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Evaluation des capacités langagières pragmatiques ... - Josie Bernicot

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Dardier, V., <strong>Bernicot</strong>, J., Goumi. A. & Ornon, C. (2012). <strong>Evaluation</strong> <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong><br />

<strong>pragmatiques</strong> et vieillissement. In P. Allain, G. Aubin & D. Le Gall (Eds.) Cognition Sociale<br />

et Neuropsychologie, p.283-304. Marseille : Editions Solal.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> et vieillissement<br />

Virginie Dardier (Université de Rennes 2), <strong>Josie</strong> <strong>Bernicot</strong> & Antonine Goumi (Université de<br />

Poitiers-CNRS), Claudie Ornon (Pôle de Gériatrie du CHU de Poitiers)<br />

1. Introduction<br />

Le vieillissement <strong>des</strong> populations dans les sociétés industrialisées pose de nouvelles<br />

questions pour les sciences humaines et les neurosciences. Le vieillissement cognitif,<br />

englobant toutes les gran<strong>des</strong> fonctions humaines, est ainsi devenu l’une <strong>des</strong> thématiques de<br />

recherches importantes en psychologie. L’allongement de la durée de vie oblige à relever<br />

rapidement le défi de l’évaluation psychologique <strong>des</strong> personnes âgées, période où les tests,<br />

particulièrement en langue française, sont très peu nombreux. Nous allons présenter un outil,<br />

en cours de création, permettant d’évaluer les aspects <strong>pragmatiques</strong> (ou sociaux) du langage et<br />

étalonné sur une population non pathologique de 60 à 90 ans (PRAGMA Test). L’ouvrage de<br />

synthèse sur le vieillissement de Lemaire et Bherer (2005) met en lumière que les travaux se<br />

sont focalisés sur la mémoire, les ressources de traitement, l’attention et la résolution de<br />

problèmes. Les données concernant le langage sont réduites aux scores verbaux <strong>des</strong> tests<br />

d’intelligence : « Les scores aux tests multi-factoriels diminuent aussi avec l’âge. Toutefois,<br />

les scores aux épreuves verbales diminuent moins que les scores aux épreuves non verbales.<br />

Les épreuves verbales font davantage appel aux connaissances accumulées au cours de la vie<br />

et les épreuves non verbales évaluent les ressources de traitement » (p. 66). Compte tenu de<br />

l’importance du langage pour la compréhension du monde, la communication<br />

interindividuelle et la compréhension <strong>des</strong> processus cognitifs impliqués dans d’autres<br />

fonctions comme la mémoire et l’attention, il nous semble important d’aller au-delà de ce<br />

constat.<br />

Depuis une ou deux décennies, les travaux réalisés en pragmatique dans le domaine de<br />

la conversation, du langage indirect ou non littéral, avec <strong>des</strong> personnes ayant <strong>des</strong> lésions<br />

cérébrales frontales ou droites (Dardier, 2004) ont apportés <strong>des</strong> résultats intéressants : ces<br />

1


personnes n’ont pas de troubles majeurs <strong>des</strong> aspects formels du langage (caractéristiques <strong>des</strong><br />

lésions gauches et de l’aphasie) mais <strong>des</strong> troubles, plus ou moins importants, <strong>des</strong> aspects<br />

<strong>pragmatiques</strong> du langage qui jouent un rôle majeur pour l’adaptation sociale dans la vie<br />

quotidienne mais qui restent peu évalués et pourtant : Les difficultés dans la vie quotidienne<br />

devraient constituer une cible privilégiée de l’examen neuropsychologique » (p.9) Juillerat<br />

Van der Linden, Aubin, Le Gall et Van der Linden (2008).<br />

Notre objectif est d’établir <strong>des</strong> normes (ou <strong>des</strong> repères) sur une large période (30 ans)<br />

avec une méthodologie précise : nous allons travailler avec <strong>des</strong> personnes sans pathologie<br />

mais dont le fonctionnement cérébral, compte tenu <strong>des</strong> modifications anatomiques,<br />

physiologiques et neurochimiques, ne va pas être le même à 60 et à 90 ans en terme de<br />

dynamique entre les deux hémisphères ou entre les différentes zones cérébrales 1 . A un niveau<br />

général, les théories explicatives du vieillissement portent essentiellement sur le<br />

ralentissement du traitement de l’information (Lemaire & Bherer, 2005). Au niveau plus<br />

particulier <strong>des</strong> aspects <strong>pragmatiques</strong> du langage, on replacera la question dans le cadre <strong>des</strong><br />

travaux théoriques et empiriques réalisés dans ce domaine. On s’appuiera sur les travaux<br />

originels portant sur les différents âges de la vie, chez l’adulte (Austin, 1962 ; <strong>Bernicot</strong>,<br />

Trognon, Guidetti, & Musiol, 2002; <strong>Bernicot</strong>, Veneziano, Musiol & Bert-Erboul, 2010; Grice,<br />

1975 ; Noveck & Sperber, 2004 ; Searle, 1969; Verschueren, 1999), mais aussi sur les travaux<br />

développementaux portant sur l’enfant d’âge scolaire (<strong>Bernicot</strong>, 1992 ; <strong>Bernicot</strong>, Veneziano,<br />

Musiol, & Bert-Erboul, 2010) et le très jeune enfant (Guidetti, 2003 ; Marcos, 2000).<br />

Les aspects <strong>pragmatiques</strong> du langage entretiennent un lien étroit avec le concept de<br />

cognition sociale (Beaudichon, 1982 ; Beaudichon & Plumet, 2003 ; Flavell, 1977 ; Oléron,<br />

1981) apparu autour <strong>des</strong> années 1970 en contrepoids à la toute puissante cognition formelle<br />

portée par la théorie piagétienne. La cognition sociale est le champ <strong>des</strong> savoirs (ou savoir-<br />

faire) relatifs aux personnes, aux relations interpersonnelles, aux relations au sein d’un<br />

groupe, ou aux relations entre groupes humains. Ces savoirs portent sur les intentions<br />

(mobiles, émotions, etc.) qui animent les agents sociaux de façon habituelle ou dans une<br />

situation particulière. La cognition sociale joue un rôle important dans la mise en relation <strong>des</strong><br />

formes du langage avec les situations de communication, mise en relation qui est définitoire<br />

de la pragmatique du langage. Les travaux qui ont émergé dans les années 1980-1990 et qui<br />

1 Par exemple, Greenwald et Jerger (2001) font l’hypothèse que la dynamique hémisphère droit/gauche change<br />

avec l'âge, avec une diminution de l'intervention relative de l'hémisphère droit, et entraîne donc <strong>des</strong> difficultés<br />

d'interprétation <strong>des</strong> usages sociaux du langage.<br />

2


ont donné naissance « aux théories de l’esprit » sont aussi en interface avec la pragmatique du<br />

langage à travers la question de la connaissance de l’esprit d’autrui et de ses intentions<br />

(Thommen & Rimbert, 2005).<br />

C’est dans ce cadre de la cognition sociale et de la neuropsychologie que nous allons<br />

construire l’outil d’évaluation PRAGMA Test. Notre premier objectif est d’établir <strong>des</strong> normes<br />

sur une population non pathologique âgée de 60 à 90 ans pour un large ensemble de <strong>capacités</strong><br />

