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Dossier spécial "Air de Paris" (format PDF - 18,31 Mo )

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dossier > l’air <strong>de</strong> paris<br />

Paris la nuit, illustration d’Albert Robida (<strong>18</strong>48-1926) pour le livre Le 20 e siècle.<br />

Une anticipation au 19 e siècle du Paris du 20 e siècle…<br />

Lavis d’encre <strong>de</strong> Chine rehaussé <strong>de</strong> gouache. Coll. Musée <strong>de</strong> l’air et <strong>de</strong> l’espace.


L’AIR DE PARIS<br />

Impalpable, léger, transparent, indissociable<br />

du ciel, l’air a toujours attisé mystères et<br />

convoitises. Combien d’Icare ont tenté <strong>de</strong> voler<br />

au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Paris ? Aujourd’hui, les hélicoptères<br />

<strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police font partie <strong>de</strong>s<br />

rares appareils autorisés à survoler la Ville<br />

Lumière. À bord <strong>de</strong> ses biturbines elle veille<br />

sur la ville, poursuit les malfaiteurs et secourt<br />

<strong>de</strong>s victimes.<br />

Autres passagers <strong>de</strong> l’air, les oiseaux font<br />

l’objet <strong>de</strong> toutes les attentions <strong>de</strong> la préfecture<br />

<strong>de</strong> police : lutte contre les trafics, traque<br />

<strong>de</strong>s virus, plans anti-grippe.<br />

Mais l’air présente d’autres menaces.<br />

Fumées, pollution automobile et o<strong>de</strong>urs<br />

suspectes sont aussi dans le collimateur<br />

<strong>de</strong>s laborantins et <strong>de</strong>s policiers, tous portés<br />

par cette belle ambition d’offrir un bol d’air<br />

sain aux Parisiens et aux Franciliens.<br />

Du ciel <strong>de</strong> Paris aux effluves <strong>de</strong> la ville,<br />

la préfecture <strong>de</strong> police prend <strong>de</strong> la hauteur.<br />

SOMMAIRE<br />

Le droit du ciel ........................ 14<br />

La police dans les airs ................ 22<br />

Drôles d’oiseaux ...................... 30<br />

Atmosphère, atmosphère ............ 38<br />

Le nez en l’air .......................... 46<br />

LIAISONS 95 l 12-13


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > le droit du ciel<br />

LE DROIT DU CIEL<br />

Nuages, éclairs, éclipses, comètes. <strong>Mo</strong>nstres célestes, vaisseaux fantômes,<br />

soucoupes volantes, ovnis… Terrain infini <strong>de</strong> liberté et d’expérimentation pour les anciens<br />

et les nouveaux Icare, les cieux peuvent aussi se révéler source <strong>de</strong> menaces, fantasmées<br />

ou bien réelles. Pour tenter <strong>de</strong> parer à toute éventualité, le ciel <strong>de</strong> Paris est étroitement réglementé,<br />

surveillé, scruté. Invitation au voyage dans l’espace, le temps et la règlementation.<br />

© Stéphane Compoint


La bulle parisienne<br />

SI LES DÉBUTS DE L’AÉRONAUTIQUE SE FIRENT DANS UNE EUPHORIE DÉBRIDÉE, IL N’EST PLUS<br />

QUESTION AUJOURD’HUI DE TUTOYER LES ÉTOILES SANS OBSERVER QUELQUES RÈGLES. À PARIS,<br />

LE PRINCIPE EST ASSEZ SIMPLE : LE SURVOL EST INTERDIT. MAIS ALORS, QUELS SONT CES<br />

COUCOUS QUI VOLENT AU-DESSUS DE NOS TÊTES ?<br />

C<br />

omme il est loin déjà, le temps où la<br />

mythique « Gordon Bennett », la plus<br />

gran<strong>de</strong> course <strong>de</strong> ballons à gaz au<br />

mon<strong>de</strong>, décollait <strong>de</strong>s Tuileries <strong>de</strong>vant<br />

200 000 spectateurs. Sportif accompli,<br />

le flamboyant James Gordon Bennett, patron<br />

du New York Herald et <strong>de</strong> l’International<br />

Herald Tribune, créa cette compétition internationale<br />

en 1906 pour relater les exploits <strong>de</strong>s<br />

concurrents dans ses journaux. Il choisit Paris<br />

pour le départ <strong>de</strong>s seize ballons qui concoururent<br />

lors <strong>de</strong> la première édition. Tous les types<br />

d’aéronefs étaient alors admis, y compris les<br />

ballons équipés d’un moteur et d’une hélice.<br />

Si les premiers temps <strong>de</strong> l’aéronautique furent<br />

enchantés par les prouesses <strong>de</strong> merveilleux fous<br />

volants, le temps et les acci<strong>de</strong>nts ont eu raison<br />

<strong>de</strong> la confiance aveugle que l’on accordait alors à<br />

la technique. Selon l’arrêté du 20 janvier 1948,<br />

seuls les avions <strong>de</strong> transport public effectuant un<br />

service régulier et les avions militaires assurant<br />

un service <strong>de</strong> transport ont le droit <strong>de</strong> survoler<br />

Paris, sous réserve qu’ils respectent les conditions<br />

d’altitu<strong>de</strong> fixées à 2 000 mètres. Et ils sont moins<br />

nombreux qu’on ne pourrait le penser : à titre<br />

d’exemple, en configuration ouest, le <strong>18</strong> juillet<br />

2008, 203 avions ont décollé ou atterri <strong>de</strong> Roissy<br />

et 26 du Bourget et en configuration est, le<br />

30 mai, 201 avions <strong>de</strong> Roissy et 50 du Bourget,<br />

ces <strong>de</strong>ux journées étant représentatives du trafic<br />

habituel, selon la direction générale <strong>de</strong> l’aviation<br />

civile (DGAC).<br />

Entre zéro et 2 000 mètres, on pénètre dans la<br />

« bulle parisienne », dans laquelle le survol est interdit.<br />

Une règle qui comporte <strong>de</strong>s exceptions :<br />

les hélicoptères effectuant <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> service<br />

public (défense, douanes, police, sécurité civile)<br />

ou d’intérêt général (évacuations sanitaires, <strong>de</strong>sserte<br />

<strong>de</strong>s hôpitaux, surveillance <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité du<br />

trafic automobile) bénéficient <strong>de</strong> dérogations.<br />

Certains aéronefs privés peuvent également<br />

décrocher <strong>de</strong>s autorisations <strong>de</strong> survol exceptionnelles,<br />

accordées au compte-gouttes par le<br />

préfet <strong>de</strong> police. À condition <strong>de</strong> ne pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

la lune.<br />

CIEL PRIVÉ<br />

Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dérogations sont multiples,<br />

souvent dangereuses, comme celle <strong>de</strong> ce cinéaste<br />

qui souhaitait filmer les tours <strong>de</strong> Notre-<br />

Dame avec un hélicoptère radiocommandé…<br />

« Le principe est l’interdiction. Nous sommes très<br />

vigilants dans l’octroi <strong>de</strong> dérogations, pour prévenir<br />

à la fois les risques et les nuisances occasionnées<br />

aux riverains. Nous ne sommes pas <strong>de</strong>s rabat-joie<br />

mais Paris n’est pas une ville dans laquelle on<br />

peut autoriser tout et n’importe quoi », souligne<br />

Raymon<strong>de</strong> Colin, conseillère technique au cabinet<br />

du préfet <strong>de</strong> police, qui examine toutes<br />

les requêtes. Les candidats doivent présenter<br />

<strong>de</strong>s projets soli<strong>de</strong>s, comme Luc Besson pour le<br />

film <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong> la candidature <strong>de</strong> Paris<br />

aux JO 2012. Des autorisations sont également<br />

accordées aux chaînes <strong>de</strong> télévision pour la retransmission<br />

<strong>de</strong> commémorations nationales<br />

ou d’événements sportifs exceptionnels (arrivée<br />

<strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> France <strong>de</strong> football ou <strong>de</strong> rugby<br />

au len<strong>de</strong>main d’une victoire, Tour <strong>de</strong> France,<br />

marathon <strong>de</strong> Paris, etc.) ou encore à certains<br />

instituts cartographiques, à la condition expresse<br />

que les photographies soient ensuite disponibles,<br />

à prix coûtant ou gracieusement.<br />

CIEL FLÉCHÉ<br />

Une fois le ticket d’entrée obtenu, tout n’est<br />

pas autorisé pour autant. Les pilotes doivent<br />

emprunter un cheminement imposé, sous<br />

peine <strong>de</strong> se retrouver indésirables dans le ciel<br />

<strong>de</strong> Paris, comme ce pilote d’hélicoptère autorisé<br />

à filmer l’arrivée du Tour <strong>de</strong> France<br />

sur les Champs-Élysées et qui en<br />

profita pour se payer<br />

un petit survol<br />

AÉRONEF<br />

appareil capable<br />

d’évoluer<br />

au sein <strong>de</strong> l’atmosphère<br />

terrestre :<br />

montgolfière, ballon<br />

dirigeable, avion,<br />

planeur, parapente,<br />

<strong>de</strong>ltaplane,<br />

hélicoptère…<br />

LIAISONS 95 l 14-15


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > le droit du ciel<br />

À titre exceptionnel, un photographe a été autorisé en mai <strong>de</strong>rnier à prendre <strong>de</strong>s clichés <strong>de</strong> la Tour Eiffel à cent<br />

cinquante mètres <strong>de</strong> hauteur, au moyen d’un ballon gonflé à l’hélium auquel était suspendu son appareil : une<br />

faveur à l’occasion <strong>de</strong>s 120 ans <strong>de</strong> la « Vieille Dame », obtenue <strong>de</strong> haut vol après six mois <strong>de</strong> démarches.<br />

du Sacré-Cœur… Sanction : privé <strong>de</strong> bulle parisienne<br />

pendant cinq ans. Certains endroits ne<br />

sont jamais survolés, notamment la prison <strong>de</strong> la<br />

Santé, Matignon ou l’Élysée. Les vols ont toujours<br />

lieu <strong>de</strong> jour, avec une hauteur minimale<br />

<strong>de</strong> 500 mètres.<br />

Enfin, les appareils doivent être <strong>de</strong>s biturbines<br />

pour que, en cas <strong>de</strong> défaillance d’un moteur,<br />

le pilote puisse poursuivre son vol en toute sécurité,<br />

et être munis d’un transpon<strong>de</strong>ur, boîte<br />

noire qui permet d’i<strong>de</strong>ntifier la position <strong>de</strong> l’appareil,<br />

<strong>de</strong> façon à être vus sur les écrans radar<br />

<strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s principaux aéroports<br />

<strong>de</strong> la région parisienne (Orly, Roissy-CDG, Le<br />

Bourget, Villacoublay).<br />

CIEL DÉGAGÉ<br />

Et si un inconscient décidait <strong>de</strong> passer outre ?<br />

Il serait immédiatement repéré par les opérateurs<br />

<strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> la DGAC, qui<br />

le rappelleraient à l’ordre par radio. En cas extrême,<br />

l’armée dépêcherait son Fennec, hélicoptère<br />

doté d’un canon et d’un tireur d’élite.<br />

Depuis le 11 septembre 2001, la surveillance a<br />

encore été renforcée. Des radars <strong>de</strong> l’armée balayent<br />

l’espace aérien au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s immeubles.<br />

Un avion <strong>de</strong> ligne serait instantanément pris en<br />

chasse par <strong>de</strong>s Mirages prêts à décoller en permanence,<br />

susceptibles d’ouvrir le feu sur ordre<br />

prési<strong>de</strong>ntiel. On n’en est pas là et les « barons<br />

noirs » (voir page suivante) sont <strong>de</strong>s exceptions.<br />

Selon Pascal Huin, chef <strong>de</strong> la base hélicoptères<br />

© Stéphane Compoint<br />

<strong>de</strong> la sécurité civile, « 90 % <strong>de</strong>s intrus sont <strong>de</strong>s<br />

pilotes civils qui se sont perdus, surtout <strong>de</strong>s étrangers<br />

qui sortent sans s’en rendre compte <strong>de</strong>s itinéraires<br />

imposés. Quand ils arrivent à Orly, c’est trop<br />

tard : ils sont pris en chasse. » De quoi inciter à<br />

respecter le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route <strong>de</strong>s airs. LP<br />

QUI FAIT QUOI ?<br />

La direction générale <strong>de</strong> l’aviation civile (DGAC), qui dépend<br />

du ministère <strong>de</strong> l’écologie, <strong>de</strong> l’énergie, du développement durable<br />

et <strong>de</strong> l’aménagement du territoire, est responsable <strong>de</strong> la sécurité<br />

et <strong>de</strong> la sûreté du transport aérien. Prestataire <strong>de</strong> services <strong>de</strong>s<br />

compagnies aériennes, elle assure la gestion <strong>de</strong> la circulation aérienne,<br />

élabore et fait appliquer la réglementation <strong>de</strong>s aéroports<br />

et <strong>de</strong>s compagnies françaises et organise le retour d’expérience<br />

après inci<strong>de</strong>nts et acci<strong>de</strong>nts. Les services chargés du contrôle sont<br />

placés sous son autorité.<br />

Le préfet <strong>de</strong> police autorise les survols à moins <strong>de</strong> 2 000 mètres.<br />

Il recueille auparavant l’avis <strong>de</strong> l’unité « air » <strong>de</strong> la direction<br />

opérationnelle <strong>de</strong>s services techniques et logistiques (Dostl), basée<br />

à l’héliport <strong>de</strong> Paris, dans le 15 e arrondissement, et celui <strong>de</strong><br />

la DGAC.<br />

La police du ciel <strong>de</strong> Paris est assurée par l’armée <strong>de</strong> l’air<br />

(ministère <strong>de</strong> la défense). Basée à Villacoublay (Yvelines), l’équipe<br />

MASA (mesures actives <strong>de</strong> sûreté aérienne), armée d’hélicoptères,<br />

est la gardienne du ciel parisien. Elle est complémentaire <strong>de</strong> la PO<br />

(permanence opérationnelle) armée d’avions <strong>de</strong> chasse.<br />

© Stéphane Compoint


SURVOLS VOLÉS<br />

octobre 1981<br />

Alain Marchand passe<br />

sous l’Arc <strong>de</strong> triomphe ;<br />

5 000 F d’amen<strong>de</strong><br />

pour survol d’une zone<br />

interdite et vol d’acrobatie<br />

au-<strong>de</strong>ssus d’une agglomération.<br />

13 septembre 1988<br />

Albert Maltret (dit le Baron<br />

noir) est interpellé à<br />

l’aérodrome <strong>de</strong> Saint-Cyrl’École<br />

après un survol<br />

<strong>de</strong>s Champs-Élysées.<br />

Il sera condamné<br />

à 50 000 F d’amen<strong>de</strong><br />

et à la suspension <strong>de</strong> sa<br />

licence pour <strong>de</strong> nombreux<br />

survols intempestifs.<br />

20 juillet 1991<br />

Un ULM se pose au pied<br />

<strong>de</strong> la Tour Eiffel. Le pilote<br />

plante un drapeau tricolore<br />

puis s’enfuit à pied<br />

sans être i<strong>de</strong>ntifié.<br />

16 juillet 1991<br />

Un avion <strong>de</strong> voltige Mudry<br />

Cap B-10, volé à l’aéroclub<br />

<strong>de</strong> Lognes, passe<br />

sous l’Arc <strong>de</strong> triomphe<br />

puis sous la Tour Eiffel.<br />

Le mystère plane toujours<br />

sur l’i<strong>de</strong>ntité du pilote.<br />

Coll. Musée <strong>de</strong> l’<strong>Air</strong> et <strong>de</strong> l’Espace / Le Bourget, droits réservés.<br />

p 19 octobre 1901<br />

Santos-Dumont,<br />

à bord <strong>de</strong> son ballon,<br />

double la Tour Eiffel<br />

et gagne le prix<br />

Deutsch.<br />

t 7 août 1919<br />

l’adjudant-chef<br />

Go<strong>de</strong>froy passe<br />

sous l’Arc<br />

<strong>de</strong> Triomphe<br />

avec un biplan.<br />

Coll. Musée <strong>de</strong> l’<strong>Air</strong> et <strong>de</strong> l’Espace / Le Bourget, droits réservés.<br />

LIAISONS 95 l 16-17


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > le droit du ciel<br />

Le 19 janvier 1919, l’aviateur<br />

Jules Védrines, à bord <strong>de</strong> son Caudron G3,<br />

se posait sur le toit <strong>de</strong>s Galeries Lafayette.<br />

Coll. Musée <strong>de</strong> l’<strong>Air</strong> et <strong>de</strong> l’Espace / Le Bourget, droits réservés.<br />

Coll. Musée <strong>de</strong> l’<strong>Air</strong> et <strong>de</strong> l’Espace / Le Bourget, droits réservés.<br />

