Magazine Mutuelle - La Mutuelle Verte

Cela pourrait changer. Début juillet,
l’Arjel a mis en demeure plusieurs
opérateurs pour qu'ils cessent leurs
activités en France. S’ils ne le font
pas, l’accès à leurs sites pourrait être
purement et simplement bloqué par
les hébergeurs et les fournisseurs
d'accès, après décision du tribunal
de grande instance de Paris. Ils pourraient
également être condamnés,
l’organisation illégale de jeux étant
punie d’une peine de trois ans d’emprisonnement
et d’une amende de
45.000 euros.
Une protection
des joueurs inefficace
L’Arjel est également censée protéger
les mineurs, qui n’ont pas le droit
de jouer. Les sites de jeux en ligne
demandent son âge à tout joueur
qui se connecte, mais il s’agit d’une
simple déclaration. “J’ai, parmi mes
patients, un adolescent de 16 ans
qui s’est inscrit en mentant tout simplement
sur son âge, raconte le docteur
Cécile Bonnaire. Pour pouvoir
miser de l’argent, il a fait un virement
de 1.500 euros depuis le
compte de sa grand-mère sur un
compte Paypal (site de paiement en
ligne).”
Aucune étude n’existe sur ce sujet
en France, mais une étude belge
(Crioc 2009) indique que 11 % des
jeunes de 10 à 17 ans aiment jouer
à des jeux d’argent sur Internet. Le
phénomène n’est donc pas anodin
mais concerne plusieurs milliers
d’adolescents. D’une manière plus
générale, une étude de l’Institut
national de la santé et de la
recherche médicale (Inserm) de
juillet 2008 estime que 1 à 3 % des
joueurs sont des joueurs pathologiques,
ou dits “à problèmes”.
L’amélioration de la lutte contre
l’addiction figure parmi les missions
de l’Arjel. Les sites homologués
comportent systématiquement une
rubrique d’informations sur le jeu
“responsable”. Un fonds de 10 millions
d’euros est consacré à la lutte
contre l’addiction et un fichier
national a été mis en place, qui permet
de se faire volontairement
interdire d’accès aux sites de jeux
homologués, sur le modèle des
casinos. “Cette interdiction repose
sur l’autorégulation.
Malheureusement, le
joueur qui souffre d’addiction
n’entreprend jamais une
telle démarche”, estime pourtant le
docteur Cécile Bonnaire.Personne
ne peut dire combien de joueurs
connaissent ou connaîtront des
problèmes, mais leur nombre
risque d’être très élevé.
D’autant plus que
les jeux en ligne
comportent des facteurs
de risque spécifiques dont, en
premier lieu, l’accessibilité. “Les
machines à sous et le Rapido sont
très addictifs parce que les joueurs
peuvent jouer très fréquemment et
très longtemps, explique Cécile
Bonnaire. C’est encore pire avec
Internet, car le joueur n’a même
plus à se déplacer ! Il peut jouer 24
heures/24 depuis chez lui et de
manière anonyme : il n’a plus aucune
limite.”
Frédéric CONSTANS
( C’EST
QUOI
UN JOUEUR
PATHOLOGIQUE ?
“Un joueur est dit pathologique
lorsqu’il commence à avoir des
problèmes financiers et qu’il
continue à jouer”, explique le
Docteur Cécile Bonnaire, du centre
mutualiste Emergence Espace
Tolbiac à Paris. Ce qui était au
départ un plaisir devient une
addiction. Et le joueur a souvent
tendance à jouer des mises de
plus en plus importantes dans
l’espoir de “se refaire”.
Les conséquences sur la vie
sociale et sur la santé peuvent être
très graves : isolement, irritabilité,
perte d’appétit, dépression, maux
de tête, obésité, thrombose,
épilepsie photosensible.
Votre comportement,
ou celui d’un de vos
proches, vis-à-vis du jeu vous
semble dangereux ?
Priorité santé mutualiste, peut
vous écouter et vous orienter vers
des structures d’aide. Il vous suffit
d’appeler le 39 35, du lundi au
vendredi de 9 heures à 19 heures,
au prix d’un appel local.
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