Voir D4-4-1-2006-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
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CHAPITRE 1<br />
AU PÉRIL DE NOTRE VIE<br />
J’étais donc confronté à une situation dans laquelle je devais demander<br />
à mes soldats de faire quelque chose que non seulement ils jugeaient<br />
passablement dangereux (un risque qu’ils auraient probablement accepté)<br />
mais dont ils doutaient fortement des possibilités de succès contre toute<br />
force hostile le moindrement respectable. J’étais conscient que je ne<br />
pouvais laisser les choses s’envenimer ni prétendre que le problème<br />
n’existait pas. À mon avis, la méthode « fermez vos gueules et faites ce<br />
qu’on vous dit » con<strong>du</strong>it droit à l’échec et, de toute façon, ce n’était pas<br />
ainsi que je menais ma barque.<br />
Je décidai que la seule chose à faire était de m’asseoir avec les troupes pour<br />
tenter de leur expliquer l’importance de la mission. Je m’attaquai à cette<br />
tâche en rendant visite à chaque PO en compagnie <strong>du</strong> SMC, mais je<br />
n’aimais pas ce que je leur disais ni n’en étais persuadé. Je pouvais voir<br />
dans leur visage et dans leur calme inhabituel qu’ils n’y croyaient pas <strong>du</strong><br />
tout. Mes doutes déteignirent peut-être sur eux. De toute manière, après<br />
mes commentaires et ceux de l’autre cmdt cie au cmdt bon, ce dernier<br />
révisa ses ordres et les PO devaient désormais ouvrir le feu uniquement<br />
s’ils s’estimaient l’objet d’une menace directe immédiate. Ce n’était pas<br />
une consigne particulièrement satisfaisante sur le plan moral <strong>du</strong> point de<br />
vue de notre mandat, mais considérant ce qui s’est pro<strong>du</strong>it plus tard en<br />
Krajina et l’absence totale de toute capacité crédible de combat pour<br />
appuyer notre ligne ou pour dissuader une offensive par un des<br />
belligérants (malgré l’illusoire nom de « Force de protection), c’était<br />
peut-être le plan d’action le plus réaliste. Quand j’informai les troupes<br />
de ce changement, il fut accepté d’une manière plus positive. Mais je<br />
conservai un goût amer de toute l’affaire.<br />
J’en tirai deux conclusions. La première, les militaires canadiens sont<br />
prêts à courir des risques, parfois de grands risques, mais ils doivent en<br />
connaître la raison et la comprendre. Ils ne sont pas les « rebuts de la<br />
société » de Wellington et on ne peut les con<strong>du</strong>ire au combat à coups de<br />
bâton. S’ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent combattre ou s’ils ne<br />
s’identifient pas à la cause, ils peuvent fort bien être réticents à s’exposer.<br />
Leur incertitude fut renforcée par la visite <strong>du</strong> commandant de notre<br />
brigade d’appartenance au <strong>Canada</strong> qui déclara dans un de mes PO que<br />
rien en Croatie ne méritait qu’on risque la vie d’un militaire canadien.<br />
Ma deuxième conclusion a été la suivante : face à un ordre clairement<br />
impossible à exécuter ou à un ordre qui semble impliquer un niveau de<br />
8<br />
LE LEADERSHIP SUR LA LIGNE DE FRONT :