JULES VÉDRINES,<br />

LE PREMIER DÉLINQUANT AÉRIEN<br />

Avant la première guerre mondiale,<br />

les Galeries Lafayette mettent en<br />

jeu un prix <strong>de</strong> 25 000 anciens francs<br />

pour le premier aviateur qui<br />

réussirait à se poser sur la terrasse<br />

<strong>de</strong> 28 mètres sur 12 qui couronne<br />

le bâtiment. Exploit aussi dangereux<br />

qu’inutile, formellement interdit<br />

par la préfecture <strong>de</strong> police…<br />

mais qui n’est pas pour effrayer<br />

Jules Védrines, un pionnier <strong>de</strong><br />

l’aviation qui, au fil <strong>de</strong> ses prouesses,<br />

<strong>de</strong>vint l’un <strong>de</strong>s plus grands sportifs<br />

<strong>de</strong> son époque. Son origine mo<strong>de</strong>ste<br />

fit beaucoup pour sa popularité,<br />

le milieu <strong>de</strong> l’aéronautique étant<br />

alors plutôt réservé aux personnes<br />

<strong>de</strong>s classes aisées, comme Roland<br />

Garros, surnommé « l’aviateur<br />

élégant ».<br />

Premier pilote à dépasser<br />

les 100 km/h, le « Parigot gouailleur »<br />

gagne la coupe Gordon-Bennet<br />

en Amérique en 1912 en battant<br />

le record <strong>de</strong> vitesse à 167,8 km/h,<br />

rallie Paris au Caire en dix étapes,<br />

<strong>de</strong>vient le premier pilote à atterrir<br />

en Palestine. Pendant la guerre,<br />

il est chargé <strong>de</strong> missions <strong>de</strong> pénétration<br />

<strong>de</strong>s lignes alleman<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>rrière<br />

lesquelles il dépose et récupère<br />

saboteurs et espions.<br />

Le 19 janvier 1919, à bord<br />

d’un petit Caudron G-3<br />

maniable et lent, Védrines abor<strong>de</strong><br />

donc la terrasse au ras <strong>de</strong> la balustra<strong>de</strong><br />

d’un mètre qui la cerne et<br />

parvient à se poser entre les cages<br />

d’ascenseurs et les cheminées.<br />

Il en sort in<strong>de</strong>mne, mais détériore<br />

son avion et écope au passage <strong>de</strong> la<br />

première amen<strong>de</strong> pour délit aérien.<br />

Ce fut son ultime brava<strong>de</strong> à un<br />

<strong>de</strong>stin <strong>de</strong> simple mortel. Le 21 avril<br />

1919, à trente-huit ans, Védrines<br />

se tue dans un acci<strong>de</strong>nt d’atterrissage,<br />

alors qu’il transporte le premier<br />

courrier Paris-Rome par voie<br />

aérienne à bord d’un Caudron C 23.<br />

Il repose au cimetière <strong>de</strong> Pantin. LP


LE MUSÉE DE L’AIR ET DE L’ESPACE<br />

FRANZ REICHELT,<br />

LE TAILLEUR VOLANT<br />

Le 4 février 1912 à 8h30,<br />

Franz Reichelt, artisan tailleur<br />

autrichien, saute du premier étage<br />

<strong>de</strong> la Tour Eiffel pour tester une<br />

combinaison <strong>de</strong> son invention<br />

censée faire office <strong>de</strong> parachute.<br />

56 mètres et 5 interminables<br />

secon<strong>de</strong>s plus tard, il s’écrase<br />

au sol et meurt, filmé par les<br />

caméras <strong>de</strong> l’époque venues<br />

en nombre assister à ce qui<br />

s’annonçait comme un événement.<br />

En cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s balbutiements<br />

<strong>de</strong> l’aéronautique, personne<br />

ne semblait remettre en cause<br />

la réussite <strong>de</strong> l’expérience. Restent<br />

<strong>de</strong>s images saisissantes toujours<br />

consultables sur Internet, grâce<br />

auxquelles la mémoire <strong>de</strong> ce fou<br />

volant a traversé les siècles.<br />

Franz Reichelt est considéré<br />

comme l’ancêtre du base jump<br />

(cf. article suivant). LP<br />

À ceux qui souhaitent<br />

poursuivre cette exploration du ciel,<br />

Liaisons recomman<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> visiter le musée <strong>de</strong> l’air<br />

et <strong>de</strong> l’espace. Maquettes,<br />

reproductions gran<strong>de</strong>ur nature<br />

<strong>de</strong> machines volantes<br />

<strong>de</strong>s pionniers <strong>de</strong> l’aviation,<br />

Concor<strong>de</strong>, hélicoptères et satellites<br />

sont exposés au Bourget, permettant<br />

<strong>de</strong> mieux comprendre l’épopée<br />

aérospatiale, <strong>de</strong>s premières<br />

montgolfières à la fusée Ariane 5.<br />

Musée <strong>de</strong> l’air et <strong>de</strong> l’espace<br />

Aéroport Paris-Le Bourget<br />

Ouvert tous les jours sauf<br />

les lundis, le 25 décembre et<br />

le 1 er janvier. L’accès aux collections<br />

permanentes est gratuit pour tous.<br />

LIAISONS 95 l <strong>18</strong>-19


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > le droit du ciel<br />

Jeux interdits<br />

POUR ÉCHAPPER À LA ROUTINE PARISIENNE, CERTAINS SONT TENTÉS DE VOLER, PLANER OU VOLTIGER. FLIRTER AVEC<br />

LES CIEUX, FAIRE COMME L’OISEAU, AU RISQUE DE SE BRÛLER LES AILES. LE CIEL EST-IL UN TERRAIN DE JEUX ?<br />

CERF-VOLANT : INTERDIT MAIS…<br />

Faire du cerf-volant à Paris ? Mauvaise<br />

idée. Les cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong> retenue d’un cerfvolant<br />

représentent un danger pour<br />

les passants quand elles fen<strong>de</strong>nt l’air<br />

à gran<strong>de</strong> vitesse. Sans compter les atterrissages<br />

forcés qui pourraient provoquer<br />

un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la circulation.<br />

Néanmoins, la préfecture <strong>de</strong> police a<br />

décidé, en accord avec la mairie <strong>de</strong> Paris,<br />

<strong>de</strong> retenir la plaine <strong>de</strong> jeux <strong>de</strong> Bagatelle<br />

pour <strong>de</strong> telles démonstrations.<br />

Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s sont instruites en liaison<br />

avec la direction générale <strong>de</strong> l’aviation<br />

civile nord et la mairie <strong>de</strong> Paris.<br />

DELTAPLANE, ULM : INTERDIT<br />

Instabilité en vol, pas <strong>de</strong> transpon<strong>de</strong>ur<br />

: ces aéronefs ont tout pour<br />

déplaire. À titre très exceptionnel, la<br />

préfecture <strong>de</strong> police a accordé une<br />

dérogation <strong>de</strong> survol à une aile <strong>de</strong>lta<br />

motorisée en 2007, dans le cadre <strong>de</strong> la<br />

fête <strong>de</strong>s transports. Elle <strong>de</strong>vait gui<strong>de</strong>r<br />

un troupeau d’oies cendrées apprivoisées.<br />

Mais la gran<strong>de</strong> première fit<br />

un flop. L’ULM ne parvint jamais à<br />

© MAXFX - Fotolia.com<br />

décoller <strong>de</strong> l’héliport d’Issy-les-<strong>Mo</strong>ulineaux,<br />

ce qui ne fut pas le cas <strong>de</strong>s<br />

oies, qui s’évaporèrent dans la nature.<br />

Neuf d’entre elles furent retrouvées,<br />

la dixième vole toujours… L’expérience<br />

n’a pas été renouvelée.<br />

LÂCHER DE PIGEONS : INTERDIT<br />

Toute personne détenant <strong>de</strong>s pigeons<br />

voyageurs, même <strong>de</strong> façon transitoire,<br />

doit obligatoirement adhérer à<br />

une association colombophile (loi du<br />

23 juin 1994). Paris ne fait plus partie<br />

<strong>de</strong>s municipalités où le lâcher <strong>de</strong><br />

pigeons voyageurs est autorisé. Des<br />

lâchers symboliques <strong>de</strong> colombes<br />

peuvent exceptionnellement avoir<br />

lieu, sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

MONTGOLFIÈRE : AUTORISÉ<br />

Ne pensez pas pour autant faire le tour<br />

<strong>de</strong> Paris en 80 jours : les seuls ballons<br />

admis dans la capitale sont les ballons<br />

captifs (amarrés au sol), comme celui<br />

du parc André Citroën qui monte à<br />

150 mètres. Habituellement, les ballons<br />

sont cantonnés à l’intérieur <strong>de</strong>s<br />

Bois <strong>de</strong> Boulogne ou <strong>de</strong> Vincennes.<br />

Une exception risquerait <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir<br />

une règle : un baptême <strong>de</strong> l’air autorisé<br />

en montgolfière et tout Paris en serait<br />

couvert !<br />

PARACHUTE : PARFOIS AUTORISÉ<br />

La discipline est soumise à autorisation,<br />

en général accordée aux seuls<br />

militaires et policiers <strong>de</strong> haut vol lors<br />

<strong>de</strong>s traditionnelles démonstrations du<br />

14 juillet ou <strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> la sécurité<br />

intérieure. Là aussi, les risques sont importants<br />

: les parachutistes pourraient<br />

se prendre dans les réverbères, dans les<br />

arbres, atterrir sur la voie publique…<br />

BASE JUMP : INTERDIT<br />

« Base » est l’acronyme <strong>de</strong> Building,<br />

Antenna, Span bridge and Earth cliff<br />

jump (saut en parachute à partir d’un<br />

immeuble, d’une antenne, d’un pont<br />

ou d’une falaise). Ce sport, pratiqué<br />

aux États-Unis <strong>de</strong>puis les années 60,<br />

a connu un certain développement<br />

en France ces quinze <strong>de</strong>rnières années.<br />

Les premiers sauts français, qui<br />

remonteraient à l’avant-guerre, s’effectuaient<br />

<strong>de</strong>puis le « pont <strong>de</strong>s suicidés »,<br />

dans le parc <strong>de</strong>s Buttes-Chaumont.<br />

Aujourd’hui, quelques amateurs <strong>de</strong><br />

sensations fortes s’y adonnent <strong>de</strong>puis<br />

la Tour Eiffel, la Tour <strong>Mo</strong>ntparnasse et<br />

les gran<strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> la Défense. Dans<br />

la capitale, en l’absence <strong>de</strong> législation<br />

spécifique, toute personne qui saute en<br />

parachute est assimilée à un aéronef,<br />

et le survol <strong>de</strong> la capitale à moins <strong>de</strong><br />

2 000 m sans autorisation étant interdit,<br />

le base-jumper risque une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

5 e classe, soit 150 à 300 euros.<br />

MONTE-EN-L’AIR : INTERDIT<br />

20 % <strong>de</strong>s cambriolages à Paris sont<br />

commis par escala<strong>de</strong>. Aux risques et<br />

périls <strong>de</strong>s monte-en-l’air. LP


«<br />

Le ciel en pétards<br />

LES CIEUX NE SONT PAS FORCÉMENT LE LIEU DE TOUTES LES INTERDICTIONS ; ILS SONT ÉGALE-<br />

MENT UN INCROYABLE DÉCOR POUR DE NOMBREUX SPECTACLES PYROTECHNIQUES. POUR FIXER<br />

LES LIMITES DE CES MOMENTS EXPLOSIFS, ON PEUT COMPTER SUR L’EXPERTISE DU LABORA-<br />

TOIRE CENTRAL DE LA PRÉFECTURE DE POLICE.<br />

Un feu d’artifice, c’est tout simplement <strong>de</strong><br />

la poudre qui brûle dans <strong>de</strong>s bombes.»<br />

Patrick Bigot, chef démineur au laboratoire<br />

central, annonce la couleur.<br />

Le maître <strong>de</strong>s effets pyrotechniques et<br />

scéniques est « la » référence en matière <strong>de</strong> fusées<br />

et d’artifices <strong>de</strong> divertissements <strong>de</strong> toutes<br />

sortes. Derrière les célébrations du 14 juillet,<br />

<strong>de</strong>rrière chaque brasero allumé sur les planches<br />

d’un théâtre ou sur la scène <strong>de</strong> l’Opéra, <strong>de</strong>rrière<br />

chaque effet pyrotechnique déclenché au Palais<br />

Omnisport <strong>de</strong> Bercy pour un concert <strong>de</strong> Johnny,<br />

on retrouve l’expert, qui intervient en tant<br />

que conseiller et prescripteur technique. I<strong>de</strong>m<br />

pour les feux tirés <strong>de</strong>puis les jardins privés <strong>de</strong> salons<br />

<strong>de</strong> réception, à l’occasion <strong>de</strong> mariages, anniversaires<br />

et autres célébrations, dont il vérifie<br />

la faisabilité (limitation <strong>de</strong>s nuisances sonores,<br />

respect <strong>de</strong>s hauteurs <strong>de</strong> tir et périmètre <strong>de</strong> sécurité).<br />

Partout, pour obtenir une autorisation, il<br />

faut se tourner vers la préfecture du lieu <strong>de</strong> tir<br />

pour les feux d’artifice <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure (K4,<br />

réservés aux professionnels) ou vers le maire <strong>de</strong><br />

la commune concernée pour les feux K3 (vendus<br />

au grand public mais interdits aux mineurs).<br />

À Paris et en petite couronne, le préfet s’appuie<br />

sur le laboratoire central.<br />

Chaque année, plus <strong>de</strong> 230 feux pyrotechniques<br />

et effets scéniques sont ainsi soumis à l’avis du<br />

LCPP. Plusieurs éléments sont nécessaires à<br />

la constitution d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour obtenir<br />

le feu vert <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police : plan <strong>de</strong><br />

tir, désignation <strong>de</strong>s produits utilisés, numéros<br />

d’agréments, masses <strong>de</strong> matière active, distances<br />

<strong>de</strong> sécurité, certificat <strong>de</strong> qualification K4, plan<br />

d’implantation et barriérage.<br />

FEUX SACRÉS<br />

Les rares feux d’artifice <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure se<br />

déroulent essentiellement lors du 14 juillet. Pas<br />

moins <strong>de</strong> 3 000 kg d’explosifs seront nécessaires<br />

pour le show <strong>de</strong> trente minutes qui se tiendra cette<br />

année sur la Tour Eiffel pour célébrer ses 120 ans.<br />

En <strong>de</strong>hors du stockage sous haute surveillance <strong>de</strong><br />

la marchandise entreposée dans un lieu tenu secret<br />

au Trocadéro, la « Vieille Dame » sera évacuée, la<br />

circulation sur la Seine stoppée, les embarcadères<br />

bloqués et les rues adjacentes interdites à la circulation<br />

et aux piétons. Patrick Bigot justifie toutes ces<br />

précautions : « Les bombes peuvent monter jusqu’à<br />

plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents mètres et les éventuelles retombées<br />

incan<strong>de</strong>scentes, scories, braises, cartons et coques en<br />

plastiques ne doivent se faire ni sur le public, ni sur les<br />

bâtiments et les habitations. » Ainsi, palmiers, tournesols,<br />

rosaces et autres pivoines pourront briller<br />

<strong>de</strong> mille feux dans une nuit que l’on espère étoilée,<br />

car la seule chose que le labo ne maîtrise pas, c’est<br />

la météo. SB<br />

LE CODE<br />

DES EXPLOSIFS<br />

Bien que l’utilisation<br />

<strong>de</strong> fusées et <strong>de</strong><br />

pétards soit interdite<br />

dans la capitale,<br />

chaque année, ils sont<br />

à l’origine d’acci<strong>de</strong>nts<br />

et d’incendies lors<br />

du feu d’artifice<br />

du 14 juillet. Par<br />

précaution, leur vente<br />

est interdite à Paris<br />

du 1 er au 15 juillet.<br />

Les contrevenants<br />

s’exposent à<br />

une contravention<br />

<strong>de</strong> 5 e classe (maximum<br />

1 500 euros).<br />

Les utilisateurs<br />

sont quant à eux<br />

passibles d’une<br />

contravention <strong>de</strong><br />

1 ère classe (38 euros<br />

maximum) et peuvent<br />

également faire l’objet<br />

d’une procédure délictuelle<br />

pour trouble<br />

à la tranquillité<br />

publique (art 222-16<br />

du co<strong>de</strong> pénal). En<br />

cas <strong>de</strong> tirs en direction<br />

<strong>de</strong> personnes,<br />

<strong>de</strong>s poursuites pour<br />

mise en danger <strong>de</strong><br />

la vie d’autrui (art<br />

223-1 du co<strong>de</strong> pénal)<br />

peuvent être<br />

engagées.<br />

LIAISONS 95 l 20-21<br />

© Pascal Berardozzi - Fotolia.com


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > la police dans les airs<br />

LA POLICE DANS LES AIRS<br />

En avion, en hélicoptère ou au moyen <strong>de</strong> caméras perchées<br />

au sommet <strong>de</strong>s monuments parisiens, la préfecture <strong>de</strong> police<br />

prend <strong>de</strong> la hauteur pour sécuriser la capitale.


