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Nouvelle opération « portes ouvertes » du CEA : un enjeu de taille

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COMMUNICATION DES ORGANISATIONS<br />

SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES<br />

Master Comm<strong>un</strong>ication Scientifique et Technique<br />

Institut <strong>de</strong> la Comm<strong>un</strong>ication et <strong>de</strong>s Médias<br />

Université Stendhal Grenoble III<br />

Année 2010-2011, sous la con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> Bertrand Cabedoche<br />

<strong>Nouvelle</strong> <strong>opération</strong> <strong>«</strong> <strong>portes</strong> <strong>ouvertes</strong> <strong>»</strong> <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> : <strong>un</strong> <strong>enjeu</strong> <strong>de</strong> <strong>taille</strong><br />

SOMMAIRE<br />

par Amaury Welemane<br />

Contexte général………………………………………………………………………….... p.2<br />

Caractérisation <strong>du</strong> problème <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>ication ……………………………………….. p.4<br />

But à atteindre .………………………………………………………………...................... p.5<br />

Entraves au but .………………………………………………………………..................... p.6<br />

Frein principal pour atteindre le but ……………………………………………………….. p.9<br />

Analyse <strong>du</strong> frein principal ……………………………………………………….................. p.9<br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la cible majeure .…………...............……………………....................... p.11<br />

Suggestions par brainstorming .……...............……………………................................... p.12<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la faisabilité ……………………………………………………..…………….… p.13<br />

Mise en place d’<strong>un</strong> plan d’action …………………………………………………………. p.18<br />

Retour critique …………………………………………………………………………….. p.20


Contexte général<br />

Le 26 avril <strong>de</strong>rnier, nous <strong>«</strong> fêtions <strong>»</strong> les vingt-cinq ans <strong>de</strong> la catastrophe <strong>de</strong> Tchernobyl. Il<br />

n’est pourtant pas besoin <strong>de</strong> ce type d’anniversaire pour rappeler à tous et toutes les dangers<br />

que constituent l’énergie nucléaire. Les Japonais, traumatisés par Hiroshima et Nagasaki, ne<br />

cachaient pas leur peur d’<strong>un</strong> acci<strong>de</strong>nt similaire. Le 12 mars néanmoins, la centrale nucléaire<br />

<strong>de</strong> Fukushima Daiichi, à l’est <strong>de</strong> l’archipel nippon, a été largement endommagée par le<br />

ts<strong>un</strong>ami <strong>du</strong> au séisme <strong>de</strong> magnitu<strong>de</strong> 8,9 enregistré la veille.<br />

Dans ce contexte, l’acci<strong>de</strong>nt a suscité force débats dans l’opinion publique sur les risques liés<br />

à <strong>un</strong> recours massif au nucléaire, notamment en France où 79% <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction énergétique<br />

en est issue 1 . Plusieurs acteurs <strong>de</strong> l’in<strong>du</strong>strie nucléaire doivent donc, par ricochet <strong>du</strong> sinistre<br />

japonais, mener <strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>ication <strong>de</strong> crise au regard <strong>de</strong>s critiques sur les risques d’acci<strong>de</strong>nt<br />

en France, et vis-à-vis <strong>du</strong> principe <strong>de</strong> précaution en vigueur <strong>de</strong>puis l’adoption <strong>de</strong> la loi Barnier<br />

en 1995 2 . À ce titre, le <strong>CEA</strong> 3 , organisme public <strong>de</strong> recherche scientifique, est directement<br />

concerné par ces critiques : <strong>de</strong> par son statut, et en dépit <strong>du</strong> secret dont ses recherches font<br />

l’objet, il se doit <strong>de</strong> protéger les populations <strong>de</strong> tout danger touchant aux technologies<br />

nucléaires, et, le cas échéant, <strong>de</strong> les informer <strong>de</strong> toutes les mesures ou précautions inhérentes à<br />

<strong>un</strong> quelconque danger. En amont, le <strong>CEA</strong> ne s’est pas assez inquiété <strong>de</strong> décloisonner les sas<br />

<strong>de</strong> dialogue avec les opposants au nucléaire ; mais les craintes fondées par les Français,<br />

consécutivement aux différents acci<strong>de</strong>nts dans le mon<strong>de</strong> et surtout suite à la ba<strong>taille</strong><br />

médiatique remportée par Greenpeace à Mururoa, contraignent le <strong>CEA</strong> à penser <strong>de</strong>s stratégies<br />

<strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication plus efficaces pour regagner le confiance <strong>du</strong> public.<br />

Plus efficaces que cette <strong>opération</strong> <strong>«</strong> Ouverture au grand public <strong>»</strong> par exemple, initiée en 1998<br />

pour que chac<strong>un</strong> <strong>«</strong> puisse, au contact direct avec les chercheurs, corriger les outrances<br />

1 Pour l’année 2004, et selon le Bilan énergétique <strong>de</strong> l’année 2006 <strong>de</strong> la France, rapport <strong>du</strong> MINEFE<br />

(MINistère <strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l’Emploi, désormais le MINEFI (MINistère <strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>s<br />

Finances et <strong>de</strong> l’In<strong>du</strong>strie). Source : http://www.minefi.gouv.fr/<br />

2 Loi n°95-101 <strong>du</strong> 2 février 1995 relative au renforcement <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> l'environnement : <strong>«</strong> L'absence <strong>de</strong><br />

certitu<strong>de</strong>s, compte tenu <strong>de</strong>s connaissances scientifiques et techniques <strong>du</strong> moment, ne doit pas retar<strong>de</strong>r l'adoption<br />

<strong>de</strong> mesures effectives et proportionnées visant à prévenir <strong>un</strong> risque <strong>de</strong> dommages graves et irréversibles à<br />

l'environnement à <strong>un</strong> coût économiquement acceptable <strong>»</strong>. Source : http://www.legifrance.gouv.fr/<br />

3 Commissariat à l'Énergie Atomique et aux énergies alternatives.<br />

2


idéologiques, réviser les représentations primaires, étayer son propre jugement en<br />

connaissance <strong>de</strong> cause <strong>»</strong> 4 . Des étu<strong>de</strong>s rétrospectives ont montré que si l’expérience partait<br />

d’<strong>un</strong>e bonne intention – <strong>«</strong> en décidant <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>iquer sur ce qui était tenu caché jusque là <strong>»</strong><br />

– elle n’avait finalement pas servi la cause <strong>du</strong> nucléaire. Alors que jusque là le statut <strong>de</strong><br />

<strong>«</strong> définisseur primaire <strong>»</strong> <strong>de</strong>rrière lequel se dissimulait le <strong>CEA</strong> pouvait le dispenser <strong>«</strong> <strong>de</strong> toute<br />

autre forme d’implication que le traditionnel comm<strong>un</strong>iqué <strong>de</strong> presse <strong>»</strong> 5 – pour dire vrai <strong>un</strong>e<br />

comm<strong>un</strong>ication exclusivement institutionnelle – la population française était <strong>de</strong> plus en plus<br />

convaincue <strong>du</strong> combat <strong>de</strong>s écologistes radicaux (selon lesquels les acteurs <strong>du</strong> nucléaire ne les<br />

informaient que lorsqu’ils ne pouvaient faire autrement).<br />

Ainsi donc le <strong>CEA</strong> enjoint les citoyens <strong>de</strong> France à venir visiter ses laboratoires. Si la<br />

métho<strong>de</strong> ne paraissait en rien <strong>un</strong> échec, elle a été quoi qu’il en soit mal appliquée, ou plutôt<br />

trop irréfléchie. Avec les événements qui sont survenus il y a peu <strong>de</strong> l’autre côté <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>,<br />

est-ce alors raisonnable d’envisager <strong>de</strong> rééditer l’expérimentation ? Une journée <strong>«</strong> <strong>portes</strong><br />

<strong>ouvertes</strong> <strong>»</strong> : si elle se justifie, si elle est soignée, si elle est adaptée et surtout si elle élu<strong>de</strong> les<br />

écueils qui ont été ceux <strong>de</strong> 1998, aurait-elle davantage <strong>de</strong> succès ? C’est la question que nous<br />

nous sommes posés, en tant que chargés <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication pour le <strong>CEA</strong>, afin <strong>de</strong> faire<br />

basculer l’opinion publique vers <strong>un</strong>e plus gran<strong>de</strong> acceptation <strong>du</strong> nucléaire.<br />

