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SPECIAL <strong>NOUVELLES</strong> N°1<br />
« Oui, qu’est-ce que c’est ? » a crié Lorie du fond de la cuisine. Alertée par le bruit de pas précipités sur le dallage<br />
de la piscine, elle a essuyé ses mains sur son tablier à carreaux bleus et blancs et mis la gazinière en mode veilleuse.<br />
« De quoi parles-tu ? C’est toi chéri ?<br />
- Bien sûr que c’est moi, mon chou, qui veux-tu que ce soit ? D’autant qu’il n’y a pas grand monde sur la base de<br />
Tucson, Arizona, le cimetière des avions militaires.<br />
- Cela pourrait être le commandant Mc Bride, notre voisin. »<br />
Lorie s’est approchée, la poitrine palpitante sous les mailles de son corsage.<br />
« Tu me fais peur, Nick, tu as l’air tout retourné. Qu’est-ce qu’il y a ?<br />
- Chérie, il y a que... elles sont encore revenues.<br />
- Revenues ? Mais qui donc , chéri ?<br />
– Ces saletés de bestioles, les fourmis blanches.<br />
- Oh ! cela faisait bien 10 ans qu’on n’avait plus entendu parler. Et elles ont fait des dégâts ?<br />
- Tout le poulailler y est passé !<br />
- Et les coqs ?<br />
- Tous passés aussi. Dévorés en quelques instants. J’ai été réveillé par une sorte de rumeur, un chuintement immense<br />
et sourd, qui venait du fond du jardin. Il y en avait une armée autour du poulailler. Alors j’ai arrosé d’essence<br />
et brûlé tout ça, la cabane et tout. Il ne reste rien. »<br />
Lorie a saisi la veste de son mari et s’est mise à la secouer énergiquement. Une énorme fourmi de couleur blanche<br />
est sortie de la manche et est tombée sur la moquette verte du salon.<br />
« Écrase-moi ça chéri, j’en ai horreur. » Elle a froncé les sourcils, manifestement mal à l’aise. Nick observait sa<br />
femme avec une ombre d’appréhension dans le regard<br />
– Ne soit pas inquiète, chérie. » J’en parlerai à la base, a marmonné le sergent pilote, avec une grimace complice,<br />
qui aurait voulu s’achever en sourire.<br />
« Nick tu es sûr qu’elles ne sont pas dangereuses ? » a soufflé Lorie, d’une voix de cygne – « je n’aime pas leur<br />
couleur blanche, ni leur grésillement métallique. » Un frisson nerveux a agité sa poitrine.<br />
« Ne t’en fais pas, chérie, – a repris son mari avec un soupçon d’impatience,– J’en parlerai au commandant. »<br />
Ils en étaient là de leur conversation lorsque la sonnette de la porte d’entrée a retenti. « Le commandant Mc Bride<br />
» a annoncé le portier électronique. « Il vient vous rendre visite. »<br />
Lorie a ôté rapidement son tablier à carreaux bleus et blancs et s’est dirigée vers la porte. Le commandant de la base<br />
de Tucson dansait d’un pied sur l’autre en frottant ses semelles sur le paillasson.<br />
« Entrez, commandant, pas chaud hein, pour un 25 novembre ?<br />
- Sûr, madame Gordon, Nick n’est pas là ? » a fait en écho le militaire en pénétrant à grands pas dans le salon.<br />
« Le voilà justement qui arrive, commandant ... »<br />
« Bonjour sergent, a repris Mc Bride en serrant la main de Nick, je partais à la base. Voulez-vous profiter de la<br />
jeep ? »<br />
- Avec plaisir, commandant, j’arrive.. ».<br />
La voiture militaire est sortie du lotissement par Barrow Street. Elle a pris à droite sur Escalente Road, la route qui<br />
longe la limite nord de l’immense cimetière militaire d’avions de Tucson.<br />
A vingt mètres sur la gauche, ils voyaient défiler les rangées des C 130 alignés tête-bêche. Les immenses ailes<br />
verdâtres commençaient à être attaquées par la rouille. Il y en avait pas loin de 150, alignés là, dans l’attente de la démolition.<br />
En suivant du regard les vieilles carcasses familières, Mc Bride, le regard perdu, a dit d’une voix où perçait<br />
une nuance d’inquiétude :<br />
« Elles sont revenues !<br />
- Je sais commandant, elles ont attaqué mon poulailler cette nuit. »<br />
Ils arrivaient à l’extrémité ouest de la parcelle où étaient alignés 250 chasseurs F.8 et F. 14.<br />
« Mais mon commandant, on dirait qu’ils ont été repeints en blanc ! » a presque crié le sergent Gordon.<br />
« Non sergent, ce sont ces saletés de bestioles. » a répondu le commandant avec une résignation toute militaire.<br />
- Les fourmis blanches de Bételgeuse ? »<br />
En disant cela le sergent regardait le ciel, avec un sentiment de prémonition difficile à préciser davantage. Le spectacle<br />
avait de quoi effaroucher les âmes les mieux trempées.<br />
Sur le visage du sergent se peignait la stupéfaction, puis la panique. Il pensait à sa femme Lorie et à Jeremy son<br />
bébé, là-bas à la maison. Il est descendu de la jeep, a dégainé l’éclateur réglementaire de son étui. Il a visé le monticule<br />
blanc, crissant, qui finissait de dévorer une aile de chasseur F. 14. Il a déchargé tout son chargeur en poussant<br />
des cris de rage.<br />
- Vous n’y arriverez pas comme ça, sergent, ces monstres blancs sont métallofages . Elles vont les dévorer vos bal-