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Livres soutenus<br />
par <strong>le</strong> CRL<br />
PUBLICATIONS<br />
Liaison maritime Caen-Cherbourg<br />
Photographies d’Olivier Mériel<br />
et textes de Karine Le Petit<br />
Liaison maritime, liaison intime ?<br />
Cet élégant ouvrage en noir et blanc<br />
<strong>le</strong> suggère. « Les ports de Caen et de<br />
Cherbourg sont liés par <strong>le</strong> même horizon,<br />
la même route, <strong>le</strong>s mêmes hommes :<br />
dockers, marins pêcheurs, capitaines…. »<br />
En 43 photographies, Olivier Mériel nous<br />
convie à naviguer : <strong>le</strong> long du canal à<br />
Ouistreham jusqu’<strong>au</strong>x quais de Cherbourg<br />
où <strong>le</strong> Queen Mary est en esca<strong>le</strong> en face<br />
de la cité de la mer… Les deux ports<br />
« matérialisent l’ouverture de la<br />
Basse-Normandie sur <strong>le</strong> monde.<br />
Tous deux recè<strong>le</strong>nt <strong>des</strong> trésors faits<br />
d’hommes, de pierres et d’acier »<br />
expliquent Karine Le Petit, ethnologue<br />
à Caen. Les démarches de l’artiste et de<br />
l’ethnologue se rejoignent, se complètent.<br />
ù<br />
Les Cahiers du temps, 2008.<br />
Une histoire sans pain<br />
Michè<strong>le</strong> S<strong>au</strong>ffisse<strong>au</strong><br />
« Si <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur s’amuse de ces histoires<br />
de villages, il pressent la vérité profonde<br />
qu’el<strong>le</strong>s dégagent dans <strong>le</strong>ur simplicité.<br />
La rouerie de Lucien, <strong>le</strong> monde chimérique<br />
de Raphaël, <strong>le</strong> démon de midi qui tenail<strong>le</strong><br />
ce petit boutiquier frustré par la tyrannie<br />
de sa mère. Nous avons tous connu un<br />
jour ou l’<strong>au</strong>tre <strong>des</strong> personnages qui <strong>le</strong>ur<br />
ressemb<strong>le</strong>nt. Même si cette Normandie<br />
semb<strong>le</strong> étouffée <strong>au</strong>jourd’hui par <strong>le</strong> monde<br />
moderne, el<strong>le</strong> survit justement toujours<br />
dans quelques coins de la campagne,<br />
préservée dans toute sa saveur.<br />
Ces portraits picaresques ou intimistes,<br />
assombris par <strong>le</strong>s tracasseries de la vie<br />
–mais où l’humour reste constamment<br />
présent– nous content l’histoire de simp<strong>le</strong>s<br />
humains avec <strong>le</strong>urs certitu<strong>des</strong> et <strong>le</strong>urs<br />
faib<strong>le</strong>sses. »<br />
ù<br />
Editions Char<strong>le</strong>s Cor<strong>le</strong>t, 2008.<br />
Et <strong>au</strong>ssi : Les Éphémères de Dan Bouchery<br />
(Editions Soc&Foc) ; A<strong>le</strong>nçon dans l’Orne<br />
de Pierre-Marie G<strong>au</strong>tier (L’Ornal Editions) ;<br />
Les Gran<strong>des</strong> Enquêtes <strong>des</strong> petits filous<br />
(Vagabondages) ; La Normandie <strong>des</strong><br />
photographes (Editions PTC), Normandie<br />
Juin 44 (Vagabondages).<br />
Dans cet ouvrage, Marie-Odi<strong>le</strong> Laîné mê<strong>le</strong><br />
habi<strong>le</strong>ment références biographiques et extraits<br />
<strong>des</strong> écrits de Barbey d’Aurevilly. La prouesse mérite<br />
d’être soulignée. Car en cette grande année Barbey<br />
que fut 2008, <strong>le</strong>s raccourcis furent hâtifs et souvent<br />
erronés. Accompagné par <strong>le</strong> trait nerveux et saisissant<br />
de Christophe Rouil, <strong>le</strong> texte de Marie-Odi<strong>le</strong> Laîné<br />
donne véritab<strong>le</strong>ment envie de (re)découvrir l’<strong>au</strong>teur<br />
du Cotentin, de <strong>le</strong> relire. Mais c’est <strong>au</strong>ssi l’occasion<br />
de parcourir bourga<strong>des</strong>, marais et lan<strong>des</strong> manchois<br />
guidés par Barbey. Marie-Odi<strong>le</strong> Laîné sait y faire ! El<strong>le</strong><br />
crée et anime <strong>le</strong>s bala<strong>des</strong> littéraires de l’association<br />
Pages et paysages. El<strong>le</strong> a donc su tirer de chaque<br />
