Mésogée N°64-2008 / 65-2009 - Muséum d'histoire naturelle de ...
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L'indigénat d'une espèce ligneuse du groupe <strong>de</strong> Sorbus hybrida L. en France :<br />
le sorbier <strong>de</strong> Legré à la montagne <strong>de</strong> Lure.<br />
B.CORNIER<br />
<strong>Mésogée</strong> Volume 64l <strong>2008</strong><br />
40<br />
proximité <strong>de</strong>s villages et entre 1000 et 1400 m sur le versant sud, à la limite inférieure<br />
<strong>de</strong>s pâturages d'estive. Sur le versant nord, bien que les coupes <strong>de</strong> sapins aient été plus<br />
rares du fait du relief rendant son exploitation difficile, le couvert forestier restait<br />
probablement assez <strong>de</strong>nse. Il ne semble donc pas, pour ce qui concerne le Massif <strong>de</strong><br />
Lure, que la situation ait pu justifier <strong>de</strong>s plantations <strong>de</strong> protection.<br />
On peut supposer également que <strong>de</strong>s bosquets d'arbres et arbustes ont toujours été plus<br />
ou moins présents entre 1400 et 1700 m sur le versant sud, dans la zone d'estive, ce dont<br />
les ventes <strong>de</strong> bois peuvent difficilement rendre compte, du fait d'une moindre qualité <strong>de</strong><br />
production forestière <strong>de</strong>s boisement d'altitu<strong>de</strong>. Le sorbier <strong>de</strong>s oiseleurs et, plus encore,<br />
l'alisier blanc, espèce héliophile, apprécient ces zones au couvert forestier moins <strong>de</strong>nse.<br />
Or, le savoir-faire <strong>de</strong> la paysannerie locale ne <strong>de</strong>vait pas négliger les alisiers et sorbiers,<br />
ces arbres <strong>de</strong> taille mo<strong>de</strong>ste, qui intéressaient sans doute moins les forestiers dont<br />
l'objectif était principalement la production <strong>de</strong> bois d'oeuvre.<br />
Au sujet du sorbier <strong>de</strong>s oiseleurs (S. aucuparia), Desfontaines (1809) écrit en effet : « Le<br />
bois est dur, compacte, et employé par les tourneurs et les ébénistes; on en fait aussi <strong>de</strong>s<br />
tables, <strong>de</strong>s rayons <strong>de</strong> roue, <strong>de</strong>s timons <strong>de</strong> charrette, et l'on fabrique avec les racines <strong>de</strong>s<br />
cuillers et <strong>de</strong>s manches <strong>de</strong> couteaux. » Cette <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s usages peut être complétée<br />
par celle faite par Lieutaghi (1969) au sujet <strong>de</strong> l'alisier blanc (Sorbus aria) : « C'était<br />
autrefois le plus estimé <strong>de</strong>s bois indigènes pour la fabrication <strong>de</strong>s vis <strong>de</strong> pressoir, <strong>de</strong>s<br />
chevilles et <strong>de</strong>s pièces soumises aux tensions et aux frottement dans les roues <strong>de</strong>s<br />
moulins. » Il est probable que Sorbus legrei, s'il était déjà présent sur le massif <strong>de</strong> Lure, a<br />
pu être occasionnellement utilisé à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinations similaires, la qualité <strong>de</strong> son bois<br />
étant très certainement comparable à celle <strong>de</strong>s ses proches parents.<br />
Compte tenu <strong>de</strong> ces éléments, il semble particulièrement improbable qu'un Sorbus ait été<br />
introduit <strong>de</strong>puis les contrées nordiques par les forestiers. Sorbus hybrida est une espèce<br />
méconnue en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son usage ornemental dans les parcs et jardins, et sans intérêt<br />
reconnu pour <strong>de</strong>s boisements forestiers. Si d'aventure <strong>de</strong>s forestiers avaient été attentifs<br />
aux qualités mécaniques du bois <strong>de</strong>s sorbiers, les espèces indigènes répondaient déjà aux<br />
besoins.<br />
Récoltes <strong>de</strong> Sorbus legrei dans divers herbiers au XXème siècle.<br />
Nous avons recherché les spécimens pouvant correspondre à S. legrei dans les plus<br />
grands herbiers français, Paris (P), Lyon (LY), Montpellier (MPU) et à Genève (G), ainsi<br />
que dans les herbiers <strong>de</strong> botanistes locaux (Bernard Girerd, Pierre Lieutaghi). Nous<br />
avons i<strong>de</strong>ntifié S. legrei dans plusieurs <strong>de</strong> ces herbiers. Les récoltes que nous avons<br />
repérées ont été effectuées au cours d'une pério<strong>de</strong> restreinte à la fin <strong>de</strong>s années 1960.<br />
Les binômes linnéens qui leur ont été attribuées par les récolteurs sont divers, mais<br />
correspon<strong>de</strong>nt tous à <strong>de</strong>s taxons stables appartenant au groupe <strong>de</strong> S. hybrida L. ou à <strong>de</strong>s<br />
hybri<strong>de</strong>s instables S. aria x aucuparia.<br />
Nous citons ces récoltes par ordre chronologique :<br />
- herbier Paul Litzler, intégré dans l'herbier général MPU :<br />
« S. x <strong>de</strong>currens Hedl. Montagne <strong>de</strong> Lure. Plusieurs arbustes fructifiés dans la zone<br />
culminale versant Sud - 1/7/1966 ». Cette récolte a été effectué par P. Litzler, botaniste<br />
jurassien, lors d'une tournée d'herborisation dans le Sud-Ouest en compagnie <strong>de</strong> l'abbé<br />
Terré. (P. Litzler, com. pers.)<br />
- herbier Pierre Lieutaghi :<br />
« S. aria x aucuparia = S. x thuringiaca (Ilse) Fritsch. B.-A. Montagne <strong>de</strong> Lure. Pas <strong>de</strong> la<br />
Graille en re<strong>de</strong>scendant sur Valbelle. Répandu. 21 juin 1967. »<br />
- herbier Gérard Aymonin, intégré dans l'herbier général P. :<br />
« Société Botanique <strong>de</strong> France. 94 ème session extraordinaire, Alpes <strong>de</strong> Haute-Provence,