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dimanche 26 août

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DIMANCHE-IL" "STIlê JHliioMiiiHiHiiHiHi»iHMMiB«ii»imimiMiiimiiiiiuiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiHniiM 4 JH»>»H»""»iiitiiliuiiniiimiiiiiiiiiiiiiiiiii imiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiimmiuiiiiiHiiiiiiiiiimiiiw LE 2S AOUT 1934<br />

UNE NUIT<br />

DANS<br />

LE TRAIN<br />

par SI. RE FEUS<br />

UR le quai de la gare de Marseille,<br />

devant le train en partance pour<br />

Paris, trois hommes se promenaient de<br />

long en large et parlaient à voix<br />

basse.<br />

Le plus âgé, un grand vieillard sec, aux<br />

yeux brillants, s'adressait aux deux autres,<br />

beaucoup plus jeunes que lui, tous deux taillés<br />

sur le même modèle, assez petits et maigriots.<br />

' .<br />

— Une belle affaire, mes fils, disait-il, si<br />

nous la réussissons.<br />

Il jeta un regard inquiet alentour, comme<br />

s'il craignait qu'un voyageur, se pressant<br />

vers le train, l'écoutât ; puis il poursuivit.<br />

— Ces diamants, je les ai achetés trois<br />

cent mille francs à des réfugiés russes, il y a<br />

trois ans. Et voici que Bramstein a trouvé<br />

un amateur pour deux millions. C'est magnifique<br />

par le temps qui court !<br />

Le sourire qu'avait fait naître la pensée<br />

de la bonne opération, se figea rapidement<br />

sur ses lèvres. Il reprit son sourire soucieux<br />

pour renouveler ses recommandations à celui<br />

de ses fils qui partait pour Paris. Il désigna<br />

l'oreiller que le jeune homme venait de<br />

louer et qu'il tenait sous le bras.<br />

— Sois prudent/ Gaston, et ne t'endors<br />

pas, cette nuit, en cours de route. Et puis, en<br />

arrivant à Paris, ne cherche pas d'abord un<br />

hôtel, précipite-toi tout de suite chez Bramstein<br />

pour lui porter les bijoux. N'oublie pas<br />

un instant que tu en as là pour deux millions.<br />

— Je le sais, papa.<br />

— Evidemment, j'aurais été plus tranquille<br />

en confiant cela à un pli recommandé.<br />

En cas de perte, il y aurait eu un responsable<br />

solvable. Mais il s'agit de ne pas<br />

manquer l'affaire en perdant du temps.<br />

Bramstein a le client. Et à notre époque<br />

de crise, il faut moins que jamais faire<br />

attendre le client Une minute de trop, il<br />

s'est envolé. Aussi je compte sur toi, mon<br />

petit<br />

— Ne t'inquiète donc pas. Je ne suis<br />

plus un gamin.<br />

A ce moment intervint le frère cadet de<br />

Gaston, un gaillard d'une vingtaine d'années,<br />

à la figure réjouie, qui eût fort aimé<br />

prendre, lui aussi, le train pour Paris. Son<br />

petit discours le laissa entendre.<br />

— Nous n'aurions pas été trop de deux,<br />

dit-il. On ne sait jamais en chemin de fer.<br />

Les attaques armées ne sont pas tellèment<br />

rares et si quelqu'un se doutait de ce que<br />

Gaston porte sur lui...<br />

— Chut !... interrompit le père qui promena<br />

un regard méfiant sur le quai.<br />

Mais la vue de tous les voyageurs occupés<br />

à de dernières effusions familiales ou se<br />

hâtant, leurs bagages à la main, vers le<br />

convoi, le rassura.<br />

— Il y a trop de monde dans ce train<br />

pour craindre quoique ce soit, déclara-t-il<br />

enfin. N'empêche, Gaston, sois très prudent<br />

Puis, malgré le souci que lui procuraient<br />

les préliminaires de la magnifique affaire, il<br />

eut un court accès de gaieté et, s'adressant<br />

à son autre fils :<br />

— Toi, mon garçon, je te vois venir. Tu<br />

serait volontiers parti pour Paris, t'amuser<br />

pendant quelques jours Non, non, j'ai besoin<br />

de toi à la boutique. Cela va être le temps<br />

Il n'avait pas eu une bonne<br />

depuis 10 ans<br />

A cause d'une sciatique<br />

qui résistait à tout<br />