En suivant scrupuleusement les différentes étapes d’<strong>un</strong>e stratégie <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication, nous<br />

nous rendrons compte si l’ouverture <strong>de</strong>s laboratoires au grand public est la solution optimale<br />

pour que ce public n’appréhen<strong>de</strong> plus – ou appréhen<strong>de</strong> moins – le recours à l’énergie<br />

nucléaire. Pour qu’il puisse rompre avec les idées préconçues qui ont accompagné ce recours<br />

il y a maintenant presque <strong>un</strong> <strong>de</strong>mi siècle (le nucléaire guérisseur <strong>de</strong> tous les maux), mais aussi<br />

pour qu’il puisse rompre avec les idéologies environnementalistes qui ont relégué ce recours<br />

au rang <strong>de</strong> fatalité (le nucléaire nous mène à notre perte). Les avantages <strong>du</strong> nucléaire sont<br />

légion, mais les inquiétu<strong>de</strong>s qu’il engendre restent vives, notamment dans la prévention <strong>de</strong>s<br />

risques. Ce sont ces craintes auxquelles nous désirons pallier, et ce à quoi cette étu<strong>de</strong> est<br />

vouée.<br />

4 Ce nucléaire qu’on nous montre, Bertrand Cabedoche, éditions L’Harmattan.<br />

5 Cf. Bertrand Cabedoche, op. cit.<br />

3


Caractérisation <strong>du</strong> problème <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>ication<br />

Le premier point <strong>de</strong> cette méthodologie <strong>de</strong> travail, admise par les professionnels <strong>de</strong> l’analyse<br />

stratégique, consiste en l’i<strong>de</strong>ntification <strong>du</strong> problème majeur que doit résoudre la<br />

comm<strong>un</strong>ication.<br />

L’acci<strong>de</strong>nt au Japon a fait resurgir <strong>de</strong>s peurs vieilles <strong>de</strong> dix ans, ou plutôt a ravivé cette peur<br />

latente que nous avons tous d’<strong>un</strong>e énergie qui, potentiellement, peut subvenir aux besoins <strong>du</strong><br />

plus grand nombre et pour <strong>un</strong>e gran<strong>de</strong> <strong>du</strong>rée, mais qui finalement reste trop peu maitrisée. En<br />

réalité, ce n’est pas tant la pro<strong>du</strong>ction énergétique qui cause problème, mais les risques que<br />

présentent les installations nucléaires. Si les normes <strong>de</strong> sécurité sont draconiennes, la<br />

survenue d’<strong>un</strong> événement extérieur et indépendant <strong>de</strong> toute volonté ébranle – aujourd’hui plus<br />

que jamais – la confiance que nous pouvions accor<strong>de</strong>r à cette énergie. Voilà <strong>de</strong>s décennies<br />

que la France a jeté son dévolu sur le nucléaire, et ses centrales approvisionnent (nous nous<br />

permettons cette comparaison proportionnelle) quatre foyers français sur cinq. Si ces foyers<br />

préten<strong>de</strong>nt vouloir se passer <strong>du</strong> nucléaire pour <strong>de</strong>s énergies <strong>«</strong> propres <strong>»</strong>, et en dépit <strong>de</strong> la lutte<br />

incessante <strong>de</strong>s mouvements écologistes, la réalité est toute autre : chac<strong>un</strong> a bien conscience<br />

qu’<strong>un</strong> tel revirement est difficilement réalisable ; qui plus est chac<strong>un</strong> se doute <strong>de</strong>s avantages<br />

que procure cette énergie, et chac<strong>un</strong> a appris à vivre grâce à elle.<br />

Malgré tout et compte tenu <strong>du</strong> peu d’importance que les acteurs <strong>du</strong> nucléaire ont donné à la<br />

prévention <strong>de</strong>s <strong>«</strong> dangers impensables <strong>»</strong>, liés aux catastrophes naturelles notamment, la<br />

polémique selon laquelle la France n’était pas assez protégée a envahi la scène médiatique.<br />

Les associations sont montés au créneau, et <strong>de</strong>s politiques puis d’autres personnes <strong>de</strong> premier<br />

plan leur ont emboité le pas. Bien que l’Hexagone ne soit pas le pays le plus menacé par <strong>de</strong>s<br />

événements sismiques <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure (par exemple), les risques, aussi faibles soient-ils,<br />

sont avérés, les inquiétu<strong>de</strong>s fondées et le débat légitime. Selon Jacques Repussard, le<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’IRSN 6 , pour bien gérer les conséquences d'<strong>un</strong>e crise nucléaire, "il faut accepter<br />

<strong>de</strong> se préparer à <strong>de</strong>s situations complètement inimaginables (...) liées à <strong>de</strong>s effets domino avec<br />

6 Institut <strong>de</strong> Radioprotection et <strong>de</strong> Sûreté Nucléaire.<br />

4


l'implication d'autres installations in<strong>du</strong>strielles à côté, <strong>de</strong>s catastrophes climatiques, <strong>de</strong>s actes<br />

<strong>de</strong> malveillance..." 7 .<br />

Le problème pour nous n’est pas <strong>de</strong> déterminer si ces concours <strong>de</strong> circonstances seront bien<br />

pris en compte à l’avenir, mais <strong>de</strong> rasséréner la population sur les risques encourus et la<br />

fiabilité <strong>de</strong>s installations nucléaires sur le sol français. Comment permettre à la population, et<br />

surtout celle habitant proche <strong>de</strong>s sites nucléaires, <strong>de</strong> se savoir entre <strong>de</strong> bonnes mains, <strong>de</strong> se<br />

savoir prém<strong>un</strong>ie <strong>de</strong> toutes les fatalités ré<strong>un</strong>ies ? L’<strong>enjeu</strong> est <strong>de</strong> <strong>taille</strong>, et les épiso<strong>de</strong>s passés <strong>de</strong><br />

l’histoire nucléaire nous ont enseigné qu’il ne servait à rien <strong>de</strong> se borner à berner les citoyens.<br />

But à atteindre<br />

Le but que notre comm<strong>un</strong>ication doit viser est donc <strong>de</strong> convaincre les Français <strong>de</strong><br />

l’invulnérabilité <strong>de</strong>s sites où sont implantées les centrales. Les habitants doivent pouvoir se<br />

sentir en sécurité même aux abords <strong>de</strong> tels sites.<br />

Cet objectif est ambitieux, et s’il semble motivant au premier abord, il n’en pas moins difficile<br />

à atteindre : on peut d’ailleurs se trouver désemparé <strong>de</strong>vant la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la tâche et se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quels moyens va-t-on pouvoir mobiliser pour la réaliser.<br />

Cet objectif reste pourtant atteignable, et nous prévoyons déjà qu’à l’horizon 2012, <strong>de</strong>s<br />

personnes sondées dans la population témoigneront <strong>de</strong> l’apaisement <strong>de</strong>s craintes actuelles.<br />

C’est-à-dire que l’objectif peut être mesurable : <strong>un</strong>e enquête sera commandée à <strong>un</strong> institut<br />

compétent en préalable <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> notre stratégie <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication. Elle nous<br />

donnera <strong>un</strong> indicateur tangible <strong>de</strong> l’opinion <strong>de</strong>s Français vis-à-vis <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s<br />

bâtiments nucléaires. Cette même enquête sera alors recon<strong>du</strong>ite (sur <strong>un</strong> même échantillon<br />

représentatif, mais bien enten<strong>du</strong> pas sur les mêmes personnes) à différentes époques : en<br />

septembre déjà, puis au début <strong>de</strong> l’année prochaine, et enfin dans <strong>un</strong> an.<br />

Un autre indicateur <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong> cette stratégie, tout aussi significatif, sera la médiatisation<br />

<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s zones <strong>«</strong> à risque <strong>»</strong> : la perception que les médias auront <strong>du</strong> travail mené<br />

