Cultiver la fibre - Amiens

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Contempler
Les Deuillants à Étaples
Fraîchement
restaurée, une toile
de Francis Tattegrain
sort des réserves du
Musée de Picardie.
Une œuvre poignante
et monumentale
à admirer sans
modération.
Depuis fin mai, une
toile exceptionnelle
brille au cœur
du grand salon du
Musée de Picardie.
Un tableau de Francis Tattegrain,
d’un format spectaculaire: 2,30 m
sur 4,18 m vient d’être restauré.
« Les Deuillants* à Étaples est un
chef-d’œuvre de la peinture naturaliste
qui n’était pas sorti de nos réserves
depuis 20 ans, explique
Laure Dalon, conservatrice du patrimoine
chargée des collections
beaux-arts. Lorsque le premier étage
du musée sera rénové, une large place
sera consacrée à la peinture du XIX e siècle.
En particulier les paysages de
bords de mer et du monde paysan picard.
Nous voulons donner au public
un avant-goût du futur accrochage. »
Pour le moment, les visiteurs peuvent
admirer de près le tableau de
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Tattegrain. En effet, celui-ci n’est
pas fixé aux murs, mais posé sur
le sol du grand salon. Une installation
propice à la contemplation.
Une manière originale de pénétrer
dans ce paysage marin que le
peintre, né en Picardie en 1852, a
souvent représenté. C’est à Bercksur-Mer,
dans le Pas-de-Calais,
que Francis Tattegrain a commencé
à s’adonner complètement
à la peinture aux côtés de
son confrère Ludovic-Napoléon
Lepic. Il s’était fait construire un
atelier en baie d’Authie, sur la
plage, afin de réaliser des œuvres
grand format en éclairage naturel.
Pour Les Deuillants à Étaples,
qu’il présenta au Salon de peinture
et de sculpture à Paris en
1883, Tattegrain reçut la médaille
de deuxième classe. Achetée par
l’État, l’œuvre a été déposée au
Musée de Picardie en 1885.
Virtuose des scènes dramatiques,
merveilleux coloriste, Tattegrain
donne à ses tableaux une intensité
émotionnelle rare. Les
Deuillants représente un naufrage:
scène tristement commune
pour les populations côtières
de l’époque. D’un grand
réalisme, cette toile témoigne de
Restauré, ce tableau du
peintre naturaliste Francis
Tattegrain est exposé dans
le grand salon du Musée
de Picardie, jusqu’aux Journées
du Patrimoine.
l’empathie de l’artiste pour le
peuple de la mer. « La façon dont
elle est exposée est magique, poursuit
Alix Pasquet qui a redonné
vie à l’œuvre. On n’a qu’un pas à
faire pour entrer dans l’eau. » La restauratrice,
établie à Amiens de-
Les Deuillants à Étaples,
un chef-d’œuvre de la
peinture naturaliste.
puis trois ans, a répondu à l’appel
d’offres lancé par le musée.
Étrange coïncidence: comme
Tattegrain, elle est tombée sous le
charme de la côte d’Opale. Une
raison qui lui a fait quitter Paris
pour la Picardie. « Travailler sur ce
format était passionnant mais ce qui
m’a surprise c’est de découvrir toutes
ces touches de couleurs et ces reflets
bleus, verts, roses si fidèles aux paysages
que je connais. Certains détails
aussi, comme les embruns projetés
sur les vêtements des deuillants. » En
plus du châssis et du cadre dont
la restauration a été confiée à
d’autres spécialistes, la couche
picturale nécessitait un sérieux
nettoyage. Le tableau ayant subi
un dégât des eaux, l’humidité
Amiensforum | juillet 2011