étudier.<br />

Mais la majorité <strong>de</strong> ces migrants ne trouvent pas d'emploi à la<br />

hauteur <strong>de</strong> leurs diplômes: ils <strong>de</strong>viennent le plus souvent<br />

femme <strong>de</strong> ménage, chauffeur <strong>de</strong> taxi ou caissière. Pourtant,<br />

15 % <strong>de</strong> la population adulte du pays souhaite encore émigrer,<br />

dont 50 000 jeunes diplômés <strong>de</strong> l'université ou étudiants <strong>de</strong> 3e<br />

cycle. Malgré une directive européenne qui l'impose, la France<br />

ne reconnaît toujours pas <strong>les</strong> diplômes roumains.<br />

Mariana Bechir et Daniela Serb (A<strong>de</strong>varul)<br />

33


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

34<br />

ORADEA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

SUCEAVA<br />

IASI<br />

<br />

ARAD<br />

ROSIA M.<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

FOCSANI<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

BRASOV <br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

PITESTI <br />

CERNAVODA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

<br />

T. MAGURELE CONSTANTA<br />

Greenpeace<br />

fait condamner<br />

l'Etat roumain<br />

<br />

Le ministère roumain <strong>de</strong><br />

l'Economie a été condamné par la<br />

Justice roumaine à payer un leu <strong>de</strong><br />

dommages et intérêts à l'organisations<br />

Greenpeace Romania pour<br />

avoir refusé <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong>s informations<br />

relatives à l'emplacement <strong>de</strong> la<br />

future centrale nucléaire que l'Etat<br />

prévoit <strong>de</strong> construire. Les juges ont<br />

estimé qu'il s'agissait d'une violation<br />

<strong>de</strong> la constitution roumaine et <strong>de</strong> la<br />

convention internationale d'Aarhus sur<br />

l'accès à l'information. Le ministère<br />

est obligé maintenant <strong>de</strong> mettre ces<br />

informations à la disposition du public.<br />

Quatre emplacements auraient été<br />

retenus le long <strong>de</strong> la rivière Somes,<br />

en Transylvanie pour la réalisation <strong>de</strong><br />

cette centrale dont la puissance totale<br />

serait comprise entre 2000 et<br />

3000 MW. Actuellement, la Roumanie<br />

dispose d'une seule centrale, à<br />

Cernavoda, avec <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong><br />

700 MW chacun qui produisent 18 %<br />

<strong>de</strong> la consommation nationale d'électricité.<br />

Deux autres réacteurs doivent<br />

être achevés en 2<strong>01</strong>5 pour un coût<br />

total <strong>de</strong> 4 milliards d'euros.<br />

Environnement<br />

Société<br />

Un oligarque russe veut relancer<br />

l'exploitation <strong>de</strong> la mine d'or fermée<br />

Un Rosia Montana bis à Baia Mare ?<br />

Le magnat russe Mihail Prokhorov s'apprête à relancer l'exploitation <strong>de</strong> la<br />

mine d'or <strong>de</strong> Baia Mare dans le Maramures dont il est <strong>de</strong>venu récemment le propriétaire<br />

et qui avait été fermée après avoir provoqué la plus importante pollution<br />

que la Roumanie ait connu, en 2000.<br />

Al'époque, un bassin <strong>de</strong> décantation au cyanure avait rejeté ses déchets dans<br />

la rivière Tisza, affluent du Danube, causant d'importants dégâts jusqu'en<br />

Hongrie et entraînant la fermeture du site ainsi qu'une crise dans <strong>les</strong> relations<br />

avec Budapest. L'histoire va-t-elle se répéter ? Mihail Prokhorov a déjà déposé<br />

une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'exploitation qu'il compte calquer sur celle <strong>de</strong> Rosia Montana, utilisant à<br />

nouveau le cyanure, et a indiqué qu'il comptait investir 100 M€. Mais alors que dans<br />

<strong>les</strong> Apuseni, ce sont une vallée et un site archéologique qui risquent <strong>de</strong> disparaître, dans<br />

le Marmures c'est la ville <strong>de</strong> Baia Mare, déjà l'une <strong>de</strong>s cités <strong>les</strong> plus polluées du pays<br />

qui sera directement menacée. Le magnat russe a<br />

promis la création <strong>de</strong> 500 emplois, recevant l'appui<br />

<strong>de</strong> syndicats ainsi que celui asez étonnant du<br />

responsable <strong>de</strong> l'environnement du ju<strong>de</strong>t qui a<br />

déclaré que <strong>les</strong> normes européennes <strong>de</strong> protection<br />

<strong>de</strong> l'environnement seraient respectées,<br />

"l'eau arrivant à une concentration <strong>de</strong> 10 mg <strong>de</strong><br />

cyanure par litre à la sortie <strong>de</strong> la mine, cette substance<br />

étant décomposée ensuite naturellement<br />

par <strong>les</strong> rayons ultra-violets du soleil dans <strong>les</strong><br />

bassins <strong>de</strong> décantation, le reliquat <strong>de</strong> cyanure<br />

étant traité dans la station d'épuration que le<br />

nouveau propriétaire projette <strong>de</strong> construire".<br />

Ca<strong>de</strong>au empoisonné<br />

Première fortune <strong>de</strong> Russie,<br />

proche <strong>de</strong> Poutine, Mihail Prokhorov<br />

a fait parler <strong>de</strong> lui dans <strong>les</strong> colonnes<br />

faits divers <strong>de</strong>s journaux.<br />

Plus grosse fortune <strong>de</strong> Russie, (8 milliards d'euros, mais 18 milliards avant la crise)<br />

Mikhaïl Prokhorov est un proche <strong>de</strong> Poutine et <strong>de</strong> sa sphère KGB-mafia d'oligarques.<br />

Ce magnat <strong>de</strong> 45 ans a été déstabilisé après son arrestation médiatisée et pour le moins<br />

inattendue ainsi que 25 autres personnes dans la station huppée <strong>de</strong> Courchevel en janvier<br />

2007 dans le cadre d'une enquête sur un réseau présumé <strong>de</strong> prostitution. Courchevel<br />

est le repaire <strong>de</strong>s jeunes gol<strong>de</strong>n-boys bling-bling <strong>de</strong> l'Est dont Prokhorov fait partie.<br />

L'enquête judiciaire n'a jamais abouti.<br />

Mikhaïl Prokhorov a fait à nouveau beaucoup parler <strong>de</strong> lui lors <strong>de</strong> l'été 2008 lorsque<br />

la presse a prétendu que c'était lui qui voudrait racheter pour la somme incroyable <strong>de</strong><br />

496 millions d'euros la villa Léopolda à Villefranche-sur-mer, appartenant à Lily Safra,<br />

veuve du milliardaire suisse d'origine libanaise Edmond Safra (mort en 1999 dans l'incendie<br />

d'un immeuble monégasque). Ces rumeurs ont été aussitôt démenties par<br />

Prokhorov qui a nié être l'acheteur secret <strong>de</strong> la villa Leopolda. Et l'oligarque russe d'affirmer<br />

qu'il ne ferait plus jamais d'affaires en France tant que <strong>les</strong> autorités françaises ne<br />

lui auraient pas présenté <strong>les</strong> excuses officiel<strong>les</strong> pour la fâcheuse histoire <strong>de</strong> Courchevel.<br />

C'est donc la Roumanie qui risque d'hériter <strong>de</strong> ce ca<strong>de</strong>au empoisonné.<br />

Le site <strong>de</strong> Rosia Montana proposé au patrimoine <strong>de</strong> l'Unesco<br />

Afin <strong>de</strong> protéger le site archéologique <strong>de</strong> Rosia Montana, dont la vallée, contenant <strong>de</strong>s gisements aurifères, est menacée<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction par une exploitation utilisant le cyanure, le ministre <strong>de</strong> la Culture et du Patrimoine national, Kelemen<br />

Hunor, a <strong>de</strong>mandé qu'il soit classé au patrimoine mondial <strong>de</strong> l'UNESCO. Jusqu'ici, le ministre, d'origine magyare, s'était<br />

fait discret sur la question, mais peu <strong>de</strong> jours avant sa prise <strong>de</strong> position Budapest avait tapé du point sur la table, réclamant l'abandon<br />

du projet, à la fois proche <strong>de</strong> son territoire et situé dans une zone où vivent <strong>de</strong>s Hongrois.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Environnement<br />

Réunis à Vienne, <strong>les</strong> représentants <strong>de</strong>s pays riverains du Danube<br />

(Allemagne, Autriche, Hongrie, Croatie, Bosnie, Bulgarie, Roumanie,<br />

République tchèque, Slovaquie, Serbie, Slovénie, Ukraine, Monténégro et<br />

Moldavie) ainsi que <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Commission européenne ont adopté un<br />

plan <strong>de</strong> gestion à mettre en oeuvre d'ici 2<strong>01</strong>5 afin "d'améliorer la situation environnementale<br />

du fleuve et <strong>de</strong> ses affluents". Il s'agit notamment <strong>de</strong> réduire la pollution<br />

d'origine humaine <strong>de</strong> cette importante voie fluviale, par une série <strong>de</strong> mesures allant<br />

<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> centra<strong>les</strong> hydro-électriques à l'interdiction <strong>de</strong>s détergents<br />

contenant <strong>de</strong>s phosphates en passant par une gestion <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> pollution<br />

acci<strong>de</strong>ntelle et l'entretien <strong>de</strong>s marais et digues longeant le fleuve. Des plans <strong>de</strong> prévention<br />

<strong>de</strong>s inondations avec l'instauration <strong>de</strong> barrières naturel<strong>les</strong> et l'amélioration<br />

<strong>de</strong>s systèmes d'alerte et prévisions sont également prévus.<br />

Minorités<br />

Le secrétaire d'État français aux<br />

Affaires européennes, Pierre<br />

Lellouche, en visite à<br />

Bucarest le 11 férvrier, a obtenu du gouvernement<br />

roumain qu'il nomme un<br />

responsable <strong>de</strong> la réinsertion <strong>de</strong>s Roms,<br />

chargé <strong>de</strong> veiller à ce qu'ils ne<br />

reviennent pas en France<br />

après avoir été expulsés.<br />

Pierre Lellouche, qui était<br />

accompagné <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux députés<br />

<strong>de</strong> l'UMP (Union pour un<br />

mouvement populaire, majorité<br />

prési<strong>de</strong>ntielle), Lionnel<br />

Luca et Jean-Marc Roubaud,<br />

ainsi que du député socialiste<br />

Dominique Raimbourg, a été<br />

reçu peu après son arrivée par le Premier<br />

ministre roumain Emil Boc.<br />

A l'issue <strong>de</strong> leur entretien, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

hommes ont annoncé trois décisions. La<br />

première est la nomination d'un secrétaire<br />

d'État chargé <strong>de</strong> la réinsertion <strong>de</strong>s<br />

Roms auprès du ministère du Travail et<br />

du Premier ministre, "ce qui va permett-<br />

Société<br />

Le nettoyage du Danube mis en œuvre d'ici 2<strong>01</strong>5<br />

Dans un rapport l'association <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> l'Homme Amnesty International appelle <strong>les</strong><br />

autorités roumaines à "arrêter <strong>les</strong> expulsions forcées<br />

<strong>de</strong> Roms et à reloger sans délai" ceux qui vivent dans <strong>de</strong>s<br />

endroits insalubres, notamment à proximité <strong>de</strong> décharges<br />

publiques. Selon cette étu<strong>de</strong> d'Amnesty International, "à travers<br />

le pays, <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> roms sont expulsées <strong>de</strong> leurs maisons<br />

contre leur volonté", perdant "leurs biens, leurs contacts<br />

Près <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s Tsiganes renvoyés<br />

en Roumanie reviendraient clan<strong>de</strong>stinement en France<br />

Paris encourage Bucarest dans la voie <strong>de</strong> la résinsertion<br />

re", a expliqué Pierre Lellouche, "à nous<br />

Français et Européens, d'accompagner<br />

la réinsertion <strong>de</strong>s Roms en Roumanie".<br />

Ce "suivi" nécessaire, a-t-il dit, était le<br />

"chaînon manquant" dans la surveillance<br />

et la réinsertion. La <strong>de</strong>uxième décision<br />

Un squat tsigane dans la région <strong>de</strong> Nice.<br />

est l'envoi <strong>de</strong> policiers et <strong>de</strong> magistrats<br />

roumains en France "pour nous ai<strong>de</strong>r à<br />

démanteler <strong>les</strong> trafics d'êtres humains",<br />

a-t-il poursuivi. La troisième est une<br />

"politique <strong>de</strong> coopération" pour "mobiliser<br />

<strong>de</strong>s fonds européens au service <strong>de</strong> la<br />

réinsertion <strong>de</strong> la communauté rom".<br />

Cette politique, a précisé le responsable<br />

Une petite fille se baigne<br />

dans le Danube <strong>de</strong>vant une usine<br />

pestici<strong>de</strong> à Turnu Magurele, en août 20<strong>03</strong>.<br />

français, "va s'appuyer sur la conférence<br />

européenne <strong>de</strong> Cordoue (Espagne), en<br />

avril, sur <strong>les</strong> Roms".<br />

Emil Boc a qualifié <strong>de</strong> "très directes"<br />

<strong>les</strong> discussions et évoqué une "tolérance<br />

zéro" à l'égard <strong>de</strong>s réseaux criminels qui<br />

encouragent <strong>les</strong> Roms à se rendre<br />

clan<strong>de</strong>stinement en France.<br />

Huit mille Roms ont été reconduits<br />

<strong>de</strong> France vers la<br />

Roumanie en 2009 avec en<br />

poche 300 € par adulte et 100<br />

€ par enfant, mais près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

tiers d'entre eux reviendraient<br />

clan<strong>de</strong>stinement en France.<br />

"Nous voulons traiter cette<br />

affaire <strong>de</strong> façon humaine et<br />

intelligente", avait dit Pierre Lellouche<br />

avant d'arriver à Bucarest, en soulignant<br />

le caractère délicat <strong>de</strong> la visite, dont l'objet<br />

"ne divise pas la droite et la gauche<br />

françaises", comme en témoigne la présence<br />

d'un député socialiste. Entre 20 000<br />

et 30 000 Roms d'origine roumaine rési<strong>de</strong>nt<br />

actuellement en France.<br />

Amnesty International dénonce<br />

<strong>les</strong> expulsions <strong>de</strong> Tsiganes <strong>de</strong> leurs logements<br />

sociaux, ainsi que leur accès au travail et aux services<br />

sociaux. Ces expulsions sans annonce préalable, sans consultation<br />

et en l'absence d'un logement alternatif perpétuent la<br />

ségrégation raciale et représentent une violation <strong>de</strong>s engagements<br />

internationaux <strong>de</strong> la Roumanie", note Amnesty. Plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> Roms vivent en Roumanie. Cette communauté<br />

connaît un taux <strong>de</strong> pauvreté, <strong>de</strong> chômage et d'illettrisme<br />

<strong>de</strong>ux à trois fois plus élevé que la moyenne nationale.<br />

35


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

36<br />

SATU<br />

MARE<br />

SUCEAVA<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

MURES BACAU<br />

ARAD<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

TÂRGOVISTE GALATI <br />

<br />

TG. JIU PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Tiriac était<br />

"Titi Ionescu"<br />

Ion Tiriac, ancien champion <strong>de</strong><br />

tennis et, aujourd'hui, 3ème plus riche<br />

Roumain avec une fortune estimée<br />

entre 850 et 900 M€, avait signé un<br />

engagement comme informateur <strong>de</strong> la<br />

Securitate en 1963, a révélé le<br />

CNSAS, organisme chargé <strong>de</strong> faire le<br />

point sur <strong>les</strong> collaborateurs <strong>de</strong> l'ancienne<br />

police politique. Son nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong><br />

était "Titi Ionescu". Le CNSAS a<br />

cependant indiqué qu'à cause <strong>de</strong> la<br />

mauvaise volonté du sportif, la Securitate<br />

avait mis un terme à cette colloboration,<br />

3 ans plus tard. Tiriac, 24 ans à<br />

l'époque, s'était marié la même année<br />

avec la handaballeuse est-alleman<strong>de</strong><br />

Erika Braed. Son rôle était <strong>de</strong> rapporter<br />

<strong>les</strong> discussions qu'il avait avec <strong>les</strong><br />

sportifs et délégations étrangères catalogués<br />

comme suspects, venant en<br />

Roumanie. La CNSAS n'a retrouvé<br />

que <strong>de</strong>ux traces écrites <strong>de</strong> ses rapports,<br />

dont l'un concernant <strong>les</strong> rencontres<br />

<strong>de</strong> coupe Davis opposant son pays<br />

à l'Afrique du Sud. Tiriac avait remporté<br />

le double avec son co-équipier<br />

Alexandru Bardan, qui est aujourd'hui<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fédération<br />

Roumaine <strong>de</strong> Tennis.<br />

La gran<strong>de</strong> cathédrale<br />

bientôt en chantier<br />

Longtemps repoussée, la construction<br />

<strong>de</strong> la controversée gran<strong>de</strong> cathédrale<br />

<strong>de</strong> Bucarest "La repentance du<br />

peuple" va débuter au mois d'août, a<br />

annoncé le Patriarche Daniel. Elle<br />

sera édifiée à proximité du palais du<br />

Parlement et affichera <strong>de</strong>s mensurations<br />

impressionnantes: 120 mètres <strong>de</strong><br />

long, 70 <strong>de</strong> large, une surface <strong>de</strong> 38<br />

000 mètres carrés et une capacité <strong>de</strong><br />

5000 personnes. Coût : 200 millions<br />

d'euros (maquette ci-contre).<br />

<br />

Religion<br />

Société<br />

Le métropolite <strong>de</strong> Cluj a-t-il<br />

collaboré avec la Securitate ?<br />

Souvent mis en cause pour ses compromissions avec l'ancien régime communiste,<br />

l'Eglise orthodoxe roumain (BOR) reproche au Conseil national d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

archives <strong>de</strong> la Securitate (CNSAS) <strong>de</strong> mener <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> dénigrement à son<br />

encontre. Celui-ci se défend et rappelle la loi sur le droit d'accès aux archives.<br />

Le métropolite <strong>de</strong> Cluj, "martyr ou tortionnaire<br />

<strong>de</strong> la prison d'Aiud" sous le régime<br />

communiste? Cette question, c'est un journaliste<br />

du quotidien Evenimentul Zilei qui se la pose<br />

dans un article paru le 12 janvier. Témoignages d'anciens<br />

détenus à l'appui, ce <strong>de</strong>rnier entend démontrer<br />

le rôle <strong>de</strong> collaborateur qu'a eu Valeriu Anania à l'époque<br />

<strong>de</strong>s faits. Arrêté par la Securitate et enfermé<br />

pendant six ans dans la prison d'Aiud entre 1958 et<br />

1964, le jeune prêtre aurait choisi <strong>de</strong> collaborer avec<br />

<strong>les</strong> tortionnaires pour jouer "un rôle important dans<br />

le processus <strong>de</strong> rééducation <strong>de</strong>s détenus", peut-on lire.<br />

Cet article se base notamment sur une note du CNSAS, rendue publique le 22 janvier<br />

2008, qui affirme que Valeriu Anania a collaboré avec la Securitate sous le nom <strong>de</strong><br />

co<strong>de</strong> "Apostol" ("Apôtre"). Ces accusations ont suscité la colère <strong>de</strong>s autorités religieuses.<br />

Le bureau <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> la Métropolie <strong>de</strong> Cluj a remis au journal Evenimentul Zilei<br />

un droit <strong>de</strong> réplique, dans lequel elle insiste sur le manque <strong>de</strong> preuves "concluantes et<br />

indubitab<strong>les</strong>" du journaliste dans <strong>les</strong> accusations qu'il porte.<br />

Quelques jours plus tard, c'est la Patriarchie roumaine elle-même qui, par le biais<br />

d'un communiqué <strong>de</strong> presse, accuse une campagne <strong>de</strong> "dénigrement" du clergé orthodoxe<br />

par <strong>de</strong>s fuites d'informations "douteuses" vers <strong>de</strong>s "mercenaires médiatiques" et<br />

d'autres personnes qui cherchent "à humilier et à frapper" <strong>les</strong> serviteurs <strong>de</strong> l'Eglise avant<br />

l'avis <strong>de</strong>s instances civi<strong>les</strong>.<br />

"Obstination"… ou droit à la vérité ?<br />

Nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> "Apostol"<br />

"Le CNSAS continue <strong>de</strong> montrer son incapacité à évaluer <strong>de</strong> façon objective l'attitu<strong>de</strong><br />

du clergé orthodoxe <strong>de</strong>vant le régime communiste", peut-on encore lire dans ce<br />

communiqué. Les accusations proférées par la Patriarchie roumaine ont été repoussées<br />

immédiatement par <strong>les</strong> représentants du CNSAS. "Nous ne dirigeons aucune campagne<br />

contre aucune institution en général, encore moins contre un culte entier. S'il est question<br />

<strong>de</strong> <strong>document</strong>s apparus dans la presse ces <strong>de</strong>rnières semaines, ceux-ci n'ont pas été<br />

donnés par le CNSAS mais par <strong>de</strong>s personnes qui <strong>les</strong> ont obtenus en vertu du droit d'accès<br />

aux dossiers", a répondu Claudiu Secasiu, l'un <strong>de</strong>s membres du collège du CNSAS,<br />

cité par l'agence <strong>de</strong> presse NewsIn. Une explication qui est loin <strong>de</strong> satisfaire <strong>les</strong> prélats.<br />

Contacté par Lepetitjournal.com, le prêtre Constantin Necula, <strong>de</strong> l'archiépiscopat <strong>de</strong><br />

Sibiu accuse "l'obstination" avec laquelle le CNSAS s'applique à décrédibiliser l'Eglise<br />

orthodoxe. Pour lui, <strong>les</strong> "campagnes" menées par le CNSAS à l'encontre <strong>de</strong> l'Eglise servent<br />

<strong>de</strong>s "intérêts politiques" et en aucun cas la "vérité historique" .<br />

"L'Eglise est dépassée par toutes ces accusations.<br />

C'est certain qu'aujourd'hui, elle doit<br />

reconnaître ses fautes", admet-il, mais sans que<br />

<strong>les</strong> collaborateurs soient faits "criminels"... "Les<br />

vrais criminels promènent aujourd'hui leurs<br />

enfants dans <strong>les</strong> parcs et vont tous <strong>les</strong> dimanches<br />

à l'Eglise", conclut-il avec colère.<br />

Jonas Mercier<br />

(www.lepetitjournal.com / Bucarest)<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Insolite<br />

A pied d'œuvre<br />

L'administration pénitentiaire roumaine va<br />

confier à un <strong>de</strong> ses protégés la conception <strong>de</strong> la<br />

première prison privée du pays. Nicolae<br />

Popescu, ancien architecte en chef du secteur Voluntari <strong>de</strong><br />

Bucarest est en effet <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> barreaux <strong>de</strong>puis septembre<br />

<strong>de</strong>rnier, après sa condamnation pour avoir exigé et reçu<br />

<strong>de</strong>s pots <strong>de</strong> vin <strong>de</strong> ses commanditaires. S'ennuyant dans sa<br />

cellule, il s'est mis au travail, faisant venir une planche à<br />

<strong>de</strong>ssins. La société chargée du projet a été heureuse <strong>de</strong><br />

trouver un professionnel expérimenté, l'administration,<br />

quelqu'un qui connaissait désormais bien le milieu. Le seul<br />

engagement qu'ait pris l'architecte est <strong>de</strong> ne pas utiliser <strong>les</strong><br />

plans qu'il va <strong>de</strong>ssiner pour faciliter son éventuelle évasion,<br />

s'il était transféré dans l'établissement qu'il conçoit.<br />

Cigarettes radioactives<br />

La vallée <strong>de</strong> Jiu est actuellement<br />

inondée par <strong>de</strong>s stocks<br />

<strong>de</strong> cigarettes <strong>de</strong> contreban<strong>de</strong>,<br />

venant <strong>de</strong> Moldavie et d'Ukraine, en<br />

empruntant un circuit passant par le<br />

Maramures ou Satu Mare. Ce marché<br />

noir, qui concerne aussi d'autres pays<br />

Galati mérite le livre <strong>de</strong>s records<br />

Le record n'est pas homologué et <strong>les</strong> édi<strong>les</strong> locaux<br />

n'y tiennent sans doute pas… La rue qui mène à<br />

la gare <strong>de</strong> Galati, empruntée quotidiennement<br />

par <strong>de</strong>s voitures, contient pas moins <strong>de</strong> 323 trous en 500<br />

mètres, soit plus d'un tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mètres ! Les chauffeurs<br />

<strong>de</strong> taxis qui conduisent leurs clients pour prendre le bus ou<br />

le train sont <strong>les</strong> plus touchés et <strong>les</strong> plus en colère. Ils doivent<br />

faire procé<strong>de</strong>r à une révision générale <strong>de</strong> leur véhicule<br />

au moins tous <strong>les</strong> six mois, changer la suspension, <strong>les</strong> biel<strong>les</strong>,<br />

la direction, <strong>les</strong> jantes, sans compter le nombre <strong>de</strong> fois<br />

où ils doivent se rendre chez le "vulcanizator" pour <strong>les</strong><br />

pneus abîmés ou crevés.<br />

Société<br />

Une statue <strong>de</strong> Lénine rose et en chocolat<br />

Le 3 mars 1990, le grutier Gheorghe Gavri<strong>les</strong>cu venait <strong>de</strong> sa propre<br />

initiative avec un engin <strong>de</strong> levage, enlever <strong>de</strong> son socle la statue en bronze<br />

<strong>de</strong> 7 mètres <strong>de</strong> haut <strong>de</strong> Lénine, qui trônait <strong>de</strong>vant la Casa Scinteii, le<br />

grand bâtiment <strong>de</strong> style stalinien <strong>de</strong> Bucarest, abritant la presse communiste. Le 26<br />

janvier <strong>de</strong>rnier, jour <strong>de</strong> l'anniversaire <strong>de</strong> Ceausescu, Ioana Ciocan, artiste plasticienne,<br />

l'a remplacée par une autre statue du dirigeant <strong>de</strong> la Révolution d'octobre,<br />

mais <strong>de</strong> dimension plus mo<strong>de</strong>ste - 3 mètres <strong>de</strong> haut - <strong>de</strong> couleur rose, faite en polyester…<br />

et recouverte <strong>de</strong> bonbons et <strong>de</strong> chocolat.<br />

Le but <strong>de</strong> l'artiste était <strong>de</strong> provoquer une réaction afin que <strong>de</strong>s pans entiers <strong>de</strong><br />

l'histoire du pays ne soient pas gommés <strong>de</strong>s mémoires. Ioana Ciocan milite pour<br />

que soit ouvert un musée <strong>de</strong> l'Art sous l'époque communiste, comme il en existe en<br />

Pologne, ex-Allemagne <strong>de</strong> l'Est, Hongrie, République Tchèque et que l'on n'efface<br />

pas purement et simplement une époque <strong>de</strong> 50 ans. Sa statue n'était pas mangeable<br />

et pas plus digérable que le communisme, a-t-elle précisé.<br />

d'Europe centrale et <strong>de</strong> l'Est, est d'autant<br />

plus intéressant que le prix <strong>de</strong>s cigarettes<br />

<strong>de</strong> fabrication locale a bondi avec l'augmentation<br />

<strong>de</strong>s taxes, le paquet frisant<br />

dorénavant <strong>les</strong> 2 €, soit un cinquième du<br />

salaire quotidien moyen. L'ennui, c'est<br />

qu'el<strong>les</strong> sont fabriquées avec du tabac<br />

cultivé aux alentours <strong>de</strong> Tchernobyl,<br />

planté dans <strong>de</strong>s terrains pourtant impropres<br />

à toute culture pour <strong>de</strong>s décennies.<br />

Des doutes sérieux pour la santé <strong>de</strong>s<br />

fumeurs se font jour, même si aucune<br />

preuve <strong>de</strong> leur nocivité n'a pu encore être<br />

établie.<br />

Hôte royal indésirable<br />

Débarqué <strong>de</strong>puis moins <strong>de</strong> 24 heures à Londres et ne<br />

sachant où loger, un jeune Roumain à sauter le mur<br />

d'une caserne, trouvant un refuge pour la nuit dans un<br />

local souterrain <strong>de</strong> Buckingham Palace où il a été trouvé profondément<br />

endormi par une police sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>nts. Sans être aperçu dans un<br />

premier temps, il avait été finalement signalé pour avoir franchi<br />

cette enceinte du régiment <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong> Sa<br />

gracieuse Majesté.<br />

Suspecté d'être un terroriste d'Al Quaïda, il a été finalement<br />

relâché après plusieurs heures d'interrogatoire, un officier enquêteur<br />

reconnaissant que cette histoire était "assez gênante", relevant<br />

que la sécurité <strong>de</strong>s lieux "laissait à désirer".<br />

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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