7 Source : http://www.lepoint.fr/<br />

5


par les acteurs <strong>du</strong> nucléaire autour <strong>de</strong> la sécurisation <strong>de</strong>s centrales sera déterminante. D’<strong>un</strong>e<br />

part parce qu’elle se répercutera dans l’espace public et dans l’imaginaire collectif ; et d’autre<br />

part puisque ces médias eux-mêmes choisiront l’angle d’attaque <strong>de</strong> leurs articles ou <strong>de</strong> leurs<br />

reportages en fonction <strong>de</strong>s peurs exprimées dans la société. Le journaliste est le témoin <strong>de</strong>s<br />

inquiétu<strong>de</strong>s et le créateur <strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s. Il est certain que les sites nucléaires <strong>de</strong>vront par<br />

ailleurs profiter <strong>de</strong> la réflexion con<strong>du</strong>ite autour <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong> catastrophes majeures,<br />

ainsi que <strong>de</strong>s réhabilitations atten<strong>du</strong>es dans le cadre <strong>de</strong> cette prévention. Sinon notre<br />

comm<strong>un</strong>ication n’aura pas eu lieu d’être…<br />

Interroger les élus <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>es environnantes aux centrales peut s’avérer fort utile, pour<br />

mesurer l’évolution <strong>de</strong>s avis <strong>de</strong> leurs concitoyens : on pourra étudier le taux <strong>de</strong> transactions<br />

immobilières pour savoir si les centrales ne sont pas <strong>un</strong> prétexte à l’éloignement <strong>de</strong>s<br />

habitants ; on pourra aussi recueillir <strong>de</strong>s témoignages sur la façon <strong>de</strong> vivre à côté <strong>de</strong>s<br />

installations nucléaires.<br />

Deux <strong>de</strong>rniers indicateurs, d’ordre politique, pourront être analysés : ils ne tra<strong>du</strong>iront pas<br />

nécessairement le sentiment <strong>de</strong>s Français d’être en sécurité avec le nucléaire, mais la<br />

confiance qu’ils lui accor<strong>de</strong>nt. Le résultat <strong>de</strong>s votes <strong>de</strong> l’élection prési<strong>de</strong>ntielle en mai<br />

prochain et le nombre <strong>de</strong> nouvelles adhésions à <strong>de</strong>s mouvements écologistes tels que<br />

Greenpeace, ou antinucléaires comme l’association Stop Golfech, les comités Stop Civaux et<br />

Stop Nogent ou encore le réseau Sortir <strong>du</strong> nucléaire nous permettront <strong>de</strong> nous positionner<br />

quant aux impressions <strong>de</strong>s habitants, au ressenti <strong>de</strong> la population. Mais il faudra alors<br />

nuancer : les partis écologistes peuvent faire <strong>de</strong> très bons scores aux élections sans que cela<br />

tra<strong>du</strong>ise <strong>un</strong>e peur prégnante <strong>du</strong> nucléaire.<br />

Entraves au but<br />

Plusieurs obstacles peuvent contrecarrer note comm<strong>un</strong>ication, et il s’agit d’ores et déjà <strong>de</strong> les<br />

i<strong>de</strong>ntifier. Parmi ces obstacles, nous discernerons les contraintes, c’est-à-dire les difficultés<br />

qu’il nous ait impossible <strong>de</strong> contourner et avec lesquelles nous <strong>de</strong>vrons compter ; et dans <strong>un</strong><br />

<strong>de</strong>uxième temps les freins qui eux peuvent être négociés et contournés.<br />

6


CONTRAINTES FREINS<br />

L’insécurité actuelle <strong>de</strong>s centrales nucléaires<br />

face aux concours <strong>de</strong> circonstance<br />

(accumulation malheureuse d’acci<strong>de</strong>nts).<br />

L’omniprésence <strong>du</strong> nucléaire en France face<br />

à <strong>un</strong> contexte <strong>de</strong> désengagement mondial <strong>du</strong><br />

nucléaire.<br />

Le <strong>«</strong> secret <strong>»</strong> exigé par les activités <strong>du</strong><br />

nucléaire.<br />

7<br />

La surmédiatisation <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s<br />

procé<strong>du</strong>res lors d’<strong>un</strong>e phase post-<br />

acci<strong>de</strong>ntelle.<br />

La connotation <strong>«</strong> nostalgique <strong>»</strong> <strong>du</strong> nucléaire<br />

comme <strong>un</strong>e activité à haut risque, aux effets<br />

dévastateurs.<br />

La complexité générale <strong>du</strong> fonctionnement<br />

<strong>de</strong> l’énergie nucléaire.<br />

La méconnaissance globale sur le sujet <strong>de</strong><br />

l’indépendance énergétique, sur la notion <strong>de</strong><br />

radioactivité et la naïveté <strong>de</strong> la réalisation<br />

d’<strong>un</strong> changement d’énergie.<br />

Une comm<strong>un</strong>ication jusque là inefficace <strong>de</strong>s<br />

acteurs <strong>du</strong> nucléaire.<br />

Une frilosité pour le <strong>CEA</strong> à comm<strong>un</strong>iquer, et<br />

<strong>un</strong> investissement encore trop faible <strong>de</strong>s<br />

scientifiques pour parler <strong>de</strong> leur activité.<br />

Une comm<strong>un</strong>ication aux prises avec les<br />

associations environnementales.<br />

Le risque <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>ication à propos <strong>de</strong><br />

sujets sensibles.<br />

Si les centrales nucléaires présentent en effet <strong>de</strong>s défaillances <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la résistance<br />

<strong>de</strong>s installations, nous <strong>de</strong>vons répertorier ces défauts comme <strong>un</strong>e contrainte : même si <strong>de</strong>s<br />

réhabilitations peuvent avoir lieu, les centrales ne seront certainement pas <strong>opération</strong>nelles à<br />

compter <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> notre comm<strong>un</strong>ication (puisque c’est <strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>ication <strong>de</strong><br />

crise). En ce qui concerne le monopôle <strong>du</strong> nucléaire en France, il faut prendre conscience que<br />

nous ne pouvons pas nous départir <strong>de</strong> notre choix énergétique, d’autant qu’il constitue la<br />

majeure partie <strong>de</strong> notre approvisionnement. Nous pourrions envisager <strong>de</strong>s changements sur le<br />

long terme, mais il est impensable que cette hégémonie <strong>du</strong> nucléaire (si on la considère<br />

comme <strong>un</strong> obstacle) puisse être considérée comme <strong>un</strong> frein seulement. Les volontés politiques


en attestent, et ce malgré les élans internationaux <strong>de</strong> désengagement <strong>du</strong> nucléaire, et quels que<br />

soient les résultats <strong>de</strong> l’élection <strong>de</strong> mai prochain.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s freins, nous les considérons comme <strong>de</strong>s barrières franchissables, même si<br />

le fonctionnement <strong>de</strong>s centrales, par exemple, a toujours été <strong>un</strong> sujet abscons et complexe à<br />

vulgariser. Le nucléaire véhicule toujours <strong>un</strong> fatras d’idées préconçues, qui nous laisse penser<br />

que les instances <strong>du</strong> nucléaire ne se sont jamais véritablement préoccupées <strong>de</strong> rassurer les<br />

Français, bien que ces <strong>de</strong>rniers aient appris à vivre avec.<br />

Il nous a paru intéressant <strong>de</strong> classer tous ces obstacles d’après la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 5 M 8 . Ils nous<br />

donnent <strong>un</strong>e vue d’ensemble <strong>de</strong>s catégories dont relèvent les difficultés que nous avons<br />

recensées. Certaines <strong>de</strong> ces difficultés peuvent apparaitre dans <strong>de</strong>ux catégories.<br />

Obstacles d’ordre psychologique : La connotation <strong>«</strong> nostalgique <strong>»</strong> <strong>du</strong> nucléaire comme <strong>un</strong>e<br />

activité à haut risque, aux effets dévastateurs. La surmédiatisation <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s<br />

procé<strong>du</strong>res lors d’<strong>un</strong>e phase post-acci<strong>de</strong>ntelle ; la complexité générale <strong>du</strong> fonctionnement <strong>de</strong><br />

l’énergie nucléaire ; la méconnaissance globale sur le sujet <strong>de</strong> l’indépendance énergétique,<br />

sur la notion <strong>de</strong> radioactivité et la naïveté <strong>de</strong> la réalisation d’<strong>un</strong> changement d’énergie.<br />

Obstacle <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong>s moyens : L’insécurité actuelle <strong>de</strong>s centrales nucléaires face aux<br />

concours <strong>de</strong> circonstances (accumulation malheureuse d’acci<strong>de</strong>nts).<br />

Obstacle d’ordre matériel : Une frilosité pour le <strong>CEA</strong> à comm<strong>un</strong>iquer ; le risque <strong>de</strong> la<br />

comm<strong>un</strong>ication à propos <strong>de</strong> sujets sensibles.<br />

Obstacles liés au milieu : L’omniprésence <strong>du</strong> nucléaire en France face à <strong>un</strong> contexte <strong>de</strong><br />

désengagement mondial <strong>du</strong> nucléaire ; le <strong>«</strong> secret <strong>»</strong> exigé par les activités <strong>du</strong> nucléaire ; la<br />

surmédiatisation <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res lors d’<strong>un</strong>e phase post-acci<strong>de</strong>ntelle.<br />