nouvel<strong>le</strong>, de chaque roman la phrase clé. Cel<strong>le</strong> qui<br />
fera écho <strong>au</strong> paysage et à l’homme derrière l’<strong>au</strong>teur.<br />
El<strong>le</strong> consacre ainsi un chapitre <strong>au</strong>x églises, abbayes<br />
Le Connétab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Régent & son Ombre - Éditions du Frisson esthétique<br />
Gourmont face à Barbey<br />
Les Éditions du Frisson Esthétique sont très<br />
attentives à une figure majeure de la littérature<br />
symboliste en France, Remy de Gourmont. On doit à cet<br />
éditeur installé dans la Manche la publication de deux de<br />
ses romans, Sixtine et Un cœur virginal. Gourmont fut<br />
<strong>au</strong>ssi un critique littéraire réputé, lu tant en France qu’à<br />
l’étranger. Le voici présent <strong>au</strong> catalogue <strong>des</strong> Éditions<br />
du Frisson Esthétique avec cet ouvrage de Christian<br />
Buat : Le Connétab<strong>le</strong> <strong>le</strong> Régent & son Ombre, publié<br />
en octobre 2008, un ouvrage qui donne à lire <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s<br />
de Remy de Gourmont et de son frère Jean consacrés à<br />
Barbey d’Aurevilly, <strong>le</strong> Connétab<strong>le</strong>.<br />
Christian Buat – à l’origine de la publication de Sixtine<br />
à partir du manuscrit <strong>des</strong> Archives départementa<strong>le</strong>s de<br />
la Manche – est un <strong>le</strong>cteur attentif <strong>des</strong> chroniques que<br />
Gourmont a publiées dans différents journ<strong>au</strong>x à la fin du<br />
XIX e sièc<strong>le</strong> et dans la première décennie du XX e sièc<strong>le</strong>.<br />
Il était à même de présenter Gourmont avec vivacité<br />
et justesse, de préciser sous quels pseudonymes il<br />
s’exprimait dans <strong>le</strong> Mercure de France, à côté de son<br />
propre nom, d’annoter <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s que Gourmont a<br />
rédigés sur <strong>des</strong> œuvres de Barbey ou sur <strong>des</strong> ouvrages<br />
consacrés à ce même Barbey. Le Connétab<strong>le</strong> <strong>le</strong> Régent &<br />
son Ombre propose, après une présentation p<strong>le</strong>ine<br />
d’empathie pour Gourmont, de nombreux artic<strong>le</strong>s<br />
critiques sur Barbey, de février 1890 à mars 1935 (à<br />
la <strong>le</strong>cture on découvre, à côté <strong>des</strong> artic<strong>le</strong>s de Remy et<br />
de son frère Jean, <strong>des</strong> artic<strong>le</strong>s dus à divers <strong>au</strong>teurs,<br />
entre <strong>au</strong>tres L<strong>au</strong>rent Tailhade et Léon Bloy). Ce qui fait<br />
l’intérêt de cet ouvrage, c’est la place accordée à Remy<br />
de Gourmont attentif à l’œuvre de cet <strong>au</strong>tre écrivain<br />
normand, Barbey.<br />
Dans sa présentation, Christian Buat note fort justement<br />
que Gourmont était un <strong>le</strong>cteur tout acquis à Barbey dès<br />
ses années de <strong>format</strong>ion à Coutances, qu’il avait songé<br />
à réunir <strong>des</strong> notices sur divers écrivains dont Barbey,<br />
et châte<strong>au</strong>x dans l’œuvre <strong>au</strong>revillienne. « Ce besoin<br />
de l’écrivain d’asseoir son imaginaire sur <strong>le</strong> tangib<strong>le</strong>,<br />
ajouté à sa nostalgie du passé, particulièrement du<br />
passé aristocratique, peut expliquer l’importance<br />
dans son œuvre <strong>des</strong> sites chargés d’histoire, et<br />
particulièrement <strong>des</strong> châte<strong>au</strong>x. » Le <strong>le</strong>cteur suivra<br />
Barbey et Marie-Odi<strong>le</strong> Laîné dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s manchoises,<br />
« <strong>des</strong> décors réels, qui par <strong>le</strong>ur configuration, <strong>le</strong>ur<br />
histoire, confèrent <strong>au</strong>x situations et <strong>au</strong>x personnages<br />
toute <strong>le</strong>ur vérité » : Coutances, Avranches, Valognes,<br />
Caen… On retrouve <strong>le</strong>s personnages de Barbey : <strong>le</strong><br />
