Françoise Tomeno, VOUS CHANTIEZ ? EH BIEN - Revue Institutions
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Où passe le thérapeutique ?Voilà pourquoi l’audible, le sonore, le vocal, le chant, la musique,<br />
ne sont pas d’eux-mêmes thérapeutiques. Ils peuvent être des supports thérapeutiques, comme<br />
bien d’autres supports n’ayant rien à voir avec le sonore vibratoire.<br />
Ils méritent un maniement différent dans le cas de la névrose et dans celui de la psychose.et<br />
supposeront toujours l’un comme l’autre le travail d’un tiers, l’activité transférentielle et<br />
contre-transférentielle.<br />
Dans le cas du traitement de la psychose, la dissociation, le transfert dissocié, éclaté, méritera<br />
un traitement particulier.<br />
C’est ce traitement particulier, qui consiste à essayer d’établir des "liens bouts de ficelle" , des<br />
"greffes de transfert" qui indiquera à n’importe quel atelier sa place dans le réseau<br />
thérapeutique et qui permettra de négocier la particularité de son support pour l’inscrire dans<br />
ce mouvement du lien. Particularité qui confrontera toujours ceux qui se rencontreront autour<br />
du sonore à ces risques de dilution et d’effraction et exigeront donc un maniement rigoureux<br />
du support sonore.<br />
Ce n’est donc pas à partir de supposées vertus thérapeutiques du sonore, du vocal , du chant<br />
ou de la musique, que j’ai choisi d’animer, hebdomadairement un atelier chant.<br />
Chanteuse par ailleurs, "pour le plaisir" comme on dit..., j’avais rejoint depuis deux ans un<br />
atelier de musique existant dans la clinique, et je l’avais rejoint comme chanteuse. J’étais<br />
connue là-bas comme "la chanteuse" et pas du tout comme psychanalyste.<br />
Et puis j’avais dans mes bagages, (au sens propre comme au sens figuré) des tas de chansons,<br />
puisque j’étais tombée dedans quand j’étais petite, dans une famille où ça chantait. Je suis<br />
donc montée à bord du navire de la psychothérapie institutionnelle. J’ai vite appris à quoi<br />
servait le Club. Un jour où je me rendais à une réunion du Club pour me faire rembourser des<br />
partitions achetées pour l’atelier (je savais que, comme pour chaque atelier, je disposais d’un<br />
budget de 500 francs), je me suis fait littéralement engueuler par le pensionnaire qui était<br />
président à l’époque, qui m’a dit : "Mais vous n’avez vraiment rien compris ! le Club, ça n’est<br />
pas fait pour vous donner des sous pour faire fonctionner "votre" atelier. C’est fait pour qu’on<br />
parle. Vous avez l’intention d’acheter des partitions ? Lesquelles, pourquoi, pour qui, quels<br />
projets, en lien avec quels autres ateliers, quand, etc." Pauvre de moi, j’avais sauté par dessus<br />
la règle d’or de la circulation de la parole des personnes, des biens, de l’argent.<br />
J’ai su, après cette engueulade me servir du Club pour la fabrication des "liens bouts de<br />
ficelle". Que tout transite par là est une bien précieuse chose qui évite de se chroniciser dans<br />
un petit fonctionnement répétitif.<br />
Bien précieuse chose aussi que d’occuper un lieu occupé par d’autres à d’autres moments de<br />
la journée. Partager l’espace, c’est aussi découper le temps, l’emploi du temps, parler du<br />
rythme de la journée, de la semaine, des saisons (saison du théâtre dans la pièce à côté,<br />
pendant laquelle on ne pouvait chanter sans déranger les "acteurs". Il fallait un peu bousculer<br />
nos horaires : on le faisait avec plaisir, et puis on pouvait alors participer aux répétitions, y<br />
assister : ça créait d’autres liens).<br />
Sinon, attention, danger, sédimentation. Pendant longtemps, le samedi après-midi, l’atelier<br />
"chant personnel" suivait l’atelier chorale de Thierry et précédait l’atelier musique de Pierre.