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Bulletin N° 4 - Louis-xvii.com

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2ème trimestre 1992 <strong>N°</strong>4 10 mai 1794<br />

BULLETIN DE<br />

L’INSTITUT LOUIS XVII<br />

PÉRIODIQUE D’INFORMATION TRIMESTRIEL<br />

ORGANE DE SOUTIEN<br />

à<br />

SAR Mgr Charles <strong>Louis</strong> Edmond de BOURBON et à son fils SAR Hugues de BOURBON<br />

A LA MEMOIRE DE LOUIS XVII MORT A DELFT LE 1O AOUT 1845<br />

LOUIS XVII<br />

et<br />

LA HOLLANDE<br />

-----------------------------------------------------------------<br />

SECRETARIAT DE L’INSTITUT LOUIS XVII<br />

3, rue des Moines – 75017 Paris<br />

Tél : 42 28 61 00<br />

ADHESION A L’ASSOCIATION :<br />

Sympathisant : 50 francs<br />

Actif : 100 francs<br />

Bienfaiteur : à partir de 200 francs<br />

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Soutien : 200 francs<br />

Prix du numéro : 30 francs.<br />

Les règlements sont acceptés par chèque bancaire, chèque postal ou mandat, à l’ordre de l’Institut<br />

<strong>Louis</strong> XVII.<br />

Seuls les articles non signés engagent la responsabilité de l’Institut <strong>Louis</strong> XVII.<br />

Les auteurs des articles publiés sous leur signature en gardent la responsabilité.<br />

1


TABLE DES MATIERES<br />

La maladie, le décès et les obsèques de <strong>Louis</strong> XVII à Delft 3<br />

Tableau chronologique 26<br />

2<br />

Pages<br />

Itinéraire de la famille princière 27<br />

La tombe de <strong>Louis</strong> XVII 28<br />

Acte de rectification du nom de Bourbon 30<br />

Tableau généalogique 34<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

La maladie, le décès et les obsèques de <strong>Louis</strong> XVII à Delft(1845à)<br />

Paris, H. Daragon, 1907, in-8, 36 p. br.. orné d’un portrait par Otto Friedrichs.<br />

<strong>Louis</strong> XVII reconnu<br />

Documents authentiques.<br />

Paris, Lib. d’éducation A. Hatier, 32 p. br. 111<br />

Savilane<br />

<strong>Louis</strong> XVII et la Hollande<br />

La Légitimité, 1886, n° 13 à 22.<br />

La Reine Emma de Hollande<br />

La Légitimité, Janv – Fev.- Mars 1934, pp. 11-13<br />

Etude de l’itinéraire de <strong>Louis</strong> XVII<br />

L. Champion et Romaney<br />

La Légitimité, 1932, pp. 409-411


LA MALADIE, LE DÉCÈS<br />

ET<br />

LES OBSEQUES DE LOUIS XVII<br />

A DELFT (Hollande)<br />

Le 25 janvier 1845, <strong>Louis</strong> XVII, venant d’Angleterre, débarquait à Rotterdam dans<br />

l’intention de traverser la Hollande pour gagner la Suisse, où il devait s’entendre avec le<br />

Gouvernement au sujet de la vente de quelques unes de ses remarquables inventions militaires.<br />

Il serait trop long de raconter ici 1 par suite de quelles circonstances <strong>Louis</strong> XVII fut amené à<br />

se fixer en Hollande. Il suffit de savoir qu’il fit, à Rotterdam, la connaissance de van Buren, l’un des<br />

plus célèbres avocats du royaume, qui devint son ami et le principal promoteur de son établissement<br />

définitif dans les Pays-Bas.<br />

Van Buren mit l’illustre Proscrit, <strong>com</strong>me l’appelait de Joly, dernier ministre de la Justice de<br />

<strong>Louis</strong> XVI, en rapport avec son gouvernement pour doter la Hollande de ses inventions de défense<br />

et d’attaque militaires qui furent à cette époque et pour l’époque, d’une importance de tout premier<br />

ordre.<br />

A ce sujet, l’illustre van Buren s’exprime <strong>com</strong>me suit dans son témoignage intitulé :<br />

Déclaration de Mtre H-J. van Buren, jurisconsulte à Rotterdam, concernant la personne prétendant<br />

être Charles <strong>Louis</strong> de Bourbon, duc de Normandie 2 : « nous nous rendîmes le 19 mars à Vreda où<br />

nous fûmes reçu (sic) par le Gouverneur 3 qui, après avoir eu un entretien avec Monsieur Charles-<br />

<strong>Louis</strong>, dans lequel il s’assura de ne pas avoir à faire à un aventurier, mais à un homme d’un génie<br />

extraordinaire, convoqua l’Etat-Major de l’Académie.<br />

« Cet Etat-Major se <strong>com</strong>posait alors d’un Major de l’Artillerie, <strong>com</strong>mandant de l’Académie,<br />

de deux Capitaines d’Artillerie et de Génie, d’un Capitaine de Marine et de deux Lieutenants,<br />

auxquels Monieur de Bourbon fut présenté.<br />

« Lorsque la conférence eut eu lier et les modèles des obus, des bombes et des fusées eurent<br />

été exposés, l’importance en fut reconnue, et je reçus l’assurance qu’il s’agissait d’une affaire<br />

sérieuse et de grande portée.<br />

« En outre on avait décidé <strong>com</strong>me première épreuve de prouver la possibilité du non-recul<br />

des fusils et des canons.<br />

« Nous convinmes que je pouvais m’adresser au Gouvernement pour cette affaire réellement<br />

importante pour l’art de la guerre.<br />

« Je m’adressais donc au Ministre de la Marine 4 qui trouva la chose assez importante pour<br />

en faire l’expérience ; et me dit qu’il consulterait à cet égard son collègue le Ministre de la Guerre. 5<br />

« Ces messieurs résolurent d’autoriser le Gouverneur de l’Académie à faire des expériences<br />

avec le fusil, les fusées, les mines, etc.., aux frais de l’inventeur, mais que le Gouvernement<br />

accorderait le terrain nécessaire. ; »<br />

Ces expériences eurent un brillant succès, <strong>com</strong>me en témoigne un acte officiel dont voici les<br />

principaux passages :<br />

« les soussignés, officiers de l’armée Néerlandaise, certifient que Mr de Bourbon leur a<br />

demandé d’examiner quelques unes de ses inventions pyrotechniques…<br />

1 Cela a été dit dans la correspondance intime et inédite de <strong>Louis</strong> XVII, T. II, p. 38 et suivantes.<br />

2 Cette Déclarationn, in-folio, s.l..n. (Rotterdam ….) est actuellement rarissime.<br />

3 Seelig, le Gouverneur de l’Académie militaire de Breda<br />

4 Vice-Amiral Rijk<br />

5 Général List<br />

3


« Mr. De Bourbon a fait en notre présence les expériences suivantes :<br />

« 1° Un fusil de rempart ordinaire, du calibre d’un huitième de livre ancienne, a pu être tiré<br />

avec la charge de 28 grammes de poudre (charge réglementaire) et chargé à balle simplement<br />

appuyé contre l’épaule et sans être retenu par quoi que ce fût, le tir n’a pas produit plus d’effet sur<br />

le tireur qu’un fusil de munition ordinaire. Plusieurs officiers et élèves de l’Académie en ont fait<br />

l’expérience. Mr de Bourbon assure que ce changement fait au fusil de rempart est durable et ne<br />

saurait se déranger.<br />

« 2° Des fusées parties en notre présence et disposées dans un tube de tôle, garnies<br />

d’ailerons au lieu de la queue ordinaire se sont bien dirigées et toutes ont éclaté en touchant le<br />

terrain sablonneux des expériences.<br />

« 3° On a tiré, à la distance de quatre cents pas, contre une enceinte <strong>com</strong>posée de poutres<br />

verticales de 30 centimètres en sapin, enfoncées à un mètre dans le terrain et revêtues de terre, deux<br />

obus de 15 centimètres préparés (sic) par Mr de Bourbon. Toutes (sic) deux ont éclaté dans<br />

l’intérieur de l’enceinte en passant par le premier parvis. Les obus ordinaires ont traversé l’enceinte<br />

de part en part.<br />

« 4° Dans la même enceinte, l’inventeur a fait éclater une bombe en bois, chargée de sa<br />

<strong>com</strong>position. L’explosion a renversé les parvis et brisé en partie les poutres qui les <strong>com</strong>posaient.<br />

« 5° Enfin l’inventeur a fait éclater au fond d’un fossé de 1,6 mètre de hauteur d’eau au-dessous<br />

d’un radeau fortement relié, une mine de sa <strong>com</strong>position. Le radeau à été fracassé réduit en éclats,<br />

qui ont été lancés à plus de vingt mètres de hauteur avec une masse d’eau considérable.<br />

« En foi de quoi nous avons délivré le certificat que dessus et signé de nos noms.<br />

« Breda, le 13 avril 1845.<br />

« H.G. Seelig, colonel d’Artillerie<br />

« J.P. Delprat , Lieutenant-Colonel du Génie<br />

« G.A. van Kerkwijk, Capitaine-Ingénieur<br />

« Gobius, Capitaine d’Artillerie<br />

La <strong>com</strong>plète réussite de ces expériences préliminaires conduisit à une conférence avec les<br />

trois ministres, de la Marine, de la Guerre et des Colonies, qui aboutit, par arrêté royal, à la<br />

conclusion d’un traité. Ce fut le colonel de Bruijn 1 qu’on chargea de la rédaction de ce traité, au<br />

sujet duquel il écrivit à van Buren, dans une lettre d atée de la Haye le 7 juin 1845 :<br />

« Je viens de recevoir à l’instant l’ordre de rédiger l’esquisse d’une convention à passer<br />

entre le Ministre de Sa Majesté et M. de B… Cet ordre émane d’un très grand pouvoir et m’impose<br />

la plus grande célérité !... Toutefois, je ne pourrais faire mention dans cette écriture du nom <strong>com</strong>plet<br />

de l’inventeur ; cependant, je crois que le nom de Charles-<strong>Louis</strong> ne fera pas ombrage, et que<br />

l’inventeur ne se <strong>com</strong>promettra pas en ne faisant usage que d’une partie de son nom actuel… » 2<br />

