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Enseigner l'histoire des arts de la table

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<strong>Enseigner</strong> l’Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong>…<br />

…à partir d’un domaine artistique…<br />

Document réalisé par Joëlle Gits, conseillère départementale Arts visuels


Rappel textes officiels<br />

Le "socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétences" présente ce que tout élève doit savoir<br />

et maîtriser à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire. Introduit dans <strong>la</strong> loi en 2005, il constitue l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

connaissances, compétences, valeurs et attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> nécessaires pour réussir sa sco<strong>la</strong>rité, sa vie d'individu et<br />

<strong>de</strong> futur citoyen. À compter <strong>de</strong> 2011, <strong>la</strong> maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> sept compétences du socle est nécessaire pour obtenir<br />

le diplôme national du brevet (D.N.B.).<br />

Le socle s’organise en sept gran<strong><strong>de</strong>s</strong> compétences : chacune est composée <strong>de</strong> connaissances<br />

essentielles, <strong>de</strong> capacités à les utiliser et d’attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> indispensables tout au long <strong>de</strong> sa vie, comme<br />

l’ouverture aux autres, <strong>la</strong> curiosité, <strong>la</strong> créativité, le respect <strong>de</strong> soi et d’autrui. Depuis 2009, les programmes<br />

du collège intègrent les éléments du socle commun, dans <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l'école primaire.<br />

La culture humaniste, cinquième compétence du socle, vise à faire acquérir <strong>de</strong>ux grands principes<br />

l’i<strong>de</strong>ntité/ l’altérité (ce qui pousse l’Homme à voyager, à découvrir d’autres horizons et à s’approprier <strong><strong>de</strong>s</strong> découvertes),<br />

<strong>la</strong> continuité/ <strong>la</strong> rupture (ce qui fait qu’une société évolue et se diversifie)<br />

L’enseignement <strong>de</strong> l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> a pour objectif <strong>de</strong> faire acquérir <strong><strong>de</strong>s</strong> repères en histoire<br />

(événements fondateurs), en géographie (paysages et territoires, popu<strong>la</strong>tions, etc.), en littérature et en <strong>arts</strong><br />

(les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres) .<br />

Une approche sensible <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres initie l'élève à <strong>l'histoire</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong>. Il est engagé dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pratiques artistiques personnelles.


Faire <strong>de</strong> l’Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong>, c’est approcher une culture.<br />

C’est…<br />

• Choisir une ou <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres caractéristiques d’une époque ou d’un lieu à étudier dans le cadre d’une<br />

thématique ou problématique (le lieu lui-même peut faire œuvre dans le cas <strong>de</strong> l’architecture et du<br />

paysage)<br />

• Provoquer une rencontre sensible avec ces œuvres<br />

• Les contextualiser historiquement, géographiquement, culturellement<br />

• Etablir <strong><strong>de</strong>s</strong> résonances avec d’autres oeuvres <strong>de</strong> <strong>la</strong> même époque ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> même notion<br />

• En approfondir l’approche analytique<br />

• Mettre en p<strong>la</strong>ce une ou <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques artistiques susceptibles <strong>de</strong> révéler une ou plusieurs<br />

caractéristiques <strong>de</strong> l’oeuvre ou du genre étudié<br />

• Faire que les élèves en gar<strong>de</strong>nt trace (cahier Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Arts)<br />

• Faire que ces oeuvres trouvent p<strong>la</strong>ce dans une frise chronologique (acquisition <strong>de</strong> repères historiques<br />

et culturels dans le cadre du Socle commun)<br />

• Veiller à <strong>la</strong> réactivation régulière <strong><strong>de</strong>s</strong> acquis culturels grâce à <strong>la</strong> frise ou à d’autres résonances en<br />

cours d’année<br />

• Evaluer les acquis grâce au livret <strong>de</strong> compétences du Socle (culture humaniste, maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue,<br />

autonomie…)


