Evaluation des capacités langagières pragmatiques ... - Josie Bernicot
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souffrant pas de pathologies (âgés de 55 à 85 ans) souligne que même à un âge avancé, les<br />
personnes âgées peuvent produire <strong>des</strong> actes de langage adéquats en situation de conversation,<br />
c'est-à-dire <strong>des</strong> énoncés qui permettent une poursuite satisfaisante de l’échange. Ainsi, en<br />
fonction <strong>des</strong> critères d’évaluation utilisés, il est aussi possible de mettre en évidence <strong>des</strong><br />
difficultés ou à l’inverse la préservation <strong>des</strong> <strong>capacités</strong> <strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> en situation<br />
de conversation dans le cadre du vieillissement typique. Intéressons-nous maintenant à un<br />
autre stéréotype : « les personnes âgées ont du mal à comprendre les sous-entendus ». Le<br />
vieillissement normal altère-t-il vraiment les <strong>capacités</strong> de compréhension du langage<br />
indirect ? Ici encore, les travaux empiriques restent peu nombreux, concernent rarement <strong>des</strong><br />
populations âgées de plus de 75 ans, et se focalisent souvent sur la compréhension d’énoncés<br />
indirects présentés par écrit et hors contexte conversationnel. Des exemples de travaux<br />
récents, consacrés à l’étude <strong>des</strong> processus cognitifs impliqués dans la compréhension du<br />
langage non littéral, soulignent un effet du vieillissement pour les métaphores (Morrone,<br />
Declercq, Novella et al., 2010), les proverbes (Uekermann, Thoma & Daum, 2008) et les<br />
expressions idiomatiques (Wesbury & Titone, 2011). Selon Qualls et Harris (2003) et<br />
Champagne, Seendy et Joanette (2006), il est important de prendre en compte l’effet du type<br />
de tâche (charge cognitive, type de consignes, modalité de réponses) pour comprendre<br />
précisément le rôle du vieillissement dans la compréhension du langage indirect : certaines<br />
tâches sont susceptibles de majorer l’effet de l’âge. Concernant la compréhension d’énoncés<br />
indirects en contexte, le travail de Champagne et al. (2006) mené auprès de participants<br />
francophones, jeunes adultes et adultes plus âgés (69 ans en moyenne), montre le rôle majeur<br />
du niveau de scolarité sur la compréhension <strong>des</strong> énoncés indirects. L’effet du facteur âge se<br />
confond avec celui de la scolarité et ne permet pas de conclure aux conséquences du<br />
vieillissement sur la compréhension <strong>des</strong> énoncés indirects.<br />
L’analyse <strong>des</strong> travaux déjà réalisés montre qu’il est pertinent de poursuivre l’étude <strong>des</strong><br />
<strong>capacités</strong> conversationnelles et l’évaluation de la compréhension du langage indirect chez les<br />
personnes âgées, en considérant plusieurs limites méthodologiques précédemment évoquées :<br />
prise en compte de participants âgés de plus de 75 ans, mesure du niveau d’éducation et de<br />
l’efficience intellectuelle, type de tâches et évaluation de la compréhension <strong>des</strong> énoncés<br />
indirects en contexte.<br />
Actuellement, en langue française, il existe peu d’outils d’évaluation <strong>des</strong> <strong>capacités</strong><br />
<strong>langagières</strong> <strong>pragmatiques</strong> pouvant être utilisés auprès <strong>des</strong> personnes âgées. La majorité est<br />
<strong>des</strong>tinée à <strong>des</strong> publics de patients cérébrolésés et peu d’entre eux sont étalonnés auprès d’un<br />
large public âgé de plus de 75 ans. Parmi les tests existants on peut citer le Test Lillois de<br />
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