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programme de Chevetogne un peu cochon 2012 - Domaine ...

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2<br />

Dans <strong>un</strong>e société qui se « dualise » chaque jour<br />

et voit apparaître <strong>un</strong> zonage sociologique <strong>de</strong><br />

quartiers que l’on dit huppés, friqués, <strong>de</strong> quartiers<br />

d’affaires, <strong>de</strong> lotissements ou <strong>de</strong> banlieues<br />

pourries..., le Parc reste <strong>un</strong>e <strong>de</strong>s seules « hétérotopies<br />

» comme disait Michel Foucault — où<br />

il nous est permis <strong>de</strong> « rencontrer l’autre », <strong>de</strong><br />

nous éveiller et <strong>de</strong> nous enrichir <strong>de</strong> sa pensée,<br />

d’apprendre <strong>de</strong>s connaissances que nous ne supposions<br />

pas... et parfois même <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir ami<br />

avec quelqu’<strong>un</strong> — sur <strong>un</strong>e plaine <strong>de</strong> jeux — qui ne<br />

partageait avec nous, qu’<strong>un</strong> enfant du même âge.<br />

« Aux parcs citoyens ! » a l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> crier dans<br />

<strong>un</strong> bel aphorisme le chercheur français Frédéric<br />

Barthe, résumant par <strong>un</strong> slogan fort que le Parc<br />

est d’abord et avant tout le <strong>de</strong>rnier lieu d’<strong>un</strong>e<br />

socialisation qui disparaît chaque jour davantage.<br />

Le Parc <strong>de</strong> <strong>Chevetogne</strong> organise aujourd’hui <strong>un</strong>e<br />

fête du <strong>cochon</strong>. Chouette, je vais rencontrer <strong>de</strong>s<br />

éleveurs qui m’expliqueront l’avantage d’élever<br />

les bêtes aux champs, <strong>de</strong>s bouchers qui m’enseigneront<br />

la maturation <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s charcutiers<br />

qui me diront la différence entre <strong>un</strong>e saucisse<br />

et <strong>un</strong> saucisson.<br />

On parlera <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> nos grands-mères, on<br />

écoutera <strong>de</strong>s musiciens qui viendront s’asseoir à<br />

notre table pour nous faire chanter... et on rentrera<br />

le soir remplis <strong>de</strong> connaissances éclectiques<br />

et riches <strong>de</strong> nouveaux amis...<br />

Ce Parc-là n’est pas que la plus belle plaine <strong>de</strong> jeux<br />

du pays, c’est <strong>un</strong>e excellente <strong>un</strong>iversité aussi !<br />

Valéry Zuinen<br />

Greffier Provincial<br />

Il n’est auc<strong>un</strong>e connaissance, auc<strong>un</strong> domaine<br />

où l’homme cultivé ne trouve matière à apprendre,<br />

à fabriquer, à pratiquer l’art et à générer<br />

du plaisir. À ce titre, la gastronomie que la<br />

France a récemment fait reconnaître comme<br />

composante fondamentale <strong>de</strong> son patrimoine<br />

immatériel - est <strong>un</strong>e branche <strong>de</strong> la connaissance<br />

essentielle puisqu’elle relève à la fois <strong>de</strong> l’envie <strong>de</strong><br />

satisfaction d’<strong>un</strong> besoin fondamental, mais qu’elle<br />

empr<strong>un</strong>te également aux religions, à la culture,<br />

à la chimie, à la botanique.... et qu’elle ne s’envisage<br />

ni sans littérature ni poésie.<br />

Il est bien utile <strong>de</strong> se pencher sur le sort réservé<br />

à notre gastronomie, menacée par les promoteurs<br />

du goût <strong>un</strong>ique. Le steak haché popularisé par<br />

les chaînes dites du fast food en fournit <strong>un</strong>e éloquente<br />

illustration.<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong> risque à manger <strong>un</strong> steak haché<br />

<strong>un</strong> jour, il y a <strong>un</strong> risque à manger <strong>un</strong> steak haché<br />

tous les jours ! Le risque <strong>de</strong> perdre la perception<br />

<strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong> toutes ces parties <strong>de</strong> l’animal<br />

qui avaient chac<strong>un</strong>e <strong>un</strong> goût, <strong>un</strong>e texture et <strong>un</strong>e<br />

o<strong>de</strong>ur. Le pâté qui fondait sur la langue, le lard<br />

qui chantait dans la poêle. Il y avait le goût du<br />

saindoux, du boudin, du saucisson, le croquant<br />

<strong>de</strong>s pieds, <strong>de</strong>s oreilles... et surtout le plaisir impossible<br />