C’est que l’arrêté royal de Guillaume II avait été un véritable acte d’énergie et de courage de<br />

la part de ce souverain au caractère si noble et si chevaleresque ! Les expériences auxquelles on<br />

s’était livré à Breda avaient en effet tonné bien au-delà du champ, relativement restreint, assigné à<br />

ces premières épreuves du génie balistique du prétendu Naundorff et avaient jeté un grand trouble<br />

dans les sphères gouvernementales de la France. Aussi lorsqu’on y apprit le nom fatidique de<br />

l’inventeur, on crut devoir s’opposer, par voie diplomatique, à ce qu’il gagnât ainsi honorablement<br />

le pain quotidien pour sa famille et pour lui-même…<br />

1 Le Colonel de Bruijn, chef du département de l’Artillerie au Ministère de la Guerre. Arnout Willem de Bruijn, né à<br />

Bergen-op-Zoom le 8 décembre 1794, est décédé le 14 octobre 1882 à Voorburg.<br />

2 Van Buren remarque à propos du Colonel de Bruijn : « un ministre d’un roi députerait-il un Officier supérieur de ce<br />

rang auprès d’un étranger inconnu, suspect d’usurpation de titres royaux, signant sous le cachet des armes Royales de<br />

France, s’appelant duc de Normandie par droit de naissance , mais qui par convenance se nommerait et signerait<br />

Charles-<strong>Louis</strong> et répondrait au nom simple de Monsieur <strong>Louis</strong> … bien qu’un roi de Prusse avait imposé le nom de<br />

Naundorff <strong>com</strong>me condition. »<br />

4


Une lettre du Colonel Seelig, gouverneur de l’Académie militaire de Breda, trahit à cet égard<br />

d’étranges immixtions de la par du gouvernement de <strong>Louis</strong>-Philippe, qui avait eu le courage de<br />

créer une origine fausse contre l’infortuné Prétendant 1 ; mais n’avait eu le courage de le juger,<br />

lorsqu’il eut lui-même régulièrement inscrit au rôle du Tribunal de la Seine son procès en<br />

revendication d’état 2 Voici donc ce qu’écrivit le gouvernement de l’Académie militaire de Breda à<br />

l’avocat van Buren :<br />

« … Les Excellences de la justice et des affaires étrangères sont dans l’embarras à cause de cette<br />

affaire, et en opposition avec d’autres intérêts. Je suis très curieux de connaître votre conférence<br />

avec la première de ces Excellences, et j’ai la confiance que vous direz une parole énergique pour le<br />

soutien de notre indépendance, afin que nous ne soyons pas abaissés à la condition d’instruments<br />

de la police française… »<br />

Eh bien, malgré cette pression honteuse, le traité fut conclu « par arrêté royal » et la seule<br />

concession qui fut faite à l’indigne gouvernement orléâne, c’est de ne faire usage, dans l’acte<br />

officiel, que des personnes de l’inventeur. C’était presque le traiter en anonyme, mais aussi, pour<br />

ainsi dire, en souverain, puisque les souverains ne signent que leurs prénoms… Bientôt du reste, et<br />

devant la certitude de l’identité du prétendu Naundorff avec le fils de <strong>Louis</strong> XVI, la Hollande<br />

n’allait plus même y mettre cette demi-sourdine. « Naundorff » fut même légalement reconnu pour<br />

ce qu’il prétendait être. Mais n’anticipons pas.<br />

C’est donc à la suite du traité conclu, par arrêté royal, avec le gouvernement de la Hollande<br />

que l’infortuné Proscrit était venu à Delft. C’est là, en effet, où se trouvent les établissements<br />

pyrotechniques, les arsenaux d’Artillerie et de Construction, qu’il devait continuer sur une grande<br />

échelle ses expériences que la mort trop tôt vint interrompre…<br />

5<br />

<br />

En attendant son établissement à Delft, le Prince était allé loger à la Haye, à l’hôtel « les<br />

deux villes », et se trouvant dans le proche Schéveningue, il s’y était tout d’un coup senti indisposé.<br />

Van Buren dit à ce sujet, dans son témoignage déjà cité :<br />

« Cette indisposition se manifesta par des symptômes tellement violents qu’il pensait être<br />

empoisonné. Sa constitution extraordinairement robuste, fit résistance au poison. Il quitta l’Hôtel<br />

dès que l’état de sa santé le permit, et revint à Rotterdam à son premier Hôtel « Dès qu’il se crut<br />

suffisamment rétabli, il se rendit à Delft et <strong>com</strong>mença ses travaux par les deux problèmes les plus<br />

faciles pour lui, c’est-à-dire, l’application du non-recul des armes à feu et la construction de bombes<br />

qui devaient éclater au moment de contact.<br />

« Mais l’indisposition maligne avait attaqué ses forces vitales et re<strong>com</strong>mença ses ravages,<br />

qui le conduisirent dans la phase d’une fièvre typhoïde. »<br />

C’est de l’arrivée à Delft et de la maladie, de la mort et des obsèques du second Roi Martyr<br />

que rend <strong>com</strong>pte le document qui suit, et que rédigea, le 14 août 1845, quatre jours après le décès<br />

de <strong>Louis</strong> XVII, Casparus Bekker, propriétaire de l’hôtel Casino à Delft où il était descendu.<br />

L’original de cette relation est rédigé en langue hollandaise. Il entra en ma possession en<br />

1905, et quelque temps après, à l’occasion de l’anniversaire du décès de <strong>Louis</strong> XVII, il a été<br />

simultanément publié dans deux journaux hollandais, à Delft et à la Haye.<br />

1 Dans la question <strong>Louis</strong> XVII, numéro exceptionnel de la Revue la Plume, et dans l’introduction à la<br />

Correspondance intime et inédite de <strong>Louis</strong> XVII, j’ai approuvé, d’après des documents authentiques tirés des<br />

Archives secrètes de Berlin, que c’est en falsifiant un rapport officiel de la Prusse que le gouvernement de<br />

<strong>Louis</strong>-Philippe créa contre l’infortuné Prétendant la fausse origine prusso-polonaise et juive, qu’ensuite des<br />

centaines, des milliers d’adversaires peu scrupuleux de <strong>Louis</strong> XVII n’ont pas craint de propager contre lui.<br />

« Calmoniez , calomniez, il en restera toujours quelque chose ».. Estimez, si vous le pouvez, le tort<br />

incalculable que ces mille bouches de la Renommée odieusement frelatée ont fait à la vérité historique, et<br />

dites-moi si ce n’est pas là un crime irrémissible dont il doit rester « quelque chose » <strong>com</strong>me une<br />

malédiction sur ses indignes fauteurs…<br />

2 Voir la Correspondance intime et inédite de <strong>Louis</strong> XVII, t. II P. 221 et suivantes


Ce document est encore inédit en langue française et je l’ai traduit afin qu’il ne soit pas<br />

perdu pour l’histoire de <strong>Louis</strong> XVII et pour la majorité de ceux qui ont le cœur assez haut placé<br />

pour s’intéresser à cette illustre victime de la Raison d’Etat – autrement dit du Crime d’Etat, <strong>com</strong>me<br />

<strong>Louis</strong> Blanc le faisait remarquer, précisément à propos de <strong>Louis</strong> XVII.<br />

Voici ce document naïf mais sincère :<br />

« Mémoire de C.Bekker, propriétaire d’Hôtel et de café à Delft, pour servir où cela pourra<br />

être utile.<br />

Hôtel Café Casino<br />

« Le mercredi 2 juillet 1845, est arrivé à son hôtel Casino, sur le Oude Delft quartier 2<br />

n°62 1 . Charles-<strong>Louis</strong> de Bourbon, duc de Normandie, fils de <strong>Louis</strong> XVI, Roi de France. « S.H. est<br />

arrivé l’après-midi à 5 heures avec son fils Edouard et il a occupé à l’étage la grande chambre de<br />

derrière. S.H. était assez bien portant à ce moment, mais fit connaître qu’il avait été indisposé<br />

depuis environ huit jours. Le but de l’arrivée de S.H. à Delft était, pour autant que j’ai appris, qu’il<br />

était en négociation avec le gouvernement pour quelques inventions qu’il voulait lui céder et dont<br />

S.H. devait donner des expériences ici, à la Construction 2 S.H. après avoir été trois jours ici, était de<br />

nouveau indisposé, se plaignant de douleurs au côté qui devinrent d’une telle nature que le secours<br />

d’un médecin fut reconnu nécessaire. C’est pourquoi le colonel Guts 3 , qui connaissait S.H.<br />

délibérait avec moi pour chercher un docteur, savoir Monsieur le Dr Soutendam, ce qui eut lieu. Il<br />

jugea nécessaire d’appliquer à S.H. des cataplasmes au côté et de prendre des boissons pour<br />

transpirer, qui furent préparées chez le pharmacien Witt Hamer 4 . Cela dura quelque jours sans<br />

aucun succès sur quoi survinrent de violentes fièvres chaudes et froides, ainsi que la jaunisse, après<br />

quoi il fut décidé avec la collaboration du major C.T. van Meurs, sous-directeur des magasins des<br />

arsenaux et des constructions 5 , d’entrer en consultation avec le Premier Officier de Santé présent,<br />