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SUCEAVA<br />

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BUCAREST<br />

IASI<br />

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BRASOV<br />

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BACAU<br />

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GALATI <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Ski <strong>de</strong> fond: enfin<br />

un titre roumain<br />

Paul Constantin Pepene, 22 ans,<br />

est <strong>de</strong>venu champion du mon<strong>de</strong><br />

junior<br />

(moins <strong>de</strong><br />

23 ans) <strong>de</strong><br />

ski <strong>de</strong><br />

fond, dans<br />

la catégorie<br />

30 km<br />

aux<br />

championnats<br />

qui se<br />

sont<br />

déroulés<br />

fin janvier<br />

à Hinterzaten en Allemagne. Deux<br />

jours plus tôt, son compatriote<br />

Petrica Hogiu avait terminé 2ème du<br />

20 km. Jusqu'ici, La Roumanie n'avait<br />

remporté qu'une seule médaille<br />

en sports d'hiver, le bronze, en bobsleigh,<br />

grâce à Ion Pantaru, en 1968,<br />

aux J.O. <strong>de</strong> Grenoble. Cette 3ème<br />

place lui avait valu la remise par<br />

Ceausescu d'un "diplôme <strong>de</strong> reconnaissance<br />

éternelle"... ce qui ne l'avait<br />

pas empêché, quelques années<br />

plus tard, d'être à <strong>de</strong>ux doigts <strong>de</strong> son<br />

exclusion du Parti communiste pour<br />

n'avoir terminé que 5ème.<br />

Descente aux enfers<br />

Jamais l'équipe nationale <strong>de</strong> football<br />

roumaine n'avait été classée<br />

aussi bas dans la hiérarchie mondiale<br />

par la Fédération Internationale <strong>de</strong><br />

Football, dont le classement existe<br />

<strong>de</strong>puis 1992. Avec 745 points, <strong>les</strong><br />

successeurs <strong>de</strong> Hagi figurent à la<br />

38ème place, reculant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux places<br />

par rapport au classement précé<strong>de</strong>nt.<br />

L'Espagne est en tête, suivie du<br />

Brésil. La France est 7ème.<br />

<br />

Sports<br />

Société<br />

Décrocher une médaille<br />

aurait été un véritable exploit<br />

Mission impossible à Vancouver<br />

Aux J.O. d'hiver <strong>de</strong> Vancouver, la Roumanie était représentée par une délégation<br />

<strong>de</strong> 29 sportifs, dont trois pour le ski alpin, autant pour le ski <strong>de</strong> fond, un patineur,<br />

le reste étant constitué par <strong>les</strong> équipages <strong>de</strong> bobsleigh, <strong>de</strong> traîneaux et <strong>les</strong><br />

compétiteurs <strong>de</strong> biathlon. Comme prévu, dans un sport qui a toujours été laissé en<br />

déshérence, <strong>les</strong> Roumains n'ont ramené aucune médaille au pays.<br />

La Roumanie a <strong>de</strong>s montagnes et <strong>de</strong> la neige, mais <strong>les</strong> disciplines sportives<br />

hiverna<strong>les</strong> n'y ont jamais trouvé grâce. Il n'y existe aucune patinoire, pistes<br />

<strong>de</strong> ski ou tremplins pour <strong>les</strong> sauts, homologués, alors que le nombre <strong>de</strong> stations<br />

<strong>de</strong> sports d'hiver et <strong>de</strong> patinoires pour le public ne cesse d'augmenter. Les rares<br />

champions sont obligés <strong>de</strong> partir six ou sept mois à l'étranger chaque année pour s'entraîner.<br />

Edit Miklos, la seule skieuse <strong>de</strong> l'équipe roumaine prend régulièrement le chemin<br />

<strong>de</strong> l'Autriche… Elle a même pris le tic <strong>de</strong> dire "je retourne chez moi".<br />

Paul Pepene qui vient <strong>de</strong> donner à la Roumanie son premier titre, <strong>de</strong>venant champion<br />

du mon<strong>de</strong> junior <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> fond sur 30 km, avoue passer 70 % <strong>de</strong> sa vie loin du pays,<br />

en Autriche l'hiver, et en Bulgarie l'été où il peut s'entraîner et entretenir son souffle et<br />

sa musculation car il y existe <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> rollers spécialement conçus pour sa discipline.<br />

"Quand je suis en Roumanie, je m'entraîne dans la rue, entre <strong>les</strong> voitures" déploret-il,<br />

rajoutant qu'il a <strong>de</strong> la chance car il a trouvé <strong>de</strong>s sponsors qui paient ses séjours à<br />

l'étranger. Le jeune champion confie qu'il s'en sort surtout grâce à l'ai<strong>de</strong> ses parents, son<br />

club, le Dinamo Bucarest l'in<strong>de</strong>mnisant à hauteur <strong>de</strong> 170 € par mois. La situation est<br />

i<strong>de</strong>ntique pour Zoltan Kelemen, champion <strong>de</strong> Roumanie <strong>de</strong> patinage artistique. Son<br />

club Miercurea Ciuc, l'a gratifié <strong>de</strong> 120 € mensuels pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mois précé<strong>de</strong>nts <strong>les</strong><br />

J.O.. Toutefois sa Fédération prend en charge son hébergement à l'étranger. Pour le<br />

reste, il s'en remet à sa mère… "J'aime trop le patinage pour renoncer" affirme le<br />

champion qui a 23 ans et a tout <strong>de</strong> même terminé 19ème au championnat d'Europe.<br />

Championnats <strong>de</strong> Roumanie… en Pologne<br />

Sans moyens, <strong>les</strong> fédérations ne sont pas à incriminer. D'ailleurs, faute <strong>de</strong> structures<br />

adéquates, el<strong>les</strong> en sont réduites à faire disputer certains championnats nationaux à<br />

l'étranger. Le titre <strong>de</strong> champion <strong>de</strong> saut est attribué en Pologne ou en Autriche. Les<br />

voleurs <strong>de</strong> ferraille ont désossé le seul tremplin du pays, à Sacele, près <strong>de</strong> Brasov. Si<br />

el<strong>les</strong> arrivent à fournir en matériel leurs champions <strong>de</strong> ski ou <strong>de</strong> patinage, l'équipement<br />

n'étant pas trop coûteux, il en va tout autrement en ce qui concerne le bobsleigh et <strong>les</strong><br />

traîneaux où il peut atteindre <strong>de</strong>s milliers d'euros. C'est ainsi qu'Emanoil Savin, le maire<br />

<strong>de</strong> Busteni, station <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Prahova, près <strong>de</strong> Sinaia, a lancé une quête publique<br />

pour acheter <strong>de</strong>ux traîneaux <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière génération aux sœurs Raluca et Violeta<br />

Stramaturaru, originaires <strong>de</strong> l'endroit, sélectionnées pour représenter la Roumanie à<br />

Vancouver. Il a collecté 15 000 € dont 1000 € remis par Lucian Bute, champion du<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> boxe.<br />

Euro 2<strong>01</strong>2: France et Roumanie ne se quittent plus<br />

Décidément le sort s'acharne à<br />

se faire affronter France et<br />

Roumanie. Les <strong>de</strong>ux équipes<br />

font partie du même groupe <strong>de</strong> qualification<br />

<strong>de</strong> l'Euro 2<strong>01</strong>2 qui se déroulera en<br />

Pologne et Ukraine. Comme en 2008... et<br />

comme pour <strong>les</strong> pou<strong>les</strong> <strong>de</strong> qualification à<br />

la coupe du Mon<strong>de</strong> en Afrique du Sud <strong>de</strong><br />

juillet prochain. El<strong>les</strong> se rencontreront en<br />

matchs aller-retour et auront comme<br />

adversaires la Bosnie-Herzégovine, la<br />

Biélorussie, l'Albanie et le Luxembourg.<br />

Les premiers matchs auront lieu dès l'automne<br />

prochain, la France recevant la<br />

Roumanie le 9 octobre et lui rendant visite<br />

le 6 septembre 2<strong>01</strong>1. La France et la<br />

Roumanie se sont déjà rencontrées à 13<br />

reprises, la première s'imposant six fois, la<br />

secon<strong>de</strong> trois fois. Les trois <strong>de</strong>rnières rencontres<br />

se sont terminées sur un score nul.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

IARNA<br />

2009<br />

<strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />

Société<br />

39


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

40<br />

ORADEA<br />

ARAD<br />

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MARE<br />

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MURES<br />

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BRASOV<br />

TIMISOARA<br />

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GALATI <br />

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PITESTI BRAILA <br />

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CRAIOVA<br />

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BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

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BACAU<br />

<br />

Ours d'argent à Berlin<br />

pour Florin Serban<br />

Il ne se passe plus <strong>de</strong> festivals internationaux<br />

sans qu'un film roumain<br />

ne soit primé et un nouveau réalisateur<br />

découvert. Le festival <strong>de</strong> Berlin,<br />

le plus prestigieux en Europe après<br />

Cannes vient <strong>de</strong> décerner un ours<br />

d'argent à "Eu cand vreau sa fluier,<br />

fluier", ("Si je veux siffler, je siffle")<br />

qui fait le portrait d'un jeune délinquant<br />

en maison <strong>de</strong> correction, et le<br />

Prix Alfred Bauer pour cette œuvre,<br />

qui ouvre <strong>de</strong>s perspectives nouvel<strong>les</strong><br />

dans l'art cinématographique, à son<br />

jeune réalisateur Florin Serban.<br />

Le trophée lui a été remis par l'actrice<br />

Renée Zellweger. Le Turc Semih<br />

Kaplanoglu a reçu l'Ours d'or pour<br />

"Bal"/"Honey", et le franco-Polonais<br />

(et Suisse "malgré lui") Roman<br />

Polanski un ours d'argent comme<br />

meilleur metteur en scène.<br />

Sous-titrage<br />

en roumain dans<br />

<strong>les</strong> cinémas moldaves<br />

Boris Focsa, ministre <strong>de</strong> la culture<br />

Moldave a décidé que <strong>les</strong> films étrangers<br />

projetés dans le pays, soit leur<br />

quasi-totalité, <strong>de</strong>vraient être doublés<br />

ou sous-titrés en roumain. Jusqu'ici,<br />

ils l'étaient en russe. Cette mesure a<br />

mécontenté le co-propriétaire du principal<br />

réseau <strong>de</strong> cinémas <strong>de</strong> la petite<br />

République, Victor Selin, pro-russe,<br />

qui a prédit qu'elle ferait fuir 90 % <strong>de</strong>s<br />

spectateurs et a indiqué que son coût<br />

aggraverait encore la crise du septième<br />

art dans le pays, alors que 40<br />

cinémas ont dû déjà y fermer leurs<br />

portes. Le ministre a répliqué qu'ainsi<br />

"<strong>les</strong> Moldaves ne pratiquant que le<br />

russe auraient dorénavant l'occasion<br />

<strong>de</strong> se familiariser avec la langue<br />

maternelle <strong>de</strong> la terre où ils habitent".<br />

CInéma<br />

Connaissance et découverte<br />

Malgré ses succès internationaux<br />

Palme d'or 2007 avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Cristian Mungiu est<br />

<strong>de</strong>venu le plus éminent ambassa<strong>de</strong>ur d'un cinéma roumain. Transfuge <strong>de</strong> l'université<br />

<strong>de</strong> théâtre et <strong>de</strong> cinéma <strong>de</strong> Bucarest, le cinéaste, âgé <strong>de</strong> 41 ans s'évertue à<br />

travailler dans son pays, en dépit <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s et malgré <strong>les</strong> nombreuses propositions<br />

venues <strong>de</strong> l'étranger. A l'occasion <strong>de</strong> la sortie <strong>de</strong>s "Contes <strong>de</strong> l'âge d'or"<br />

dont il est le scénariste, le réalisateur revient sur son parcours.<br />

Gil<strong>les</strong> Renault: Qu'est ce qui a changé dans votre vie <strong>de</strong>puis "4 mois, 3 semaines<br />

et 2 jours"?<br />

Cristian Mungiu: Le fait d'être plus connu multiplie le nombre <strong>de</strong> choses qu'on<br />

vous propose... et me conforte dans l'idée <strong>de</strong> privilégier mes propres sujets. J'ai dû<br />

recevoir une centaine <strong>de</strong> scénarios qui auraient pu me faire prendre la direction <strong>de</strong>s<br />

Etats-Unis, ainsi qu'une opportunité <strong>de</strong> tournage <strong>de</strong> pub pour une marque alleman<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> camions. Mais rien ne vaut pour moi la réaction <strong>de</strong>s gens que je croise dans un<br />

aéroport ou dans la rue et me disent à quel point <strong>les</strong> thèmes que j'abor<strong>de</strong> <strong>les</strong> touchent.<br />

Alors, j'ai renforcé mon implication en Roumanie, où je passe beaucoup <strong>de</strong> temps à<br />

discuter avec <strong>les</strong> autorités, chercher <strong>de</strong> meilleures conditions pour le financement et la<br />

distribution <strong>de</strong> nos films. A titre privé, j'ai toujours le même bureau, la même voiture.<br />

On m'a aussi suggéré <strong>de</strong> m'impliquer sur le plan politique et <strong>de</strong> briguer une place au<br />

Parlement européen. Ce qui n'est<br />

évi<strong>de</strong>mment pas ma place.<br />

G.R.: Peut-on éprouver une<br />

forme <strong>de</strong> nostalgie pour la vie à<br />

l'époque <strong>de</strong> l'ancien bloc communiste<br />

?<br />

C.M.: La nostalgie n'opère pas<br />

par rapport au contexte social et<br />

politique, elle renvoie simplement<br />

à notre jeunesse et aux changements<br />

qu'a subis le mon<strong>de</strong>. Dans<br />

Le cinéma roumain concrétise ausssi son âge d’or...<br />

avec l’Ours d’argent <strong>de</strong> Florin Serban obtenu à Berlin.<br />

<strong>les</strong> années 80, nous n'avions pas<br />

Internet, ni <strong>les</strong> téléphones porta-<br />

b<strong>les</strong>, <strong>les</strong> gens passaient bien plus <strong>de</strong> temps ensemble à se parler, échanger <strong>de</strong>s idées.<br />

Paradoxalement, malgré <strong>les</strong> difficultés que nous rencontrions au quotidien, il y avait<br />

sans doute un aspect plus humain. Contes <strong>de</strong> l'âge d'or correspond ainsi à une façon<br />

<strong>de</strong> retrouver le goût <strong>de</strong> choses perdues.<br />

La vie sentimentale sous Ceausescu<br />

prochain épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong>s "Contes <strong>de</strong> l'âge d'or"<br />

Cristian Mungiu:<br />

G.R.: Comme beaucoup <strong>de</strong> films roumains actuels, "Contes <strong>de</strong> l'âge d'or" possè<strong>de</strong><br />

une forte tonalité ironique…<br />

C.M.: L'aspect comédie correspond à cet humour dont <strong>les</strong> gens avaient besoin<br />

pour vivre au quotidien. Le système était coercitif, mais personne ne pouvait réellement<br />

croire à cette propagan<strong>de</strong> qui vantait une existence où l'on manquait <strong>de</strong> chauffage,<br />

<strong>de</strong> nourriture, d'essence. En tant que cinéaste, j'ai voulu traiter ce contexte sous<br />

forme <strong>de</strong> trilogie. Dans 4 mois..., je privilégiais une forte dimension dramatique.<br />

Après Contes <strong>de</strong> l'âge d'or, la troisième partie, déjà tournée, relatera trois épiso<strong>de</strong>s<br />

amoureux, ou comment le système interférait aussi avec la vie sentimentale <strong>de</strong> la<br />

population.<br />

G.R.: Peut-on parler d'un âge d'or actuel du cinéma roumain ?<br />

C.M.: Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la reconnaissance internationale, sans doute. Mais cela<br />

contraste singulièrement avec la réalité du pays: sous le communisme, 30 ou 40 films<br />

roumains sortaient chaque année, contre 5 à 10 aujourd'hui; nous sommes passés <strong>de</strong><br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

le scénariste <strong>de</strong>s “Contes <strong>de</strong> l’âge d’or” a décidé <strong>de</strong> rester au pays<br />

"La nostalgie renvoie simplement à notre jeunesse"<br />

800 écrans à 80 et l'affluence à chuté <strong>de</strong> 20-30 millions à 2-3<br />

millions. La piraterie prolifère et seul le cinéma très grand<br />

public, style comédie romantique américaine, tire son épingle<br />

du jeu. Les gens réclament <strong>de</strong>s histoires simp<strong>les</strong>, basiques, qui<br />

répon<strong>de</strong>nt à leur attente. Ils per<strong>de</strong>nt aussi l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sortir,<br />

et récolter <strong>de</strong>s fonds pour tourner le moindre film est toujours<br />

une âpre bataille. D'ailleurs, avec Contes..., j'ai aussi envisagé<br />

la comédie comme moyen d'attirer le public en sal<strong>les</strong>; bien<br />

qu'en définitive, il ait semble-t-il eu du mal à imaginer qu'on<br />

puisse faire un film drôle sur une telle pério<strong>de</strong>. Ça a été le film<br />

roumain qui a le mieux marché cette année, mais très loin <strong>de</strong>rrière<br />

le cinéma américain, type l'Age <strong>de</strong> glace 3.<br />

"Le mensonge et la manipulation<br />

ont fini par reprendre le <strong>de</strong>ssus"<br />

G.R. : Où étiez-vous pendant l'âge d'or ?<br />

C.M. : J'étudiais <strong>les</strong> langues à<br />

Iasi, une ville au nord du pays. Je<br />

collaborais aussi au journal Opinia<br />

Stu<strong>de</strong>nteasca, qu'on citait comme<br />

un exemple <strong>de</strong> presse libre car il n'avait<br />

pas l'obligation <strong>de</strong> mettre<br />

Ceausescu en couverture. Au<br />

moment <strong>de</strong> sa chute, il y a eu une<br />

Eclaircie annonciatrice <strong>de</strong> jours<br />

meilleurs pour <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

cinéma roumaines. Alors que<br />

la crise a sévi durement l'an passé en<br />

Roumanie, le cinéma roumain a connu<br />

paradoxalement une embellie spectaculaire,<br />

ce qui a amené <strong>les</strong> exploitants <strong>de</strong>s<br />

sal<strong>les</strong> à renouer avec <strong>les</strong> bénéfices.<br />

Avec un quart <strong>de</strong> siècle <strong>de</strong> retard, le<br />

cinéma roumain a emprunté <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s<br />

d'Hollywood <strong>de</strong>s années 80 pour faire<br />

revenir le public dans ses sal<strong>les</strong>. A<br />

savoir… lui donner le sentiment qu'aller<br />

au cinéma, c'est sortir en ville, voir du<br />

mon<strong>de</strong>, faire ses courses ou du lèche<br />

vitrine, en installant <strong>de</strong>s complexes<br />

offrant un grand choix <strong>de</strong> films dans <strong>les</strong><br />

"malls", immenses galeries commercia<strong>les</strong>,<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>. Et çà a marché,<br />

notamment auprès <strong>de</strong> jeunes ! D'autant<br />

plus que l'avènement <strong>de</strong> la 3 D ne permet<br />

pas <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> ses effets spectaculaires<br />

en piratant ses longs métrages sur<br />

Internet, une spécialité dans laquelle <strong>les</strong><br />

Roumains excellent.<br />

Le résultat est là: <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> roumaines<br />

ont vendu 4,6 millions <strong>de</strong> billets en<br />

2009 pour <strong>les</strong> 182 films présentés en première,<br />

contre 3,5 millions <strong>de</strong>ux ans auparavant,<br />

soit une augmentation <strong>de</strong> 40 %.<br />

Les chiffres sont encore plus probants<br />

pour <strong>les</strong> recettes: 19 millions d'euros au<br />

lieu <strong>de</strong> 11 millions. Les propriétaires <strong>de</strong><br />

sal<strong>les</strong> espèrent redresser la situation dans<br />

<strong>les</strong> dix ans qui viennent et retrouver la<br />

moitié du nombre d'entrées enregistrées<br />

encore en 1990, 130 millions à l'époque !<br />

Le cinéma roumain reviendrait alors <strong>de</strong><br />

loin. Après une dégringola<strong>de</strong> quasiment<br />

ininterrompue <strong>de</strong>puis la "Révolution",<br />

hormis en 20<strong>01</strong>, 2002 et 2008, il avait<br />

touché le fond en 2007, avec 2,8 millions<br />

<strong>de</strong> billets vendus… soit environ 2 % <strong>de</strong><br />

l'époque d'or !<br />

Cette éclaircie annonciatrice <strong>de</strong> jours<br />

meilleurs est donc une première récompense<br />

pour <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation<br />

du cinéma roumain. Il ne comptait que 75<br />

cinémas et 136 sal<strong>les</strong> offrant au total<br />

47 000 places en 2008. Ces chiffres ont<br />

Connaissance et découverte<br />

formidable effervescence. Tout le mon<strong>de</strong> passait à la rédaction,<br />

<strong>les</strong> gens nous remerciaient <strong>de</strong> dire enfin la vérité. De mensuel,<br />

on est passé quotidien, travaillant jour et nuit. On nous apportait<br />

<strong>de</strong> la nourriture, <strong>de</strong>s cigarettes. Nous vendions le journal à<br />

la criée. Tout était à réinventer, avec une dimension romantique.<br />

Bien sûr, ça n'a pas duré: le mensonge et la manipulation<br />

ont fini par reprendre le <strong>de</strong>ssus.<br />

G.R.: Au vu <strong>de</strong>s récentes élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong> roumaines,<br />

on sent l'opinion publique désabusée…<br />

C.M.: Effectivement. On y a cru. Mais ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, ça a basculé, avec l'impression que tous <strong>les</strong> politiques<br />

se valent, uniquement soucieux <strong>de</strong> leurs intérêts personnels;<br />

qu'il n'y a plus <strong>de</strong> débat idéologique; et que seule la démagogie<br />

prévaut. La campagne électorale a été désastreuse.<br />

G.R. : Si vous <strong>de</strong>viez imaginer un "conte" dont l'action<br />

se situerait en 2009 ?<br />

C.M. : On m'a raconté que certaines visites <strong>de</strong> candidats,<br />

pendant la campagne, rappelaient étrangement la première histoire<br />

du film (où <strong>de</strong>s villageois reçoivent tout un tas <strong>de</strong> consignes<br />

abracadabrantes pour enjoliver leur bourg à l'occasion du<br />

passage attendu <strong>de</strong> Ceausescu). Sinon, j'aime bien le pont édifié<br />

pour relier Bucarest à Constantsa. Une fortune engloutie<br />

jusqu'au moment où on s'est aperçu que <strong>les</strong> fils électriques <strong>de</strong><br />

la voie ferrée, située en contrebas, empêchaient d'achever la<br />

construction. Propos recueillis par Gil<strong>les</strong> Renault<br />

Le nombre d'entrées dans <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> <strong>de</strong> cinéma<br />

a augmenté <strong>de</strong> 40 % en 2009 et <strong>les</strong> recettes <strong>de</strong> 60 %<br />

dépassé aujourd'hui 150 sal<strong>les</strong>, 21 ayant<br />

ouvert à Bucarest en 2009, dans le complexe<br />

AFI Cotroceni. Cette année,<br />

Cinema City, le plus grand opérateur <strong>de</strong><br />

cinéma en Europe Centrale et <strong>de</strong> l'Est,<br />

compte inaugurer 15 sal<strong>les</strong> dans le complexe<br />

Sun Plaza <strong>de</strong> la capitale et dix autres<br />

à Arad. Il était temps. RADEF, le<br />

principal réseau <strong>de</strong> sal<strong>les</strong> dans le pays<br />

n'en comptait plus que 38, <strong>de</strong> moins en<br />

moins fréquentées à cause <strong>de</strong> leur équipement<br />

vétuste, mais aussi parce qu'el<strong>les</strong> ne<br />

sont pas bien chauffées.<br />

Toutefois, le cinéma roumain doit<br />

faire face à un autre problème. Ses films,<br />

si appréciés à l'étranger, n'ont réalisé que<br />

1,9 % <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> ses recettes en<br />

2009, soit 380 000 €, dont 85 000 € pour<br />

"Les Contes <strong>de</strong> l'âge d'or", arrivés en<br />

tête <strong>de</strong> la production locale. Le 3ème épiso<strong>de</strong><br />

hollywoodien <strong>de</strong> "L'âge <strong>de</strong> glace",<br />

a engrangé 1,6 M€… Apparemment, l'épopée<br />

communiste, pourtant récente, passionne<br />

nettement moins <strong>les</strong> Roumains<br />

que celle <strong>de</strong>s dinosaures.<br />

41


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

42<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

IASI CHISINAU<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

GHERLA <br />

<br />

ARAD<br />

<br />

CLUJ TARGU<br />

<br />

MURES<br />

BACAU<br />

TIMISOARA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

PITESTI BRAILA <br />

<br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Ah si Cartouche<br />

avait été Roumain !<br />

Amateurs <strong>de</strong> beaux films <strong>de</strong> cape<br />

et d'épée, <strong>les</strong> téléspectateurs français<br />

ont été bien déçus, à la veille <strong>de</strong> Noël,<br />

par le téléfilm <strong>de</strong> France 2 présentant<br />

<strong>les</strong> exploits <strong>de</strong> Cartouche, bandit au<br />

grand cœur Cartouche, mort à 29 ans,<br />

en 1721, en subissant le supplice <strong>de</strong><br />

la roue.<br />

On leur a servi un récit consternant<br />

d'ennui, avec <strong>de</strong>s personnages incarnés<br />

par <strong>de</strong>s acteurs médiocres, particulièrement<br />

le principal, jouant sans<br />

conviction, <strong>de</strong>s combats sans âmes,<br />

<strong>de</strong>s décors répétitifs, <strong>de</strong>s situations<br />

convenues, réglées par une mise en<br />

scène insipi<strong>de</strong> et une direction d'acteurs<br />

en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> tout. Le clou <strong>de</strong><br />

ce naufrage était d'entendre <strong>les</strong> protagonistes<br />

s'invectiver en français d'aujourd'hui:<br />

"Fous le camp", " Tire-toi ",<br />

"dégage"… Et pourquoi pas "Cassetoi,<br />

pov'con" tant qu’on y est…<br />

On peut légitimement penser que<br />

le cinéma roumain aurait réservé un<br />

bien meilleur traitement à ce héros<br />

populaire ! D'autant plus que ce<br />

"redresseur <strong>de</strong> torts" aurait du travail<br />

à faire dans la Roumanie d'aujourd'hui,<br />

et que <strong>les</strong> metteurs en scène roumains<br />

ont déjà excellé dans le genre<br />

en racontant la vie <strong>de</strong> "haiduci" qui ont<br />

jalonné son histoire, comme Pintea,<br />

Baba Novac, Iancu Jianu, Andrii<br />

Popa, etc…, magistralement incarnés<br />

à l'écran par <strong>de</strong>s grands acteurs<br />

comme Florin Piersic et Toma<br />

Caragiu! Dans <strong>les</strong> années 60, le<br />

public roumain avait beaucoup apprécié<br />

la version du "Cartouche" <strong>de</strong><br />

Philipe <strong>de</strong> Broca, interprété par Jean-<br />

Paul Belmondo et Claudia Cardinale.<br />

Au point que <strong>de</strong>s parents avaient baptisé<br />

leur enfant "Cartouche" !<br />

<br />

Littérature<br />

Connaissance et découverte<br />

Une ONG <strong>de</strong> Chisinau <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