<strong>pragmatiques</strong> incluant : la conversation, la compréhension du langage indirect (idiomes,<br />

deman<strong>des</strong>) et les connaissances méta<strong>pragmatiques</strong> (capacité à réfléchir explicitement sur le<br />

lien langage/situation de communication). Le deuxième objectif est de pouvoir comparer <strong>des</strong><br />

populations pathologiques à la norme. Parallèlement à l’augmentation de la durée de la vie,<br />

les statistiques soulignent un accroissement constant <strong>des</strong> personnes atteintes par <strong>des</strong> maladies<br />

neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, démences, etc.) qui doivent être prise en charge.<br />

Le PRAGMA Test, en cours de construction, a pour ambition de contribuer à l’évaluation de<br />

la communication <strong>des</strong> personnes âgées et de constituer un outil pour le suivi <strong>des</strong> difficultés<br />

observées dans le domaine de la pragmatique du langage.<br />

2. Historique du projet<br />

La construction du PRAGMA Test se situe dans la suite logique de nos travaux menés<br />

depuis plus de dix ans dans le domaine de la neuropragmatique. Ces recherches, conduites<br />

auprès d’enfants, d’adolescents ou d’adultes cérébrolésés ont apporté un éclairage nouveau<br />

sur les troubles de l’usage du langage consécutifs aux lésions hémisphériques droites<br />

(<strong>Bernicot</strong>, Barreau & Gil, 2006 ; <strong>Bernicot</strong>, Dardier, Fayada et al., 2001) et frontales (Dardier<br />

& <strong>Bernicot</strong>, 2000 ; Dardier, Delaye & Laurent-Vannier, 2003 ; Dardier, Dubois & Fayada,<br />

2006 ; Dardier, <strong>Bernicot</strong>, Delanoë, et al., 2011). Ces travaux ont également montré que la<br />

création de paradigmes expérimentaux originaux pouvait permettre une évaluation plus<br />

écologique <strong>des</strong> compétences <strong>pragmatiques</strong> et devenir, à terme, <strong>des</strong> outils pertinents pour<br />

l’évaluation du langage en contexte. Notre volonté de construire un nouvel outil d’évaluation<br />

<strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>pragmatiques</strong> s’est concrétisée en 2006, avec le soutien de l’Université de<br />

Poitiers (aide aux projets innovants : « Démonstrateur pour l’évaluation du langage (<strong>capacités</strong><br />

<strong>pragmatiques</strong> »)). Ce projet a abouti au dépôt auprès de l'Agence de Protection <strong>des</strong><br />

Programmes (<strong>Bernicot</strong>, 2008) d’un Démonstrateur de tests d’évaluation <strong>des</strong> aspects<br />

<strong>pragmatiques</strong> du langage (D10Prag). Enfin, notre implication dans le Contrat de Plan Etat<br />

Région Poitou-Charentes (CPER5, 2007-2011, « Plate-forme et observatoire sur le<br />

3


vieillissement et le handicap » 2 ), nous a conduit à adapter certaines <strong>des</strong> épreuves du<br />

D10PRAG pour construire un outil d’évaluation <strong>des</strong>tiné aux personnes âgées, le PRAGMA<br />

Test. Ce travail s’inscrit ici dans une conception du développement « durant la vie entière »<br />

qui s’applique au sein de ce projet dans le domaine du vieillissement.<br />

3. Que sait-on <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> <strong>des</strong> personnes âgées ?<br />

Les travaux portant sur l’étude du langage chez les personnes âgées, ne souffrant pas de<br />

pathologies, sont majoritairement consacrés à l’analyse <strong>des</strong> aspects formels (phonologie,<br />

sémantique, syntaxe ; cf. Feyereisen & Hupet, 2002 et Mathey & Postal, 2008). Peu de<br />

recherches se sont focalisées sur les <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong>. Or, dans ce domaine,<br />

il existe un poids important <strong>des</strong> stéréotypes qui peuvent avoir <strong>des</strong> conséquences sur les<br />

représentations que les interlocuteurs se font <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> communicationnelles <strong>des</strong><br />

personnes âgées (Feyereisen & Hupet, 2002) et les conduire à modifier leur discours<br />

lorsqu’ils sont en interaction avec elles (par exemple en utilisant un discours directif et<br />

infantilisant). En retour, l’attitude d’autrui peut avoir <strong>des</strong> répercussions sur la volonté de<br />

communiquer <strong>des</strong> personnes âgées (sur leur sentiment de compétence), en accentuant un<br />

phénomène de repli sur soi et en majorant leur isolement social (Berrewaerts, Charlot &<br />

Hupet, 2002). Croyances ou réalités ? Prenons un premier stéréotype: « les personnes âgées<br />

monopolisent les conversations ». Que savons-nous réellement <strong>des</strong> <strong>capacités</strong><br />

conversationnelles <strong>des</strong> personnes âgées ? La conversation constitue une situation de la vie<br />

quotidienne qui sollicite diverses <strong>capacités</strong> <strong>pragmatiques</strong>, par exemple être capable<br />

d’introduire, de développer, de changer de thème de façon adéquate ou encore d’éviter les<br />

digressions intempestives (Dardier, 2004). Des données anglophones évoquent les difficultés<br />

<strong>des</strong> personnes âgées à construire un échange équilibré avec leur interlocuteur et soulignent<br />

leur tendance à la verbosité (Gold, Andres, Arbuckle et al., 1988 ; Mackenzie, 2000). Cette<br />

verbosité est plus ou moins accentuée en fonction <strong>des</strong> contenus et augmente souvent si la<br />

personne aborde <strong>des</strong> thématiques personnelles. Néanmoins, le discours <strong>des</strong> personnes âgées<br />

peut garder <strong>des</strong> caractéristiques positives, par exemple il peut être considéré comme étant plus<br />

riche, plus intéressant à écouter que celui d’un locuteur plus jeune (James, Burke, Austin et<br />

al., 1988). D’autre part, la dynamique de l’échange conversationnel peut aussi être préservée<br />

dans le cadre du vieillissement typique. Sur ce point, les résultats de la recherche de<br />

Rousseau, de Saint-André et Gatignol (2009), menée auprès de participants francophones ne<br />

2 Des informations détaillées sont fournies dans la section « Collaborations et remerciements ».<br />

4


souffrant pas de pathologies (âgés de 55 à 85 ans) souligne que même à un âge avancé, les<br />

personnes âgées peuvent produire <strong>des</strong> actes de langage adéquats en situation de conversation,<br />

c'est-à-dire <strong>des</strong> énoncés qui permettent une poursuite satisfaisante de l’échange. Ainsi, en<br />

fonction <strong>des</strong> critères d’évaluation utilisés, il est aussi possible de mettre en évidence <strong>des</strong><br />

difficultés ou à l’inverse la préservation <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> en situation<br />

de conversation dans le cadre du vieillissement typique. Intéressons-nous maintenant à un<br />

autre stéréotype : « les personnes âgées ont du mal à comprendre les sous-entendus ». Le<br />

vieillissement normal altère-t-il vraiment les <strong>capacités</strong> de compréhension du langage<br />

indirect ? Ici encore, les travaux empiriques restent peu nombreux, concernent rarement <strong>des</strong><br />

populations âgées de plus de 75 ans, et se focalisent souvent sur la compréhension d’énoncés<br />

indirects présentés par écrit et hors contexte conversationnel. Des exemples de travaux<br />

récents, consacrés à l’étude <strong>des</strong> processus cognitifs impliqués dans la compréhension du<br />

langage non littéral, soulignent un effet du vieillissement pour les métaphores (Morrone,<br />

