Arnaud Guillaume, constructeur du cloître de Moissac
Arnaud Guillaume, constructeur du cloître de Moissac
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l'église <strong>de</strong> Saint-Germain sous Castelsarrasin. L'acte est dressé à <strong>Moissac</strong>, sur l'autel <strong>de</strong>s saints apôtres<br />
Pierre et Paul, le jour même <strong>de</strong> l'enterrement <strong>de</strong> Raimond, le mari <strong>de</strong> Raimon<strong>de</strong>.<br />
Selon une notice sans date, écrite vers 1110/1115, <strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong> reçoit <strong>de</strong> Raimond Bernard <strong>de</strong><br />
Gandalou plusieurs biens, dont une part <strong>de</strong>s revenus <strong>du</strong> marché <strong>de</strong> Gandalou, la terre <strong>de</strong> Pug Bal<strong>du</strong>s, 26 et<br />
la terre <strong>de</strong> Garnouillac, d'abord en gage, plus tard en alleu. 27<br />
Une autre notice sans date, rédigée vers 1115/1120, précise que Raimond Bernard <strong>de</strong> Gandalou<br />
donne à l'abbaye plusieurs biens, et qu'il reçoit d'<strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong> une certaine rétribution. 28<br />
En 1126, <strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong>, ouvrier (Arnal<strong>du</strong>s Willelmi operarius) reçoit <strong>de</strong> Rainald <strong>de</strong> Gandalou<br />
une importante donation à Gandalou. Après la mort <strong>de</strong> Rainald, cette donation provoque un conflit avec<br />
les fils <strong>du</strong> donateur, Raimond et Hugues.<br />
Le 27 mars 1123, c'est encore la famille <strong>de</strong> Gandalou, qui fait don <strong>de</strong> l'honneur <strong>de</strong> Kausac, à<br />
i<strong>de</strong>ntifier avec Caunac, actuellement sur la rive gauche <strong>de</strong> la Garonne mais dans la commune <strong>de</strong><br />
Castelsarrasin, et dont le texte précise qu'il se compose d'une condamine, d'un "cabeth" dans la Garonne,<br />
d'une île et <strong>de</strong> trois casales. L'honneur <strong>de</strong> Caunac, est-il dit dans le texte, "appartient à l'obédience"<br />
d'<strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong>. 29<br />
Avec "l'obédience" d'<strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong>, nous touchons (à part les probables relations familiales) à<br />
l'autre explication <strong>de</strong> l'étroitesse <strong>de</strong>s relations entre l'operarius <strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong> et la famille <strong>de</strong><br />
Gandalou. Quel est donc le lien particulier <strong>de</strong> l'operarius avec Gandalou? Nous l'apprenons en 1109,<br />
quand Raimond Bernard <strong>de</strong> Gandalou donne à l'abbaye <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong> sa terre <strong>de</strong> Garnouillac, située entre<br />
Notre-Dame d'Alem et les Nauses, au bord <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Toulouse. La rétribution que l'abbaye doit lui<br />
donner est remise par <strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong>, "obédiencier <strong>de</strong> Gandalou". 30 <strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong> était donc<br />
obédiencier <strong>de</strong> Gandalou ! Une "obédience" indique toute fonction assignée à un religieux par ses<br />
supérieurs, mais plus précisément l'administration d'une paroisse. 31 Un obédiencier était un moine<br />
<strong>de</strong>sservant une église appartenant à l'abbaye. Qu'un aussi important membre <strong>de</strong> la hiérarchie soit<br />
obédiencier dans un petit village <strong>de</strong>s alentours <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong> ne doit pas nous étonner. A la fin <strong>du</strong> XI e<br />
siècle, le sacriste Elie, troisième personnage <strong>de</strong> l'abbaye, est obédiencier <strong>de</strong> Boudou. 32 On se tromperait<br />
en croyant que les moines <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong> n'exerçaient pas <strong>de</strong> charges pastorales. 33<br />
Enfin, comment résister au plaisir <strong>de</strong> citer la toute <strong>de</strong>rnière mention d'<strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong>, dans un<br />
acte sans date sur l'engagement <strong>du</strong> four banal à Armand <strong>de</strong> Mora, acte que les archivistes Bourbon et<br />
Dumas <strong>de</strong> Rauly ont faussement daté au X e siècle, 34 ce qui est absolument impossible pour <strong>de</strong>s raisons<br />
paléographiques, mais plus encore en raison <strong>de</strong>s personnes citées dans le texte, qui appartiennent toutes<br />
aux années 1120 et 1130. Parmi les témoins figure Arnal<strong>du</strong>s Guillelmus <strong>de</strong> claustro : "<strong>Arnaud</strong><br />
<strong>Guillaume</strong> <strong>du</strong> <strong>cloître</strong>" ...!<br />
<strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong> figure encore comme simple témoin dans au moins quatre actes, qu'il n'est pas<br />
utile <strong>de</strong> détailler ici.<br />
Les actes que nous venons d'étudier nous montrent comment <strong>Arnaud</strong> <strong>Guillaume</strong>, l'un <strong>de</strong>s moines les<br />
plus importants dans la hiérarchie <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong>, issu probablement d'une gran<strong>de</strong> famille <strong>de</strong> la<br />
vallée <strong>de</strong> la Garonne à l'ouest <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong>, liée à la vieille famille d'Esmes, succè<strong>de</strong> au moine Dieudonné<br />
dans la charge d'operarius <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong>. Il con<strong>du</strong>it les travaux <strong>de</strong> construction <strong>du</strong> <strong>cloître</strong>, tout<br />
en assumant en même temps la charge d'obédiencier <strong>de</strong> Gandalou, où il reçoit, pour l'abbaye <strong>de</strong><br />
26. Il s'agit probablement <strong>de</strong> Pech Arotbaut, limite méridionale <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong> selon les plus anciennes coutumes <strong>de</strong><br />
<strong>Moissac</strong>, à i<strong>de</strong>ntifier avec Fleury, sur l'actuelle limite entre <strong>Moissac</strong> et Castelsarrasin. Quelques éléments : A.<br />
LAGRÈZE-FOSSAT, Etu<strong>de</strong>s historiques sur <strong>Moissac</strong>, t. 1 (Paris 1870), p. 313 - 314.<br />
27. ADTG, G 684.<br />
28. ADTG, G 569 II, f. 1r.<br />
29. ADTG, G 571 (An<strong>du</strong>randy 5799).<br />
30. ADTG, G 684.<br />
31. R. Naz, Dictionnaire <strong>de</strong> Droit Canonique, t. 6 (Paris 1957), col. 1045.<br />
32. Apogée <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong>, p. 145.<br />
33. Apogée <strong>de</strong> <strong>Moissac</strong>, p. 144 - 146.<br />
34. GEORGES BOURBON, CHARLES DUMAS DE RAULY, Inventaire-sommaire <strong>de</strong>s archives départementales<br />
antérieures à 1790. Tarn-et-Garonne. Archives religieuses. Séries G et H (Montauban 1894), G 566 (pièce<br />
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