Une ONG moldave, Asociatia Civica Hy<strong>de</strong> Park, a<br />

<strong>de</strong>mandé aux nouvel<strong>les</strong> autorités du pays d'accor<strong>de</strong>r la<br />

citoyenneté moldave à l'écrivain apatri<strong>de</strong> et dissi<strong>de</strong>nt<br />

Paul Goma, 74 ans (notre photo), né en 1935 dans la localité<br />

<strong>de</strong> Mana (ju<strong>de</strong>t d'Orhei), alors Bessarabie roumaine,<br />

ainsi que <strong>de</strong> lui décerner le titre <strong>de</strong> citoyen d'honneur <strong>de</strong><br />

la ville <strong>de</strong> Chisinau, pour le récompenser <strong>de</strong> son oeuvre<br />

littéraire, dans laquelle il évoque ses origines moldaves, et<br />

du courage dont il a fait preuve tout au long <strong>de</strong> sa vie.<br />

L'ONG Asociatia Civica Hy<strong>de</strong> Park, a suggéré également que le gouvernement<br />

moldave attribue à Paul Goma un appartement à Chisinau ou une<br />

maison dans son village natal, ainsi qu'une pension décente ou une bourse<br />

<strong>de</strong> création et qu'il examine aussi la possibilité <strong>de</strong> diffuser son œuvre à travers <strong>les</strong><br />

bibliothèques du pays et <strong>de</strong> Roumanie, tout en faisant traduire ses publications françaises.<br />

L'écrivain, déjà citoyen d'honneur <strong>de</strong> Timisoara, est réfugié à Paris <strong>de</strong>puis 1977 où<br />

la Securitate a essayé à plusieurs reprises <strong>de</strong> l'assassiner.<br />

Lycéen, interrogé huit jours d'affilée par la Securitate<br />

Fils d'instituteurs roumanophones, Paul Goma a cinq ans lorsque sa famille doit<br />

fuir <strong>de</strong>vant l'Armée rouge, alors qu'en application du protocole secret du pacte Hitler-<br />

Staline, l'URSS annexe son pays natal. La famille s'installe à Sibiu, où le communisme<br />

(roumain cette fois) la rattrapera cinq ans plus tard, alors que le petit Paul a dix ans.<br />

Paul Goma a montré dès sa jeunesse un esprit contestataire et provocateur, déclarant<br />

que "la persécution ou la disparition d'un citoyen n'est rentable pour un pouvoir,<br />

que si ce citoyen reste anonyme". En mai 1952, alors qu'il était élève en secon<strong>de</strong> au<br />

lycée Gheorghe Lazar <strong>de</strong> Sibiu, il défend <strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s accusés <strong>de</strong> "menées subversives"<br />

et, amené à la Securitate, il y est interrogé durant huit jours, après quoi il est exclu<br />

du lycée. Il réussit à poursuivre sa scolarité à 100 km <strong>de</strong> là, au lycée Radu Negru <strong>de</strong><br />

Fagaras, passant son bac en 1953.<br />

En 1954, le jeune homme réussit <strong>les</strong> examens d'admission en philologie à<br />

l'Université <strong>de</strong> Bucarest et en littérature à l' Institut <strong>de</strong> littérature Mihai Eminescu, choisissant<br />

ce <strong>de</strong>rnier. Il a comme professeurs Radu Florian, Tamara Gane, Mihai Gafita et<br />

T.G. Maiorescu et adhère à l'Union <strong>de</strong>s jeunesses communistes, pensant que la rénovation<br />

intérieure peut être plus efficace que la contestation extérieure.<br />

Exclu <strong>de</strong> l'université et emprisonné trois ans<br />

"L'infréquentable"<br />

Mais, suite à ses nombreuses provocations et disputes (entre autres, il manifeste<br />

son soutien à la révolution hongroise <strong>de</strong> Budapest), Paul Goma en est exclu en novembre<br />

1956 et aussitôt arrêté, puis jugé pour "tentative d'organiser une manifestation hostile<br />

au socialisme"; en mars 1957 il est condamné à <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> correctionnelle, et en<br />

fera trois (il fut insoumis en prison aussi) à Jilava et à Gherla. En 1960, il est envoyé<br />

en rési<strong>de</strong>nce forcée et sous contrôle judiciaire dans le village <strong>de</strong> Latesti, dans la plaine<br />

valaque du Baragan (la Sibérie roumaine), où il est assigné jusqu'en 1964.<br />

Ne pouvant pas reprendre ses étu<strong>de</strong>s là où el<strong>les</strong> avaient été interrompues, il se réinscrit<br />

en première année en philologie, à Bucarest, en 1965. Pensant toujours à la "résistance<br />

intérieure", il s'inscrit au P.C. roumain. En 1968 il adhère aux positions défendues<br />

à Prague par Alexandre Dubcek ("le Socialisme à visage humain"), et comme<br />

Ceausescu soutient lui aussi le Tchécoslovaque au début, Goma n'est pas inquiété. Il<br />

achève ses étu<strong>de</strong>s en 1970. En 1971, alors que son roman Ostinato (L'obstiné), censuré<br />

en Roumanie, paraît en version intégrale en R.F.A. (<strong>de</strong>s amis dissi<strong>de</strong>nts ont sorti<br />

le manuscrit), il est exclu du P.C.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

que l'écrivain apatri<strong>de</strong>, réfugié en France, soit fait citoyen moldave<br />

Paul Goma esprit contestataire et provocateur né<br />

Au printemps 1977, Goma réussit par le même biais à<br />

envoyer une Lettre ouverte au gouvernement roumain à la<br />

radio américaine "Free Europe", exigeant le respect <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> l'homme en Roumanie. Cette lettre y est lue au micro.<br />

Victime <strong>de</strong> tentatives d'assassinat à Paris<br />

Paul Goma est aussi l'un <strong>de</strong>s signataires <strong>de</strong> la "Charte 77".<br />

Exclu <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s écrivains, puis arrêté et torturé par la<br />

Securitate, il est détenu plusieurs mois à la prison <strong>de</strong> Rahova.<br />

Mais, étant déjà connu en Occi<strong>de</strong>nt et répertorié par l'ONG<br />

Amnesty International, il ne peut plus être jugé et condamné<br />

sans provoquer <strong>de</strong>s protestations internationa<strong>les</strong>, alors même<br />

que le régime communiste tente <strong>de</strong> donner à l'étranger l'image<br />

d'une "démocratie populaire indépendante".<br />

Le 20 novembre 1977, Paul Goma, son épouse et son fils<br />

sont privés <strong>de</strong> la nationalité roumaine et expulsés vers la<br />

France. À Paris, ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt et obtiennent l'asile politique.<br />

Goma y continue son combat contre le système communiste,<br />

la dénonciation <strong>de</strong> ses crimes (en 2005, le gouvernement roumain<br />

a chiffré le nombre <strong>de</strong> victimes en Roumanie à <strong>de</strong>ux<br />

millions entre 1945 et 1989) et <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> Ceausescu.<br />

La Securitate réagit par un colis piégé (désamorcé par la<br />

police française, qui protège alors Goma) puis par plusieurs<br />

tentatives d'empoisonnement contre Goma et son fils, ce qui<br />

provoquera une grave crise diplomatique entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />

Refus <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir Français<br />

À partir <strong>de</strong> 1980 sa lutte contre le communisme prend un<br />

ton <strong>de</strong> plus en plus nationaliste et même anti-occi<strong>de</strong>ntal. Paul<br />

Goma refuse la nationalité française, offerte au bout <strong>de</strong> seulement<br />

trois ans <strong>de</strong> séjour, en même temps qu'au dissi<strong>de</strong>nt<br />

tchèque Milan Kun<strong>de</strong>ra (qui l'accepte), et se rapproche <strong>de</strong>s<br />

positions d'inspiration fascistes défendues avant-guerre en<br />

Roumanie par Nae Ionescu, Octavian Goga et Nichifor<br />

Crainic. Après la chute <strong>de</strong> Ceausescu, une partie <strong>de</strong> ses livres<br />

est publiée en Roumanie. Il écrit <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> revues<br />

"Vatra", "Familia", "Timpul" et "Jurnalul Literar".<br />

Paul Goma a fait partie durant 8 jours <strong>de</strong> la Commission<br />

prési<strong>de</strong>ntielle pour l'analyse <strong>de</strong> la dictature communiste en<br />

Roumanie, dont il a été révoqué par son coordonnateur<br />

Vladimir Tismaneanu, suite à ses prises <strong>de</strong> position radica<strong>les</strong>.<br />

Politiquement incorrect après<br />

le scandale <strong>de</strong> la "Semaine rouge"<br />

Après 1989, Paul Goma se montre très irrité par la relative<br />

indifférence que <strong>les</strong> régimes communistes est-européens et<br />

leurs crimes suscitent en Occi<strong>de</strong>nt, en comparaison avec la<br />

mémoire <strong>de</strong> la Shoah qui, elle, est bien mieux entretenue par<br />

<strong>les</strong> historiens, <strong>les</strong> écrivains et <strong>les</strong> cinéastes.<br />

Au lieu <strong>de</strong> suivre l'exemple <strong>de</strong> ceux-ci, Paul Goma placé<br />

son témoignage littéraire dans l'engrenage <strong>de</strong> la concurrence<br />

Connaissance et découverte<br />

<strong>de</strong> la mémoire. Il exige <strong>de</strong>s auteurs juifs qu'ils "assument <strong>les</strong><br />

responsabilités pour <strong>les</strong> crimes commis contre <strong>les</strong> Roumains,<br />

et cessent <strong>de</strong> monopoliser l'histoire avec le mythe du génoci<strong>de</strong><br />

unique, celui dont ils ont été victimes, <strong>de</strong> culpabiliser toutes<br />

<strong>les</strong> autres nations, dans le but politique et économique <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />

dominer et <strong>de</strong> leur extorquer <strong>de</strong>s fonds, sans aucune analyse<br />

critique <strong>de</strong> leurs propres agissements criminels anti-roumains<br />

(et en général contre <strong>les</strong> non-juifs), avec le soutien et l'approbation<br />

<strong>de</strong> la quasi-totalité <strong>de</strong>s cerc<strong>les</strong> israélites".<br />

Ce propos provoque un immense scandale et lui aliène la<br />

plupart <strong>de</strong>s anciens dissi<strong>de</strong>nts tels Doina Cornea, Romulus<br />

Rusan, Ana Blandiana, Gabriel Liiceanu, Andrei P<strong>les</strong>u ou<br />

Mihai Stanescu, qui se désolidarisent publiquement <strong>de</strong> lui. En<br />

2002, <strong>de</strong>venu politiquement "infréquentable" Paul Goma n'arrange<br />

rien en publiant son essai: La semaine rouge 28 juin - 3<br />

juillet 1940 ou la Bessarabie et <strong>les</strong> Juifs, y relatant son traumatisme<br />

<strong>de</strong> jeunesse, lorsqu'il fut témoin <strong>de</strong> la réaction d'une<br />

partie <strong>de</strong> la population non-roumanophone <strong>de</strong> Bessarabie lors<br />

<strong>de</strong> l'ultimatum <strong>de</strong> Staline à la Roumanie et <strong>de</strong> l'évacuation <strong>de</strong><br />

ce territoire par <strong>les</strong> autorités roumaines fin juin 1940.<br />

La Roumanie ne veut plus entendre parler <strong>de</strong> lui<br />

Paul Goma attribue spécifiquement aux Juifs <strong>de</strong>s pillages<br />

et atrocités commises alors contre la majorité moldave, puis<br />

enchaîne en tentant <strong>de</strong> "légitimer" <strong>les</strong> crimes contre l'humanité<br />

du régime fasciste roumain contre <strong>les</strong> Juifs après le 22 juin<br />

1941 (attaque <strong>de</strong> l'Axe contre l'URSS), par "la vengeance<br />

contre <strong>les</strong> actes commis l'année précé<strong>de</strong>nte".<br />

Les historiens roumains ont qualifié la Semaine rouge <strong>de</strong><br />

"manifeste politique qui réinterprète l'histoire, utilise <strong>de</strong>s<br />

sources tendancieuses, et n'en choisit que cel<strong>les</strong> qui peuvent<br />

servir son propos, rendant une population tout entière<br />

(250 000 juifs moldaves) responsable <strong>de</strong> l'action <strong>de</strong>s commandos<br />

communistes, dont <strong>les</strong> membres n'étaient pas majoritairement<br />

juifs". "La Semaine rouge ne sert pas la dénonciation <strong>de</strong>s<br />

crimes du communisme, mais <strong>de</strong>s thèses antisémites et négationniste"<br />

concluent-ils. Goma réplique en affirmant que "Les<br />

sources primaires concernant <strong>les</strong> évènements décrits dans La<br />

Semaine rouge se trouvent dans <strong>les</strong> Archives militaires roumaines<br />

et sont citées par <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong> renom”.<br />

Face à ces critiques, Paul Goma a tenté <strong>de</strong> crédibiliser son<br />

essai en multipliant <strong>les</strong> références et en renonçant à certaines<br />

approximations, généralisations et amalgames: il publia plusieurs<br />

variantes entre 2002 et 2005. La première mouture est<br />

parue chez l'éditeur moldave "Museum" <strong>de</strong> Chisinau en 20<strong>03</strong>,<br />

la <strong>de</strong>uxième chez "Criterion Publishing House" à Bucarest<br />

(20<strong>03</strong>), la troisième chez "Vremea", également à Bucarest<br />

(2004). Le résultat fut l'inverse <strong>de</strong> ce qu'il espérait: son isolement<br />

s'accentua tant en Roumanie qu'en France. La Roumanie<br />

refuse <strong>de</strong> lui rendre sa nationalité d'origine, et il est toujours<br />

apatri<strong>de</strong>. En 2006, une pétition en faveur <strong>de</strong> Goma, signée par<br />

300 personnes, s'est heurtée aux fins <strong>de</strong> non-recevoir du<br />

Prési<strong>de</strong>nt Traian Basescu.<br />

43


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

44<br />

<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

<br />

BRASOV<br />

TIMISOARA<br />

<br />

TÂRGOVISTE GALATI <br />

PITESTI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

CERNAUTI<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CHISINAU<br />

IASI <br />

<br />

BACAU<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Deuxième mandat pour<br />

Nicolae Manu<strong>les</strong>cu<br />

L'écrivain et critique littéraire<br />

Nicolae Mano<strong>les</strong>cu, 70 ans, membre<br />

<strong>de</strong> l'Académie roumaine et ambassa<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> la Roumanie auprès <strong>de</strong><br />

l'UNESCO, a été réélu pour un<br />

second mandat à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

l'Union <strong>de</strong>s Ecrivains <strong>de</strong> Roumanie,<br />

fonction<br />

qu'il<br />

occupe<br />

<strong>de</strong>puis<br />

2005.<br />

L'union<br />

<strong>de</strong>s<br />

Ecrivains<br />

compte<br />

2400<br />

membres répartis dans 12 sections,<br />

dont une à Chisinau, en République<br />

<strong>de</strong> Moldavie.<br />

Saint Eminescu ?<br />

La Ligue <strong>de</strong>s écrivains <strong>de</strong><br />

Roumanie, dont le siège est à Cluj, a<br />

envoyé une lettre au Patriarche<br />

Daniel lui <strong>de</strong>mandant que Mihai<br />

Eminescu soit canonisé et que son<br />

nom figure dans le calendrier orthodoxe<br />

roumain. Elle motive sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

en s'appuyant sur <strong>les</strong> pages écrites<br />

par le poète "glorifiant l'âme roumaine<br />

profondément empreinte du<br />

souffle <strong>de</strong> l'Eglise orthodoxe du<br />

poète". L'Eglise a répondu, dans un<br />

communiqué, que la proposition <strong>de</strong> la<br />

LSR était appréciée et qu'elle serait<br />

soumise aux mêmes critères que<br />

n'importe quelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> canonisation.<br />

La BOR a toutefois précisé<br />

que <strong>les</strong> critères et <strong>les</strong> procédures<br />

nécessaires à la canonisation ne se<br />

basaient pas "seulement" sur l'enthousiasme<br />

et la volonté publique.<br />

<br />

Littérature<br />

Connaissance et découverte<br />

Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers sièc<strong>les</strong>, plusieurs écrivains étrangers, français ou<br />

<strong>de</strong> langue française ont évoqué la capitale roumaine dans leurs écrits, à l'instar <strong>de</strong><br />

Paul Morand et <strong>de</strong> son ouvrage "Bucarest", publié en 1934 chez Plon et réédité en<br />

1990 (voir par ailleurs).<br />

En 2006, paraît Bucarest, le dégel (éd. Autrement), un livre <strong>de</strong> Mirel Bran,<br />

correspondant du Mon<strong>de</strong> illustré par <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> Franck Hamel.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s entretiens captivants avec 24 personnalités, qui vivent dans la<br />

capitale roumaine. Mirel Bran y rappelle que Paul Morand écrivait en 1935: "C'est avec<br />

<strong>de</strong>s cités rasées, <strong>de</strong>s églises détruites, <strong>de</strong>s archives étouffées, que la Roumanie se présente<br />

<strong>de</strong>vant l'histoire. La leçon que nous offre Bucarest n'est pas une leçon d'art, mais<br />

une leçon <strong>de</strong> vie; il enseigne à s'adapter à tout, même à l'impossible".<br />

Les conseils diététiques du "Lumineux gui<strong>de</strong>"<br />

La capitale roumaine d'hier<br />

Bucarest enseigne<br />

En effet, il est toujours instructif <strong>de</strong> lire ce que <strong>les</strong> écrivains pensent <strong>de</strong> nos vil<strong>les</strong>.<br />

Ulysse <strong>de</strong> Marcillac, auteur français bien oublié, fait paraître en 1869 La peste à<br />

Bucarest, tout un programme; mais la plus violente image l'auteur la réserve à la <strong>de</strong>rnière<br />

page <strong>de</strong> son livre. Il y dit son souhait <strong>de</strong> parler <strong>de</strong>s cimetières. Et <strong>de</strong> commencer<br />

par confier qu'il ne connaît pas "un autre pays où la mort serait traitée avec autant d'attention<br />

qu'à Bucarest". Puis l’auteur en vient à cette observation: "Il existe <strong>de</strong>s centaines<br />

<strong>de</strong> vieux cimetières, autant que d'églises. Ce sont comme <strong>de</strong> petites cours ouvertes<br />

à tous <strong>les</strong> passants et parfois entourées <strong>de</strong> petites maisons, logements habituels <strong>de</strong>s prostituées.<br />

La mort et la volupté sont <strong>de</strong>ux sœurs proches chez <strong>les</strong> roumains".<br />

Michel <strong>de</strong>l Castillo dans le roman Mort d'un poète (1989) fait parler son héros<br />

Igor Vedoz: "La capitale <strong>de</strong> notre radieuse République offrait déjà l'aspect désolé d'une<br />

ville sinistrée. Éclairage anémique qui laissait <strong>de</strong>s rues entières, remplies <strong>de</strong> ténèbres<br />

inquiétantes. Les passants couraient, courbés, emmitouflés dans <strong>de</strong>s vêtements usés et<br />

rapiécés, amas <strong>de</strong> loques enfilées <strong>les</strong> unes sur <strong>les</strong> autres, tournaient en rond, évoquaient<br />

<strong>de</strong>s meutes <strong>de</strong> chiens affamés.<br />

Difformes, <strong>les</strong> silhouettes avaient perdu jusqu'à l'apparence <strong>de</strong> l'humanité. Un peuple<br />

<strong>de</strong> fantômes. Chaussées défoncées, creusées d'ornières où l'eau <strong>de</strong> pluie stagnait.<br />

Aucune enseigne ou presque. Les <strong>de</strong>vantures <strong>de</strong>s boutiques, vi<strong>de</strong>s, renvoyaient <strong>de</strong>s<br />

reflets bleuâtres. Dans <strong>les</strong> cités ouvrières, on apercevait <strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> télévision où le<br />

Lumineux Gui<strong>de</strong> prodiguait, comme chaque soir à la même heure, ses conseils diététiques.<br />

Moins <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong> matières grasses, aucun sucre"...<br />

"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité <strong>de</strong> Bucarest ?"<br />

Miguel Sanchez-Ostiz (notre photo), auteur espagnol,<br />

tient un blog et dans un <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers artic<strong>les</strong> en 2008, il écrit:<br />

"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité <strong>de</strong><br />

Bucarest? Il y en a beaucoup qui donneraient tout pour être<br />

américain avec toutes <strong>les</strong> conséquences que cela implique.<br />

Il n'y a qu'à voir le nombre <strong>de</strong> personnes qui font la queue<br />

<strong>de</strong>vant le Consulat américain pour obtenir visas et permis<br />

divers. Le Roumain peut apporter au style <strong>de</strong> vie américain sa<br />

légendaire débrouillardise, je ne le conteste pas, mais aussi son goût pour la police et<br />

<strong>les</strong> compagnies <strong>de</strong> sécurité renforcées par <strong>de</strong>s gros durs qui n'ont aucune considération<br />

pour leurs concitoyens.<br />

A Bucarest, <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> bodyguards sont florissantes. C'est l'industrie <strong>de</strong> notre<br />

époque. Nous ne sommes plus loin <strong>de</strong>s polices privées et <strong>de</strong>s corps armés au service du<br />

particulier. L'Autorité comman<strong>de</strong>, mais l'arbitraire aussi. La droite roumaine monte et<br />

marque <strong>de</strong>s points dans un pays où le mot qui revient le plus souvent dans <strong>les</strong> conver-<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

et aujourd'hui vue par <strong>les</strong> écrivains français et étrangers<br />

à s'adapter à tout… même à l'impossible<br />

sations est "Mafia", et où le contraste entre le luxe et la vie<br />

misérable est <strong>de</strong> plus en plus évi<strong>de</strong>nt. La droite est la même<br />

que partout ailleurs: autoritaire, néolibérale, et bien entendu<br />

amie <strong>de</strong>s “graaaaaan<strong>de</strong>s” libertés, mais aussi orthodoxe,<br />

nationaliste, brutale.On trouve même à l'Université <strong>de</strong>s étudiants<br />

qui se présentent ainsi: Roumain orthodoxe, pour qu'il<br />

n'y ait pas le moindre doute sur leur i<strong>de</strong>ntité.<br />

Comment on décrète qu'une maison<br />

est insalubre et doit être détruite<br />

Une curieuse droite et une toute aussi curieuse classe <strong>de</strong><br />

dirigeants politiques dont il ne faudrait pas trop fouiller le<br />

Cette manifestation présente le<br />

séjour <strong>de</strong> Paul Morand en<br />

Roumanie, mais aussi le reste<br />

<strong>de</strong> sa carrière - littéraire et diplomatique,<br />

apportant <strong>de</strong>s éclairages nouveaux, assez<br />

étonnants", a déclaré à l'AFP l'un <strong>de</strong>s<br />

commissaires <strong>de</strong> l'événement, le professeur<br />

Michel Collomb. Un colloque<br />

réunissant <strong>de</strong>s historiens, écrivains et critiques<br />

littéraires roumains et français,<br />

complété par une exposition recueillant<br />

<strong>de</strong>s <strong>document</strong>s inédits et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins<br />

signés par Morand "permet <strong>de</strong> corriger<br />

un peu l'image très négative qui était<br />

donnée <strong>de</strong> son séjour ici", a-t-il ajouté.<br />

L'inimitié profon<strong>de</strong> et le mépris<br />

<strong>de</strong> De Gaulle qui le révoquera<br />

Proche du régime <strong>de</strong> Vichy, Paul<br />

Morand (1888-1976) fut nommé en 1943<br />

ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Roumanie,<br />

pays allié d'Hitler et menacé par l'avancée<br />

<strong>de</strong>s troupes soviétiques. "On voit que sa<br />

mission à Bucarest n'était pas facile,<br />

alors que Morand a rencontré une opposition<br />

au sein même <strong>de</strong> son ambassa<strong>de</strong>,<br />

dont une partie était conquise aux thèses<br />

<strong>de</strong> la France libre, sans parler <strong>de</strong> la<br />

situation militaire difficile sur le front", a<br />

souligné Michel Collomb.<br />

Son attitu<strong>de</strong> durant la guerre lui valut<br />

Connaissance et découverte<br />

passé et leurs implications, au moins comme informateurs,<br />

dans l'ancien appareil d'État policier, la Securitate. A Bucarest,<br />

<strong>les</strong> usines du régime communiste ont fermé et ont laissé la<br />

place à d'immenses terrains vagues qui excitent la spéculation.<br />

Partout on démolit et on reconstruit.<br />

Comment décrète-t-on qu'une maison est <strong>de</strong>venue insalubre<br />

et qu'elle doit être détruite ? C'est très simple. On laisse <strong>de</strong>s<br />

Tsiganes s'y installer ou même on <strong>les</strong> incite à prendre possession<br />

du bâtiment. Et quand ils ont fini <strong>de</strong> brûler, <strong>de</strong> jeter ou <strong>de</strong><br />

vendre tout ce qu'on peut brûler, jeter ou vendre, il ne reste<br />

plus qu'à <strong>les</strong> expulser". Un regard extérieur vaut parfois mieux<br />

qu'un long discours.<br />

Publié dans La Lettre du Moldave<br />

L'écrivain et diplomate commémoré à Bucarest<br />

Paul Morand : un ambassa<strong>de</strong>ur en Roumanie très controversé<br />

L'écrivain et diplomate français Paul Morand, ambassa<strong>de</strong>ur en Roumanie en 1943 et 1944, a<br />

été célébré à Bucarest dans le cadre d'une manifestation visant à restituer au public l'image <strong>de</strong> cet<br />