Declercq, Novella et al., 2010), les proverbes (Uekermann, Thoma & Daum, 2008) et les<br />

expressions idiomatiques (Wesbury & Titone, 2011). Selon Qualls et Harris (2003) et<br />

Champagne, Seendy et Joanette (2006), il est important de prendre en compte l’effet du type<br />

de tâche (charge cognitive, type de consignes, modalité de réponses) pour comprendre<br />

précisément le rôle du vieillissement dans la compréhension du langage indirect : certaines<br />

tâches sont susceptibles de majorer l’effet de l’âge. Concernant la compréhension d’énoncés<br />

indirects en contexte, le travail de Champagne et al. (2006) mené auprès de participants<br />

francophones, jeunes adultes et adultes plus âgés (69 ans en moyenne), montre le rôle majeur<br />

du niveau de scolarité sur la compréhension <strong>des</strong> énoncés indirects. L’effet du facteur âge se<br />

confond avec celui de la scolarité et ne permet pas de conclure aux conséquences du<br />

vieillissement sur la compréhension <strong>des</strong> énoncés indirects.<br />

L’analyse <strong>des</strong> travaux déjà réalisés montre qu’il est pertinent de poursuivre l’étude <strong>des</strong><br />

<strong>capacités</strong> conversationnelles et l’évaluation de la compréhension du langage indirect chez les<br />

personnes âgées, en considérant plusieurs limites méthodologiques précédemment évoquées :<br />

prise en compte de participants âgés de plus de 75 ans, mesure du niveau d’éducation et de<br />

l’efficience intellectuelle, type de tâches et évaluation de la compréhension <strong>des</strong> énoncés<br />

indirects en contexte.<br />

Actuellement, en langue française, il existe peu d’outils d’évaluation <strong>des</strong> <strong>capacités</strong><br />

<strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> pouvant être utilisés auprès <strong>des</strong> personnes âgées. La majorité est<br />

<strong>des</strong>tinée à <strong>des</strong> publics de patients cérébrolésés et peu d’entre eux sont étalonnés auprès d’un<br />

large public âgé de plus de 75 ans. Parmi les tests existants on peut citer le Test Lillois de<br />

5


Communication (Rousseaux, Delacourt, Wyrzykowski & Lefeuvre, 2001), l’Échelle de<br />

communication verbale de Bordeaux (Darrigand & Mazaux, 2000), le Test de gestion de<br />

l’implicite (Duchenne May-Carle, 2000), le Protocole Montréal d’Évaluation de la<br />

communication (Joanette, Ska & Côté, 2004) et enfin la Grille d’évaluation <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> de<br />

communication (Rousseau, 1998) qui est plus spécifique pour l’évaluation <strong>des</strong> personnes<br />

âgées. La construction du PRAGMA Test a été nourrie par l’analyse de ces tests qui<br />

comportent <strong>des</strong> épreuves permettant l’évaluation de certaines <strong>capacités</strong> <strong>pragmatiques</strong> en<br />

production ou en compréhension du langage.<br />

4. Objectifs du PRAGMA Test<br />

Le bilan de nos recherches réalisées auprès de patients cérébrolésés d’âges variés,<br />

porteurs de lésions droites et/ou frontales, souligne que les troubles <strong>pragmatiques</strong>, souvent<br />

observés en l’absence de troubles du langage formels, ont <strong>des</strong> répercussions importantes dans<br />

la vie quotidienne <strong>des</strong> personnes concernées. Or, force est de constater que ces troubles<br />

restent finalement peu évalués et rarement pris en charge de façon spécifique. L’objectif<br />

général du PRAGMA Test est d’établir <strong>des</strong> normes de l’évolution <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>pragmatiques</strong><br />

chez <strong>des</strong> personnes âgées ne souffrant pas de pathologies, sur un large empan d’âge (allant de<br />

60 à 99 ans) pendant lequel le fonctionnement cérébral connait diverses modifications<br />

(altération du cortex préfrontal, Tisserand, Van Boxtel, Gronenschild, et al., 2001 ;<br />

modification de la coopération interhémisphérique, Greenwald & Jerger , 2001) qui peuvent<br />

avoir une incidence sur les possibilités d’analyse et de production du langage en contexte.<br />

Les travaux ou les outils d’évaluation précédemment décrits se focalisent souvent sur un<br />

aspect de la communication, en production ou en compréhension, mais rarement sur les deux<br />

domaines. Notre volonté dans la construction du PRAGMA Test, est de prendre en compte<br />

simultanément dans un même outil, les performances <strong>des</strong> personnes âgées en situation de<br />

production et de compréhension du langage. Il s’agit aussi de proposer un outil d’évaluation<br />

écologique, car comme le souligne Rousseau et al. (2009), l’évaluation de la communication<br />

dans <strong>des</strong> situations naturelles est indispensable pour rendre compte <strong>des</strong> possibilités<br />

d’adaptation de la personne âgée. Dans les épreuves du PRAGMA Test, le participant est l’un<br />

<strong>des</strong> interlocuteurs d’une situation de communication finalisée (entretien biographique), et le<br />

témoin de dialogues produits par deux interlocuteurs dans <strong>des</strong> situations de vie quotidienne<br />

(épreuve de complètement et de jugement d’histoires). Enfin, cette évaluation fine <strong>des</strong><br />

habiletés <strong>pragmatiques</strong> au cours du vieillissement normal, constitue également un préalable<br />

indispensable à une meilleure compréhension <strong>des</strong> troubles observés chez <strong>des</strong> populations<br />

6


vieillissantes souffrant de pathologies, en faisant la distinction entre l’effet de l’âge et l’effet<br />

de la maladie sur les habiletés de communication.<br />

5. Présentation du PRAGMA TEST<br />

5.1. Constitution de l’échantillon<br />

Le recrutement <strong>des</strong> participants est réalisé dans le cadre du CPER selon une procédure<br />

spécifique. Après avoir été informés <strong>des</strong> objectifs de l’Observatoire du vieillissement, les<br />

participants donnent leur consentement écrit puis répondent à deux questionnaires (portant sur<br />

leur mode de vie) envoyés par courrier. Les volontaires participent ensuite à un premier<br />

entretien <strong>des</strong>tiné à recueillir <strong>des</strong> informations biographiques, médicales et<br />

neuropsychologiques. Un second entretien est ensuite proposé aux personnes volontaires, qui<br />

correspondent à nos critères d’inclusion, pour effectuer l’évaluation <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong><br />

<strong>pragmatiques</strong> avec une psychologue, membre de notre équipe. Les critères d’inclusion sont<br />

les suivants : être âgés de 60 à 99 ans, être de langue maternelle française, avoir un score<br />

supérieur à 26 sur 30 au Mini Mental State <strong>Evaluation</strong> (Folstein, Folstein, & McHugh, 1975),<br />

ou supérieur à 27 sur 30 (pour un niveau socio culturel égal à 4), ne pas avoir d’antécédents<br />

ou de maladie neurologiques, de déficiences auditives ou visuelles (ou correctement corrigées<br />

si elles existent), ni de pathologies psychiatriques. Lors de l’entretien, le niveau socio-culturel<br />

<strong>des</strong> participants est systématiquement relevé (avec une évaluation de 1 à 4 selon les normes<br />

proposées par Kalafat, Hugonot-Diener & Poitrenaud, 2003). Le tableau 1 décrit l’échantillon<br />

à la date du 1 er Novembre 2011. Le nombre de participants est de 66 personnes (32 femmes et<br />