Monsieur Kloppert. Ces consultations ont duré quelques jours, après quoi quelque amélioration se<br />

montra chez le patient, même à tel point que Monsieur Soutendam, n’y vit plus aucun danger et osa<br />

risquer de remettre le patient seul à son honorable collègue Kloppert, <strong>com</strong>me devant se trouver pour<br />

une huitaine à Haarlem à une assemblée pour affaires religieuses. Alors, après environ quatre jours,<br />

la maladie s’accrut à nouveau si subitement en violence, que par haute intervention de la Haye fut<br />

ordonnée une consultation avec le chirurgien-major Snabilié 6 celui-ci a aidé à soigner environ huit<br />

jours S.H. et, entre autres, a fait donner à S.H. aussi un bain chaud, avec de l’eau froide sur sa tête,<br />

ce qui n’a amené aucun changement dans la maladie ; dans cet intervalle Monsieur le Dr Soutendam<br />

est revenu, de sorte qu’alors, à eux trois, Messieurs les Docteurs traitèrent le patient, sur quoi à la<br />

fin, il fut décidé d’envelopper sa tête de glace, n’a pu empêcher que S.H. est décédé le dimanche 10<br />

août 1845, l’après-midi à 2h/I2 aux suites de sa maladie, en présence de la famille de S.H. qui était<br />

venue ici d’Angleterre lundi 4 août . 7 Au décès de S.H. étaient présents l’épouse de S.H. 1<br />

1 Cette maison existe encore. Elle porte essentiellement le n°40<br />

2 Lisez : aux ateliers de constructions militaires (pyrotechnie)<br />

3 H.G.D.Goetz Lieutenant-Colonel, Commissaire de la milice.<br />

4 P.M. de Witt Hamer Je conserve <strong>com</strong>me une relique une petite boîte provenant de ce pharmacien et ayant<br />

contenu les poudres prescrites le 3 aoùt 1845 à « Mjn Heer<strong>Louis</strong> » Cette boîte avait été religieusement<br />

conservée par la fille de M.Bekker que j’ai pu retrouver à Amsterdam l’année dernière.<br />

5 C.T. van Leurs, plus tard général, aide-de-camp du Roi et Ministre de la Guerre, est né à La Haye le 13<br />

novembre 1799 et décédé dans la même ville le 29 janvier 1894.<br />

6 Snabilié était le Chirurgien-Major du corps des Grenadiers, c’est-à-dire de la Garde du Roi Guillaume II.<br />

7 A propos de l’arrivée de la famille du Proscrit, l’avocat van Buren note dans son témoignage « chacun<br />

demeura stupéfait de la ressemblance des divers membres avec les gravures bien connues représentant la<br />

famille Royale de <strong>Louis</strong> XVI, la Reine Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, etc.. et ceci ne contribua pas peu<br />

à fortifier la conviction de plusieurs personnes que celui qui avait vécu quelques mois parmi nous et nous<br />

déplorions la perte, avait bien réellement été le Fils de tant de rois, l’Orphelin du Temple. » Le août 1905, à<br />

la Haye, le général Gijsberri-Hodenpijl m’a raconté qu’étant venu avec ses parents à Delft en 1848, à l’âge<br />

de 10 ans, il avait en revenant de l’église wallonne un dimanche matin, passé devant une maison de l’Oude<br />

Delft et avait vu à une fenêtre « la Reine Marie-Antoinette » Et il est rentré disant à son père : « Papa, j’ai vu<br />

la Reine Marie-Antoinette. Donne-moi le livre avec les portraits, je te la montrerai « . Et son père lui ayant<br />

donné le livre, il lui avait montré un portrait de Marie-Antoinette qui s’y trouvait en disant : « Regarde, c’est la<br />

même « . et son père lui avait répondu : « ce n’est pas étonnant, car la maison devant laquelle tu es passé<br />

6


, le fils aîné de S.H. 2 Sa fille aînée 3 et la fille plus jeune 4 ,le <strong>com</strong>te de la Barre 5 , Monsieur Tucker 6 ,<br />

chirurgien-major Snabilié, l’officier de santé klopper, major van Meurs et ma femme Gertrude<br />

Bekker, née Klein ; le mardi suivant, le 12 août, a eu lieu un examen du cadavre 7 qui fut<br />

notariellement rédigé par Monsieur le notaire Scholten, en présence du Colonel de Bruin, major van<br />

Meurs, chirurgien-major Snabilié, de l’officier de santé Kloppert, Dr Soutendam, du Comte de la<br />

Barre, Edouard de Bourbon, de Monsieur Tucker, avocat van Buuren 8 de Rotterdam (qui traitait les<br />

affaires de S.H.), du notaire Scholten et 2 témoins, Monsieur de Bak et Monsieur Schagen de<br />

Leerwen ; S.H. fut dans l’après-midi de mercredi à 2 heures, mis dans un cercueil en plomb, fait par<br />

le fondeur en plomb Verhulst, et recouvert par un cercueil en bois, fait par le charpentier den<br />

Braenker 9 , après quoi le cercueil fut soudé et <strong>com</strong>plètement fermé. Le même jour, à la même heure,<br />

S.H. a été porté dans le cercueil au bas de l’escalier que le Très-Noble avait monté six semaines<br />

avant. Après cela, à 10 heures du soir, après que le cercueil eût été scellé en présence du major van<br />

Meurs, du <strong>com</strong>te de la Barre, docteur Soutendam, officier de santé Kloppert, de M. Tucker,<br />

Edouard de Bourbon, fils de S.H. et avocat van Buuren. S.H. a été transporté de mon hôtel à la<br />

maison dans la Voorstraat que le Très-Noble avait louée et qui fut installée par Mr l’avocat van<br />

Buuren, et qui après le décès de S.H. avait été occupée par la famille. Après cela, S.H. fut, le jour<br />

suivant, jeudi 14 août 1845, enterré de là le matin à 7 heures dans un des caveaux du cimetière<br />

<strong>com</strong>munal de cette ville, où différents officiers supérieurs et autres s’étaient réunis pour témoigner<br />

au défunt les derniers honneurs. Mr l’avocat van Buuren ainsi que le major Van Meurs adressèrent<br />

un discours touchant au fils du défunt et à ses autres amis, dans lequel ils essayèrent de dépeindre<br />

de la manière la plus belle, les vertus de cet hommes et sa vie infortunée, et avec ceci était terminé<br />

son existence sur cette terre.<br />

« ainsi rédigé selon la vérité. »<br />

Delft, le 14 août 1845<br />

w.g.Casparus Bekker.<br />

N.B. Monsieur Tucker était un anglais et ami du défunt, à ce qu’il parut travaillant avec lui dans la<br />

préparation des expériences concernant le secret. « C.Bekker »<br />

est habitée par une famille qui s’appelle de Bourbon ». Pour qu’un enfant de l’âge de 10 ans pût à tel point<br />

être frappé de la ressemblance d’Amélie, fille aînée du prétendu Naundorfft avec Marie-Antoinette, cette<br />

ressemblance a dû criante. E je pourrais citer de nombreuses preuves de la phénoménale ressemblance<br />

des enfants du Procrit avec les Bourbons, depuis <strong>Louis</strong> XIV jusqu’à <strong>Louis</strong> XVIII, sans oublier on le voit,<br />

Marie-Antoinette survivant en Amélie – ce qui du reste n’a rien pour nous surprendre puisque celle-ci était la<br />

petite-fille de cella-là ! Du moins, cette ressemblance d’Amélie avec Marie-Antoinette plaide-t-elle, <strong>com</strong>me<br />

celle den sesnfrères et sœurs avec les différents Bourbons, éloquemment en faveur de l’identité de son père<br />

avec le fils de <strong>Louis</strong> XVI.<br />

1 Jeanne Friedericke Einert, née à Halvelberg le 27 février 1803, décédée à Bréda le 8 juin 1833.<br />

2 Charles-Edouard né à Spandau le 23 jiuillet 1821, décédé à Bréda le 31 janvier 1866.<br />

3 Jeanne-Amélie, née à Spandau le 31 aoùt 1819, décédée à Messac (ile-et-vilaine) le 28 décembre 1891.<br />

4 Marie-Antoinette née à Crossen le 13 mars 1829n décédée à Breda le 17 mars 1893.<br />

5 Lisez : <strong>com</strong>te de la Barre, le dévoué ami et défenseur de <strong>Louis</strong> XVII.<br />

6 Un jeune anglais, Douglas Tucker, aide-mécanicien, amené de Londres par le Prince.<br />

7 Cet examen du cadavre n’a été qu’extérieur et ne doit pas être confondu avec une autopsie. C’est l’avocat<br />

van Buren qui fit procéder à cet examen pour relever les signes dont le corps était marqué. Voir plus loin ce<br />

procès-verbal.<br />

8 Lisez Van Buren<br />

9 Lisez Den Braanker, Jasper den Braanker vit encore. Lors de l’exhumation suivie de l’inhumation dans la<br />

tombe restaurée qui eut lieu en 1904. M. den Braan,ker, un superbe veillard de plus de 80 ans, avait tenu à<br />

confectionner de ses propres mains le nouveau cercueil en bois qui devait remplacer l’ancien cercueil fait<br />

par lui en aoùt 1845 et qui était tombé en <strong>com</strong>plète vétusté.<br />

Au moment où je corrigeais les épreuves du tirage à part de cette étude, j’ai reçu la nouvelle du décès de M.<br />

den Braanker, mort à Delft, le 18 mai 1907, à l’âge de 85 ans.<br />

7


Après avoir lu la relation simple et naïve de Casparus Bekker, voyons quelles sont, sur ce<br />

mémorable évènement qui devait terminer toute une vie de Martyr, les observations faites par les<br />

médecins et amis du défunt.<br />

D’abor écoutons les docteurs Soutendam et Kloppert se réunissant pour rendre le<br />

témoignage suivant :<br />

« Nous, soussignés, docteurs, médecins en fonction à Delft ; Jean Soutendam et Jean Gérard<br />

Kloppeert, autrefois officiers de santé et <strong>com</strong>me tel adjoint <strong>com</strong>me médecin consultant par feue<br />

S.exc. le ministre List, déclarons avoir traité en 1845 celui qui alors se nommait Charles-Guillaume<br />

Naundorff, plus tard évidemment étant Charles-<strong>Louis</strong> de Bourbon, duc de Normandie.<br />

