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8 Santé Angine : un traitement sur mesure “Distinguer la cause et adapter le traitement” Fièvre, frissons, mal de gorge… On connaît bien les symptômes de l’angine. Mais il est important de savoir si elle est virale ou bactérienne. Un simple prélèvement réalisé par le généraliste permet d’adapter le traitement. Chaque année, l’angine touche plus de 9 millions de personnes. Son nom vient du latin angere, serrer. “Elle se traduit par une douleur à la déglutition liée à l’inflammation des amygdales, associée à une fièvre et une augmentation du volume des ganglions, explique le Docteur Jean-Noël Bally, médecin généraliste à Saint-Chamond (Loire). Tout le monde peut être touché, mais elle concerne davantage les enfants et les adolescents.” L’angine rouge (érythémateuse) et l’angine blanche (érythémato-pultacée) représentent ensemble 92 % des angines. Les angines présentant des ulcérations, de fausses membranes ou un herpès sont très rares. Les angines sont virales dans 50 à 90 % des cas. “La maladie passe alors d’elle-même en quatre ou cinq jours, poursuit le Docteur Bally. Je prescris du paracétamol pour la fièvre et la douleur, éventuellement un antiinflammatoire, pour atténuer les symptômes. Les antibiotiques sont inefficaces sur le virus.” En revanche, les antibiotiques agissent dans le cas des angines bactériennes. “Ces angines, à streptocoque essentiellement, peuvent elles aussi guérir rapidement, mais elles exposent le patient à des complications, prévient le généraliste. Celles-ci peuvent être rhumatismales, avec le rhumatisme articulaire aigu, rare mais grave, ou rénales, avec la glomérulonéphrite, une inflammation du rein qui peut évoluer jusqu’à une insuffisance rénale.” Un test de diagnostic rapide Longtemps, toutes les angines ont été traitées par antibiothérapie. Aujourd’hui, les médecins veillent à distinguer leur cause, pour adapter le traitement. “On peut faire la différence entre angine virale et angine bactérienne par un streptotest ou TDR, un test de diagnostic rapide, indique le Docteur Bally. Par un simple prélèvement sur la gorge réalisé au cabinet du médecin, on sait en cinq minutes s’il s’agit d’une angine bactérienne. Si c’est le cas, on prescrit des antibiotiques pour six jours.” Néanmoins, il est possible d’évaluer la présence de la bactérie par un “score clinique”. Chaque paramètre suivant vaut un point : température supérieure à 38 °C, ganglion cervical douloureux, amygdales enflées ou présentant des dépôts blanchâtres, absence de toux. Par ailleurs, on ajoute un point si le patient est un enfant et on en retranche un pour un adulte. “Si le score est de 4 ou 5, la présence du streptocoque est très pro-
able, dit le Docteur Bally. S’il est inférieur à 2, sa présence est peu probable. Entre les deux, on réalise ce test de diagnostic rapide.” Nathalie, 36 ans, mère de Lucie, 10 ans, a cessé de conduire sa fille chez le médecin à chaque fois qu’elle présentait les symptômes d’une angine : “Avant, quand je la voyais déglutir difficilement, je consultais immédiatement, raconte-t-elle. Systématiquement, le généraliste constatait une grosse angine. Mais ma fille ne se plaignait pas. J’ai fini par l’emmener plus tard au cabinet médical, puis plus du tout, et les symptômes s’atténuent d’euxmêmes en quelques jours.” Le Docteur Bally met toutefois en garde : “Dans le cas d’une angine virale, pas de souci. Mais s’il s’agit d’une angine bactérienne, il existe un vrai intérêt à avoir un avis médical pour les patients de moins de 30 ans, afin d’éviter les complications. Au-delà de cet âge, on n’y est plus exposé.” Très rares recours à l’opération Quant à l’ablation des amygdales, très pratiquée dans les années 1960 à 1970, elle est aujourd’hui exceptionnelle. “Il est extrêmement rare que je fasse opérer un patient, note le Docteur Bally. Moins de dix ablations en vingt ans de pratique. L’amygdalectomie peut concerner les récidives trop fréquentes, facteurs d’absentéisme scolaire vraiment important. Elles peuvent également intervenir pour les angines sévères phlegmoneuses, dont on veut éviter une récidive.” D’autres pathologies peuvent être parfois confondues avec les angines classiques. “La mononucléose présente un tableau d’angine : une fièvre qui dure, des ganglions gonflés, fait remarquer le Docteur Bally. Souvent, on diagnostique la mononucléose par une réaction aux antibiotiques sous forme d’éruption cutanée.” La diphtérie, une angine à fausse membrane, a heureusement disparu grâce à la vaccination obligatoire. Corinne RENOU-NATIVEL ( VIRUS OU BACTÉRIE ? “Virus et bactérie sont deux agents infectieux foncièrement différents, qui ne nécessitent pas les mêmes traitements”, rappelle le Docteur Jean-Noël Bally. Les virus sont en moyenne mille fois plus petits que les bactéries. Seule une espèce de bactérie sur 5.000 est pathogène, comme les staphylocoques ou les streptocoques. Les vaccins visent à se prémunir contre les virus. Les antibiotiques sont efficaces contre les bactéries, mais n’ont aucune utilité face aux virus. D’où la nécessité de bien différencier virus et bactérie. “L’abus d’antibiotiques peut exposer le patient à des allergies, prévient le Docteur Bally. Il favorise l’apparition de résistances, qui pénalisent chacun individuellement mais aussi la collectivité.” 9
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