34 hommes), réparties en quatre groupes d’âge.<br />

Tableau 1 – Répartition de la population de l’étalonnage selon l’âge et le genre<br />

Moy : Moyenne ; MMSE = Mini Mental State <strong>Evaluation</strong> ; NSC = Niveau Socio culturel<br />

Age Femmes Hommes Total<br />

60-69 ans<br />

Moy MMSE (écart)<br />

Moy NSC (écart)<br />

70-79 ans<br />

Moy MMSE (écart)<br />

Moy NSC (écart)<br />

80-89 ans<br />

Moy MMSE (écart)<br />

Moy NSC (écart)<br />

15 16 31<br />

29,29 (26-30)<br />

3,03 (1-4)<br />

13 13 26<br />

29,08 (27-30)<br />

2,93 (1-4)<br />

4 5 9<br />

29,11 (26-30)<br />

2,67 (1-4)<br />

90-99 ans 0 0 0<br />

Total 32 34 66<br />

7


5.2. Les épreuves<br />

Le PRAGMA Test est constitué de différentes épreuves déjà utilisées dans nos<br />

recherches antérieures menées auprès de populations de patients cérébrolésés. La passation du<br />

test débute par un entretien biographique durant lequel l’examinateur réalise, «on line» de<br />

façon très écologique, une évaluation de la compréhension <strong>des</strong> allusions et <strong>des</strong> expressions<br />

idiomatiques en situation d’échange conversationnel. A la fin de l’entretien, une courte<br />

interview sur <strong>des</strong> thèmes familiers, permet d’évaluer les <strong>capacités</strong> conversationnelles, à<br />

travers le maintien du thème de la conversation. La seconde partie du test est une épreuve de<br />

complètement et de jugement d’histoires présentée à partir d’un matériel photographique.<br />

Cette épreuve permet d’évaluer la compréhension <strong>des</strong> directifs et <strong>des</strong> implicatures<br />

conversationnelles (deux subtests issus du logiciel D10PRAG). Elle permet aussi de mettre<br />

en évidence les connaissances méta<strong>pragmatiques</strong> à propos <strong>des</strong> directifs et <strong>des</strong> implicatures<br />

conversationnelles. Le test contient un livret de passation qui permet à l’examinateur de se<br />

référer aux procédures <strong>des</strong> différentes épreuves ainsi qu’un cahier de passation où les<br />

réponses du participant sont notées.<br />

5.2.1. L’entretien biographique<br />

L’examinateur assis face au participant, débute l’entretien biographique en interrogeant<br />

la personne sur son âge, sa date et son lieu de naissance, son niveau scolaire. Il poursuit<br />

l’entretien en abordant différents thèmes comme la (les) profession(s), la famille, les enfants,<br />

les petits-enfants, les différents lieux d’habitation et enfin sur les activités journalières et la<br />

vie quotidienne. Ces questions aident àent initier l’échange et permettent aux interlocuteurs de<br />

se familiariser l’un avec l’autre. La durée totale de l’entretien est en moyenne de 15 minutes.<br />

5.2.1.1. Compréhension <strong>des</strong> allusions pendant l’entretien<br />

Les allusions sont <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> indirectes non conventionnelles (par exemple dire<br />

« c’est fade ! » pour signifier « passe moi le sel !»). Leur compréhension implique la prise en<br />

compte du contexte conversationnel, et l’inférence de l’action à réaliser et de l’agent qui doit<br />

l’accomplir (<strong>Bernicot</strong>, 1992). Durant l’entretien biographique, l’examinateur doit utiliser au<br />

moins deux allusions sous la forme suivante : « Je ne sais pas… » ou « Je ne connais pas… ».<br />

Ces énoncés produits dans le contexte de l’entretien signifient « Dites-moi …» et constituent<br />

<strong>des</strong> deman<strong>des</strong> indirectes d’information de la part de l’examinateur. Ces allusions sont à<br />

formuler avec la prosodie de la vie quotidienne. Certains thèmes abordés durant l’entretien<br />

8


permettent l’insertion facile de ces deux allusions (par exemple le lieu de naissance, le lieu de<br />

villégiature, ou encore les loisirs). L’examinateur note la réponse du participant dans le<br />

cahier de passation. Si la réponse n’est pas jugée optimale par l’examinateur (<strong>des</strong> exemples de<br />

réponses « types » sont fournis dans le livret de passation), il fait une relance en utilisant la<br />

formule « c'est-à-dire ? ». Le participant obtient un point à chacune <strong>des</strong> allusions comprises,<br />

on lui attribue ainsi une note allant de 0 à 2 si les deux allusions sont bien comprises sans<br />

relance (une note intermédiaire est attribuée si l’allusion est comprise après une relance). Des<br />

exemples d’allusions ainsi que <strong>des</strong> réponses de participants sont proposés dans le tableau 2.<br />

Tableau 2 – Allusions : exemples d’échange examinateur-participant<br />

Exemple 1<br />

Mme J, 66 ans et 4 mois: j’aime bien les «séries romancières».<br />

Examinateur: je ne sais pas ce que c’est…<br />

Mme J: Les feuilletons quoi !<br />

Exemple 2<br />

Mme O, 75 ans et 5 mois: je suis née à Soissons.<br />

Examinateur: je ne sais pas où c’est…<br />

Mme O: c’est dans l’Aisne.<br />

Premiers résultats - Il semble que la compréhension <strong>des</strong> allusions soit très bien<br />

préservée pour l’ensemble de nos participants. En effet, nous obtenons actuellement 100% de<br />

bonnes réponses, sans relance, à la demande d’information formulée par l’examinateur.<br />

5.2.1.2. Compréhension <strong>des</strong> expressions idiomatiques pendant l’entretien<br />

Les expressions idiomatiques sont <strong>des</strong> locutions stéréotypées, leur signification est<br />

conventionnelle et pas nécessairement déductible à partir <strong>des</strong> mots qui la compose (Gibbs,<br />

1994 ; Marquer, 1994). Durant l’entretien biographique, l’examinateur doit formuler au moins<br />

trois expressions idiomatiques parmi une liste de neuf qui s’insèrent aisément dans les thèmes<br />

abordés lors de l’entretien : avoir plusieurs cor<strong>des</strong> à son arc (pour signifier être polyvalent),<br />

avoir la tête dans les nuages (pour signifier être étourdi, non attentif, rêver), passer l’éponge<br />

(pour signifier pardonner), mener par le bout du nez (pour signifier influencer de façon<br />

excessive), se tourner les pouces (pour signifier ne rien faire d’utile, ne pas travailler), avoir<br />

un poil dans la main, avoir les deux pieds dans le même sabot, se laisser marcher sur les<br />

pieds, et avoir la tête sur les épaules. Toutes ces expressions sont familières et ont une double<br />

interprétation. L’examinateur note la réponse du participant dans le cahier de passation. Si la<br />

réponse n’est pas jugée optimale par l’examinateur (<strong>des</strong> exemples de réponses « types »<br />