Beaucoup d’intérêt fut témoigné à l’auguste malade. Des bulletins furent envoyés<br />

journellement sur l’état de sa santé au ministre susdit qui de temps en temps vint en personne<br />

prendre des informations.<br />

Nous autres médecins, nous n’avons pas besoin de déclarer que nous avons observé et<br />

soigné avec intérêt le patient ; la maladie considérée en elle-même (typhus ecteroïdes) était<br />

psychologiquement très intéressante.<br />

Les pensées du malade s’arrêtaient principalement sur feu son malheureux père <strong>Louis</strong> XVI,<br />

sur le spectacle effroyable de la guillotine ; ou il joignait les mains pour prier et demandait avec des<br />

paroles entrecoupées de bientôt rejoindre au ciel son royal père. Presque jusqu’au dernier soupir ce<br />

fut ainsi, et Charles-<strong>Louis</strong> de Bourbon mourut en notre présence le 10 août 1845.<br />

Delft, le 30 mai 1872.<br />

Signé : « Jean Soutendam, médecin-docteur<br />

J.G. Kloppert, Médecin chirurgien 1<br />

Supposer que le lecteur pourrait croire qu’un ministre serait venu en personne pour prendre<br />

des informations sur la santé d’un « imposteur », ce serait, je crois, faire cruelle injure à son bon<br />

sens …<br />

Van Buren fait à ce sujet des remarques qui confirment cette manière de voir :<br />

« Il nous fut bien prouvé pendant sa maladie que les Ministres savaient à quoi s’en tenir à<br />

cet égard, car de la part du Gouvernement, deux médecins militaires furent adjoints au Médecin<br />

civil de Delft, le premier de ces deux médecins militaires 2 était le chirurgien-major du Corps des<br />

Grenadiers, c’est-à-dire de la Garde du Roi ; et journellement on faisait rapport à sa Majesté de<br />

l’état de l’illustre patient. »<br />

Mais voyons <strong>com</strong>ment s’exprime le général van Meurs, si souvent cité par Casparus Bekker<br />

et qui fut en effet de ceux qui ont le plus intimement connu le prétendu Naundorff dans cette<br />

dernière période de sa vie :<br />

3 « Au <strong>com</strong>mencement du mois de juillet 1845, M. Naundorff a pris froid, lequel gagnait en<br />

peu de jours assez d’importance et le força de garder le lit ; pendant cette indisposition il se<br />

tourmenta beaucoup d’être toujours séparé de sa famille, laquelle se trouva encore à Londres. Le 19<br />

juillet M. le <strong>com</strong>te de la Barre me pria de tâcher de lui procurer les moyens nécessaires pour<br />

pouvoir ramener la famille, car leur présence aurait certes une très bonne influence sur la santé du<br />

1 Plaidoirie de Mr. Jules Favre, etc Paris 1874, p. 303<br />

2 C’est-à-dire le chirurgien-major Snabilié, avec qui, d’après la relation de Casparus Bekker, une concultation<br />

concultation fut ordonnée « par haute intervention de la Haye »<br />

3 Ce témoignage qui a paru en entier dans la Correspondance intime et inédite de <strong>Louis</strong> XVII (T.I p. 43), est<br />

à lire attentivement parce que sa rédaction, textuellement reproduite, pourrait parfois induire en confusion,<br />

van Meurs ayant été peu habitué à rédiger des rapports en langue française. J’ajoute ça et là une<br />

parenthèse pour éclairer le texte.<br />

8


duc de Normandie. Quelques démarches faites dans ce but par le soussigné le lendemain, eut pour<br />

résultat que M. de la Barre put partir immédiatement pour Londres. Pendant l’absence du Comte, la<br />

maladie du Prince empirait de jour en jour et lui donna (à van Meurs) des grandes inquiétudes ; il ne<br />

quittait plus le malade et le 1et août il envoyait un exprès au ministre de la Guerre pour l’informer<br />

de l’état du noble patient en le priant de lui donner assistance du 1 er médecin militaire de la<br />

garnison, lequel traiterait le malade de concert avec son médecin civil. Le ministre m’envoyait de<br />

suite l’Inspecteur général du service sanitaire de l’armée, lequel trouva le malade dans une fièvre<br />

typhoïde et donna l’ordre au 1 er médecin militaire de la garnison de soigner l’auguste malade. Le 4<br />

août au soir toute la famille ac<strong>com</strong>pagnée du <strong>com</strong>te de la Barre est arrivée de Londres.<br />

« De revoir sa famille le soussigné espérait un bon résultat, mais hélas ! la maladie avait déjà<br />

fait trop de progrès et le pauvre Prince diminuait d’heure en heure ; - il (van Meurs) ne l’a plus<br />

quitté, jour et nuit il est resté près de lui et la 10 août, quart avant trois heures après-midi le<br />

malheureux martyr fut par la mort délivré de ses souffrances.<br />

«Toutes les relations que le Prince m’a fait de sa vie, ma présence continuelle dans sa<br />

chambre pendant sa maladie, m’ont mis à même de pouvoir bien observer toutes ses actions, toutes<br />

ses paroles. Rh bien ! tout ce qu’il (van Meurs) a entendu lui dire, alors qu’il (le Prince) pensait haut<br />

dans ses nuits sans sommeil, tout ce qu’il a dit aussi dans son délire et même peu avant sa mort ;<br />

tous ces évènements et la triste fin de cette vie de malheur sont pour lui (van Meurs) autant de<br />

convictions que le nommé Naundorff était le duc de Normandie, le véritable Dauphin, fils de <strong>Louis</strong><br />

XVI, martyr de la politique et de la haine de ses plus proches parents.<br />

« En foi de quoi, je signe cette déclaration.<br />

Van Meurs<br />

Lieutenant-Général<br />

La Haye<br />

Ce 24 juin 1872<br />

Imaginer que le lecteur pourrait être de l’avis que le moribond, en parlant « presque jusqu’au<br />

dernier soupir » de <strong>Louis</strong> XVI <strong>com</strong>me de son père, selon le témoignage des docteurs Soutendam et<br />

Klopper ; que le mourant en pensant « haut dans ses nuits sans sommeil » et en parlant « dans son<br />

délire et même peu avant sa mort » <strong>com</strong>me le dit le général van Meurs, aurait seulement songé à<br />

jouer le dernier acte d’une <strong>com</strong>édie, ce serait, je crois, jeter un tragique doute sur l’équilibre des<br />

facultés intellectuelles du lecteur…<br />

9<br />

<br />

Quoiqu’il en soit, le Prince, à la vue de qui ses ennemis avaient tant de fois attenté avec le succès…<br />

négatif de ne le blesser deux fois que grièvement 1 , est bien mort enfin et voici l’acte de décès de<br />

celui, qu’à plus juste titre que <strong>Louis</strong> XVI, on peut appeler le Roi-Martyr :<br />

1 Le premier attentat eut lieu le 28 janvier 1834 à Paris. Le Prince, qui par son apparition sur la scène<br />

politique gêna si terriblement tous ceux qui avaient leur « siège fait » sous l’égide de Henri V, reçut plusieurs<br />

coups de poignard, dont l’un s’arrêta seulement à quelques lignes du cœur.<br />

Le deuxième attentat contre l’infortuné prétendant fut perpétré à Londres le 16 novembre 1838. On<br />

déchargea sur lui deux pistolets à la fois. Cette fois encore il fut gravement atteint.<br />

Ces attentats qui ,n’ont été que trop réels, sont-ils un seul instant <strong>com</strong>patibles avec l’idée de l’imposture ? Il<br />

serait ridicule et odieux à la fois de le soutenir.


Province de Hollande Méridionale Commune de Delft<br />

ETAT-CIVIL<br />

« Dans l’an mil huit cent quarante cinq, le douze du mois d’août, à six heures de l’aprèsmidi,<br />

ont <strong>com</strong>paru devant Nous, Daniel van Koetsveld, officier de l’état-civil de la <strong>com</strong>mune de<br />

Delft, Charles-Edouard de Bourbon, âgé de vingt quatre ans, sans profession, et Modeste Gruau,<br />

<strong>com</strong>te de la Barre, âgé de cinquante ans, ancien procureur du roi, près le Tribunal de première<br />

instance de Mayenne, en France, tous les deux ici domiciliés, le premier étant fils, et le second ami<br />

du décédé ci-dessous désigné, lesquels nous ont déclaré que, le dix août de cette année, vers trois<br />

heures de l’après-midi, dans la maison n°62, quartier 2 du vieux Delft, est décédé Charles-<strong>Louis</strong> de<br />

Bourbon, duc de Normandie, <strong>Louis</strong> XVII (ayant été connu sous les noms de Charles-Guillame<br />

Naundorff) né au château de Versailles, en France, le vingt sept mars dix sept cent quatre vingt<br />

cinq, et par conséquent, âgé de soixante ans passés, demeurant dans cette ville, fils de feu Sa<br />

Majesté <strong>Louis</strong> XVI, roi de France, et de son Altesse impériale et royale Marie-Antoinette, archiduchesse<br />

d’Autriche, reine de France, tous les deux morts à Paaris ; époux de Madame la duchesse<br />

de Normandie née Johanna Einert, demeurant ici.<br />

10<br />

Signés : Charles-Edouard de Bourbon<br />

M. Gruau, <strong>com</strong>te de la Barre<br />

Daniel van Koetsveld<br />

L’illustre avocat van Buren, plusieurs fois cité déjà, déclare dans son témoignage, au sujet<br />

de l’acte de décès qu’on vient de lire : Le Bourguemaître de Delft, M. van Berkel, chef de l’Etat<br />

civil, ayant hésité de rédiger un acte de décès selon notre déclaration, alla s’en rapporter en<br />

personne au ministère de la Justice, dont il retourna tranquilisé de pourvoir librement rédiger l’acte<br />

de décès du défunt conforme à la déclaration de la Famille et <strong>com</strong>me nous l’avions présenté.<br />

Cet acte de décès n’était donc pas un acte de coupable <strong>com</strong>plaisance ou d’ignorante naïveté.<br />

Le gouvernement, cela est évident, savait ce qu’il faisait.<br />

<br />

Ce même jour du 12 août 1845 eut lier l’examen du cadavre signalé par Casparus Bekker.<br />