Obstacles d’ordre méthodique : Une comm<strong>un</strong>ication jusque là inefficace <strong>de</strong>s acteurs <strong>du</strong><br />

nucléaire. Une comm<strong>un</strong>ication aux prises avec les associations environnementales (qui ne<br />

propose pas <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s adaptées).<br />

8 Ou diagramme d’Ishakawa.<br />

8


Obstacles <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la main d’œuvre : Un investissement encore trop faible <strong>de</strong>s<br />

scientifiques pour parler <strong>de</strong> leur activité.<br />

Frein principal pour atteindre le but<br />

Nous avons i<strong>de</strong>ntifié le frein principal comme étant <strong>«</strong> la surmédiatisation <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s<br />

procé<strong>du</strong>res lors d’<strong>un</strong>e phase post-acci<strong>de</strong>ntelle <strong>»</strong>. En effet, il serait erroné <strong>de</strong> dire que les<br />

populations vivaient bien avant Fukushima ; cependant le désastre nippon a suscité la remise<br />

en cause <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s conséquences d’<strong>un</strong> acci<strong>de</strong>nt<br />

partout dans le mon<strong>de</strong>. Une contestation générale qui a créé le désarroi dans l’opinion<br />

publique. Si la médiatisation <strong>de</strong> cette controverse n’avait pas pris cette ampleur que l’on<br />

connait, le <strong>CEA</strong> ne s’inquiéterait pas nécessairement <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir comm<strong>un</strong>iquer pour rassurer le<br />

grand public. Donc il s’agit là <strong>de</strong> contrer la polémique selon laquelle nos centrales ne sont pas<br />

assez bien préparées face à <strong>un</strong>e accumulation d’acci<strong>de</strong>nts notoires (tels que <strong>de</strong>s catastrophes<br />

naturelles).<br />

Analyse <strong>du</strong> frein principal<br />

Notre stratégie <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication est désormais censée <strong>«</strong> négocier <strong>»</strong> le frein principal, ce qui<br />

signifie que nous <strong>de</strong>vons le décortiquer pour repérer ensuite où le bât blesse et où notre<br />

comm<strong>un</strong>ication doit agir.<br />

Qu’est-ce-qui consoli<strong>de</strong> le frein principal ?<br />

Premièrement, l’ampleur <strong>de</strong> l’acci<strong>de</strong>nt nucléaire <strong>de</strong> Fukushima. Les Japonais avaient exclu<br />

l’hypothèse d’<strong>un</strong> ts<strong>un</strong>ami <strong>de</strong> quinze mètres, pourtant ce scénario improbable s’est réalisé. Il<br />

est <strong>de</strong> surcroit encore moins improbable que la France soit victime d’<strong>un</strong> événement similaire,<br />

pourtant les experts doivent maintenant y songer. Et les Français ont le droit <strong>de</strong> s’inquiéter.<br />

Notre pays n’est pas réputé pour son activité sismique, et les lieux d’implantation <strong>de</strong>s<br />

centrales ne sont pas situés très proches <strong>de</strong>s côtes ; malgré tout il faut prendre en compte la<br />

survenue d’autres événements dramatiques et imprévisibles, comme <strong>un</strong> attentat terroriste ou la<br />

simple succession d’inci<strong>de</strong>nts qui provoquent l’acci<strong>de</strong>nt.<br />

9


En <strong>de</strong>uxième chef, le nombre <strong>de</strong> relais antinucléaires. Les médias disposent d’<strong>un</strong>e base <strong>de</strong><br />

contacts ahurissante <strong>de</strong> personnes à consulter pour s’exprimer contre le nucléaire. Beaucoup<br />

sont prêts à saisir la moindre occasion pour vanter les mérites <strong>de</strong>s énergies propres et fustiger<br />

le nucléaire, quand les partisans <strong>de</strong> cette énergie et ceux qui n’ont rien à lui reprocher délaisse<br />

la scène médiatique (ou <strong>du</strong> moins ne font pas l’effort <strong>de</strong> la défendre et se contentent<br />

d’observer).<br />

Enfin le mysticisme <strong>de</strong>rrière lequel se <strong>de</strong>ssinent toutes les activités <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> et que perçoit le<br />

grand public. Entre ce que le <strong>CEA</strong> pense, ce qu’il veut dire, ce qu’il dit en vrai, ce qu’il ne dit<br />

pas, ce qu’on l’oblige à dire et ce que Mme Michu comprend et retient, il y a plein <strong>de</strong><br />

manières différentes <strong>de</strong> ne pas s’entendre. Si les populations ne se sentent pas rassurées à<br />

l’idée d’être entourées par le nucléaire, ce ne serait pas la première fois qu’il y aurait <strong>un</strong><br />

décalage entre <strong>un</strong>e volonté politique nationale et <strong>un</strong> désaveu légitime <strong>du</strong> peuple.<br />

Qu’est-ce-qui affaiblit le frein principal ?<br />

Il y a <strong>de</strong>s arguments sur lesquels nous pouvons jouer. Tout d’abord les Français<br />

méconnaissent encore beaucoup les raisons avérées <strong>de</strong>s différents acci<strong>de</strong>nts nucléaires qui ont<br />

émaillé l’Histoire. Par exemple l’explosion <strong>de</strong> la centrale <strong>de</strong> Tchernobyl : c’est peut-être<br />

l’occasion <strong>de</strong> mettre en avant les systèmes <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> maintenance mis en œuvre dans<br />

les installations nucléaires françaises pour rassurer les foules, et leur expliquer que tout est<br />

orchestré en France pour qu’<strong>un</strong> <strong>de</strong>uxième Tchernobyl n’ait pas la moindre chance <strong>de</strong> se<br />

repro<strong>du</strong>ire.<br />

Puis nous pouvons préciser aux Français <strong>de</strong>ux choses : la probabilité <strong>de</strong> voir <strong>un</strong> événement<br />

climatique ébranler <strong>un</strong>e centrale, et toute la réflexion déjà engagée avant Fukushima sur la<br />

prévention d’<strong>un</strong> tel événement, accompagnée <strong>de</strong> l’éventail <strong>de</strong>s mesures et <strong>de</strong>s plans d’action<br />

anticipés le cas échéant.<br />

Toute la comm<strong>un</strong>ication rési<strong>de</strong> dans le fait <strong>de</strong> convaincre in fine les Français <strong>de</strong>s avantages <strong>du</strong><br />

nucléaire : indépendance énergétique, arme <strong>de</strong> dissuasion indispensable (mais cela concerne<br />

le développement à <strong>de</strong>s fins militaires plus que civiles), coût relativement faible en rapport<br />

aux quantités d’énergie pro<strong>du</strong>ites, etc. Les Français ne doivent pas craindre les dangers <strong>du</strong><br />

nucléaire mais discerner l’intérêt <strong>de</strong> conserver <strong>un</strong>e telle source d’énergie.<br />

10


Ce qui peut mettre enfin à mal le frein principal c’est que le nucléaire doit concerner tout <strong>un</strong><br />

chac<strong>un</strong> : la participation <strong>de</strong> la Société civile dans <strong>un</strong>e plus gran<strong>de</strong> mesure aux réflexions<br />

menées autour <strong>de</strong> la sécurisation <strong>de</strong>s installations est la clef <strong>de</strong> voute d’<strong>un</strong>e meilleure<br />

acceptation <strong>du</strong> nucléaire. Ted Lazo, <strong>de</strong> l’AEN 9 , l’a bien souligné : <strong>«</strong> pour trouver <strong>de</strong>s<br />

solutions <strong>du</strong>rables dans <strong>un</strong>e zone contaminée, il faut avant tout la participation directe <strong>de</strong>s<br />

populations <strong>»</strong>. L’Ancli 10 estime d’ailleurs – et à juste titre – être en mesure <strong>de</strong> pouvoir jouer<br />

<strong>un</strong> rôle important dans ce processus (il y a <strong>un</strong>e commission locale autour <strong>de</strong> chaque centrale<br />

et, <strong>de</strong>puis la loi <strong>de</strong> 2006, leur rôle a été renforcé).<br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la cible majeure<br />

Parmi les points faibles que nous venons d’abor<strong>de</strong>r, nous souhaitons nous concentrer sur le<br />

<strong>de</strong>rnier, à savoir la façon <strong>de</strong> relier la Société civile aux activités <strong>«</strong> secrètes <strong>»</strong> <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>. En<br />

réalité, il ne s’agit pas vraiment <strong>de</strong> permettre à la société <strong>de</strong> prendre part aux programmes <strong>de</strong><br />

recherche, mais <strong>de</strong> leur permettre <strong>de</strong> contribuer à la prévision et à la préparation d’<strong>un</strong><br />