9


figurent dans le livret de passation), il doit faire une relance en utilisant la formule « c'est-à-<br />

dire ? ». Le participant obtient un point à chacune <strong>des</strong> expressions idiomatiques comprises, on<br />

lui attribue ainsi une note allant de 0 à 3 si les trois expressions idiomatiques sont bien<br />

comprises sans relance (une note intermédiaire est attribuée si l’idiome est compris après une<br />

relance). Les données recueillies montrent une forte diversité <strong>des</strong> réponses chez les<br />

participants. Le codage, en cours de réalisation, permet déjà de distinguer quatre catégories de<br />

réponses présentées dans le tableau 3. Notons que nous avons relevé seulement deux cas de<br />

non compréhension (catégorie 4) pour 198 expressions idiomatiques formulées au total lors de<br />

ces 66 entretiens.<br />

Tableau 3 – Expressions idiomatiques : catégories de réponses fournies par les<br />

participants<br />

Examinateur: …vous avez plusieurs cor<strong>des</strong> à votre arc?<br />

Mr. F, 88 ans et 10 mois: Oui on bricole un peu, 36<br />

métiers, 36 misères!<br />

Examinateur: …vous avez plusieurs cor<strong>des</strong> à votre arc?<br />

Mme A, 81 ans et 2 mois: Oui m’enfin j’ai… ça a pas<br />

été rémunéré pour la retraite. Enfin bon …<br />

Examinateur: …vous avez plusieurs cor<strong>des</strong> à votre arc?<br />

Mme G, 69 ans et 11 mois: Non pas vraiment.<br />

Examinateur: avec vos petits enfants….vous passez<br />

l’éponge?<br />

Mme N, 74 ans 5 mois: L’éponge de quoi? [relance de<br />

l’examinateur: « avec vos petits enfants »] oh oui la<br />

p’tite oui mais les autres sont grands.<br />

Catégorie 1: la signification non<br />

littérale de l’idiome est explicitée<br />

par le participant.<br />

Catégorie 2: la signification non<br />

littérale n’est pas explicitée mais<br />

l’énoncé est en interface<br />

sémantique avec celle-ci.<br />

Catégorie 3 : réponse non<br />

interprétable.<br />

Catégorie 4: réponse traduisant la<br />

non compréhension de l’énoncé.<br />

5.2.1.3. Capacité à maintenir le thème de la conversation pendant l’entretien<br />

Pour Grice (1975) l’usage qu’un individu fait du langage est fortement dépendant de<br />

règles ou maximes conversationnelles. L’interview est, elle aussi, régie par <strong>des</strong> règles et un<br />

principe de coopération spécifique. L’interviewé, interrogé sur un thème précis, doit garder la<br />

parole pour exprimer son point de vue sans parler d’autres choses : il doit développer le<br />

thème central et le maintenir (Dardier & <strong>Bernicot</strong>, 2000). Dans le domaine <strong>des</strong> pathologies du<br />

langage, nos précédentes recherches, menées auprès de populations de patients traumatisés<br />

crâniens, ont montré la pertinence de l’utilisation de situation d’interview pour saisir les<br />

difficultés dans les échanges avec autrui, qui se manifestent notamment par <strong>des</strong> digressions<br />

par rapport au thème central (<strong>Bernicot</strong> & Dardier, 2001 ; Dardier & <strong>Bernicot</strong>, 2000 ; Dardier,<br />

<strong>Bernicot</strong>, Delanöe et al., 2011).<br />

10


A la fin de l’entretien biographique, l’examinateur propose aux participants de<br />

poursuivre l’échange sur deux thèmes précis. L’examinateur choisit parmi la liste suivante en<br />

fonction <strong>des</strong> intérêts de la personne : programmes de télévision favoris, animaux favoris,<br />

chanteurs favoris, plats favoris, cuisine, jardinage, sport. L’objectif de cette interview est<br />

d’évaluer la capacité <strong>des</strong> participants à maintenir la continuité thématique, à éviter les<br />

digressions. L’examinateur doit considérer comme étant une digression tout énoncé du<br />

participant s’éloignant du thème précis de l’interview. Un exemple de digression est proposé<br />

dans le tableau 4 ci-<strong>des</strong>sous. En suivant les consignes du livret de passation, l’examinateur<br />

change de thème après trois digressions et/ou trois relances ou après cinq minutes d’interview<br />

si la personne n’a pas digressé.<br />

Tableau 4 – Exemple de digression<br />

Examinateur: Ah d’accord, et pourquoi vous aimez bien ce sport ? (le golf)<br />

Mr. J, 62 ans : (digression): Parce que c’est très technique, très stratégique. Il faut<br />

réfléchir, se concentrer, prendre sur soi. C’est un sport un peu ingrat parfois il faut savoir<br />

se remettre en cause soi-même. Mais ce qui me plait surtout c’est le cadre. A Maurepas<br />

c’est joli. Vous connaissez Maurepas ? C’est magnifique, on est dans la nature, il y a un<br />

lac en bas c’est très très beau. C’est un bel endroit…<br />

Examinateur (rappel du thème): Que voulez-vous dire quand vous dites que c’est un sport<br />

ingrat ?<br />

Mr. J, 62 ans (retour au thème): Parce que parfois on a préparé son coup, on s’est<br />

entraîné avant, et puis ça ne marche pas. On ne réussit pas.<br />

Résultats préliminaires. Les données déjà recueillies (cf. figure 1) montrent que le<br />

nombre de digressions reste globalement faible chez nos participants. Les résultats obtenus<br />

tendent à montrer une augmentation du nombre de digressions avec l’âge ; cette tendance sera<br />

à confirmer lorsque notre échantillon sera complet.<br />

11


1,4<br />

1,2<br />

1<br />

0,8<br />

0,6<br />

0,4<br />

0,2<br />

0<br />

60-69 ans 70-79 ans 80-89 ans<br />

Figure 1 - Nombre moyen de digressions en fonction de l’âge (maximum possible=6)<br />

5.2.2. Epreuve de complètement et de jugement d’histoires<br />

Après l’entretien biographique, l’examinateur propose au participant de poursuivre<br />

l’évaluation avec l’épreuve de complètement et de jugement d’histoires. Cette épreuve est<br />

constituée de 24 histoires composées de deux à quatre photographies selon les items. Chaque<br />

histoire met en scène deux personnages qui interagissent dans une situation de vie<br />

quotidienne. L’examinateur place les photographies sur la table et raconte l’histoire en<br />

pointant les différents interlocuteurs. La tâche <strong>des</strong> participants est de terminer l’histoire en<br />

choisissant une photographie parmi plusieurs ou en jugeant la fin de l’histoire comme<br />

cohérente ou non avec le début. Dans tous les cas, les participants doivent expliquer leur<br />

réponse. Avec les réponses de choix ou de jugement on teste la compréhension <strong>des</strong> directifs et<br />

<strong>des</strong> implicatures conversationnelles. Avec l’explication <strong>des</strong> réponses, on teste les<br />

connaissances métapagmatiques à propos de ces deux types d’énoncés. Les connaissances<br />

méta<strong>pragmatiques</strong> sont définies par les connaissances exprimées explicitement par les<br />

individus à propos <strong>des</strong> relations existant entre les caractéristiques structurales d’un énoncé et<br />

les caractéristiques de la situation de production (<strong>Bernicot</strong>, 1991). Il nous semble important de<br />

disposer de deux informations complémentaires: d’une part le comportement qui permet de<br />

tester la compréhension de la conversation (action à réaliser, intention de l’autre) et d’autre<br />

part l’explication de ce comportement par le participant, qui permet de recueillir les<br />

connaissances explicites à propos du fonctionnement <strong>des</strong> implicatures conversationnelles. Le<br />

tableau 5 donne la répartition <strong>des</strong> différentes catégories d’items avec <strong>des</strong> exemples.<br />

