Evaluation des capacités langagières pragmatiques ... - Josie Bernicot
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vieillissement et le handicap » 2 ), nous a conduit à adapter certaines <strong>des</strong> épreuves du<br />
D10PRAG pour construire un outil d’évaluation <strong>des</strong>tiné aux personnes âgées, le PRAGMA<br />
Test. Ce travail s’inscrit ici dans une conception du développement « durant la vie entière »<br />
qui s’applique au sein de ce projet dans le domaine du vieillissement.<br />
3. Que sait-on <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> <strong>des</strong> personnes âgées ?<br />
Les travaux portant sur l’étude du langage chez les personnes âgées, ne souffrant pas de<br />
pathologies, sont majoritairement consacrés à l’analyse <strong>des</strong> aspects formels (phonologie,<br />
sémantique, syntaxe ; cf. Feyereisen & Hupet, 2002 et Mathey & Postal, 2008). Peu de<br />
recherches se sont focalisées sur les <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong>. Or, dans ce domaine,<br />
il existe un poids important <strong>des</strong> stéréotypes qui peuvent avoir <strong>des</strong> conséquences sur les<br />
représentations que les interlocuteurs se font <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> communicationnelles <strong>des</strong><br />
personnes âgées (Feyereisen & Hupet, 2002) et les conduire à modifier leur discours<br />
lorsqu’ils sont en interaction avec elles (par exemple en utilisant un discours directif et<br />
infantilisant). En retour, l’attitude d’autrui peut avoir <strong>des</strong> répercussions sur la volonté de<br />
communiquer <strong>des</strong> personnes âgées (sur leur sentiment de compétence), en accentuant un<br />
phénomène de repli sur soi et en majorant leur isolement social (Berrewaerts, Charlot &<br />
Hupet, 2002). Croyances ou réalités ? Prenons un premier stéréotype: « les personnes âgées<br />
monopolisent les conversations ». Que savons-nous réellement <strong>des</strong> <strong>capacités</strong><br />
conversationnelles <strong>des</strong> personnes âgées ? La conversation constitue une situation de la vie<br />
quotidienne qui sollicite diverses <strong>capacités</strong> <strong>pragmatiques</strong>, par exemple être capable<br />
d’introduire, de développer, de changer de thème de façon adéquate ou encore d’éviter les<br />
digressions intempestives (Dardier, 2004). Des données anglophones évoquent les difficultés<br />
<strong>des</strong> personnes âgées à construire un échange équilibré avec leur interlocuteur et soulignent<br />
leur tendance à la verbosité (Gold, Andres, Arbuckle et al., 1988 ; Mackenzie, 2000). Cette<br />
verbosité est plus ou moins accentuée en fonction <strong>des</strong> contenus et augmente souvent si la<br />
personne aborde <strong>des</strong> thématiques personnelles. Néanmoins, le discours <strong>des</strong> personnes âgées<br />
peut garder <strong>des</strong> caractéristiques positives, par exemple il peut être considéré comme étant plus<br />
riche, plus intéressant à écouter que celui d’un locuteur plus jeune (James, Burke, Austin et<br />
al., 1988). D’autre part, la dynamique de l’échange conversationnel peut aussi être préservée<br />
dans le cadre du vieillissement typique. Sur ce point, les résultats de la recherche de<br />
Rousseau, de Saint-André et Gatignol (2009), menée auprès de participants francophones ne<br />
2 Des informations détaillées sont fournies dans la section « Collaborations et remerciements ».<br />
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