Texte - Tutolettres
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Une certaine manière de vivre et l’éthique qui lui est liée constituent le fondement de la chevalerie. A la base de ce<br />
comportement, deux vertus majeures constituent ce que l’on appela, depuis le XIII ème siècle, la prouesse. D’une<br />
part, la vaillance, la valeur militaire : toute l’éducation du futur chevalier est une préparation au combat ; l’initié doit<br />
prouver son efficacité par ne démonstration publique de ses capacités cavalières lors de la cérémonie de l’adoubement.<br />
D’autre part, la loyauté : le chevalier ne saurait trahir la foi qu’il a jurée et, dans la guerre, il se refuse à toute manœuvre<br />
insidieuse. C’est dans le tournoi que s’exercent ces deux vertus entre les périodes d’opérations militaires. Simulacre de<br />
combat, la vogue des tournois se répandit dans la Chrétienté. D’abord affrontement sauvage et meurtrier de bandes<br />
adverses, le tournoi se ritualisa peu à peu et puis devint, à la fin du Moyen Age, un sport mondain, succession de joutes<br />
d’homme à homme strictement codifiées.<br />
UN DÉFI RELEVÉ<br />
Selon la coutume instaurée par le seigneur d’une place forte, un épervier de grande valeur doit revenir à la plus belle Dame<br />
accompagnée d’un chevalier capable de vaincre le seigneur aux armes. Un chevalier qui se fait appeler le Bel Inconnu relève le défi.<br />
Les chevaliers se défièrent alors. Avec fureur, ils éperonnèrent les chevaux et prirent du champ pour la charge.<br />
De toute la vitesse de leurs chevaux, ils se précipitèrent l’un sur l’autre et le coup de lance qu’ils se portèrent fut<br />
si violent qu’il fit craquer les boucliers et que les sangles et harnais de poitrail se rompirent. Tous deux<br />
tombèrent de cheval, mais ils ne furent ni meurtris ni blessés ; ils se relevèrent vivement et, tirant leur épée d’acier, ils<br />
recommencèrent à se battre. Les chocs, sur leur heaume, faisaient jaillir des étincelles ; ils s’assenaient de grands coups du<br />
tranchant de leurs épées qu’ils tenaient à deux mains. Qu’ils cognent sur les heaumes ou que, s’accrochant de leur main<br />
libre, ils tentent d’en arracher les liens, le corps à corps était féroce.<br />
Soudain, le Bel Inconnu, de toute sa force, porta à son adversaire un coup d’épée si bien asséné que le chevalier<br />
tomba tout étourdi sur le sol, où une pierre heurta son visage qui blêmit. L’inconnu se précipita alors sur lui, le tirant et le<br />
secouant si violemment qu’il lui arracha son heaume ; l’autre n’eut pas la force de se relever. A son grand regret, force lui<br />
fut donc de dire : « Vous m’avez vaincu, je ne peux le nier. » Mais notre héros, tout en le maintenant sous lui, répondit :<br />
« Seigneur, ce n’est pas tout, vous n’en serez pas quitte pour autant : dites-moi votre nom, qui vous êtes, et jurez moi que<br />
vous irez sans tarder vous constituer prisonnier à la cour du roi Arthur. » Le chevalier donna sa parole, puis il révéla son<br />
nom : « Seigneur, mon nom est Giflet : Giflet, fils de Do, c’est ainsi qu’on m’appelle et me nomme dans ce pays. Je me<br />
rends à vous aujourd’hui, je reconnais votre valeur et votre courage. » Alors, ils se relevèrent et se donnèrent l’accolade.<br />
Giflet, fils de Do, emmena le jeune homme dans la grande salle de son château et le pria courtoisement d’accepter son<br />
hospitalité pour la nuit.<br />
Le Bel Inconnu, R. de Beaujeu
Une certaine manière de vivre et l’éthique qui lui est liée constituent le fondement de la chevalerie. A la base de ce<br />
comportement, deux vertus majeures constituent ce que l’on appela, depuis le XIII ème siècle, la prouesse. D’une<br />
part, la vaillance, la valeur militaire : toute l’éducation du futur chevalier est une préparation au combat ; l’initié doit<br />
prouver son efficacité par ne démonstration publique de ses capacités cavalières lors de la cérémonie de l’adoubement.<br />
D’autre part, la loyauté : le chevalier ne saurait trahir la foi qu’il a jurée et, dans la guerre, il se refuse à toute manœuvre<br />
insidieuse. C’est dans le tournoi que s’exercent ces deux vertus entre les périodes d’opérations militaires. Simulacre de<br />
combat, la vogue des tournois se répandit dans la Chrétienté. D’abord affrontement sauvage et meurtrier de bandes<br />
adverses, le tournoi se ritualisa peu à peu et puis devint, à la fin du Moyen Age, un sport mondain, succession de joutes<br />
d’homme à homme strictement codifiées.<br />
UN DÉFI RELEVÉ<br />
Selon la coutume instaurée par le seigneur d’une place forte, un épervier de grande valeur doit revenir à la plus belle Dame<br />
accompagnée d’un chevalier capable de vaincre le seigneur aux armes. Un chevalier qui se fait appeler le Bel Inconnu relève le défi.<br />
Les chevaliers se défièrent alors. Avec fureur, ils éperonnèrent les chevaux et prirent du champ pour la charge.<br />
De toute la vitesse de leurs chevaux, ils se précipitèrent l’un sur l’autre et le coup de lance qu’ils se portèrent fut<br />
si violent qu’il fit craquer les boucliers et que les sangles et harnais de poitrail se rompirent. Tous deux<br />
tombèrent de cheval, mais ils ne furent ni meurtris ni blessés ; ils se relevèrent vivement et, tirant leur épée d’acier, ils<br />
recommencèrent à se battre. Les chocs, sur leur heaume, faisaient jaillir des étincelles ; ils s’assenaient de grands coups du<br />
tranchant de leurs épées qu’ils tenaient à deux mains. Qu’ils cognent sur les heaumes ou que, s’accrochant de leur main<br />
libre, ils tentent d’en arracher les liens, le corps à corps était féroce.<br />
Soudain, le Bel Inconnu, de toute sa force, porta à son adversaire un coup d’épée si bien asséné que le chevalier<br />
tomba tout étourdi sur le sol, où une pierre heurta son visage qui blêmit. L’inconnu se précipita alors sur lui, le tirant et le<br />
secouant si violemment qu’il lui arracha son heaume ; l’autre n’eut pas la force de se relever. A son grand regret, force lui<br />
fut donc de dire : « Vous m’avez vaincu, je ne peux le nier. » Mais notre héros, tout en le maintenant sous lui, répondit :<br />
« Seigneur, ce n’est pas tout, vous n’en serez pas quitte pour autant : dites-moi votre nom, qui vous êtes, et jurez moi que<br />
vous irez sans tarder vous constituer prisonnier à la cour du roi Arthur. » Le chevalier donna sa parole, puis il révéla son<br />
nom : « Seigneur, mon nom est Giflet : Giflet, fils de Do, c’est ainsi qu’on m’appelle et me nomme dans ce pays. Je me<br />
rends à vous aujourd’hui, je reconnais votre valeur et votre courage. » Alors, ils se relevèrent et se donnèrent l’accolade.<br />
Giflet, fils de Do, emmena le jeune homme dans la grande salle de son château et le pria courtoisement d’accepter son<br />
hospitalité pour la nuit.<br />
Le Bel Inconnu, R. de Beaujeu