Voici l’acte qui fut dressé de cet évènement par le notaire Scholten :<br />

Copie de l’acte de l’examen du cadavre<br />

De Charles-<strong>Louis</strong> de Bourbon, duc de Normandie (<strong>Louis</strong> XVII)<br />

« Aujourd’hui, le douze août dix-huit cent quarante-cinq, le soir à six heures, à la requête de<br />

Charles-Edouard de Bourbon, aussi connu sous le nom de Naundorff, sans métier ou qualité civile,<br />

demeurant à Delft, dans le Voorstreet quartier 5, n°87, ac<strong>com</strong>pagné du Très noble et sévère M.<br />

Cornelis Theodorus van Meurs, major d’artillerie, chevalier de l’Ordre du Lion Néerlandais,<br />

demeurant à Delf, quartier 5 <strong>N°</strong>6, et de Maître Hendrik Jacobus van Buren, avocat et juge suppléant<br />

auprès du Tribunal d’arrondissement à Rotterdam, demeurant dans cette ville, au Leuvenhaven C<br />

<strong>N°</strong>51, tous deux connus à moi notaire, ont déclaré que le nommé Charles-Edouard de Bourbon,<br />

aussi connu sous le nom de Naundorff, leur est connu <strong>com</strong>me tel qu’il s’est ci-dessus nommé et<br />

qualifié.<br />

« Je me suis, moi, Simon Adrianus Scholten, notaire dans l’arrondissement de la Haye,<br />

province de la Hollande du Sud, résidant à Delft, assisté de Messieurs Carel Heyne den Bak, clerc<br />

du secrétariat de la ville d’ici, et de Adriaan Marius Schagen de Leuwen, clerc de mon bureau, à<br />

moi notaire connu, rendu dans une maison sise à l’Oude Delft, quartier 2, <strong>N°</strong>62, à Delft, dans une


des chambres de laquelle le requérant m’a montré un cadavre, qu’il me déclara, à moi notaire, être<br />

celui de son père Charles-<strong>Louis</strong> de Bourbon, duc de Normandie ( <strong>Louis</strong> XVII ayant été connu sous<br />

le nom de Charles-Guillaume Naundorff, né au château de Versailles en France le vingt sept mars<br />

dix-sept cent quatre vingt cinq, et donc âgé de plus de soixante ans, demeurant en cette ville, fils de<br />

feu Sa Majesté <strong>Louis</strong> XVI, roi de France et de son Altesse impériale Royale Marie-Antoinette,<br />

archiduchesse d’Autriche, Reine de France, tous deux morts à Paris, étant le nommé Charles-<strong>Louis</strong><br />

de Bourbon, Duc de Normandie (<strong>Louis</strong> VII), le père du requérant, dont il déclarait le cadavre être<br />

étendu là, décédé dans la maison décrite ci-dessus, quartier 2 n°62 à Delft, le 10 août dix-huit cent<br />

quarante-cinq, et que cela est constaté dans les registres des actes de décès de cette ville, dans l’acte<br />

qui en a été aussi dressé aujourd’hui par les employés de l’état-civil sous le numéro 338.<br />

« Faisant, lui requérant, cette déclaration en présence des Messieurs sus-nommés van Meurs<br />

et van Buren, lesquels certifiaient de reconnaître le cadavre présent pour celui du père du réquerant.<br />

« Et étaient également présents les Messieurs Jan Soutendam, médecins-doctors demeurant à<br />

Delft, <strong>Louis</strong>-Philippe-Jacob Snabilié , médecins-doctors, premiers Officiers de Santé de deuxième<br />

classe, Chevaliers de l’Ordre militaire de Guillaume de quatrième classe, demeurant à la Haye, et<br />

Johannes Gerardus Kloppert, Médicina et Artis Obstetricia doctor, Officier de Santé de deuxième<br />

classe, demeurant à Delft, tous à moi notaire connus ; lesquels Messieurs déclaraient également<br />

reconnaître le cadavre présent pour celui de la personne qu’ils ont soignée <strong>com</strong>me médecin durant<br />

sa dernière maladie. Et le requérant a prié les médecins sus-nommés de déclarer leurs observations<br />

sur les signes extérieurs anormaux qui marquaient le cadavre.<br />

« Et après que les nommés médecins avaient à cette fin examiné le cadavre susdit, ils ont<br />

relevé les signes suivants :<br />

Premièrement au front : une cicatrice de deux pouces néerlandais au-dessus de la racine du<br />

nez, <strong>com</strong>mençant à la ligne médiane du front le long du côté droit vers le bas, courant en demi-lune<br />

de la longueur d’un pouce néerlandais.<br />

Deuxièmement à l’occipput : une cicatrice un peu enfoncée à la partie droite du haut sur le<br />

côté 1 . Troisièmement à la figure :<br />

a) A la partie du milieu intérieur de la lèvre supérieure, une petit cicatrice.<br />

b) Les deux incisives du milieu de la mâchoire inférieure s’avançant quelque peu.<br />

c) A la partie extérieure médiane du menton une cicatrice superficielle non adhérente<br />

grande environ d’un pouce néerlandais.<br />

Quatrièmement à la poitrine : deux pouce au côté gauche du sternum (mesure néerlandaise) une<br />

cicatrice linéaire non adhérente de la grandeur d’un pouce néerlandais ; de même une cicatrice<br />

angulaire sis à un pouce néerlandais plus bas, dont la hauteur ne peut <strong>com</strong>me il le faut être fixée,<br />

parce que par le développement du gaz existant déjà notablement les côtes ne peuvent pas être<br />

<strong>com</strong>ptées.<br />

Cinquièmement aux extrémités supérieures :<br />

a) à la partie postérieure de l’épaule gauche, une cicatrice de la grandeur d’un pouce<br />

néerlandais.<br />

b) au bras supérieur gauche, dans le milieu de la partie intérieure de la troisième partie,<br />

trois cicatrices d’inoculation, dans la forme d’un triangle dont la base est tournée vers le bas.<br />

c) une cicatrice au côté intérieur du biceps et de la grandeur d’un pouce néerlandais ; de<br />

même une cicatrice à la face intérieure du triceps à peu près à la troisième partie supérieure du bras<br />

supérieur de la longueur de deux pouces néerlandais.<br />

d) à la surface supérieure du petit doigt droit une cicatrice partant du côté radial de<br />

l’ongle et s’étendant près d’un pouce néerlandais à travers.<br />

Sixièmement aux extrémités inférieures :<br />

A la partie médio intérieure de la cuisse gauche une superficielle irrégulière tache de mère (noevus<br />

maternus) étendue, non garnie de cheveux.<br />

1 Voir au sujet de cette cicatrice le témoignage inédit du Lieutenant-général Steuerwald publié dans la Revue<br />

historique de la Question <strong>Louis</strong> XVII, numéro de mars-avril-mai 1906.<br />

11


« Et le requérant m’a prié, moi notaire, de ce qui est ci-dessus mentionné, un acte soit dressé dans<br />

mes minutes ce qui est ceci ; et après que celui-ci fût lu au requérant, aux témoins qui l’assistent,<br />

aux médecins nommés et aux témoins également présents Carel Heyne den Bak et Adriaan Marius<br />

Schagen van Leeuwen, tous deux ci-dessus nommés, tous ont immédiatement après la lecture signé<br />

ici.<br />

« (signé) : Charles-Edouard de Bourbon. Van Meurs, Van Buren, Jan Soutendam, Docteur<br />

Snabilié, Dr Kloppert, C. Heyne den Bak, A.M. Schagen van Leeuwen, F.A.Scholten, notaire.<br />

« Enregistré à Delft le treize août dix huit cent quarante cinq. Partie quarante six, folio trente<br />

cinq, verso <strong>com</strong>partiment trois à sept. Reçu quatre-vingt cents pour droit faisant avec trente-huit<br />

pour cent de surface un florin dix cents et demi contenant deux pages six renvois.<br />

« Le reveveur (signé)V. de Mandele<br />

« Remis pour copie de l’acte ci-dessus, reposant dans le dépôt général des minutes registres<br />

et répertoires de notaires dans l’arrondissement La Haye, par moi soussigné Abraham, Johannès<br />

Terlaak notaire, résidant à La Haye, par désignation du Tribunal de l’arrondissement de cette ville,<br />

du huit janvier dix-neuf cent quatre désigné <strong>com</strong>me dépositaire.<br />

A.J.Terlaak<br />

12<br />

<br />

Mais il faut nous arracher à l’illusion qui nous fait voir l’infortuné Prince plein de vie, grâce<br />

aux descriptions des témoins les plus <strong>com</strong>pétents du monde puisque, ayant personnellement connu<br />

le Dauphin jeune, ainsi que ses parents, ils l’ont reconnu en « Naundorff » et dès lors n’ont pas<br />

hésité à se porter garants de son identité avec <strong>Louis</strong> XVII. Il ne faut pas oublier que le prétendu<br />

Naundorff tant persécuté est mort enfin pour la plus grande satisfaction des ennemis acharnés à sa<br />

perte et que « l’examen du cadavre », examen qu’il n’était pas inutile, je pense, de parfaire à la<br />

lumière de la critique historique, nous a confirmé son identité avec le fils de <strong>Louis</strong> XVI.<br />

Aussi, est-ce conformément à cette identité que l’on procéda à l’inhumation de la plus<br />

infortunée des victimes de la politique ( 1 ).<br />

Les vanités de la gloire ont créé un immortalité factice parmi,les hommes ; mais l’héritage<br />

des persécutions et du martyre pour la vertu et l’innocence, conduisent à l’immortalité auprès de<br />

Dieu.<br />

« Qu’une pompe funèbre conduise un Souverain impie, de son trône ai tombeau ! que sera-til<br />

aux yeux de l’Etre Suprême ?<br />

« Mais aspirer à l’Eternité pour se consoler de l’extermination de sa race, de l’état d’oubli<br />

d’origine désavouée et sacrifiée aux horreurs de l’opprobre ; c’est acquérir un nom Céleste au lieu<br />

d’un nom Effacé.<br />

Ce cercueil renferme-t-il le Fils d’un Roi et d’une Reine ? Sa vie et sa mort ont répondu à<br />

cette question. Mais le crime couvre le monde des ténèbres. Et le triomphe de la vertu est redouté<br />

par l’Univers.<br />

L’orateur récita ensuite une poésie dont voici les derniers vers :<br />

Descends au tombeau âme vertueuse<br />

Prie avec le Christ pour le monde en deuil,<br />

Sauve de le terre ta race pieuse,<br />

Et livre ici aux Rois l’exemple d’un cercueil.<br />

1 Les frais de l’enterrement de Charles-<strong>Louis</strong> de Bourbon, duc de Normandie – c’est ainsi que s’exprime la<br />

facture dont j’ai l’original sous les yeux – s’élevèrent à la somme de 333 florins 10 cents, sans les cerceuils<br />

de plomb et de bois. Ce dernier, qui renferma le cercueil en plomb, avait été fourni par J. den Braanker au<br />

prix de 60 florins. Il était en bois de chêne de 2 pouces d’épaisseur et pourvu d’anses et de vis de cuivre. Je<br />

n’ai pu retrouver la facture du cercueil de plomb qui fut livré par un nommé ver Hulet.