événement soudain, <strong>du</strong> type <strong>de</strong> Fukushima. La douzaine d'exercices nationaux effectués<br />

chaque année en France s'est longtemps bornée à la gestion <strong>de</strong> la phase "acci<strong>de</strong>ntelle" elle-<br />

même, c'est-à-dire le rétablissement d'<strong>un</strong> fonctionnement normal d'<strong>un</strong>e centrale après <strong>un</strong><br />

acci<strong>de</strong>nt. Or l'exemple <strong>du</strong> Japon rappelle avec force qu'il faut pouvoir anticiper bien d’autres<br />

problèmes, comme celui <strong>de</strong> l'information <strong>de</strong>s populations, <strong>de</strong> leur suivi sanitaire, <strong>de</strong> leur<br />

in<strong>de</strong>mnisation, <strong>de</strong> la contamination alimentaire éventuelle, <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s déchets<br />

contaminés, ... Ainsi, après la survenue d'<strong>un</strong> acci<strong>de</strong>nt, il suffit d'<strong>un</strong>e prise <strong>de</strong> décision tardive<br />

ou d'<strong>un</strong>e mauvaise décision pour aggraver les choses. En cela nous sommes d’avis que tous<br />

les acteurs liés <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin à ces problématiques doivent avoir leur mot à dire. La<br />

réflexion doit donc être menée <strong>de</strong> concert avec les comm<strong>un</strong>es, les associations, les syndicats,<br />

et soumise à enquête publique.<br />

Notre stratégie <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication doit par conséquent répondre à la question : comment<br />

permettre au grand public <strong>de</strong> se préparer au pire pour ne pas avoir à le combattre ?<br />

9 Agence pour l’Énergie Nucléaire.<br />

10 Association nationale <strong>de</strong>s commissions locales d'information.<br />

11


Suggestions par brainstorming<br />

Voici venu le moment où nous proposons <strong>un</strong>e liste <strong>de</strong> suggestions susceptibles d’atteindre<br />

l’objectif que nous nous étions fixé et <strong>de</strong> répondre à la question précé<strong>de</strong>nte :<br />

1. La programmation d’ateliers <strong>de</strong> la radioactivité pour permettre aux populations<br />

environnantes <strong>de</strong>s centrales <strong>de</strong> mesurer les taux <strong>de</strong> radioactivité sur les terrains <strong>de</strong><br />

leurs comm<strong>un</strong>es (ateliers sous la houlette <strong>de</strong>s scientifiques <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>).<br />

2. Une exposition itinérante <strong>de</strong> simulation d’<strong>un</strong> acci<strong>de</strong>nt nucléaire pour permettre aux<br />

populations <strong>de</strong> savoir les gestes qui sauvent et <strong>de</strong> dépasser leurs peurs.<br />

3. Une gran<strong>de</strong> enquête publique dont les témoignages serviront à alimenter la réflexion<br />

autour <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong>s <strong>«</strong> plans comm<strong>un</strong>aux <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>»</strong>, obligatoires en cas<br />

<strong>de</strong> proximité avec <strong>un</strong>e installation.<br />

4. La publication d’<strong>un</strong> <strong>«</strong> gui<strong>de</strong> <strong>du</strong> bon comportement dans <strong>un</strong>e phase d’urgence <strong>»</strong> et<br />

d’<strong>un</strong> <strong>«</strong> gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la gestion post-acci<strong>de</strong>ntelle <strong>»</strong> pour inciter les Français à savoir ce<br />

qu’il faut faire en cas d’acci<strong>de</strong>nt et ce qu’il faut savoir sur les mesures qui seront<br />

adoptées dans cette situation.<br />

5. La diffusion <strong>de</strong> spots vidéo sur les sites Internet <strong>de</strong>s comm<strong>un</strong>es, <strong>de</strong>s associations<br />

volontaires et <strong>de</strong>s acteurs <strong>du</strong> nucléaire. Ces séquences seront narratives et logiques<br />

(<strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s qui auront <strong>de</strong>s liens les <strong>un</strong>s à la suite <strong>de</strong>s autres et qui traiteront <strong>de</strong>s<br />

questions que tout le mon<strong>de</strong> se pose : qu’est-ce-que le nucléaire ? Pourquoi le<br />

nucléaire ? Comment prévenir les risques <strong>du</strong> nucléaire ? Etc.).<br />

6. La création et la modération d’<strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>ication permanente entre le grand public<br />

et le <strong>CEA</strong> : <strong>un</strong>e ligne d’appel téléphonique pour que les Français aient <strong>un</strong>e plus<br />

gran<strong>de</strong> proximité avec les experts calfeutrés au <strong>CEA</strong>, <strong>un</strong> chat sur le site <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, <strong>un</strong><br />

réseau social comm<strong>un</strong> entre <strong>de</strong>s membres <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> et les Français (soumis à<br />

authentification pour éviter les dérives).<br />

7. La programmation <strong>de</strong> visites <strong>de</strong>s installations nucléaires et <strong>de</strong> rencontres avec les<br />

chercheurs et les responsables <strong>de</strong>s sites en question.<br />

12


Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la faisabilité<br />

1. La programmation d’ateliers <strong>de</strong> la radioactivité pour permettre aux populations<br />

environnantes <strong>de</strong>s centrales <strong>de</strong> mesurer les taux <strong>de</strong> radioactivité sur les terrains <strong>de</strong> leurs<br />

comm<strong>un</strong>es (ateliers sous la houlette <strong>de</strong>s scientifiques <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>).<br />

Cette proposition est intéressante parce qu’elle permet aux populations locales <strong>de</strong><br />

comprendre ce qu’est la radioactivité, alors que tout le mon<strong>de</strong> en parle et qu’on ne peut pas<br />

lui associer quelque chose <strong>de</strong> visuel. Cependant ces ateliers ne peuvent qu’accompagner la<br />

comm<strong>un</strong>ication : si les scientifiques peuvent rassurer les habitants sur les très faibles taux <strong>de</strong><br />

radioactivité autour <strong>de</strong> la centrale, ils ne leur garantissent pas vraiment la sécurité <strong>de</strong>s<br />

installations ni l’efficacité d’<strong>un</strong>e gestion <strong>de</strong> crise post-acci<strong>de</strong>ntelle. Les ateliers pourront<br />

donc être menés en parallèle d’<strong>un</strong> acte fort <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>ication. Un <strong>de</strong>s points forts semble<br />

être la contribution <strong>de</strong>s experts <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, dont il a souvent reproché <strong>un</strong> manque <strong>de</strong><br />

comm<strong>un</strong>ication. Un <strong>de</strong>s points faibles en revanche reste l’impact que peuvent avoir les<br />

ateliers : plus on se trouve proche d’<strong>un</strong>e centrale, plus les habitants participeront. Tous les<br />

Français ne se sentiront pas concernés…<br />

__________________________________________________________________________<br />

2. Une exposition itinérante <strong>de</strong> simulation d’<strong>un</strong> acci<strong>de</strong>nt nucléaire pour permettre aux<br />

populations <strong>de</strong> savoir les gestes qui sauvent et <strong>de</strong> dépasser leurs peurs.<br />

L’exposition pourra se dérouler en <strong>de</strong>ux parties :<br />

• Une reconstitution à échelle ré<strong>du</strong>ite d’<strong>un</strong> site nucléaire. Des catastrophes diverses<br />

pourront être alors simulées (attentat, tremblement <strong>de</strong> terre, acci<strong>de</strong>nts à la chaîne,<br />

etc.) et <strong>de</strong>s scenarii proposés aux visiteurs (leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu’ils feraient dans ce<br />

cas, puis ce qu’il croit être la meilleure solution à privilégier, et enfin leur révéler<br />

ce qu’il faut faire). L’exposition n’aura <strong>de</strong> sens que si elle est interactive et<br />

immersive.<br />

• Une exposition qui montre le décalage entre les systèmes <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong><br />

maintenance en vigueur dans les centrales où <strong>un</strong> acci<strong>de</strong>nt a eu lieu, et ceux <strong>de</strong>s<br />

centrales françaises. Manière <strong>de</strong> dire que tout est pensé pour que ce type d’acci<strong>de</strong>nt<br />

n’arrive jamais.<br />

13


Ces dispositifs ont comme avantages leur caractère itinérant (donc on peut toucher <strong>un</strong><br />

grand nombre <strong>de</strong> personnes) et interactif, qui permet aux habitants <strong>de</strong> se sentir investis<br />

d’<strong>un</strong> rôle important. Seulement, l’hypothèse <strong>de</strong> scenarii catastrophes peut provoquer l’effet<br />

inverse à celui auquel on s’attendait : à vouloir les préparer au pire pour qu’ils ne soient<br />

pas dépourvus <strong>un</strong>e fois l’acci<strong>de</strong>nt venu, nous pouvons les effrayer plus que les rassurer.<br />