À bord <strong>de</strong> l’EC 145<br />

Mai 2009 : <strong>de</strong>puis quelques semaines, la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> répression du<br />

banditisme (BRB) et la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> recherche et d’intervention<br />

(BRI) enquêtent sur <strong>de</strong>s malfaiteurs agressant <strong>de</strong>s joueurs du casino<br />

d’Enghien-les-Bains pour leur voler leur véhicule, après les<br />

avoir suivis à la sortie <strong>de</strong> l’établissement. Ils utilisent un faux véhicule<br />

<strong>de</strong> police et « interpellent » leurs victimes avec gyrophare, brassard et<br />

menottes. Le véhicule utilisé par les malfaiteurs est i<strong>de</strong>ntifié. Les hommes <strong>de</strong><br />

la BRB pensent que les malfaiteurs préparent un « coup » pour les semaines à<br />

venir et préviennent la base hélicoptère : pour pister les malfaiteurs après leur<br />

forfait, ils auront besoin <strong>de</strong> l’assistance d’un hélicoptère au cas où l’équipe<br />

parviendrait à semer les équipes au sol.<br />

Le 25 mai à 5h du matin, coup <strong>de</strong> fil <strong>de</strong> la BRB à la base : les trois malfaiteurs<br />

viennent d’attaquer un camion <strong>de</strong> frêt et <strong>de</strong> séquestrer son chauffeur sur la<br />

commune <strong>de</strong> Saint-Leu-la-Forêt (95). L’hélicoptère, en alerte 7j/7 et 24h/24,<br />

décolle en quelques minutes et rejoint rapi<strong>de</strong>ment le site indiqué par la BRB.<br />

À bord, l’équipage est en liaison radio avec les policiers au sol. Vu du ciel, le<br />

camion volé est facile à repérer et son image apparaît en gros plan sur l’écran<br />

relié à la caméra. Soudain, le véhicule s’arrête dans une zone industrielle. Avant<br />

que les individus n’en <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt, les hommes <strong>de</strong> la BRB les interpellent. AC<br />

5h12 : le camion est repéré<br />

par l’hélicoptère<br />

HÉLICOPTÈRE EC145 UN RENFORT INDISPENSABLE<br />

Sécurité routière, filatures, reconnaissance <strong>de</strong> sites sensibles (cités)<br />

avant une intervention, suivi <strong>de</strong> cortèges officiels, secours… Avec sa<br />

caméra embarquée dont les images sont transmises aux salles <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment,<br />

sa capacité à décoller en cinq minutes et à se déplacer<br />

très rapi<strong>de</strong>ment, l’hélicoptère offre un moyen <strong>de</strong> transport unique aux<br />

services <strong>de</strong> police.<br />

Pour ce type <strong>de</strong> missions, le préfet <strong>de</strong> police dispose d’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux hélicoptères<br />

EC 145 <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> Paris, gérée par la direction <strong>de</strong> la sécurité<br />

civile (ministère <strong>de</strong> l’intérieur).<br />

Repérage d’individus violents avant un<br />

match <strong>de</strong> football au Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> France.<br />

5h21 : il prend la direction<br />

d’une zone artisanale<br />

Arrivée d’un cortège officiel<br />

au siège <strong>de</strong> l’OCDE.<br />

FICHE TECHNIQUE<br />

EC 145<br />

autonomie en vol 2h50<br />

vitesse 240 km/h soit 4 km/mn<br />

altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 500 m à 5 000 m<br />

5h27 : les policiers <strong>de</strong> la BRB<br />

interpellent les malfaiteurs<br />

(images nocturnes filmées avec<br />

la caméra thermique).<br />

L’autre appareil, dédié aux secours, équipé d’une civière et d’un treuil,<br />

intervient à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s services départementaux d’incendie et <strong>de</strong><br />

secours (Sdis) d’Île-<strong>de</strong>-France. Si nécessaire, il peut être utilisé en renfort<br />

<strong>de</strong> l’hélicoptère « police » comme ce fut le cas pour <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong><br />

surveillance lors <strong>de</strong>s émeutes urbaines <strong>de</strong> Villiers-le-Bel en 2008 ou par<br />

la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> sapeurs-pompiers <strong>de</strong> Paris, rattachée à la préfecture <strong>de</strong><br />

police. Sept pilotes, sept mécaniciens <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> la sécurité civile<br />

(ministère <strong>de</strong> l’intérieur) et cinq opérateurs caméra <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong><br />

police s’y relaient 7j/7, 24h/24.<br />

Recherche <strong>de</strong> personne en forêt<br />

avec la caméra thermique.<br />

LIAISONS 95 l 22-23


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > la police dans les airs<br />

3 questions<br />

à Fabrice Merlin<br />

technicien caméraman à la base hélicoptère <strong>de</strong> Paris<br />

En vol, quel est votre rôle ?<br />

<strong>Mo</strong>n premier réflexe consiste à repérer, dans une vue d’ensemble,<br />

le détail important que les policiers au sol ne pourront pas forcément<br />

voir. Dans une manifestation, il peut s’agir d’un mouvement <strong>de</strong> foule<br />

ou d’une équipe <strong>de</strong> casseurs qui se détache ou qui contourne un dispositif<br />

policier pour l’encercler. Dans ce cas, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la caméra, je zoome<br />

sur l’inci<strong>de</strong>nt pour que le responsable <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment<br />

puisse donner aux policiers qui sont sur le terrain le signalement exact<br />

<strong>de</strong>s individus à interpeller.<br />

Dans une mission <strong>de</strong> sécurité routière, je repère rapi<strong>de</strong>ment les chauffards<br />

avec le fonctionnaire <strong>de</strong>s CRS qui est à bord. Grâce à la puissance<br />

du zoom <strong>de</strong> la caméra, l’infraction est bien mise en évi<strong>de</strong>nce et il est possible d’i<strong>de</strong>ntifier<br />

une plaque d’immatriculation et <strong>de</strong> faire un zoom sur les conducteurs.<br />

Quelles sont les qualités d’un bon caméraman ?<br />

Il faut déjà avoir une très bonne connaissance topographie <strong>de</strong> Paris et sa région pour ai<strong>de</strong>r<br />

le pilote à se diriger au plus vite en fonction <strong>de</strong>s instructions reçues par radio, qu’il s’agisse<br />

<strong>de</strong> suivre un fuyard ou <strong>de</strong> se rendre le plus vite possible au-<strong>de</strong>ssus d’un site où se déroule<br />

un inci<strong>de</strong>nt. Autrement dit, il faut avoir travaillé comme policier sur le terrain. Quand la radio<br />

annonce «Hold up au Sud-Est <strong>de</strong> Paris», j’indique «Bercy» au pilote, quand elle dit « Vol à main<br />

armée sur le bas <strong>de</strong> <strong>Mo</strong>ntreuil », je dis « Rosny », qui sont <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> repère sur les cheminements<br />

hélicoptère en région parisienne.<br />

Pour ma part, j’ai passé plusieurs années en compagnie <strong>de</strong> district ainsi qu’à la bac <strong>de</strong> nuit<br />

75. Cette expérience permet aussi d’anticiper les réactions d’un fuyard. Par exemple, on peut<br />

prévoir qu’il va laisser sa voiture sur le bas-côté pour s’engouffrer dans le métro ; on fait donc<br />

prévenir les policiers du métro pour qu’ils prennent le relais <strong>de</strong> l’hélicoptère.<br />

De même, le fait d’avoir participé à <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> l’ordre ai<strong>de</strong> à évaluer<br />

le nombre <strong>de</strong> manifestants <strong>de</strong>puis l’hélicoptère pour renseigner l’état-major au sol.<br />

On imagine qu’il faut aussi être très réactif…<br />

Bien sûr ! À bord, il faut sans cesse communiquer avec le pilote et le mécanicien, « percuter »<br />

quand on reçoit un message du sol, informer en retour les équipes <strong>de</strong> terrain sur ce qu’on voit<br />

tout en gérant nos prises <strong>de</strong> vues. Dans ces conditions, je peux vous dire qu’au bout d’une<br />

heure <strong>de</strong> vol, avec le bruit ambiant <strong>de</strong> l’hélicoptère que l’on entend malgré le casque,<br />

il y a <strong>de</strong> quoi avoir la tête pleine ! AC<br />

Caméra embarquée mo<strong>de</strong> d’emploi<br />

1<br />

2<br />

3<br />

Capteur thermique<br />

Super téléobjectif à longue focale<br />

Caméra <strong>de</strong> jour avec zoom<br />

2<br />

1<br />

3<br />

1<br />

2<br />

3<br />

2<br />

Comman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mouvements horizontaux<br />

et verticaux <strong>de</strong> la caméra.<br />

3<br />

Comman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s options (zoom, mo<strong>de</strong> thermique, etc.)<br />

1<br />

Réglages <strong>de</strong> la caméra (lumière, graduation thermique, etc.)


Des caméras<br />

aux sommets<br />

Manifestations, circulation,<br />

sites sensibles… Pour être en<br />

mesure <strong>de</strong> réagir à tout inci<strong>de</strong>nt<br />

dans la capitale, la préfecture<br />

<strong>de</strong> police dispose <strong>de</strong> plusieurs salles<br />

<strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment dont les écrans<br />

retransmettent les images filmées<br />

par le réseau <strong>de</strong> caméras installées<br />

dans Paris.<br />

Trois d’entre elles dominent<br />

toutes les autres. Installées<br />

« en l’air », au sommet <strong>de</strong> l’Arc<br />

<strong>de</strong> Triomphe, <strong>de</strong> l’Obélisque<br />

(place <strong>de</strong> la Concor<strong>de</strong>)<br />

et <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> Juillet<br />

(place <strong>de</strong> la Bastille), elles offrent<br />

une vue imprenable sur <strong>de</strong>s sites<br />

stratégiques.<br />

Les <strong>de</strong>ux premières se complètent<br />

pour surveiller les Champs-Élysées<br />

lors du défilé du 14 juillet et <strong>de</strong>s<br />

rassemblements festifs et repérer<br />

les attroupements spontanés.<br />

La caméra <strong>de</strong> l’Obélisque permet<br />

<strong>de</strong> surveiller le pont <strong>de</strong> la Concor<strong>de</strong>,<br />

qui peut être franchi par <strong>de</strong>s<br />

manifestants souhaitant rejoindre<br />

l’Élysée <strong>de</strong>puis la rive gauche ainsi<br />

que l’Assemblée Nationale.<br />

La caméra <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> Juillet<br />

surplombe la place <strong>de</strong> la Bastille,<br />

qui est un lieu <strong>de</strong> départ, <strong>de</strong> passage<br />

ou <strong>de</strong> dispersion pour<br />

<strong>de</strong> nombreuses manifestations.<br />

Comme les autres caméras<br />

parisiennes, pour la plupart fixées<br />

sur les faça<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s bâtiments,<br />

en haut <strong>de</strong>s feux rouges<br />

ou <strong>de</strong>s lampadaires, elles<br />

sont pivotables à distance<br />

sur 360 <strong>de</strong>grés.<br />

Avec <strong>de</strong> bons yeux, vous pourrez<br />

peut-être les apercevoir… AC<br />

Caméra installée près du génie<br />

<strong>de</strong> la Bastille (à droite sur le balcon).<br />

LIAISONS 95 l 24-25


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > la police dans les airs<br />

PP airlines<br />

DÈS L’APRÈS-GUERRE, LA PRÉFECTURE DE POLICE SE DOTE DE MOYENS<br />

AÉRIENS POUR SURVEILLER LA CAPITALE. À BORD, UN PHOTOGRAPHE PUIS<br />

UN CAMÉRAMAN ONT POUR MISSION D’APPORTER TOUTES SORTES D’INFOR-<br />

MATIONS VISUELLES UTILES AUX SERVICES DE POLICE.<br />

AVION AAC1 TOUCAN<br />

Entre 1951 et 1955, la préfecture <strong>de</strong> police se dote<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux avions <strong>de</strong> ce type, qui sont <strong>de</strong>s évolutions<br />

<strong>de</strong> l’avion Junker Ju-52 <strong>de</strong> l’armée alleman<strong>de</strong>.<br />

L’un est basé à l’aérodrome <strong>de</strong> Bretigny-sur-Orge<br />

et l’autre au Bourget. Ce <strong>de</strong>rnier s’écrasera en mars<br />

1955 à Gonesse peu après son décollage.<br />

AVION MORANE-SAULNIER<br />

MS-502 CRIQUET<br />

Cet ancien avion <strong>de</strong> reconnaissance,<br />

dont le modèle était inspiré<br />

du Fieseler Fi156 Storch <strong>de</strong> l’armée<br />

alleman<strong>de</strong>, a été utilisé par la<br />

préfecture <strong>de</strong> police <strong>de</strong> la Libération<br />

jusqu’à la fin <strong>de</strong>s années 1950.<br />

À son bord, un photographe<br />

<strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police.<br />

© Icholakov - Fotolia.com<br />

Coll. PP Dostl


AVION CAUDRON C-449/4 GOËLAND<br />

En service <strong>de</strong> 1949 à 1951, cet avion basé<br />

à Villacoublay était équipé d’une caméra située<br />

à l’avant dans le nez <strong>de</strong> l’appareil.<br />

LIAISONS 95 l 26-27<br />

Coll. PP Dostl


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > la police dans les airs<br />

EN 1968, LA BASE HÉLICO DE PARIS DISPOSE DE L’HÉLICOPTÈRE « ALOUETTE » II, AFFECTÉ AUX MISSIONS DE LA<br />

PRÉFECTURE DE POLICE, ET DE L’ALOUETTE III, ACQUISE PAR LA VILLE DE PARIS AU BÉNÉFICE DE LA BRIGADE DE<br />

SAPEURS-POMPIERS. L’ALOUETTE II DE LA PRÉFECTURE DE POLICE SERA RAPIDEMENT REMPLACÉE PAR UNE<br />

ALOUETTE III. L’ALOUETTE III EFFECTUERA SA DERNIÈRE MISSION DE POLICE EN MARS 2009. LES ALOUETTE ONT ÉTÉ<br />

REMPLACÉES PAR L’HÉLICOPTÈRE EC145.<br />

ALOUETTE II<br />

DÉBUT DES ANNÉES 1970<br />

L’Alouette II a été équipée d’une<br />

caméra afin d’expérimenter la<br />

retransmission d’images à la salle<br />

d’in<strong>format</strong>ion et <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment<br />

<strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police. C’est la<br />

perche située sous l’appareil qui<br />

retransmet ces images par on<strong>de</strong>s<br />

hertziennes.


Coll. PP Dostl<br />

ALOUETTE III – APRÈS 1980<br />

Essais avec une caméra suspendue à l’extérieur <strong>de</strong> l’hélicoptère. L’opérateur<br />

manipule manuellement une caméra <strong>de</strong> studio <strong>de</strong> télévision par tous les temps.<br />

Il a les jambes dans le vi<strong>de</strong> et doit, surtout en hiver, affronter<br />

<strong>de</strong>s températures très basses. Cet inconfort conduira à l’abandon <strong>de</strong> ce type<br />

<strong>de</strong> caméra pour lui préférer la caméra en boule située à l’extérieur <strong>de</strong> l’appareil.<br />

Le 16 mai, l’Alouette III <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police effectuait son <strong>de</strong>rnier survol <strong>de</strong> Paris avant<br />

d’être officiellement confiée au musée <strong>de</strong> l’<strong>Air</strong> et <strong>de</strong> l’Espace du Bourget. À son bord, Michèle<br />

Alliot-Marie, ministre <strong>de</strong> l’intérieur, Valérie André, général, mé<strong>de</strong>cin et première femme pilote<br />

d’hélicoptère, le préfet Christian Perret, directeur <strong>de</strong> la sécurité civile et le présentateur Michel<br />

Drucker, pilote d’hélicoptère.<br />

En service pendant quarante et un ans, l’Alouette III a escorté les plus grands chefs d’État<br />

en visite dans notre pays, assuré la reconnaissance <strong>de</strong>s itinéraires routiers empruntés par les chefs<br />

d’État conviés au G8 d’Evian en 2003, la surveillance <strong>de</strong> manifestations <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure<br />

comme celle organisée contre le régime <strong>de</strong>s retraites en 2004. L’Alouette III avait aussi participé<br />

à la surveillance nocturne <strong>de</strong> Paris lors <strong>de</strong> la recherche du fameux Baron Noir. AC<br />

Coll. PP Dostl<br />

LIAISONS 95 l 28-29<br />

Coll. PP Dostl


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > la police dans les airs<br />

DANS L’ŒIL DU DRÔNE<br />

Comment survoler un site sensible d’une manière discrète et sans<br />

danger ? Pourquoi pas en missionnant un drône, engin doté d’une<br />

caméra embarquée et piloté à distance. Cette technique, largement<br />

controversée, ne manque pourtant pas d’attraits pour les services opérationnels.<br />

Les images <strong>de</strong> la caméra embarquée peuvent être transmises<br />

en direct aux salles <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment sous forme <strong>de</strong> photos ou<br />

<strong>de</strong> vidéos, permettant d’orienter les interventions ou <strong>de</strong> dépêcher <strong>de</strong>s<br />

renforts. La briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> sapeurs-pompiers, notamment, est intéressée<br />

par cette formule pour survoler certains sinistres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur.<br />

Mais le survol <strong>de</strong> la capitale est aujourd’hui interdit, sauf dérogation<br />

du préfet <strong>de</strong> police. De plus, pour éviter tout inci<strong>de</strong>nt en cas <strong>de</strong> chute<br />

<strong>de</strong> l’appareil, un périmètre <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>vrait être établi au sol à l’ai<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> barrières, en contrebas <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> survol. Pas si simple, donc,<br />

d’employer ces appareils, d’autant que le crash d’un drône non autorisé<br />

à Paris en 2005 a soulevé la polémique, même si <strong>de</strong>puis la technologie<br />

a beaucoup évolué. Une doctrine d’emploi visant à encadrer son utilisation<br />

est donc à l’étu<strong>de</strong>. Les parisiens ne sont donc pas encore près <strong>de</strong><br />

voir ces petits engins au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> leur tête… AC Drône en vol<br />

7 jours en ballon<br />

Il ne fait aucun bruit, dispose<br />

d’une autonomie <strong>de</strong> 12 à 15 heures<br />

et consomme peu d’énergie.<br />

En 2005, la préfecture <strong>de</strong> police<br />

a testé le zeppelin avec succès<br />

pour surveiller le déroulement<br />

<strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> la musique grâce<br />

aux images filmées par sa caméra<br />

embarquée. Du 19 au 23 octobre,<br />

il survolera <strong>de</strong> nouveau la région<br />

parisienne à l’initiative du ministère<br />

<strong>de</strong> la défense, en accord avec<br />

la préfecture <strong>de</strong> police et avec<br />

le concours d’un groupement<br />

d’industriels pour évaluer<br />

un nouveau concept <strong>de</strong> surveillance<br />

d’une gran<strong>de</strong> agglomération,<br />

notamment dans le cadre du risque<br />

NRBC. Grâce à <strong>de</strong>s capteurs<br />

embarqués, il permettra <strong>de</strong> repérer<br />

et <strong>de</strong> suivre la dispersion dans<br />

l’air d’un gaz traceur diffusé au sol.<br />

Le laboratoire central mesurera la<br />

diffusion à terre <strong>de</strong> ce gaz inoffensif<br />

pour la santé. Il aura aussi pour<br />

mission <strong>de</strong> mesurer le rayonnement<br />

radiologique ambiant afin <strong>de</strong> pouvoir<br />

repérer, par différence, la présence<br />

d’un engin ou d’une source radiologique<br />

suspecte.


