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BILLET D'HUMEUR<br />
La journée citoyenne organisée à Griesheim<br />
l'an dernier a connu un franc succès. Elle ne<br />
restera pas sans lendemain puisqu'un nouveau<br />
rendez-vous a été fixé au 25 mai <strong>2013</strong>.<br />
Rappeler périodiquement que les valeurs<br />
universelles de fraternité et de solidarité<br />
permettent de mieux vivre ensemble est une<br />
chose importante. Les mettre en pratique par<br />
des actions concrètes réalisées avec les moyens<br />
de chacun est encore plus louable.<br />
Le monde ne sera pas métamorphosé parce<br />
que l'on aura repeint des lampadaires et les<br />
marelles des écoles, remis en état des sentiers<br />
et une aire de jeux, restauré un abribus et<br />
planté quelques fleurs. Mais ces initiatives<br />
généreuses et désintéressées sont<br />
des oasis rafraîchissantes dans<br />
la vie que Stendhal qualifiait<br />
de désert d'égoïsme.<br />
Il faut croire que ces<br />
journées citoyennes<br />
correspondent à<br />
l'aspiration forte d'une<br />
partie de la population si<br />
l'on en juge par le<br />
nombre de communes qui<br />
les reconduisent ou s'y<br />
rallient. La volonté affichée<br />
désormais d'améliorer notre cadre<br />
de vie est un défi de taille à une<br />
époque où l'appât du gain ravage notre<br />
environnement à l'échelle industrielle et<br />
mondiale et où, sous nos yeux, la violence<br />
alliée à la bêtise souille, vandalise et détruit<br />
quotidiennement.<br />
Lorsque les vaches sont maigres, répondre<br />
aux innombrables sollicitations financières n'est,<br />
hélas, plus à la portée de tous. Sans approuver<br />
le philosophe Alain qui prétendait que les<br />
citoyens donnaient plus facilement leur vie que<br />
leur argent, offrir un peu de son temps reste<br />
néanmoins possible lorsque la cause le mérite.<br />
Mais pour réveiller les consciences et susciter<br />
les motivations il semble qu'il faille nous<br />
prendre par la main et braquer les projecteurs<br />
sur un sujet pour espérer en faire une question<br />
d'actualité. En d'autres termes il faut, avec<br />
tambours et trompettes, mettre les points sur<br />
48 Un pont sur la Souffel /<strong>Avril</strong> <strong>2013</strong>/n°30<br />
AU FIL DES JOURS "J"<br />
les "I" et concentrer les initiatives sur un jour<br />
"J". L'action paraîtra peut-être plus légitime et<br />
sera plus efficace si elle est entreprise par le<br />
plus grand nombre en un temps limité. En se<br />
prolongeant elle risque de lasser. Dégâts<br />
collatéraux du zapping et de l'incapacité à<br />
maintenir un cap dans la durée ?<br />
C'est donc tout au long de l'année que l'on<br />
voit fleurir et se multiplier des journées dédiées<br />
aux causes les plus variées, à vocation locale,<br />
nationale ou internationale.<br />
Aux commémorations d'un événement<br />
particulier ou d'un moment d'histoire pratiquées<br />
de longue date et symbolisées en France par le<br />
14 juillet ou le 11 novembre s'ajoutent à<br />
présent des fêtes par centaines et<br />
des journées de sensibilisation<br />
à des questions si<br />
nombreuses et si diverses<br />
que même les années<br />
bissextiles ne peuvent<br />
plus les contenir toutes.<br />
Une première rafale de<br />
journées, consacrées aux<br />
menaces qui planent sur<br />
les éléments essentiels à la<br />
vie, nous invite à nous<br />
pencher sur la protection de<br />
l'air, de l'eau, des arbres, du climat.<br />
Après avoir provoqué sécheresse et<br />
désertification, détraqué les zones humides, fait<br />
fondre la banquise et pollué notre entourage de<br />
mille façons, l'inconséquence des hommes<br />
semble agacer la nature un peu plus chaque<br />
jour.<br />
Mais l'usage de loupes à fort pouvoir<br />
grossissant, de mégaphones et de tous les<br />
moyens modernes de communication reste pour<br />
le moment de peu d'effets sur les grandes<br />
nations dont l'aveuglement, la surdité et<br />
l'indifférence sont proportionnelles à leur<br />
puissance économique et politique.<br />
En attendant, nous continuons de respirer à<br />
pleins poumons des substances toxiques et à<br />
absorber, à notre corps défendant, des poisons<br />
ayant contaminé des aliments que nous<br />
croyions inoffensifs.