"Européen", avec ses lueurs et ses zones d'ombre.<br />

l'inimitié profon<strong>de</strong> et le mépris du général<br />

De Gaulle, qui le fera révoquer à la<br />

Libération et empêchera longtemps son<br />

entrée à l'Académie française, laquelle<br />

n'interviendra qu'en 1968. Contrairement<br />

à la tradition, De Gaulle ne<br />

le recevra d'ailleurs pas et<br />

Morand l'appellera toujours<br />

"Gaulle".<br />

Dans son intervention,<br />

l'historien roumain Carol<br />

Iancu a notamment regretté<br />

que Morand lorsqu'il était à<br />

Bucarest "ne se soit pas fait<br />

connaître par une quelconque<br />

action en faveur <strong>de</strong>s<br />

Juifs" déportés en Transnistrie par le régime<br />

du maréchal pro-nazi Ion Antonescu.<br />

Le critique littéraire Ion Pop a pour<br />

sa part épluché la presse roumaine <strong>de</strong> l'époque<br />

pour analyser l'accueil réservé au<br />

diplomate et à son oeuvre, allant <strong>de</strong> l'admiration<br />

totale - "l'un <strong>de</strong>s écrivains <strong>les</strong><br />

plus illustres du globe" - à <strong>de</strong>s critiques<br />

virulentes, déplorant l'image "caricaturale"<br />

qu'il a donnée <strong>de</strong> la Roumanie dans<br />

son livre Bucarest, publié en 1934, à la<br />

suite d'un séjour qu'il y avait effectué.<br />

Michel Collomb a souligné néanmoins<br />

que Morand était "associé à l'image<br />

d'une Roumanie très libérale, avec une<br />

aristocratie empreinte <strong>de</strong> culture françai-<br />

se, une Roumanie intégrée dans l'Europe<br />

intellectuelle".<br />

Epousant une richissime<br />

princesse roumaine<br />

Un <strong>de</strong>s faits marquants <strong>de</strong><br />

la vie <strong>de</strong> Paul Morand fut donc<br />

son attitu<strong>de</strong> durant la Secon<strong>de</strong><br />

Guerre mondiale, sa proximité<br />

avec le régime <strong>de</strong> Vichy et son<br />

ambassa<strong>de</strong> à Bucarest.<br />

Après avoir été mis à la<br />

retraite d'office en 1940 pour<br />

avoir déserté l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Londres où il était chargé<br />

d'une mission économique, et ce contrairement<br />

aux consignes <strong>de</strong> Vichy qui souhait<br />

gar<strong>de</strong>r un contact avec l'Angleterre,<br />

l'écrivain fut nommé, lors du retour <strong>de</strong><br />

Pierre Laval au gouvernement en 1943,<br />

ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Roumanie.<br />

Il retrouvait ainsi le pays <strong>de</strong> sa<br />

femme qu'il épousa en 1927, la richissime<br />

Hélène Soutzo (photo), fille d'un<br />

banquier grec <strong>de</strong> Trieste, née en Moldavie<br />

et <strong>de</strong>venue princesse roumaine en épousant<br />

le prince Dumitru Soutzo, un attaché<br />

militaire roumain dont elle divorcera en<br />

1924. Une princesse détestée par ses<br />

"consoeurs" franco-roumaines, Anna <strong>de</strong><br />

Noail<strong>les</strong> et Marthe Bibesco. (suite p. 46)<br />

45


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

46<br />

<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

ARAD MURES<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

IASI<br />

<br />

CHISINAU<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

CONSTANTA<br />

(suite <strong>de</strong> la page 45)<br />

Maurice Rheims, ami <strong>de</strong> l'écrivain<br />

<strong>de</strong>puis 1959, a évoqué plus tard “cet<br />

homme délicieux, amateur raffiné" et<br />

son épouse roumaine, "vieille impératrice<br />

asiatique, savourant son thé<br />

dans une tasse en céramique bleue<br />

d'époque Ming, assise au centre d'un<br />

trône moghol du XVIIIe siècle marqué<br />

d'un M majuscule, acquis par Morand<br />

lors d'un voyage". Cocteau prendra<br />

moins <strong>de</strong> gants, la comparant à<br />

“Minerve ayant avalé sa chouette”.<br />

Ambassa<strong>de</strong>ur pour récupérer<br />

la fortune <strong>de</strong> sa femme<br />

Jean Jardin, éminence grise <strong>de</strong><br />

Pierre Laval, favorisa le départ <strong>de</strong><br />

Morand <strong>de</strong> Bucarest en 1944, lors <strong>de</strong><br />

l'avancée <strong>de</strong>s troupes russes, et le fit<br />

nommer ambassa<strong>de</strong>ur en Suisse.<br />

" [...] En 1940, Laval ne lui <strong>de</strong>mandait<br />

même pas <strong>de</strong> rentrer <strong>de</strong> Londres<br />

où il était alors chargé d'une mission<br />

économique, mais il est parti par le<br />

même bateau que l'ambassa<strong>de</strong>" rappela<br />

cruellement De Gaulle en 1962,<br />

dans une confi<strong>de</strong>nce que rapporte<br />

Alain Peyrefitte dans C'était <strong>de</strong><br />

Gaulle, le Général enchaînant: "On<br />

ne voulait pas <strong>de</strong> lui à Vichy et on lui<br />

a tenu rigueur <strong>de</strong> son abandon <strong>de</strong><br />

poste à Londres. Il était victime <strong>de</strong>s<br />

richesses <strong>de</strong> sa femme. Pour <strong>les</strong><br />

récupérer, il s'est fait nommer ministre<br />

<strong>de</strong> Vichy à Bucarest. Puis, quand <strong>les</strong><br />

troupes russes se sont approchées, il<br />

a chargé un train entier <strong>de</strong> tableaux et<br />

d'objets d'art et l'a envoyé en Suisse.<br />

Il s'est fait ensuite nommer à Berne,<br />

pour s'occuper du déchargement".<br />

Paul Morand n’a survécu qu’ un an<br />

et <strong>de</strong>mi à son épouse et mourut à<br />

l'hôpital Laennec à Paris; il fit mêler<br />

ses cendres aux siennes à Trieste, sa<br />

ville natale.<br />

<br />

Connaissance et découverte<br />

Musique Iacob Maciuca et son<br />

violon tsigane ont lancé<br />

<strong>les</strong> “Fol<strong>les</strong> journées <strong>de</strong> Nantes”<br />

C'est l'histoire d'un long voyage, né dans un poste <strong>de</strong> radio à Tulcea,<br />

Roumanie. "Ce son chaud du violon, ça te prenait comme une vague et te<br />

transportait loin", se souvient Iacob Maciuca. Si loin que l'instrument<br />

découvert enfant le fera tanguer <strong>de</strong>s rives du Danube où il est né, aux bords <strong>de</strong> Loire.<br />

C'était en 1992, aux prémices <strong>de</strong> l'été. Alors que la Roumanie se réveille sur <strong>les</strong> décombres<br />

<strong>de</strong> la dictature communiste, le jeune violoniste se fait repérer par un restaurateur<br />

nazairien, soucieux d'animer son commerce. Une aubaine. "C'était le rêve <strong>de</strong> tous <strong>les</strong><br />

jeunes, se rappelle Iacob Maciuca. Je n'étais pas un battant désireux <strong>de</strong> reconstruire<br />

le pays. J'avais trop entendu cette langue <strong>de</strong> bois <strong>de</strong>s politiques, ces discours qui donnaient<br />

envie <strong>de</strong> vomir".<br />

Ebloui par <strong>les</strong> magasins, par ce<br />

contraste saisissant avec <strong>les</strong> rayons vi<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> son pays, Iacob Maciuca rêve<br />

d'Amérique. Il s'imagine à Paris et, "parce<br />

qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> train direct pour la<br />

capitale", pose ses valises à Nantes. Son<br />

escale dans la cité <strong>de</strong>s Ducs <strong>de</strong> Bretagne<br />

sera la bonne. Il y fait <strong>de</strong>s rencontres décisives,<br />

notamment avec Gerardo Jerez Le<br />

Des rives du Danube aux bords <strong>de</strong> la Loire.<br />

Cam. Le pianiste argentin avait débarqué à<br />

Nantes cette même année alors que le fes-<br />

tival Les Allumées consacrait son édition à Buenos Aires. Ensemble, ils vont mêler le<br />

tango et la musique tzigane dans <strong>de</strong>s projets étonnants <strong>de</strong> créativité.<br />

Agé <strong>de</strong> 43 ans, Iacob Maciuca est un violoniste atypique dans le mon<strong>de</strong> exigeant<br />

<strong>de</strong> la musique classique. Après avoir fait ses classes à Bucarest, il s'est passionné lors<br />

<strong>de</strong> son service militaire pour <strong>les</strong> musiques traditionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Est. "Je préférais çà aux<br />

tirs <strong>de</strong>s fusils dans <strong>les</strong> champs". C'est le guitariste Michel Grizard, avec qui il a interprété<br />

Paganini, qui lui a proposé <strong>de</strong> jouer pour la première fois aux Fol<strong>les</strong> Journées<br />

<strong>de</strong> Nantes, <strong>de</strong>venues le plus grand concert du mon<strong>de</strong>, <strong>les</strong> musiciens s'y produisant jour<br />

et nuit pendant près d'une semaine <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> spectateurs, et<br />

dont le modèle s'est exporté sur tous <strong>les</strong> continent, <strong>de</strong> Tokyo au Brésil. Un autre décor.<br />

A Nantes, ce père <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants a longtemps joué dans un restaurant russe, l'ex-<br />

Petrusca, près <strong>de</strong> la place République. "Après minuit, le patron sortait la vodka, on<br />

sympathisait avec <strong>les</strong> clients et la soirée se terminait souvent au vieux quartier du<br />

Bouffay entre musiciens". Avec parfois la police aux trousses, qui goûtait peu ses<br />

concerts nocturnes. Et s'il s'est <strong>de</strong>puis installé à La Chapelle-<strong>de</strong>s-Marais, en Brière,<br />

près <strong>de</strong> Saint Nazaire et <strong>de</strong> l'océan, Nantes <strong>de</strong>meure la ville où Iacob Maciuca est "né<br />

une <strong>de</strong>uxième fois". David Prochasson (20 Minutes)<br />

Pecs, capitale culturelle européenne <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />

Après Sibiu, en 2007, la ville hongroise<br />

<strong>de</strong> Pecs assume le rôle <strong>de</strong><br />

capitale européenne <strong>de</strong> la culture<br />

pour l'année <strong>2<strong>01</strong>0</strong>, en compagnie d'Essen<br />

(Allemagne) et Istanbul (Turquie), représentant<br />

l'Europe centrale. Elle a prévu d'organiser<br />

quelques 350 concerts, spectac<strong>les</strong>, conférences,<br />

expositions, festivals, tout au long <strong>de</strong><br />

l'année. Une occasion rêvée pour faire étape<br />

sur le chemin <strong>de</strong> la Roumanie dans cette très belle cité fondée par <strong>les</strong> Romains, située<br />

à 250 km d'Arad et Timisoara. Pecs est jumelée avec Grenoble, Dijon et Lyon.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Révolution an XX<br />

Vingt ans après, il est difficile d'expliquer l'ampleur<br />

du mal, <strong>de</strong>s ravages qu'ont causés <strong>les</strong> années <strong>de</strong> fer<br />

et <strong>de</strong> plomb subies pendant un <strong>de</strong>mi-siècle par <strong>les</strong><br />

Roumains. De restituer avec fidélité l'usage <strong>de</strong> la surveillance,<br />

<strong>de</strong> la peur, <strong>de</strong> l'intimidation et <strong>de</strong> la répression par la police<br />

politique roumaine, grâce à une toile mise en place avant l'arrivée<br />

<strong>de</strong> Nicolae Ceausescu au pouvoir, en 1965.<br />

Le "Conducator" a poli <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> son prédécesseur<br />

au poste <strong>de</strong> secrétaire général du Parti, Gheorghe Gheorghiu-<br />

Dej, qui s'était appuyé sur <strong>les</strong> assassinats et un système pénitentiaire<br />

<strong>de</strong>nse pour instaurer une terreur ouverte. Avec le<br />

génie autoproclamé <strong>de</strong>s Carpates, cette terreur <strong>de</strong>vient sour<strong>de</strong>,<br />

préventive, invisible; elle nourrit la paranoïa et <strong>les</strong> angoisses.<br />

Au total, pendant la pério<strong>de</strong> communiste, plus <strong>de</strong> 10 000 personnes<br />

ont été exécutées sans aucune forme <strong>de</strong> procès, mais le<br />

nombre total <strong>de</strong>s victimes, directes ou indirectes, est estimé<br />

entre un à <strong>de</strong>ux millions.<br />

Les métastases du régime avaient une envergure incomparable<br />

en Europe, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la Stasi.<br />

La Securitate pénétrait dans chaque<br />

corps social. S'appuyant sur une toile <strong>de</strong><br />

plusieurs centaines <strong>de</strong> milliers d'informateurs<br />

zélés ou contraints, elle traquait<br />

<strong>les</strong> ennemis <strong>de</strong> la cause socialiste.<br />

Brevets <strong>de</strong> "Révolutionnaires"<br />

pour <strong>les</strong> tortionnaires<br />

"C'était une expérience totalitaire<br />

assez unique, explique l'historien<br />

Tismaneanu, qui a dirigé la commission<br />

prési<strong>de</strong>ntielle pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dictature<br />

communiste, en 2006. Ceausescu a<br />

conçu la Securitate comme sa gar<strong>de</strong> prétorienne,<br />

sa police secrète non inféodée à Moscou".<br />

Il y avait entre 10 000 et 15 000 officiers <strong>de</strong> la Securitate<br />

à la fin <strong>de</strong>s années 1980. Beaucoup ont obtenu <strong>de</strong>s certificats<br />

<strong>de</strong> révolutionnaires, qui leur ont donné <strong>de</strong>s privilèges en plus<br />

<strong>de</strong> leur retraite, comme <strong>de</strong>s terrains gratuits, <strong>de</strong>s maisons, <strong>de</strong>s<br />

exemptions fisca<strong>les</strong>. "Ils sont au Parlement, dans <strong>les</strong> médias<br />

ou dans <strong>les</strong> administrations. Ils ont informé, rédigé <strong>de</strong>s rapports,<br />

ou même pire, intégré l'appareil <strong>de</strong> répression. On a<br />

i<strong>de</strong>ntifié plus <strong>de</strong> 400 suspects pour <strong>de</strong>s tortures ou <strong>de</strong>s assassinats"<br />

explique l'historien Marius Oprea, poursuivant "Pas<br />

un n'a été poursuivi. La condamnation du communisme n'a été<br />

utilisée que <strong>de</strong> façon politique".<br />

Marius Oprea dirige l'Institut <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s crimes du<br />

communisme. Pendant trois semaines, en septembre <strong>de</strong>rnier, il<br />

Connaissance et découverte<br />

L'ancienne nomenklatura, reconvertie en nouvelle<br />

élite, a réussi à se défaire <strong>de</strong> son passé encombrant<br />

Vingt ans sans avoir à rendre <strong>de</strong> comptes !<br />

Envoyé par Le Mon<strong>de</strong> à Bucarest à l'occasion <strong>de</strong>s vingt ans <strong>de</strong> l'effondrement du Bloc <strong>de</strong> l'Est, Piotr Smolar évoque <strong>les</strong><br />

difficultés que <strong>les</strong> Roumains éprouvent à se défaire <strong>de</strong> leur passé récent et <strong>les</strong> efforts, couronnés <strong>de</strong> succès, <strong>de</strong> l'ancienne<br />

nomenklatura, <strong>de</strong>venue la nouvelle élite, pour y échapper sans avoir à rendre <strong>de</strong> comptes. Dans <strong>de</strong>ux autres artic<strong>les</strong>, il décrit<br />

<strong>les</strong> dégâts irréparab<strong>les</strong> que le régime communiste a causé parmi <strong>les</strong> Roumains.<br />

a parcouru <strong>les</strong> montagnes pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> partisans fusillés<br />

sans procès, au début <strong>de</strong>s années 1950. "Parmi eux, il y avait<br />

beaucoup <strong>de</strong> paysans qui refusaient <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r leurs terres aux<br />

kolkhozes". Faisant autorité dans son domaine, l'historien ne<br />

baisse jamais <strong>les</strong> bras mais reconnaît: "Le communisme n'a pas<br />

disparu, il a été privatisé. Les enfants, <strong>les</strong> fil<strong>les</strong>, <strong>les</strong> neveux <strong>de</strong>s<br />

officiers sont au sommet <strong>de</strong>s administrations, <strong>de</strong>s entreprises.<br />

C'est un système difficile à quantifier, du genre mafieux."<br />

"Le passé n'est pas notre souci"<br />

Cette vision pessimiste <strong>de</strong> la transition est largement partagée.<br />

Un <strong>de</strong>s personnages <strong>les</strong> plus controversés actuellement,<br />

à la lisière <strong>de</strong>s affaires et <strong>de</strong> la politique qu'il sait habilement<br />

mêlées, est Dan Voïcu<strong>les</strong>cu.<br />

Propriétaire <strong>de</strong> plusieurs chaînes <strong>de</strong> télévision, homme<br />

très riche et influent, il a créé un parti à son usage, le Parti<br />

Conservateur qui lui offre comme première facilité <strong>de</strong> bénéficier<br />

<strong>de</strong> l'immunité parlementaire.<br />

Voicu<strong>les</strong>cu a fait l'objet d'une enquête du<br />

CNSAS (Conseil National pour l'Etu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s Archives <strong>de</strong> la Securitate), qui a<br />

démontré ses liens avec la police politique<br />

ou son nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> était "Felix".<br />

Le milliardaire a contesté la légitimité du<br />

conseil <strong>de</strong>vant la justice, faisant même<br />

vaciller l'existence <strong>de</strong> l'institution, grâce<br />

aux complicités qu'il entretient au<br />

Parlement.<br />

Au cours <strong>de</strong> son enquête à Bucarest,<br />

l'envoyé spécial du Mon<strong>de</strong> à chercher à<br />

le rencontrer. Dans un langage qui n'a<br />

plus rien à envier à celui <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong><br />

communication <strong>de</strong>s multinationa<strong>les</strong>, l'attaché<br />

<strong>de</strong> presse <strong>de</strong> celui qui était déjà nomenklaturiste sous<br />

Ceausescu été clair. "Le sujet ne nous intéresse pas, il ne correspond<br />

pas à notre stratégie. Le passé n'est pas notre souci ".<br />

Le retard énorme et le manque <strong>de</strong> volonté dans l'ouverture<br />

<strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la Securitate expliquent la continuité du personnel<br />

au pouvoir, après la révolution <strong>de</strong> 1989. Depuis vingt<br />

ans, <strong>les</strong> élites ont su se protéger. Leur alliée a été la justice, faible<br />

et souvent corrompue. Ceux qui étaient compromis ont<br />

contesté <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux, tout en continuant à<br />

exercer leurs fonctions. Les très rares procès peuvent durer <strong>de</strong>s<br />

années. D'où une frustration générale <strong>de</strong>s enquêteurs du<br />

CNSAS, mais aussi du grand public, éprouvé par la ru<strong>de</strong>sse <strong>de</strong><br />

la transition, qui gron<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant l'impunité <strong>de</strong>s puissants.<br />

Piotr Smolar (Le Mon<strong>de</strong>)<br />

Aujourd'hui magnat <strong>de</strong> la presse<br />

et milliardaire, Dan Voicu<strong>les</strong>cu,<br />

alias "Felix", laissait traîner autrefois<br />

ses oreil<strong>les</strong> au service <strong>de</strong> la Securitate.<br />

47


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

48<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

MURES BACAU<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Une nomenklatura<br />

toujours puissante<br />

Dans son texte, Marius Oprea<br />

évoque <strong>les</strong> mesures qu'il compte<br />

prendre pour démasquer <strong>les</strong> communistes<br />

et membres <strong>de</strong> la Securitate<br />

toujours au pouvoir… Non sans une<br />

certaine naïveté en oubliant que le<br />

Prési<strong>de</strong>nt qui vient d'être élu, Traian<br />

Basescu, est lui-même issu <strong>de</strong> cette<br />

nomenklatura qu'il essaie <strong>de</strong> démanteler.<br />

Il justifie son action en rappelant<br />

que "Le communisme est non seulement<br />

un régime criminel mais un régime<br />

qui a pratiqué le terrorisme d'Etat.<br />

Le crime peut être acci<strong>de</strong>ntel, mais le<br />

régime communiste l'a organisé en<br />

système. Il a organisé <strong>les</strong> abus et la<br />

violence <strong>de</strong> manière scientifique".<br />

Marius Oprea prévient aussi :<br />

"Selon nos calculs, il n'y a aujourd'hui<br />

pas plus <strong>de</strong> 10 000 anciens activistes<br />

du Parti communiste et <strong>de</strong> la<br />

Securitate. Nous allons nous occuper<br />

<strong>de</strong> ceux qui étaient membres <strong>de</strong> la<br />

nomenklatura et pas faire l'erreur <strong>de</strong><br />

commencer par <strong>les</strong> informateurs pour<br />

nous intéresser plus tard aux cadres.<br />

Nous visons <strong>les</strong> membres du Comité<br />

central, <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> Securitate, <strong>les</strong><br />

cadres régionaux, <strong>les</strong> cadres supérieurs<br />

<strong>de</strong> la milice et <strong>les</strong> magistrats<br />

qui ont participé à <strong>de</strong>s procès politiques.<br />

Mais nous n'allons pas faire<br />

<strong>de</strong> dossier pénal, sauf en cas <strong>de</strong> persécution<br />

d'une personne".<br />

L'Institut présidé par Marius Oprea<br />

était censé fonctionner pour une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> six ans, soit jusqu'en 2<strong>01</strong>1<br />

et publier <strong>de</strong>s rapports trimestriels et<br />

annuels, son directeur estimant que<br />

ce délai <strong>de</strong>vait être suffisant pour<br />

trouver ce qu'il cherchait, à condition<br />

d'avoir un accès libre aux archives.<br />

En fait, il n'a jamais pu fonctionner<br />

normalement.<br />

<br />

CHISINAU<br />

<br />

Révolution an XX<br />

Connaissance et découverte<br />

En décembre 2005, le nouveau gouvernement roumain, sous la direction <strong>de</strong><br />

Calin Popescu Tariceanu a décidé la création d'un Institut pour l'investigation <strong>de</strong>s<br />

crimes du régime communiste, malgré l'opposition du Prési<strong>de</strong>nt Basescu, fraîchement<br />

élu. Marius Oprea*, son directeur se proposait alors <strong>de</strong> faire cohabiter dans<br />

la même maison morale et politique. Il partait du constat que dans tous <strong>les</strong> partis<br />

politiques roumains, ce sont <strong>les</strong> anciens activistes du Parti communiste et <strong>de</strong> la<br />

Securitate qui occupent <strong>les</strong> postes clé. Force est <strong>de</strong> constater que peu <strong>de</strong> choses ont<br />

changé <strong>de</strong>puis.<br />

Marius Oprea brise ses lances contre <strong>les</strong><br />

anciens nomenklaturistes et la Securitate.<br />

Condamner <strong>les</strong> crimes <strong>de</strong> l'ancien<br />

Marius Oprea: "Après 1989<br />

Dans un texte publié au moment<br />

<strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> ses fonctions,<br />

Marius Oprea donnait son sentiment,<br />

évoquant <strong>les</strong> difficultés rencontrées,<br />

son courageux projet faisant déjà penser au<br />

vain combat <strong>de</strong> Don Quichotte, la nomenklatura<br />

remplaçant <strong>les</strong> moulins :<br />

"L'Institut pour l'investigation <strong>de</strong>s crimes<br />

du communisme en Roumanie a été créé le<br />

21 décembre 2005 par une décision du gouvernement<br />

roumain. Cette institution ne<br />

dépend donc ni <strong>de</strong> l'Académie ni <strong>de</strong><br />

l'Université. Elle matérialise une idée que je<br />

défends <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 1990.<br />

Après <strong>les</strong> évènements <strong>de</strong> décembre<br />

1989, le sentiment anti-communiste était<br />

extrêmement fort dans la population. La classe politique a promis d'organiser un procès<br />

du communisme, ce qu'elle n'a pas fait. Peu à peu, il est <strong>de</strong>venu visible que ceux qui se<br />

sont installés au pouvoir en Roumanie en 1990 ont, en fait, organisé un coup d'Etat<br />

contre la révolution anti-communiste. Nous avons assisté à la création d'une nouvelle<br />

Securitate, l'ancienne police politique, à travers <strong>les</strong> services secrets créés en 1990 et via<br />

le levier économique <strong>de</strong>s individus issus <strong>de</strong> l'ancienne nomenklatura. Ainsi, une nouvelle<br />

et très puissante oligarchie s'est installée au pouvoir, à travers un processus que<br />

j'ai appelé la "privatisation du communisme".<br />

Après 1989, <strong>les</strong> anciens <strong>de</strong> la Securitate et du Parti communiste gar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s postes<br />

clé. Dans ce contexte, il n'était évi<strong>de</strong>mment plus question d'organiser un procès du communisme.<br />

Bien que diplômé d'archéologie, j'ai décidé <strong>de</strong> me spécialiser en histoire<br />

contemporaine et <strong>de</strong> préparer une thèse <strong>de</strong> doctorat sur le rôle <strong>de</strong> la police politique<br />

durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gheorghe Gheorghiu-Dej, c'est à dire avant 1965. Paradoxalement,<br />

même cette voie n'était pas la bonne puisque <strong>les</strong> portes <strong>de</strong>s instituts <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong><br />

l'Université me sont restées fermées. J'ai ainsi découvert que <strong>les</strong> anciens <strong>de</strong> la Securitate<br />

et du Parti communiste étaient restés aux comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'Université roumaine.<br />

Les excuses du Prési<strong>de</strong>nt Constantinescu n'ont servi à rien<br />

Les structures <strong>de</strong> cette oligarchie ont même créé un institut censé étudier le totalitarisme,<br />

dirigé par un représentant du Parti <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Roumanie (le parti <strong>de</strong> Vadim<br />

Tudor), un parti extrémiste qui a <strong>de</strong>s origines communistes. Il est <strong>de</strong>venu évi<strong>de</strong>nt que<br />

seule l'installation d'un nouveau pouvoir était en mesure <strong>de</strong> donner une chance à l'idée<br />

<strong>de</strong> commencer un procès du communisme.<br />

Un tel changement a eu lieu en 1996, quand la Convention démocratique a gagné<br />

<strong>les</strong> élections. Les choses semblaient avoir pris une bonne direction, surtout après l'été<br />

1997, lorsque le Prési<strong>de</strong>nt Emil Constantinescu a présenté <strong>de</strong>s excuses au peuple pour<br />

<strong>les</strong> crimes du régime communiste. Malheureusement, on en est resté au niveau déclaratif.<br />

Il n'y a eu aucune condamnation <strong>de</strong> la Securitate et <strong>de</strong>s dirigeants communistes.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

régime revient au vain combat <strong>de</strong> Don Quichotte<br />

on a seulement privatisé le communisme"<br />

En 2000, lorsque <strong>les</strong> anciens communistes sont revenus au<br />

pouvoir, il est re<strong>de</strong>venu impossible <strong>de</strong> penser à un procès du<br />

communisme.<br />

Pendant toute cette pério<strong>de</strong> je n'ai pas cessé d'écrire <strong>de</strong>s<br />

artic<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s livres pour maintenir éveillée l'attention du<br />

public sur <strong>les</strong> crimes du communisme. J'ai subi durant ces<br />

années une centaine d'actions en justice <strong>de</strong>stinées à m'intimi<strong>de</strong>r.<br />

El<strong>les</strong> étaient souvent initiées par <strong>de</strong>s informateurs <strong>de</strong> la<br />

Securitate que j'avais démasqués.<br />

Les manœuvres d'Iliescu<br />

et Nastase revenus au pouvoir<br />

Fin 2000, lorsque Ion Iliescu est re<strong>de</strong>venu Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

République et qu'Adrian Nastase a été nommé Premier ministre,<br />

<strong>les</strong> menaces sur ceux qui voulaient faire sortir la vérité sur<br />

le régime communiste se sont aggravées.<br />

Pendant ces années, sans le soutien <strong>de</strong> la presse et d'intellectuels<br />

importants, notre démarche serait restée isolée. En<br />

2002, on a introduit trois actions en justice contre moi: on voulait<br />

m'obliger à verser 2 millions d'euros.<br />

Toujours en 2002, le Premier ministre Adrian Nastase a<br />

voulu me faire condamner comme auteur du dossier publié<br />

dans la presse au sujet <strong>de</strong> sa fortune, signée sous le pseudonyme<br />

d'Armaguedon.<br />

Les problèmes <strong>de</strong>venaient <strong>de</strong> plus en plus graves parce<br />

que je ne me contentais pas d'étu<strong>de</strong>s historiques, mais cherchais<br />

à suivre la carrière post-<br />

1989 <strong>de</strong> ceux que j'étudiais.<br />

J'ai découvert que le<br />

Conseiller pour la Sécurité<br />

nationale du Premier ministre<br />

A. Nastase avaient été l'un<br />

<strong>de</strong>s enquêteurs <strong>les</strong> plus brutaux<br />

<strong>de</strong> la Securitate. Son<br />

nom est Ristea Priboi. J'ai<br />

aussi mis à jour que le chef<br />

d'un <strong>de</strong>s services secrets <strong>de</strong><br />

Roumanie, Marin Ureche,<br />

avait été impliqué dans <strong>de</strong>s<br />

actions très graves <strong>de</strong> police<br />

politique. J'ai encore découvert<br />

que <strong>de</strong>s personnes qui<br />

occupaient <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> directeurs dans certains ministères<br />

en avaient précé<strong>de</strong>mment occupé d'autres importantes dans <strong>les</strong><br />

structures <strong>de</strong> la Securitate. J'ai mis en évi<strong>de</strong>nce qu'en 1993<br />

seize <strong>de</strong>s attachés commerciaux envoyés dans <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>s<br />

roumaines à l'étranger provenaient <strong>de</strong> la Securitate.<br />

Des biographies qui commencent<br />

bizarrement seulement en 1990<br />

Ristea Priboi, conseiller pour la sécurité<br />

nationale d'Adrian Nastase, alors Premier<br />

ministre, était l'un <strong>de</strong>s interrogateurs<br />

<strong>les</strong> plus brutaux <strong>de</strong> la Securitate.<br />

Petit à petit, j'ai constaté que peu <strong>de</strong> choses avaient changé<br />

par rapport à l'avant 1989, mis à part que ceux qui gouver-<br />

naient le faisaient non<br />

plus au nom du communisme<br />

mais <strong>de</strong> la démocratie.<br />

60% <strong>de</strong>s personnes<br />

mentionnées sur le<br />

site du Premier ministre<br />

A. Nastase faisaient<br />

débuter leur biographie<br />

en 1990… Ce qui m'a<br />

fait dire que nous<br />

étions dirigés par <strong>de</strong>s<br />

ado<strong>les</strong>cents… Bien sûr<br />

Connaissance et découverte<br />

Curieusement, l’ancien Premier ministre<br />

Adrian Nastase fait démarrer<br />

sa biographie après 1990.<br />

j'aurais préféré, mais ce n'était pas le cas, nous étions gouvernés<br />

par <strong>de</strong>s personnes qui avaient <strong>de</strong>s éléments biographiques<br />

importants à cacher.<br />

La dénonciation <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> la Securitate reste donc<br />

d'actualité en ce début du XXIe siècle. Pratiquement, en étudiant<br />

le parcours <strong>de</strong>s anciens activistes communistes ou <strong>de</strong> la<br />