chevalier Destouches, Jeanne Le Hardouey, Néhel de<br />
Néhou, Hermangarde… Ils prennent chair dans <strong>le</strong>s<br />
peintures et <strong>des</strong>sins de Christophe Rouil, magnifiques.<br />
Ainsi, Julien et Marguerite de Rava<strong>le</strong>t, <strong>le</strong>s « amants<br />
m<strong>au</strong>dits » du châte<strong>au</strong> de Tourlavil<strong>le</strong> revivent sous ses<br />
mars 2009 - livre / échange 12<br />
notices qui <strong>au</strong>raient pu être illustrées par <strong>le</strong> Nabi <strong>au</strong>x<br />
bel<strong>le</strong>s icônes, M<strong>au</strong>rice Denis. Avant de donner à lire<br />
divers artic<strong>le</strong>s classés chronologiquement, C. Buat a<br />
retenu cette étude de Gourmont - « La vie de Barbey<br />
d’Aurevilly » - très souvent citée par <strong>le</strong>s commentateurs<br />
de Barbey, dans laquel<strong>le</strong> Gourmont pointe <strong>le</strong>s<br />
contradictions qui habitent Barbey. Il fallait en effet<br />
commencer par ce vibrant hommage à Barbey, « l’un<br />
de ces classiques singuliers et comme souterrains qui<br />
sont la véritab<strong>le</strong> vie de la littérature française ». Les<br />
artic<strong>le</strong>s de Gourmont n’ont pas tous <strong>le</strong> même intérêt :<br />
certains abordent <strong>des</strong> points de détail biographique,<br />
rapportent <strong>des</strong> anecdotes ; importent davantage <strong>le</strong>s<br />
pages consacrées par Gourmont à Barbey critique, trop<br />
souvent négligé, et à l’écrivain. À propos de cet ensemb<strong>le</strong><br />
monumental Les Œuvres et <strong>le</strong>s Hommes en vingt<br />
volumes, Gourmont dit l’essentiel : « Injustes souvent,<br />
mais toujours logiques et en concordance avec ses<br />
principes, ses jugements sont légitimés par <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt et<br />
<strong>le</strong> courage ». Pour ce qui est <strong>des</strong> romans, découverts fort<br />
tôt, Gourmont est enthousiaste. Ils l’emportent quant <strong>au</strong><br />
sty<strong>le</strong> devant ceux de Balzac ! Les Diaboliques, voici un<br />
recueil de nouvel<strong>le</strong>s qui séduit p<strong>le</strong>inement Gourmont,<br />
ce « libertin mystique » à entendre Rachilde.<br />
Barbey d’Aurevilly et Gourmont étaient <strong>au</strong> programme<br />
<strong>des</strong> Célébrations nationa<strong>le</strong>s 2008. Tous deux ont été<br />
l’objet d’un colloque en Normandie. Les Editions du<br />
Frisson Esthétique ont su <strong>le</strong>s réunir dans un même<br />
mouvement d’hommage.<br />
Gérard Poulouin<br />
ù<br />
Le Connétab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Régent & son Ombre, Christian Buat (Éditions du<br />
Frisson esthétique, Agne<strong>au</strong>x, 2008). À signa<strong>le</strong>r éga<strong>le</strong>ment : un essai<br />
consacré à Barbey, Un réfractaire, Barbey d’Aurevilly par François<br />
Taillandier (Bartillat, 2008). Un romancier contemporain propose<br />
une analyse stimulante d’un grand aîné.<br />
Pages à pas en Normandie avec Ju<strong>le</strong>s Barbey d’Aurevilly - CRDP / Isoète<br />
Sur <strong>le</strong>s pas de Barbey d’Aurevilly<br />
cou<strong>le</strong>urs, tels qu’ils avaient troublé Barbey lorsqu’il<br />
découvrit <strong>le</strong> Châte<strong>au</strong> en 1882. Dessins en noir et blanc<br />
ont l’intensité <strong>des</strong> textes de Barbey. Rouges sombres<br />
et noirs semblab<strong>le</strong>s à la nuit la <strong>le</strong>ur disputent.<br />
Au final, un très be<strong>au</strong> travail d’édition comme sait<br />
toujours <strong>le</strong> faire l’éditeur manchois Isoète, en<br />
partenariat ici avec <strong>le</strong>s éditions du CRDP à Caen. Et<br />
un ouvrage clé pour comprendre l’attachement de<br />
Barbey à sa région nata<strong>le</strong> et la place de cel<strong>le</strong>-ci dans<br />
son œuvre.<br />
ù<br />
Pages à pas en Normandie avec Ju<strong>le</strong>s Barbey d’Aurevilly,<br />
texte de Marie-Odi<strong>le</strong> Laîné et illustrations de Christophe Rouil<br />
(CRDP/Isoète, 2008).