D’auc<strong>un</strong>s seront mêmes <strong>du</strong>bitatifs face à ce type <strong>de</strong> dispositif, alors que le <strong>CEA</strong> n’a jamais<br />

véritablement souhaité comm<strong>un</strong>iquer sur <strong>de</strong>s sujets sensibles : tout d’<strong>un</strong> coup, on les<br />

préparera à quelque chose <strong>de</strong> terrible. Les réactions à la sortie peuvent donc être très<br />

différentes, et cela ne sert pas notre stratégie <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication.<br />

Certes la <strong>de</strong>uxième partie atteindra plus facilement l’effet escompté, à savoir montrer ce<br />

qu’il ne fallait pas faire et ce que nous faisons nous en France. Une proposition à réétudier<br />

donc.<br />

_________________________________________________________________________<br />

3. Une gran<strong>de</strong> enquête publique dont les témoignages serviront à alimenter la réflexion<br />

autour <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong>s <strong>«</strong> plans comm<strong>un</strong>aux <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>»</strong>, obligatoires en cas <strong>de</strong><br />

proximité avec <strong>un</strong>e installation.<br />

Cette enquête servira d’appui pour les <strong>«</strong> plans comm<strong>un</strong>aux <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>»</strong> : les élus<br />

connaitront quantitativement et qualitativement l’avis <strong>de</strong> leurs concitoyens, et pourront<br />

relayer les inquiétu<strong>de</strong>s et préconisations aux membres <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>. Le but est <strong>de</strong> faire<br />

participer tout <strong>un</strong> chac<strong>un</strong> dans les villages environnants <strong>de</strong>s centrales à la préparation d’<strong>un</strong><br />

acci<strong>de</strong>nt et d’<strong>un</strong>e gestion <strong>de</strong> crise. Des groupes <strong>de</strong> travail pourront voir le jour dans la<br />

Société civile, et <strong>de</strong>s colloques, conférences et tables ron<strong>de</strong>s seront organisés par le <strong>CEA</strong><br />

pour donner la parole aux habitants. Le tout est <strong>de</strong> les convaincre que ces discussions ne<br />

seront pas <strong>de</strong>s supercheries pour les occuper et leur faire croire qu’ils ont leur mot à dire. Il<br />

faudra ainsi leur montrer concrètement qu’on a tenu compte <strong>de</strong> leurs préoccupations.<br />

Ce moyen d’amener les populations à contribuer à la sécurité <strong>de</strong>s installations peut être <strong>un</strong>e<br />

bonne solution pour changer les mentalités : peu coûteux, il exige tout <strong>de</strong> même que les<br />

réflexions mènent à <strong>de</strong>s décisions puis à <strong>de</strong> vraies actions (dans la limite admise par les<br />

véritables normes en place dans les centrales). Il ne concerne là aussi que les comm<strong>un</strong>es<br />

14


proches <strong>de</strong>s sites nucléaires, bien que le système peut être éten<strong>du</strong> à tout le territoire (mais<br />

rien ne garantit son efficacité).<br />

_________________________________________________________________________<br />

4. La publication d’<strong>un</strong> <strong>«</strong> gui<strong>de</strong> <strong>du</strong> bon comportement dans <strong>un</strong>e phase d’urgence <strong>»</strong> et d’<strong>un</strong><br />

<strong>«</strong> gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la gestion post-acci<strong>de</strong>ntelle <strong>»</strong> pour inciter les Français à savoir ce qu’il faut<br />

faire en cas d’acci<strong>de</strong>nt et ce qu’il faut savoir sur les mesures qui seront adoptées dans<br />

cette situation.<br />

C’est <strong>un</strong>e suggestion on ne peut plus efficace en termes d’impact : si les livres révèlent <strong>de</strong>s<br />

procé<strong>du</strong>res appliquées en cas d’acci<strong>de</strong>nt ou donnent ne serait-ce que quelques éléments<br />

nouveaux jusque là inconnus <strong>de</strong>s Français, ils obtiendront <strong>un</strong> certain succès. Sans vouloir<br />

les ériger au rang <strong>de</strong> best-seller, le <strong>CEA</strong> peut retravailler son image au sein <strong>de</strong> l’espace<br />

public et reconquérir les foules (en tout cas les réconcilier avec l’énergie nucléaire). Ces<br />

publications ne représenteront que <strong>de</strong>s coûts relativement faibles (l’édition et la<br />

distribution). Ils seront également <strong>un</strong>e occasion <strong>de</strong> faire parler les chercheurs, qui<br />

révèleront leurs inquiétu<strong>de</strong>s passées <strong>du</strong> nucléaire et qui finalement rasséréneront les<br />

Français <strong>de</strong> sa maitrise en cas d’acci<strong>de</strong>nt majeur. Le bémol – il y en a <strong>un</strong> – est<br />

l’<strong>un</strong>ilatéralité <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>ication : à auc<strong>un</strong> moment la société n’a la parole (ou alors on<br />

peut la faire parler, mentionner les témoignages inquiets <strong>de</strong>s habitants et les réponses <strong>de</strong>s<br />

scientifiques). Une fois les ouvrages parus, nous <strong>de</strong>vrons récolter les opinions et proposer<br />

<strong>un</strong> autre dispositif <strong>de</strong> médiation. Sinon cette comm<strong>un</strong>ication n’aura pas d’effet.<br />

_________________________________________________________________________<br />

5. La diffusion <strong>de</strong> spots vidéo sur les sites Internet <strong>de</strong>s comm<strong>un</strong>es, <strong>de</strong>s associations<br />

volontaires et <strong>de</strong>s acteurs <strong>du</strong> nucléaire. Ces séquences seront narratives et logiques (<strong>de</strong>s<br />

épiso<strong>de</strong>s qui auront <strong>de</strong>s liens les <strong>un</strong>s à la suite <strong>de</strong>s autres et qui traiteront <strong>de</strong>s questions<br />

que tout le mon<strong>de</strong> se pose : qu’est-ce-que le nucléaire ? Pourquoi le nucléaire ? Comment<br />

prévenir les risques <strong>du</strong> nucléaire ? Etc.).<br />

Les vidéos seront tournées par <strong>de</strong>s associations par exemple, et leur sujet se nourriront <strong>de</strong>s<br />

questions posées par les visiteurs d’<strong>un</strong> forum installé sur le site <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, celui <strong>de</strong>s<br />

associations voire <strong>de</strong>s comm<strong>un</strong>es proches <strong>de</strong>s centrales. Ces vidéos pourront prendre la<br />

forme d’épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la vie d’<strong>un</strong> habitant (qui habite proche d’<strong>un</strong>e centrale ou qui se soucie<br />

15


<strong>de</strong>s dangers <strong>du</strong> nucléaire). Elles seront diffusées tous azimuts : plateformes <strong>de</strong> vidéos en<br />

ligne, sites Internet <strong>de</strong>s acteurs <strong>du</strong> nucléaire et <strong>de</strong>s associations, halls d’accueil d’EDF,<br />

chaines télévisées, …<br />

Cette solution parait intéressante puisqu’elle remplit l’objectif que nous nous étions fixé,<br />

donne la parole à la Société civile, prend <strong>de</strong> l’ampleur dans la diffusion. Elle concerne les<br />

habitants proches <strong>de</strong>s installations nucléaires, qui retrouve leurs questionnements, et ceux<br />

qui s’inquiètent aussi <strong>de</strong>s risques <strong>du</strong> nucléaire. Ils sont <strong>un</strong>e réponse à la surmédiatisation<br />

présentée comme le problème <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>ication. En revanche c’est <strong>un</strong>e solution<br />

onéreuse qui <strong>de</strong>vra faire l’objet d’<strong>un</strong>e réflexion sur le plan <strong>de</strong> diffusion. Elle possè<strong>de</strong> aussi<br />

comme points forts qu’elle peut être déclinée sur plusieurs supports et mettre en scène<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs que les questions soulèvent : populations, comm<strong>un</strong>es, associations,<br />

scientifiques <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> (qui auront autorisation <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>iquer).<br />

