Château de Versailles

18
Salle 7
Versailles, lieu de démonstrations
Présentation au roi et démonstration devant la Cour ont valeur de consécration
suprême. Elles ont aussi pour but d’obtenir une acquisition par la Couronne
ou de trouver des débouchés auprès des manufactures car les capitaux, tant ceux
du Trésor royal que ceux des particuliers, sont concentrés à la Cour.
Les présentations au roi sont très fréquentes, ainsi que l’attestent la Gazette de France et
le Journal des Savants, bien que l’autorisation ne soit pas aisée à obtenir car on se méfi e des charlatans.
La démonstration devant toute la Cour est, quant à elle, plus rare et tient davantage
de la science-spectacle. Elle divertit, satisfait la curiosité pour les nouveautés et sert aussi au prestige
du royaume.
Huit exemples de présentation au roi ou de démonstration devant la Cour :
le miroir ardent
Il est présenté par Villette en vue de son acquisition par Louis XIV (1669) ;
en 1669, François Villette (1621-1698), ingénieur lyonnais et artifi cier
du roi, présente un miroir ardent de son invention à Louis XIV et à la Cour,
alors à Saint-Germain. D’autres dispositifs pour concentrer les rayons
du soleil existent déjà dans les laboratoires, mais c’est le premier de ce type,
et par sa dimension, il constitue une réelle performance technique.
Les expériences de vitrifi cation quasi instantanée de briques et de cailloux,
la réduction en cendres des bois les plus verts, la fusion de l’acier le plus
dur, impressionnent les assistants.
En 1685, Antoine de La Garouste (1644-1710) propose un miroir plus grand, de 5 pieds (1,62 m).
L’expérience dite « du phosphore » se déroule cette fois à Versailles, dans la Petite Galerie où
le roi a convié princes et princesses. Une bougie placée au foyer du miroir éclaire toute la galerie
et Louis XIV, se tenant lui-même à l’extrémité opposée, parvient à lire une lettre :
un véritable prodige !
Les deux miroirs sont acquis par le roi pour l’Académie des sciences. Les très hautes
températures atteintes, bien supérieures à celles des fourneaux de laboratoire, permettent
d’avancer des hypothèses nouvelles sur la structure des métaux.
l’expérience de l’électricité
Par l’abbé Nollet dans la galerie des Glaces, cas typique de science-spectacle, le 13 juin 1746 ;
« Lundi 14 juin [1746] : J’ai parlé ci-dessus de l’abbé Nollet et des expériences qu’il a faites
pour M. le Dauphin et pour la Reine […]. Il ne faisait d’abord ces expériences qu’avec
des tubes de verre frottés à la main. Depuis il a fait faire un globe de verre qui se meut
par une grande roue et que l’on échauff e de même avec la main en la tenant contre le dit
globe. […] Après en avoir fait plusieurs expériences, qui toutes ont réussi, il fi t une hier dans
la grande galerie ici, d’abord sur soixante quatre personnes, ensuite sur cent quarante ;
elle réussit très bien et d’une manière extrêmement sensible. […] on est sur le parquet,
on se tient la main ; il faut seulement que les habits ne se touchent point. Il y eut hier deux
ou trois seulement dans le nombre qui ne furent point frappées : apparemment parce que
leurs habits se touchaient. » (Mémoires du duc de Luynes)