Le Triple autoportrait de Norman Rockwell Introduction Autoportrait ...

III) Réflexion sur la représentation de soi
Laquelle de ces trois représentions est la plus juste et la plus fidèle ?
- personnage vu en entier, en plan moyen, mais de dos, lunettes et tempes grisonnantes, on ne voit pas le visage
une question se pose : comment peut-il se représenter de dos ?
- un portrait de face en plan rapproché, mais ce n’est que le reflet du miroir plus éloigné. Les lunettes ne
permettent pas de découvrir le regard.
une question se pose : s’il voit mal, comment peut-il se représenter fidèlement ?
- un portrait en gros plan, mais c’est celui du tableau dans le tableau, inachevé, pas en couleurs. Artiste
transformé, autoportrait plus grand que nature, pas de lunettes.
il offre ici une image idéalisée de lui-même, rajeunie, embellie. La pipe qu’il fume est à l’horizontale et non pas
tombante comme dans la « réalité ».
=> Se peindre, n’est-ce pas offrir une image déformée de soi ? une image « arrangée » ? n’est-ce pas toujours
mensonger ? C’est peut-être le message que cette mise en abyme semblerait laisser passer.
Aucun de ces trois portraits n’est satisfaisant pour rendre compte de l’artiste : toute représentation est
éphémère (on vieillit), trompeuse (un reflet) et donc mensongère car elle traduit ce que l’artiste veut bien
montrer de lui-même : une image plutôt péjorative de l’artiste ici.
III) Une autodérision
Cette attention particulière apportée aux détails montre aussi que l’artiste se moque de lui-même.
- le portrait de dos dans une position peu flatteuse ;
- le contraste entre les objets appartenant au domaine militaire (aigle, casque), qui révèlent une volonté de
puissance, et le désordre ambiant (objets par terre, poubelle fumante, verre bancal, livre ouvert).
A noter que la place du casque, au sommet du tableau, peut encore être la marque que derrière ce désordre
ambiant règne une grande lucidité de la part de l’artiste, à la fois sur son art, sa création et sur la vision qu’il a
réellement de lui-même.
L’artiste ne se prend pas au sérieux et s’amuse dans cette représentation de lui-même.
- 4 autoportraits de ses prédécesseurs pour leur rendre hommage et mettre en évidence la modestie de son
travail.
IV) Conclusion
Ce tableau, quand on le voit pour la 1 ère fois, paraît autant qu’un autoportrait, une sorte d’exercice pédagogique
et humoristique sur le thème de l’autoportrait. Ce qu’on voit là, c’est justement ce que le peintre ne peut pas voir
et ce qu’imagine le spectateur d’autoportrait.
N’est-il pas non plus, à quelques années de sa révérence à la vie, la manifestation d’un homme qui se sent vieillir,
comme les peintures, et qui le transmet sur le ton de la dérision ?...