parents défaillants, professionnels en souffrance - Yapaka
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de l’<strong>en</strong>fant réel par ses <strong>par<strong>en</strong>ts</strong>, leur intolérance à<br />
ses manifestations . Qu’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dons-nous ? Leur attachem<strong>en</strong>t<br />
au bébé imaginaire .<br />
On compr<strong>en</strong>d mieux alors les diverg<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre<br />
équipes de psychiatrie adulte, qui voit l’adulte sans<br />
l’<strong>en</strong>fant, et les <strong>professionnels</strong> de la petite <strong>en</strong>fance,<br />
qui voi<strong>en</strong>t le par<strong>en</strong>t avec l’<strong>en</strong>fant .<br />
Alors qu’on craignait les effets dévastateurs de la<br />
séparation chez les <strong>par<strong>en</strong>ts</strong>, on est surpris de voir<br />
souv<strong>en</strong>t une amélioration de leur fonctionnem<strong>en</strong>t ;<br />
certains peuv<strong>en</strong>t se montrer soulagés . Peut-être<br />
est-ce parce que nous les séparons de leur <strong>en</strong>fant<br />
réel, mais pas de leur <strong>en</strong>fant imaginaire ?<br />
Pourquoi alors, quand certains <strong>par<strong>en</strong>ts</strong> ont besoin<br />
de nous parler de leur bébé imaginaire, leur répondons-nous<br />
aussitôt par la r<strong>en</strong>contre physique avec<br />
l’<strong>en</strong>fant réel, au risque de les désorganiser ? Ce<br />
qu’ils nous demand<strong>en</strong>t, n’est-ce pas plutôt d’animer<br />
l’<strong>en</strong>fant imaginaire dont ils se différ<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t<br />
si peu, et donc d’être écoutés pour eux-mêmes ?<br />
Pourquoi restons–nous sourds à la demande de<br />
séparation d’avec leur bébé que nous font ces<br />
femmes alors qu’elles nous le dis<strong>en</strong>t, de toutes<br />
sortes de façons, par leurs comportem<strong>en</strong>ts, par<br />
leurs actes ? Aussitôt surgit <strong>en</strong> nous la crainte de<br />
l’abandon du bébé par la mère alors que la mère<br />
demande une séparation physique pour protéger<br />
l’<strong>en</strong>fant . Ce qu’elle nous demande, c’est de protéger<br />
son <strong>en</strong>fant d’elle-même, de cette partie d’elle qui est<br />
le par<strong>en</strong>t attaquant, maltraitant . L’<strong>en</strong>fant qui est <strong>en</strong><br />
elle <strong>en</strong> sera aussi soulagé .<br />
Il <strong>en</strong> va de même pour les r<strong>en</strong>contres <strong>par<strong>en</strong>ts</strong>-<strong>en</strong>fant<br />
quand l’<strong>en</strong>fant est placé :<br />
demandes pressantes et souv<strong>en</strong>t convaincantes<br />
du par<strong>en</strong>t et les comportem<strong>en</strong>ts qui ni<strong>en</strong>t ce<br />
désir : r<strong>en</strong>contres manquées, parfois pour t<strong>en</strong>tative<br />
de suicide ou décomp<strong>en</strong>sation psychique<br />
avec hospitalisation . Ces réactions mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
vivace à notre esprit la formule de Myriam David<br />
inspiratrice de notre travail : “un nourrisson est<br />
dangereux pour une mère psychotique” et nous<br />
aid<strong>en</strong>t à résister <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant un cadre qui évite<br />
des rapprochem<strong>en</strong>ts trop int<strong>en</strong>ses, soulageant<br />
ainsi la mère autant que l’<strong>en</strong>fant ( . . .) Le guide<br />
sera, comme toujours, les réactions et le développem<strong>en</strong>t<br />
de l’<strong>en</strong>fant » (Rottman, 2001 ; p 184) .<br />
• Le réglage de la distance mère-<strong>en</strong>fant se pose<br />
donc d’emblée dans ces situations .<br />
Contrairem<strong>en</strong>t aux autres femmes, nous l’avons<br />
vu, trop de proximité physique avec l’<strong>en</strong>fant réel ne<br />
favorise pas les échanges : ces mères ont besoin<br />
de l’aide d’un tiers pour ne pas vivre la proximité<br />
comme trop dangereuse et ainsi découvrir leur<br />
<strong>en</strong>fant .<br />
Plutôt que de p<strong>en</strong>ser <strong>en</strong> termes de tout ou ri<strong>en</strong><br />
(séparation/mainti<strong>en</strong> à domicile), ainsi que nous<br />
<strong>en</strong>traîne à le faire la pathologie familiale, ne faudraitil<br />
pas se demander : « Quelle est la bonne distance<br />
pour faire se r<strong>en</strong>contrer mère et bébé réel sans se<br />
désorganiser et avoir des échanges à prédominance<br />
positive ? » Comme le disait Myriam David, ne faudrait-il<br />
pas d’abord permettre à ces mères une prise<br />
de contact très progressive avec leur bébé, et ce<br />
dès la naissance ? C’est l’inverse de ce qui se fait<br />
habituellem<strong>en</strong>t : grande proximité puis séparation .<br />
Les dispositifs institutionnels prévus par la loi :<br />
Les médecins du travail et les CHSCT 3 ont un<br />
rôle très important à jouer . La prise <strong>en</strong> compte de<br />
« Nous gardons à l’esprit la discordance <strong>en</strong>tre le<br />
désir manifeste de voir l’<strong>en</strong>fant, exprimé par des 3 . Comité d’Hygiène, de sécurité et des conditions de travail .<br />
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