nuit<br />

La lettre écrite par cet homme n'est pas<br />

longue, elle est encourageante cependant pour<br />

tous ceux qui, comme lui, souffrent de douleurs<br />

arthritiques. Lisez-la :<br />

« Souffrant de douleurs sciatiques à la<br />

jambe gauche, je ne dormais plus depuis une<br />

dizaine d'années. J'ai tout essayé et, finalement,<br />

ce fut le tour des Sels Kruschen. Après<br />

en avoir pris quelques flacons, tout à disparu.<br />

». — B..., a R...<br />

La sciatique est une maladie arthritique,<br />

c'est-à-dire, une maladie due avant tout à<br />

l'Impureté du Sang. Kruschen fait disparaître<br />

la sciatique parce qu'il a le pouvoir de purifier<br />

le sang. Les différents sels de Kruschen sont<br />

des stimulants de toutes nos fonctions Ils<br />

réveillent le foie, les reins, les intestins paresseux<br />

; ils les obligent à éliminer les résidus,<br />

les impuretés et les poisons, en particulier le<br />

dangereux poison urique. Ils suppriment toute<br />

constipation et nous font du sang pur et généreux.<br />

De là cette sensation de vitalité, de<br />

rajeunissement qui remplit tous les habitués<br />

de la « petite dose quotidienne ».<br />

Sels Kruschen, toutes pharmacies : 9 fr. 75<br />

le flacon ; 16 fr. 80 le grand flacon (suffisant<br />

pour 120 jours).<br />

des premières communions. 11 y a des bijoux<br />

à vendre.<br />

— Pour la direction de Lyon et de Paris<br />

en voiture, s'il-vous-plaît 1<br />

L'appel de l'employé coupa court à toute<br />

autre recommandation. Gaston prit congé<br />

de son père et de son frère ; appuya la main<br />

sur sa poitrine pour s'assurer que la boîte<br />

qui contenait les précieux diamants se trouvait<br />

toujours dans la poche intérieure de<br />

son gilet ; puis il monta rapidement dans le<br />

wagon.<br />

Le compartiment où il avait auparavant<br />

déposé sa valise, était resté vide. Il donna<br />

un coup d'oeil aux deux voisins qui encadraient<br />

le sien. Dans l'un se trouvait une<br />

famille avec trois jeunes enfants et un dernier<br />

né, accompagné de sa nourrice. Tout<br />

ce petit monde était déjà installé au milieu<br />

d'une profusion de coussins, pour passer une<br />

bonne nuit. Pas de danger de ce côté-là.<br />

Dans l'autre compartiment, avaient pris<br />

place, en face d'une vieille dame, deux officiers<br />

en uniforme. Un renfort possible en<br />

cas de besoin.<br />

Après tout, Gaston était enchanté de se<br />

trouver seul. Il n'avait aucune peur. Du<br />

reste, hormis ses tout proches parents, personne<br />

ne sàvait qu'il était en possession<br />

d'un trésor. Il pourrait s'étendre, fumer à son<br />

aise, laisser toute la nuit la lumière allumée<br />

et lire, sans gêner personne, les quotidiens<br />

et les revues dont il avait ample provision.<br />

Pourtant, avant de prendre position définitive,<br />

il se promena encore dans le couloir,<br />

dévisageant tous les voyageurs qu'il<br />

rencontrait ou ceux qu'il apercevait et là-bas,<br />

au bout du wagon, se trouvait un brave employé,<br />

chargé de veiller sur le sommeil qui<br />

allait gagner toutes ces gens, baillant déjà<br />

sur leur journal et sur leur livre.<br />

Il rentra dans le compartiment et s'étendit<br />

sur la banquette, la nuque douillettement appuyée<br />

sur son coussin. Il alluma une cigarette,<br />

prit un hebdomadaire illustré, le feuilleta,<br />

regarda les images ; mais déjà la lecture<br />

des légendes lui devenait un effort Sa cigarette<br />

tomba. Les secousses rythmées et monotones<br />

du wagon l'engourdissaient'<br />

Il se réveilla en sursaut à un arrêt du<br />

convoi, inquiet, ,effaré, comme s'il s'agissait<br />

d'un incident imprévu, et porta vivement<br />

sa main vers la boîte aux diamants.<br />

Cependant une bonne voix rassurante, aux<br />