Je regrette que le discours du major van Meurs, plus tard aide de camp du Roi, lieutenantgénéral<br />

et ministre de la guerre, ne nous ait pas été conservé. Mais les termes de son témoignage,<br />

cité plus haut permettent de deviner quelles ont dû en être les idées générales. L’homme qui écrivait<br />

le 14 juin 1850, dans une lettre inédite, je crois, à Gruau de la Berre : Veuillez s.v.p. être mon<br />

interprète près de la Princesse Amélie et son frère Edouard, et leur dire que je suis infiniment<br />

reconnaissant pour le don du portrait de leur infortuné Père, dont la rencontre offre dans ma vie un<br />

page de douleurs, dont l’impression me restera toujours bien chère et laquelle ne s’effacera jamais<br />

de ma mémoire »<br />

Cet homme-là, à coup sûr, a,dans son discours, dignement célébré les mérites et les vertus<br />

du second Roi-Martyr…<br />

Casparus Bekker dit dans son témoignage que différents officiers supérieurs et autres<br />

s’étaient réunis au cimetière <strong>com</strong>munal de Delft pour témoigner au défunt les derniers honneurs.<br />

Voici la liste de ces officiers : le Colonel de Bruijn, chef du Département de l’Artillerie au ministère<br />

de la Guerre ; M.G.D.Goëtz, Lieutenant-Colonel, <strong>com</strong>missaire de la milice, chevalier de l’Ordre<br />

miliaire de Guillaume de 4 e classe ; A.F.Brade, Lieutenant-Colonel d’Artillerie, inspecteur des<br />

armes portatives, chevalier de l’ordre militaire de Guillaume 4 e classee ; J. Thiel, Major d’infanterie<br />

pensionné ; C.T. van Meurs,major d’Artillerie, sous-directeur des arsenaux et ateliers de<br />

construction du royaume, chevalier de l’ordre du Lion néerlandais ; J. Wessels, Capitaine d’étatmajor<br />

; G.C. Harte, idem ; C.G. van Dentzsch, Capitaine-<strong>com</strong>mandant la <strong>com</strong>pagnie des ouvriers<br />

d’artillerie ; J.C. Verheyen van Sonsbeek, Premier-lieutenant près la <strong>com</strong>pagnie des ouvriers<br />

d’artillerie ; C.Konig, Capitaine près le 3 e régiment d’artillerie ; T.J.J.Schepern, premier lieutenant,<br />

adjudant près le 3 e régiment d’artillerie ; T.H.L. Glansbeck, Premier lieutenant près le 3 e régiment<br />

d’artillerie ; W.H.Köhler, Premier lieutenant, idem ; A.L.Buhlman, Deuxième lieutenant,idem ;<br />

J.G.Kloppert, méd. Dr officier de santé de 2 e classe.<br />

Peut-on croire un seul instant que cette suite d’officiers aurait rehaussé les obsèques du prétendu<br />

Naundorff et lui aurait ainsi rendu les derniers honneurs, si, officiellement, on n’avait pas eu<br />

pertinemment qu’il en était digne ? …<br />

Et c’est ainsi parce qu’il en était digne que la tombe de l’infortuné fils de <strong>Louis</strong> XVI et de Marie-<br />

Antoinette fut recouverte d’une pierre qui porte l’inscription suivante qu’on peut encore y lire<br />

aujourd’hui :<br />

Ici repose<br />

LOUIS XVII<br />

Charles-<strong>Louis</strong>, duc de Normandie<br />

Roi de France et de Navarre<br />

Né à Versailles le 27 mars 1785<br />

Décédé à Delft le 10 août 1845.<br />

Dans le même témoignage déjà cité, l’illustre avocat van Buren déclare :<br />

« La pierre qui recouvre le tombeau, acheté par moi dans ce but pour la famille, porte le nom et le titre du<br />

Duc, ce qui n’eût pas été permis sans autorisation du Gouvernement dans un cimetière de la <strong>com</strong>mune de<br />

Delft dépendant de l’administration locale…<br />

« Son nom et qualité ciselés sur la pierre sépulcrale qui couvre sa tombe, furent admis au cimetière<br />

<strong>com</strong>munal, <strong>com</strong>me une manifestation publique de ce qui cesserait désormais d’être un secret. »<br />

Cette parole se trouve être de plus en plus vraie et elle reçoit tous les jours une s anction plus grande.<br />

13


TABLEAU CHRONOLOGIQUE<br />

3 janvier 1945 <strong>Louis</strong> XVII venant d’Angleterre débarque à Rotterdam.<br />

9 mars 1945 Le Prince est reçu par le Gouverneur de l’Académie militaire de Bréda.<br />

9 avril 1845 Il expérimente ses inventions devant l’état-major de l’Académie. En attendant son<br />

établissement à Delft, le Prince loge quelques temps à La Haye , à l’hôtel des « deux villes »<br />

avant de regagner Rotterdam.<br />

30 juin 1843 Un traité, sur ordre du Roi, est conclu entre le ministre de la Guerre et Charles-<strong>Louis</strong>.<br />

6 jullet 1845 Il se rend à Delft et s’installe à l’hôtel Casino, sur le Oude Delft, quartier 2 , n°62, avec son<br />

fils aîné Charles-Edouard, qu’il a fait venir d’Angleterre. Le Prince se trouve indisposé pour<br />

la seconde fois.<br />

20 juillet 1845 Devant l’aggravation de son état de santé, le Comte de la Barre obtient l’autorisation de<br />

regagner l’Angleterre à des fins de ramener le reste de sa famille à ses côtés.<br />

4 août 1845 Le <strong>com</strong>te de la Barre est de retour avec Jeanne Einert et la petite famille princière.<br />

10 août 1845 Ce dimanche vers 2h30, Charles-<strong>Louis</strong>, duc de Normandie expire, son épouse, son fils aîné,<br />

Charless-Edouard et deux de ses filles, Jeanne Amélie et Marie-Antoinette, sont à ses côtés.<br />

12 août 1845 La dépouille du fils du Roi Martyr est confié à l’examen des trois médecins qui l’ont soigné.<br />

Un procès-verbal est dressé par le notaire Scholten.<br />

14 août 1845 Ce jeudi, vers 7 heures du matin, le Prince est enterré dans un caveau <strong>com</strong>munal du cimetière<br />

de Delft, en présence de la majeure partie des officiers militaires de l’endroit.<br />

1 er octobre 1845 Charles-Edouard s’installe <strong>com</strong>me directeur, dans l’atelier de pyrotchnique de Delft.<br />

13 octobre 1845 Un nouveau contrat, par autorité royale, est passé entre le ministre de la Guerre et Charles-<br />

Edouard.<br />

29 août 1850 La famille <strong>com</strong>posée de Jeanne Amélie, majeure, Charles-Edouard majeur, et de dame<br />

Jeanne-Frédérique Einert, veuve de Charles Guillaume agissant tant en son nom que <strong>com</strong>me<br />

tutrice légale de ses enfants mineurs, Marie-Antoinette, <strong>Louis</strong> Charles Edmond, Augusta<br />

Maria Thérésa, Adelberth, Ange Emmanuel, assigne la duchesse d’Angoulême, le duc de<br />

Bordeaux et sa sœur la duchesse de Parme à <strong>com</strong>paraître par-devant la première chambre du<br />

Tribunal civil de 2ère instance de la Seine.<br />

19 octobre 1851 La duchesse d’Angoulême décède à Frohsdorf.<br />

22 décembre 1863 Adelberth obtient la naturalisation hollandaise<br />

13 avril 1872 Les princes et princesse Amélie, Marie Antoinette, <strong>Louis</strong> Charles, MarieThértèse, Adelberth<br />

et Ange Emmanuel de Bourbon interjettent appel du jugement de 1851 et assignent le <strong>com</strong>te<br />

de Chambord à <strong>com</strong>paraître devant la cour d’appel de Paris.<br />

9 août 1891 Christina Schoenlau veuve de Charles Edmond de Bourbon obtient la modification des actes<br />

de naissance de ses enfants et le reconnaissance du nom « de Bourbon »<br />

28 septembre 1895 <strong>Louis</strong>-Charles de Bourbon, pour faire suite à la requête qu’il lui a adresée, obtient de S.M. la<br />

reine Wilhelmine le remise en état de la tombe de <strong>Louis</strong> XVII, duc de Normandie.<br />

14 juin 1904 Exhumation du cercueil de <strong>Louis</strong> XVII en présence de H.J.E. de Bourbon, lieutenantd’infanterie<br />

au service des Pays-Bas et petit-fils du Roi-Martyr.<br />

18 juin 1904 A lieu la réinhumation.<br />

14


ITINÉRAIRE DE LA FAMILLE PRINCIÉRE<br />

La famille du Prince va séjourner plusieurs années à Delft. Charles-Edouard décède en<br />