Securitate, nous pouvons suivre leur trace et savoir où ils se<br />

trouvent aujourd'hui".<br />

…Dans son texte, publié un an avant l'entrée <strong>de</strong> la<br />

Roumanie, Marius Oprea lançait aussi cet avertissement prémonitoire:<br />

"Si l'Union Européenne ne veut pas avoir à faire à<br />

<strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> roumains corrompus et issus <strong>de</strong> la<br />

Securitate, elle a tout intérêt à nous soutenir. En effet, si cette<br />

oligarchie communiste et <strong>de</strong> la Securitate continue à agir en<br />

Roumanie, la corruption <strong>de</strong> haut niveau sera bientôt le principal<br />

produit d'exportation <strong>de</strong> la Roumanie. Nos bureaucrates,<br />

issus <strong>de</strong>s structures communistes peuvent très<br />

bien enseigner à ceux <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong> comment on vole".<br />

Marius Oprea<br />

(Traduit du roumain par Radu Portocala)<br />

*Historien, né en 1964 à Târgoviste. Directeur <strong>de</strong><br />

l'Institut pour l'investigation <strong>de</strong>s crimes du régime<br />

communiste roumain.<br />

Au moment <strong>de</strong> sa nomination, Marius Oprea a été<br />

directement menacé par <strong>de</strong>s membres importants <strong>de</strong>s<br />

services secrets roumains, anciens <strong>de</strong> la Securitate. Il a<br />

été notamment abordé dans la rue et on lui a fait comprendre<br />

que son petit garçon pourrait être enlevé. Depuis<br />

cette époque, et toujours aujourd'hui, sa femme et son<br />

enfant vivent en Allemagne, où il leur rend fréquemment<br />

visite. "J'ai compris que ces menaces venaient d'un groupe<br />

d'officiers qui craignaient que je dirige cet Institut" indique-til,<br />

enchaînant: "Leur crainte était justifiée parce que je disposais<br />

déjà d'informations sur la corruption dans <strong>les</strong> services<br />

secrets roumains et j'en avais également rendu publiques certaines<br />

concernant leur collusion avec la mafia arabe".<br />

Marius Oprea confie également: "Çà m'a déterminé à agir.<br />

Peut-être autrement me serais-je contenté d'écrire <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong><br />

et <strong>de</strong>s livres sans aller jusqu'à m'impliquer dans une structure<br />

qui ressemble à celle <strong>de</strong> Simon Wiesenthal (le chasseur <strong>de</strong><br />

nazis) à Vienne".<br />

49


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

50<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

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TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

TIMISOARA<br />

CRAIOVA<br />

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BRASOV<br />

<br />

TÂRGOVISTE<br />

PITESTI <br />

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SUCEAVA<br />

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IASI <br />

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BUCAREST<br />

BACAU<br />

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GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

"L'ami en qui<br />

j'avais confiance "…<br />

Les médias jouent un rôle majeur<br />

dans <strong>les</strong> règlements <strong>de</strong> comptes d'après-révolution.<br />

En mars 2002, l'écrivain<br />

et animateur <strong>de</strong> télévision<br />

Stelian Tanase, dont <strong>de</strong>ux ouvrages<br />

avaient été interdits à l'époque communiste,<br />

va jusqu'à organiser une<br />

confrontation, <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> caméras,<br />

avec l'homme qui l'avait trahi pendant<br />

<strong>de</strong>s années: son meilleur ami,<br />

Dan Oprescu.<br />

Quelques mois plus tôt, il avait eu<br />

enfin accès à son dossier - du<br />

moins, à la seule partie disponible -<br />

au CNSAS. " Ma première réaction,<br />

en lisant, a été <strong>de</strong> dire : tout cela est<br />

dérisoire! Une vraie comédie macabre.<br />

Ces vauriens d'agents étaient<br />

préoccupés par la couleur <strong>de</strong> mes<br />

chemises, le tramway que je prenais".<br />

Certains, contraints <strong>de</strong> collaborer,<br />

s'en tiraient rapportant <strong>de</strong>s choses<br />

anodines.<br />

C'est dans ce même dossier qu'il<br />

découvre le rôle d'informateur joué<br />

par son ami. "On s'est connus<br />

lorsque nous étudiions la philosophie.<br />

Il était très bien éduqué, avait<br />

<strong>de</strong>s connaissances littéraires colossa<strong>les</strong>.<br />

De mes amis, il était celui en<br />

qui j'avais le plus confiance. Je lui<br />

livrais tous mes secrets, mes projets<br />

<strong>de</strong> livre, mes rencontres avec <strong>de</strong>s<br />

ambassa<strong>de</strong>urs et <strong>de</strong>s journalistes".<br />

Stelian Tanase finit par lui proposer<br />

une explication publique, à l'antenne.<br />

Dan Oprescu accepte. "Il a dit<br />

qu'il avait été volontaire pour collaborer.<br />

Que son but était <strong>de</strong> me protéger,<br />

en donnant une meilleure image<br />

<strong>de</strong> moi à la Securitate", explique<br />

Stelian Tanase, qui ne sait toujours<br />

pas quel crédit accor<strong>de</strong>r aux justifications<br />

<strong>de</strong> son ancien ami.<br />

<br />

Révolution an XX<br />

Connaissance et découverte<br />

Vasile et Aurora s'aimaient <strong>de</strong>puis<br />

Depuis le début <strong>de</strong>s années 2000, <strong>les</strong> Roumains ont, en théorie, la possibilité <strong>de</strong><br />

consulter <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate <strong>les</strong> concernant, en se rendant au CNSAS, à<br />

Bucarest. En théorie seulement: le peu d'empressement <strong>de</strong>s autorités qui se sont<br />

succédées <strong>de</strong>puis pour en faciliter l'accès, <strong>les</strong> entraves suscitées délibérément par<br />

<strong>les</strong> héritiers <strong>de</strong> l'ancienne police politique ren<strong>de</strong>nt pratiquement inopérante cette<br />

opportunité. A la découverte <strong>de</strong> ces <strong>document</strong>s, <strong>les</strong> rares "privilégiés" font souvent<br />

"un retour vers l'Enfer", comme le conte Piotr Smolar, évoquant la tragique histoire<br />

<strong>de</strong> l'écrivain Vasile Gavri<strong>les</strong>cu et <strong>de</strong> son amour <strong>de</strong> jeunesse, Aurora.<br />

Un jour, un ours a pénétré<br />

dans le jardin <strong>de</strong> Vasile<br />

Gavri<strong>les</strong>cu. Les aboiements<br />

hystériques <strong>de</strong> ses huit chiens,<br />

impuissants <strong>de</strong>rrière le grillage <strong>de</strong> leur<br />

enclos, réveillèrent la campagne. Les 7<br />

500 habitants d'Horezu, village situé à<br />

environ 250 km <strong>de</strong> Bucarest, avaient<br />

l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s visites impromptues d'animaux.<br />

Chaussons à la main, Vasile<br />

Gavri<strong>les</strong>cu a fait fuir le grand ours,<br />

sans doute surpris par tant <strong>de</strong> témérité.<br />

Il est comme ça, l'écrivain: buté jus-<br />

Retour vers l’Enfer<br />

Vasile Gavri<strong>les</strong>cu, amer après<br />

avoir découvert la trahison <strong>de</strong> sa femme :<br />

"J'ai couché avec la Securitate".<br />

qu'à l'inconscience, tanné comme le cuir d'un tambour qui aurait rythmé mille batail<strong>les</strong>.<br />

A l'époque communiste, Vasile Gavri<strong>les</strong>cu a écopé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux peines <strong>de</strong> prison et<br />

rendu blêmes <strong>de</strong> rage <strong>de</strong>s dizaines d'officiers <strong>de</strong> la police politique. C'est un survivant,<br />

une sorte <strong>de</strong> baobab, qui résiste aux chaleurs éreintantes. En 1948, lorsque le roi Michel<br />

Ier est contraint à l'exil, Vasile, 10 ans, se tire une balle dans la poitrine. Il rate son coup.<br />

Inutile <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts monarchistes dans la famille: une mère ouvrière, un<br />

père pharmacien qui <strong>les</strong> abandonne à la naissance.<br />

A 18 et 16 ans, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux amoureux prennent le maquis<br />

Au lycée, dans la ville <strong>de</strong> Craiova, il rencontre Aurora, belle ado<strong>les</strong>cente, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

ans sa ca<strong>de</strong>tte. L'amour <strong>de</strong> jeunesse se conjugue avec un engagement commun. Inspiré<br />

par l'insurrection en Hongrie <strong>de</strong> 1956, Vasile crée un réseau clan<strong>de</strong>stin. Si la révolution<br />

vient, il faudra être prêt. "Avec mes dix-huit camara<strong>de</strong>s, on avait un plan pour s'emparer<br />

<strong>de</strong>s lieux stratégiques <strong>de</strong> la ville et prendre <strong>les</strong> armes". Mais un mouchard parle.<br />

Vasile et Aurora rejoignent le maquis. Ils sont arrêtés <strong>de</strong>ux ans plus tard.<br />

Elle est condamnée à douze ans; lui à vingt-<strong>de</strong>ux ans. Cette séparation forcée va<br />

changer leur histoire. "J'ai eu la possibilité <strong>de</strong> bénéficier d'une belle éducation en prison,<br />

auprès <strong>de</strong> ministres, d'aristocrates, d'intellectuels, <strong>de</strong> gens venant <strong>de</strong> la Sorbonne<br />

et d'Oxford", explique-t-il dans un français châtié, parfois ponctué <strong>de</strong> "merrr<strong>de</strong>" et <strong>de</strong><br />

"connarrrds" sonores et espièg<strong>les</strong>.<br />

Sorti <strong>de</strong> prison en 1964, en même temps que sa femme, Vasile Gavri<strong>les</strong>cu la retrouve<br />

marquée, plus distante. Il <strong>de</strong>vient électricien. Mais <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> la Securitate lui<br />

ren<strong>de</strong>nt la vie impossible. Il tente <strong>de</strong> fuir, seul, en franchissant le Danube. Il atteint la<br />

côte yougoslave, mais est interpellé et rendu aux autorités roumaines, contre un wagon<br />

<strong>de</strong> sel. Deuxième condamnation, cette fois à sept ans. Il sort au bout <strong>de</strong> trois ans et<br />

<strong>de</strong>mi, fait enfin la connaissance <strong>de</strong> sa fille, née pendant sa détention. Il commence alors<br />

à écrire, pour se libérer <strong>de</strong> sa détestation envers le régime.<br />

Le 23 novembre 1972, la Securitate perquisitionnent l'appartement familial, brandissant<br />

une lettre anonyme factice qui accuse Vasile <strong>de</strong> trafic <strong>de</strong> pierres précieuses. Les<br />

officiers trouvent ses manuscrits dans le double fond d'un tiroir. Mais il ne retourne pas<br />

en prison, ses écrits n'ayant pas été diffusés.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Infos pratiques<br />

l'enfance: <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate ont irrémédiablement terni leur histoire d'amour<br />

pour ceux qui veulent savoir<br />

En 1985, déchu <strong>de</strong> la nationalité roumaine, il s'installe à<br />

Paris, avec Aurora et leurs <strong>de</strong>ux enfants. Il espère ranimer leur<br />

amour, affaibli par <strong>les</strong> épreuves. Gavri<strong>les</strong>cu suit à distance la<br />

chute du régime Ceaucescu. Gravement mala<strong>de</strong>, Aurora meurt<br />

en 1991. Elle est enterrée à Amiens. Deux ans plus tard,<br />

Gavri<strong>les</strong>cu retourne en Roumanie.<br />

"Sa femme, son amour, sa confi<strong>de</strong>nte,<br />

la mère <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux enfants, l'espionnait"<br />

Comme <strong>de</strong>s milliers d'autres victimes <strong>de</strong> la répression, l'écrivain<br />

souhaite consulter son dossier personnel, constitué par<br />

la police. Plusieurs années <strong>de</strong> démarches sont nécessaires.<br />

Enfin, un jour <strong>de</strong> novembre 20<strong>01</strong>, il pénètre dans la salle <strong>de</strong><br />

lectures du Centre national pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la<br />

Securitate (CNSAS). Un homme pousse un chariot jusqu'à lui.<br />

"Je m'attendais à <strong>de</strong>ux ou trois volumes. Il en a apporté 22, et<br />

ce n'était pas l'intégralité."<br />

Aucun adjectif, aucune métaphore, ne pourrait transcrire<br />

avec précision ce que Vasile Gavri<strong>les</strong>cu a ressenti ce jour-là.<br />

Disons que la vie s'est dérobée sous ses pieds. Après une <strong>de</strong>miheure<br />

<strong>de</strong> lecture du dossier "chauve-souris", surnom que la<br />

police lui avait donné, l'écrivain a pris la vérité en pleine figure:<br />

Aurora, sa femme, son amour, sa confi<strong>de</strong>nte, la mère <strong>de</strong> ses<br />

<strong>de</strong>ux enfants, sa raison <strong>de</strong> vivre, collaborait, l'espionnait.<br />

En 1961, pendant sa détention, Aurora a signé un formu-<br />

Les dossiers sont <strong>de</strong> quatre<br />

types: <strong>les</strong> rapports <strong>de</strong> surveillance,<br />

<strong>les</strong> dossiers <strong>de</strong>s<br />

informateurs, <strong>les</strong> affaires judiciaires, et<br />

enfin <strong>les</strong> analyses généra<strong>les</strong>. Sur un coin<br />

<strong>de</strong> table, on trouve aussi <strong>de</strong>s sacs plastique<br />

transparents, avec <strong>de</strong>s bouts <strong>de</strong><br />

feuil<strong>les</strong> mangés par <strong>les</strong> flammes. Il s'agit<br />

<strong>de</strong> dossiers brûlés à la révolution <strong>de</strong> 1989<br />

par <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> paniqués.<br />

Il faut renoncer à chercher l'entière<br />

vérité <strong>de</strong> l'époque communiste dans <strong>les</strong><br />

archives. D'abord, en raison <strong>de</strong> leur<br />

Des archives diffici<strong>les</strong> à consulter.<br />

caractère très incomplet.<br />

Les <strong>de</strong>structions avaient<br />

commencé bien avant<br />

1989. "Dans <strong>les</strong> années<br />

1970, <strong>de</strong>s ordres sont tombés du sommet<br />

du pouvoir pour se débarrasser d'environ<br />

200 000 dossiers <strong>de</strong> membres du Parti",<br />

rappelle Dorin Dobrincu, directeur <strong>de</strong>s<br />

archives nationa<strong>les</strong>. Ensuite, parce qu'il<br />

faut se méfier <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> la police politique.<br />

Exemple: dans <strong>les</strong> 500 000 dossiers<br />

d'informateurs ne figurent pas ceux du<br />

Parti; en revanche, on y trouve ceux qui<br />

avaient refusé <strong>de</strong> collaborer avec la<br />

Securitate, enregistrés malgré tout.<br />

Dans <strong>les</strong> cartons <strong>de</strong>s informateurs,<br />

tous dotés d'un pseudonyme, on trouve<br />

laire d'engagement. Après sa libération, elle a renseigné la<br />

Securitate sur <strong>les</strong> déplacements, <strong>les</strong> propos et <strong>les</strong> écrits <strong>de</strong><br />

Vasile Gavri<strong>les</strong>cu. La perquisition <strong>de</strong> l'appartement, la découverte<br />

<strong>de</strong> sa cache: c'était elle. La rage lui noue encore le ventre.<br />

"Je ne pardonne pas et je n'oublie pas. Heureusement que<br />

ma femme était déjà morte quand j'ai appris cela. Je suis<br />

bélier. Le bélier cogne avec la tête sans se poser <strong>de</strong> questions,<br />

et après se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi il a mal".<br />

Quarante trois autres "mouchards":<br />

amis, connaissances, collègues, voisins<br />

Le dossier contenait également une liste <strong>de</strong> 43 personnes -<br />

amis, connaissances, collègues, voisins - qui avaient apporté<br />

leur contribution à l'étau invisible qui l'enserrait. "Tous autour<br />

<strong>de</strong> moi collaboraient. Et moi, j'étais comme un poisson dans<br />

un aquarium". L'année suivante, Gavri<strong>les</strong>cu fut gravement<br />

mala<strong>de</strong>. Puis il s'efforça <strong>de</strong> reprendre pied, par l'écriture.<br />

Depuis, il a publié dix-sept livres, <strong>de</strong> l'autobiographie à la<br />

poésie, pour décrire la nature maléfique <strong>de</strong> l'ancien "système<br />

tortionnaire". Malgré l'éloignement du milieu littéraire dont il<br />

se sent banni, la vie à la campagne lui fait du bien.<br />

Aujourd'hui, il va vers ses 72 ans. "Ici, le temps se dilate", dit<br />

joliment en français sa secon<strong>de</strong> compagne, peintre et professeur<br />

d'arts plastiques.<br />

Piotr Smolar (Le Mon<strong>de</strong>)<br />

L'intérêt national brandi pour refuser l'accès aux archives<br />

La quête impossible <strong>de</strong> la vérité<br />

L'o<strong>de</strong>ur du papier jauni et humi<strong>de</strong>, ajoutée à la poussière,<br />

vous saisit à la gorge lorsque vous pénétrez dans l'un <strong>de</strong>s trois hangars<br />

contenant <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate. Nous sommes à une<br />

vingtaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> Bucarest. C'est ici, en zone militaire,<br />

que le Conseil national pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la Securitate<br />

(CNSAS) entrepose et gère près <strong>de</strong> 20 km <strong>de</strong> <strong>document</strong>s.<br />

l'ensemble <strong>de</strong> leur parcours: leur accord<br />

écrit, leur profil psychologique avant<br />

recrutement, <strong>les</strong> informations pouvant<br />

servir pour un chantage en cas <strong>de</strong> nécessité,<br />

leurs dénonciations manuscrites, et<br />

enfin <strong>les</strong> traces <strong>de</strong> leurs rémunérations.<br />

Des sommes souvent dérisoires, parfois<br />

substantiel<strong>les</strong>.<br />

Les "informateurs"<br />

avaient tous un pseudonyme<br />

Créé en 1999, le CNSAS s'est longtemps<br />

heurté au manque <strong>de</strong> coopération<br />

du service roumain <strong>de</strong> renseignement<br />

(SRI, le successeur <strong>de</strong> la Securitate).<br />

(suite page 52)<br />

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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

52<br />

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TIMISOARA<br />

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SIRET<br />

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BUCAREST<br />

BACAU<br />

<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

(suite <strong>de</strong> la page 51)<br />

“Nous n'avons pu utiliser que<br />

moins d'1 % <strong>de</strong>s archives entre 1999<br />

et 2006, souligne Germina Nagat,<br />

chef <strong>de</strong> l'unité d'enquête au Conseil,<br />

qui compte cinquante-cinq employés.<br />

En réalité, le Conseil n'a commencé<br />

à fonctionner <strong>de</strong> façon efficace qu'à<br />

partir <strong>de</strong> 2007”.<br />

Comme le rappelle Dorin<br />

Dobrincu, aux archives nationa<strong>les</strong>,<br />

"le SRI a constamment brandi, dans<br />

<strong>les</strong> années 1990, la notion d'intérêt<br />

national pour refuser l'accès aux<br />

dossiers. Cette tactique a beaucoup<br />

retardé l'ouverture <strong>de</strong>s archives".<br />

L'obscurité n'a pas été totalement<br />

levée. Personne ne sait quelle est la<br />

part réelle <strong>de</strong>s dossiers transmis.<br />

"On dit que le SRI ne nous a donné<br />

que 85 % <strong>de</strong>s dossiers", souligne<br />

Germina<br />

Nagat.<br />

Le directeur<br />

du SRI,<br />

George Cristian<br />

Maior, nous<br />

a fait savoir<br />

par écrit que<br />

son service "a<br />

gardé seulement<br />

<strong>les</strong> dos-<br />

siers prévus<br />

par la loi,<br />

concernant la<br />

sûreté nationale actuelle <strong>de</strong> la<br />

Roumanie, surtout la protection contre-terroriste".<br />

Cela représenterait 3 %<br />

<strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> archives.Le service<br />

affirme que la rupture avec <strong>les</strong> temps<br />

anciens, en termes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s et<br />

<strong>de</strong> personnel, est "totale et irréversible".<br />

"L'âge moyen <strong>de</strong> notre institution<br />

est <strong>de</strong> 36 ans, et plus <strong>de</strong> 60 %<br />

<strong>de</strong> ceux-ci avaient 18 ans environ<br />

lors <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> 1989".<br />

P. S (Le Mon<strong>de</strong>)<br />

<br />

Révolution an XX<br />

Mauvaise surprise pour l'écrivain Stelian Tanase<br />

qui a découvert dans <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate<br />

la trahison <strong>de</strong> son meilleur ami.<br />

Connaissance et découverte<br />

Pour Luciana Jinga, <strong>les</strong> Roumains<br />

Luciana Jinga est historienne à l'Institut <strong>de</strong> recherches et d'investigation <strong>de</strong>s<br />

crimes du communisme, organe fondé en 2005, financé par l'Etat et dirigé par<br />

Marius Oprea. L'Institut tente <strong>de</strong> faire la lumière sur <strong>les</strong> crimes commis pendant<br />

la pério<strong>de</strong> communiste entre 1947 et 1989, notamment par <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> la<br />

Securitate, et <strong>de</strong> faire juger <strong>les</strong> personnes impliquées... Sans résultat, jusqu'à présent,<br />

comme elle l'explique.<br />

Ala différence d'autres pays ex-communistes<br />

en Europe, comme<br />

l'Allemagne ou la République<br />

tchèque, il n'y a pas eu, en Roumanie, <strong>de</strong> loi <strong>de</strong><br />

"lustration" <strong>de</strong>stinée à protéger <strong>les</strong> institutions<br />

démocratiques du nouvel Etat en excluant <strong>les</strong><br />

anciens agents <strong>de</strong> la police communiste <strong>de</strong> la<br />

fonction publique. Pourquoi?<br />

Toujours <strong>les</strong> mêmes aux mêmes places<br />

C'est simple. Ici, tous ceux qui étaient dans<br />

<strong>les</strong> rouages <strong>de</strong> l'ancien système sont restés en<br />

place. Comment Ion Iliescu, par exemple, qui a<br />

été le premier prési<strong>de</strong>nt roumain après 1989,<br />

aurait-il pu adopter une telle loi, alors qu'il était<br />

lui-même un cadre du régime communiste?<br />

L'actuel prési<strong>de</strong>nt, Traian Basescu, ancien officier<br />

<strong>de</strong> la marine roumaine, a été le responsable<br />

d'une agence dans le port d'Anvers.<br />

Or pour être envoyé avec <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> responsabilités<br />

à l'étranger, il fallait<br />

"La reconnaissance <strong>de</strong> sa<br />

"Il n'y a pas <strong>de</strong> crimes sans cadavres"<br />

a-t-on lancé à Marius Oprea… Du<br />

coup, l'historien s'est lancé dans <strong>de</strong>s<br />

fouil<strong>les</strong>,à la recherche <strong>de</strong>s ossements<br />

<strong>de</strong>s victimes du régime communiste.<br />

faire partie du système ou au moins lui être dévoué. En clair, <strong>les</strong><br />

politiciens roumains n'allaient pas faire une loi dont <strong>les</strong> conséquences<br />

auraient été fata<strong>les</strong> pour eux...<br />

Aujourd'hui encore, ce sont ces mêmes personnes qui sont<br />

en place dans l'administration, la politique, la justice ou <strong>les</strong> affaires.<br />

Les mêmes ou leurs enfants, leurs proches, le népotisme<br />

fonctionnant toujours très bien chez nous. Même la loi "partielle"<br />

<strong>de</strong> lustration qui a été adoptée (en 2005), qui concerne la justice<br />

et l'administration, a ses limites; elle s'est très vite transformée<br />

en instrument politique, certains passant entre <strong>les</strong> mail<strong>les</strong> du<br />

filet, d'autres pas. Si <strong>de</strong>s procès sont en cours pour <strong>de</strong>s crimes<br />

commis à l'époque, il n'y a encore eu aucune condamnation prononcée...<br />

"Il n'y a pas crimes sans cadavres… alors il faut <strong>les</strong> trouver”<br />

Le maintien en place <strong>de</strong>s anciens communistes l'explique, encore une fois. Tant<br />

que le premier ex-officier <strong>de</strong> Securitate ne sera pas condamné, on ne pourra pas avancer.<br />

Notre Institut intente <strong>de</strong>s actions en justice, dépose <strong>de</strong>s plaintes contre <strong>de</strong>s tortionnaires,<br />

mais rien n'aboutit, le principal problème étant la prescription...<br />

Récemment, nous avons <strong>de</strong>mandé l'ouverture <strong>de</strong> poursuites péna<strong>les</strong> contre un<br />

ancien milicien qui, à la fin <strong>de</strong>s années 1980, aurait arrêté sans mandat une vingtaine<br />

d'étudiants qui écoutaient <strong>de</strong> la musique rock, qu'il aurait ensuite battus et torturés. Le<br />

chef d'accusation retenu a été celui d' "abus dans le cadre du travail"! Il risquait <strong>de</strong>ux<br />

à six mois <strong>de</strong> prison; surtout, le délai <strong>de</strong> prescription est <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans...<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

ont peur d'affronter le passé… qui est en fait le présent<br />

faute n'est pas une spécialité roumaine"<br />

La plainte a donc été rejetée. C'est un exemple parmi d'autres...<br />

Ici, on a un peu un sentiment d'inutilité. Nous passons<br />

<strong>de</strong>s mois à rassembler <strong>les</strong> pièces du puzzle pour chaque cas,<br />

afin <strong>de</strong> présenter <strong>les</strong> preuves d'un crime, en vain.<br />

Cet été, Marius Oprea, notre directeur, a lancé une gran<strong>de</strong><br />

campagne d'exhumation <strong>de</strong> corps, car un jour, un procureur lui<br />

avait dit: "Il n'y a pas <strong>de</strong> crime sans cadavres". Alors il a commencé<br />

à chercher <strong>les</strong> cadavres <strong>de</strong>s crimes du régime communiste,<br />

en retrouvant certains endroits où <strong>les</strong> corps <strong>de</strong>s personnes<br />

fusillées par la Securitate dans <strong>les</strong> années 1950 avaient été<br />

cachés. Même avec ces "cadavres", cependant, <strong>les</strong> crimes ont<br />

très peu <strong>de</strong> chances d'être condamnés.<br />

La crainte <strong>de</strong> découvrir<br />

que votre meilleur ami vous a mouchardé<br />

Les mêmes raisons expliquent-el<strong>les</strong> l'ouverture tardive <strong>de</strong>s<br />

archives <strong>de</strong> la Securitate?<br />

Oui, d'autant qu'el<strong>les</strong> ont été ouvertes sans être ouvertes.<br />

Au début, en 1999, le Conseil national <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la<br />

Securitate (CNSAS) n'avait aucun dossier sous la main, pour<br />

travailler. Aujourd'hui, il en a beaucoup plus mais on ne sait<br />

pas exactement <strong>de</strong> quoi ils disposent: l'inventaire détaillé n'est<br />

pas public et l'accès est difficile.<br />

Pour <strong>les</strong> citoyens - certaines personnes viennent nous voir<br />

parce qu'el<strong>les</strong> n'ont pas pu avoir accès à leur dossier au<br />

CNSAS - mais aussi pour <strong>les</strong> chercheurs. Les conditions à<br />

remplir pour être accrédité sont compliquées.<br />

On a le sentiment que le passé est encore tabou pour la<br />

société roumaine... Mais, c'est bien plus. On en parle, cela<br />

intéresse <strong>les</strong> gens, comme le montre le succès <strong>de</strong>s émissions ou<br />

