28.06.2013 Views

parents défaillants, professionnels en souffrance - Yapaka

parents défaillants, professionnels en souffrance - Yapaka

parents défaillants, professionnels en souffrance - Yapaka

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

puis à la crèche familiale par exemple. Serait-elle<br />

une m<strong>en</strong>ace dont il faudrait protéger la famille ?<br />

L’énergie des <strong>professionnels</strong> peut se déployer<br />

jusqu’à l’épuisem<strong>en</strong>t, afin de maint<strong>en</strong>ir à tout prix<br />

l’<strong>en</strong>fant dans sa famille ; la travailleuse familiale<br />

vi<strong>en</strong>t déjà 4 jours par semaine, la puéricultrice de<br />

secteur deux fois, avec des résultats si décevants<br />

par rapport aux att<strong>en</strong>tes qu’on <strong>en</strong>visage de le<br />

confier le week-<strong>en</strong>d à une assistante maternelle.<br />

La séparation signerait-elle alors l’échec des<br />

<strong>professionnels</strong>, qui « ont pourtant tout fait pour<br />

cette famille » ?<br />

La séparation est trop souv<strong>en</strong>t vécue comme destructrice,<br />

trop rarem<strong>en</strong>t comme protectrice (Berger,<br />

1992) . Les <strong>professionnels</strong> craign<strong>en</strong>t-ils que le<br />

remède ne soit pire que le mal, et ce d’autant plus<br />

qu’ils n’ont pas de nouvelles de l’<strong>en</strong>fant après la fin<br />

de leur interv<strong>en</strong>tion ?<br />

De fait, les réactions de chacun de nous sont différ<strong>en</strong>tes<br />

suivant notre plus ou moins grande proximité<br />

dans notre relation à la famille, suivant que nous<br />

nous situons « du côté de l’<strong>en</strong>fant ou du côté des<br />

<strong>par<strong>en</strong>ts</strong> » :<br />

Quand nous nous situons « du côté des <strong>par<strong>en</strong>ts</strong> »,<br />

nous sommes touchés par ces adultes fragiles .<br />

Quand ils exprim<strong>en</strong>t leur crainte du placem<strong>en</strong>t<br />

et leur attachem<strong>en</strong>t à leur <strong>en</strong>fant, nous sommes<br />

<strong>en</strong>clins à les rassurer (à nous rassurer !) . Nous minorons<br />

alors inconsciemm<strong>en</strong>t les dangers qui pès<strong>en</strong>t<br />

sur l’<strong>en</strong>fant et banalisons ses signes de <strong>souffrance</strong> .<br />

C’est d’autant plus facile que ces derniers sont<br />

discrets chez les bébés et pas toujours très bi<strong>en</strong><br />

connus . Même si les signes de maltraitance, de<br />

néglig<strong>en</strong>ce sont évid<strong>en</strong>ts, le doute voire le déni<br />

s’installe . La distanciation <strong>par<strong>en</strong>ts</strong>-<strong>en</strong>fant par le<br />

placem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>fant est alors vécue comme<br />

une « attaque » des <strong>par<strong>en</strong>ts</strong> (quels <strong>par<strong>en</strong>ts</strong> ?), voire<br />

comme un danger vital (et si le père se suicidait ?) ;<br />

nous ne pouvons pas reconnaître l’exist<strong>en</strong>ce de<br />

troubles graves de la par<strong>en</strong>talité et percevoir la<br />

détresse du bébé, a fortiori évaluer sa <strong>souffrance</strong><br />

psychique et affective au quotidi<strong>en</strong> .<br />

À l’inverse, si nous nous situons « du côté de l’<strong>en</strong>fant<br />

», sa détresse, l’abs<strong>en</strong>ce de satisfaction de ses<br />

besoins, la discontinuité des soins, les néglig<strong>en</strong>ces,<br />

les mauvais traitem<strong>en</strong>ts dont il souffre nous sont<br />

intolérables et nous font souhaiter un placem<strong>en</strong>t, le<br />

plus rapidem<strong>en</strong>t possible pour le soustraire à ses<br />

<strong>par<strong>en</strong>ts</strong> <strong>défaillants</strong>, sans t<strong>en</strong>ir compte des li<strong>en</strong>s qu’il<br />

a noués avec eux et qu’ils ont noués avec lui .<br />

Le contexte de nos interv<strong>en</strong>tions (domicile, institution),<br />

notre formation professionnelle, le temps<br />

passé auprès de la famille, etc ., sont autant de<br />

paramètres qui imprim<strong>en</strong>t des caractéristiques bi<strong>en</strong><br />

particulières à nos interv<strong>en</strong>tions, à nos ress<strong>en</strong>tis<br />

dans nos r<strong>en</strong>contres tant avec la famille qu’avec les<br />

<strong>professionnels</strong> du réseau .<br />

Le travail à domicile, par exemple, nous expose<br />

particulièrem<strong>en</strong>t . Aller à domicile, c’est <strong>en</strong>trer dans<br />

l’intimité de ces familles . C’est se confronter à<br />

l’abs<strong>en</strong>ce de place de l’<strong>en</strong>fant réel, à la désorganisation<br />

du lieu de vie, au climat incestuel . C’est<br />

être happé par les dysfonctionnem<strong>en</strong>ts familiaux<br />

(Lamour, Barraco ; 2007) .<br />

Nous ress<strong>en</strong>tons, nous partageons des émotions<br />

souv<strong>en</strong>t d’une grande viol<strong>en</strong>ce, des p<strong>en</strong>sées<br />

troubles . . . et des désirs fous de réécrire l’histoire<br />

pour ces <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> <strong>souffrance</strong> avant que ne<br />

s’installe un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’impuissance devant la<br />

« lourdeur du cas » et le désir de nous échapper de<br />

relations qui nous mett<strong>en</strong>t à mal .<br />

Cette <strong>souffrance</strong> au travail peut <strong>en</strong>vahir la vie personnelle,<br />

comme l’exprime cette éducatrice d’aide<br />

éducative <strong>en</strong> milieu ouvert (AEMO) :<br />

– 10 – – 11 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!