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LAURACEES DE GUYANE, UN POTENTIEL INEXPLOITE<br />
Les Lauracées forment un groupe de grande importance économique au niveau mondial.<br />
En effet, de nombreuses espèces produisent des epices et des huiles utilisées depuis des<br />
millénaires (Richter and Werff 1996). Entre autres, Persea americana (avocatier) est utilisé pour<br />
ses fruits comestibles, Cinnamomum zey<strong>la</strong>nicum (cannellier) pour son écorce, Laurus nobilis (<strong>la</strong>urier)<br />
pour ses feuilles. Une huile camphrée est extraite du bois de Cinnamomum camphora (camphrier).<br />
Le benjoin (Lindera benzoin) et le bois de rose (Aniba rosaeodora) sont utilisés en aromathérapie et<br />
dans l’industrie cosmétique. Les bois jaunes de certaines espèces sont utilisés en menuiserie sur<br />
le continent sud-américain. Les genres les plus connus sont Cinnamomum (canneliers,<br />
camphriers), Laurus (<strong>la</strong>uriers), Persea (avocatiers) et Sassafras (Sassafras).<br />
Etant données l’abondance et <strong>la</strong> diversité de cette famille en Guyane, l’entreprise KLR a<br />
souhaité impulser <strong>la</strong> création d’une filière de production durable d’huiles essentielles extraites de<br />
Lauracées qui seraient commercialisables et exploitables pour l’industrie cosmétique. Dans cette<br />
démarche de valorisation de <strong>la</strong> biodiversité, un partenariat entre KLR et l’équipe Matériaux et<br />
Molécules en Milieu Amazonien (3MA) de l’<strong>UMR</strong> <strong>EcoFoG</strong> avait déjà été établi afin d’apporter<br />
le soutien en recherche et en développement nécessaire à <strong>la</strong> réalisation de cette filière. Dans le<br />
cadre de ce partenariat, des extraits et huiles essentielles avaient été soumis à des parfumeurs<br />
qui se sont avérés intéressés par les fragrances proposées, en particulier celle de l’huile<br />
essentielle du bois d’un arbre appelé « cèdre cannelle ». Une campagne de récolte de « cèdres<br />
cannelle » pour fabriquer de l’huile essentielle a donc été effectuée en 2006. Lors de celle-ci, il<br />
s’est avéré que si les prospecteurs avaient effectivement récolté des « cèdres cannelle », ces<br />
derniers étaient tous différents et présentaient des huiles essentielles de composition différentes.<br />
Quelques recherches ont montré que cette famille était reconnue comme très difficile à<br />
identifier botaniquement et qu’il existait un seul spécialiste des Lauracées au niveau mondial.<br />
Les Lauracées représentent près de 10% en terme de diversité de <strong>la</strong> ressource forestière<br />
ligneuse guyanaise et les huiles qu’on peut en extraire sont intéressantes de par les possibilités<br />
de valorisations multiples. Cette famille possède donc un grand intérêt. Cependant, les<br />
difficultés d’identification et l’absence d’une c<strong>la</strong>ssification c<strong>la</strong>ire restent un obstacle à l’objectif<br />
de mise en p<strong>la</strong>ce d’une chaîne de production d’extraits certifiés de Lauracées de Guyane. En<br />
effet, si l’entreprise veut assurer une production constante et durable d’extraits parfumés quels<br />
qu’ils soient, elle doit pouvoir certifier l’origine et l’appel<strong>la</strong>tion des arbres ainsi que <strong>la</strong> constance<br />
olfactive et chimique des extraits proposés sur le marché. Les objectifs de mon travail de <strong>thèse</strong><br />
ici présenté sont de mettre en p<strong>la</strong>ce une méthode d’identification rapide et non destructive de<br />
l’arbre ainsi que de faire un crib<strong>la</strong>ge des espèces potentiellement valorisables au sein de <strong>la</strong><br />
famille des Lauracées.<br />
La stratégie d’approche pour l’identification consiste à croiser plusieurs sciences afin<br />
d’obtenir une détermination taxinomique fiable. Pour ce<strong>la</strong>, trois méthodes d’identification ont<br />
été croisées. La première est l’anatomie du bois. Il s’agit de récolter du bois de l’arbre et<br />
d’examiner l’agencement des éléments et de tissus secondaires du bois à l’échelle<br />
macroscopique et microscopiques (Stern 1954). Il s’agit d’une méthode c<strong>la</strong>ssique et assez<br />
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