<strong>de</strong>s livres que notre Institut publie sur le sujet. Mais ce n'est<br />

pas forcément suivi d'actions concrètes, comme aller voir son<br />

dossier personnel par exemple.<br />

Il y a une forme <strong>de</strong> crainte, d'abord... Dans la majorité <strong>de</strong>s<br />

cas, <strong>les</strong> informateurs étaient <strong>de</strong>s personnes proches, <strong>de</strong>s collègues,<br />

<strong>de</strong>s amis, <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille. Après la révolution,<br />

le communisme est tombé, mais le cercle <strong>de</strong> relations socia<strong>les</strong><br />

est resté le même. D'où une peur d'affronter le passé, qui est en<br />

fait le présent.<br />

Dans ma famille par exemple, mon grand-père a été renvoyé<br />

<strong>de</strong> l'armée lors <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> épuration, en 1958, car<br />

quelqu'un l'a accusé d'être un "bourgeois". A présent, il refuse<br />

d'aller consulter son dossier: il craint que ce soit son meilleur<br />

ami qui ait écrit cette déclaration mensongère. De nombreuses<br />

personnes sont dans son cas. Et veulent tourner la page...<br />

“Avec <strong>les</strong> difficultés <strong>de</strong> la vie, le travail<br />

<strong>de</strong> mémoire était le <strong>de</strong>rnier souci”<br />

Oui, beaucoup ne veulent plus penser à une pério<strong>de</strong> si<br />

douloureuse... Ils ont déjà perdu une partie <strong>de</strong> leur vie à cette<br />

époque, ce n'est pas la peine <strong>de</strong> rouvrir la plaie. Dans <strong>les</strong><br />

années 1990, <strong>de</strong> plus, la Roumanie a connu une pério<strong>de</strong> éco-<br />

nomique très<br />

dure. Le travail<br />

<strong>de</strong> mémoire était<br />

le <strong>de</strong>rnier souci<br />

<strong>de</strong>s gens. Les<br />

victimes, bien<br />

sûr, s'en sont<br />

préoccupées,<br />

mais pas <strong>les</strong> autres.<br />

Quelques<br />

Connaissance et découverte<br />

voix éparses évoquaient ces problèmes d'ouverture <strong>de</strong>s archives,<br />

mais el<strong>les</strong> n'étaient pas portées par un vrai mouvement<br />

dans la société civile.<br />

“Il y avait par nature<br />

une tendance au dédoublement”<br />

Le rapport Tismaneanu sur le communisme<br />

semble surtout avoir été fait pour être classé...<br />

Enfin, nous subissions le contrecoup du mécanisme pervers<br />

subi sous le régime communiste, lorsque <strong>les</strong> gens vivaient<br />

dans <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s parallè<strong>les</strong>: le mon<strong>de</strong> extérieur où ils obéissaient<br />

au régime, et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maison, très différent.<br />

Par exemple, chez moi, nous faisions <strong>de</strong>s prières, nous<br />

chantions <strong>de</strong>s chants monarchistes, et sitôt quitté la maison, je<br />

chantais <strong>de</strong>s chants communistes. Donc il y a, par nature, une<br />

tendance au dédoublement. En 1989, l'une <strong>de</strong> ces réalités<br />

parallè<strong>les</strong> s'est écroulée. Beaucoup <strong>de</strong> gens ont tendance à<br />

croire que tout ce qu'elle contenait s'est écroulé avec elle. Y<br />

compris leurs éventuel<strong>les</strong> compromissions...<br />

“Ici on se considère tous victimes”<br />

Mais le vrai problème, dites-vous, c'est que l'Etat ne montre<br />

pas l'exemple. Certes, il y a eu cette condamnation <strong>de</strong><br />

Traian Basescu <strong>de</strong>vant le Parlement, en 2006, et le rapport <strong>de</strong><br />

la commission <strong>de</strong> l'historien Tismaneanu. Mais un discours et<br />

un livre ne suffisent pas pour condamner cinquante ans d'un<br />

régime extrêmement dur, durant <strong>les</strong>quels <strong>de</strong>s hommes ont été<br />

torturés et <strong>de</strong>s crimes atroces ont été commis.<br />

Il ne faut pas seulement condamner en bloc, il faut aussi<br />

juger <strong>les</strong> hommes qui étaient dans ce système. Je ne dis pas<br />

qu'il faut forcément un procès type Nuremberg, mais une<br />

reconnaissance juridique <strong>de</strong> ces crimes. On finit par croire que<br />

ce n'était pas si grave, puisque il ne se passe rien...<br />

Les Roumains auraient-ils honte, aussi, <strong>de</strong> leurs compromissions<br />

? Pas <strong>de</strong> honte, non, je dirais plus une incapacité à se<br />

penser coupab<strong>les</strong>. A la différence <strong>de</strong> l'Allemagne nazie par<br />

exemple, il y a un vrai problème <strong>de</strong> la Roumanie et <strong>de</strong>s<br />

Roumains à reconnaître leur culpabilité.<br />

Ici, on est tous victimes. C'est une question <strong>de</strong> mentalité et<br />

ce n'est pas lié qu'au régime communiste: on observe le même<br />

rapport par rapport à la question <strong>de</strong> l'Holocauste et <strong>de</strong> la participation<br />

<strong>de</strong> la Roumanie. La reconnaissance <strong>de</strong> la faute n'est<br />

pas une spécialité roumaine.<br />

Marion Guyonvarch, Delphine Saubaber (L'Express)<br />

53


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

54<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

<br />

BRASOV<br />

SUCEAVA<br />

IASI <br />

<br />

BUCAREST<br />

BACAU<br />

TIMISOARA<br />

<br />

TÂRGOVISTE<br />

GALATI <br />

PITESTI <br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Haiti… Tahiti, c'est<br />

du pareil au même…<br />

L'histoire a fait le tour du mon<strong>de</strong>.<br />

Un bataillon <strong>de</strong> 2000 soldats roumains<br />

et 200 tonnes <strong>de</strong> matériel envoyés en<br />

Haïti avec <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> humanitaire aurait<br />

atterri par erreur à Tahiti. Le soi-disant<br />

article, qui était une blague, a été<br />

publié sur un blog roumain, Times.ro,<br />

comme s'il s'agissait d'une information<br />

<strong>de</strong>s plus sérieuses.<br />

Illustré par une photo présentant<br />

<strong>les</strong> soldats roumains sur une plage<br />

tahitienne, il cite le ministre roumain<br />

<strong>de</strong> la défense: "Franchement, ce n'est<br />

pas la peine d'en faire un plat, aurait<br />

affirmé celui-ci, selon le canular. Haïti,<br />

Tahiti, Mahiti, Papiti, toutes ces î<strong>les</strong><br />

ont <strong>de</strong>s noms qui se ressemblent.<br />

Qu'el<strong>les</strong> aillent au diable."<br />

Aussitôt, <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> journaux<br />

russes, lettons, hongrois et italiens ont<br />

propagé la nouvelle. Celle-ci s'est<br />

également retrouvée sur <strong>les</strong> écrans<br />

<strong>de</strong> télévision. L'édition en espagnol <strong>de</strong><br />

la chaîne internationale d'informations<br />

Russia Today a présenté un long<br />

reportage sur cette affaire qualifiée<br />

d'"incroyable mais vraie". La présentatrice<br />

résumait l'histoire à partir d'un<br />

montage d'images d'archive qui montraient<br />

<strong>de</strong>s soldats roumains et <strong>de</strong>s<br />

touristes surfant sur <strong>les</strong> eaux <strong>de</strong> la<br />

Polynésie française.<br />

"Je n'en revenais pas, avoue Ionut<br />

Foltea, le blogueur à l'origine <strong>de</strong> cette<br />

dérive médiatique. Notre site est une<br />

plate-forme <strong>de</strong> pamphlets, <strong>de</strong> faux<br />

sujets et <strong>de</strong> blagues, que <strong>les</strong> gens<br />

lisent pour s'amuser. Quand tu es<br />

journaliste, la première chose que tu<br />

fais c'est <strong>de</strong> vérifier tes informations.<br />

Personne ne s'est donné la peine <strong>de</strong><br />

passer un coup <strong>de</strong> téléphone. Et voilà<br />

la télé montre <strong>de</strong>s histoires qui n'ont<br />

jamais eu lieu." (suite page 56)<br />

<br />

Tourisme<br />

Connaissance et découverte<br />

A Valea Vinului, en amoureux <strong>de</strong><br />

Au cours <strong>de</strong> ses pérégrinations en Roumanie, l'écrivain Noël Tamini a découvert<br />

un endroit dans le sud Maramures, où il passe plusieurs mois chaque année,<br />

"qui lui a tapé dans l'œil" et dont il entend faire profiter <strong>les</strong> amoureux <strong>de</strong> ce pays.<br />

Valea Vinului, une belle région à découvrir, près <strong>de</strong> Baia Mare…<br />

mais qui, contrairement à son nom ne dispose pas <strong>de</strong> vignob<strong>les</strong>.<br />

En 1993, quand<br />

je suis <strong>de</strong>venu<br />

propriétaire <strong>de</strong><br />

ces lieux", m'a confié mon<br />

hôte, "il n'y avait rien ici<br />

que ces trois pommiers, et<br />

ce noyer". Marinel Filip<br />

a <strong>de</strong>puis lors déployé un<br />

verger (livada), qui,<br />

comme il se doit, jouxte<br />

36 ruches. Dès l'abord, on<br />

a admiré <strong>de</strong>ux lacs (au<br />

total 2,5 ha), bordés <strong>de</strong><br />

chalets et d'appartements<br />

en bois (en voie d'achèvement),<br />

si bien conçus<br />

qu'on se dirait en Suisse<br />

ou en Autriche. Près du plus grand lac, sont déployées <strong>de</strong>s tentes, et <strong>de</strong>s amateurs <strong>de</strong><br />

pêche sportive y sont tout à leur passion: <strong>de</strong>s poissons <strong>de</strong> 2 à 8 kilos, imaginez... Tout<br />

exprime ici une véritable harmonie entre la nature, pas trafiquée du tout, et le plaisir d'y<br />

vivre sainement quelques jours.<br />

Ces lieux, qu'on dirait créés par l'imagination d'un internaute, existent bel et bien.<br />

Je l’ai trouvé à Valea Vinului, un village <strong>de</strong> verdure, sur la rive gauche <strong>de</strong> la rivière<br />

Somes, a environ 50 km au sud-ouest <strong>de</strong> Baia Mare (Maramures). Explication. Car il y<br />

en a une, et même <strong>de</strong>ux...<br />

Si j'ai pu admirer ce qu'a réalisé la famille Filip, c'est à l'invitation d'une inspectrice<br />

du contrôle fiscal, et, soit dit en passant, la seule incorruptible que je connaisse en<br />

ce pays. "Ce monsieur", m'avait-elle dit, "avait réclamé à l'Etat le remboursement <strong>de</strong><br />

la TVA, pour divers travaux réalisés comme prévu. Et, contre l'avis <strong>de</strong> mes collègues,<br />

j'avais jugé bon d'aller le rencontrer tout d'abord afin <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> visu la réalité <strong>de</strong> ce<br />

qu'il disait. J'ai été aussitôt ébahie: ce qu'ont fait <strong>les</strong> Filip, je n'avais pas imaginé que<br />

cela soit déjà accompli dans mon pays. Evi<strong>de</strong>mment, l'Etat lui a remboursé la TVA". Et<br />

<strong>les</strong> Filip lui en savent gré.<br />

Sans attendre ma question, Marinel Filip, me guidant pour le tour du propriétaire,<br />

me dira: "A la base il y a ces sept hectares, qui me sont venus <strong>de</strong> mon grand-père. Il<br />

avait acheté cela à <strong>de</strong>s juifs, au début <strong>de</strong>s années 40. Il avait eu la sagesse <strong>de</strong> <strong>les</strong> partager<br />

aussitôt pour <strong>les</strong> cé<strong>de</strong>r a ses enfants, par acte notarié. C'était peu avant la prise<br />

<strong>de</strong> pouvoir par <strong>les</strong> communistes. Ensuite, ce fut évi<strong>de</strong>mment confisqué. Mais après <strong>les</strong><br />

évènements <strong>de</strong> 1989, mon père récupéra facilement cet héritage".<br />

Outre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux beaux lacs ourlés <strong>de</strong> gazon du plus bel effet et flanques <strong>de</strong> superbes<br />

constructions en bois, ce qui frappe c'est l'exubérant verger <strong>de</strong> pommiers et une<br />

grosse voiture renfermant 36 ruches. "J'ai une formation <strong>de</strong> zootechnicien", dit mon<br />

Cicérone, poursuivant "On sait à quel point <strong>les</strong> abeil<strong>les</strong> ont besoin <strong>de</strong> ces fleurs, et réciproquement.<br />

Par chance, ces terres n'ont jamais fait l'objet d'une agriculture intensive,<br />

et le sol est <strong>de</strong>meuré sain. De même, <strong>les</strong> pestici<strong>de</strong>s n'ont pas sévi ici, si bien que tout<br />

s'est présenté au mieux quand je m'y suis mis, en 1993".<br />

Profiter d’un cadre <strong>de</strong> vie paisible<br />

“La nature<br />

Voila donc seize ans que <strong>les</strong> Filip, qui ont <strong>de</strong>ux enfants, ont consacré tous leurs<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

leur pays, <strong>les</strong> Filip font tout pour ébahir le touriste intelligent<br />

est là, qui t’invite et qui t’aime”<br />

loisirs et leurs économies a réaliser, somme toute, le rêve d'un<br />

homme amoureux <strong>de</strong> son pays, et donc conscient <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux plus<br />

bel<strong>les</strong> richesses <strong>de</strong> la Roumanie: le tourisme et l'agriculture,<br />

plus précisément la bioculture. Plus une certaine forme <strong>de</strong> vie,<br />

paisible, qui convient au mieux a cette région proche du<br />

Maramures historique.<br />

"La crise a ralenti la réalisation <strong>de</strong> nos projets", poursuit<br />

le "rêveur", "et nous recherchons désormais un partenaire.<br />

J'aimerais en effet offrir aux touristes, outre <strong>de</strong>s appartements<br />

<strong>de</strong> villégiature, une petite salle pour <strong>de</strong>s expositions artistiques<br />

et <strong>de</strong>s concerts, afin <strong>de</strong> mettre en valeur au mieux certains<br />

atouts culturels <strong>de</strong> cette région. De même, nous avons<br />

prévu d'ai<strong>de</strong>r nos hôtes à découvrir <strong>les</strong> merveil<strong>les</strong> d'alentour.<br />

Par exemple, <strong>de</strong>s visites guidées du Pays d'Oas, et du<br />

Maramures historique, mais aussi grâce a un peu d'équitation,<br />

Un jury <strong>de</strong> spécialistes étrangers<br />

<strong>de</strong> dégustation <strong>de</strong> vins<br />

s'est réuni mi-novembre à<br />

Corbeanca, près <strong>de</strong> Bucarest, afin <strong>de</strong> tester<br />

quelques 168 crûs proposés habituellement<br />

sur <strong>les</strong> rayons <strong>de</strong>s magasins et<br />

sélectionnés auparavant en fonction <strong>de</strong><br />

leur prix, leur catégorie et leur couleur<br />

(blanc, rosé, rouge). Il s'agissait d'éviter<br />

<strong>les</strong> écueils qui ternissent trop souvent <strong>les</strong><br />

concours <strong>de</strong> vins, où <strong>les</strong> producteurs proposent<br />

leurs meilleures bouteil<strong>les</strong>, peu<br />

représentatives <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> la cuvée,<br />

ou bien qui, après avoir été primées, sont<br />

par la suite conservées dans <strong>de</strong> mauvaises<br />

conditions, rendant impropres leur<br />

consommation.<br />

Par cette initiative, Ovidiu Gheorghe,<br />

directeur du Patronat Nationale <strong>de</strong> la<br />

Vigne et <strong>de</strong>s Vins, espère promouvoir la<br />

vente <strong>de</strong>s vins roumains dans le pays<br />

même mais aussi à l'étranger, où elle a<br />

chuté <strong>de</strong> 11% au cours du premier semestre<br />

2009, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> <strong>de</strong>stinations à<br />

l'exportation étant, dans l'ordre,<br />

l'Allemagne, la Bulgarie, le Danemark,<br />

l'Estonie, la Russie, le Royaume Uni,<br />

l'Italie, la Chine et <strong>les</strong> USA.<br />

La Roumanie se place au 6ème rang<br />

européen <strong>de</strong>s pays producteurs <strong>de</strong> vin et<br />

au 12ème rang mondial, avec une superficie<br />

<strong>de</strong> 187 000 ha <strong>de</strong> vignes, une production<br />

annuelle <strong>de</strong> 1,2 à 1,5 millions<br />

d'hectolitres, pour une valeur <strong>de</strong> 450 M€<br />

en 2007. Bien que sur le marché local, la<br />

vente <strong>de</strong> vin augmente <strong>de</strong> 10-13 % par an,<br />

la consommation annuelle <strong>de</strong>s Roumains<br />

se situe à 24 litres, soit la moitié <strong>de</strong> celle<br />

<strong>de</strong>s Français.<br />

Le palmarès du concours <strong>de</strong><br />

Corbeanca :<br />

Vins blancs :<br />

Blanc sec (8-15 lei, 2-4 €):<br />

Halewood Feteasca Regala Special<br />

Reserve 2008 (Cramele Halewood)<br />

Blanc sec (15-25 lei, 4-6 €): Terase<br />

Danubiene Beluga Sauvignon Blanc<br />

2008 (Vinarte)<br />

Blanc supérieur (25-42 lei, 6-11 €):<br />

La Cetate Chardonnay 2008 (Carl Reh)<br />

Blanc <strong>de</strong>mi-sec (15-25 lei, 4-6 €):<br />

Blanc Cotnari 2006<br />

Blanc <strong>de</strong>mi-doux (8-15 lei, 2-4 €):<br />

Zestrea Murfatlar Pinot Gris (Murfatlar)<br />

Vin blanc doux (8-15 lei, 2-4 €) : 7<br />

Pacate Tamâioasa Româneasca 2006<br />

Vins rosés :<br />

Connaissance et découverte<br />

outre l'initiation à la pêche sportive". Sans parler du miel et <strong>de</strong><br />

fruits bio. Plus, bien sûr, du jogging, <strong>de</strong>s promena<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s<br />

randonnées.<br />

Cet écrin d'eau et <strong>de</strong> verdure, <strong>de</strong> verger et <strong>de</strong> forêt, sous<br />

l'oeil <strong>de</strong> bustes originaux sculptés dans le bois et la pierre, invite<br />

au repos, à la détente, à une vie tonique. "La nature est là,<br />

qui t'invite et qui t'aime": ce vers <strong>de</strong> Lamartine pourrait bien<br />

embellir le portail d'entrée.<br />

Quant aux "vignes" <strong>de</strong> Valea Vinului (La vallée du vin)...<br />

il n'y en a pas. "Ce village tire son nom d'une légen<strong>de</strong>. Un<br />

boyard était passé par là, avec tout un chargement <strong>de</strong> tonneaux,<br />

fracassés dans <strong>de</strong>s fondrières creusées par un orage. Et<br />

l'endroit porte ce nom par dérision". Un lieu que l'on peut désormais<br />

aussi découvrir grâce au site www.profy.ro.<br />

Noël Tamini<br />

Les vins proposés dans <strong>les</strong> rayons <strong>de</strong> magasins<br />

roumains passés à la loupe par un jury international<br />

Rosé sec et <strong>de</strong>mi-sec (15-25 lei, 4-<br />

6 €): Vinul Cavalerului Merlot Roze<br />

2008 (Serve Ceptura)<br />

Rosé (25-42 lei, 6-11 €): 3 Hectare<br />

Cabernet Sauvignon Roze 2008<br />

(Murfatlar)<br />

Vins rouges :<br />

Rouge sec (15-25 lei, 4-6 €):<br />

Maiastru Merlot 2008 (Carl Reh)<br />

Rouge supérieur (25-42 l. , 6-11 €):<br />

La Cetate Merlot 2007 (Carl Reh)<br />

Rouge <strong>de</strong>mi-sec (15-25 lei, 4-6 €):<br />

Halewood Feteasca Neagra Special<br />

Reserve 2007 (Cramele Halewood)<br />

Rouge <strong>de</strong>mi-doux (8-15 lei, 2-4 €):<br />

Val Duna Crama Oprisor Feteasca<br />

Neagra 2008 (Carl Reh)<br />

Vin spécial (liquoreux) (15-25 lei, 4-<br />

6 €): Lacrima lui Ovidiu 5 (Murfatlar)<br />

Les principaux pays producteurs :<br />

1. France et Italie*, 3. Espagne, 4.<br />

États-Unis (dont Californie), 5.<br />

Argentine, 6. Chine, 7. Australie, 8.<br />

Afrique du Sud, 9. Allemagne, 10. Chili,<br />

11. Portugal, 12. Roumanie, 13. Russie,<br />

14. Hongrie, 15. Grèce, 16. Brésil, 17.<br />

Autriche, 18. Ukraine, 19. Moldavie, 20.<br />

Croatie, 21. Serbie, 22. Bulgarie, 23.<br />

Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>, 24. Suisse, 25.<br />

Uruguay, 26. Macédoine, 27. Mexique,<br />

28. Japon, 29. Algérie, 30. Georgie.<br />

*Suivant <strong>les</strong> évaluations, France et<br />

Italie sont données alternativement en<br />

tête du classement.<br />

55


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

56<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

CRAIOVA<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

IASI <br />

<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

BUCAREST<br />

BACAU<br />

TIMISOARA<br />

<br />

TÂRGOVISTE<br />

<br />

<br />

PITESTI<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

(Suite <strong>de</strong> la page 54)<br />

…Comme Budapest<br />

et Bucarest pour Canal + !<br />

Lancé en 2008 par une société<br />

roumaine créant <strong>de</strong>s sites Internet, le<br />

site Times.ro, qui n'a pas hésité à<br />

emprunter le nom d'un journal britannique<br />

sérieux, a vu le nombre <strong>de</strong> ses<br />

lecteurs exploser.<br />

Depuis l'affaire Haïti-<br />

Tahiti, quelque 25<br />

000 internautes visitent<br />

désormais le site<br />

chaque jour, contre 4<br />

000 précé<strong>de</strong>mment.<br />

Et l'aventure continue<br />

en France. Le 18<br />

février, l'hebdomadaire<br />

Courrier international<br />

résume un article<br />

<strong>de</strong> la presse roumaine<br />

et révèle la<br />

bour<strong>de</strong> médiatique,<br />

mais sur Canal+ on ne lit que le<br />

début <strong>de</strong> l'article et on tombe dans le<br />

panneau, l'émission "L'édition spéciale",<br />

présentée par Bruce<br />

Toussaint se gaussant <strong>de</strong> la bêtise<br />

<strong>de</strong>s Roumains à la gran<strong>de</strong> joie <strong>de</strong><br />

ses invités qui se tapent sur <strong>les</strong> cuisses,<br />

et dont pourtant beaucoup ne<br />

savent pas faire la différence entre<br />

Budapest et Bucarest.<br />

La chaîne consacre plusieurs<br />

minutes à l'incroyable histoire roumaine,<br />

que le site Times.ro signale à<br />

sa manière: "Canal+ a reçu l'information<br />

<strong>de</strong> son correspondant local, le<br />

peintre Paul Gauguin, peut-on lire sur<br />

le site roumain. Il vit sur cette île et a<br />

été le témoin oculaire <strong>de</strong> l'arrivée du<br />

bataillon roumain." Une affaire que ce<br />

site, dont le slogan est "Not as seen<br />

on TV" ("Pas vu à la télévision"), promet<br />

<strong>de</strong> suivre.<br />

Mirel Bran<br />

<br />

Mémoire<br />

Connaissance et découverte<br />

Pour <strong>les</strong> Bucarestois, comme pour l'ensemble <strong>de</strong>s Roumains, dans <strong>les</strong> années<br />

80 on éteignait <strong>les</strong> lumières vers 22 heures, au moment où apparaissait la mire sur<br />

<strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> télévision. "Bonne nuit, Camara<strong>de</strong>s !"… C'était l'heure daller se<br />

coucher. La capitale s'enfonçait dans le silence, restaurants et bars fermaient<br />

leurs portes. Dans <strong>les</strong> rues endormies, seuls <strong>les</strong> taxis circulaient, hélés par<br />

quelques rares noctambu<strong>les</strong>.<br />

En Roumanie comme dans <strong>les</strong> pays frères, le communisme n'a pas totalement<br />

éradiqué la vie nocturne, et le plus vieux métier du mon<strong>de</strong> y a trouvé sa<br />

place, bien qu'interdit. Les prostituées partaient à la recherche <strong>de</strong>s clients.<br />

De préférence <strong>les</strong> Japonais, connus pour leurs largesses, ou alors <strong>les</strong> Suisses, <strong>les</strong><br />

Autrichiens et <strong>les</strong> Allemands… mais pas <strong>les</strong> Français, catalogués comme pingres.<br />

Il n'était cependant pas question <strong>de</strong> racoler dans la rue. Les fil<strong>les</strong> se mettaient <strong>de</strong><br />

mèche avec <strong>de</strong>s "taximetristes" qui sillonnaient lentement <strong>les</strong> rues. Quant el<strong>les</strong> repéraient<br />

un étranger, el<strong>les</strong> baissaient la vitre pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r "Speak english ?", tentant<br />

parfois leur chance en italien. Le chauffeur savait dans quel hôtel il pouvait emmener<br />

le couple. En général, l'Intercontinental, l'hôtel Bucuresti,<br />

l'Athénée Palace. Lui seul était suffisamment introduit<br />

auprès du concierge pour, moyennant un pourboire, permettre<br />

à sa passagère <strong>de</strong> ne pas voir son nom consigné dans<br />

le registre. Ren<strong>de</strong>z-vous était pris pour venir la rechercher,<br />

tout aussi discrètement, vers 4-5 h du matin. A<br />

l'Intercontinental, certaines fil<strong>les</strong> rentraient cependant<br />

sans problème, car el<strong>les</strong> étaient connues <strong>de</strong> la Securitate et<br />

lui rendaient <strong>de</strong>s services en la renseignant sur leurs clients.<br />

De cent à moins d'un dollar la nuit !<br />

On estime à une centaine <strong>les</strong> "pou<strong>les</strong> <strong>de</strong> luxe" qui opéraient<br />

dans la capitale à cette époque, le tarif étant d'environ<br />

cent dollars la nuit. Mais il y avait moyen <strong>de</strong> se procurer<br />

leurs faveurs à beaucoup moins cher. La légen<strong>de</strong> raconte qu'il fallait se rendre au<br />

restaurant "Ciresica", sur l'actuel boulevard Regina Elisabeta, comman<strong>de</strong>r un certain<br />

<strong>de</strong>ssert qui servait <strong>de</strong> mot <strong>de</strong> passe… pour voir apparaître une fille peu farouche qui le<br />

servait. Certaines prostituées occasionnel<strong>les</strong> se contentaient <strong>de</strong> 25 lei <strong>de</strong> l'époque. Le<br />

cours officiel du dollar était alors <strong>de</strong> 21 lei et s'est négocié à certains moments au noir<br />

jusqu à 75 lei.<br />

Quelques propriétaires <strong>de</strong> maisons du quartier <strong>de</strong> la gare du Nord et du boulevard<br />

Grivitei, offraient d'abriter <strong>les</strong> ébats <strong>de</strong>s coup<strong>les</strong> <strong>de</strong> rencontre dans une chambre qu'ils<br />

louaient à l'heure. Il suffisait <strong>de</strong> sonner à la bonne porte et <strong>de</strong> leur verser une centaine<br />

<strong>de</strong> lei. Des hommes d'affaires étrangers prenaient également une maîtresse attitrée pour<br />

la durée <strong>de</strong> leur séjour, payant le loyer <strong>de</strong> la <strong>de</strong>moiselle ou <strong>de</strong> la dame, couvrant <strong>les</strong><br />

frais, versant une petite rente, assortie <strong>de</strong> ca<strong>de</strong>aux. Autre possibilité: <strong>les</strong> cités universitaires<br />

où la prostitution pouvait être fréquente si el<strong>les</strong> abritaient <strong>de</strong>s étudiants étrangers.<br />

