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parents défaillants, professionnels en souffrance - Yapaka

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Ils nous r<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t sur le fonctionnem<strong>en</strong>t des<br />

part<strong>en</strong>aires au sein des relations par<strong>en</strong>t-<strong>en</strong>fant-professionnel,<br />

sur leurs li<strong>en</strong>s, sur leurs problématiques<br />

d’attachem<strong>en</strong>t . Mais quand nous sommes <strong>en</strong>gagés<br />

directem<strong>en</strong>t dans la relation, il est très difficile de<br />

donner s<strong>en</strong>s à nos ress<strong>en</strong>tis . Il faut souv<strong>en</strong>t sortir<br />

de l’émotion, repr<strong>en</strong>dre de la distance pour relier ce<br />

que nous vivons à la relation avec la famille et aux<br />

résonances qu’elle provoque <strong>en</strong> nous . On ne peut<br />

pas lire de trop près ! Par contre, savoir, à priori,<br />

avant même d’<strong>en</strong> saisir la signification, que ce qu’on<br />

éprouve a une valeur sémiologique diminue notre<br />

vécu d’impuissance, de déstabilisation (Hervé et<br />

al, 2008) .<br />

Nos ress<strong>en</strong>tis nous r<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t aussi sur nousmêmes,<br />

quand la problématique familiale résonne<br />

trop fortem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nous . Nous avons choisi des<br />

métiers de la relation d’aide (champ social, éducatif,<br />

judiciaire, thérapeutique) . Ce choix correspond à<br />

une motivation profonde <strong>en</strong> nous, liée à notre histoire,<br />

<strong>en</strong> particulier à l’histoire de nos li<strong>en</strong>s et à la<br />

façon dont des adultes ont pris soin de nous quand<br />

nous étions <strong>en</strong>fants . C’est tout à la fois notre force<br />

et notre fragilité .<br />

Il est important, et r<strong>en</strong>table, de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />

compte les ress<strong>en</strong>tis négatifs des <strong>professionnels</strong><br />

et d’aider des <strong>professionnels</strong>.<br />

Sinon, nous l’avons vu, ils <strong>en</strong>trav<strong>en</strong>t leurs compét<strong>en</strong>ces<br />

et suscit<strong>en</strong>t des dysfonctionnem<strong>en</strong>ts<br />

majeurs dans le réseau des <strong>professionnels</strong> (disqualifications,<br />

conflits intra et interinstitutionnels, etc .) et<br />

alors, le risque est double :<br />

Pour l’<strong>en</strong>fant et sa famille, risque d’aboutir à l’inverse<br />

du but recherché, et donc à l’abs<strong>en</strong>ce de<br />

protection de l’<strong>en</strong>fant et à la pér<strong>en</strong>nisation des maltraitances<br />

et néglig<strong>en</strong>ces . Nous co-construisons<br />

alors avec la famille la répétition . Ainsi, loin de protéger<br />

et de sout<strong>en</strong>ir le développem<strong>en</strong>t de ces bébés<br />

exposés, sommes-nous <strong>en</strong>traînés à agir à l’<strong>en</strong>contre<br />

de leur intérêt, par exemple <strong>en</strong> organisant la<br />

discontinuité du li<strong>en</strong> par de multiples placem<strong>en</strong>ts .<br />

Nous les maint<strong>en</strong>ons dans un chaos relationnel,<br />

<strong>en</strong> leur refusant la possibilité de construire des<br />

relations d’attachem<strong>en</strong>t sécurisantes . Nous <strong>en</strong> faisons<br />

des « sans relation fixe , des SRF . La précarité<br />

relationnelle est <strong>en</strong>core plus grave que la précarité<br />

matérielle .<br />

Pour les <strong>professionnels</strong> de la relation d’aide,<br />

risque d’éprouver des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts d’impuissance,<br />

d’incompét<strong>en</strong>ce, aboutissant au syndrome d’usure<br />

(burn-out), c’est-à-dire un état d’épuisem<strong>en</strong>t professionnel<br />

(Delbrouk, 2003 ; Truchot, 2004) se traduisant<br />

par :<br />

• un état d’épuisem<strong>en</strong>t physique (fatigue chronique,<br />

troubles du sommeil), pas toujours prés<strong>en</strong>t ;<br />

• un état d’épuisem<strong>en</strong>t émotionnel avec perte de<br />

l’estime de soi, accompagnés d’attitudes professionnelles<br />

négatives, ainsi qu’une perte de<br />

l’implication, <strong>en</strong>vers les usagers : « Toutes sortes<br />

de stratégies anesthésiantes, protectrices contre<br />

la perception de la <strong>souffrance</strong> des pati<strong>en</strong>ts », sont<br />

développées . L’interv<strong>en</strong>ant vit dans un grand<br />

malaise professionnel, teinté de culpabilité . Le<br />

doute l’<strong>en</strong>vahit ; il perd confiance <strong>en</strong> ses compét<strong>en</strong>ces<br />

techniques (Masson, 1990) ;<br />

• des manifestations comportem<strong>en</strong>tales : mauvaise<br />

hygiène de vie, conduites addictives (tabac, alcool,<br />

café), irritabilité, agressivité ;<br />

• avec des répercussions sur la vie privée.<br />

Ress<strong>en</strong>tir ces mouvem<strong>en</strong>ts émotionnels doit fonctionner<br />

comme une alerte pour le professionnel :<br />

ce sont des clignotants majeurs qui nous impos<strong>en</strong>t<br />

d’<strong>en</strong>trer dans un autre mode de travail .<br />

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