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > drôles d’oiseaux<br />

DRÔLES D’OISEAUX<br />

Paris n’est pas Venise… mais serait-il toujours Paris sans ses pigeons ? Héros <strong>de</strong> guerre ou « rats<br />

volants », les ramiers, bisets et autres colombins sont, <strong>de</strong>puis longtemps, dans la ligne <strong>de</strong> mire<br />

<strong>de</strong>s autorités. Ils ne sont pourtant pas les seuls volatiles à avoir élu la capitale comme nid d’amour.<br />

Les oiseaux, un sujet sérieux qui mobilise <strong>de</strong> nombreux services <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police.<br />

LIAISONS 95 l 30-<strong>31</strong>


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > drôles d’oiseaux<br />

Le masque et la plume<br />

SAUVAGES OU DOMESTIQUES, LES OISEAUX SONT DES RÉSERVOIRS NATURELS<br />

DE BON NOMBRE DE VIRUS GRIPPAUX QUI, DANS CERTAINES CONDITIONS, PEU-<br />

VENT SE TRANSMETTRE À L’HOMME. LA MENACE PLANE…<br />

Q<br />

ui se souvient du soldat<br />

Vaillant ? Le 4 juin 1916<br />

à 11h30, sous le matricule<br />

787.15, il apporta à<br />

Verdun, au travers <strong>de</strong>s fumées<br />

toxiques et <strong>de</strong>s tirs ennemis,<br />

l’ultime message du commandant<br />

Raynal, défenseur du Fort-<strong>de</strong>-Vaux :<br />

« Nous tenons toujours, mais nous subissons<br />

une attaque par les gaz et les<br />

fumées très dangereuses. Il y a urgence<br />

à nous dégager. Faites-nous donner <strong>de</strong><br />

suite toute communication optique par<br />

Souville, qui ne répond pas à nos appels.<br />

C’est mon <strong>de</strong>rnier pigeon. Signé :<br />

Raynal ». De retour au colombier, le<br />

pigeon Vaillant, gravement intoxiqué,<br />

mourut d’épuisement. Il fut décoré à<br />

titre posthume.<br />

Vaillant avait beau être un héros, l’hypothèse<br />

a été avancée que les pigeons<br />

soldats auraient joué un rôle dans la<br />

diffusion <strong>de</strong> l’épidémie <strong>de</strong> grippe espagnole<br />

<strong>de</strong> 19<strong>18</strong>, qui semble s’être<br />

particulièrement développée dans les<br />

tranchées. Elle causa entre 30 et 100<br />

millions <strong>de</strong> morts.<br />

L’ENNEMI PUBLIC N°1<br />

Des chiffres qui font froid dans le<br />

dos, quand on sait que la grippe espagnole<br />

sert <strong>de</strong> modèle pour une nouvelle<br />

pandémie ** <strong>de</strong> grippe aviaire ** à<br />

partir du virus A/H5N1 ** , qui, bien<br />

qu’éclipsé par le nouvel ennemi public<br />

A/H1N1, est désormais endémique<br />

dans <strong>de</strong> nombreux pays.<br />

Hypothèse jugée un peu tirée par<br />

les cheveux par Clau<strong>de</strong>tte Crochet,<br />

responsable du service <strong>de</strong> protection<br />

et <strong>de</strong> santé animales <strong>de</strong> la direction<br />

départementale <strong>de</strong>s services vétérinaires*,<br />

chargé, entre autres missions, <strong>de</strong><br />

détecter les maladies animales. « Tous<br />

les oiseaux sont porteurs <strong>de</strong> virus. On ne<br />

peut pas incriminer une espèce en particulier.<br />

N’importe quel oiseau peut se<br />

poser sur une nappe d’eau et être contaminé<br />

».<br />

Faut-il dès lors se méfier <strong>de</strong> tout ce qui<br />

porte plumes ? « Il faut différencier la<br />

grippe aviaire <strong>de</strong>s oiseaux d’élevage, qui<br />

peut se développer à tout moment dans<br />

un élevage confiné, <strong>de</strong> la grippe aviaire<br />

portée par les oiseaux sauvages. Les virus<br />

se développent <strong>de</strong> préférence sur les<br />

individus dont l’organisme, affaibli par<br />

leurs conditions <strong>de</strong> détention, ne va pas<br />

se battre », précise Clau<strong>de</strong>tte Crochet.<br />

Si les élevages peuvent facilement être<br />

confinés et détruits en cas <strong>de</strong> présence


du virus, le danger pourrait provenir<br />

<strong>de</strong>s oiseaux migrateurs, cygnes ou surtout<br />

canards col-verts, qui aiment à<br />

frayer avec les canards <strong>de</strong> ferme, mais<br />

dont le nombre d’espèces est limité à<br />

Paris : « Les flux migratoires existent au<br />

<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Paris mais la majeure partie<br />

longent la côte atlantique ».<br />

GARE AUX CANARDS<br />

Le plan national <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong><br />

lutte contre la pandémie grippale **<br />

vise à prévenir l’apparition et le développement<br />

<strong>de</strong> foyers d’influenza<br />

aviaire en les détectant et en les éradiquant<br />

le plus rapi<strong>de</strong>ment possible,<br />

pour limiter le risque d’apparition<br />

d’un nouveau virus à capacité <strong>de</strong><br />

transmission interhumaine. « Si la<br />

France n’a pour le moment pas été touchée<br />

par la grippe aviaire, c’est grâce à<br />

ces mesures », affirme Martine Lepage,<br />

adjointe au chef du service <strong>de</strong> pro-<br />

LEXIQUE<br />

Grippe (ou influenza) aviaire<br />

Il existe trois types <strong>de</strong> virus <strong>de</strong> la grippe, les types A, B et C, le virus <strong>de</strong><br />

type C ne causant que <strong>de</strong>s problèmes respiratoires légers. La grippe aviaire<br />

désigne une maladie virale proche <strong>de</strong> la grippe due à une variante du virus<br />

Influenza A, qui infecte les oiseaux sauvages ou domestiques. Cette affection<br />

est transmissible entre volatiles et plus rarement à <strong>de</strong>s mammifères (dont le<br />

porc qui est à la fois réceptif aux virus grippaux aviaires et humains), mais<br />

elle est habituellement difficilement transmissible à l’homme.<br />

Virus A/H5N1<br />

Virus qui affecte les oiseaux. Ce virus est totalement nouveau, contrairement<br />

au virus A/H1N1. Si la question <strong>de</strong> la grippe aviaire a rapi<strong>de</strong>ment mobilisé<br />

tant d’experts et d’organismes internationaux, c’est en raison d’une possible « humanisation » du virus A/H5N1, qui<br />

semble aussi dangereux – si ce n’est plus – que celui <strong>de</strong> la grippe <strong>de</strong> 19<strong>18</strong>, qui est aujourd’hui le seul auquel on puisse<br />

le comparer en termes <strong>de</strong> virulence. Il ne lui manque que la capacité d’infecter facilement l’homme.<br />

Virus A/H5N1 © tibolux - Fotolia.com<br />

Epizootie<br />

(du grec zôotês - prononcer épizoti)<br />

Maladie qui frappe simultanément un grand nombre d’animaux <strong>de</strong> même espèce ou d’espèces différentes.<br />

Epidémie<br />

Pendant humain <strong>de</strong> l’épizootie, c’est l’extension rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladie en un lieu et un moment donné.<br />

Pandémie<br />

Extension <strong>de</strong> l’épidémie à l’échelle mondiale. Une pandémie grippale est caractérisée par l’apparition d’un nouveau virus<br />

grippal, contre lequel l’immunité <strong>de</strong> la population est faible ou nulle. Un tel virus peut résulter d’échanges entre souches<br />

animales et humaines en évolution permanente (c’est souvent par l’interaction <strong>de</strong> populations humaines, porcines et<br />

aviaires qu’apparaissent les nouvelles souches <strong>de</strong> virus <strong>de</strong> la grippe) ou <strong>de</strong> mutations progressives d’un virus animal. Des<br />

virus ayant déjà circulé dans le passé peuvent également réapparaître.<br />

Plan national <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> lutte contre une pandémie grippale<br />

Élaboré en 2004 et régulièrement réactualisé, ce plan vise à anticiper les risques et à prévoir les réponses en cas <strong>de</strong><br />

pandémie aviaire, à tous les sta<strong>de</strong>s (influenza, épizootie, épidémie…). Au niveau départemental, en cas <strong>de</strong> pandémie<br />

avérée, la préfecture <strong>de</strong> police, via la zone <strong>de</strong> défense, est chargée <strong>de</strong> mettre en œuvre les mesures prévues par ce plan,<br />

notamment : déclencher le plan blanc élargi (plan prévu en cas <strong>de</strong> nombreuses victimes ; dans le cas <strong>de</strong> la pandémie<br />

grippale, seuls les cas les plus graves seraient hospitalisés afin <strong>de</strong> ne pas engorger le système <strong>de</strong> soins), gérer les stocks<br />

<strong>de</strong> masques et d’antiviraux ; assurer la continuité du service public.<br />

tection <strong>de</strong>s populations au secrétariat<br />

général <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> Paris,<br />

chargé <strong>de</strong> coordonner ce plan au niveau<br />

départemental.<br />

Depuis trois ans, tous les spécimens<br />

d’oiseaux <strong>de</strong>s ménageries et parcs<br />

parisiens sont vaccinés contre l’influenza<br />

aviaire. En outre, la DDSV<br />

procè<strong>de</strong> au minimum une fois par an<br />

à un panel d’analyse d’oiseaux trouvés<br />

morts dans Paris. Les spécimens sont<br />

envoyés dans un laboratoire <strong>spécial</strong>isé<br />

situé à Tours, qui effectue <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong><br />

détection. Le niveau <strong>de</strong> pré-alerte serait<br />

enclenché si un oiseau migrateur<br />

ou cinq oiseaux autochtones étaient<br />

découverts morts dans un périmètre<br />

restreint. Jusqu’ici, aucun oiseau porteur<br />

du virus H5N1 n’a jamais été<br />

trouvé à Paris.<br />

Mais rien ne dit que le virus pourrait<br />

arriver par les oiseaux : il pourrait<br />

être importé par un voyageur sous<br />

une forme humanisée ou circuler<br />

au contact d’un autre animal. On<br />

attendait la grippe aviaire, c’est la<br />

grippe dite « porcine » qui s’est répandue.<br />

Loin d’être exclusives, les <strong>de</strong>ux<br />

pourraient se recombiner. On ne<br />

peut pas non plus exclure que la pandémie<br />

soit provoquée par un autre<br />

virus influenza (H7, H9, H2…). Il<br />

n’existe aucune certitu<strong>de</strong> sauf celle,<br />

partagée par l’ensemble <strong>de</strong>s autorités<br />

sanitaires, qu’une pandémie grippale<br />

peut survenir à tout moment. La<br />

préfecture <strong>de</strong> police veille. LP<br />

*Direction départementale <strong>de</strong>s services<br />

vétérinaires (DDSV) : service du ministère <strong>de</strong><br />

l’agriculture placé sous l’autorité du préfet <strong>de</strong><br />

police, chargé d’appliquer la réglementation<br />

ministérielle (en particulier dans les domaines<br />

<strong>de</strong> l’agriculture et <strong>de</strong> l’environnement) et<br />

préfectorale (notamment la réglementation<br />

sanitaire départementale).<br />

**Voir lexique.<br />

QUE FAIRE<br />

EN CAS DE<br />

DÉCOUVERTE<br />

D’UN OISEAU<br />

MORT<br />

OU MALADE ?<br />

Dans la rue, surtout<br />

ne pas le toucher<br />

ni le ramasser, même<br />

avec <strong>de</strong>s gants.<br />

Éviter <strong>de</strong> déranger<br />

les pompiers mais<br />

prévenir les services<br />

municipaux <strong>de</strong> la Ville<br />

au 3975.<br />

Les propriétaires<br />

d’un oiseau mort<br />

doivent le porter<br />

chez le vétérinaire.<br />

LIAISONS 95 l 32-33


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > drôles d’oiseaux<br />

Pigeons,<br />

moineaux<br />

& Co<br />

MALGRÉ LA MENACE DE<br />

GRIPPE AVIAIRE, LES<br />

PARISIENS N’ONT PAS<br />

CÉDÉ À LA PSYCHOSE<br />

ET COHABITENT PLUTÔT<br />

HARMONIEUSEMENT<br />

AVEC LES OISEAUX. BIEN<br />

PLUS NOMBREUX QU’ON<br />

NE LE CROIT…<br />

À<br />

Paris, les oiseaux sont partout. Des<br />

pigeons, <strong>de</strong>s moineaux, <strong>de</strong>s bergeronnettes<br />

et <strong>de</strong>s mésanges en pagaille,<br />

mais aussi <strong>de</strong>s chouettes-effraies à<br />

Saint-Sulpice (la « dame blanche » aux<br />

soufflements rauques à l’origine <strong>de</strong> nombreuses<br />

histoires <strong>de</strong> revenants). Des faucons crécerelles à<br />

Notre-Dame, <strong>de</strong>s choucas dans les tours du 13e ,<br />

<strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s d’étourneaux sansonnets grappillant<br />

dans les écoles <strong>de</strong> jardinage <strong>de</strong> Bercy. Même les<br />

mouettes et goélands, <strong>de</strong> plus en plus nombreux<br />

(le chiffre <strong>de</strong> 3 000 est avancé), semblent prendre<br />

goût à la gran<strong>de</strong> ville où ils établissent leurs quartiers<br />

d’hiver, attirés par les poubelles, les fins <strong>de</strong><br />

marché et autres gar<strong>de</strong>-manger à ciel ouvert.<br />

En dépit <strong>de</strong> la pollution, <strong>de</strong> l’urbanisation, <strong>de</strong>s<br />

lumières, pas moins <strong>de</strong> 221 espèces d’oiseaux<br />

ont été observées dans la capitale par le centre<br />

ornithologique d’Île-<strong>de</strong>-France. Ils y trouvent<br />

un habitat varié et une nourriture plus « bio »<br />

qu’à la campagne, grâce aux efforts <strong>de</strong> la municipalité<br />

pour limiter l’emploi <strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s<br />

dans les parcs et jardins parisiens. Pour couvrir<br />

le bruit, ils chanteraient plus fort ! Tous ces<br />

oiseaux ne posent pas <strong>de</strong> problèmes sanitaires<br />

particuliers, et sont plutôt bienvenus en ville.<br />

« Les temps ont changé. Autrefois on clouait les rapaces<br />

sur les portes <strong>de</strong>s granges… la tendance est<br />

maintenant à la protection <strong>de</strong>s animaux. Nous<br />

recevons très peu <strong>de</strong> plaintes pour <strong>de</strong>s nuisances<br />

provoquées par les oiseaux, plutôt <strong>de</strong>s appels <strong>de</strong><br />

personnes qui veulent soigner un moineau mala<strong>de</strong><br />

ou qui s’inquiètent parce que la cage du perroquet<br />

<strong>de</strong> leur voisin est trop petite ! » raconte Clau<strong>de</strong>tte<br />

Crochet, vétérinaire à la DDSV. Une exception…<br />

les pigeons.<br />

LE PIGEON, CE MAL AIMÉ ?<br />

Selon la ligue <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s oiseaux, il y<br />

aurait 80 000 pigeons à Paris, soit environ un<br />

oiseau pour vingt-cinq habitants. Le pigeon<br />

traîne une mauvaise réputation… il n’est pourtant<br />

pas plus sale que les autres oiseaux. Le problème,<br />

ce sont leurs fientes, qui dégra<strong>de</strong>nt bâtiments,<br />

matériels urbains, jeux pour enfants,<br />

véhicules et posent <strong>de</strong>s problèmes sanitaires.<br />

« Nous n’agissons pas sur les pigeons mais sur les personnes<br />

qui les nourrissent » explique Jean-Michel<br />

Derrien, chef <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s nuisances<br />

animales (UPNA), rattachée à la DDSV.<br />

Le règlement sanitaire départemental <strong>de</strong> Paris<br />

interdit formellement « d’agrainer » les pigeons,<br />

sous peine <strong>de</strong> se voir remettre une contravention<br />

<strong>de</strong> 3 e ou 4 e classe. Les sacs <strong>de</strong> riz, débris <strong>de</strong><br />

nourriture et morceaux <strong>de</strong> pain déversés par terre<br />

attirent d’autres animaux, notamment <strong>de</strong>s corneilles,<br />

qui sous l’effet <strong>de</strong> la faim peuvent <strong>de</strong>venir<br />

menaçantes : mises en appétit, elles n’hésitent<br />

pas à s’en prendre aux quatre-heures <strong>de</strong>s écoliers<br />

dans les parcs. Si, malgré les rappels à l’ordre,<br />

les nourrisseurs refusent d’entendre raison, récidivent<br />

ou <strong>de</strong>viennent menaçants (pris sur le<br />

fait, certains sortent parfois <strong>de</strong>s lames <strong>de</strong> cutter,<br />

injurient les forces <strong>de</strong> l’ordre ou les employés<br />

municipaux), ils sont interpellés, auditionnés<br />

à l’UPNA et convoqués au tribunal <strong>de</strong> police.<br />

En général, ça calme… mais pas toujours. LP<br />

(PRESQUE) TOUT SUR LE PIGEON<br />

LE SAVIEZ-<br />

VOUS ?<br />

Pour effrayer les<br />

oiseaux, dangers<br />

potentiels pour<br />

les avions lors<br />

<strong>de</strong>s décollages<br />

et <strong>de</strong>s atterrissages<br />

(ils peuvent être<br />

avalés par un réacteur<br />

ou casser les pales),<br />

les aéroports<br />

disposent<br />

d’« effaroucheurs »,<br />

systèmes qui reproduisent<br />

<strong>de</strong>s bruits<br />

<strong>de</strong> pétards ou les<br />

cris <strong>de</strong>s prédateurs<br />

(faucon, aigles,<br />

hiboux, etc.). La base<br />

militaire <strong>de</strong> Villacoublay<br />

dispose même<br />

<strong>de</strong> véritables faucons<br />

chasseurs.<br />

Les pigeons parisiens appartiennent à trois espèces : le biset <strong>de</strong> ville, le plus<br />

fréquent (90 %), le pigeon ramier (9 %) qui niche dans les arbres et le colombin,<br />

assez rare. Originaire <strong>de</strong> l’Égypte ancienne, les bisets étaient, jusqu’à la fin du<br />

19 e siècle, uniquement élevés en pigeonniers (ce sont eux les fameux pigeons<br />

voyageurs). En l’absence <strong>de</strong> prédateurs, ils ont colonisé Paris <strong>de</strong>puis le début<br />

du 20 e siècle, grâce à leurs remarquables capacités d’adaptation : le biset niche<br />

dans les moindres anfractuosités <strong>de</strong>s bâtiments, squattant jusque les lignes <strong>de</strong><br />

métro aérien, les halls <strong>de</strong> gare… Un pigeon <strong>de</strong> ville vit en moyenne 6 à 8 ans.<br />

La limitation <strong>de</strong>s naissances est du ressort <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris, qui a mis en place<br />

plusieurs pigeonniers pilotes dans lesquels les œufs sont légèrement secoués<br />

afin <strong>de</strong> les rendre stériles.