Des chambres d'hôtel au luxe spartiate.<br />

Peu <strong>de</strong> sanctions<br />

Les fil<strong>les</strong> qui se faisaient pincer par la police ne risquaient pas grand-chose.<br />

L'article 328 du co<strong>de</strong> pénal <strong>de</strong> 1968 prévoyait que "<strong>les</strong> personnes qui se procurent <strong>de</strong>s<br />

moyens d'existence par <strong>de</strong>s relations sexuel<strong>les</strong> encourent une peine <strong>de</strong> prison <strong>de</strong> 3 mois<br />

à 3 ans". Comme tout le mon<strong>de</strong> avait un travail, il suffisait <strong>de</strong> montrer sa "légitimation"<br />

(<strong>document</strong> prouvant qu'on avait un emploi) pour éviter d'être inquiétée. Au pire,<br />

on pouvait être sanctionnée pour mener un style <strong>de</strong> vie parasitaire ce qui pouvait<br />

conduire à un ou six mois <strong>de</strong> prison et à une amen<strong>de</strong> entre 1000 et 5000 lei.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

La “tournée <strong>de</strong>s grands ducs” sous Ceausescu n'avait vraiment rien <strong>de</strong> folichonne<br />

"Bonne nuit, Camara<strong>de</strong>s… C'est l'heure d'aller se coucher !"<br />

Dans <strong>les</strong> faits, il y avait très peu <strong>de</strong> poursuites. Ainsi <strong>les</strong><br />

archives indiquent-el<strong>les</strong> que le 1er octobre<br />

1987, sur <strong>les</strong> 66 346 personnes détenues<br />

dans <strong>les</strong> pénitenciers ou centres <strong>de</strong> redressement,<br />

on ne dénombrait que 75 cas <strong>de</strong> prostitution.<br />

La curiosité d'Elena Ceausescu<br />

La vie nocturne bucarestoise, pour aussi<br />

pauvre qu'elle était, ne se limitait pas cependant<br />

à cette activité. Encore fallait-il être<br />

connaisseur <strong>de</strong>s lieux où elle se déroulait.<br />

Dans certaines rues, il était possible <strong>de</strong> se<br />

procurer <strong>de</strong>s cigarettes ou <strong>de</strong> l'alcool auprès<br />

<strong>de</strong> petits trafiquants à n'importe quelle heure<br />

<strong>de</strong> la nuit.<br />

Si <strong>les</strong> principaux restaurants, Cina,<br />

Bulevard, Lido, Capsa, Caru' cu bere, Marul<br />

<strong>de</strong> aur, Moldova, Ambasador, Pescarus,<br />

Herastrau, Bor<strong>de</strong>i, fermaient leurs portes <strong>de</strong><br />

bonne heure, il existait quelques bars <strong>de</strong> nuit,<br />

fréquentés par <strong>les</strong> étudiants étrangers et <strong>les</strong><br />

Roumains ayant <strong>de</strong> l'argent. Deux d'entre<br />

eux, le Melody Bar et l'Atlantic Bar (<strong>de</strong>venu<br />

ultérieurement le Bucuresti) étaient célèbres.<br />

On rapporte qu'Elena Ceausescu était intriguée par ces<br />

Médias<br />

Fin décembre <strong>de</strong>ux quotidiens<br />

importants ont cessé leur parution:<br />

Cotidianul et Business<br />

Standard. Cotidianul avait été le premier<br />

journal indépendant à paraître en<br />

Roumanie, en 1991. Ion Ratiu, un millionaire<br />

anglais d`origine roumaine, qui s'était<br />

présenté en vain aux élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> mai 1990 contre Ion Iliescu,<br />

en était le propriétaire. A sa mort, le titre<br />

a été racheté par Sorin Ovidiu Vantu,<br />

milliardaire, ancien repris <strong>de</strong> justice qui a<br />

acquis sa fortune en dépouillant <strong>de</strong> leurs<br />

économies quelques 300 000 petits actionaires<br />

du Fond National d`Investisments.<br />

S.O. Vantu, par l`intermédiaire <strong>de</strong> son<br />

groupe <strong>de</strong> presse Realitatea-Catavencu a<br />

également édité le quotidien économique<br />

Business Standard.<br />

Deux semaines plus tard, <strong>de</strong>ux autres<br />

quotidiens annonçaient qu`ils cessaient<br />

leur parution sur papier, Ziua et<br />

Gardianul, ne conservant qu'une version<br />

Internet, comme <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts. Ils<br />

Elena Ceausescu faisait surveiller<br />

<strong>les</strong> relations <strong>de</strong> son fils avec la<br />

chanteuse Jeanina Matei. Ici, en 1972.<br />

appartenaient également à la zone<br />

d`influence <strong>de</strong> S.O.V.. Les <strong>de</strong>ux journaux<br />

avaient été accusés à plusieurs reprises <strong>de</strong><br />

chantage par <strong>de</strong>s hommes politiques ou<br />

d`affaires, y compris par Traian Basescu<br />

ou l`ancien maire <strong>de</strong> Bucarest, Adrian<br />

Vi<strong>de</strong>anu, actuellement ministre <strong>de</strong><br />

l'Economie. Quelques jours plus tard,<br />

c'est Jurnalul National, le plus grand<br />

quotidien du pays, appartenant à un autre<br />

magnat <strong>de</strong> la presse, Dan Voicu<strong>les</strong>cu,<br />

régnant également sur un empire audiovisuel,<br />

qui annonçait revoir ses ambition<br />

à la baisse, licenciant 50 <strong>de</strong> ses 300<br />

employés.<br />

Tous ces médias avaient un trait commun:<br />

ils faisaient partie <strong>de</strong> la pieuvre<br />

politico-économico-médiatique <strong>de</strong>s oligarques<br />

roumains qui espéraient faire<br />

totalement main basse sur le pouvoir à<br />

l'occasion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong>,<br />

manipulant sans vergogne l'opinion<br />

et soutenant le candidat du PSD,<br />

Mircea Geoana, issu comme eux <strong>de</strong>s<br />

Connaissance et découverte<br />

lieux et <strong>les</strong> faisait surveiller, son fils Nicu y retrouvant une <strong>de</strong><br />

ses maîtresses, Janina Matei, une chanteuse<br />

connue qui s'y produisait.<br />

Cassettes vidéo<br />

Des maisons clan<strong>de</strong>stines, sortes <strong>de</strong> tripots,<br />

peu nombreuses, existaient également<br />

où <strong>de</strong>s patrons <strong>de</strong> bistrots et <strong>de</strong> restaurants<br />

allaient terminer la nuit, jouant au poker jusqu'u<br />

petit matin bien que, théoriquement, <strong>les</strong><br />

jeux <strong>de</strong> hasards étaient interdits. Après <strong>les</strong><br />

années 84-85, une autre habitu<strong>de</strong> est apparue<br />

chez <strong>les</strong> Bucarestois: dénicher <strong>de</strong>s cassettes<br />

vidéo avec <strong>de</strong>s films, porno ou non,<br />

<strong>de</strong>s reportages venus d'Occi<strong>de</strong>nt et <strong>les</strong> regar<strong>de</strong>r<br />

chez soi ou en compagnie d'amis.<br />

Mais une autre activité nocturne connaîtra<br />

malheureusement un bien plus grand<br />

succès, que ce soit à Bucarest ou dans le<br />

reste du pays… Faire la queue pour trouver<br />

<strong>de</strong> l'essence ou bien <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Nombre<br />

<strong>de</strong> retraités, chargés d'approvisionner la<br />

famille, passeront leurs nuits, un sac à la<br />

main, parfois dans le froid, assis sur un<br />

siège pliant à la porte <strong>de</strong>s magasins, guettant<br />

l'arrivée d'éventuels livreurs.<br />

Presse: manipulation et retour <strong>de</strong> bâton<br />

rangs <strong>de</strong>s héritiers du régime communiste<br />

et <strong>de</strong> la Securitate.<br />

Leur empire a donc servi <strong>de</strong> machine<br />

<strong>de</strong> guerre contre son adversaire, Traian<br />

Basescu, jugé moins malléable quoique<br />

ayant <strong>les</strong> même racines, et ils espéraient<br />

bien en recevoir <strong>les</strong> divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s, une fois<br />

sa défaite acquise. Leur coup ayant raté,<br />

leurs journaux ne leur servent plus à rien,<br />

et, comme ils leur coûtent cher, ils s'en<br />

débarassent aujourd'hui.<br />

Mais <strong>les</strong> lecteurs ne <strong>les</strong> avaient pas<br />

attendus. Voici longtemps que plusieurs<br />

<strong>de</strong> ces médias avaient perdu leur crédibilité,<br />

<strong>les</strong> autres prenant le même chemin.<br />

Le tirage <strong>de</strong> Cotidianul, l'un <strong>de</strong>s journaux<br />

<strong>les</strong> plus appréciés <strong>de</strong> l'immédiat après<br />

Ceausescu, était passé <strong>de</strong> 50 000 exemplaires<br />

dans <strong>les</strong> années 90 à 6000 avant<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières élections.<br />

Les Roumains commenceraient-ils à<br />

ne plus vouloir se laisser mener par le<br />

bout du nez ?<br />

Dodo Nita<br />

57


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

58<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

SIBIU<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CHISINAU<br />

IASI <br />

<br />

BACAU<br />

TIMISOARA<br />

BRASOV<br />

<br />

TÂRGOVISTE<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Evenimentul Zilei<br />

et Capital vendus<br />

Le groupe suisse Ringier a vendu<br />

<strong>de</strong>ux titres phares <strong>de</strong> la presse roumaine,<br />

le magazine économique<br />

Capital et le quotidien Evenimentul<br />

Zilei, à une société dont l'actionnaire<br />

principal est Bobby Paunescu, déjà<br />

propriétaire <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> télévision<br />

B1. Ringier entend ainsi être<br />

"plus efficace" et se concentrer sur<br />

<strong>les</strong> publications Libertatea, Unica et<br />

sur le marché <strong>de</strong> la presse en ligne;<br />

un vaste plan <strong>de</strong> restructuration avec<br />

licenciements est en cours au sein<br />

du groupe. Le montant <strong>de</strong> la vente<br />

avoisinerait 8 millions d'euros. Cet<br />

achat accentue la concentration <strong>de</strong>s<br />

principaux titres dans <strong>les</strong> mains <strong>de</strong>s<br />

affairistes. Classés 13ème fortune du<br />

pays avec 350 M€, <strong>les</strong> frères<br />

Paunescu ont été impliqués dans<br />

plusieurs affaires <strong>de</strong> corruption…<br />

dénoncées notamment en leur temps<br />

par Evenimentul Zilei.<br />

Mafieux et véreux<br />

contre journalistes<br />

Selon un rapport du Centre pour le<br />

journalisme d'investigation en Bosnie-<br />

Herzégovine, <strong>les</strong> mafieux, politiciens<br />

et hommes d'affaires véreux d'Europe<br />

centrale, dont la Roumanie, se tournent<br />

<strong>de</strong> plus en plus vers <strong>les</strong> tribunaux<br />

britanniques pour attaquer <strong>les</strong><br />

journalistes <strong>les</strong> mettant en cause. Ils<br />

y ont plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> gagner,<br />

leurs détracteurs <strong>de</strong>vant faire la preuve<br />

<strong>de</strong> ce qu'ils avancent. Cette pratique<br />

dilatoire a eu pour effet <strong>de</strong> tarir<br />

<strong>les</strong> investigations journalistiques <strong>les</strong><br />

concernant, <strong>les</strong> directions hésitant à<br />

envoyer leurs reporters faire <strong>de</strong>s<br />

enquêtes, <strong>les</strong> sites Internet prenant<br />

peu à peu le relais.<br />

<br />

Connaissance et découverte<br />

Médias Musique <strong>de</strong> fanfares et <strong>de</strong><br />

fêtes sur “Balkanophonie”<br />

Né au début <strong>de</strong> l'été, "Balkanophonie" veut être la radio francophone en<br />

ligne <strong>de</strong>s Balkans. Cette ramification <strong>de</strong> la version Web du Courrier <strong>de</strong>s<br />

Balkans propose à la fois musique et reportages. La bonne surprise du site<br />

est l'éclectisme <strong>de</strong> la palette musicale, classée selon trois référencements: artistes, sty<strong>les</strong><br />

et pays. Même si la musique traditionnelle n'est pas ignorée, elle côtoie autant le<br />

rock psychédélique turc <strong>de</strong>s années 1960-70 que le hip-hop balkanique. "Il y a une<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Balkans qui a envahi l'Occi<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong>puis quelques années, notamment avec<br />

<strong>les</strong> films <strong>de</strong> Kusturica", explique le responsable du site, Simon Rico. "Toute cette<br />

musique <strong>de</strong> fanfare et <strong>de</strong> fête, c'est quelque chose qu'on veut valoriser tout en montrant<br />

aussi qu'il y a toute une scène musicale actuelle en pleine effervescence".<br />

En témoigne la playlist sélectionnée par un <strong>de</strong> leurs correspondants en Roumanie<br />

avec, au programme, R'n'B, rock et hip-hop version roumaine. Autre expérience musicale,<br />

la découverte <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s stars <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> l'ancienne Yougoslavie, Rambo<br />

Ama<strong>de</strong>us, musicien inclassable flirtant avec l'électro, le hip-hop, le funk et le reggae.<br />

Côté information, on y trouve <strong>de</strong>s sujets audio d'actualité ou <strong>de</strong>s magazines tels<br />

que l'interview <strong>de</strong> l'organisateur <strong>de</strong> Balkan Trafik, festival consacré aux cultures balkaniques.<br />

Pour l'instant, ce versant du site est encore limité, mais l'objectif est bien <strong>de</strong><br />

le développer dans <strong>les</strong> mois à venir. Avec une cinquantaine <strong>de</strong> visites par jour,<br />

"Balkanophonie" reste encore loin cependant <strong>de</strong>rrière son grand frère, le site Web du<br />

"Courrier <strong>de</strong>s Balkans", qui compte entre 2 000 et 2 500 visites quotidiennes.<br />

Antoine Bellier (La Croix)<br />

En Roumanie, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong>,<br />

<strong>les</strong> Lautari ont perpétué<br />

et maintenu en vie un patrimoine<br />

musical populaire d'une gran<strong>de</strong><br />

richesse. Ces chanteurs et musiciens professionnels,<br />

Tsiganes pour la plupart, ont<br />

toujours accompagné et rythmé <strong>les</strong><br />

grands événements <strong>de</strong> la vie, <strong>de</strong>s plus<br />

heureux aux plus douloureux: mariages,<br />

baptêmes, enterrements. On peut retrouver<br />

ces airs sur Balkanophonie.<br />

Plus tard, avec l'urbanisation naissante,<br />

dans <strong>les</strong> tavernes <strong>de</strong>s faubourgs <strong>de</strong>s<br />

quartiers pauvres, et dans <strong>les</strong> vapeurs <strong>de</strong><br />

tsuica, le répertoire lautari s'enrichissait<br />

<strong>de</strong> mélodies et <strong>de</strong> chansons nouvel<strong>les</strong>,<br />

mélancoliques, teintées <strong>de</strong> "blues",<br />

réconfortant le cœur <strong>de</strong>s âmes en peine.<br />

Chanson <strong>de</strong>s faubourgs et <strong>de</strong>s lautari<br />

L'amour, la solitu<strong>de</strong>, la pauvreté, la<br />

condition carcérale, étaient alors autant<br />

<strong>de</strong> thèmes qui nourrissaient <strong>les</strong> textes <strong>de</strong><br />

ces chansons populaires. Malgré la censure<br />

opérée par le pouvoir en place dans<br />

la secon<strong>de</strong> moitié du XXe siècle, au profit<br />

d'un folklore d'État bien réglé, ces<br />

chansons <strong>de</strong>s faubourgs<br />

connurent un âge d'or dans <strong>les</strong><br />

années 1940-70. Andrei<br />

Mihalache, Ionel Tudorache,<br />

Constantin Stanciu, Gabi<br />

Lunca, Romica Puceanu, en<br />

sont quelques uns <strong>de</strong> ses<br />

représentants.<br />

Aujourd'hui, même si <strong>les</strong><br />

Lautari ont été supplantés par<br />

<strong>de</strong>s formations plus mo<strong>de</strong>rnes,<br />

notamment dans <strong>les</strong> mariages,<br />

leur répertoire continue d'être joué par<br />

une nouvelle génération, dynamique, et<br />

non moins virtuose et créative.<br />

Le Raki Balkans Sound System<br />

vous propose une sélection <strong>de</strong> morceaux,<br />

notamment <strong>de</strong> ces chansons <strong>de</strong>s faubourgs<br />

(mahala), choisis parmi <strong>les</strong> grands<br />

noms <strong>de</strong> la musique Lautari.<br />

Balkanophonie.org, cliquer sur<br />

Raki Balkans Sound System: Chansons<br />

<strong>de</strong>s faubourgs <strong>de</strong> Roumanie.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMA-<br />

Francophonie<br />

LMaison <strong>de</strong>s savoirs <strong>de</strong> la Francophonie, la<br />

<strong>de</strong>uxième du genre dans l'espace francophone,<br />

après Hué au Vietnam et la première en Europe<br />

centrale et orientale, située au coeur <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Chisinau en<br />

Moldavie, a été inaugurée le 29 janvier . La 3e ouvrira prochainement<br />

ses portes à Ouagadougou, capitale du Burkina<br />

Faso. La 4e sera établie à Kinshasa (R.D.du Congo).<br />

Ce projet pilote mis en place conjointement par<br />

l'Organisation internationale <strong>de</strong> la Francophonie (OIF) et<br />

l'Association internationale <strong>de</strong>s maires francophones<br />

(AIMF), auxquel<strong>les</strong> s'associent TV5Mon<strong>de</strong> et l'Agence universitaire<br />

<strong>de</strong> la Francophonie (AUF) aura ainsi été réalisé<br />

conformément au calendrier prévu.<br />

A Chisinau, La Maison <strong>de</strong>s savoirs est un espace public<br />

<strong>de</strong> 585 m2, désormais ouvert à la population, en particulier aux<br />

jeunes et aux femmes qui offrira un accès facile et peu coûteux<br />

aux savoirs et à la culture numérique et différentes activités<br />

éducatives et pédagogiques, notamment la promotion et le perfectionnement<br />

<strong>de</strong> la langue française, l'initiation aux logiciels<br />

libres pour <strong>les</strong> éducateurs et <strong>les</strong> étudiants pré-universitaires.<br />

L'appui financier <strong>de</strong> l'OIF a permis <strong>de</strong> rénover l'espace<br />

hébergeant la Maison <strong>de</strong>s savoirs <strong>de</strong> Chisinau, d'équiper<br />

Le français <strong>de</strong>meure, à la rentrée<br />

2009/<strong>2<strong>01</strong>0</strong>, la première<br />

langue étrangère enseignée<br />

dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>, collèges et lycées <strong>de</strong><br />

Moldavie indique le Bureau<br />

national <strong>de</strong> la Statistique <strong>de</strong><br />

Moldavie. Le total <strong>de</strong>s "apprenants"<br />

<strong>de</strong> français s'établit à 376<br />

027 élèves en Langue Vivante 1<br />

(52,07 % <strong>de</strong>s effectifs) et à 26<br />

190 en Langue Vivante 2 (6,96<br />

%). L'anglais n'arrive qu'en<br />

secon<strong>de</strong> position avec un taux<br />

d'apprentissage <strong>de</strong> 47,72 % en<br />

LV1 et 6,45% en LV2.<br />

L'allemand n'est, quant à lui,<br />

appris que par un peu plus <strong>de</strong> 3%<br />

<strong>de</strong>s jeunes Moldaves.<br />

Le résultat encourageant <strong>de</strong><br />

cette rentrée 2009/<strong>2<strong>01</strong>0</strong> provient<br />

<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> où le français progresse:<br />

+ 24 % d'apprenants à Chisinau, la<br />

capitale et + 8 % à Balti.<br />

L'enseignement du français conserve<br />

enfin une très large avance dans <strong>les</strong> campagnes<br />

et <strong>les</strong> petites vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Moldavie :<br />

+ <strong>de</strong> 63% <strong>de</strong>s jeunes y apprennent encore<br />

le français. La Moldavie conforte ainsi sa<br />

tradition francophone et francophile.<br />

Connaissance et découverte<br />

Inauguration à Chisinau<br />

<strong>de</strong> “La Maison <strong>de</strong>s Savoirs <strong>de</strong> la Francophonie”<br />

Le pays reste le plus francophone<br />

d'Europe centrale et orientale.<br />

Plusieurs facteurs expliquent cette<br />

persistance <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> la langue fran-<br />

çaise. L'Ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France et<br />

l'Alliance française <strong>de</strong> Moldavie mènent<br />

une politique active en termes <strong>de</strong> formation<br />

et <strong>de</strong> dotation en matériels pédagogiques<br />

et didactiques <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong><br />

français du pays. Des campagnes <strong>de</strong> promotion<br />

du français sont conduites pour<br />

rappeler que cette langue est celle du rap-<br />

l'Espace numérique par la dotation d'une trentaine <strong>de</strong> postes<br />

informatiques, <strong>de</strong> matériels <strong>de</strong> vidéo (projecteur, scanneur,<br />

télévision, visioconférence), la création d'un centre <strong>de</strong> <strong>document</strong>ation<br />

et d'apprentissage <strong>de</strong> la langue française regroupant<br />

3 000 titres (livres, <strong>document</strong>s, DVD, CD et monographies)<br />

ainsi que l'aménagement et l'ameublement <strong>de</strong> sal<strong>les</strong> multifonctionnel<strong>les</strong><br />

et d'espaces d'animations socioculturel<strong>les</strong>.<br />

La Ville <strong>de</strong> Chisinau prend en charge une partie <strong>de</strong>s frais<br />

<strong>de</strong> fonctionnement (salaire <strong>de</strong>s animateurs, téléphone, électricité,<br />

entretien, gardiennage, assurances).<br />

Pour renforcer l'apprentissage du français et l'appropriation<br />

<strong>de</strong>s logiciels libres par environ 8 000 étudiants, La<br />

Maison <strong>de</strong>s savoirs a conclu <strong>de</strong>s ententes avec l'Académie<br />

d'étu<strong>de</strong>s supérieures <strong>de</strong> Moldova (ASEM), <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> supérieures<br />

<strong>de</strong>s langues étrangères <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> Moldova et <strong>de</strong> la<br />

Faculté <strong>de</strong> français, le Lycée professionnel N° 1 d'hôtellerie et<br />

<strong>de</strong> tourisme (accueillant une classe bilingue) ainsi que huit<br />

lycées académiques.<br />

Les activités offertes par La Maison <strong>de</strong>s savoirs <strong>de</strong><br />

Chisinau ont commencé dès son inauguration. Sa création<br />

avait été décidée en 2006 à Bucarest (Roumanie) lors du<br />

Sommet <strong>de</strong> la Francophonie.<br />

Le français <strong>de</strong>meure la première langue étrangère enseignée en Moldavie<br />

Dans <strong>les</strong> couloirs d’une école d’un petit village moldave.<br />

prochement du pays à l'UE.<br />

Par ailleurs, Bruxel<strong>les</strong>, Strasbourg et<br />

Luxembourg, <strong>les</strong> trois capita<strong>les</strong> européennes<br />

sont francophones. La France est<br />

un <strong>de</strong>s piliers <strong>de</strong> la construction<br />

européenne et l'un <strong>de</strong>s principaux<br />

contributeurs financiers <strong>de</strong><br />

l'Union Européenne dont <strong>les</strong><br />

efforts bénéficient largement à la<br />

Moldavie.<br />

L'apprentissage et la pratique<br />

du français sont aussi <strong>de</strong>s atouts<br />

en matière d'emploi et d'accompagnement<br />

du développement<br />

économique moldave.<br />

De nombreux investisseurs<br />

français sont présents en<br />

Moldavie. La francophonie est<br />

une <strong>de</strong>s motivations citées par <strong>les</strong><br />

entreprises françaises présentes<br />

pour expliquer leur choix d'implantation<br />

dans le pays.<br />

Enfin, la France <strong>de</strong>meure le 4ème<br />

pays d'accueil <strong>de</strong>s jeunes moldaves effectuant<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures à l'étranger,<br />

certes <strong>de</strong>rrière la Roumanie, la Russie et<br />

l'Ukraine, mais toujours <strong>de</strong>vant<br />

l'Allemagne, la Gran<strong>de</strong>-Bretagne, <strong>les</strong><br />

USA, l’Espagne ou la Bulgarie.<br />

59


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

60<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

<br />

MARE<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TG. NEMAT <br />

<br />

CHISINAU<br />

<br />

TARGU<br />

BACAU<br />

ARAD MURES <br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Libre propos<br />

La petite mendiante<br />

et la vieille dame<br />

“C'est à la sortie du match que je<br />

l'ai vue la première fois: un petit<br />

paquet <strong>de</strong> vêtements roulé dans un<br />

coin. Du moins je le supposais mais,<br />

en m'approchant, je vis que c'était<br />

une femme, plutôt une jeune fille,<br />

très jeune… 15 ans peut-être 16 !<br />

A côté d'elle, un petit landau vi<strong>de</strong>!<br />

Plus près d'elle, je constatais très<br />

vite que l'enfant du landau était le<br />

sien et qu'elle le gardait tout contre<br />

elle, le berçant doucement en lui<br />

chantant une petite rengaine.<br />

A ses pieds, un gobelet <strong>de</strong> carton<br />

vi<strong>de</strong> <strong>de</strong>stiné à attirer la générosité<br />

<strong>de</strong>s passants sortants du magasin, le<br />

caddie rempli <strong>de</strong> bonnes choses. La<br />

jeune fille levait alors <strong>les</strong> yeux sur<br />

eux et leur disait simplement :<br />

"Bonjour" !<br />

Certains répondaient mais continuaient<br />

leur chemin, d'autres lui souriaient<br />

aussi très gentiment mais<br />

sans plus et quelques-uns, pas beaucoup,<br />

s'arrêtaient pour glisser dans<br />

son gobelet quelques cents ou euros<br />

et elle <strong>les</strong> remerciait d'un sourire.<br />

Je m'approchais alors à mon tour,<br />

quelques piécettes à la main et je<br />

croisai son regard: Ciel ! Je crus être<br />

transpercé par l'intensité <strong>de</strong> ses yeux<br />

d'un bleu parfait qui me regardait,<br />

emplis <strong>de</strong> gentil<strong>les</strong>se et <strong>de</strong> reconnaissance.<br />

Mon Dieu, chère petite maman tzigane,<br />

tu m'as interpellé <strong>de</strong> manière<br />

incroyable lors <strong>de</strong> cette première rencontre<br />

rien que par ce regard qui m'a<br />

bouleversé”.<br />

(lire la suite page 62)<br />

<br />

Itinéraires<br />

Connaissance et découverte<br />

Daniel Tabard conte l'aventure<br />

qui l'a mené du Forez en Moldavie à pied<br />

Comme Brancusi, autrefois …<br />

“L-am facut” (je l'ai fait) s'est exclamé Daniel Tabard, à son arrivée à Târgu-<br />

Neamt, en Moldavie roumaine, après la longue traversée <strong>de</strong> l'Europe - 2300 km,<br />

à pied - Du Forez aux Carpates. Randonneur atypique, Daniel Tabard est "heureux<br />

d'aller à pied dans un mon<strong>de</strong> qui marche sur la tête". Son projet, "longuement<br />

mûri", était la réalisation "<strong>de</strong> quelque chose toujours d'exaltant, mais aussi source<br />

d'appréhension".<br />

Périple, voyage, quête, randonnée, errance, pèlerinage, ce sont <strong>les</strong> signes<br />

(emblèmes) qui couronnent un défi, pour une personne <strong>de</strong> soixante ans, historien<br />

d'art, portant son sac à dos <strong>de</strong> douze kilos, comme on pourrait le voir<br />

sur une photo, avec cette motivation: "Jésus porte sa croix et moi mon zaino". (sac à<br />

dos). L'aventure <strong>de</strong> Daniel Tabard a commencé <strong>de</strong>puis sa "plus tendre enfance",<br />

quand il savait par cœur tous <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Europe, sur une carte accrochée dans la cuisine.<br />

