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universit´e d'´evry-val-d'essonne ufr sciences fondamentales et ...

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30 Chapitre 2 - Simulation informatique <strong>et</strong> géographie urbaine<br />

des fondamentaux de théorie géographique. Par exemple, le modèle n’a pas de dimension spatiale,<br />

la ville n’y est représentée que fonctionnellement. De plus il est fermé causalement (bien qu’il<br />

intègre des flux entrants <strong>et</strong> sortant qui représentent la communication avec l’environnement).<br />

C’est donc la structure interne de la ville modélisée qui commande sa dynamique. Au vu de ce que<br />

nous avons dit précédemment sur le rôle déterminant du contexte d’une ville sur sa trajectoire<br />

au sein du système, nous comprenons facilement qu’il lui a bien sûr été reproché d’isoler la ville<br />

du système des villes. Enfin d’après [BT04], l’assurance de Forrester dans le caractère quasiprophétique<br />

de ses calculs fut préjudiciable au développement des modèles dynamiques lors<br />

des années qui suivirent. De plus, Forrester ayant été largement conseillé par les responsables<br />

municipaux, on suspecta son modèle de servir de faire-<strong>val</strong>oir aux politiques libérales, lesquelles<br />

allaient à l’encontre des programmes volontaristes de rénovation urbaine des années 1960. ..<br />

La réaction des modélisateurs à ces critiques fut le développement de modèles proposant une<br />

vision enrichie de la ville, regardée non plus comme un système fermé mais comme un système<br />

ouvert, auto-organisé, <strong>et</strong> pouvant évoluer entre des régimes qualitativement différents.<br />

3.3 Des villes ouvertes <strong>et</strong> auto-organisées : les modèles de l’école de Bruxelles<br />

<strong>et</strong> de l’école de Leeds<br />

A la fin des années 1970 se développèrent au même moment, à Bruxelles <strong>et</strong> à Leeds, deux<br />

modèles qui franchirent un palier dans la représentation de la ville qu’ils calculaient. Ces modèles<br />

furent :<br />

1. celui de l’équipe de P<strong>et</strong>er Allen à Bruxelles ;<br />

2. celui de l’équipe d’Alan Wilson à Leeds.<br />

Ces deux modèles sont souvent présentés comme les premiers modèles à être à la fois dynamiques<br />

<strong>et</strong> spatiaux 12 . Le modèle de Lowry [Low64], évoqué en section 1.3, était spatial mais<br />

seulement pseudo-dynamique, tandis que celui de Forrester était dynamique mais non spatial.<br />

Ces deux modèles se réclamaient de deux ✭ écoles systémiques ✮ distinctes. Le modèle d’Allen<br />

venait de la physique <strong>et</strong> était conçu en référence directe aux travaux d’Ilya Prigogine sur les<br />

structures dissipatives. Il reprit à ce dernier les équations décrivant les processus menant à des<br />

structures auto-organisées loin de l’équilibre. Le modèle de Wilson était quant à lui plutôt une<br />

dynamisation de modèles classiques d’interactions spatiales, du type de celui de Lowry. Mais<br />

en plus d’introduire une dynamique, Wilson mobilisa les outils mathématiques développés par<br />

René Thom avec sa théorie des catastrophes pour étudier analytiquement les points d’équilibre<br />

de son modèle.<br />

Les deux sont intra-urbains (ils s’intéressent à l’évolution de l’✭ intérieur ✮ d’une ville),<br />

génériques (ils cherchent à représenter n’importe quelle ville), <strong>et</strong> enfin présentent beaucoup<br />

de similitudes dans les obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> processus qu’ils intègrent. Ils ne prétendent pas renouveler la<br />

théorie urbaine, mais intègrent au contraire les processus qui font consensus <strong>et</strong> qui ont le mieux<br />

résisté à la confrontation aux données [PSJS89]. Dans les deux, le temps modélisé est continu, la<br />

structure spatiale de la ville est statique <strong>et</strong> discrète : c’est un ensemble fini de ✭ zones ✮ 13 localisées<br />

dans l’espace, qui ne sont pas nécessairement ni homogènes ni isotropes. Ces deux modèles<br />

n’intègrent pas de processus de développement morphologique (géométrique) de la ville. Les fonctions<br />

d’évolution de ces différentes variables sont données sous la forme d’équations différentielles<br />

non linéaires, <strong>et</strong> sont trop compliquées pour être intégrées analytiquement. Il n’existe pas de<br />

12 Nous verrons dans la section suivante qu’en fait, ils furent tous les deux précédés chronologiquement par le<br />

modèle d’Hägerstrand, mais ce dernier est plus désagrégé, <strong>et</strong> donc présenté après<br />

13 regions en anglais

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