1866, voorstraat quartier 5n° 87. En 1850, elle quitte Delft pour Breda. Elle y demeurera<br />

probablement jusqu’en 1872.<br />

Ensuite, elle s’installe à Maëstricht dans la « botte » du Limbourg sur la rive gauche de la<br />

Meuse, de 1872 à 878 (witmarkerstraat n°2400)<br />

En 1876, Madame Amélie ayant accepté la main de M. Abel Laprade, se retire « au logis »,<br />

<strong>com</strong>mune de Mazerolles près Lussac-les-Châteaux (Vienne).<br />

La famille repart une seconde fois pour Bréda et plus probablement à Téteringen près Bréda<br />

de 1878 ( ?) à 1899 ( ?). Les deuils vont alors se succéder :Ange-Emmanuel d’abord à Batavia<br />

(1878), Charles-Edmond (1883) à Breda, dans une maison située au Haagdyk wyk C, n°119, Jeanne<br />

Einert à Bréda (1888), Marie-Antoinette à Bréda (1893) et enfin <strong>Louis</strong>-Charles en 1899 à Ginneken<br />

(fg de Bréda).<br />

Adelberth quant à lui, s’est marié en 1865 à Utrecht à Marie du Quesn. Ils demeurent à<br />

Arnhem. Il décèdera à Bergen-op-Zoom dans le nord Brabant, le 18 octobre 1887.<br />

De cette dernière génération, il ne restera que Marie-Thérèse, Madame Amélie ayant fini ses<br />

jours à Messac (ile et vilaine) où elle s’est eteinte en 1891.<br />

A Sa Majesté la Reine,<br />

Madame,<br />

LA TOMBE DE LOUIS XVII<br />

« Je prends la très respectueuse liberté de déposer aux pieds de Votre Majesté la requête suivante<br />

que son bon cœur, tout autant que son esprit de justice, accueilleront favorablement, je ne puis en<br />

douter.<br />

Il y a cinquante ans, tout juste, cette année-ci, votre admirable grand-père le Roi Guillaume<br />

II, autorisait mon infortuné père, le duc de Normandie, miraculeusement retiré des mains de ses<br />

ennemis de la Tour du Temple à Paris, à venir résider sur le territoire néerlandais. Le 30 juin 1845,<br />

par cet acte passé entre lui et le ministre de la guerre, le résultat de ses travaux de mécanique<br />

militaire, était pris en sérieuse considération et il fallait enfin pouvoir retrouver par le travail une<br />

situation que les méchancetés et les intrigues des politiciens lui avaient fait perdre, lorsqu’il mourut<br />

à la suite d’une terrrible maladie.<br />

Le 10 août Dieu le rappelle à lui. Quinze officiers supérieurs et toute la ville de Delft, où il<br />

avait fixé sa résidence, ac<strong>com</strong>pagnaient sa dépouille mortelle au cimetière. Le ministre de la justice<br />

autorisa l’inscription dans les registres de l’Etat-Civil <strong>com</strong>me fils de S.M. <strong>Louis</strong> seize, roi de<br />

France, et de Son Altesse impériale et royale Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, reine de<br />

France. Le gouvernement autorisa également l’inscription sur la pierre tombale du cimetière des<br />

noms qui confirment cette noble origine.<br />

Mon père dort donc, de son dernier sommeil à Delft, car depuis un demi-siècle, rien n’y a<br />

été possible, en attendant toujours que les évènements se soient passés, qui y aient permis le<br />

transport de ses cendres dans la basilique de Saint-Denis.<br />

C’est avec cet espoir que j’entoure cette chère tombe de piété.<br />

Plusieurs fois l’an je visitais cet endroit et jusqu’ici j’avais toujours constaté que la<br />

Hollande, cette seconde patrie de notre famille lui continuait l’hospuitabilité.<br />

Votre Majesté jugera dès lors de mon indignation lorsqu’il y a quelques jours, ac<strong>com</strong>pagné<br />

d’un avocat français qui avait voulu se rendre <strong>com</strong>pte par lui-même de la loyauté du gouvernement<br />

hollandais à l’égard de mon père, j’ai constaté que le Bourgmestre de Delft avait laissé convertir cet<br />

endroit, sacré pour moi, en un dépôt d’ordures.<br />

15


C’est là non seulement une offense à une auguste mémoire ; c’est en même temps une offense à la<br />

couronne de S.M. le roi Guillaume II. C’est une offense aussi pour tous les français qui viennent<br />

me visiter et me montrer ainsi qu’ils gardent au moins un inaltérable souvenir.<br />

J’ai donc la confiance qu’après enquête faite, Votre Majesté voudra bien me faire rendre<br />

justice, en donnant au Bourgmestre de Delft qui oublie le respect dû à un illustre mort, triplement<br />

sacré par l’exil, le malheur et la protection de Votre Maison Royale, les instructions nécessaires<br />

pour enlever les traces de ses incroyables manquements.<br />

Je prie, Votre Majesté, de bien vouloir agréer le très respectueux hommage de l’admiration<br />

et du dévouement de son fidèle serviteur,<br />

L.C. de Bourbon<br />

Tétéringsche DyK près Bréda.<br />

Ministère des Affaires Intérieures<br />

28 septembre 1895<br />

<strong>N°</strong> 4579, division B B.<br />

Le Ministère des Affaires Intérieures,<br />

D’après l’autorisation de laVeuve Reine Régente, du 14 septembre folio n°15, donnant suite<br />

à la supplique de L.C. de Bourbon de Bréda Tétéringsche dyK pour donner l’ordre au Bourgmestre<br />

de Delft de faire remettre la tombe du père d l’adressant dans le plus parfait état. Prenant en<br />

considération, après renseignements pris, l’objet de la supplique, il fait connaître au réclamant que<br />

des dispositions sont prises pour mettre un terme à l’état dont il se plaint.<br />

S’Gravenhage (La Haye)<br />

28 septembre 1895<br />

Van Houten<br />

La reconnaissance nous fait un devoir de rappeler ici que, quelques années plus tard, en 1904, S.M.<br />

la Reine Wilhelmine, héritière des nobles traditions de la Maison d’Orange, autorisa<br />

personnellement la restauration officielle de la tombe de <strong>Louis</strong> XVII et son maintien dans le<br />

cimetière désaffecté de Delft, confirmant ainsi la justice de l’attitude de son loyal grand-père, le roi<br />

Guillaume II, envers le fils persécuté de l’infortuné roi <strong>Louis</strong> XVI.<br />

Les descendants de <strong>Louis</strong> XVII et la Légitimité présentent à S.M. La Reine des Pays-Bas et<br />

à S.A.R. la Princesse Juliana, son auguste fille, leurs condoléances les plus profondes et les plus<br />

respectueuses.<br />

Acte de rectification du nom<br />

de Bourbon<br />

TRADUIT DU HOLLANDAIS<br />

Extrait des minutes déposées au Greffe du Tribunal d’arrondissement de Maëstricht<br />

Au Tribunal d’Arrondissement de Maëstricht, aux honorables Président et Juges, la soussignée :<br />

Chrisina (Christine) SCHOENLAU,<br />

Sans profession, demeurant à Breda, veuve de Charles-Edmond de Bourbon, avec qui elle a contracté mariage le vingtdeux<br />

mai mil huit cent soixante douze (pièce 11 et lequel est décédé le vingt-neuf octobre mil huit-cent quatre-vingt<br />

trois, Breda (voir pièce 2) agissant en sa qualité de mère et tutrice de ses enfants mineurs issus de son mariage avec son<br />

mari précité :<br />

1/ Auguste-Jean-Charles-Emmanuel et<br />

2/ Charles-<strong>Louis</strong>-Mathieu,<br />

Vient respectueusement exposer :<br />

Que suivant extraits ci-joints des Registres de l’Etat Civil de la <strong>com</strong>mune de Maëstricht, aux actes de naissance<br />

inscrits :<br />

16


1/ en l’an mil huit cent soixante douze, le six novembre (voir pièce 3) ;<br />

Auguste-Jean-Charles-Emmanuel , fils de Charles-Edmond NAUNDORF, dit de BOURBON, et de son<br />

épouse Christine SCHOENLAU ;<br />

2/ en l’an mil huit cent soixante quinze, le 4 mars (voir pièce 4)Charles-<strong>Louis</strong>-Mathieu, fils de Charles-<br />

Edmond NAUNDORF dit de BOURBON, et de son épouse Christine SCHOENLAU :<br />

Que la requérante agissant au nom et <strong>com</strong>me représentante des intérêts de ses enfants mineurs<br />

susnommés, souhaite voir modifier ces actes de naissance et le voir mettre d’accord avec le nom de famille de<br />

feu son époux et celui porté par son état civil ;<br />

Que c’est par erreur que le nom de famille du père des enfants sus-nommés est donné, dans ces actes<br />

de naissance étant :<br />

NAUNDORF dit de BOURBON<br />

Et qu’il convient que le nom de famille soit de BOURBON ;<br />

Qu’il est constant que ce père, l’époux de la demanderesse, ses parents et d’autres membres de la<br />

famille ont porté, en Hollande, où ils étaient établis, ce nom publiquement et sans constestation, pendant que,<br />

sous ce nom, des membres de cette famille ont servi le Gouvernement Néerlandais :<br />

Que cependant, Carl-Edmund ou Charles-Edmond de BOURBON, nommé ci-dessus, était le fils de :<br />

Charles-<strong>Louis</strong> de BOURBON, connu antérieurement sous les noms de : Charles-Guillaume pou <strong>Louis</strong>-Charles-<br />

Guillaume NAUNDORF , et de ; Johanna-Frieddrika ou Johanna (Jeanne Frédérique ou Jeanne EINERT),<br />

ainsi qu’il appert de l’acte de mariage de Charles-Edmond de BOURBON et Christine SCHOENLAU, daté de<br />