_________________________________________________________________________<br />

6. La création et la modération d’<strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>ication permanente entre le grand public et<br />

le <strong>CEA</strong> : <strong>un</strong>e ligne d’appel téléphonique pour que les Français aient <strong>un</strong>e plus gran<strong>de</strong><br />

proximité avec les experts calfeutrés au <strong>CEA</strong>, <strong>un</strong> chat sur le site <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, <strong>un</strong> réseau social<br />

comm<strong>un</strong> entre <strong>de</strong>s membres <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> et les Français (soumis à authentification pour éviter<br />

les dérives).<br />

Cette proposition semble sé<strong>du</strong>isante mais également onéreuse. Pour ce qui est d’<strong>un</strong>e ligne<br />

d’appel téléphonique, elle <strong>de</strong>vra être très médiatisée (ce qui a <strong>un</strong> coût) et gratuite (sinon<br />

personne n’appellera). Les populations pourront directement se renseigner sur le nucléaire,<br />

poser leur question à <strong>de</strong>s personnes compétentes (la majorité <strong>de</strong>s questions ne sera<br />

certainement pas pointue). Une manière <strong>de</strong> pouvoir rassurer tout le mon<strong>de</strong> qui prend la<br />

peine d’appeler (d’où l’importance <strong>de</strong> la médiatisation, en utilisant <strong>un</strong> numéro simple à<br />

retenir).<br />

En ce qui concerne le chat, cela fonctionnera sur le même principe : quelqu’<strong>un</strong> qui a <strong>de</strong>s<br />

questions ou <strong>de</strong>s craintes pourra dialoguer directement sur le site <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> avec <strong>un</strong><br />

scientifique.<br />

Enfin l’idée <strong>du</strong> réseau social peut être à exploiter, puisque c’est la tendance <strong>du</strong> moment<br />

(mais il y a <strong>un</strong> risque d’inefficacité : si ce sont les je<strong>un</strong>es qui utilisent en général ce<br />

16


dispositif, les personnes les plus averties <strong>de</strong>s dangers <strong>du</strong> nucléaire sont ceux <strong>de</strong> la<br />

génération précé<strong>de</strong>nte… Un sondage est nécessaire pour déterminer l’impact qu’a eu<br />

Fukushima sur les différentes tranches d’âge <strong>de</strong> la population). Ce réseau social servirait à<br />

mettre <strong>de</strong>s visages sur les scientifiques <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> (pour qu’ils paraissent plus <strong>«</strong> humains <strong>»</strong>), à<br />

créer <strong>un</strong>e osmose entre les Français et les scientifiques (pour qu’ils se sentent <strong>«</strong> ré<strong>un</strong>is <strong>»</strong><br />

quelque part) et à déployer toutes les fonctionnalités <strong>de</strong>s réseaux sociaux actuels : <strong>de</strong>s jeux<br />

autour <strong>du</strong> nucléaire, <strong>un</strong>e boite <strong>de</strong> dialogue avec ses <strong>«</strong> amis scientifiques <strong>»</strong>, <strong>un</strong>e boite à lettre<br />

électronique, la rédaction <strong>de</strong> <strong>«</strong> statuts <strong>»</strong>, la publication <strong>de</strong> son parcours professionnel, <strong>de</strong><br />

ses centres d’intérêt, etc.<br />

Cette idée reste prometteuse mais sans doute difficile à mettre en place au vu <strong>de</strong>s<br />

consignes <strong>de</strong> sécurité <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> : la vie <strong>de</strong>s chercheurs n’est peut-être pas sujette à<br />

discussion, et ses activités encore moins. Une alternative consisterait à permettre <strong>un</strong>e<br />

modération <strong>de</strong>s contenus et <strong>de</strong>s pratiques que ce réseau sous-tend.<br />

_________________________________________________________________________<br />

7. La programmation <strong>de</strong> visites <strong>de</strong>s installations nucléaires et <strong>de</strong> rencontres avec les<br />

chercheurs et les responsables <strong>de</strong>s sites en question.<br />

On en revient à <strong>un</strong>e proposition <strong>de</strong> <strong>«</strong> <strong>portes</strong> <strong>ouvertes</strong> <strong>»</strong>, qui peut être améliorée si nous nous<br />

y prenons mieux. Toutefois le souvenir <strong>de</strong> l’échec cuisant <strong>de</strong> 1998 doit encore être dans les<br />

mémoires, aussi il est risqué <strong>de</strong> repro<strong>du</strong>ire l’expérience. Il ne s’agit pas ici <strong>de</strong> convier les<br />

Français dans les laboratoires, mais <strong>de</strong> leur montrer quelles mesures sont prises sur le<br />

terrain, dans la zone à risque. En cela il faut leur donner quelque chose à voir. Donc la<br />

proposition sera en définitive trop localisée (seulement les habitants <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> la<br />

centrale) et sûrement délicate à mettre en place d’<strong>un</strong> point <strong>de</strong> vue sécuritaire. Qui plus est<br />

le <strong>CEA</strong> se doit d’innover puisqu’il représente <strong>un</strong> fleuron <strong>de</strong> l’innovation. C’est valable<br />

aussi pour sa comm<strong>un</strong>ication.<br />

17


Mise en place d’<strong>un</strong> plan d’action<br />

Nous avons retenu le tournage et la diffusion <strong>de</strong> clips vidéo.<br />

En premier lieu parce que ces clips sont <strong>un</strong> moyen <strong>de</strong> répondre au problème posé par la<br />

comm<strong>un</strong>ication (la surmédiatisation <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res lors d’<strong>un</strong>e phase post-<br />

acci<strong>de</strong>ntelle). Deuxièmement parce que ces clips répon<strong>de</strong>nt au but que nous nous étions<br />

donnés (rasséréner la population sur les risques encourus et la fiabilité <strong>de</strong>s installations<br />

nucléaires sur le sol français). Enfin parce que cette proposition nous permettra <strong>de</strong> cibler le<br />

point faible sur lequel nous nous étions assujettis à travailler (relier la Société civile aux<br />

activités <strong>«</strong> secrètes <strong>»</strong> <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>).<br />

En effet la réalisation <strong>de</strong> vidéos permet <strong>de</strong> contrer la polémique médiatisée <strong>de</strong>s risques<br />

encourus par les centrales françaises : c’est <strong>un</strong>e façon <strong>de</strong> combattre <strong>«</strong> le feu par le feu <strong>»</strong>. Les<br />

clips seront diffusés en partenariat avec <strong>un</strong>e gran<strong>de</strong> chaine <strong>de</strong> télévision et <strong>de</strong> manière<br />

périodique (<strong>un</strong>e par semaine, tel <strong>un</strong> feuilleton). Ils pourront ensuite être visionnés sur le site<br />

<strong>de</strong> la chaine en question. Ils seront par ailleurs disponibles sur les sites Internet <strong>de</strong>s acteurs<br />

<strong>de</strong> la Société civile qui auront pris part au dispositif.<br />

Ces vidéos se présenteront sous la forme d’épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> trois à cinq minutes. Ils tenteront <strong>de</strong><br />

répondre à <strong>de</strong>s questions (<strong>un</strong>e question par épiso<strong>de</strong>) qui auront été formulées en préalable sur<br />

le site Internet <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> (envisager <strong>de</strong> créer aussi <strong>de</strong>s liens <strong>de</strong>puis les sites <strong>de</strong>s associations et<br />

<strong>du</strong> média télévisé). Les questions qui seront choisies seront celles qui reviennent le plus dans<br />

les inquiétu<strong>de</strong>s ou les incompréhensions exprimées par les internautes Français, telles que :<br />

• Comment fonctionne l’énergie nucléaire ?<br />

• Comment fonctionne <strong>un</strong>e centrale nucléaire ?<br />

• Quels dispositifs <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> maintenance existe-t-il actuellement ?<br />

• Qui déci<strong>de</strong> <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res à respecter en cas d’acci<strong>de</strong>nt ?<br />

• Quelles sont les mesures prises par les autorités en cas d’acci<strong>de</strong>nt ?<br />

• En cas d’acci<strong>de</strong>nt, où seront entreposés les déchets radioactifs ?<br />

• En cas d’acci<strong>de</strong>nt, qui sera chargé <strong>de</strong> nettoyer les bâtiments pollués ?<br />

• En cas d’acci<strong>de</strong>nt, comment la population sera-t-elle informée, in<strong>de</strong>mnisée ?<br />

18


Les vidéos <strong>de</strong>vront mettre en scène <strong>de</strong>s Français comme vous et moi : peut-être les mêmes<br />

d’ailleurs, pour donner <strong>un</strong> effet <strong>de</strong> continuité. Mais peut-être qu’il vaut mieux faire intervenir<br />

différentes personnes aussi, pour favoriser la diversité <strong>de</strong>s opinions et élu<strong>de</strong>r toute accusation<br />

