Mars 2013 - Tours

Les limites du sport spectacle
En 2003, le Comité
national olympique et
sportif français
édictait une charte du
sport français pour le
développement
durable. Cette année,
les organisateurs du
Tour de France, qui
fait étape à Tours, a
créé une commission
chargée de réduire
drastiquement
l’empreinte
écologique de cet
événement et éviter le
« legs » aux
collectivités des tonnes de déchets non triés après le passage de la caravane. Effort louable, mais encore
contredit par des logiques financières s’exerçant ailleurs. Jean-Jacques Place, vice-président de l’association
nationale des élus en charge du sport (ANDES), s’interroge : « Doit-on continuer d’accepter les arbitrages de
fédérations ou de ligues allant contre une politique locale de développement durable et chauffer des pelouses
en hiver ou jouer des matchs le soir et non à la lumière du soleil, le samedi après-midi ? Au sein de chaque
club ou association sportive, le développement durable doit être l’occasion de bonifier les actions avec
pédagogie tout en conservant cette idée de plaisir, il en va autrement du combat que je mène avec mes
collègues élus de l’ANDES pour ramener à la raison les partisans du sport spectacle et businessmen du sport.
En novembre dernier, nous avons d’ailleurs rencontré le ministre des sports et lui avons fait part de la
nécessité de légiférer, seule manière dorénavant d’imposer à notre tour nos exigences. »
Les clubs réagissent positivement
« La Ville de Tours, certifie Laurence
Carré, chef de projet du sport durable à
la Ville de Tours a conscience que l’on
demande déjà beaucoup aux bénévoles
des associations sportives. Mais nous
sommes aussi là pour les accompagner
dans leurs projets éco-responsables ».
En décembre dernier, l’Union cyclotouriste
de Touraine, par la voix de son
président Daniel Shoos, s’engageait déjà
« à participer à ce travail de réfl exion initié
par la Ville de Tours sur de nouveaux
moyens à mettre en œuvre dans le cadre
de nos manifestations ».
De leurs côtés, les Apaches (roller-hockey)
poursuivent leurs objectifs en toute
indépendance. Marie-Thérèse Clair, leur
présidente, insiste : « le développement
durable, ce n’est pas que les poubelles. C’est
un travail sur le fond qui intègre tout
autant les économies d’eau – ne plus rester
des heures sous la douche au prétexte que
c’est la Ville qui paye… – que la promotion
80 000 bouteilles plastiques
et 30 000 gobelets
recyclés lors des 20 kms de Tours
Encore faut-il les jeter au bon endroit !
du territoire, avec la mise en place d’une
buvette mettant en avant des produits
locaux ».
Ce club développe également ses propres
campagnes de sensibilisation et a déjà
créé un système de covoiturage. Le Judo
Club de Touraine est exactement dans
la même dynamique. Lionel Hérin, son
président, se veut le promoteur de son
territoire : « La bière vient de Cormery,
nous allons chercher nos fromages à
Sainte-Maure et cette année, nous utiliserons
une vaisselle recyclable. Pour les
déplacements, nous avons acquis un minibus.
Enfi n, l’accent sera mis sur le sport
santé avec l’un de nos professeurs, cardiologue
de profession. »
Tours accueille 95 événements sportifs
chaque année et une dizaine de grandes
manifestations. Il faut que toutes jouent
le jeu. « Même si ceci reste très humble »,
insiste Thierry Dubus, trésorier des
Apaches, ce sont bien les petites gouttes
d’eau qui font les grands fleuves ». ■
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