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SPÉCIAL<br />
L’Amérique a rendez-vous avec l’histoire<br />
Quelle qu’en soit l’issue, cette<br />
élection changera le pays. Pour la première<br />
fois, en effet, un Noir – le terme<br />
métis n’existe pas aux Etats-Unis – et<br />
une femme sont susceptibles d’accéder<br />
à la Maison Blanche. Le premier,<br />
le démocrate Barack Obama,<br />
est le favori des sondages pour le<br />
fauteuil de président. La seconde,<br />
Sarah Palin, se présente en tant que<br />
vice-présidente du républicain John<br />
McCain, plutôt en berne dans les<br />
enquêtes d’opinion. Jusqu’à présent,<br />
Washington n’avait vu que des<br />
hommes blancs s’installer dans le<br />
Bureau ovale. La société américaine,<br />
qui compte désormais un<br />
tiers de non-Blancs, et, depuis toujours,<br />
une moitié de femmes, aura<br />
eu raison de ses représentants, qui<br />
devraient désormais lui ressembler<br />
un peu plus. « Ce sera très improbable<br />
à l’avenir de trouver quatre<br />
homme blancs comme candidats à<br />
la présidence et à la vice-présidence<br />
», affirme Larry Sabato, professeur<br />
de sciences politiques à<br />
l’université de Virginie.<br />
Deux conceptions face à face<br />
Mais ce n’est pas tout. Si John<br />
McCain l’emporte, le sénateur de<br />
l’Arizona deviendra, à 72 ans, le plus<br />
vieux président qu’aient jamais<br />
connu les Américains. Après huit<br />
années de présidence de George W.<br />
Bush, tombé à 25 % d’opinions favorables,<br />
les Etats-Unis renouvelleraient<br />
ainsi leur confiance au Parti<br />
républicain ? McCain n’est pas, loin<br />
s’en faut, le digne héritier du futur<br />
ex-président. N’empêche, deux<br />
Amériques semblent se faire face<br />
aujourd’hui : l’une avide de changement,<br />
l’autre repliée sur ses fondamentaux.<br />
Le sociologue Todd Gitlin<br />
évoque ce scrutin comme celui de «<br />
l’âme de l’Amérique ». La candidature<br />
d’Obama, né de l’union d’un<br />
père kényan et d’une mère américaine,<br />
est, de fait, lourde de symboles<br />
dans un pays, où, en 1961, année<br />
R. BECK / AFP<br />
E. DUNAND / AFP<br />
TENDANCES Tous les regards sont tournés vers les « swing states »,<br />
ces Etats indécis qui peuvent faire basculer l’élection. Carte et analyse. P. 12<br />
MODE D’EMPLOI Le point sur le déroulement et les enjeux de<br />
la présidentielle, mais aussi des autres scrutins qui ont lieu le même jour. P. 12<br />
ET DEMAIN ? Après les huit ans de mandat de George Bush, son sucesseur<br />
héritera d’un pays plongé dans le marasme économique et divisé<br />
sur l’engagement des troupes en Irak et en Afghanistan. P. 13<br />
ILS L’ON DIT Sarah Palin, la colistière de John McCain, Michelle Obama,<br />
mais aussi Bill et Hillary Clinton sont à l’origine des gaffes les plus remarquées<br />
de la campagne. P. 14<br />
L’élection, qui a rencontré un engouement sans précédent dans la population, changera le visage des Etats-Unis.<br />
de sa naissance, certains Etats du<br />
sud des Etats-Unis interdisaient toujours<br />
les mariages interraciaux.<br />
Quelque 153 millions d’électeurs<br />
mobilisés<br />
Enfin, ce scrutin, le plus coûteux de<br />
l’histoire, avec un milliard et demi<br />
de dollars dépensés par les deux<br />
candidats, suscite un engouement<br />
jamais vu. Quelque 27 millions<br />
d’Américains auraient déjà voté<br />
par correspondance et une participation<br />
record est attendue<br />
aujourd’hui. Mais déjà, d’aucuns<br />
craignent que le système électoral<br />
ne soit à la hauteur. Ces derniers<br />
jours, le cauchemar de 2000, qui<br />
avait vu la Cour suprême trancher,<br />
au profit de George W. Bush, l’issue<br />
du scrutin n’a cessé de hanter<br />
les Etats-Unis. Or, cette fois-ci, un<br />
tel scénario pourrait avoir des<br />
conséquences inattendues sur l’avenir<br />
du pays, les deux camps se livrant<br />
depuis des mois une bataille<br />
sans merci. Pire, pour Frank Bruni,<br />
du New York Times, dans le<br />
contexte actuel, « il y aura des problèmes<br />
si on fait le mauvais choix.<br />
Mais peut-être aussi si on fait le<br />
bon. » C’est ce qui s’appelle avoir<br />
la pression. Armelle Le Goff<br />
E. DUNAND / AFP R. BECK / AFP