6 grands domaines<br />

Les « <strong>arts</strong> <strong>de</strong> l'espace » : architecture, urbanisme, <strong>arts</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jardins.<br />

Les « <strong>arts</strong> du <strong>la</strong>ngage » : littérature écrite et orale (roman, nouvelle, fable, légen<strong>de</strong>, conte, mythe, poésie,<br />

théâtre, etc.).<br />

Les « <strong>arts</strong> du quotidien » : <strong>arts</strong> appliqués, <strong><strong>de</strong>s</strong>ign, objets d'art ; <strong>arts</strong> popu<strong>la</strong>ires.<br />

Les « <strong>arts</strong> du son » : musique vocale, musique instrumentale, technologies <strong>de</strong> création et <strong>de</strong> diffusion musicales.<br />

Les « <strong>arts</strong> du spectacle vivant » : théâtre, musique, danse, mime, <strong>arts</strong> du cirque, <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue.<br />

Les « <strong>arts</strong> du visuel » : <strong>arts</strong> p<strong>la</strong>stiques :, peinture, sculpture, <strong><strong>de</strong>s</strong>sin, photographie, ban<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sinée, etc. Cinéma,<br />

audiovisuel, vidéo et autres images.<br />

Des thématiques pour le collège<br />

« Arts, créations, cultures », « Arts, espace, temps », « Arts, Etats et pouvoir », « Arts, mythes et religions »<br />

« Arts, techniques, expressions », « Arts, ruptures, continuités »<br />

Des oeuvres <strong>de</strong> référence pour l’école


Les œuvres sont analysées à partir <strong>de</strong> quatre critères au moins :<br />

formes, techniques, significations, usages.<br />

Ces critères peuvent être abordés selon plusieurs p<strong>la</strong>ns d’analyse notamment:<br />

- Les formes : catégories, types, genres, styles artistiques ; constituants, structure,<br />

composition<br />

- Les techniques : matériaux, matériels, outils, supports, instruments ; métho<strong><strong>de</strong>s</strong> et<br />

techniques corporelles, gestuelles, instrumentales<br />

-Les significations : message (émis, reçu, interprété) ; sens (usuel, général, particulier)<br />

variations dans le temps et l’espace ; co<strong>de</strong>, signe (signifiant/ signifié) ; réception,<br />

interprétation, décodage, décryptage<br />

- Les usages : fonction, emploi ; catégories <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tinataires et d’utilisateurs ;<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tination, utilisation, transformation, rejets, détournements


les pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

A l’école, successivement au cycle 3 au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> programmes : <strong>de</strong> l’antiquité à <strong>la</strong><br />

préhistoire gallo-romaine, le Moyen-âge, les temps mo<strong>de</strong>rnes (XVIIème et XVIIIème s),<br />

le XIXème siècle, le XXème siècle et notre époque<br />

Au collège :<br />

C<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 6e : De l’Antiquité au IXe s.<br />

C<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 5e : Du IXe s. à <strong>la</strong> fin du XVIIe<br />

C<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 4e : XVIIIe s. et XIXe s.<br />

C<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3e : Le XX e s. et notre époque.


Arts du quotidien<br />

Evolutions <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong>.<br />

<strong>arts</strong> décoratifs, <strong>arts</strong> appliqués, <strong><strong>de</strong>s</strong>ign, <strong>arts</strong> du goût<br />

Source documentaire é<strong>la</strong>borée à partir du site <strong>de</strong> Guy Quelquejeu, Professeur <strong>de</strong> service et commercialisation<br />

http://pagesperso-orange.fr/quelquejeu/Arts%20<strong>de</strong>%20<strong>la</strong>%20<strong>table</strong>/in<strong>de</strong>x.HTM


Thématiques possibles<br />

• Arts , ruptures, continuités : L’objet d’art entre Patrimoine et contemporanéité,<br />

La transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> savoirs face aux évolutions techniques, La re<strong>la</strong>tion entre les<br />