12


Tableau 5 – Epreuve de complètement et de jugement d’histoires: répartition <strong>des</strong> catégories<br />

d’items avec <strong>des</strong> exemples<br />

Deman<strong>des</strong><br />

Indirectes<br />

(jugement de<br />

la fin de<br />

l’histoire et<br />

explication<br />

de la<br />

réponse)<br />

Implicatures<br />

(choix de la<br />

fin de<br />

l’histoire et<br />

explication<br />

de la<br />

réponse)<br />

Deman<strong>des</strong><br />

Indirectes<br />

conventionnelles<br />

prototypiques<br />

Deman<strong>des</strong><br />

Indirectes<br />

conventionnelles<br />

non prototypiques<br />

Deman<strong>des</strong><br />

Indirectes non<br />

conventionnelles<br />

(allusions)<br />

Implicatures<br />

littérales<br />

Implicature non<br />

littérales<br />

Nombre<br />

Exemples<br />

d’items<br />

4 Première photographie : Un couple dans un jardin.<br />

La femme tient une laisse dans ses mains.<br />

L’homme veut que le chien ait une laisse.<br />

L’homme dit : « Peux-tu mettre la laisse au chien ? »<br />

Seconde photographie : La femme met la laisse au chien.<br />

Consigne : « Est-ce que la fin va avec le<br />

début de l’histoire ? » (Bonne réponse : Oui)<br />

« Pourquoi la fin va avec le début de l’histoire ? »<br />

4 Première photographie : Un arbitre et un joueur pendant un<br />

match de football.<br />

Le joueur dit : « Pouvez-vous sortir du terrain ? »<br />

Seconde photographie : L’arbitre sort du terrain.<br />

Consigne : « Est-ce que la fin va avec le début de l’histoire ? »<br />

(Bonne réponse : Non)<br />

« Pourquoi la fin ne va pas avec le début de l’histoire ? »<br />

8 Première photographie : Un couple dans une cuisine.<br />

L’homme dit : « J’étouffe. »<br />

Deuxième photographie : La femme ouvre la fenêtre.<br />

Troisième photographie : L’homme est satisfait.<br />

Consigne : « Est-ce que la fin va avec le début de l’histoire ? »<br />

(Bonne réponse : Oui)<br />

« Pourquoi la fin va avec le début de l’histoire ? »<br />

4 Première photographie : Un couple dans une cuisine. La femme<br />

dit : « Est-ce que je vais faire les courses pour le dîner ? »<br />

Seconde photographie : L’homme dit : « Le réfrigérateur est<br />

totalement vide. »<br />

Consigne : « D’après vous, que va-t-il se passer ensuite ? »<br />

Troisième photographie : La femme s’assoit dans le canapé.<br />

Quatrième photographie : La femme va dans un grand<br />

magasin. (Bonne réponse)<br />

« Pourquoi la femme va dans un grand magasin ? »<br />

4 Première photographie : Un couple dans une bibliothèque.<br />

La femme dit : « Est-ce que tu veux de l’aide pour porter ce gros<br />

carton ? »<br />

Seconde photographie : L’homme dit : « J’ai une force de<br />

cheval. »<br />

Consigne : « D’après vous, que va-t-il se passer ensuite ? »<br />

Troisième photographie : L’homme porte le carton tout seul.<br />

(Bonne réponse)<br />

Quatrième photographie : L’homme porte le carton avec la<br />

femme.<br />

« Pourquoi l’homme porte le carton tout seul ? »<br />

13


Afin de faciliter la passation, le texte à lire par l’examinateur est inscrit sur le cahier de<br />

passation. Des exemples d’histoires sont proposés avant de débuter l’épreuve. Pour chaque<br />

item, l’examinateur note l’ensemble <strong>des</strong> réponses du participant dans le cahier de passation<br />

afin de permettre le codage ultérieur <strong>des</strong> réponses. Les 24 histoires sont présentées de façon<br />

aléatoire, en suivant l’ordre donné dans le manuel de passation. La durée totale de l’épreuve<br />

de compréhension et de connaissances méta<strong>pragmatiques</strong> est en moyenne de 30 minutes.<br />

5.2.2.1. La compréhension <strong>des</strong> directifs<br />

En pragmatique, les deman<strong>des</strong> correspondent à l’acte de langage directif défini par<br />

Searle (1969) comme l’acte social par lequel le locuteur tente de faire accomplir quelque<br />

chose à l’auditeur. Ces deman<strong>des</strong> peuvent prendre <strong>des</strong> formes linguistiques différentes<br />

(<strong>Bernicot</strong>, 1992), par exemple : une forme directe (ordre à l’impératif « ferme la fenêtre ! »)<br />

ou une forme indirecte conventionnelle (interrogative de type impératives emboîtées « peux-tu<br />

fermer la fenêtre ? ») ou encore une forme indirecte non conventionnelle (allusion « j’ai<br />

froid »). Pour cette dernière, la forme linguistique est déclarative et l’action à réaliser et<br />

l’agent qui doit l’accomplir ne sont pas mentionnés. Une demande est indirecte lorsque le<br />

locuteur « signifie » autre chose que ce qu'il « dit ». Les deman<strong>des</strong> conventionnelles, qui sur<br />

le plan formel appellent <strong>des</strong> réponses oui/non, dans l’immense majorité <strong>des</strong> contextes, sont<br />

interprétées comme <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> d’action. Les deman<strong>des</strong> non conventionnelles<br />

correspondent à <strong>des</strong> énoncés qui ne sont interprétés comme <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> que dans <strong>des</strong><br />

contextes bien particuliers. Dans plusieurs recherches menées auprès d’enfants, d’adolescents<br />

et d’adultes traumatisés crâniens, nous avons utilisé un paradigme de compréhension de<br />

deman<strong>des</strong> indirectes conventionnelles et non conventionnelles (Dardier, Delaye & Laurent-<br />

Vannier, 2003 ; Dardier, Deleau, Delanoë et al., 2006 ; Dardier, <strong>Bernicot</strong>, Delanoë et al.,<br />

2011). L’usage de ce paradigme a mis en évidence <strong>des</strong> difficultés dans la compréhension <strong>des</strong><br />

formes indirectes non conventionnelles de type « allusion ». Des difficultés sont aussi<br />

apparues dans la compréhension <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> indirectes conventionnelles produites dans <strong>des</strong><br />

contextes non prototypiques. Les contextes prototypiques respectent la condition préparatoire 3<br />

ou ne la transgresse pas explicitement (Searle, 1969) : l’auditeur a la possibilité physique de<br />

réaliser la demande du locuteur ou l’auditeur occupe une position hiérarchique « inférieure »<br />

à celle du locuteur qui « l’oblige » à réaliser l’action demandée. Les contextes non<br />

3 L’auditeur est en mesure d'effectuer l’action et le locuteur pense que c'est le cas.<br />

14


prototypiques ne respectent pas explicitement la condition préparatoire : l’auditeur n’a pas la<br />

possibilité physique de réaliser la demande, ou il existe une forte transgression <strong>des</strong> règles<br />

sociales quant au rapport hiérarchique entre les interlocuteurs et la réalisation ou la non<br />

réalisation de l’action demandée.<br />

Pour les 16 items testant la compréhension <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> indirectes (cf. tableau 5), la<br />

tâche <strong>des</strong> participants est de juger si la fin proposée (la dernière photographie) est correcte ou<br />

non (dans la moitié <strong>des</strong> cas la bonne réponse est OUI, et dans la moitié <strong>des</strong> cas la bonne<br />

réponse est NON). La consigne est la suivante : « Voici <strong>des</strong> photographies qui racontent de<br />

courtes histoires. A chaque fois, vous me direz si la fin que je vous propose va avec le début<br />

de l’histoire et vous m’expliquerez pourquoi ». Le participant obtient un point pour chaque<br />

demande comprise, ainsi il peut obtenir une note allant de 0 à 16 pour cette épreuve<br />

