VIH/SIDA, Sécurité alimentaire et nutrition - International Food Policy ...

l'intensité de main-d'oeuvre ne garantit aucunement des moyens de subsistance plus
sûrs que le système qu'elle remplace.
Les autres effets de la maladie sur l'agriculture et l'utilisation des terres sont
notamment la culture de récoltes à moindre intensité de main-d'oeuvre mais moins
nutritives (par exemple certaines tubercules) et la mise en jachère des terres. Si la
famille a les moyens de ne pas utiliser la terre, celle qui sera laissée en jachère sera de
meilleure qualité pour de futures récoltes. En revanche, si la terre n'est pas utilisée, la
famille risque de perdre ses droits fonciers. Comme le montre le cas des personnes
dont les droits fonciers sont généralement moins solides (par exemple les femmes ou
les orphelins), il importe tout particulièrement de faire en sorte que les droits fonciers
locaux soient mieux définis et plus équitables. En outre, il importe de tenir compte de
la diversité actuelle des moyens de subsistance des agriculteurs et du risque qu'ils
doivent s'orienter davantage vers des activités non agricoles qui sont moins tributaires
de la main-d'oeuvre (Rugalema, 1999a; Topouzis, 2000).
Les effets du VIH/SIDA sur le secteur agricole commercial sont moins connus
(Rugalema, 1999b; White et Robinson, 2000). Si le secteur commercial est tributaire
de travailleurs migrants, il est vulnérable au VIH/SIDA, surtout si les ouvriers
agricoles ne sont pas accompagnés de leurs familles. Dans le cas des travaux du
secteur commercial, des réseaux sociaux sont également moins solides. Le secteur
commercial peut néanmoins être un élément positif en ce sens qu'il peut être un
support d'information et de formation et peut donner aux orphelins du Sida l'occasion
d'apprendre les métiers essentiels de l'agriculture.
Cependant, le capital humain dépasse de beaucoup le travail manuel. Un de
ces principaux éléments est en effet le savoir. Lorsque le VIH/SIDA décime les
adultes en pleine force de l'âge, les individus n'ont pas le temps de transférer leurs
connaissances aussi bien à leurs pairs qu'à la génération suivante. Le VIH/SIDA
interrompt non seulement le transfert verbal du savoir mais aussi le rôle que joue
l'exemple. Les nouvelles générations, ne pouvant plus se nourrir du savoir qui meurt
avec leurs parents, sont privées de la possibilité d'apprendre sur le tas sous la direction
d'un adulte plus expérimenté.
Le VIH/SIDA réduit également la capacité d'acquérir du savoir et de l'utiliser
lorsque les jeunes générations doivent abandonner leurs études pour aider la famille à
s'occuper des malades, pour aider à travailler la terre ou pour trouver un emploi de
remplacement. C'est là un exemple de "stratégie de survie" qui, en définitive, n’en est
pas une. Les moyens de subsistance de demain sont sacrifiés pour s'accrocher à ceux
d'aujourd'hui.
2.2.2 Capital financier
Le VIH/SIDA affecte de différentes façons le capital financier. Comme une
large part du budget doit aller à l'achat de médicaments, aux frais de transport ou aux
dépenses funéraires, les familles doivent trouver de nouveaux moyens de soutenir
leurs niveaux de consommation. N'ayant guère accès aux services financiers comme
le crédit, l'épargne ou l'assurance, les familles pauvres doivent soit vendre leurs objets
de valeur (bijoux ou bétail) ou leur cheptel (matériel ou outillage), soit emprunter à
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