<strong>arts</strong>, les sciences et les techniques<br />

• Arts, techniques, expressions : La technique entre contrainte et défi artistique,<br />

La forme et l’usage, Le parcours <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière<br />

• Arts, créations, cultures : La céramique et les <strong>arts</strong> du goût, Les évolutions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Arts, <strong><strong>de</strong>s</strong> goûts et <strong><strong>de</strong>s</strong> esthétiques<br />

• Arts, Etats et pouvoir : Les <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong>, une métaphore et une métonymie<br />

du pouvoir, Les ca<strong>de</strong>aux protoco<strong>la</strong>ires comme enjeux diplomatiques<br />

• Arts, espace, temps : Eloge <strong>de</strong> <strong>la</strong> lenteur, Le geste à l’oeuvre


DE LA PRÉHISTOIRE AUX GAULOIS<br />

• L' «Homo-Erectus» commença à apprivoiser le feu il y a <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> un <strong>de</strong>mi million d'années.<br />

Les premiers Hommes ne se contentèrent plus <strong>de</strong> griller ou <strong>de</strong> rôtir leurs aliments à <strong>la</strong> chaleur<br />

sèche <strong><strong>de</strong>s</strong> f<strong>la</strong>mmes, ils ont pu diversifier les mets et les saveurs et mé<strong>la</strong>nger les aliments.<br />

Les repas s'agrémentèrent alors <strong>de</strong> soupes, <strong>de</strong> céréales grillées, <strong>de</strong> bouillies, <strong>de</strong> galettes..<br />

La cuisine est beaucoup plus ancienne que l'agriculture : les hommes cuisinèrent d'abord les<br />

aliments sauvages avant <strong>de</strong> cuisiner les aliments agricoles.<br />

• La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal à cinquante millénaires <strong>de</strong> nous environ, montre que ces hommes<br />

se servaient d’objets tranchants (os, corne, pierre taillée) pour découper leurs aliments.<br />

• Plus tard, <strong>la</strong> tribu ne se dép<strong>la</strong>ça plus pour chasser : les hommes vivent sous forme <strong>de</strong> petites<br />

communautés sé<strong>de</strong>ntaires et <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> s'alimenter est l'objet d'un travail collectif pour <strong>la</strong><br />

préparation et <strong>la</strong> consommation, naissent alors les premiers prémices <strong>de</strong> cohésion sociale.<br />

Les Gaulois boivent du vin dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cornes. Les festins guerriers ont lieu dans <strong><strong>de</strong>s</strong> enclos, le<br />

feu est tout proche du lieu du repas et les convives sont assis sur <strong>de</strong> <strong>la</strong> paille ou <strong><strong>de</strong>s</strong> peaux <strong>de</strong><br />

bêtes.<br />

• Les premiers mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> cuisson sont <strong>la</strong> gril<strong>la</strong><strong>de</strong>, le rôtissage à <strong>la</strong> broche ou sous <strong>la</strong> cendre,<br />

sur <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres chauffées au feu. Plus tard, l'homme utilisera les premières poteries tournées<br />

pour <strong>la</strong> cuisson à l'eau.


LES GRECS<br />

• les Grecs concevaient le menu quotidien si simple soit-il<br />

comme un acte religieux. Ils ne mangeaient <strong><strong>de</strong>s</strong> vian<strong><strong>de</strong>s</strong> que<br />

si elles étaient sacrifiées.<br />

• Le sacrifice se terminait soit sur <strong>la</strong> distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>arts</strong><br />

soit sur un banquet collectif.<br />

• Pour se servir et manger, les Grecs utilisent les doigts ou<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cuillères pour les sauces. Les serviettes <strong>de</strong> <strong>table</strong><br />

n’existent pas et l’on s’essuie les mains avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> mie <strong>de</strong><br />

pain ou une pâte préparée à cet effet, roulée en boule après<br />

usage.<br />

• Dans un festin grec, il y a trois types <strong>de</strong> convives : les<br />

