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Sur la grand'route - Odéon Théâtre de l'Europe

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› La grand’route<br />

B - Les Barbares, Gorki<br />

Les Barbares <strong>de</strong> Gorki évoquent le bouleversement qu’apportent l’arrivée du chemin <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong>s «ingénieurs» qui<br />

le construisent dans une petite ville. C’est <strong>la</strong> fin du «trakt» sibérien dans <strong>la</strong> Révolution Industrielle que connaît <strong>la</strong><br />

Russie à <strong>la</strong> fin du XIXème, bouleversement que l’on sent poindre dans <strong>la</strong> pièce <strong>de</strong> Tchekhov. Ce <strong>de</strong>rnier a par ailleurs<br />

correspondu régulièrement avec Tchekhov au cours <strong>de</strong>s années qui précè<strong>de</strong>nt sa mort, développant avec lui une<br />

amitié forte.<br />

Extrait n°1<br />

MATVEÏ. Chez nous, les artisans, ils sont riches... et toi, regar<strong>de</strong> ?<br />

LE MARI DE DOUNKA. Moi, j’ai décati. Ma femme qui m’a ruiné... ma femme, vieux frère.... Au début - elle était, ça<br />

va, quoi... on vivait en concor<strong>de</strong>. Elle était belle, tu vois, vive... oui. Et après - je m’ennuie, elle me dit. Elle s’est mise<br />

à boire... et moi aussi avec...<br />

MATVEÏ. Toi aussi ?<br />

LE MARI DE DOUNKA. Moi aussi... qu’est-ce tu veux ? Elle est tombée dans <strong>la</strong> débauche... Moi, là, je me suis mis à<br />

<strong>la</strong> battre... oui. Et elle - elle s’est sauvée... J’avais une fille aussi... ma fille aussi, elle s’est sauvée, elle avait pas<br />

quinze ans... (Il se tait, pensif.)<br />

DROBIAZGUINE (à voix haute). Ce n’est pas vrai, Maria Ivanovna ! Le docteur et Na<strong>de</strong>jda Polikarpovna... tous les<br />

<strong>de</strong>ux, ce sont <strong>de</strong>s êtres romanesques...<br />

VESSIOLKINA. Chut ! Moins fort !<br />

MATVEÏ. Elle aussi, c’est une débauchée ?<br />

LE MARI DE DOUNKA. Qui ?<br />

MATVEÏ. Ta fille ?<br />

LE MARI DE DOUNKA. Non... je sais pas. Je le sais pas, où elle est... Une autre fois, tiens, j’étais soûl, il y a quelqu’un<br />

qui m’a tout tabassé le <strong>de</strong>dans... je suis ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, maintenant, je peux pas travailler... et puis je sais rien faire...<br />

MATVEÏ. Tiens donc... et comment tu te débrouilles, alors ?<br />

LE MARI DE DOUNKA. Ma foi... comme ça peut...<br />

DROBIAZGUINE (se levant d’un bond. Maria Ivanovna ! C’est surprenant... et même affreux ! Vous ne croyez en rien<br />

<strong>de</strong> lumineux...<br />

VESSIOLKINA. Ne criez pas ! Vous êtes complètement fou. DROBIAZGUINE. Non ! Que Lidia Pavlovna... que le<br />

commissaire... VESSIOLKINA. Rasseyez-vous, enfin...<br />

LE MARI DE DOUNKA. Aujourd’hui, il y a les ingénieurs qui arrivent... MATVEÏ. Construire <strong>la</strong> voie ?<br />

LE MARI DE DOUNKA. Oui... ils construisent les voies, et, l’homme, lui, il a nulle part où aller...<br />

MATVEÏ. Ça fera du travail... hein ? Ah, là... s’y donnaient du travail !<br />

<strong>Sur</strong> <strong>la</strong> grand’route / 23 fév. › 25 mars 06<br />

... / ...<br />

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