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LATINOAMERICA EN LLAMAS Amérique latine en flammes ...

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Baudelaire (1821-1867), parlant de Wagner (1813-1883) et de son<br />

Tannhäuser, explique ainsi l’originalité du créateur : « Un artiste, un homme<br />

vraim<strong>en</strong>t de ce grand nom, doit posséder quelque chose sui g<strong>en</strong>eris, par la<br />

grâce de quoi il est lui et non un autre ». Ailleurs, il affirme : « …C’est à la fois<br />

par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique, que l’âme<br />

<strong>en</strong>trevoit les spl<strong>en</strong>deurs situées derrière le tombeau ». C’est vers la beauté que<br />

t<strong>en</strong>d tout l’être de Francisco Azuela. Les vers ci-dessous révèl<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>ce de sa<br />

poésie :<br />

« la beauté,<br />

qu'il a toujours recherchée depuis tout petit,<br />

il l'a r<strong>en</strong>contrée <strong>en</strong> des terres lointaines...<br />

Honduras, Costa Rica, Espagne, France,<br />

Portugal, Iran et maint<strong>en</strong>ant, Bolivie,<br />

(car son pays<br />

ne lui a tout juste concédé qu'une froide<br />

rumeur d'incompréh<strong>en</strong>sion et de malheur).<br />

Et cep<strong>en</strong>dant,<br />

il n'a jamais oublié les eaux cristallines<br />

de cette contrée<br />

(eaux qu'il a aimées tout <strong>en</strong>fant),<br />

ni le chant et le vol de ses oiseaux,<br />

et ses nuits de lune continu<strong>en</strong>t de l'appeler. »<br />

D’une force rare et d’une beauté toute particulière sont les poèmes que le génie<br />

d’Azuela nomme mayars et aztecals, termes créés par le poète à partir des<br />

mots « Mayas » et « Aztèques ». Azuela y sonde l’âme de la civilisation<br />

précolombi<strong>en</strong>ne, cherche à pénétrer les profondeurs du mal qui a rongé ces<br />

mondes magiques. Il y trouve les fastes du pouvoir qui tromp<strong>en</strong>t l’œil plus qu’ils<br />

ne le guid<strong>en</strong>t. Quelles sont les causes qui ont frappé de stérilité ces Etats-cités,<br />

comm<strong>en</strong>t n’ont-elles pas su se plier aux règles de la logique <strong>en</strong> oubliant de<br />

répondre à quelques grands besoins généraux, comm<strong>en</strong>t les passions ont-elles<br />

pu <strong>en</strong>lever au jugem<strong>en</strong>t ses plus grandes rigueurs, de quelle façon les mots<br />

amérindi<strong>en</strong>s s’ét<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t-ils à plusieurs réalités au-delà de la réalité première<br />

qu’ils étai<strong>en</strong>t chargés de nommer. Aztèques et Mayas avai<strong>en</strong>t découvert de<br />

longue date que l’image était le regard du concept, son œil. Ils connaissai<strong>en</strong>t la<br />

magie, l’<strong>en</strong>voûtem<strong>en</strong>t du langage.<br />

Le langage ! C’est le tapis que tisse l’homme. Comme la main habile noue fil<br />

après fil pour élaborer le tapis, œuvre d’art par excell<strong>en</strong>ce, ainsi le langage crée,<br />

noue notions et concepts et t<strong>en</strong>d à transformer la vie de l’être humain <strong>en</strong> œuvre<br />

d’art. C’est avec de tous petits fils, simples et gracieux, que se fait le tapis. C’est<br />

par les mots, par leurs trames et leurs chaînes, que se tisse le tapis de l’esprit.<br />

Ainsi se construit la poésie par des mots que l’âme, dans un excès d’intuition<br />

divinem<strong>en</strong>t inspirée, choisit spontaném<strong>en</strong>t. La poésie introduit dans la rude<br />

matière du langage la lumière du souffle divin et avec lui l’immortalité. La<br />

poésie n’est autre chose que la répétition à l’infini des expéri<strong>en</strong>ces originelles de<br />

l’humanité, l’immortel recomm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de la parole divine. Elle r<strong>en</strong>d<br />

supportable la si quotidi<strong>en</strong>ne peine par laquelle se bâtit la grandeur de la vie.

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