invités, les amis <strong>de</strong> ceux-ci et les «parasites » qui s’invitent<br />

eux-mêmes. Ces <strong>de</strong>rniers comprennent les philosophes, les<br />

poètes ou artistes qui payent leur repas <strong>de</strong> louanges à<br />

l’amphitryon et <strong>de</strong> mots d’esprit. L’amphitryon (celui qui<br />

reçoit) se p<strong>la</strong>ce à gauche, l’hôte d’honneur à sa droite,<br />

tandis que le plus humble <strong><strong>de</strong>s</strong> invités se p<strong>la</strong>ce le plus à<br />

droite. Lors <strong><strong>de</strong>s</strong> banquets, les femmes et les hommes sont<br />

séparés.<br />

• Les Grecs ne disposent pas d’une pièce réservée au repas.<br />

On mesure <strong>la</strong> richesse du propriétaire au nombre <strong>de</strong> pièces<br />

<strong>de</strong> sa <strong>de</strong>meure. La salle <strong>la</strong> plus communément utilisée pour<br />

les repas et réceptions est généralement ouverte sur <strong>la</strong> cour<br />

et est décorée <strong>de</strong> fresques sur les murs et <strong>de</strong> mosaïques au<br />

sol. Cette salle sert à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> cuisine et <strong>de</strong> sanctuaire.


• Les vases décorés et les fresques funéraires ont permis <strong>de</strong> découvrir un mobilier très varié, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>table</strong>s<br />

spécifiques pour <strong>la</strong> cuisine et d’autres à un, <strong>de</strong>ux ou trois pieds <strong>de</strong> <strong>la</strong> hauteur d’un lit pour le repas. Pour s’asseoir, les<br />

convives disposent <strong>de</strong> tabourets, <strong>de</strong> lits à accoudoir et <strong>de</strong> chaises.<br />

• Lors du repas, les sièges sont <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés aux femmes, seuls les hommes ont le privilège <strong>de</strong> s’allonger.<br />

Il existe également <strong><strong>de</strong>s</strong> meubles <strong>de</strong> déserte qui présentent pendant le repas les vases, les coupes à boire ainsi que <strong>la</strong><br />

vaisselle précieuse. Pour le service <strong>de</strong> <strong>table</strong>, les Grecs disposent d’une vaisselle en céramique décorée.<br />

LES ROMAINS<br />

Le terme même <strong>de</strong> triclinium, littéralement<br />

trois lits, nous montre que les romains<br />

avaient parfaitement intégré <strong>la</strong> coutume<br />

<strong>de</strong> s’allonger. Il n’existe tout d’abord pas<br />

<strong>de</strong> nappe, mais <strong><strong>de</strong>s</strong> essuies mains.<br />

Sous l’Empire, les invités amènent leur<br />

serviette dont ils se servent pour<br />

envelopper les ca<strong>de</strong>aux offerts par<br />

l’amphitryon.<br />

.<br />

Dans cette société, les femmes ne restent pas isolées comme en Grèce, mais<br />

participent avec les hommes aux réjouissances.<br />

Dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> romains, les convives s’allongent sur <strong><strong>de</strong>s</strong> lits sur les trois<br />

cotés <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong> afin <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser le <strong>de</strong>rnier coté libre pour le service. Des "lits",<br />

plus grands pouvaient accueillir trois personnes, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce d’honneur était, là<br />

aussi à gauche, et réservée à l’amphitryon. Les hôtes étaient parfumés et<br />

recouverts <strong>de</strong> fleurs. Les romains avaient même <strong>la</strong> coutume <strong>de</strong> goûter les<br />

pétales trempés dans le vin. Jusqu’au III siècle avant JC, le repas se<br />

consomme à l’extérieur ou dans l’atrium. Le triclinium est <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné aux<br />

réceptions, il présentait un décor plus recherché.<br />

Le repas est un spectacle<br />

emprunt <strong>de</strong> rites. Les hommes<br />

doivent se <strong>la</strong>ver et se changer<br />

avant le repas, puis ils<br />

invoquent les pénates (dieux<br />

du foyer) puis les aïeux.<br />

Les romains les plus riches<br />

utilisent une vaisselle d’argent<br />

parfois agrémentée d’or ciselé,<br />

tandis que les plus pauvres ont<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ts en cuivre et<br />

céramique


DU Ve AU XVe http://expositions.bnf.fr/gastro/in<strong>de</strong>x.htm<br />

La civilisation romaine ne résistera pas longtemps aux invasions en Europe :<br />