intonations méridionales, criait au dehors,<br />

traînant sur les mots s<br />

— Avignon 1 Avignon !<br />

Personne ne monta dans le wagon. Le<br />

train reprit peu à peu sa vitesse. De nouveau<br />

Gaston se laissa gagner par la béatitude<br />

qu'éprouve tout voyageur à se trouver<br />

seul dans son compartiment, étendu,<br />

bercé presque agréablement par le ronronnement<br />

du train en marche.<br />

Tout à coup entra un homme qui, depuis<br />

un instant, arpentait le couloir. Ramené à la<br />

réalité, Gaston examina avec attention le<br />

nouveau venu. Celui-ci n'apportait rien<br />

d'effrayant: une grosse figure bonasse et<br />

souriante d'homme du Midi sur un corps<br />

petit et râblé.<br />

Cependant, il ne ferma pas la porte<br />

comme un arrivant ordinaire ; il introduisit<br />

dans la serrure une clé telle qu'en possèdent<br />

les chefs de train et s'assura que le loquet<br />

ne pouvait plus s'ouvrir de l'extérieur,<br />

— U n employé de la compagnie qui veut<br />

dormir tranquille ! pensa Gaston pour se<br />

rassurer... mais décidé à veiller.<br />

L'inconnu prit le coin en face, près de la<br />

porte, ramena ses jambes sur la banquette<br />

et parut ne vouloir aspirer qu'au sommeil.<br />

Un calme propice aux repos profonds suivit,<br />

mais ne dura pas.<br />

NOS C O NT E S D " A C T I ON<br />

Wê<br />

i<br />

tfffiet<br />

Soudain, l'homme se leva d'un bond, petits, des plus obscurs de tous, je te tiens<br />

comme piqué par un scorpion. Il se dressa et je te terrasserai quand bien même tu ren*<br />

devant Gaston, la main menaçante, son drais au centuple tout ce que tu as volé.<br />

visage bon enfant, subitement transformé Sous la menace, Gaston s'écria : \<br />

par une ride terrible entre les sourcils épais — Je vous les rends, vos bijoux.<br />

et par une moue méchante aux lèvres. Mais l'autre poursuivit :<br />

— Enfin, nous voici face à face, miséra- — Non ! non ! Pas de pitié 1 pas de<br />

ble ! cria-t-il d'une voix tonnante. pitié ! Pas de pitié !...<br />

Gaston, lui aussi, s'était dressé, tout en A chaque répétition, la voix haussa de<br />

mettant instinctivement la main à la place ton. Puis l'homme crispa son masque et tira.<br />

où il cachait les diamants, mais l'inconnu, On perçut un claquement sec ; mais aucune<br />

déjà à sa hauteur, le reclouait sur la ban- détonation ne retentit. '*•<br />

quette d'une brusque poussée sur les deux L'agresseur lança alors son arme sur la<br />

épaules. Il dit :<br />

banquette et, ouvrant les bras, d'un mouve-<br />

— Attendez !<br />

ment ample, lança joyeusement :<br />

Puis, prenant un peu de champ, il pour- — N'est-ce pas que c'est beau ? Té.<br />

suivit sur un ton féroce :<br />

Il avait changé d'accent et les mots fleun<br />

— Ah ! vous nous avez dépouillés.<br />

raient maintenant le terroir tarascûnhais.<br />

L'heure de l'expiation a sonné.<br />

Gaston, encore sous le coup de la terreur,<br />

ne comprenait pas. L'autre ne lui donna<br />

Il s'agissait sans doute d'un des Russes<br />

pas le temps de la réflexion et se précipita<br />

qui avaient vendu les diamants à son père et<br />

sur lui, répétant :<br />

qui voulait se venger de là trop belle affaire<br />

opérée sur leur misère. Gaston, terrifié, en<br />

— Merci, merci.<br />

eut la perception très nette. Mais qui avait Cette fois, Gaston crut qu'il allait être dé-<br />

renseigné cet énergumène. Ramassé dans son pouillé de son trésor. Il repoussa l'inconnu<br />

coin, le jeune homme jeta un coup d'œil qui s'affala sur la banquette.<br />

désespéré sur la sonnette d'alarme. Naturel- — Merci, monsieur, que je vous dis. Vous<br />

lement, elle se trouvait derrière l'agresseur. m'avez rendu confiance en mon talent<br />

Il fallait résister avec-ses propres forces. Mais Gaston, sûr enfin de prendre l'avan-<br />

