bulletin 01 WEB.pdf - Liège

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Liège•museum acquisition/conservation expositions par ailleurs Bulletin trimestriel des musées de la Ville de Liège. Éditeur responsable : Jean Pierre Hupkens. 92, rue Féronstrée, be-4000 Liège. Coordination : Grégory Desauvage. museum@liege.be Imprimé à 3 000 exemplaires sur papier recyclé, sans chlore, par l’Imprimerie de la Ville de Liège. Photos : Ville de Liège (Marc Verpoorten, Yvette Lhoest) / Sauf p. 1 et 33 : Jean-Marc Huygen / Carte de Liège, p. 48 (couverture) : cellule Cartographie, département d’Urbanisme, Ville de Liège. Liège, février 2011, n° 1. Sommaire 4 Patrimoine et philantropie Le Fonds David-Constant géré par la Fondation Roi Baudouin 7 Onze œuvres du paysagiste Closson acquises par le Fonds Courtin-Bouché 8 Les beaux restes d’une reine de Babylone Restauration de la Sémiramis de Christian köHler 14 Il n’y a pas photo ! Acquisition d’un dessin aquarellé montrant une vue de Liège en 1814 16 Nouvelles armes Quelques acquisitions récentes au département des Armes du Grand Curtius 19 Petite histoire d’une grande encyclopédie L’Encyclopédie méthodique 22 Conservation & restauration 23 Les collections se développent, se soignent, s’exportent 24 Agenda des expositions temporaires 26 Expositions temporaires 29 Prix de la Création légeoise dans le domaine des arts plastiques 30 En plus des expositions temporaires 32 Jardin d’hiver + Wintertuin 36 8 e Biennale internationale de gravure contemporaine de Liège 38 Regroupement et déménagement des réserves lapidaires 38 Le Service éducatif et au public des musées 39 Une imprimerie dans la Ville 40 Flora La nouvelle solution informatique des musées de la Ville de Liège 42 Qui se ressemble … À propos de sculptures mosanes 45 La musique est un musée vivant 46 Le musée mangeable Nous devons être des cannibales Liège•museum n° 1, février 2011 2 Les musées sont des maisons qui abritent seulement des pensées. Marcel proust (1871-1922), Contre Sainte-Beuve. Rien ne lie un silex de 400 000 ans à une fresque de Sol LeWitt, si ce n’est le regard que nous portons sur eux. La fonction du musée est de nous signaler ce qui, ici et maintenant, est objet de pensée (avec toutes les ambiguïtés que cela suppose), de recenser et de rendre intelligible – avec et pour nos yeux du xxi e siècle – ce qui fait l’humain. C’est dire, bien sûr, la fragilité de l’institution muséale et sa dépendance à l’égard de l’histoire des idées, sa soumission à une époque et une société. Mais c’est dire en même temps la solidité de l’optimisme de ceux qui font au quotidien le musée : c’est à leur rencontre que « Liège•museum » invitera ses lecteurs, au fil des numéros. Jean-Marc Gay Directeur des musées de la Ville de Liège Liège•museum n° n° 1, 1, février hiver 2010 2011 3 S’il est un génie propre à Liège, c’est celui de s’ouvrir aux courants qui parcourent le monde, de s’en enrichir et d’en assurer la propagation. Nos musées attestent de cette disposition à puiser aux sources de cultures diverses pour construire une culture spécifique et de cet état d’esprit millénaire, qu’une situation géographique exposée a contribué à développer. Ainsi le culte de Mithra est constaté à Angleur au tournant des 2 e et 3 e siècles, diverses pièces en bronze conservées au Grand Curtius nous en sont parvenues. Ce culte à mystères diffusé par les armées romaines a coexisté à Liège avec les cultes traditionnels de l’empire de Rome. Plus près de nous Lambert Lombard apporte à Liège l’esprit de la Renaissance italienne avec sa nouvelle approche humaniste, et les collections liégeoises en attestent. Sans doute cet esprit soufflait-il encore sur la ville lorsque ses émissaires sauvèrent du désastre intellectuel nazi des œuvres d’exception proposées à la vente de Lucerne en 1939, offrant dans le même temps à notre ville une prestigieuse collection. Ces trois exemples illustrent la capacité de faire voisiner paisiblement des convictions religieuses diverses, la volonté de s’enrichir en permanence d’apports extérieurs et la détermination dans la défense de choix de civilisation. Cette manière de former une société qui jamais ne se ferme, qui toujours dépasse ses propres limites, mue par la passion de s’exposer, de s’imprégner et de diffuser, est peut-être le plus sûr chemin vers la fraternité. Que cette publication en soit le modeste instrument. Jean Pierre Hupkens Échevin de la Culture Méduse, applique, fin 2 e - 3 e siècle. Angleur (Liège). Bronze. M.A.A.D. - SN/2000/AR/244.