(deman<strong>des</strong> indirectes conventionnelles prototypiques, note de 0 à 4 ; deman<strong>des</strong> indirectes<br />

conventionnelles non prototypiques, note de 0 à 4 ; deman<strong>des</strong> indirectes non<br />

conventionnelles, note de 0 à 8)<br />

Résultats préliminaires. La compréhension <strong>des</strong> allusions ne pose pas de difficultés aux<br />

participants (100 % de bonnes réponses). Il en est de même pour les deman<strong>des</strong> indirectes<br />

conventionnelles prototypiques. En revanche, nos premiers résultats (cf. figure 2) semblent<br />

montrer que la compréhension <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> indirectes conventionnelles non prototypiques<br />

est plus faible que celle <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> prototypiques, et ce dans tous les groupes d’âge. Cette<br />

tendance sera à confirmer lorsque notre échantillon sera complet. Nous retrouvons ici un<br />

résultat déjà obtenu auprès d’enfants, d’adolescents cérébrolésés et de participants contrôles<br />

(Dardier, Delaye & Laurent-Vannier, 2003 ; Dardier, Deleau, Delanoë et al., 2006).<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

60-69<br />

ans<br />

70-79<br />

ans<br />

80-89<br />

ans<br />

Prototypiques<br />

Non<br />

Prototypiques<br />

Figure 2 - Deman<strong>des</strong> indirectes conventionnelles prototypiques et non prototypiques :<br />

nombre de choix corrects (réponses oui/non)<br />

15


5.2.2.2. La compréhension <strong>des</strong> implicatures conversationnelles<br />

Il arrive qu’un locuteur transgresse « en apparence » l’une <strong>des</strong> règles conversationnelles<br />

inhérente au Principe de Coopération (Grice, 1975). Imaginons l’échange suivant : Jérôme dit<br />

à Madeleine « Est-ce que je te sers une autre part de gâteau ? », Madeleine répond « Il faut<br />

que je rentre dans mon nouveau pantalon ». Le déclenchement de l’implicature<br />

conversationnelle qui permet à Jérôme de conclure que Madeleine ne veut pas de gâteau est<br />

lié à la présupposition du respect du Principe de Coopération et à la connaissance qu’il<br />

partage avec Madeleine <strong>des</strong> propriétés du gâteau (le gâteau fait grossir). Dans une recherche<br />

antérieure réalisée auprès de patients adultes porteurs de lésions droites, <strong>Bernicot</strong>, Bareau et<br />

Gil (2006) ont montré que ces patients avaient <strong>des</strong> difficultés pour la compréhension de cette<br />

forme de langage indirect. Le matériel du PRAGMA Test constitue une adaptation du<br />

paradigme expérimental utilisé dans cette recherche : nous avons adapté les items à notre<br />

population et remplacé les <strong>des</strong>sins par <strong>des</strong> photographies.<br />

Pour les 8 items testant la compréhension <strong>des</strong> implicatures (cf. tableau 5), la tâche <strong>des</strong><br />

participants est de choisir la fin de l’histoire parmi deux photographies. L’une, la bonne<br />

réponse, correspond à la mise en œuvre de l’implicature; l’autre, la mauvaise réponse, est<br />

contradictoire avec la mise en œuvre de l’implicature. La position spatiale (droite/gauche) de<br />

la photographie correspondant à la bonne réponse varie de façon aléatoire. La consigne est la<br />

suivante : « Voici <strong>des</strong> photographies qui racontent de courtes histoires. A chaque fois, vous<br />

choisirez la fin qui va le mieux avec le début de l’histoire et vous m’expliquerez pourquoi ».<br />

Pour tous les items la maxime transgressée est la maxime de relation (« parlez à propos »). Le<br />

mode de transgression est littéral ou non littéral (cf. tableau 5). Lorsque le mode de<br />

transgression est littéral, le locuteur A pose explicitement une question faisant référence à un<br />

champ lexical défini, le locuteur B lui répond explicitement en faisant référence à un autre<br />

champ lexical. La rupture est définie par l’écart entre les deux champs lexicaux. Ce sont les<br />

connaissances partagées sur le monde <strong>des</strong> locuteurs qui permettent de rétablir le lien. Lorsque<br />

le mode de transgression est non littéral, le locuteur A pose explicitement une question, le<br />

locuteur B lui répond explicitement par un énoncé dont la signification littérale ne répond pas<br />

à la question. Dans le cas de la rupture métaphorique (cf. exemple du tableau 5), c’est la<br />

connaissance du transfert de trait sémantique qui permet d’interpréter l’énoncé. Le participant<br />

obtient un point pour chaque implicature comprise, ainsi il peut obtenir une note allant de 0 à<br />

8 pour cette épreuve (implicatures littérales, note de 0 à 4 ; implicatures non littérales, note de<br />

0 à 4)<br />

16


Résultats préliminaires. Les données recueillies semblent indiquer que les<br />

implicatures non littérales sont moins bien comprises que les implicatures littérales (cf. figure<br />

3). Là encore, nos données restent à confirmer, néanmoins elles sont cohérentes avec les<br />

travaux en pragmatique menés chez l’enfant typique (<strong>Bernicot</strong>, Laval et Chaminaud, 2007),<br />

chez l’adulte lésé droit (<strong>Bernicot</strong>, Bareau & Gil, 2006) et chez l’adulte typique (Champagne,<br />

Virbel, Nespoulous et al., 2003).<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

60-69<br />

ans<br />

70-79<br />

ans<br />

80-89<br />

ans<br />

Littérales<br />

Non littérales<br />

Figure 3 - Implicatures conversationnelles : nombre de bonnes réponses (maximum=4)<br />

5.2.2.3. L’évaluation <strong>des</strong> connaissances méta<strong>pragmatiques</strong><br />

Les connaissances méta<strong>pragmatiques</strong> correspondent à la capacité à exprimer<br />

verbalement les règles de fonctionnement <strong>des</strong> aspects sociaux du langage : par exemple être<br />

capable de juger du caractère plus ou moins approprié d’un énoncé en fonction du statut <strong>des</strong><br />

interlocuteurs. C’est l’aspect qui apparaît le dernier dans le développement du langage <strong>des</strong><br />

enfants (<strong>Bernicot</strong>, 1991) et qui disparaît le premier en cas de lésions frontales ou de lésions<br />

droites (Dardier et al., 2011). Dans nos travaux précédents, nous avons mis en évidence que<br />

l’expression <strong>des</strong> connaissances méta<strong>pragmatiques</strong> est souvent déficitaire chez les patients<br />

cérébrolésés ; ainsi ils produisent <strong>des</strong> justifications fondées sur <strong>des</strong> éléments périphériques qui<br />

témoignent d’une compréhension partielle ou de « surface » <strong>des</strong> situations de communication<br />

(Dardier et al, 2003 ; Dardier et al., 2006 ; Dardier et al., 2011).<br />

Pendant l’épreuve de complètement et de jugement d’histoires, afin de pouvoir évaluer<br />

les connaissances méta<strong>pragmatiques</strong>, l’examinateur demande systématiquement aux<br />

participants de justifier leur choix de réponse à la fin de chacune <strong>des</strong> 24 histoires (cf. tableau<br />