— Traître, tû blêmis à l'instant du juste tage, saisit l'adversaire à bras le corps. Te<br />

châtiment, du châtiment inéluctable. Tu sais bascula et tomba avec lui sur le parquet.<br />

bien maintenant que tu n'y peux plus échap- — Eh ! ne vous fâchez pas. Il n'était pas<br />

per.<br />

chargé.<br />

— Au secours ! hurla Gaston.<br />

Le revolver se trouvait à la portée de Gas-<br />

— Pas de supplications ! Pas de protestaton qui le prit, mais ne lâcha pas l'homme<br />

tions ! Pas de cris ! Trop tard. Tout est inu- qu'il maintenait sous lui.<br />

tile désormais. Mes amis, au moindre geste — Braquez-le sur moi, si vous ne me.<br />

de ma part, franchiraient la porte pour me croyez pas, gémit le vaincu.<br />

prêter main-forte ; mais il est préférable que C'est ce que fit le jeune homme et l'in*<br />

tout se passe entre nous deux. Avoue-moi connu resta impassible.<br />

tes forfaits. Avoue 1<br />

— Vous voyez bien, péchère ! dit-il. Je<br />

— Je n'ai rien à avouer, s'écria le malheu- vais vous expliquer. Je suis un artiste, moi,<br />

reux qui, haletant, suivait le moindre geste un grand artiste.<br />

de son adversaire.<br />

Et comme Gaston desserrait son étreinte,<br />

Celui-ci ne semblait rien avoir entendu et<br />

il expliqua :<br />

continua à glapir, pareil à un héros de mélo- — Eh ! mon bon monsieur, je venais jusdrame<br />

:<br />

tement d'être mis à la porte par le directèur<br />

— Et que me font tes excuses balbutiées, du grand théâtre dAvignon. Il trouvait, l'im-<br />

le bredouillement auquel t'oblige la peur qui bécile, que je suis mauvais dans mon rôle des<br />

décompose tes traits f Ah 1 tu m'auras ruiné, Pirates de la Savane.<br />

moi et tant d'autres et tu ne me rendrais pas » Mauvais, moi ! je finissais par le croire.<br />

tes comptes !<br />

Alors, désespéré, ne croyant plus à ma<br />

Les mains de l'inconnu avancèrent comme flamme intérieure, j'ai décidé de jouer ma<br />

pour se saisir d'un ;cou. Elles n'atteignirent grande scène du trois une dernière fois avant<br />

pas jusqu'à Gaston qui, dans un sursaut, fut d'abandonner tout, mais devant un juge<br />

debout sur la banquette, collé à la paroi du impartial, devant le premier venu, quoi. Cela<br />

wagon. Qu'il regrettait maintenant de n'avoir a été vous. Hein ! je vous l'ai donné, le fris-<br />

as accepté, exigé la compagnie que lui of- son ! Je vous ai fait peur, eh ! petit ! Nous<br />

E:ait son frère pour ce dangereux voyage ! sommes seuls, vous pouvez bien l'avouer, je<br />

Il ne lui restait plus qu'à chercher à attein- l'ai senti surtout, quand vous m'avez jeté à<br />

dre la sonnette d'alarme, coûte que coûte, il terre, avec une force...<br />

s'élanca sur le furieux, lorsque celui-ci, recu- Et, là-dessus, il tendit sa carte à Gaston,<br />

lant d un pas, sortit de sa poche un revolver. encore plein de méfiance et qui lut sur le<br />

Immobilisé, Gaston appela désespéré- bristol :<br />

ment :<br />

AMÉDÉE TROMLELON, !<br />

— Au secours ! Au secours 1<br />

premier artiste dramatique<br />

Personne ne passait dans le couloir. Les du Grand Théâtre d'Avignon<br />

qens des compartiments voisins dormaient et<br />

et de toutes les grandes scènes de province*<br />

le bruit du train en marche couvrait sans<br />

doute celui des voix.<br />

Le lendemain, le père de Gaston reçut la<br />

Peut-être même était-il vrai que des hom- dépêche suivante : « Ai remis les diamants à<br />

:<br />

mes cachés près de la porte protégeaient Bramstein. Affaire conclue. Mais la nuit a<br />

l'assassinat<br />

été chaude. »<br />

L'homme ne se troublait pas, en effet. Il Le destinataire ne comprit pas très bien,<br />

ricanait en maintenant l'arme braquée sur sa car, précisément, on était en hiver et un.<br />

victime. Il jouait avec celle-ci et sa voix, froid inusité régnait sur la France.<br />

une voix de gorge subitement enrouée, cher-<br />

H. DE FELS.<br />

chait le ton de 1 ironie, l'ironie atroce.<br />

— Ah ! Tu pensais échapper ! Tu croyais<br />

tout te permettre sans risque ! Et tu t'ima- DIMANCHE - ILLUSTRÉ<br />

ginais ne jamais rencontrer sur ta route quel- RÉTRIBUE LES PHOTOGRAPHIES<br />

qu'un capable de se venger et de venger ses OUI LUI SONT ENVOYÉES PAR SES LECTEURS<br />

semblables. Eh bien! moi, l'un des plus<br />

DÈS QU ELLES ONT ÉTÉ PUBLIÉES

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