Le défi dont il est question dans <strong>les</strong> pages <strong>de</strong> son Journal d'un randonneur solitaire,<br />

c'est <strong>de</strong> "m'approprier l'espace européen à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> mes jambes", car, "à pied<br />

on a tout le temps d'observer, <strong>de</strong> détailler, <strong>de</strong> méditer".<br />

Rédigé selon <strong>les</strong> notes prises lors du voyage, son journal n'a ni un caractère scientifique,<br />

ni <strong>document</strong>aire, mais, bel et bien, ce sont <strong>les</strong> impressions, soit visuel<strong>les</strong> (il a<br />

pris <strong>de</strong> bel<strong>les</strong> photos), soit culturel<strong>les</strong>, comme une trace <strong>de</strong> cette aventure initiatique.<br />

Chaque fois, Daniel Tabard se rend heureux dans la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa mémoire afin<br />

d'exercer la fidélité et l'authenticité <strong>de</strong> ses lectures inoubliab<strong>les</strong>.<br />

"Avec mon sac, ma pèlerine, mes bâtons, je fais extraterrestre"<br />

Il s'agit d'une raison moins<br />

aventureuse que d'une raison<br />

intime: "pour découvrir réellement<br />

un territoire, il faut prendre<br />

le temps <strong>de</strong> préparer sa visite,<br />

<strong>de</strong> vivre l'aventure, <strong>de</strong> goûter le<br />

dépaysement, <strong>de</strong> se perdre dans<br />

<strong>les</strong> profon<strong>de</strong>urs du pays. J'ai<br />

toujours aimé randonner pour<br />

une connaissance intime".<br />

On l'imagine à la recherche<br />

d'un gîte, sous le regard étonné <strong>de</strong>s passants, "avec mon sac, ma pèlerine, mes bâtons,<br />

je fais un peu extraterrestre", à l'image du sculpteur Constantin Brâncusi, qui a fait<br />

le trajet en sens inverse, en 1904, à pied, <strong>de</strong> Roumanie, la besace sur l'épaule, le bâton<br />

à la main, traversant l'Europe, pour arriver à Paris au bout <strong>de</strong> plusieurs mois d'errance.<br />

Le vif regard du voyageur est attiré par <strong>les</strong> oratoires, <strong>les</strong> croix et <strong>les</strong> oies, <strong>les</strong> vaches<br />

"qui ruminent", <strong>les</strong> moutons, "mais pas <strong>de</strong> berger". "J'entre dans la Roumanie, que<br />

j'aime " confie-t-il, "celle qui me rappelle la campagne <strong>de</strong> mon enfance, qui a<br />

quelques points communs avec le Forez, même relief, petites fermes dispersées, troupeaux<br />

dans <strong>les</strong> champs". Ici, "<strong>les</strong> âmes sont mieux traitées que <strong>les</strong> corps".<br />

Randonneur passionné, voyageur convaincu, pèlerin respectueux, avec ses <strong>de</strong>ux<br />

bâtons, Daniel Tabard risque d'être confondu. Il a l'air d'un vacancier, d'un skieur, d'un<br />

montagnard, d'un alpiniste, toujours dévisagé comme un Allemand, jamais, comme un<br />

Français, dont l'usage <strong>de</strong> la langue lui manque. Après 1600 km parcourus en <strong>de</strong>ux<br />

mois, il a le sentiment d'avoir vécu dans une bulle.<br />

Georges Simon (Roumanie)<br />

Journal d'un randonneur solitaire, <strong>de</strong> Daniel Tabard (<strong>Édition</strong>s Jeanne-d'Arc, 2009, 25<br />

rue <strong>de</strong> la Gazelle - BP 6, 430<strong>01</strong> Le Puy-En-Velay Ce<strong>de</strong>x, tél. 04 71 02 11 34), 250 pages, ISBN<br />

9782911794759, 22 €.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Quand Chiriac était jeune, à Bucarest en<br />

Roumanie, il travaillait, chez Ford. En ce tempslà,<br />

juste après la guerre, la Roumanie n'était pas<br />

encore communiste, il y avait une usine Ford à Bucarest et<br />

notre ami Chiriac travaillait comme mécano. Les premières<br />

années du communisme ont été épouvantablement dures. Et ça<br />

ne s'est pas vraiment arrangé avec l'arrivée <strong>de</strong> Ceausescu. Évi<strong>de</strong>mment,<br />

l'usine Ford a déménagé, Chiriac a laissé la mécanique<br />

pour quelle chose d'absolument sans intérêt. En fait, la<br />

principale occupation <strong>de</strong> Chiriac, et d'ailleurs <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> autres<br />

Roumains a cette époque-là, c'était <strong>de</strong> rêver.<br />

Les Roumains, comme <strong>les</strong> Russes, <strong>les</strong> Polonais, <strong>les</strong><br />

Hongrois, <strong>les</strong> Bulgares n'auraient jamais survécu sans le rêve.<br />

On attendait la nuit pour prolonger le rêve <strong>de</strong> la veille, le préciser,<br />

ajouter un détail, une merveille au mon<strong>de</strong> qu'on inventait<br />

et qu'on quittait à regret au matin.<br />

Le rêve <strong>de</strong> Chiriac, vous n'en serez pas surpris, c'était<br />

l'Amérique. Mais pas l'Amérique pour l'Amérique.<br />

L'Amérique pour acheter une voiture Ford.<br />

Travailler comme un mala<strong>de</strong><br />

pour se payer enfin sa Ford<br />

Pour Chiriac, Ford incarnait la liberté bien sûr, mais aussi<br />

la perfection mécanique absolue. Pour ce petit moteur dans<br />

l'âme, le vrai bonheur faisait vroum-vroum en Amérique. Il<br />

avait 60 ans quand il est arrivé au Québec avec sa femme<br />

Petrika. Ils se sont installés dans un trois et <strong>de</strong>mie du boulevard<br />

Lévesque à Laval et... et non, Chiriac ne s'est acheté un<br />

Ford. Pas tout <strong>de</strong> suite. Il n'avait pas un sou. II a travaillé<br />

comme un mala<strong>de</strong> - comme un animal, dit sa femme - pendant<br />

plusieurs années. Camionneur, routier.<br />

Il a conduit <strong>de</strong>s vans à New York, à Vancouver. II ne parlait<br />

pas un mot d'anglais, pas beaucoup français, ne comprenait<br />

rien aux panneaux <strong>de</strong> signalisation. Pas grave. Monte <strong>de</strong>s planches<br />

au Tennessee. Rapporte <strong>de</strong>s fruits. Repart pour Las Vegas.<br />

II avait 60 ans, puis un jour, il en a eu 65. Et un autre jour, 68.<br />

Et enfin quelques économies.<br />

Un bon matin, il a pris l'autobus jusque chez Fortier Auto,<br />

important concessionnaire Ford a Anjou. Et il a acheté un<br />

Ford. Un gros. Un long. Un Crown Victoria bleu, quatre portes,<br />

huit cyclindres qui consomment comme 16. Un vrai char<br />

<strong>de</strong> mononcle. Un bateau assez grand pour embarquer le rêve<br />

américain d'un vieux défroqué du communisme.<br />

Un "char" attendu <strong>de</strong>puis cinquante ans<br />

Chiriac a donné 2000 $ cash et il a fait financer le reste;<br />

36 mois à 437,90 $. Ça a été long dans le bureau <strong>de</strong> crédit.<br />

Plein <strong>de</strong> chiffres. La madame expliquait, reprenait, insistait,<br />

soulignait <strong>de</strong>s trucs sur le contrat. Oui, oui, oui disait, Chiriac.<br />

Connaissance et découverte<br />

Bonnes feuil<strong>les</strong> Le rêve à louer <strong>de</strong> Chiriac<br />

le Roumain, en Amérique<br />

Grand reporter au quotidien "La Presse" <strong>de</strong> Montréal Montréal, Pierre Foglia raconte <strong>les</strong> déboires, au milieu <strong>de</strong>s<br />

années 90, d'un Roumain débarquant en Amérique du Nord, dans son style inimitable, qui fait son succès Outre-Atlantique.<br />

Et s'impatientait silencieusement: "Envoye, bonne femme,<br />

arrête <strong>de</strong> bretter, ça fait 50 ans que j'attends ce char-là "...<br />

- Ça va, c'est clair, vous avez bien tout compris ? a encore<br />

insisté la dame du crédit.<br />

- Oui, oui, oui, disait Chiriac qui ne comprenait rien.<br />

- Signez ici.<br />

Chiriac s'est mis au volant. Vous dire comment il se sentait:<br />

le roi était son cousin. Ce qu'il ne savait pas, ce qu'il n'avait<br />

pas compris dans le bureau <strong>de</strong> la dame du crédit, c'est qu'il<br />

venait <strong>de</strong> signer un contrat <strong>de</strong> LOCATION. Il venait <strong>de</strong><br />

LOUER sa voiture. Pas <strong>de</strong> l'acheter.<br />

II paraît (je n'ai jamais acheté d'auto neuve, c'est pour ça<br />

que je vous dis "il paraît") que c'est <strong>de</strong>venu la pratique quand<br />

on va acheter une auto: le ven<strong>de</strong>ur insiste pour vous la louer à<br />

long terme plutôt que vous la vendre. Il parait que ça revient à<br />

peu près au même pour l'acheteur, mais que c'est plus avantageux<br />

pour le locateur et surtout pour la compagnie <strong>de</strong> prêt…<br />

C'est aussi l'histoire<br />

<strong>de</strong> milliers d'immigrés <strong>de</strong> l'Est<br />

Anyway, si je me résignais à acheter un char neuf et que<br />

le responsable du crédit me proposât <strong>de</strong> le louer, je tomberais<br />

<strong>de</strong>s nues ! Dans ma culture, on loue une voiture une semaine,<br />

pas trois ans. C'est la même culture que Chiriac, S'il avait compris<br />

le français, il aurait dit à la bonne femme du crédit; non,<br />

mais ça va pas la tête ! Cette auto-là, il la voulait toute à lui. Il<br />

allait se dépêcher <strong>de</strong> la payer. Il n'y aurait jamais une tache <strong>de</strong><br />

rouille <strong>de</strong>ssus. Un char <strong>de</strong> curé, son premier et son <strong>de</strong>rnier.<br />

Passe un an et <strong>de</strong>mi. Un jour, sur un relevé <strong>de</strong> banque, sa<br />

femme qui commence à mieux comprendre le français, lit:<br />

"contrat <strong>de</strong> location"...<br />

- Location ? Quelle location ?<br />

Chiriac ne comprend pas. Et quand il comprend, il capote.<br />

Ben d'abord, si cette auto n'est pas à lui, il n'en veut plus.<br />

Qu'on vienne la chercher immédiatement... II pense qu'on va<br />

le rembourser. Mais c'est lui qui doit <strong>de</strong>s sous. Selon la mise<br />

en <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> la Compagnie <strong>de</strong> finances, il doit 4431 $.<br />

Ça s'est finalement arrangé. Fortier Auto, comprenant<br />

dans quel malentendu s'était fourré le vieux Roumain, a eu l'élégance<br />

d'arranger le coup et d'effacer la <strong>de</strong>tte.<br />

Aujourd'hui, Chiriac est trop b<strong>les</strong>sé pour réaliser quelle<br />

chance il a eu <strong>de</strong> s'en tirer à si bon compte. Il a racheté une<br />

vieille minoune et zigone <strong>de</strong>ssus à temps perdu. Il n'est pas à<br />

pied, mais son rêve d'Amérique est foutu.<br />

Voilà, c'était l'histoire <strong>de</strong> Chiriac… mais c'est un peu l'histoire<br />

aussi <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> Russes, <strong>de</strong> Polonais, <strong>de</strong> Bulgares, <strong>de</strong><br />

Hongrois, <strong>de</strong> Tchécoslovaques qui n'avaient pas imaginé qu'à<br />

défaut <strong>de</strong> réaliser leur "rêve américain", ils pourraient le louer,<br />

437,90 $ par mois. Et qu'au bout <strong>de</strong> trois ans, ils <strong>de</strong>vraient le<br />

rendre. Ou l'acheter. Ou le vendre. Pierre Foglia<br />

61


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

62<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

IASI <br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BACAU<br />

<br />

CONSTANTA<br />

(suite <strong>de</strong> la page 60)<br />

“Nous nous sommes revus souvent<br />

car tu étais fidèle au même<br />

magasin que moi mais pour d'autres<br />

raisons.<br />

Nous avons fait connaissance, tu<br />

étais d'origine Roumaine, <strong>de</strong><br />

Timisoara exactement, et tu avais<br />

suivi ta famille en Belgique appâtée<br />

par une vie plus riche et plus facile<br />

que dans ton pays. Tu me dis habiter<br />

un petit appartement <strong>de</strong> quatre pièces<br />

avec tes parents et tes trois frères.<br />

Ton papa travaille dans le bâtiment<br />

au noir, bien sûr) ta maman fait <strong>de</strong>s<br />

ménages (au même statut) et tes frères….se<br />

débrouillent !<br />

Ben oui, la vie n'est pas tellement<br />

plus facile en Belgique qu'autre part !<br />

La confiance venant et tout en donnant<br />

le sein à ton bébé, tu me dis<br />

gagner péniblement une cinquantaine<br />

d'euros par jour par ta mendicité.<br />

C'est peu, en effet ! Mais je n'ai pas<br />

pu m'empêcher <strong>de</strong> te dire que la petite<br />

dame <strong>de</strong> 68 ans, qui habite au<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> chez toi, touche une<br />

in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> mutualité (ah la "moutouelle"!)<br />

<strong>de</strong> 824,56 euros par mois<br />

après avoir travaillé pendant plus <strong>de</strong><br />

40 ans ! Quelle différence car cela ne<br />

lui fait, à elle qui vit seule, que 27,50<br />

euros par jour !<br />

Je n'ose alors te dire que moi,<br />

retraité <strong>de</strong> l'administration, je perçois<br />

une "belle" pension <strong>de</strong> 1240,89 €<br />

tous <strong>les</strong> mois. C'est encore moins<br />

que ce que tu gagnes, toi !<br />

Dis-moi alors, chère petite maman<br />

tzigane <strong>de</strong> 16 ans, tellement belle<br />

avec tes vêtements chamarrés, tes<br />

longs cheveux et tes superbes yeux<br />

bleus, où se trouvent donc <strong>les</strong> plus<br />

pauvres dans notre pays ?”<br />

Marcel Pohl<br />

<br />

Blagues<br />

Connaissance et découverte<br />

De la suite dans <strong>les</strong> idées<br />

Le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s élections, un électeur se présente au siège du PSD et<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> à parler au "Prési<strong>de</strong>nt" <strong>de</strong> la Roumanie, M. Geoana. Embarassée,<br />

la secrétaire répond :<br />

-M. Geoana n'est pas Prési<strong>de</strong>nt.<br />

Dix minutes plus tard, le quidam revient :<br />

-Je voudrais parler avec Monsieur Mircea Geoana, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Roumanie.<br />

-Je regrette, je vous assure qu'il n'est pas Prési<strong>de</strong>nt !<br />

Et <strong>de</strong> répéter à nouveau ce scénario un quart d'heure plus tard :<br />

-Est-ce que je peux voir Monsieur le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Roumanie ?<br />

La secrétaire s'énerve :<br />

-Mais je vous ai dit déjà cent fois que M. Geoana n'était pas Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Roumanie… Qu'est-ce qui vous prend à la fin ?!!!<br />

-Pardonnez-moi, Ma<strong>de</strong>moiselle, çà me fait tellement plaisir <strong>de</strong> l'entendre dire…<br />

Précautions<br />

Un peu avant <strong>les</strong> élections qui s'annoncent<br />

mal, Basescu fait venir son<br />

ministre <strong>de</strong> la construction et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser <strong>les</strong> prisons pour que <strong>les</strong><br />

détenus puissent y vivre confortablement.<br />

Le ministre <strong>de</strong> s'étonner :<br />

-Comment çà, chef ? Je croyais que<br />

priorité était donnée à l'enseignement.<br />

-Crétin… Tu crois qu'après <strong>les</strong> élections,<br />

ils vont nous envoyer à l'école ?<br />

Observation<br />

Deux copains mangent leurs sandwichs<br />

sur un banc, dans un parc, tout en<br />

observant <strong>les</strong> pigeons.<br />

-Tu sais qui ils me rappellent ?<br />

- ??????<br />

-Nos politiciens. Quand ils sont en<br />

bas, ils te mangent dans la main et quand<br />

ils sont en haut., ils te … <strong>de</strong>ssus !<br />

Solutions <strong>de</strong> crise<br />

Discussion <strong>de</strong> couple en temps <strong>de</strong><br />

crise, entre Ion et Maria :<br />

-Maria, ma chérie, comme maintenant<br />

tu a appris à cuisiner... que dirais-tu<br />

si on renvoyait la cuisnière ?<br />

-Bonne idée mon chéri... mais je<br />

peux peut-être aussi renvoyer le jardinier<br />

maintenant que tu sais faire l'amour ?<br />

Le bon choix<br />

Quatre copains discutent du métier<br />

qu'ils aimeraient faire plus tard.<br />

Viorel: Je voudrais être avocat pour<br />

défendre mes concitoyens.<br />

Nelu: Moi, député pour faire <strong>de</strong>s lois<br />

qui servent mes concitoyens.<br />

Adriana: J'ai envie d'être docteur<br />

pour bien soigner mes concitoyens.<br />

Octavian est resté silencieux, ses<br />

copains le pressent <strong>de</strong> questions:<br />

-Moi, je me vois bien concitoyen.<br />

Travailler plus<br />

pour gagner moins<br />

Deux ministres du nouveau gouvernement<br />

Boc, aux poches bien remplies, se<br />

rencontrent <strong>de</strong>vant une bière avant le vote<br />

du budget <strong>2<strong>01</strong>0</strong>:<br />

-Comment çà va ?<br />

-C'est dur... et toi ?<br />

-Ne m'en parle pas, j'ai pas payé mes<br />

fonctionnaires <strong>de</strong>puis trois mois...<br />

-Moi, c'est <strong>de</strong>puis août ! Mais le plus<br />

drôle, c'est que ces idiots ils continuent à<br />

venir travailler !<br />

-Chez moi, ils viennent même le<br />

dimanche !<br />

-Alors çà, c’est génial ! C'est encore<br />

mieux que Sarkozy... Travailler plus pour<br />

gagner moins !<br />

-Dis donc... J'y pense tout à coup... Et<br />

si on leur <strong>de</strong>mandait aussi une taxe quand<br />

ils viennent pointer ?...<br />

Pénibilité<br />

La femme <strong>de</strong> Bula <strong>de</strong>man<strong>de</strong> audience<br />

au directeur <strong>de</strong> la prison où son mari<br />

est incarcéré:<br />

-Monsieur le directeur, je vous prie<br />

<strong>de</strong> donner un travail moins pénible à mon<br />

mari<br />

-Mais comment çà... Je l'ai mis à coller<br />

<strong>de</strong>s étiquettes sur <strong>de</strong>s enveloppes... çà<br />

vous semble si fatiguant ?<br />

-Non, mais il m'a dit que, en plus, il<br />

creusait un tunnel...<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

CHANGE*<br />

(en nouveaux lei, RON**)<br />

Euro =4,11 RON<br />

(1 RON = 0,24 €)<br />

Franc suisse = 2,81 RON<br />

Dollar = 3,02 RON<br />

Forint hongrois 1 = 0,02 RON<br />

(1 € = 270 forints)<br />

*Au 27 février <strong>2<strong>01</strong>0</strong> ** 1 RON = 10 000 anciens lei<br />

Les NOUVELLES<br />

<strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Numéro 58, mars - avril <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />

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Rédactrice en chef<br />

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Ont participé à ce numéro :<br />

Cristophe Cornevin, Gil<strong>les</strong> Renault,<br />

Mathil<strong>de</strong> Goannec, Ianut Balan,<br />

Ramona Delcea, Laurent Cour<strong>de</strong>rc<br />

Marion Guyonvarch, Mirel Bran,<br />

Jonas Mercier, Mariana Bechir,<br />

Daniela Serb, Piotr Smolar,<br />

David Prochasson, Radu Portocala,<br />

Antoine Bellier, Delphine Saubaber,<br />

Noël Tamini, Georges Simon,<br />

Marcel Pohl, Vali, Dodo Nita.<br />

Autres sources: agences <strong>de</strong> presse<br />

et presse roumaines, françaises,<br />

lepetitjournal.com, télévisions<br />

roumaines, Roumanie.com, Le<br />

Courrier <strong>de</strong>s Balkans, sites internet,<br />

fonds <strong>de</strong> <strong>document</strong>ation ADICA.<br />

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Numéro <strong>de</strong> Commission paritaire:<br />

1112 G 8<strong>01</strong>72; ISSN 1624-4699<br />

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Prochain numéro: mai <strong>2<strong>01</strong>0</strong><br />

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63


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

64<br />

Iana Matei, première Roumaine<br />

“Européenne <strong>de</strong> l'année” en 2009<br />

Iana Matei, une Roumaine <strong>de</strong> 50 ans qui prési<strong>de</strong> l'association<br />

Reaching Out, a été désignée "Européenne <strong>de</strong> l'année 2009" par le magazine<br />

Rea<strong>de</strong>r's Digest. C'est la première fois que cette distinction est<br />

accordée à un citoyen roumain. Iana Matei a été récompensée pour sa<br />

lutte contre la prostitution juvénile. En onze ans d'existence, son association<br />

a sauvé 420 <strong>de</strong> ces enfants, ado<strong>les</strong>centes et jeune fil<strong>les</strong>.<br />

On a arrêté trois petites putes dégueulasses, on n'en veut pas dans<br />

notre voiture… Vous pouvez leur apporter <strong>de</strong>s vêtements propres ?". Ce coup <strong>de</strong> fil brutal <strong>de</strong><br />

la police <strong>de</strong> Pitesti, en janvier 1999, a changé la vie <strong>de</strong> Iana Matei. "J'ai pris ce que j'avais sous la main et j'ai filé au<br />

commissariat" se rappelle-t-elle. Trois fillettes <strong>de</strong> 14,15 et 16 ans, serrées <strong>les</strong> unes contre <strong>les</strong> autres, attendaient, apeurées.<br />

"Mais qu'est-ce que vous faites là ?"… "On a été vendues et achetées" lui confia la plus hardie. La plus jeune lui souffla<br />

quelques mots <strong>de</strong> son histoire. Elle s'était enfuie <strong>de</strong> chez elle car son père avait tenté <strong>de</strong> la violer et rejoint une copine travaillant<br />

dans un bar qui lui avait parlé d'un boulot <strong>de</strong> femme <strong>de</strong> ménage. Après une nuit dans <strong>les</strong> lieux, elle avait été conduite dans un restaurant<br />

et vendue au patron pour 100 dollars. Tout <strong>de</strong> suite, elle avait été enfermée à double tour dans une pièce dont la porte ne<br />

s'ouvrait que pour laisser entrer <strong>les</strong> camionneurs venus abuser d'elle. Réussissant à s'échapper, elle avait couru au commissariat,<br />

où lui avait enjoint <strong>de</strong> vite retourner dans <strong>les</strong> lieux pour ne pas éveiller <strong>les</strong> soupçons. Trois jours plus tard, une <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> police<br />

la délivrait ainsi que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses compagnes d'infortune.<br />

C'est là que Iana Matei <strong>les</strong> avait prises en charge. Après une absence <strong>de</strong> huit ans, elle venait <strong>de</strong> revenir au pays et avait ouvert<br />

un foyer pour <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> la rue qui s'étaient enfuis <strong>de</strong>s orphelinats. A la vue <strong>de</strong> ces trois fillettes, traitées comme <strong>de</strong>s prostituées,<br />

son sang ne fit qu'un tour et elle décida immédiatement <strong>de</strong> créer un refuge pour<br />

toutes cel<strong>les</strong> qui étaient dans leur cas. En quelques jours, la jeune femme montait<br />

son association "Reaching out" ("La main tendue") et grâce à un don <strong>de</strong><br />

300 dollars, louait un appartement à Pitesti pour trois mois dont ses trois protégées<br />

furent <strong>les</strong> premières occupantes. Aujourd'hui, el<strong>les</strong> ont retrouvé une vie<br />

normale et sont chacune mère <strong>de</strong> famille.<br />

420 jeunes fil<strong>les</strong> sorties <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> proxénètes<br />

Depuis, d'autres jeunes victimes leur ont succédé. "En onze ans, j'ai vu<br />

plein <strong>de</strong> fil<strong>les</strong> défiler ici, la plus jeune avait 13 ans et la plus vieille, 29 ans.<br />

C'est à peu près toujours la même histoire, bien qu'el<strong>les</strong> se taisent, refusent <strong>de</strong><br />

donner <strong>de</strong>s noms. Je leur dis que leur cauchemar est terminé, qu'el<strong>les</strong> doivent<br />

l'oublier. Mais je n'insiste pas… Je n'ai pas le droit <strong>de</strong> leur faire revivre leur<br />

enfer". Iana Matei a sorti <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> proxénètes 420 jeunes fil<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> toute la Roumanie, amenée par <strong>de</strong>s policiers, dont 85 % sont suivies <strong>de</strong> façon<br />

permanente par l'association. "On <strong>les</strong> sort <strong>de</strong> la rue pour qu'el<strong>les</strong> n'y reviennent<br />

jamais. El<strong>les</strong> restent chez nous pendant un an environ ou jusqu'à leur majorité. El<strong>les</strong> sont hébergées, retournent à l'école, on prend<br />

soin d'el<strong>les</strong>, el<strong>les</strong> reçoivent une assistance médicale, psychologique. Avant qu'el<strong>les</strong> ne repartent, on leur assure une formation professionnelle,<br />

on leur cherche un travail et si el<strong>les</strong> ont <strong>de</strong> l'argent, il est déposé sur un compte bancaire".<br />

L'appartement d'origine est <strong>de</strong>venue une maison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étages accueillant actuellement dix jeunes fil<strong>les</strong>, dont l'adresse est<br />

tenue secrète pour que <strong>les</strong> souteneurs ne <strong>les</strong> retrouvent pas. Elle est gardée par <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> sécurité. Iana Matei et <strong>les</strong> membres<br />

<strong>de</strong> "Reaching out" n'ont pas froid aux yeux quant on leur signale <strong>de</strong>s fil<strong>les</strong> tombées dans <strong>les</strong> filets <strong>de</strong> trafiquants, dans <strong>de</strong>s bars ou<br />

sur la rue. Il <strong>les</strong> enlève tout simplement, suivant une métho<strong>de</strong> qu'ils ne dévoilent pas, et <strong>les</strong> embarquent directement pour le refuge.<br />

Au début, el<strong>les</strong> pensent être tombées aux mains <strong>de</strong> nouveaux proxénètes, sont très méfiantes, mais sont peu à peu rassurées en<br />

voyant qu'on ne <strong>les</strong> bat pas et qu'on ne <strong>les</strong> met pas "au travail", le déclic venant quant el<strong>les</strong> parlent avec <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> déjà hébergées.<br />

C'est ensuite avec leurs confi<strong>de</strong>nces que leurs copines en danger sont i<strong>de</strong>ntifiées et secourues.<br />

Rien ne <strong>de</strong>stinait Iana Matei, originaire d'Orastie, près <strong>de</strong> Deva, étudiante aux beaux Arts à Bucarest à ce rôle <strong>de</strong> "bonne samaritaine".<br />

En 1990, elle avait fui la Roumanie à 30 ans pour la Yougoslavie et l'Australie comme réfugiée politique après avoir été<br />

victime <strong>de</strong> la Minéria<strong>de</strong> <strong>de</strong> juin et même emprisonnée. Mère célibataire d'un garçon <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, elle a passé à l'autre bout du<br />

mon<strong>de</strong> une licence <strong>de</strong> psychologie, tout en faisant la cuisine aux enfants <strong>de</strong> la rue d'Australie. Effrayée par l'ampleur que ce phénomène<br />

avait pris dans son pays natal, elle avait décidé <strong>de</strong> rentrer en Roumanie. Iana Matei a été déclarée "Héroïne <strong>de</strong> l'année"<br />

par le Département d'Etat américain en 2006 et reçu l'"Abolitionist Award" <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s lords britanniques un an plus tard.

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