Une façon <strong>de</strong> manger s’affirmera progressivement qui ne changera plus jusqu'à<br />

nos jours : prendre ses repas assis à <strong>table</strong> autour <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle chacun se sert aux<br />

p<strong>la</strong>ts disposés <strong>de</strong>vant lui.<br />

L’une <strong><strong>de</strong>s</strong> hypothèses pour expliquer <strong>la</strong> position assise met en jeu le régime<br />

alimentaire riche en vian<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes du Moyen-âge,...une autre explication<br />

se fon<strong>de</strong> sur l’apparition d’un nouveau pouvoir : celui <strong>de</strong> l’évêque assis sur sa<br />

cathèdre, c’est le pouvoir ecclésiastique que l’on imite désormais..<br />

Dans les châteaux, les jours <strong>de</strong> festin, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> salle servait <strong>de</strong> salle à manger;<br />

on pose <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>nches sur <strong><strong>de</strong>s</strong> tréteaux (d’où l’expression « dresser <strong>la</strong> <strong>table</strong> ») sur<br />

lesquelles on étend <strong><strong>de</strong>s</strong> nappes b<strong>la</strong>nches, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> cheminée à <strong>la</strong>quelle les<br />

convives tournaient le dos. Si les châte<strong>la</strong>ins étaient seuls, le lieu semb<strong>la</strong>it<br />

indifférent. Dans les familles plus mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes, on dînait dans <strong>la</strong> chambre, entre <strong>la</strong><br />

cheminée et le lit, les maisons du Moyen-âge comptant un nombre assez restreint<br />

<strong>de</strong> pièces.<br />

Aujourd’hui, nous employons <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> service d’origine médiévale dont le<br />

sens s’est modifié au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. C’est le cas du mot banquet (qui signifie<br />

banc). Les <strong>de</strong>ux meubles caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux ou se prenaient les repas<br />

étaient les <strong>table</strong>s et les dressoirs.<br />

Le dressoir est l’indispensable complément <strong><strong>de</strong>s</strong> salles <strong>de</strong> repas. C’est un meuble <strong>de</strong> rangement et <strong>de</strong> présentation avec<br />

<strong>table</strong>ttes, portes et tiroirs. Sur les dressoirs dont les marches sont recouvertes d’un linge b<strong>la</strong>nc, les domestiques disposent<br />

les plus belles pièces <strong>de</strong> vaisselle. Il servait aussi <strong>de</strong> déserte pour poser les p<strong>la</strong>ts venant <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine, généralement assez<br />

éloignée du lieu du banquet.


Au Moyen-âge, <strong>la</strong> nappe n’est pas toujours posée sur les <strong>table</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> plus humbles mais elle se doit d’être présente aux<br />

banquets <strong><strong>de</strong>s</strong> plus riches. Jusqu’au XIVe c’est un <strong>la</strong>rge tissu <strong>de</strong> lin terminé par <strong><strong>de</strong>s</strong> franges que l’on plie en <strong>de</strong>ux pour <strong>la</strong><br />

faire pendre jusqu’au sol d’un seul coté d’où son nom <strong>de</strong> doublier.<br />

La nappe est parfois bordée d’un linge tout en longueur, <strong>la</strong> longière qui servait à s’essuyer les mains et <strong>la</strong> bouche. Si <strong>la</strong><br />

longière était absente, c’est <strong>la</strong> nappe qui servait à s’essuyer voire à se moucher.<br />