<strong>de</strong> manipulation.<br />

Ces vidéos <strong>de</strong>vront donc balayer les a priori que les Français peuvent avoir ou ressasser<br />

<strong>de</strong>puis l’événement <strong>de</strong> Fukushima. Elles <strong>de</strong>vront montrer <strong>de</strong>s installations nucléaires en<br />

rapport aux questions qu’elles se proposent <strong>de</strong> traiter. Elles <strong>de</strong>vront en outre actualiser les<br />

informations liées aux travaux <strong>de</strong> réflexion voire <strong>de</strong> rénovation qui seront menés pour ces<br />

installations, dans le cadre <strong>de</strong> la révision <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res post-acci<strong>de</strong>ntelles. L’intérêt <strong>de</strong>s<br />

vidéos est aussi <strong>de</strong> créer le <strong>«</strong> buzz <strong>»</strong> et <strong>de</strong> faire réagir les populations sur le forum qui sera<br />

mis en place à cet effet.<br />

Le risque est que peu d’associations souhaiteront faire la part belle au nucléaire ; il s’agit<br />

non pas <strong>de</strong> les flatter ou <strong>de</strong> les financer en contrepartie, mais <strong>de</strong> leur garantir <strong>un</strong>e certaine<br />

autonomie dans la réalisation <strong>de</strong>s vidéos (pourvu que le message soit bien compris et qu’il<br />

n’accuse pas les défauts <strong>de</strong>s centrales ; les propos pourront par exemple être nuancés : ne pas<br />

pointer <strong>un</strong> dysfonctionnement mais dire que <strong>de</strong>s rénovations ou <strong>de</strong>s nouvelles améliorations<br />

vont être effectuées). L’intérêt pour les associations reste la publicité que leur procureront<br />

les vidéos. Ces <strong>de</strong>rnières pourront d’ailleurs être tournées par les habitants eux-mêmes, qui<br />

se mettent en scène aux côtés <strong>de</strong>s scientifiques et les font parler. Bien enten<strong>du</strong> le matériel <strong>de</strong><br />

tournage et <strong>de</strong> montage sera fourni par le <strong>CEA</strong>.<br />

Si le dispositif fonctionne, son succès sera quasiment garanti puisqu’on aura réussi à faire<br />

défendre le nucléaire par la population elle-même. La phase la plus délicate sera sans doute<br />

la recherche <strong>de</strong> bonnes volontés (après nous ne <strong>de</strong>vons pas stigmatiser : tout le mon<strong>de</strong> ne<br />

s’oppose pas au nucléaire, surtout quand on est conscient que 80% <strong>de</strong> notre consommation<br />

lui ait <strong>du</strong>e…).<br />

19


Chronologie <strong>du</strong> plan d’action :<br />

1. Mise en place <strong>du</strong> formulaire pour recueillir les questions par le <strong>CEA</strong> (toutes les questions<br />

posées doivent être visibles <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s internautes), et d’<strong>un</strong> forum pour discuter sur<br />

les questions à poser.<br />

2. Prospection d’associations ou <strong>de</strong> personnes dédiées à la réalisation par le <strong>CEA</strong>.<br />

3. Mise au point avec tous les acteurs sur les contraintes <strong>de</strong> réalisation, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

d’autorisation, les pro<strong>du</strong>ctions atten<strong>du</strong>es, les marges <strong>de</strong> liberté.<br />

4. Début <strong>du</strong> tournage <strong>du</strong> premier épiso<strong>de</strong>.<br />

5. <strong>«</strong> Relecture <strong>»</strong> <strong>de</strong> la vidéo par l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs concernés et signature d’<strong>un</strong> contrat<br />

avec <strong>un</strong>e chaine télévisée.<br />

6. Diffusion <strong>du</strong> premier épiso<strong>de</strong>.<br />

7. Rediffusion sur les sites Internet évoqués.<br />

8. Modération <strong>du</strong> forum : permettre aux internautes <strong>de</strong> réagir sur la vidéo, et s’ils ne le font<br />

pas, le <strong>CEA</strong> lance lui-même <strong>un</strong> débat (puis participe, par l’intermédiaire <strong>de</strong> ses chercheurs).<br />

9. Retour à l’étape 2.<br />

Retour critique<br />

Plusieurs indicateurs peuvent ai<strong>de</strong>r à apprécier la réussite <strong>de</strong> cette stratégie <strong>de</strong><br />

comm<strong>un</strong>ication. Par exemple le nombre <strong>de</strong> connexions sur le forum, le temps passé sur le<br />

forum, l’évaluation géographique <strong>de</strong>s connexions (tous ces critères peuvent être mesurés par<br />

<strong>de</strong>s outils comme Google Analytics). Le nombre <strong>de</strong> posts publiés sur chaque vidéo est <strong>de</strong><br />

surcroit significatif, au même titre que l’observation <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s commentaires : <strong>un</strong>e<br />

vue globale <strong>du</strong> forum nous permettra <strong>de</strong> <strong>«</strong> son<strong>de</strong>r <strong>»</strong> l’opinion <strong>de</strong>s Français au début <strong>de</strong> la<br />

comm<strong>un</strong>ication, puis <strong>de</strong> déterminer si les positions évoluent.<br />

20


La chaine télévisée pourra également nous présenter les parts d’audience réalisées à l’heure<br />

<strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s, en comparaison aux autres chaines par exemple. De même,<br />

nous pourrons lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le nombre <strong>de</strong> lectures <strong>de</strong> la vidéo qu’ils ont recensé dans <strong>un</strong><br />

second temps sur leur site. Les plateformes <strong>de</strong> vidéos en ligne (telles que YouTube,<br />

Dailymotion, Wi<strong>de</strong>o, etc.) possè<strong>de</strong>nt aussi <strong>un</strong> compteur <strong>de</strong> visites sur la page <strong>de</strong> chac<strong>un</strong>e <strong>de</strong>s<br />

vidéos qu’elles relayent. Le nombre <strong>de</strong> connexions sur les pages <strong>de</strong>s vidéos <strong>de</strong>puis les sites<br />

<strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, <strong>de</strong>s associations ou <strong>de</strong>s comm<strong>un</strong>es environnantes aux centrales doit bien enten<strong>du</strong><br />

être pris en compte dans l’évaluation <strong>de</strong> la stratégie.<br />

Enfin nous pourrons recueillir l’avis <strong>de</strong>s personnes qui ont participé à la réalisation <strong>de</strong> ces<br />

clips : ont-elles eu l’impression qu’on répondait à leurs questions ? Qu’ont-elles appris ?<br />

Ont-elles changé <strong>de</strong> position sur le nucléaire ? Ont-elles convaincu d’autres personnes <strong>de</strong><br />

revoir leur position sur le nucléaire ? Sont-elles plus rassurées vis-à-vis <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res<br />

actuelles sur la gestion d’<strong>un</strong>e crise acci<strong>de</strong>ntelle ? Une enquête par entretien est largement<br />

envisageable avec tous ces acteurs.<br />

Nous sommes bien conscients que cette stratégie <strong>de</strong> comm<strong>un</strong>ication peut très bien ne pas<br />

fonctionner. Pourtant, le fait d’avoir scrupuleusement suivi toutes les étapes nécessaires pour<br />

la déployer, sans en élu<strong>de</strong>r <strong>un</strong>e seule, nous conforte dans l’idée qu’<strong>un</strong> tel plan d’action peut<br />

porter ses fruits. Pour parvenir jusque là, nous avons <strong>du</strong> être force <strong>de</strong> proposition et<br />

privilégier <strong>un</strong> <strong>un</strong>ique recours, pour atteindre au mieux l’objectif <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>ication. Peut-<br />

être que d’autres suggestions <strong>du</strong> brainstorming nous auraient permis <strong>de</strong> convoquer <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s payantes elles-aussi ; quoi qu’il en soit nous sommes en mesure <strong>de</strong> justifier chac<strong>un</strong><br />

<strong>de</strong>s choix que nous avons faits dans cette stratégie.<br />

Comme celui d’avoir considéré que le <strong>CEA</strong> était en comm<strong>un</strong>ication <strong>de</strong> crise, alors que cette<br />

crise n’a pas la même ampleur qu’il y a quinze ans, à l’époque <strong>de</strong> la reprise <strong>de</strong>s essais<br />

nucléaires français. Pour l’<strong>un</strong>e comme pour l’autre cependant, il est <strong>de</strong>s crises que le <strong>CEA</strong> se<br />

doit d’anticiper…<br />

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