La mise en œuvre personnalisée d’un projet philanthropique précis Née à Liège en 1917, Simone David y a toujours vécu. Diplômée en droit et en sciences sociales de l’Université de sa ville, elle a connu une brillante carrière scientifique et académique à l’Université de Liège. Elle était sensible à l’histoire de sa région, à son patrimoine architectural et artistique mais aussi à son développement. Elle était attentive au sort des plus humbles comme aux défis que devaient relever les responsables patrimoniaux, politiques, économiques et sociaux. Simone David-Constant souhaitait une mise en œuvre personnalisée de son projet de mécénat : concentrer son action dans des limites géographiques précises et pouvoir agir dans trois domaines d’action différents. Elle connaissait l’action de la Fondation Roi Baudouin pour avoir déjà contribué à quelques initiatives dans sa région, principalement patrimoniales, à travers plusieurs comptes de projet ouverts à la Fondation. C’est vers cette institution qu’elle s’est tournée pour élaborer son projet de mécénat. Institué grâce à un legs très important (capital de 10 millions d’euros), le Fonds David-Constant a été créé au sein de la Fondation Roi Baudouin au décès de Simone Constant en octobre 2003. Depuis, il est géré par la Fondation qui lui apporte son expertise, son indépendance et sa crédibilité en matière de gestion financière, d’administration, de mise en œuvre des projets ; elle joue également auprès de lui un rôle de support, de relais, de catalyseur. Simone David-Constant a choisi trois domaines lui tenant à cœur. Le droit était toute sa vie. Décider de promouvoir la recherche et les études de droit à l’Université de Liège, c’était permettre à son université de développer un centre d’excellence. Les enfants étant le meilleur capital pour l’avenir, la fondatrice voulait soutenir ceux qui intervenaient auprès des plus défavorisés, ceux qui souffraient ou risquaient de souffrir de situations d’abandon, d’exclusion ou de troubles du comportement graves compromettant leur insertion sociale et scolaire. Enfin, Simone David-Constant savait quelle place occupe le patrimoine dans le renom de Liège, et souhaitait le pérenniser pour les générations futures. Cela l’a donc incitée à soutenir la conservation, la restauration et la mise en valeur d’éléments significatifs du patrimoine liégeois pour autant qu’ils se trouvent dans l’arrondissement administratif de Liège. Il vise tout type d’œuvre : sculpture, peinture, dessin, vitrail, etc. Son objectif final est d’en assurer la sauvegarde et de contribuer à son rayonnement. Un montant de 150 000 euros est désormais disponible annuellement pour assurer la sauvegarde des éléments les plus significatifs de ce patrimoine. Depuis cinq ans, 35 œuvres ont pu être restaurées et conservées. De grands noms ont été mis à l’honneur tels Fisen, DelCour, lombarD, le loup, Closson. Un montant total de plus de 750 000 euros a déjà été redistribué pour cet axe du Fonds. L’action du Fonds en faveur des musées de la Ville de Liège Les musées de la Ville de Liège ont bien compris tout son potentiel. Dès la première année, le Fonds a reçu nombre de demandes intéressantes. Sachant l’appel récurrent, les responsables des collections n’ont pas tardé à élaborer une véritable politique Anne De breuCk Chargée de mission Fondation Roi Baudouin Patrimoine et philanthropie Le Fonds David-Constant géré par la Fondation Roi Baudouin Presque tous les Liégeois ont entendu parler du Fonds David-Constant. C’est actuellement la fondation liégeoise la plus importante créée par une personne privée et la première en termes de moyens. En cinq ans d’existence, il a déjà distribué plus de deux millions et demi d’euros entre les trois axes d’action fixés par sa fondatrice : le