Assurances : Les dents de l'amer - Lifras

20
Les dents de l’amer...
Requins, les prédateurs les plus incompris de notre planète
Qui aurait cru que le premier blockbuster
américain aurait alimenté cette
peur tenace qui aujourd’hui met en
péril la survie de toute une espèce et de
tout l’écosystème marin?
Régulièrement, les médias relatent
à coups de gros titres le nombre de
morts liés aux accidents imputés aux
requins(1) . Le public voue, lui, une
peur phobique, voire une haine envers
cet animal qui, finalement, subit un
massacre organisé d’une cruauté rare
et dans l’indifférence la plus totale.
Selon les chiffres officiels, le shark finning
(la pêche à l’aileron) tue chaque
année 73 millions de requins.
Les chiffres varient jusqu’à 100 et 150
millions lorsqu’on y inclut les prises
accidentelles, les tournois de pêche ou
les autres activités humaines.
Aujourd’hui le requin est plus que
jamais en danger, et sa disparition
entraînera des dégats irréversibles
dans l’équilibre marin en particulier,
et dans l’équilibre environnemental
en général. Il est de notre devoir de le
protéger et d’éviter l’explosion de la
bombe écologique que représente leur
disparition.
L’ennemi numéro 1 du requin est la
peur qu’il suscite et que l’on nomme
la sélachophobie. Cette peur est véhiculée
par les médias, on l’a dit, par les
croyances populaires, mais surtout
par la méconnaissance générale de
l’animal. Il ne s’agit pas de remettre en
cause les accidents et décès qui lui sont
imputés, mais bien de comprendre
comment et pourquoi ces accidents
sont survenus et... de les éviter, car
contrairement à l’image qu’il véhicule,
le requin n’est pas une machine froide,
calculatrice, dévoreuse d’homme ou de
toute autre forme de vie qui croiserait
son chemin.
Pour comprendre le requin, il faut
découvrir son “évolution”.
Situé en haut de la pyramide alimentaire,
le requin règne en maître, depuis
plus de 400 millions d’années, sur
son environnement composé essentiellement
d’espèces marines et dont
l’Homme (son principal et presque
unique prédateur) ne fait pas partie.
La rencontre avec un être humain, en
plongée notamment, devient donc
une situation exceptionnelle qu’il
est, lui aussi, obligé de gérer. Lors de
cette rencontre, le requin influencera
l’homme, l’homme influencera le
requin, et l’environnement influencera,
lui, les deux protagonistes.
Le stress que peut engendrer une telle
rencontre chez l’homme est le même
pour le requin qui est, en réalité, un
animal craintif et prudent.
Les différents facteurs qui peuvent
mener à l’accident seront donc étroitement
liés à une attitude inapropriée
de l’homme face à l’animal qui évolue
dans son milieu naturel. C’est pourquoi
il est essentiel de comprendre le comportement
des requins, leur langage,
leurs réactions et les éléments qui les
influenceront, en gardant à l’esprit que
la morsure est la dernière des options
qu’il choisira.
Si on change de point de vue et qu’on
adopte celui du requin (ce qu’on
appelle la Deep Ethology), il faut intégrer
le fait que certains spécimens ont
1. * En 2012, la Global Shark Attack File, organisation qui recense et analyse tous les accidents déclarés au niveau mondial, a comptabilisé 93 accidents dont 8
mortels, 23 sans blessures, 52 avec morsures sans gravité et 10 avec morsures graves. L’analyse de ses attaques permet d’identifier le type de requin impliqué, les
circonstances et le déroulement de l’accident, et d’en tirer des conclusions. Par attaque, on entend à la fois une simple collision entre un kayak et un requin, une
morsure au mollet ou à la main, une mutilation et l’accident mortel.