Voiture Pie La <strong>Mo</strong>uette Deux hiron<strong>de</strong>lles<br />

<strong>Mo</strong>ts d’oiseaux PETIT « LISTING » DU VOCABULAIRE POLICIER OISEAU, D’HIER ET D’AUJOURD’HUI.<br />

Alouette<br />

Contractuelle, pervenche ou officiellement ASP – agent<br />

<strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> Paris.<br />

Hiron<strong>de</strong>lle<br />

Surnom donné aux premiers agents cyclistes. Créées<br />

par le préfet Louis Lépine, les briga<strong>de</strong>s cyclistes furent<br />

d’abord testées dans le 16 e arrondissement puis étendues<br />

aux arrondissements périphériques. Les policiers étaient<br />

munis d’un sabre, accroché au cadre entre la selle<br />

et le guidon, et d’un révolver qu’ils portaient en sautoir.<br />

Ils auraient été surnommés hiron<strong>de</strong>lles en raison <strong>de</strong> leur<br />

pèlerine noire, dont les pans, battant <strong>de</strong> part et d’autre,<br />

ressemblaient aux ailes <strong>de</strong> l’oiseau… ou, plus prosaïquement,<br />

à cause <strong>de</strong> la marque <strong>de</strong> leur bicyclette, « l’hiron<strong>de</strong>lle<br />

», fabriquée chez Manufrance à Saint-Étienne.<br />

La <strong>Mo</strong>uette<br />

L’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premières embarcations <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong><br />

fluviale, créée par le préfet Lépine à l’occasion<br />

<strong>de</strong> l’exposition universelle <strong>de</strong> 1900.<br />

Perdreau<br />

Policier en civil.<br />

Pic-vert<br />

Surnom donné aux jeunes appelés du contingent<br />

effectuant leur service national dans la police, en allusion<br />

aux épaulettes vertes qu’ils portaient sur leur uniforme.<br />

Coll. PP Dostl<br />

Coll. PP Dostl<br />

Poulet<br />

Métaphoriquement, le surnom désignerait le policier<br />

en civil qui glane les renseignements comme le poulet<br />

picore les grains. Un poulet serait donc un perdreau !<br />

Une secon<strong>de</strong> explication est plus crédible. En <strong>18</strong>71,<br />

Jules Ferry met à disposition <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police<br />

la caserne <strong>de</strong> la Cité pour en faire son siège. Cette caserne<br />

ayant été bâtie sur l’emplacement <strong>de</strong> l’ancien marché aux<br />

volailles <strong>de</strong> Paris, le sobriquet <strong>de</strong> poulet est alors donné<br />

aux policiers.<br />

Poulaga<br />

Dérivé argotique <strong>de</strong> poulet, au même titre que poulard,<br />

poulardin et poulaille, pour qualifier un policier.<br />

La maison poulaga, quant à elle, désigne l’institution,<br />

et plus particulièrement la préfecture <strong>de</strong> police. Signe<br />

<strong>de</strong> la popularité <strong>de</strong> l’expression, plusieurs rôtisseries<br />

n’ont pas hésité à se baptiser « La maison poulaga ».<br />

Rebecqueter<br />

Remonter jusqu’à l’auteur d’une infraction et l’i<strong>de</strong>ntifier.<br />

Retrouver un « objectif » en filature.<br />

Voiture pie<br />

La très populaire Renault 4 CV bicolore, noire et<br />

blanche, utilisée par la police parisienne à partir <strong>de</strong> 1955.<br />

Elle sera abandonnée au profit <strong>de</strong> la Dauphine.<br />

Rétropolice la police au secours <strong>de</strong>s abeilles<br />

Dans les années 70, la préfecture <strong>de</strong> police comptait parmi ses rangs <strong>de</strong>s gardiens<br />

<strong>de</strong> la paix apiculteurs, affectés à police-secours, chargés <strong>de</strong> capturer les abeilles<br />

fugueuses venues se fixer sur la branche d’un arbre, la cheminée d’un immeuble,<br />

le fournil d’une boulangerie… Les insectes étaient raccompagnés dans leur ruche<br />

ou recueillis par les gardiens <strong>de</strong> la paix, auprès <strong>de</strong>squels elles finissaient leurs jours.<br />

Ces <strong>spécial</strong>istes procédaient aussi à la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> guêpes ou <strong>de</strong> faux bourdons,<br />

mission aujourd’hui dévolue à la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sapeurs-pompiers <strong>de</strong> Paris. D’autres<br />

services <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police combattaient les insectes « nuisibles », comme le<br />

service <strong>de</strong> désinsectisation <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> la protection du public, qui menait<br />

chaque année une campagne d’épouillage <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s écoles parisiennes, avec<br />

traitement obligatoire <strong>de</strong>s enfants parasités et intervention en urgence sur appel<br />

<strong>de</strong>s directeurs d’établissement ! LP<br />

Coll. PP Dostl<br />

LIAISONS 95 l 34-35<br />

Coll. PP Dostl


«<br />

dossier > l’air <strong>de</strong> paris > drôles d’oiseaux<br />

Les fous<br />

d’oiseaux<br />

CERTAINS ADORENT LES PIGEONS,<br />

D’AUTRES VOUENT UNE PASSION SANS<br />

BORNES AUX CACATOÈS, CERTAINS<br />

TOMBENT RAIDES DINGUES D’UN CA-<br />

NARI… TOUS LES GOÛTS SONT DANS<br />

LA NATURE. MAIS QUAND L’AMOUR<br />

DES OISEAUX TOUCHE À L’OBSESSION,<br />

LES ENNUIS COMMENCENT.<br />

L<br />

ors d’une planque, nous avons<br />

suivi une femme qui, pour<br />

nourrir les pigeons, faisait le<br />

tour <strong>de</strong> toutes les poubelles <strong>de</strong><br />

l’arrondissement, notamment<br />

celles <strong>de</strong>s restaurants, et en déversait<br />

le contenu par terre. Elle faisait <strong>de</strong>s<br />

réserves, qu’elle cachait dans <strong>de</strong>s baraques<br />

<strong>de</strong> chantier. Elle affirmait que<br />

les pigeons étaient <strong>de</strong>s animaux du Bon<br />

Dieu, qui méritaient davantage d’être<br />

nourris que certains humains…», raconte<br />

Jean-Michel Derrien, chef <strong>de</strong><br />

l’unité <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s nuisances<br />

animales. Si tous les « bienfaiteurs »<br />

<strong>de</strong>s pigeons ne sont pas aussi illuminés,<br />

beaucoup affichent <strong>de</strong>s comportements<br />

pour le moins singuliers.<br />

Ils ont leurs coins, leurs heures, leurs<br />

stratégies, à l’instar <strong>de</strong> ce retraité qui<br />

avait élaboré un système sophistiqué<br />

<strong>de</strong> réserves dans les poches <strong>de</strong><br />

son imperméable, pour déverser en<br />

toute tranquillité <strong>de</strong>s sacs <strong>de</strong> riz sur<br />

la chaussée. Les membres <strong>de</strong> l’UPNA<br />

transmettent parfois certains dossiers<br />

aux organismes sociaux, comme celui<br />

d’une vieille dame qui laissait volontairement<br />

entrer les oiseaux dans son<br />

superbe appartement du boulevard<br />

Haussmann, aux meubles recouverts<br />

<strong>de</strong> fientes.<br />

COUPABLES PASSIONS<br />

Les pigeons ne sont pas les seuls à<br />

avoir leurs fans. « Il y a un véritable<br />

engouement <strong>de</strong>s particuliers pour les oiseaux<br />

exotiques, que certains collectionnent<br />

comme <strong>de</strong>s timbres-poste. Les gens<br />

s’amusent à faire <strong>de</strong>s mutations entre<br />

différentes espèces – cacatoès, chardonneret,<br />

bouvreuil, canari – pour obtenir<br />

<strong>de</strong> nouvelles couleurs. L’élevage représente<br />

aussi pour certains <strong>de</strong>s revenus<br />

d’appoint non négligeables » raconte<br />

Aurélie Chailloux, technicienne <strong>de</strong>s<br />

services vétérinaires, chargée d’inspection<br />

<strong>de</strong> la faune sauvage captive.<br />

« On trouve <strong>de</strong>s passionnés dans toutes<br />

les couches <strong>de</strong> la société, du concierge<br />

qui élève <strong>de</strong>s perruches dans sa loge aux<br />

chambres <strong>de</strong> bonnes aménagées en volières<br />

dans le 16 e arrondissement ».<br />

Là encore, la quête <strong>de</strong> l’oiseau rare<br />

peut mener à toutes les folies. On<br />

dénombre chaque année cinq ou six<br />

vols <strong>de</strong> spécimens exotiques <strong>de</strong> très<br />

gran<strong>de</strong> valeur dans les zoos et ménageries<br />

parisiens. Des espèces protégées<br />

Papageno,<br />

l’homme-oiseau<br />

<strong>de</strong> « la Flûte enchantée »<br />

<strong>de</strong> <strong>Mo</strong>zart.<br />

sont achetées et détenues en toute illégalité.<br />

Pour faire du commerce d’oiseaux<br />

rares, il faut être déclaré, avoir<br />

un certificat prouvant que leur détention<br />

est compatible avec la pérennité<br />

<strong>de</strong> l’espèce concernée, être en mesure<br />

<strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s justificatifs <strong>de</strong> provenance<br />

et <strong>de</strong> vente. Théoriquement,<br />

les acquéreurs doivent également<br />

déclarer leurs oiseaux et sont susceptibles<br />

d’être contrôlés par la DDSV,<br />

qui s’assure que les animaux sont<br />

détenus dans <strong>de</strong> bonnes conditions :<br />

tout un dispositif qui encadre très<br />

bien les établissements ayant pignon<br />

sur rue, mais s’avère totalement inefficace<br />

avec la vente sur Internet, qui<br />

favorise les échanges illégaux d’animaux<br />

en provenance <strong>de</strong>s quatre coins<br />

du mon<strong>de</strong>.<br />

DR


Le chardonneret élégant, qui se négocie<br />

plusieurs centaines d’euros au marché noir.<br />

LES AILES DU DÉLIRE<br />

Mais ce ne sont pas forcément les oiseaux<br />

les plus exotiques qui attirent le<br />

plus <strong>de</strong> convoitise. La palme revient<br />

au… chardonneret élégant, le chouchou<br />

<strong>de</strong>s volières, la star <strong>de</strong> la vente<br />

sous le manteau. Ou encore au verdier,<br />

bouvreuil, tarin <strong>de</strong>s aulnes et jaseur<br />

boréal, tous excellents chanteurs.<br />

Ces espèces, que l’on trouve facilement<br />

dans les jardins <strong>de</strong> banlieue, n’en<br />

sont pas moins protégées. C’est donc<br />

en toute illégalité qu’ils sont capturés<br />

et revendus, notamment au marché<br />

aux oiseaux qui se tient tous les dimanches<br />

place Louis Lépine, dans le<br />

4 e arrondissement.<br />

Certains sont prêts à payer <strong>de</strong>s sommes<br />

astronomiques pour un chardonneret.<br />

Ce genre <strong>de</strong> trafic peut rapporter gros :<br />

dans les 30 000 euros par an pour un<br />

individu interpellé par le Sarij 4*, qui a<br />

placé le marché aux oiseaux sous haute<br />

surveillance, remettant à l’honneur<br />

une partie du co<strong>de</strong> pénal en général<br />

peu usitée : les articles L411/1 et suivants<br />

du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement, qui<br />

constituent le délit <strong>de</strong> mise en vente<br />

d’espèces protégées.<br />

Une trentaine <strong>de</strong> personnes ont ainsi<br />

été interpellées par la briga<strong>de</strong> anticriminalité<br />

du 4 e . Toutes ont été<br />

condamnées, un magistrat référent<br />

ayant été nommé au Parquet <strong>de</strong> Paris.<br />

Ce n’est pas toujours l’appât du<br />

gain qui motive ces agissements,<br />

mais le plaisir d’être au contact <strong>de</strong>s<br />

oiseaux, d’obtenir <strong>de</strong>s mutations,<br />

<strong>de</strong> les entendre chanter, souligne le<br />

lieutenant Frédéric Au<strong>de</strong>gon, chef<br />

adjoint du Sarij du 4 e arrondissement.<br />

« Si les interpellés appartiennent<br />

à toutes les classes <strong>de</strong> la société,<br />

la quasi-totalité sont originaires du<br />

pourtour du bassin méditerranéen, Italiens,<br />

Espagnols, Corses, Maghrébins,<br />

Turcs… pays où la culture <strong>de</strong> l’oiseau<br />

© S.R.Miller - Fotolia.com<br />

est très forte. Ces personnes entretiennent<br />

toutes un lien passionnel avec les<br />

oiseaux, notamment avec leur chant ».<br />

Certains cas relèvent carrément d’une<br />

psychopathologie lour<strong>de</strong>, comme cet<br />

homme, surnommé par les policiers<br />

le « Hannibal Lecter <strong>de</strong>s moineaux »,<br />

qui ne conservait pas moins <strong>de</strong><br />

300 moineaux dans son congélateur.<br />

Il en mangeait certains, comme pour<br />

s’approprier les qualités <strong>de</strong> l’oiseau, et<br />

revendait les autres.<br />

OUVREZ LA CAGE AUX OISEAUX !<br />

Le travail <strong>de</strong> l’équipe du Sarij a permis<br />

<strong>de</strong> remettre en liberté plusieurs<br />

centaines d’oiseaux, relâchés par la<br />

Ligue <strong>de</strong> Protection <strong>de</strong>s Oiseaux dans<br />

les Bois <strong>de</strong> Vincennes et <strong>de</strong> Boulogne.<br />

Ce qui a valu au commissariat du 4 e<br />

<strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>ux « Macareux d’or » <strong>de</strong>s<br />

mains d’Alain Bougrain-Dubourg en<br />

2005. Aujourd’hui, le trafic a quasiment<br />

disparu place Louis Lépine, et<br />

le Sarij 4 est <strong>de</strong>venu le référent en<br />

matière <strong>de</strong> trafics d’animaux : « Etant<br />

les seuls à gérer ce problème sur Paris,<br />

nous avons acquis une réelle <strong>spécial</strong>ité à<br />

partir du moment où nous avons traité<br />

sérieusement le contentieux pénal du<br />

trafic d’espèces protégées » observe le<br />

lieutenant Au<strong>de</strong>gon.<br />

Un succès qui appellerait à la création<br />

d’une briga<strong>de</strong> <strong>spécial</strong>isée dans la lutte<br />

contre les trafics d’espèces protégées<br />

au niveau <strong>de</strong> la capitale, voire d’une<br />

briga<strong>de</strong> environnementale, <strong>spécial</strong>isée<br />

dans la répression <strong>de</strong> toutes les<br />

infractions en matière d’animaux, <strong>de</strong><br />

plantes ou <strong>de</strong> pollution. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

l’enjeu <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s animaux,<br />

le sujet recoupe la problématique du<br />

travail dissimulé. Le trafic d’espèces<br />

animales protégées est la troisième<br />

source <strong>de</strong> revenus occultes au mon<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong>rrière la drogue et les armes et <strong>de</strong>vant<br />

les contrefaçons. LP<br />

L’appartement d’une amie<br />

<strong>de</strong>s pigeons, recouvert <strong>de</strong> fientes.<br />

QUE DIT<br />

LA LOI ?<br />

Les oiseaux exotiques<br />

sont protégés par<br />

la Convention <strong>de</strong><br />

Washington, accord<br />

intergouvernemental<br />

signé le 3 mars 1973<br />

à Washington, qui fixe<br />

un cadre juridique<br />

et une série <strong>de</strong><br />

procédures pour<br />

limiter le commerce<br />

international <strong>de</strong><br />

34 000 espèces<br />

sauvages. Elle est<br />

aujourd’hui signée<br />

par 165 pays.<br />

Le trafic <strong>de</strong>s espèces<br />

protégées européennes<br />

est sanctionné<br />

par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement.<br />

La peine<br />

encourue pour vente<br />

d’espèce protégée est<br />

<strong>de</strong> 9 000 euros par<br />

animal et six mois<br />

<strong>de</strong> prison avec sursis.<br />

*Sarij 4 : service d’accueil, <strong>de</strong> recherche et d’investigation<br />

judiciaire du 4 e arrondissement.<br />

LIAISONS 95 l 36-37


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > fumées et gaz<br />

ATMOSPHÈRE, ATMOSPHÈRE…<br />

Circulation, artisanat, industries… gare à la pollution !<br />

Pour la mesurer et la contrôler, la préfecture <strong>de</strong> police<br />

part à la conquête <strong>de</strong> l’air.<br />

© Bruno - Fotolia.com


Pas <strong>de</strong> fumée sans feu !<br />

VOUS NE LE SAVIEZ PEUT-ÊTRE PAS, MAIS VOTRE CAFÉ MOULU, LE PLEIN QUE<br />

VOUS FAITES DANS UNE STATION SERVICE ET VOTRE CHAUFFAGE NE SONT<br />

QUE LA PARTIE ÉMERGÉE D’ACTIVITÉS CLASSÉES À RISQUES. PENDANT QUE<br />

VOUS CONSOMMEZ CES PRODUITS OU CES ÉNERGIES, LA PRÉFECTURE DE<br />

POLICE CONTRÔLE LEUR PRODUCTION À LA SOURCE, SUR LE TERRAIN.<br />

Chocolateries industrielles,<br />

stations services, pharmacies,<br />

ateliers <strong>de</strong> peinture,<br />

usines <strong>de</strong> métallurgie, raffineries,<br />

chimie… toutes<br />

ces activités représentent <strong>de</strong>s risques<br />

sérieux pour l’environnement et font<br />

à ce titre partie <strong>de</strong>s « installations classées<br />

». Pour pouvoir être exercées, elles<br />

doivent faire l’objet d’une déclaration<br />

ou d’une autorisation. C’est le service<br />

technique interdépartemental d’inspection<br />

<strong>de</strong>s installations classées <strong>de</strong><br />

la préfecture <strong>de</strong> police (STIIIC) qui<br />

instruit les dossiers pour Paris et les<br />

départements <strong>de</strong>s Hauts-<strong>de</strong>-Seine,<br />

<strong>de</strong> Seine-Saint-Denis et du Val-<strong>de</strong>-<br />

Marne. Une activité menée <strong>de</strong> front<br />

avec les contrôles menés sur le terrain<br />

par ses inspecteurs afin <strong>de</strong> vérifier que<br />

la réglementation qui s’impose aux<br />

installations classées est bien suivie :<br />

« Certains constats se font visuellement :<br />

il s’agit par exemple <strong>de</strong> contrôler qu’un<br />

système <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s rejets a bien<br />