Ces nappes jouent un rôle social important. L’admission à partager <strong>la</strong> <strong>table</strong> <strong>de</strong> l’amphitryon semble traduire un <strong>de</strong>gré<br />

d’intimité ou d’honneur supplémentaire par rapport à <strong>la</strong> simple invitation à <strong>table</strong>. Il n’était pas permis <strong>de</strong> s’installer pour<br />

manger ou boire sur <strong>la</strong> nappe d’une personne <strong>de</strong> rang supérieur sans y avoir été formellement invité. Le partage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

nappe indiquait une égalité <strong>de</strong> conditions. Lorsqu’il arrivait que le maître dîne avec ses serviteurs, tous prenaient p<strong>la</strong>ce<br />

autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> même <strong>table</strong>, mais seul le maître avait <strong>de</strong>vant lui une nappe. Comme <strong>la</strong> nappe représente une hiérarchie dans<br />

les honneurs, les princes en possè<strong>de</strong>nt un grand nombre, le roi Charles V en possédait environ soixante-sept <strong>de</strong> dix-huit<br />

à vingt mètres <strong>de</strong> long.<br />

Dans les festins, on continue à ne mettre ni carafe, ni verre sur <strong>la</strong> <strong>table</strong> et <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> serviteurs s'avère nécessaire<br />

pour le service, mais également pour le mé<strong>la</strong>nge. Le service du vin est fait <strong>de</strong> règles différentes <strong>de</strong> celles que l’on<br />

connaît actuellement, il est basé sur le déroulement du repas, Il y a le coup d’avant, correspond à ce que l’on pourrait<br />

appeler un toast (on fait circuler le calice), le coup du milieu (on boit entre <strong>de</strong>ux services), le coup d’après.<br />

A ces trois moments du repas, correspon<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> vins spécifiques, le vin que l’on peut boire tout au long du repas est<br />

appelé vin d’ordinaire.<br />

L'échanson (notre sommelier mo<strong>de</strong>rne) a <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> servir et <strong>de</strong> goûter les vins afin <strong>de</strong> prévenir tout risque<br />

d'empoisonnement mais également <strong>de</strong> faire le mé<strong>la</strong>nge vin / eau qui n'est pas le même suivant <strong>la</strong> position sociale <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

personne que l'on sert.


On mange avec les doigts, vian<strong><strong>de</strong>s</strong> et légumes, que l'on a taillés à même les p<strong>la</strong>ts et déposés sur son tranchoir.<br />

Il n'y pas d'assiette, le tranchoir est une tranche <strong>de</strong> pain épaisse qui évoluera avec le temps en p<strong>la</strong>que <strong>de</strong> bois,<br />

<strong>de</strong> métal ou d'or. Lorsque le banquet reçoit <strong>la</strong> présence d’un prince, celui-ci dispose d’une vaisselle qui lui est<br />

propre et sa p<strong>la</strong>ce à <strong>table</strong> se signifie par une nef.<br />

La nef représente un navire qui peut être en or et dont le pont renferme ce dont le souverain pouvait avoir<br />

besoin au cours du repas : cuillère, couteau, cure <strong>de</strong>nt, <strong>la</strong>nguiers permettant <strong>de</strong> déceler les poisons ainsi que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> boites à épices rares comme le sel, le poivre, <strong>la</strong> musca<strong>de</strong> ou les clous <strong>de</strong> girofle. Les nefs étaient en général<br />

fermées à clef.<br />

Dès le XIIe siècle, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> règles <strong>de</strong> conduite à <strong>table</strong>. C’est par ces normes que les<br />

aristocrates <strong>de</strong> cour évoluant dans l’entourage <strong><strong>de</strong>s</strong> grands seigneurs féodaux<br />

exprimaient <strong>la</strong> conscience <strong>de</strong> leur propre valeur et <strong>de</strong> leur sensibilité pour se distinguer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> autres c<strong>la</strong>sses.. Le terme qui incarnait cette prise <strong>de</strong> conscience se disait en<br />

français "courtoisie.."<br />

Voici quelques exemples <strong>de</strong> ces règles <strong>de</strong> courtoisie, illustrées à l'époque par <strong><strong>de</strong>s</strong> poèmes<br />

que l'on récitait à <strong>table</strong>:<br />

« Quelques personnes mor<strong>de</strong>nt dans leur tranche <strong>de</strong> pain<br />