à raconter <strong>de</strong> ces énormes fêtes que l’on<br />

faisait quand chaque famille tuait le <strong>cochon</strong> et<br />

que toute la rue venait donner <strong>un</strong> coup <strong>de</strong> main<br />

en échange d’<strong>un</strong>e omelette au lard et d’<strong>un</strong>e grosse<br />

tranche <strong>de</strong> pain.<br />

À ne plus « tuer le <strong>cochon</strong> », on a perdu la fête,<br />

les contacts avec les voisins, le goût d’<strong>un</strong>e poêlée<br />

<strong>de</strong> sang qu’on prenait au cou du <strong>cochon</strong> et qu’on<br />

faisait revenir avec quelques oignons ! À ne manger<br />

que du steak haché, on perdra d’abord la sensibilité<br />

<strong>de</strong> la langue qui faisait la différence entre<br />

le fa<strong>de</strong> et le piquant, le mou et le croquant, le dur<br />

et le tendre et à force <strong>de</strong> manger mou, et <strong>un</strong> jour<br />

on y perdra aussi les <strong>de</strong>nts, c’est dit-on, <strong>un</strong>e <strong>de</strong>s<br />

règles <strong>de</strong> l’évolution.<br />

Le Parc <strong>de</strong> <strong>Chevetogne</strong> cè<strong>de</strong> aujourd’hui au plaisir<br />

<strong>de</strong> la gastronomie et <strong>de</strong> son plus illustre représentant<br />

: le <strong>cochon</strong> !<br />

<strong>Chevetogne</strong> n’est pas qu’<strong>un</strong> sanctuaire <strong>de</strong> la biodiversité,<br />

c’est <strong>un</strong> temple du patrimoine gastronomique<br />

wallon, <strong>un</strong> conservatoire du goût.<br />

Br<strong>un</strong>o Belvaux<br />

Directeur du Parc<br />

Musée Félicien Rops<br />

rue Fumal 12, 5000 Namur<br />

www.museerops.be<br />

De tous les tableaux du peintre et graveur<br />

namurois Félicien Rops, Pornocratès ou La<br />

femme au <strong>cochon</strong> est vraisemblablement le plus<br />

célèbre. Sans qu’on puisse donner avec certitu<strong>de</strong><br />

<strong>un</strong>e interprétation à chaque détail du tableau, on<br />

ne commettra pas gran<strong>de</strong> maladresse en disant<br />

que l’œuvre symboliste abor<strong>de</strong> la question <strong>de</strong> l’attirance<br />

pour les plaisirs <strong>de</strong> la chair.<br />

Comme souvent en art, le mystère <strong>de</strong> l’œuvre<br />

procè<strong>de</strong> par ses sous entendus et, à l’égal <strong>de</strong> tout<br />

tableau, il suscite chez nous spectateur <strong>de</strong>s interprétations<br />

toutes différentes qui sont d’abord et<br />

avant tout <strong>de</strong>s “projections” <strong>de</strong> nos propres fantasmes.<br />

Elle piétinerait les beaux arts selon certains. Elle<br />

exprimerait la femme avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> luxure pour d’autres.<br />

La queue dorée du <strong>cochon</strong> attesterait <strong>de</strong> son caractère<br />

vénal. Mais qui donc aller croire quand auc<strong>un</strong><br />

critique ne <strong>peu</strong>t affirmer avec certitu<strong>de</strong> si c’est la<br />

femme qui mène le <strong>cochon</strong> en laisse et le domine ou<br />

si au contraire, elle est attirée par lui.<br />

Lorsque nous avons cherché à composer <strong>un</strong>e affiche<br />

pour notre <strong>Chevetogne</strong> <strong>un</strong> <strong>peu</strong> <strong>cochon</strong>, la<br />

dame au <strong>cochon</strong> s’est rapi<strong>de</strong>ment imposée.<br />

Parce que Rops est <strong>un</strong> véritable artiste populaire<br />

en Namurois, mais aussi et surtout parce<br />

que Rops avait la réputation d’être <strong>un</strong> bon vivant,<br />

appréciant en épicurien les fêtes, les amis, les<br />

ivresses et les femmes.<br />

En cela, il incarne bien l’homme paradoxal qui<br />

cherche, par l’art, à se distancer <strong>de</strong> sa condition<br />

<strong>de</strong> mortel mais ne <strong>peu</strong>t s’empêcher <strong>de</strong> revenir<br />

sans cesse à l’attirance irrésistible qu’il éprouve<br />

pour les plaisirs dits charnels.<br />

Pour nous, organisateurs <strong>de</strong> la manifestation, <strong>un</strong>e<br />

telle référence livrée sous forme <strong>de</strong> clin d’œil,<br />

renforcée par le jeu <strong>de</strong> mots <strong>Chevetogne</strong> <strong>un</strong> <strong>peu</strong><br />

<strong>cochon</strong> vient rappeler à propos que l’événement<br />

<strong>de</strong> <strong>Chevetogne</strong> n’est pas que gastronomique mais<br />

qu’il vaut également par l’apport <strong>de</strong> ses artistes :<br />

sculpteurs, céramistes, poètes, comédiens ...<br />

Nous ne sommes d’ailleurs pas les premiers à<br />

détourner l’image <strong>de</strong> la Namuroise la plus célèbre<br />

puisqu’elle a déjà été utilisée comme logo<br />

<strong>de</strong> « Tout cela ne nous rendra pas le Congo » et<br />

qu’elle apparut également dans l’émission <strong>de</strong>venue<br />

culte « Bye Bye Belgium. »<br />

À l’image <strong>de</strong> La Jocon<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> La Statue <strong>de</strong> la Liberté,<br />

ses nombreuses déclinaisons sont à la fois<br />

la cause et le résultat <strong>de</strong> sa célébrité.<br />

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