été installé pour prévenir les émissions<br />

<strong>de</strong> polluants. Nous vérifions aussi que<br />

les résultats <strong>de</strong>s analyses effectuées par<br />

l’exploitant correspon<strong>de</strong>nt bien aux limites<br />

imposées », explique Éric <strong>Mo</strong>usset,<br />

ingénieur au STIIIC. Le Plan <strong>de</strong><br />

Protection <strong>de</strong> l’Atmosphère (PPA)<br />

impose aux industriels et aux artisans<br />

d’utiliser les procédés les moins polluants<br />

possibles. « À Paris, la combustion<br />

du bois est interdite », ajoute Éric<br />

<strong>Mo</strong>usset, sauf pour les cheminées<br />

d’agrément et… les fours à pizzas au<br />

feu <strong>de</strong> bois !<br />

UN BON TUYAU<br />

Les stations services, qui émettent<br />

<strong>de</strong>s vapeurs d’essence inflammables,<br />

doivent installer <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> récupération<br />

<strong>de</strong> ces vapeurs. Le saviezvous,<br />

les pistolets <strong>de</strong>s pompes à essence<br />

sont dotés d’un tuyau à double<br />

conduit permettant à la fois <strong>de</strong> servir<br />

le carburant et <strong>de</strong> récupérer le gaz.<br />

Les inspecteurs du STIIIC font <strong>de</strong>s<br />

contrôles inopinés sur les pompes à<br />

essence pour vérifier la présence <strong>de</strong><br />

ce système. Quant aux chaufferies urbaines,<br />

elles doivent consommer du<br />

fuel à « très très basse » teneur en soufre.<br />

Le STIIIC vérifie sur place que leurs<br />

rejets, mesurés par <strong>de</strong>s capteurs, sont<br />

bien conformes aux normes. « Mais la<br />

plupart <strong>de</strong>s industriels analysent euxmêmes<br />

leurs rejets dans l’atmosphère et<br />

doivent obligatoirement nous envoyer<br />

les résultats à périodicité régulière »,<br />

précise Éric <strong>Mo</strong>usset.<br />

Sur les quelque 1 300 inspections annuelles,<br />

une centaine sont faites sur<br />

plainte <strong>de</strong>s riverains. Un exploitant<br />

qui ne respecte pas les normes écope<br />

d’une injonction écrite avec un délai<br />

pour la mise en conformité <strong>de</strong> ses<br />

installations puis reçoit une nouvelle<br />

visite <strong>de</strong> contrôle. Si l’infraction se<br />

poursuit, le préfet du département – à<br />

Paris le préfet <strong>de</strong> police – peut signer à<br />

son encontre un arrêté <strong>de</strong> mise en <strong>de</strong>meure.<br />

Il encourt une suspension <strong>de</strong><br />

À Paris, seuls les fours à pizza peuvent utiliser le bois.<br />

l’activité et une mise <strong>de</strong> l’installation<br />

sous scellés. Cette année, un gérant <strong>de</strong><br />

pressing diffusant <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs gênantes<br />

a failli connaître ce sort. Refusant<br />

d’installer un dispositif <strong>de</strong> captage <strong>de</strong>s<br />

solvants odorants malgré une mise en<br />

<strong>de</strong>meure, il a été menacé <strong>de</strong> suspension<br />

d’activité. Au pied du mur, il s’est<br />

décidé, à la <strong>de</strong>rnière minute, à investir<br />

dans l’équipement prescrit. Un centre<br />

<strong>de</strong> transit <strong>de</strong> déchets a quant à lui dû<br />

mettre la clef sous la porte : <strong>de</strong>s scellés<br />

ont été apposés sur ses engins <strong>de</strong> chantier<br />

après qu’il ait refusé <strong>de</strong> détruire<br />

<strong>de</strong>s déchets nuisibles en dépit d’une<br />

mise en <strong>de</strong>meure. AC<br />

EN 2008…<br />

Le STIIIC a procédé à 1 296<br />

visites d’inspection. 101 se sont<br />

traduites par un arrêté préfectoral<br />

<strong>de</strong> mise en <strong>de</strong>meure et 106 par<br />

un procès-verbal ; dans 4 cas,<br />

<strong>de</strong>s scellés ont été apposés.<br />

© Olga Khopshanosova - Fotolia.com<br />

LIAISONS 95 l 38-39


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > fumées et gaz<br />

Contrôles plein pot<br />

DES BLEUES, DES NOIRES, DES FUMÉES D’ÉCHAPPEMENT, LES POLICIERS DE<br />

L’UNITÉ DE CONTRÔLES TECHNIQUES EN VOIENT DE TOUTES LES COULEURS.<br />

POUR REPÉRER CELLES QUI POLLUENT LE PLUS, ILS ONT L’ŒIL.<br />

Quatre fois par jour, une quinzaine<br />

<strong>de</strong> policiers installent<br />

d’étranges appareils <strong>de</strong> mesure<br />

près <strong>de</strong>s grands axes <strong>de</strong><br />

circulation dans Paris intra-<br />

muros, à ses portes, ou les allées très<br />

fréquentées <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> Vincennes et<br />

<strong>de</strong> Boulogne. Leur cible : les véhicules<br />

particuliers, camions, autocars ou taxis<br />

qu’ils soupçonnent <strong>de</strong> polluer au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong>s seuils tolérés par le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Route et qu’ils soumettent au verdict<br />

<strong>de</strong> l’opacimètre ou <strong>de</strong> l’analyseur <strong>de</strong><br />

gaz. Mais le caractère illégal <strong>de</strong>s rejets<br />

n’est pas toujours facile à repérer <strong>de</strong><br />

visu même si « les fumées bleues se voient<br />

tout <strong>de</strong> suite et dégagent une o<strong>de</strong>ur irrespirable<br />

», selon le capitaine Antoine<br />

Géronimi, chef <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> contrôles<br />

techniques (UCT). Chez les véhicules<br />

à quatre roues, il s’agit, paraît-il,<br />

d’un mauvais réglage du carburateur.<br />

Chez les <strong>de</strong>ux-roues débridés dont le<br />

pot a été trafiqué pour aller plus vite,<br />

elles seraient dues à l’huile que les<br />

conducteurs versent dans le réservoir<br />

pour éviter <strong>de</strong> casser le moteur. D’où<br />

qu’elles proviennent, les fumées bleues<br />

sont systématiquement sanctionnées.<br />

En revanche, la fumée noire dégagée<br />

par certains moteurs à diesel n’est pas<br />

toujours répréhensible. Il faut mesurer<br />

son épaisseur avec l’opacimètre.<br />

Quant au monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone rejeté<br />

par les moteurs à essence, il est invi-<br />

sible et dans ce cas, c’est l’analyseur <strong>de</strong><br />

gaz qui parle.<br />

UN ŒIL EXERCÉ<br />

Les policiers doivent donc opérer un<br />

tri parmi les véhicules en circulation :<br />

« Nous contrôlons d’abord les modèles<br />

les plus anciens, car ceux <strong>de</strong> moins <strong>de</strong><br />

15 ans sont équipés d’un pot catalytique<br />

qui réduit la pollution », précise le brigadier<br />

Christophe Gri, responsable du<br />

bureau <strong>de</strong>s contraventions <strong>de</strong> l’UCT.<br />

Au passage, sachez que les voitures <strong>de</strong><br />

collection sont rarement épinglées au<br />

cours <strong>de</strong>s contrôles : « Les amoureux<br />

<strong>de</strong>s vieilles voitures les bichonnent et les<br />

font réparer au moindre bruit suspect.<br />

Bien entretenues, elles peuvent afficher<br />

300 000 km au compteur sans polluer ! »<br />

glisse Christophe Gri en fin connaisseur.<br />

Dans le collimateur également, les fans<br />

du tuning, cette passion qui consiste<br />

à personnaliser sa voiture : « Certains<br />

remplacent le pot d’échappement d’origine,<br />

parfois neuf, par un autre qui<br />

pollue ».<br />

Il y aussi la « voiture <strong>de</strong> madame » :<br />

« Une voiture à diesel qui fait <strong>de</strong> petits<br />

trajets quotidiens dans Paris s’use plus<br />

vite que sur <strong>de</strong> longues distances et a plus<br />

<strong>de</strong> chances <strong>de</strong> polluer. Dans un couple,<br />

c’est souvent la voiture <strong>de</strong> l’épouse, qu’on<br />

utilise pour faire ses courses et qu’on entretient<br />

moins que celle du mari, qui<br />

conduit le véhicule principal ». Finalement,<br />

personne n’est à l’abri : un pot<br />

catalytique équipant un modèle récent<br />

peut se dérégler malgré un contrôle<br />

technique en règle datant <strong>de</strong> plusieurs<br />

années.<br />

Un élément d’autant plus intéressant<br />

à vérifier que pour chaque polluant,<br />

le dépassement <strong>de</strong>s quantités tolérées<br />

entraîne une contravention <strong>de</strong> 68 euros<br />

et l’obligation <strong>de</strong> réparer le mécanisme<br />

défaillant qui l’a causé. Et là,<br />

pas question <strong>de</strong> se défiler ! La remise<br />

en état est vérifiée lors d’une contrevisite<br />

effectuée par l’UCT le vendredi<br />

matin dans le bois <strong>de</strong> Vincennes ou le<br />

vendredi après-midi près du local <strong>de</strong><br />

l’UCT, dans le 11 e arrondissement.<br />

Les propriétaires qui ne s’y présentent<br />

pas (environ un tiers chaque année)<br />

écopent d’une nouvelle contravention<br />

<strong>de</strong> 135 euros… AC<br />

EN 2008<br />

25 116 véhicules contrôlés<br />

pour pollution et bruit, 9 126<br />

contraventions établies dont<br />

109 pour monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone,<br />

510 pour fumées bleues<br />

ou opaques, 8 507 pour bruit<br />

excessif et autres infractions.<br />

© Doug Olson - Fotolia.com


La briga<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gaz<br />

C’est pour disposer d’un moyen <strong>de</strong> maîtriser les forcenés et les personnes<br />

retranchées que le préfet <strong>de</strong> police Louis Lépine, en 1912,<br />

charge <strong>de</strong>s chimistes d’étudier différents gaz. En même temps, il<br />

énonce clairement les limites que ces produits ne <strong>de</strong>vront pas franchir<br />

: « Lorsqu’on se trouve en présence <strong>de</strong> gens aussi déterminés (…) il<br />

faut, par <strong>de</strong>s procédés à trouver, les anesthésier (…) ; il ne faut pas que cette anesthésie,<br />

cette suffocation puisse entraîner pour l’homme, même le moins digne <strong>de</strong><br />

pitié, ni souffrance, ni maladie, ni danger <strong>de</strong> mort ». Après différents essais, le gaz<br />

retenu sera l’éther bromacétique, utilisé par la préfecture <strong>de</strong> police à partir <strong>de</strong><br />

1913 au moyen d’un pistolet chimique ou d’un pulvérisateur, ou contenu dans<br />

<strong>de</strong>s ampoules <strong>de</strong> verre lancées à la main. Il <strong>de</strong>vient l’arme attitrée <strong>de</strong> la « briga<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s gaz », qui l’utilise dans <strong>de</strong>s actions spectaculaires contre <strong>de</strong>s malfaiteurs<br />

retranchés, <strong>de</strong>s alcooliques en crise ou <strong>de</strong>s déments barricadés. Après avoir<br />

vainement parlementé à travers la porte, les policiers <strong>de</strong> cette unité pratiquent<br />

une ouverture dans le battant et y glissent une capsule <strong>de</strong> gaz irritant. Profitant<br />

<strong>de</strong> la diversion, ils forcent la porte pour interpeller les personnes retranchées.<br />

UN SOUTIEN À LA BRIGADE ANTICOMMANDO<br />

Dans les années 1960, l’antique « briga<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gaz » délègue sa mission à un<br />

groupe <strong>de</strong> policiers volontaires, le groupe d’intervention et <strong>de</strong> sécurité (GIS).<br />

<strong>Mo</strong>bilisable à tout moment, il est <strong>spécial</strong>ement entraîné avec du matériel <strong>de</strong> tir<br />

(révolvers, mitraillettes) pour pouvoir réagir en cas <strong>de</strong> légitime défense contre<br />

<strong>de</strong>s forcenés particulièrement agressifs. Le GIS n’est reconnu officiellement<br />

qu’en 1975. Il prête son concours en quelques occasions à la briga<strong>de</strong> anticommando<br />

sous le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> Robert Broussard, et peut intervenir en<br />

renfort dans toute la France. Toutefois, à la suite d’une intervention meurtrière<br />

à Avon, le GIS disparaît en 1984. AC<br />

Munis d’armes et <strong>de</strong> gaz lacrymogène, les<br />

policiers <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gaz<br />

intervenaient contre les forcenés.<br />

UN GAZ DISSUASIF<br />

Dans les manifestations, les grena<strong>de</strong>s<br />

lacrymogènes sont surtout utilisées pour créer<br />

<strong>de</strong>s barrières <strong>de</strong> gaz et détourner la trajectoire<br />

<strong>de</strong> manifestants se dirigeant vers <strong>de</strong>s lieux<br />

sensibles, disperser un groupe encerclant<br />

<strong>de</strong>s victimes ou protéger les forces <strong>de</strong> l’ordre<br />

lorsqu’elles sont prises à partie.<br />

Aujourd’hui composées <strong>de</strong> gaz CS<br />

(chlorobenzyli<strong>de</strong>ne-malononitrile), elles sont<br />

conçues pour produire une irritation <strong>de</strong>s yeux,<br />

du nez et <strong>de</strong> la gorge disparaissant en fin<br />

d’exposition. Leur usage obéit à <strong>de</strong>s procédures<br />

précises. C’est le commandant <strong>de</strong> la compagnie<br />

qui donne l’ordre <strong>de</strong> les utiliser après<br />

les sommations d’usage et la décision<br />

du commissaire <strong>de</strong> police. Les grena<strong>de</strong>s<br />

peuvent être lancées à la main jusqu’à<br />

15-20 mètres (on les fait alors rouler par terre)<br />

ou à 50 m à l’ai<strong>de</strong> d’un lanceur Cougar<br />

avec un tir en cloche, le tir horizontal étant<br />

trop dangereux.<br />

Coll. PP Dostl<br />

LIAISONS 95 l 40-41


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > fumées et gaz<br />

AIRPARIF<br />

En Île-<strong>de</strong>-France comme<br />

dans les autres régions,<br />

la surveillance générale<br />

et permanente <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong> l’air ambiant à gran<strong>de</strong> échelle<br />

est confiée à <strong>Air</strong>parif, une association<br />

indépendante à but non<br />

lucratif créée en 1979.<br />

Celle-ci regroupe <strong>de</strong>s<br />

représentants <strong>de</strong> l’État,<br />

<strong>de</strong>s collectivités territoriales,<br />

<strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> protection<br />

<strong>de</strong> l’environnement,<br />

<strong>de</strong>s experts et <strong>de</strong>s industriels.<br />

Pour mesurer la qualité<br />

<strong>de</strong> l’air en continu et prévoir<br />

les épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pollution,<br />

<strong>Air</strong>parif dispose d’un réseau<br />

<strong>de</strong> 65 stations <strong>de</strong> mesures<br />

en Île-<strong>de</strong>-France dont<br />

20 à Paris. Elle diffuse<br />

un bulletin quotidien sur<br />

les concentrations dans l’air<br />

<strong>de</strong>s principaux polluants<br />

(dioxy<strong>de</strong> d’azote, ozone,<br />

dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> soufre, particules<br />

en suspension, monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

carbone, composés organiques<br />

volatils) ainsi que <strong>de</strong>s bulletins<br />

<strong>de</strong> prévisions ou d’alerte.<br />

La pollution à la loupe<br />

QUE RESPIRE-T-ON SUR LA VOIE PUBLIQUE ? ARMÉS DE LEURS ÉTRANGES<br />

APPAREILS, LE LABORATOIRE CENTRAL ET SES PARTENAIRES PARISIENS<br />

TRAQUENT LES PARTICULES ET LES PASSENT AU CRIBLE.<br />

Avec leurs capteurs qui<br />

s’élancent vers le ciel, on<br />

pourrait croire qu’ils cherchent<br />

à communiquer avec<br />

les extraterrestres. Mais<br />

la seule chose qui les intéresse, c’est<br />

<strong>de</strong> piéger les particules polluantes<br />

qui se promènent dans l’air, près du<br />

trafic automobile. A côté <strong>de</strong> ces instruments<br />

étranges, les techniciens<br />

du laboratoire central installent <strong>de</strong><br />

grosses armoires <strong>de</strong> mesures pour<br />

calculer la concentration dans l’air<br />

<strong>de</strong> ces rejets : monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone,<br />

oxy<strong>de</strong>s d’azote, particules en suspension,<br />

composés organiques volatils,<br />

métaux, hydrocarbures aromatiques<br />

polycycliques… En regardant bien<br />

autour <strong>de</strong> vous, vous auriez pu apercevoir<br />

ces drôles d’installations près<br />

<strong>de</strong> la porte <strong>de</strong> Vanves, en 2008, et <strong>de</strong><br />

la porte <strong>de</strong>s Lilas en 2007. A l’époque,<br />

le laboratoire était chargé, en collabo-<br />

Capteurs <strong>de</strong> pollution installés<br />

à proximité du trafic routier.<br />

ration avec le laboratoire d’hygiène<br />

<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong> vérifier si la<br />

construction <strong>de</strong> tunnels au-<strong>de</strong>ssus du<br />

périphérique améliorait la qualité <strong>de</strong><br />

l’air respiré par les habitants <strong>de</strong>meurant<br />

à proximité. Les résultats ont<br />

finalement rassuré les riverains. Des<br />

étu<strong>de</strong>s sur les effets <strong>de</strong>s rejets automobiles,<br />

comme celle démarrée en<br />

début d’année pour mesurer la pollution<br />

respirée par les conducteurs dans<br />

certains tunnels, le laboratoire central<br />

en réalise une à <strong>de</strong>ux par an à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong> la direction<br />

régionale <strong>de</strong> l’équipement ou <strong>de</strong>s<br />

communes <strong>de</strong> petite couronne.<br />

PICOTEMENTS ET YEUX<br />

QUI PLEURENT<br />

Nez qui pique, gorge sèche, toux<br />

récurrente, la pollution nous assaille,<br />

mais dans quelles proportions ? Le laboratoire<br />

central, avec le laboratoire


AVIS À LA POPULATION<br />

Lorsqu’un pic <strong>de</strong> pollution atmosphérique survient en Île-<strong>de</strong>-France, le préfet <strong>de</strong> police, préfet<br />

<strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> défense, déclenche, au vu <strong>de</strong>s in<strong>format</strong>ions transmises par le centre opérationnel <strong>de</strong><br />

zone, une procédure d’in<strong>format</strong>ion et d’alerte du public. Selon les concentrations présentes, il active<br />

le niveau d’« in<strong>format</strong>ion et <strong>de</strong> recommandation » ou d’alerte.<br />

Le premier se traduit par <strong>de</strong>s conseils sanitaires, <strong>de</strong>s recommandations aux installations polluantes<br />

et une réduction <strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong> 20 km/h sur un certain nombre <strong>de</strong> voies. Parallèlement, les contrôles<br />

antipollution et <strong>de</strong> vitesse sont renforcés.<br />

Le second entraîne <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> restriction ou <strong>de</strong> suspension <strong>de</strong>s activités polluantes et la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> la circulation alternée. Cette <strong>de</strong>rnière n’a été mise en place qu’une seule fois le 1 er octobre<br />

1997. Toutes ces mesures sont communiquées au public par voie <strong>de</strong> communiqués <strong>de</strong> presse.<br />

d’hygiène <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Paris et la<br />

RATP, a récemment effectué <strong>de</strong>s mesures<br />

sur les polluants que nous respirons<br />

au cours <strong>de</strong> nos trajets domiciletravail.<br />

Une vingtaine <strong>de</strong> parcours<br />

(Paris intra-muros, boulevard périphérique,<br />

boulevard circulaire, pistes<br />

cyclables, etc) ont été testés avec tous<br />

les moyens <strong>de</strong> locomotion (à pied, en<br />

vélo, en voiture, en bus, en tramway,<br />

en métro et en RER) grâce à <strong>de</strong>s capteurs<br />

portés par <strong>de</strong>s volontaires. Les<br />

premiers résultats montrent que les<br />

usagers les plus exposés à la pollution<br />

automobile sont les conducteurs <strong>de</strong><br />

véhicules particuliers, surtout ceux<br />

qui empruntent le boulevard périphérique.<br />

Les moins menacés sont les cyclistes<br />

et les piétons, à l’écart du flux<br />

automobile, et les piétons, ces <strong>de</strong>rniers<br />

étant particulièrement préservés<br />

dans les zones qui leur sont réservées,<br />

comme aux Halles. Les passagers <strong>de</strong>s<br />

transports ferroviaires souterrains ne<br />

sont pas à l’abri d’une pollution particulière<br />

élevée.<br />

Autre population particulièrement<br />

exposée à la pollution : les policiers<br />

Coll. PP Laboratoire central<br />

1956-1971 : chaque jour, une équipe du laboratoire<br />

central parcourt la capitale pour collecter l’air pollué<br />

dans <strong>de</strong>s sacs et l’analyser.<br />

parisiens travaillant au contact direct<br />

du trafic automobile, en particulier<br />

ceux chargés <strong>de</strong>s contrôles routiers.<br />

« Dans l’ensemble, ces policiers s’inquiètent<br />

<strong>de</strong> leur exposition à la pollution.<br />

Même si c’est rare, certains se plaignent<br />

<strong>de</strong> troubles respiratoires. Nous n’avons<br />

en revanche enregistré aucune maladie<br />

grave pouvant être directement liée à la<br />

pollution. Avec le laboratoire central,<br />

nous avons donc avons lancé une campagne<br />

<strong>de</strong> mesures pour répondre aux<br />

questions qu’ils se posent », explique<br />

Clau<strong>de</strong>-Michèle Poissonnet, chef du<br />

service <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> prévention<br />

<strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police. Ainsi, 16<br />

policiers du service <strong>de</strong> circulation<br />

du périphérique, chargés <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

contrôles routiers et d’intervenir en<br />

cas d’acci<strong>de</strong>nt sur le périphérique, ont<br />

accepté <strong>de</strong> porter <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> pollution<br />

pendant leurs missions L’étu<strong>de</strong><br />

porte sur <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s, caractérisées<br />

par <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> pollution différents<br />

: du 26 mai au 26 juin puis du<br />

16 novembre au 6 décembre. Les résultats<br />

seront connus au premier trimestre<br />

<strong>de</strong> l’an prochain. AC<br />

3 questions<br />

à Pauline Bauchat<br />

brigadier à la compagnie du périphérique<br />

Pourquoi vous<br />

être portée<br />

volontaire<br />

pour l’étu<strong>de</strong><br />

sur la pollution ?<br />

Par curiosité et<br />

dans l’intérêt<br />

général, pour voir<br />

s’il y a un réel<br />

problème d’exposition à la pollution<br />

en ce qui nous concerne.<br />

Vous sentez-vous exposée<br />

à la pollution ?<br />

Oui, tous les jours. Quand on patrouille<br />

sur le périphérique, on sent<br />

les gaz d’échappement même quand<br />

les vitres du car sont fermées. L’o<strong>de</strong>ur<br />

est encore plus forte quand nous<br />

intervenons sur une panne ou un acci<strong>de</strong>nt<br />

dans un tunnel. Cela peut durer<br />

plus d’une heure et on a vraiment la<br />

gorge et le nez qui piquent. Quand on<br />

ressort du tunnel, on se dit entre nous<br />

qu’on en a vraiment reçu plein<br />

la figure !<br />

Quels signes concrets peuvent<br />

vous laisser penser que vous<br />

subissez la pollution ?<br />

Quand on a passé la journée<br />

<strong>de</strong>hors, nos cols et poignets<br />

<strong>de</strong> chemise sont tout noirs.<br />

Lorsque je lave mes mains<br />

et mon visage le soir, le gant<br />

est noir aussi !<br />

Nous sommes donc vraiment<br />

avi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> savoir si nous sommes<br />

plus exposés à la pollution<br />

que les autres policiers.<br />

Les moyens du bord<br />

Créé en <strong>18</strong>78, le laboratoire central <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong><br />

police (dénommé laboratoire municipal jusqu’en 1968)<br />

a commencé à étudier la qualité <strong>de</strong> l’air en 1912. Ses<br />

premières étu<strong>de</strong>s portaient sur les rues <strong>de</strong> Paris.<br />

En 1950, il s’est intéressé aux pollutions d’origine industrielle<br />

et automobile et installé une trentaine <strong>de</strong> jauges<br />

dans la capitale et sur les boucles <strong>de</strong> la Seine. Dix ans<br />

plus tard, il créait une carte <strong>de</strong> la pollution divisant<br />

Paris en <strong>31</strong>7 cases. Dans chacune d’elles, quatre prélèvements<br />

étaient effectués une fois par mois à heure fixe.<br />

Depuis sa création en 1979, l’association <strong>Air</strong>parif a pris<br />

progressivement en charge l’exploitation du réseau <strong>de</strong><br />

surveillance.<br />

LIAISONS 95 l 42-43


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > fumées et gaz<br />

Le fond <strong>de</strong> l’air effraie<br />

DEPUIS L’ATTENTAT AU GAZ SARIN COMMIS EN 1995 DANS LE MÉTRO DE<br />

TOKYO, LE TERRORISME NUCLÉAIRE, RADIOLOGIQUE, BIOLOGIQUE, OU CHIMI-<br />

QUE NE RELÈVE PLUS DU DOMAINE DE LA SCIENCE-FICTION. CHANGEMENT<br />

D’ÈRE, NOUS SOMMES PASSÉS DE LA MENACE CONVENTIONNELLE AUX<br />

RISQUES NRBC. QUELS SONT-ILS ET POSSÈDE-T-ON LES MOYENS ADÉQUATS<br />

POUR S’EN PRÉMUNIR ?<br />

Défense civile ou militaire, les<br />

risques nucléaire, radiologique,<br />

biologique et chimique<br />

sont regroupés sous l’appellation<br />

NRBC. Derrière ces<br />

lettres, <strong>de</strong>ux menaces possibles : les<br />

armes « non conventionnelles » (utilisées<br />

en temps <strong>de</strong> guerre ou lors d’une<br />

attaque terroriste), mais également les<br />

acci<strong>de</strong>nts sur les sites industriels ou<br />

lors <strong>de</strong> transports <strong>de</strong> matières dangereuses.<br />

En évoquant les risques NRBC, acci<strong>de</strong>ntels<br />

ou terroristes, les premiers<br />

mots qui viennent à l’esprit sont :<br />

contamination et intoxication.<br />

ABÉCÉD’AIR<br />

N et R. Les risques nucléaires et<br />

radiologiques sont synonymes <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>struction massive et d’irradiation<br />

avec contamination <strong>de</strong>s populations<br />

civiles. Dispersées dans <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong><br />

passage, disséminées dans une ventilation,<br />

dans <strong>de</strong> la nourriture ou dans<br />

<strong>de</strong>s boissons, les sources radioactives<br />

se présentent sous forme soli<strong>de</strong>s, liqui<strong>de</strong>s,<br />

<strong>de</strong> poussières ou <strong>de</strong> gaz. La<br />

dispersion <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong><br />

radioactivité peut également se faire<br />

avec l’explosion d’une bombe conventionnelle<br />

(dirty bomb*), le sabotage<br />

ou l’attaque aérienne d’un bâtiment<br />

possédant un réacteur nucléaire.<br />

B. Les armes biologiques regroupent<br />

les bactéries (anthrax), les virus (variole)<br />

ou les toxines (la ricine ou la toxi-<br />

ne botulique). La transmission peut<br />

se faire par courriers piégés, aérosols,<br />

commando kamikaze volontairement<br />

infecté, contamination d’aliments, <strong>de</strong><br />

réseaux d’eau ou d’aération…<br />

C. Le risque chimique concerne aussi<br />

bien les toxiques industriels que les<br />

gaz agressifs <strong>de</strong> guerre comme le gaz<br />

moutar<strong>de</strong>. Ces toxiques peuvent être<br />

à l’origine d’une pollution atmosphérique<br />

dont le danger est immédiat et<br />

faire un grand nombre <strong>de</strong> victimes.<br />

LES BONS PLANS<br />

Pour faire face aux différents types <strong>de</strong><br />

risques NRBC et organiser les secours<br />

aux victimes, l’Etat a prévu <strong>de</strong>s plans<br />

d’intervention : Biotox, Piratox et Piratome.<br />

Le premier vise à contrer les<br />

agents biologiques infectieux, le second<br />

a pour objectif <strong>de</strong> lutter contre<br />

l’emploi malveillant d’agents chimiques<br />

toxiques et le troisième permet<br />

<strong>de</strong> réagir face à une utilisation <strong>de</strong> matières<br />

radioactives ou nucléaires.<br />

Ces plans précisent les premières<br />

mesures à prendre au niveau gouvernemental<br />

à partir <strong>de</strong> situations plausibles<br />

et décrivent les dispositifs interministériels<br />

permettant d’y répondre.<br />

Ils mettent en place une chaîne d’alertes<br />

qui informent immédiatement les<br />

autorités <strong>de</strong> tout acte ou suspicion<br />

d’acte terroriste <strong>de</strong> nature NRBC.<br />

Chaque ministère concerné définit<br />

les modalités pratiques d’action <strong>de</strong><br />

ses services sur le terrain ou <strong>de</strong>s opé-<br />

rateurs sous sa tutelle. L’ensemble est<br />

coordonné par l’autorité préfectorale.<br />

Lorsqu’un inci<strong>de</strong>nt implique un<br />

nombre important <strong>de</strong> victimes, le<br />

Plan Rouge est déclenché, mis en<br />

place par le préfet du département.<br />

Il prévoit la mobilisation du service<br />

d’ai<strong>de</strong> médicale urgente (SAMU),<br />

une cellule d’urgence médico-psychologique,<br />

le service d’incendie et <strong>de</strong><br />

secours (SDIS), la sécurité civile, les<br />

services <strong>de</strong> police et la gendarmerie. Il<br />

se décline en Plan Rouge alpha en cas<br />

d’attentats multiples et se transforme<br />

en Plan Jaune quand il est d’origine<br />

NRBC.<br />

Enfin, en cas d’alerte, il faut également<br />

compter sur les douze membres<br />

<strong>de</strong> l’unité du laboratoire central, <strong>de</strong>s<br />

ingénieurs et <strong>de</strong>s techniciens disponibles<br />

24h/24 pour intervenir et<br />

procé<strong>de</strong>r aux analyses sur site afin<br />

d’évaluer tout risque chimique avec<br />

levée <strong>de</strong> doute radiologique et biologique.<br />

Pour tester ces plans, le secrétariat<br />

général <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> défense<br />

<strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police organise<br />

régulièrement <strong>de</strong>s exercices gran<strong>de</strong>ur<br />

nature avec tous les acteurs <strong>de</strong> la sécurité<br />

civile. Police, Pompiers, SAMU,<br />

Raid… se retrouvent sur le terrain<br />

pour éprouver leur capacité <strong>de</strong> réaction.<br />

Dernier exercice en date, le <strong>18</strong><br />

novembre 2008 à Saint Fargeau dans<br />

le 20 e , mettant en jeu l’explosion<br />

d’une bombe sale dans le métro. SB


© Paul Boyé<br />

t TENUE SWAT<br />

Special Weapons and Tactics<br />

(RAID, BRI, GIPN)<br />

Masque à cartouche<br />

Système<br />

d’assistance respiratoire<br />

Gilet tactique<br />

Gants filtrants<br />

Combinaison filtrante<br />

BAS LES MASQUES !<br />

Chaussettes filtrantes<br />

Cartouche filtrante<br />

à large spectre<br />

composée d’un filtre<br />

à particules et<br />

<strong>de</strong> charbon actif.<br />

Gants filtrants<br />

q ENSEMBLE OPÉRATIONNEL<br />

POLICE E.P.I FILTRANT<br />

Neuf heures du matin, boulevard <strong>de</strong> l’Hôpital, au troisième étage <strong>de</strong>s bureaux<br />

<strong>de</strong> la direction opérationnelle <strong>de</strong>s services techniques et logistiques (DOSTL),<br />

une <strong>format</strong>ion NRBC débute pour six policiers <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> l’ordre public<br />

et <strong>de</strong> la circulation. Franck Justin, un <strong>de</strong>s trois experts volontaires <strong>de</strong> la<br />

Dostl, a six heures pour sensibiliser les agents <strong>de</strong>s directions <strong>de</strong> police <strong>de</strong><br />

la préfecture sur les différents dispositifs <strong>de</strong> secours, les matériels utilisés<br />

Exercice <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong> cartouche<br />

par les acteurs <strong>de</strong> la sécurité intérieure et le rôle <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> police en cas<br />

<strong>de</strong> crise majeure. Point fort <strong>de</strong> cette <strong>format</strong>ion <strong>de</strong>stinée aux « primo intervenants<br />

», l’essayage d’une tenue complète NRBC et l’évolution en groupe afin d’apprécier les contraintes physiques et<br />

psychologiques dans cette « carapace ». Le port du masque et la fixation d’une cartouche filtrante mettent les stagiaires<br />

en situation réelle <strong>de</strong> crise. Au bout <strong>de</strong> quelques secon<strong>de</strong>s, une chaleur étouffante règne dans la combinaison, les difficultés<br />

respiratoires et la vue limitée par le masque font partie <strong>de</strong>s éléments-clés facteurs <strong>de</strong> stress.<br />

Depuis le début <strong>de</strong> l’année 2009, la Dostl a mis à niveau la totalité <strong>de</strong> ses policiers (plus <strong>de</strong> 850), et près<br />

<strong>de</strong> 500 agents <strong>de</strong>s autres directions, sur un total <strong>de</strong> quatre mille personnes à former. SB<br />

LIAISONS 95 l 44-45


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > les o<strong>de</strong>urs<br />