Et <strong>la</strong> replongent dans le p<strong>la</strong>t à <strong>la</strong> manière <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans ;<br />

Les hommes « courtois » s’abstiennent <strong>de</strong> ces mauvaises habitu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Boire dans <strong>la</strong> soupière n’est pas convenable<br />

Même s’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui font l’éloge<br />

De <strong>la</strong> manière cavalière dont certains s’emparent <strong>de</strong> <strong>la</strong> soupière<br />

Et en ingurgitent le contenu comme s’ils avaient perdu <strong>la</strong> raison.<br />

Il est discourtois <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser ses doigts graisseux ou <strong>de</strong> les nettoyer à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa veste.<br />

Il vaut mieux se servir <strong>de</strong> <strong>la</strong> nappe ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> serviette<br />

Se moucher avec les doigts était un procédé courant, le mouchoir n’existait pas encore mais<br />

à <strong>table</strong> il fal<strong>la</strong>it s’entourer <strong>de</strong> certaines précautions, il était déconseillé <strong>de</strong> se moucher dans<br />

<strong>la</strong> nappe :<br />

« celui qui se mouche sur <strong>la</strong> <strong>table</strong> et essuie le résultat avec <strong>la</strong> main est un sot qui à mon avis<br />

ne sait pas se conduire.<br />

Écarquiller ses yeux en buvant pour regar<strong>de</strong>r n'importe où est malséant,<br />

tout comme se renverser le cou en arrière à <strong>la</strong> manière <strong><strong>de</strong>s</strong> cigognes<br />

pour ne pas <strong>la</strong>isser une goutte au fond du verre.<br />

Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui à peine assis portent <strong>la</strong> main au p<strong>la</strong>t c'est ressembler aux loups. »


A <strong>la</strong> fin du XVIe les <strong>table</strong>s s’é<strong>la</strong>rgirent, <strong>la</strong> raison simple<br />

étant qu’en <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> occasions solennelles, les hôtes<br />

et leurs invités ne s’asseyaient plus d’un seul coté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>table</strong>, le dos au mur. Les hôtes, au lieu d’être assis au<br />

milieu, étaient p<strong>la</strong>cés à chaque extrémité.<br />

Dans les repas avec un nombre restreint <strong>de</strong> convives, on<br />

voit apparaître <strong><strong>de</strong>s</strong> fauteuils et <strong><strong>de</strong>s</strong> tabourets qui<br />

remp<strong>la</strong>cent les bancs. Le dressoir va se transformer tout<br />

au long du XVIe pour <strong>de</strong>venir une sorte d’armoire qui<br />

servira à présenter <strong>la</strong> plus belle vaisselle <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison.<br />

1450-1651<br />

Il existe à l’époque une hiérarchisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pièces à manger<br />

selon son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> fortune. On possè<strong>de</strong> une salle à manger<br />

si l’on a plus <strong>de</strong> 500 livres <strong>de</strong> revenus, une cuisine si l’on en<br />

a moins. Dans les maisons bourgeoises <strong><strong>de</strong>s</strong> villes, <strong>la</strong> pièce<br />

où l’on mangeait, <strong>la</strong> pièce principale <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison semble<br />

souvent avoir été séparée <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine.<br />

Les trois repas principaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée étaient le déjeuner,<br />

le dîner et le souper.<br />

Le déjeuner se prenait en principe une heure après le lever<br />

du soleil, le dîner entre huit heures et <strong>de</strong>mie et midi , le<br />

souper vers cinq ou six heures du soir.<br />

Depuis le XVe, l’aristocratie va avoir tendance à prendre ses<br />

repas <strong>de</strong> plus en plus tard, l’heure du souper pouvant même<br />

dépasser minuit.