5). Le codage préliminaire <strong>des</strong> justifications fournies par nos participants montre qu’il est<br />

17


possible de distinguer trois catégories de justifications (cf. tableau 6). Dans la première<br />

catégorie, les participants fournissent une explicitation précise du lien entre l’énoncé et<br />

l’action à réaliser. Dans la seconde catégorie, les participants donnent <strong>des</strong> justifications qui<br />

sont, soit relatives à l’énoncé, soit à l’action à réaliser, mais n’expriment pas le lien entre les<br />

deux. Enfin une troisième catégorie de réponse regroupe les justifications fondées sur la prise<br />

en compte d’indices non pertinents : la répétition de « morceaux » de l’histoire, l’ajout de<br />

commentaires non appropriés, la formulation d’hypothèses. Cette dernière catégorie a été peu<br />

observée chez les participants de notre échantillon, en revanche elle est fréquente chez les<br />

patients cérébrolésés (cf. exemple du tableau 6). Le livret de passation donne <strong>des</strong> exemples de<br />

justifications et de codage : 1 point est attribué pour une justification de type 1 et <strong>des</strong> notes<br />

intermédiaires seront attribuées pour les autres catégories.<br />

Tableau 6 – Connaissances méta<strong>pragmatiques</strong> : catégories de réponses fournies par les<br />

participants<br />

Histoire « gendarme » : demande indirecte conventionnelle prototypique<br />

Première photographie : Un gendarme et une automobiliste.<br />

Le gendarme dit : « Pouvez-vous sortir de votre voiture ? »<br />

Seconde photographie : La femme démarre sa voiture et s’en va.<br />

Consigne : « Est-ce que la fin va avec le début de l’histoire ? » (Bonne réponse: Non)<br />

« Pourquoi la fin ne va pas avec le début de l’histoire ? »<br />

Justification de type 1<br />

Mr JP, 61 ans et 9 mois : « Parce qu’elle doit sortir car il le lui a demandé et c’est un<br />

gendarme. »<br />

Glose de la demande (« le lui a demandé ») et mise en relation causale (« car ») de<br />

l’énoncé et de l’action qui aurait dû être réalisée. De plus, référence à la fonction<br />

sociale du locuteur (« c’est un gendarme. »).<br />

Justification de type 2<br />

Mr J, 66 ans et 4 mois : « Parce qu’au lieu de sortir elle s’en va. C’est tout. Elle va avoir un<br />

P.V. »<br />

Expression de l’action qui aurait dû être réalisée mais sans lien avec l’énoncé (sans<br />

référence explicite à la demande du gendarme).<br />

Justification de type 3<br />

Mr B, Patient traumatisé crânien, 34 ans et 5 mois : « Parce qu’elle est folle-dinguotte votre<br />

copine ».<br />

Commentaires inadéquat.<br />

6. Conclusions<br />

Le PRAGMA Test constituera le premier outil en langue française pour l’évaluation <strong>des</strong><br />

<strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> <strong>des</strong> personnes âgées en situation de production et de<br />

18


compréhension du langage. La construction de l’étalonnage se poursuivra en 2012 avec<br />

l’objectif de constituer un groupe de référence pour les 90/99 ans. L’étude de l’évolution <strong>des</strong><br />

aspects <strong>pragmatiques</strong> du langage dans le vieillissement typique constitue un champ de<br />

recherche nouveau pour comprendre le développement de la communication tout au long de la<br />

vie. L’adoption d’une perspective « life span », permettra de rendre compte <strong>des</strong> subtilités<br />

observées dans les habiletés communicationnelles <strong>des</strong> personnes âgées, leurs points faibles et<br />

leur points forts et permettra ainsi d’éviter le renforcement <strong>des</strong> stéréotypes et <strong>des</strong> caricatures<br />

liés au vieillissement (Underwood, 2010). L’utilisation de notre test contribuera à affiner,<br />

étayer ou interroger les hypothèses diagnostiques issues de la consultation gériatrique. Le<br />

PRAGMA Test pourra également être utilisé pour le suivi de l’évolution <strong>des</strong> troubles de la<br />

communication rencontrés dans le cadre d’une maladie neurologique déjà diagnostiquée (effet<br />

d’une thérapeutique, aggravation ou stabilisation <strong>des</strong> troubles, etc.). Enfin, nous l’espérons, le<br />

PRAGMA Test sera un outil précieux pour le psychologue et l’orthophoniste dans le cadre de<br />

l’accompagnement du patient et de sa famille, afin de mettre en place <strong>des</strong> stratégies de<br />

préservation de l’autonomie cognitive, de conseiller et de soutenir l’aidant principal dans le<br />

maintien de la communication avec son proche.<br />

Collaborations et remerciements<br />

Plusieurs collaborations ont été nécessaires pour mener à bien le projet du PRAGMA<br />

Test. Nous adressons nos remerciements aux personnes et aux institutions qui y ont participé.<br />

Pour la direction de la Plate-forme et Observatoire sur le vieillissement et le handicap :<br />

les Professeurs M. Paccalin, J.L. Houeto et R. Gil (Contrat de Plan Etat Région Poitou-<br />

Charentes, CPER5, 2007-2011).<br />

Pour la collaboration avec l’UFR de Médecine et de Pharmacie : le Professeur P.<br />

Ingrand, I. Ingrand (Ingénieur de recherche) et M. Hervaud (Psychologue).<br />

Pour les essais : le Centre Communal d’Action Sociale de Poitiers avec R. Faget-Laprie<br />

(Déléguée aux Personnes Agées) et V. Jourdain (Directrice du service PA/PH).<br />

Pour les passations et l’accès à la population : Mairie de Neuville-de-Poitou, J. Plumet<br />

et S. Belkadi (Psychologues). Nous adressons nos remerciements aux habitants de Neuville-<br />

de-Poitou pour leur participation.<br />

19


Références bibliographiques<br />

Austin, J.L. (1962). How to do things with words. Cambridge, Massachusetts: Harvard<br />

University Press. Traduction française, (1969, 1970). Quand dire c’est faire. Paris :<br />

Editions du seuil.<br />

Beaudichon, J. (1982). La communication sociale chez l’enfant. Paris : Presses Universitaires<br />

de France.<br />

Beaudichon, J., & Plumet, M.H. (2003). Théorie de l’esprit. In O. Houdé (Ed.), Vocabulaire<br />

<strong>des</strong> sciences cognitives (pp. 437-440). Paris : Presses Universitaires de France.<br />

<strong>Bernicot</strong>, J. (1991). French children’s conception of requesting: The development of<br />

metapragmatic knowledge. International Journal of Behavioral Development, 14, 285–<br />

304.<br />

<strong>Bernicot</strong>, J. (1992). Les actes de langage chez l’enfant. Paris : Presses Universitaires de<br />

France.<br />

<strong>Bernicot</strong>, J. (sous la direction de) (2008). Démonstrateur de tests d’évaluation <strong>des</strong> aspects<br />

<strong>pragmatiques</strong> du langage (D10Prag). Logiciel (CD-Rom) déposé auprès de l'Agence de<br />

Protection <strong>des</strong> Programmes (http://app.legalis.net) le 13 Juin 2008<br />

IDDN.FR.001.240016.000.S.P.2008.000.31235<br />

<strong>Bernicot</strong>, J., & Dardier, V. (2001). Communication deficits: Assessment of frontal lobe<br />

damage subjects in an interview setting. International Journal of Language and<br />

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