Maëstrich, le vingt-deux mai mil huit cent soixante douze (voir pièce 11) ;<br />

Que suivant l’acte de décès du père de Carl Edmund ou Charles-Edmond de BOURBON, établi le dix<br />

août mil huit cent quarante cinq par l’officier de l’état civil de Delft, acte dont extrait légalisé se trouve ci-joint,<br />

indiqué sous pièce n°5, le nom de famille est bien : de BOURBON ;<br />

Que ce même nom de famille est reproduit dan l’acte de Ginneken, le huit juin mil huit cent quatre<br />

vingt huit, de la mère du susnommé Carl-Edmund (Charles Edmond) de BOURBON, suivant extrait légalisé<br />

reproduit par la pièce 6 :<br />

Que dans un acte passé en présence du notaire Simon-Adrianus SCHOLTEN, résidant à Delft, en date<br />

du douze août mil huit cent quarante cinq, dont copie authentique est reproduite sous le n°7, un frère aîné du<br />

susdit Carl-Edmond, Charles-Edmond de BOURBON, est déclaré par des temoins honorables <strong>com</strong>me étant<br />

connu sous le nom de BOURBON ;<br />

Que par décret du vingt deux décembre mil huit cent soixante trois, Journal Officiel, numéro cent<br />

quarante cinq, un autre frère nommé ADELBERTH a été naturalisé sous le nom de famille de BOURBON, et<br />

que celui-ci a servi jusqu’à sa mort <strong>com</strong>me officier dans l’armée néerlandaise sous ce nom ;<br />

Que suivant l’expédition d’un jugement du Tribunal de Bois-le-Duc, en date du douze mars mil huit<br />

cent quatre vingt huit reproduit ci-joint sous le n° 81, le nom patronymique de BOURBON a été accepté sans<br />

conteste pour ledit ALDEBERTH et son père, et que dans ce décret ce nom patronymique a été donné dans<br />

tous les actes <strong>com</strong>me appartenant à cette famille :<br />

Que deux fils de feu Adelberth de BOURBON, susnommé, servent sous ce nom, <strong>com</strong>me officiers<br />

dans l’armée néerlandaise, la preuve pouvant en être fournie au besoin ;<br />

Que dans l’acte de naissance d’un plus jeune fils du susdit Carl-Edmund, Charles-Edmond, c’est-àdire<br />

dans celui de <strong>Louis</strong>-Charles, né à Breda le vingt neuf août mil huit cent soixante dix huit, le nom du père<br />

est indiqué <strong>com</strong>me étant : Charles-Edmond de BOURBON, suivant extrait légalisé reproduit sous le n°9<br />

Que ces mêmes noms et prénoms sont indiqués dans l’acte de décès de Charles-Edmond de<br />

BOURBON, en date à Bréda du vingt neuf octobre mil huit cent quatre vingt trois, suivant extrait légalisé<br />

reproduit ci-dessus sous le n°2 :<br />

Que la demanderesse, agissant au nom et <strong>com</strong>me représentante des intérêts de ses fils mineurs, fait<br />

remarquer que ceux-ci pourront avoir à reproduire à diverses reprises, soit si l’époque de leurs examens, soit<br />

dans d’autres circonstances pour la préparation de leur carrière sociale, leurs actes de naissance et celui de<br />

leur père.<br />

Qu’il en résulte, par conséquent, un intérêt majeur de mettre ces actes d’accord entre eux ;…<br />

Que cela est également désirable en ce qui concerne les noms propres, et qu’il est clair que les<br />

prénoms de Carl-Edmund (Charles-Edmond), reproduits dans quelques-uns des actes devraient être lus<br />

<strong>com</strong>me : Charles-Edmond, la famille étant d’origine française et tous les membres de la famille portant des<br />

noms français ;<br />

Raisons pour lesquelles la demanderesse requiert respectueusement le Tribunal qu’il lui plaise<br />

d’ordonner que dans les actes de naissance ci-dessus désignés, dont un extrait est reproduit ci-joint d’après les<br />

registres de l’Etat-Civil dela <strong>com</strong>mune de Maëstricht, savoir :<br />

1/ du six novembre mil huit cent soixante douze de : Jean-Charles-Emmanuel, fils de Carl-Edmund (Charles-<br />

Edmond ) NAUNDORF, appelé de BOURBON, et de son épouse Christina (Christine) SCHOENLAU.<br />

2/ du quatre mars mil huit cent soixante quinze de Charles-<strong>Louis</strong>-Mathieu, fils de Carl-Edmund (Charles-<br />

Edmond) NAUNDORF, dit de BOURBON et de son épouse Christina (Christine SCHOENLAU), le nom du<br />

17


père soit modifié et rectifié de telle façon que chaque fois au lieu de Carl-Edmund NAUNDORF, dit de<br />

BOURBON, il soit substitué Charles-Edmond de BOURBON.<br />

Et qu’ en conséquence ces modifications soient annotées en marge des susdits actes tant sur les Registres qui<br />

se trouvent au Greffe de votre Tribunal, avec stipulation que le fonctionnaire de l’Etat civil aussi bien que le Greffier<br />

du Tribunal puissent être contraints à faire ces annotations en vertu du jugement à intervenir à la suite de cette requête.<br />

Ce faisant, etc…<br />

Maëstricht, le quatorze mai mil huit cent quatre vingt onze<br />

Le Président<br />

Signé : Ch. BERGERES<br />

L’officier de Justice de ministères publics de Maëstricht conclut à l’acceptation de la requête ,<br />

Maëstricht, le seize mai mil huit cent quatre vingy onze<br />

Signé : A.M.B. HANLO<br />

Le Tribunal d’Arrondissement de Maëstricht, Première Chambre réunie en Conseil :<br />

Vu la requête reproduite ci-dessus, à la suite des conclusions établies par l’Officier de Justice ministère public.<br />

Vu les pièces produites par la demanderesse à l’appui de sa requête ;<br />

Vu les articles soixante-dix et suivants du Code civil et huit cent vingt neuf du Code judiciaire y faisant droit,<br />

Ordonne au nom du Roi,<br />

Les modifications dans les Registres de l’Etat Civil de la <strong>com</strong>mune de Maëstricht, en regard des actes de<br />

naissance visés, et cela de la façon suivante :<br />

Que dans ces actes de naissance en dates du six novembre mil huit cent soixante douze et quatre mars mil huit<br />

cent soixante quinze, il soit indiqué chaque fois, à côté du nom du père, au lieu des mots :<br />

Carl-Edmud NAUNDORF, dit de BOURBON , les mots : Charles-Edmond de BOURBON :<br />

Charge le fonctionnaire de l’Etat Civil de la <strong>com</strong>mune de Maëstricht d’inscrire ce jugement et après production<br />

dans les Registres courants de l’Etat Civil de la <strong>com</strong>mune de Maëstricht ;<br />

Ordonné, en outre, que les modifications reproduites ci-dessus, seront indiquées en marge des actes de<br />

naissance rectifiés tant par le fonctionnaire de l’Etat Civil de la <strong>com</strong>mune de Maëstricht dans le double des Registres<br />

qui existent aux Archives ce la <strong>com</strong>mune, que par le Greffier du Tribunal d’arrondissement de Maëstricht dans le<br />

double des Registres qui se trouvent au Greffe du Tribunal, avec stipulation que cela a lieu en vertu du présent<br />

jugement.<br />

Ainsi fait en Chambre du Conseil du Tribunal précité, le vingt mai mil huit cent quatre vingt douze, par<br />

Messieurs BERGERS, président. REYNEN et van SCHAIK, juges, baron von GENSAU greffier.<br />

Signé : CH. Bergers, von Gensau<br />

La grosse délivrée au Procureur, Monsieur SAVELBERG a été enregistré Maëstricht le vingt-six mai mil huit<br />

cent quatre vingt douze, volume 120, folio 3 recto, case 5, six feuilles, un renvoi. Reçu pour droits, trois florins,<br />

soixante cents …<br />

Le Receveur<br />

Sig. Lannoy<br />

Pour copie conforme.<br />

Le Greffier du Tribunal d’Arrondissement ci-dessus<br />

Sig. Von Gensau<br />

Enregistré à Maëstricht le trois août mil huit cent quatre vingt onze. Volume 129, folio recto case 2 six feuilles sans<br />

envoi.<br />

Reçu pour droits trois florins soixante cents (Fl. 3601)<br />

Le Receveur<br />

Sig. : (illisible).<br />

Vu par nous, Président du Tribunal d’Arrondissement de Maëstricht, pour la légalisation de la signature cidessus,<br />

du varon von GENSAU, greffier dudit Tribunal.<br />

Maëstricht, le 4 août 1891<br />

Sig : A. AUPELS<br />

Vice-Président<br />

(suit la liquidation des frais s’élévant à Florins 8,50)<br />

18


-- A LIRE ---<br />

MICHEL BLOIT – PASCLAL PAYEN – APPENZELLER<br />

Les mystères de Paris en 1789<br />

Les grandes et petites affaires qui ont marqué l’année, extraites des archives inédites des <strong>com</strong>missaires de Police.<br />

Paris, Sylvie Messinger, éditrice, 1989, 233 p.<br />

ROBERT CHARTIER<br />

Les origines culturelles de la Révolution française.<br />

Paris, Edition du Seuil, 1990 249 p.<br />

Si le sujet a fait, depuis deux siècles couler beaucoup d’encre, certaine livres restent rares, ainsi nous<br />

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Toulouse, L. Sistac et J. Boubée, s.d. IIe éd. In-18 13- CXXXVIII-10-348 p.<br />

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2. La légende de Naundorff.<br />

Essai de critique et d’histoire en réponse à M. le docteur Tachirch, par Osmond et M.Provins<br />

Paris. M. Darsgon 1912, in-8 ? 100 p.<br />

120 frs + port<br />

3. La Légitimité<br />

Année 1884 (51 n° table onomastique) 300 frs + port<br />

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19


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Prière de bien vouloir retourner le bulletin d’inscription ci-joint avant le 10-9-91. Merci.<br />

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