LE NEZ EN L’AIR<br />

Délicieuses, incommodantes ou suspectes, les o<strong>de</strong>urs nous<br />

mènent par le bout du nez. La préfecture <strong>de</strong> police fait la chasse<br />

aux plus nuisibles et, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> chiens, débusque celles qui<br />

mènent aux malfaiteurs.<br />

© Rick Carlson - Fotolia.com


Chasseurs d’o<strong>de</strong>urs<br />

DES ÉMANATIONS DE PEINTURE UN PEU TROP FORTES, DES PARFUMS<br />

PLUS QU’ENIVRANTS ET C’EST UNE AVALANCHE DE PLAINTES. DÈS LORS<br />

QU’ELLES PROVIENNENT D’UNE ENTREPRISE, LA PRÉFECTURE DE POLICE SUIT<br />

L’AFFAIRE…<br />

«<br />

Quand j’ouvre mes fenêtres, une<br />

o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> laque envahit mon<br />

appartement. C’est le coiffeur<br />

du <strong>de</strong>ssous… » ; « Chez moi<br />

ça sent l’huile <strong>de</strong> moteur » ;<br />

« Depuis qu’un salon <strong>de</strong> beauté s’est ouvert<br />

à côté <strong>de</strong> chez moi, je respire une<br />

drôle d’o<strong>de</strong>ur toute la journée ». Des<br />

plaintes <strong>de</strong> ce type, le bureau <strong>de</strong>s actions<br />

contre les nuisances <strong>de</strong> la direction<br />

<strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> la protection<br />

du public en reçoit plusieurs milliers<br />

chaque année. Sans parler <strong>de</strong> celles<br />

relative aux bruits, puisque ce service<br />

<strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police est <strong>spécial</strong>isé<br />

dans l’instruction <strong>de</strong>s nuisances sonores<br />

et olfactives. Toutes les récriminations<br />

adressées aux commissariats,<br />

aux élus ou aux juges atterrissent là,<br />

mais seules celles qui concernent <strong>de</strong>s<br />

activités commerciales sont prises en<br />

compte. Les plaintes relatives aux<br />

installations classées sont transmises<br />

au service technique chargé <strong>de</strong> leur<br />

contrôle, le service technique interdépartemental<br />

d’inspection <strong>de</strong>s installations<br />

classées (STIIIC). Les conflits<br />

entre particuliers sont mis <strong>de</strong> côté :<br />

le plaignant est, selon les cas, invité à<br />

contacter son syndic, son copropriétaire<br />

ou un service <strong>de</strong> police. « Dans<br />

tous les autres cas, notre premier réflexe<br />

est d’envoyer un inspecteur <strong>de</strong> contrôle<br />

chez le plaignant pour constater la gêne<br />

et i<strong>de</strong>ntifier sa provenance. Y compris<br />

lorsqu’il s’agit d’une o<strong>de</strong>ur a priori plutôt<br />

agréable comme celle du pain ou du<br />

café mais qui peut <strong>de</strong>venir incommodante<br />

lorsqu’elle <strong>de</strong>vient permanente »,<br />

explique Gisèle Lalut, chef du bureau<br />

<strong>de</strong>s actions contre les nuisances. La<br />

bible <strong>de</strong> l’inspecteur : le règlement<br />

sanitaire départemental qui énonce<br />

qu’aucune activité ne doit causer <strong>de</strong><br />

gêne à autrui et qui impose notamment<br />

un système d’évacuation <strong>de</strong>s<br />

fumées situé à moins <strong>de</strong> huit mètres<br />

<strong>de</strong> tout ouvrant (porte ou fenêtre).<br />

Lorsque <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> cuisine viennent<br />

d’un restaurant (les trois quarts<br />

<strong>de</strong>s plaintes), l’inspecteur vérifie la<br />

présence d’une hotte au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />

plaque <strong>de</strong> cuisson ; s’il s’agit d’un atelier<br />

<strong>de</strong> peinture artisanal, il contrôle le<br />

système <strong>de</strong> ventilation, etc. « Lorsque<br />

la réglementation n’est pas respectée,<br />

nous mettons l’exploitant en <strong>de</strong>meure<br />

<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s travaux nécessaires dans un<br />

certain délai, <strong>de</strong>ux mois en moyenne »,<br />

poursuit Gisèle Lalut.<br />

DES PIÈGES À EFFLUVES<br />

Quand l’exploitant est en règle et<br />

que l’o<strong>de</strong>ur n’est manifestement pas<br />

nocive – pain, café –, nous lui expliquons<br />

que nous ne pouvons rien faire<br />

<strong>de</strong> plus. Mais quand nous la soupçonnons<br />

<strong>de</strong> contenir <strong>de</strong>s produits<br />

polluants, nous <strong>de</strong>mandons au laboratoire<br />

central <strong>de</strong> mesurer sa concentration<br />

dans l’air. « Dans ce cas, nous<br />

installons <strong>de</strong>s capteurs chez le plaignant<br />

pour mettre la nuisance en évi<strong>de</strong>nce.<br />

Ensuite, nous comparons les concentrations<br />

<strong>de</strong> polluants aux normes réglementaires<br />

lorsqu’elles existent ou à celles <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’OMS, qui ne sont pas obligatoires.<br />

Si les quantités trouvées sont excessives,<br />

nous incitons l’exploitant pollueur à<br />

faire <strong>de</strong>s travaux complémentaires pour<br />

le confort <strong>de</strong> ses voisins », précise Gislaine<br />

Goupil.<br />

Au terme <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, le gérant<br />

reçoit une nouvelle visite d’inspection.<br />

Si les prescriptions n’ont pas été<br />

suivies, un procès verbal est dressé<br />

contre lui et transmis au Procureur<br />

<strong>de</strong> la République. Si les travaux<br />

n’ont pas commencé, il écope d’une<br />

amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> troisième catégorie et peut<br />

être condamné à payer <strong>de</strong>s dommages<br />

et intérêts au plaignant si celui-ci se<br />

porte partie civile. AC<br />

Les o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> pressing engendrent<br />

plusieurs dizaines <strong>de</strong> plaintes<br />

chaque année.<br />

412 plaintes reçues par la préfecture<br />

<strong>de</strong> police en 2008 dont :<br />

81% restaurants et commerces<br />

<strong>de</strong> bouche et 8,5 % ateliers,<br />

pressings, salons d’esthétique,<br />

coiffeurs.<br />

LIAISONS 95 l 46-47


dossier > l’air <strong>de</strong> paris > les o<strong>de</strong>urs<br />

Le maître et son chien en perquisition<br />

dans une cave <strong>de</strong> particuliers.<br />

L’UNITÉ<br />

CYNOPHILE<br />

Créée en 1950<br />

au sein <strong>de</strong> la préfecture<br />

<strong>de</strong> police, l’unité cynophile<br />

<strong>de</strong> la direction<br />

<strong>de</strong> la police urbaine<br />

<strong>de</strong> proximité regroupe<br />

trois sections : patrouilles,<br />

stupéfiants, explosifs.<br />

Près <strong>de</strong> soixante policiers<br />

accompagnés <strong>de</strong> leurs<br />

chiens effectuent chaque<br />

année 6 000 interventions.<br />

La section<br />

« stupéfiants » participe<br />

à la recherche<br />

<strong>de</strong> drogues en collaboration<br />

avec les autres<br />

services <strong>de</strong> police<br />

(PJ et commissariats<br />

centraux). La section<br />

« explosifs » assiste les<br />

techniciens du laboratoire<br />

central <strong>de</strong> la préfecture<br />

<strong>de</strong> police dans la lutte<br />

contre le terrorisme<br />

et la mise en place<br />

<strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> sécurité<br />

lors <strong>de</strong> manifestations<br />

publiques et <strong>de</strong> cérémonies<br />

officielles.<br />

Flair policier<br />

L’ODORAT DU CHIEN EST UN MILLION DE FOIS PLUS DÉVELOPPÉ QUE CELUI DE<br />

L’HOMME. CE SUPER FLAIR EST UTILISÉ PAR LES SECTIONS « STUPÉFIANTS »<br />

ET « EXPLOSIFS » DE L’UNITÉ CYNOPHILE DE LA PRÉFECTURE DE POLICE POUR<br />

DÉTECTER LES DROGUES OU TOUTE SUBSTANCE SUSCEPTIBLE DE SERVIR À LA<br />

CONFECTION DE BOMBES.<br />

C<br />

omment fonctionne le dressage<br />

d’un chien policier, a<br />

priori plus enclin à courir<br />

après une fumée <strong>de</strong> grilla<strong>de</strong><br />

que <strong>de</strong>rrière une boulette <strong>de</strong><br />

cocaïne ? En dresseur avisé, le brigadier-chef<br />

Xavier Bary, responsable <strong>de</strong><br />

la section <strong>de</strong> recherches d’explosifs<br />

<strong>de</strong> l’unité cynophile vous répondra<br />

que « stups » ou « explos », la métho<strong>de</strong><br />

d’apprentissage reste la même et passe<br />

uniquement par le jeu. « Au cours <strong>de</strong><br />

séries d’exercices ludiques, l’animal<br />

doit découvrir divers produits qu’il sera<br />

amené à trouver lors <strong>de</strong> ses missions.<br />

Chaque fin <strong>de</strong> séance se conclut par une<br />

récompense, une petite gourmandise. »<br />

Dès l’âge <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, la plupart <strong>de</strong>s<br />

chiens, bergers belges et allemands,<br />

sont dressés au centre national <strong>de</strong> <strong>format</strong>ion<br />

<strong>de</strong>s unités cynotechniques <strong>de</strong><br />

Cannes-Ecluse (Seine-et-Marne), ou<br />

au sein même <strong>de</strong> l’unité cynophile<br />

basée à l’ENPP (École Nationale <strong>de</strong><br />

Police <strong>de</strong> Paris), à Joinville. Pour inté-<br />

grer la <strong>format</strong>ion, les animaux doivent<br />

répondre à <strong>de</strong>ux critères essentiels :<br />

une bonne aptitu<strong>de</strong> au jeu et une<br />

condition physique irréprochable.<br />

En douze semaines, le binôme homme/animal<br />

est censé parfaitement<br />

fonctionner et c’est lors d’un test<br />

gran<strong>de</strong>ur nature que l’on évalue les<br />

capacités du couple à dénicher les<br />

matières dissimulées par un instructeur.<br />

La seule différence dans l’étape du<br />

dressage entre chiens « stups » et chiens<br />

« explos » se situe dans le « marquage »,<br />

le moment où le chien signifie à son<br />

maître avoir décelé quelque chose <strong>de</strong><br />

sensible. Dans le premier cas, l’animal<br />

gratte avec ses pattes, ou donne<br />

<strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> museau pour mettre à<br />

jour les drogues, dans le second cas,<br />

il se couche ou s’assoit pour montrer<br />

sa découverte sans jamais entrer en<br />

contact avec un produit susceptible<br />

d’exploser. Une fois la matière trouvée,<br />

les démineurs prennent le relais.


SORTIR LA TÊTE DU BOCAL<br />

Qu’est ce que l’odorologie ? Importée <strong>de</strong> Hongrie, cette métho<strong>de</strong> révolutionnaire<br />

fait appel au flair <strong>de</strong>s chiens. Tout tissu, verre, bois, plastique, métal… en contact<br />

avec une personne s’imprègne <strong>de</strong> son o<strong>de</strong>ur, ou « empreinte olfactive ».<br />

Lors d’une enquête, si un morceau <strong>de</strong> tissu est considéré comme portant l’o<strong>de</strong>ur<br />

d’un suspect, les techniciens <strong>de</strong> la police scientifique la recueillent en déposant<br />

sur ce support une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> coton imprégnée d’une huile censée absorber les<br />

molécules d’o<strong>de</strong>ur. Le morceau <strong>de</strong> coton est ensuite recouvert <strong>de</strong> papier aluminium<br />

pour éviter l’évaporation, puis placé sous scellé dans un bocal stérile. Si<br />

un individu est interpellé ultérieurement, les policiers lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> malaxer<br />

une nouvelle ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> coton durant quinze minutes afin <strong>de</strong> l’imprégner <strong>de</strong> son<br />

o<strong>de</strong>ur, avant <strong>de</strong> la déposer également dans un bocal. Les <strong>spécial</strong>istes font ensuite<br />

renifler au chien le bocal contenant le tout premier coton imprégné avant <strong>de</strong> lui<br />

soumettre plusieurs échantillons tests disposés dans <strong>de</strong>s bocaux, dont celui prélevé<br />

lors <strong>de</strong> l’enquête. Si l’animal marque l’arrêt <strong>de</strong>vant ce <strong>de</strong>rnier, les policiers<br />

peuvent en déduire que l’individu interpellé était bien présent sur les lieux du<br />

crime. Pour vali<strong>de</strong>r ce test, un <strong>de</strong>uxième chien est utilisé.<br />

Les chiens <strong>spécial</strong>isés dans cette technique sont basés à la briga<strong>de</strong> canine <strong>de</strong><br />

la police scientifique d’Écully (Rhône). La technique <strong>de</strong> l’odorologie est testée en<br />

France <strong>de</strong>puis 2001, validée par Interpol en 2002 et opérationnelle <strong>de</strong>puis 2003.<br />

Elle sert uniquement pour les enquêtes criminelles et a déjà permis <strong>de</strong> résoudre<br />

plus d’une centaine d’affaires.<br />

LES TRUANDS<br />

NE MANQUENT PAS D’AIR<br />

Mules, <strong>de</strong>alers, ou consommateurs<br />

transportent régulièrement sur eux<br />

<strong>de</strong>s produits prohibés. Pour dissimuler<br />

<strong>de</strong>s senteurs encombrantes susceptibles<br />

<strong>de</strong> les trahir lors <strong>de</strong> contrôles<br />

policiers, certains rivalisent d’ingéniosité<br />

et cachent leurs produits dans<br />

<strong>de</strong>s endroits insolites : boîtes <strong>de</strong> café,<br />

tubes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntifrice, crèmes <strong>de</strong> beauté,<br />

cannettes, talons <strong>de</strong> chaussures, stylos…<br />

mais tant que l’air passe, toutes<br />

les molécules filtrent et malgré les<br />

mélanges <strong>de</strong> senteurs, impossible <strong>de</strong><br />

tromper un fin limier à quatre pattes !<br />

Inutile également <strong>de</strong> tenter le poivre,<br />

le parfum ou la moutar<strong>de</strong> pour<br />

troubler une truffe avisée. Comme<br />

le confirme Bertrand Bonnamy,<br />

conducteur cyno à la section « stups »,<br />

les passeurs <strong>de</strong> l’extrême n’hésitent<br />

pas à avaler <strong>de</strong>s boulettes <strong>de</strong> cocaïne<br />

pour limiter au maximum les risques<br />

d’émanations. Placées dans le tube<br />

digestif, les boulettes, généralement<br />

emballées dans <strong>de</strong>s préservatifs en<br />

latex sont effectivement à l’abri <strong>de</strong><br />

l’odorat d’un chien, mais elles peuvent<br />

se déchirer et entraîner une mort<br />

par overdose. « La <strong>de</strong>rnière mule arrêtée<br />

par nos services venait <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>.<br />

Elle avait ingéré <strong>de</strong>s boulettes. Elle a été<br />

trahie par l’o<strong>de</strong>ur laissée sur son siège <strong>de</strong><br />

voiture. L’individu commençait malgré<br />

lui à expulser sa marchandise… le<br />

chien n’a pas été berné et a remarqué<br />

la fuite. D’un autre côté, les emballages<br />

100 % hermétiques restent rares. » Le<br />

climat joue également un rôle dans la<br />

chasse aux o<strong>de</strong>urs : « Si la pluie n’a pas<br />

d’inci<strong>de</strong>nce, le vent disperse les o<strong>de</strong>urs,<br />

la chaleur les dilate, tandis que le froid<br />

les comprime. Dans les <strong>de</strong>ux cas, les<br />

températures excessives jouent contre<br />

nous. » SB<br />

LE NEZ LE PLUS LONG<br />

Os ethmoï<strong>de</strong><br />

(tapissé par<br />

une muqueuse<br />

olfactive)<br />

Naseau<br />

Sinus frontal<br />

Langue<br />

Palais mou<br />

Palais dur<br />

<strong>Air</strong>e <strong>de</strong> l’olfaction<br />

Cerveau<br />

Grâce à un appareil olfactif hyper<br />

développé, le chien s’avère un<br />

compagnon indispensable dans<br />

la quête <strong>de</strong> matières illicites.<br />

L’air inspiré passe le long d’une fine<br />

peau, la muqueuse, qui contient les<br />

récepteurs olfactifs. La surface <strong>de</strong><br />

la muqueuse olfactive d’un berger<br />

allemand est <strong>de</strong> 150 cm 2 contre<br />

4 cm 2 chez l’homme, avec 150 millions<br />

<strong>de</strong> cellules réceptrices contre<br />

5 millions pour l’humain. Sur cette<br />

paroi, <strong>de</strong>s petits cils débarrassent<br />

l’air <strong>de</strong>s poussières pour ne laisser<br />

passer que les particules <strong>de</strong> gaz<br />

comme les o<strong>de</strong>urs.<br />

Une fois dans la muqueuse, ces<br />

particules entrent en contact avec<br />

les terminaisons nerveuses qui<br />

transmettent l’in<strong>format</strong>ion au<br />

cerveau. La région sollicitée régule<br />

ensuite les comportements instinctifs<br />

appris lors <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong><br />

dressage. L’ensemble <strong>de</strong> ce mécanisme,<br />

<strong>de</strong> l’inspiration à la réaction,<br />

ne prend pas plus d’une <strong>de</strong>mie<br />

secon<strong>de</strong> ! Plus le museau est<br />

allongé, plus la surface <strong>de</strong> l’appareil<br />

olfactif est étendue, plus les récepteurs<br />

sont nombreux. C’est pour<br />

cette raison que l’unité cynophile<br />

travaille plutôt avec <strong>de</strong>s bergers<br />

qu’avec <strong>de</strong>s bouledogues au nez<br />

écrasé.<br />

Après trois mois <strong>de</strong> dressage,<br />

la bibliothèque olfactive d’un chien<br />

« explos » contient environ douze<br />

bases <strong>de</strong> références : nitroglycérine,<br />

C-4, semtex, TNT, plastic, poudre…<br />

contre quatre pour un chien<br />

« stups » : héroïne, cocaïne, cannabis,<br />

marijuana. Avec le temps, grâce<br />

au travail permanent <strong>de</strong>s maîtres,<br />

le répertoire <strong>de</strong> l’animal s’enrichit<br />

<strong>de</strong> nouveaux produits comme<br />

l’ecstasy ou le crack et <strong>de</strong> nouvelles<br />

molécules s’ajoutent à sa mémoire.<br />

LIAISONS 95 l 48-49

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