patrimoine, l’enfance et les études de droit. Sensible au potentiel de soutien que peut signifier ce fonds pour le patrimoine de la ville, Liège•museum a souhaité consacrer une tribune expliquant l’amorce et les rouages du Fonds, afin de préciser son rayon d’action et d’informer les candidats éventuels. Liège•museum n° 1, février 2011 4 Pieta (détail), chêne sculpté et polychromé. Liège, fin xv e s. Liège•museum n° 1, février 2011 5 de sauvegarde de leurs œuvres sur le moyen et le long terme. Ils ont aussi saisi cette occasion pour mettre en lumière ce patrimoine renaissant de ses cendres. Les expositions Delcour ou Le Loup sont encore dans toutes les mémoires. L’action désintéressée du Fonds permet non seulement de sauver des œuvres en péril, mais également d’attirer à nouveau le regard sur un patrimoine important mais moins en vogue actuellement. Ainsi a pu être sauvée la toile de l’Allemand Christian köHler, Sémiramis, réalisée en 1852, actuellement au Grand Curtius (voir page 8). Grâce au Fonds Constant, le Cabinet des Estampes et des Dessins a pu élaborer un plan de traitement de la totalité du Fonds Closson. Ce Fonds est constitué de 604 œuvres sur papier de Gilles-François Closson (1796-1842), paysagiste né à Liège et ayant séjourné à Rome de 1825 à 1829. Sa veuve donna le fonds d’atelier à la Ville quelques années après le décès de l’artiste. Un premier projet concernant les 127 huiles sur papier cartonné fut introduit auprès du Fonds en 2007. Il fut mené à bien en deux ans. Le deuxième projet est en cours. Il concerne la restauration et le conditionnement de 146 dessins à la mine de plomb sur papier calque. Ce support particulièrement fragile offre des problèmes spécifiques de présentation, conservation et lisibilité, étant donné la transparence du calque. Cette dernière tranche clôture la restauration de l’ensemble du Fonds qui sera dévoilé lors d’une exposition prévue en 2012. La Bibliothèque Ulysse Capitaine conserve 240 dessins de Remacle le loup (1696-1746), illustrateur spadois, auteur de nombreux dessins préparatoires aux Délices du Païs de Liège de saumery. Il s’agit de la plus grande collection de dessins de l’artiste dont l’importance du témoignage pour Liège et sa région n’est plus à prouver. Vingt-quatre d’entre eux ont bénéficié d’un traitement financé par le Fonds afin d’enrayer les dégradations, pliures et traces de restaurations antérieures. À l’occasion de la fin des travaux, une exposition et une publication ont été consacrées à l’artiste cet automne. Si le Fonds agit en priorité en restaurant les œuvres d’art, il peut décider d’actions exceptionnelles. Ainsi, il ne pouvait laisser passer l’occasion de soutenir l’initiative des Amis du Musée d’Art religieux et d’Art mosan d’acquérir une Pieta mosane en bois polychrome réalisée pour une chapelle du quartier nord de la ville. Grâce à l’intervention des Amis, de la Ville et du Fonds, cette œuvre de belle facture est désormais visible au Grand Curtius. Le dernier projet sélectionné par le Fonds en faveur des musées de la Ville vise à restaurer un ensemble de treize œuvres d’art ancien provenant du Musée d’Art wallon et du Musée d’Art moderne et d’Art contemporain. Il s’agit de quatre huiles sur panneau du Musée d’Art wallon et de neuf huiles sur toile ou sur bois des réserves du MAMAC, parmi lesquelles un Léonard DeFranCe et un Dirk Hals. Ces œuvres ont été sélectionnées par un comité d’experts et l’étude de leur attribution est actuellement en cours. Ce fonds d’art ancien sera intégré dans le futur pôle Beaux-Arts. L’objectif est de sortir ces œuvres, jamais ou rarement montrées, de l’anonymat. À l’été 2011, se tiendra à la Salle Saint-Georges une exposition en préfiguration de ce nouveau pôle.
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