La porce<strong>la</strong>ine existait en Chine <strong>de</strong>puis 3000 ans, Marco Polo <strong>la</strong> découvrit à <strong>la</strong><br />

fin du XIIIe, mais c’est par les navires portugais du XVIe que les premières<br />

porce<strong>la</strong>ines chinoises arrivèrent en Europe.<br />

En France, les tranchoirs subsistent jusqu’au début du XVIIe, ce sont en<br />

général <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ques <strong>de</strong> métal carrées, rectangu<strong>la</strong>ires ou circu<strong>la</strong>ires parfois<br />

gravées. Certains tranchoirs ont une bordure concave pour empêcher les<br />

sauces <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r, ces <strong>de</strong>rniers sont les précurseurs <strong>de</strong> l’assiette qui<br />

apparaîtra au XVIe.<br />

Les assiettes mettront environ un siècle à remp<strong>la</strong>cer totalement les<br />

tranchoirs. Les assiettes utilisées au XVIe sont en général en métal.<br />

On attribue à Mazarin, l’invention <strong>de</strong> l’assiette creuse, appelée au début <strong>de</strong><br />

son existence: mazarine (assiette = assise : emp<strong>la</strong>cement d'un convive à<br />

<strong>table</strong> )<br />

Lorsque l’industrie se développe en Europe, apparaît un problème <strong>de</strong> masse<br />

monétaire qui aura pour conséquence <strong><strong>de</strong>s</strong> édits royaux qui vont interdire<br />

l’utilisation d’or et d’argent pour <strong>la</strong> p<strong>la</strong>terie. Les assiettes en or sont alors<br />

fondues pour les besoins <strong><strong>de</strong>s</strong> cours d’Europe. Elles sont alors reproduites<br />

en céramique.<br />

L’aristocratie vénitienne va commanditer aux potiers <strong>de</strong> Faenza <strong><strong>de</strong>s</strong> beaux<br />

objets pour contrecarrer l’interdiction d’user <strong>de</strong> l’or : ce sera <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> faïence.<br />

Gobelets et coupes se retrouvent à <strong>la</strong> <strong>table</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance souvent en métal, un matériau ancien, cependant, le verre<br />

régénéré dès <strong>la</strong> fin du XVe par les artistes vénitiens s’impose définitivement sous <strong>la</strong> Renaissance.<br />

Les verriers vénitiens qui travail<strong>la</strong>ient sur l’île <strong>de</strong> Murano n’avaient pas le droit <strong>de</strong> s’expatrier sous peine <strong>de</strong> mort.<br />

Le « cristallin », verre silico-alcalin très b<strong>la</strong>nc fut inventé vers 1460 à Murano<br />

Au XVIe, <strong>la</strong> verrerie <strong>de</strong>vient européenne avec <strong>la</strong> création d’ateliers à Hall puis à Innsbruck en 1534 et 1570. Au XVe et<br />

XVIe les verres étaient en général <strong>de</strong> couleur verdâtre, on les nommait Fougères parce que <strong>de</strong> <strong>la</strong> potasse extraite <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cendre <strong>de</strong> fougère entrait dans leur composition<br />

Jusqu’à <strong>la</strong> fin du XVIIIe, en France, le verre était apporté à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> puis rapporté sur le buffet où il était rincé dans<br />

un rafraichissoir.


La véri<strong>table</strong> serviette, telle que nous <strong>la</strong> connaissons, vit le jour au début du XVIe siècle. On <strong>la</strong> fabriquait à Reims, en lin<br />

uni ou en lin ouvré en damassé à petits <strong><strong>de</strong>s</strong>sins.<br />

Son utilisation au départ était différente <strong>de</strong> <strong>la</strong> nôtre; <strong>la</strong> serviette, servait bien sûr à s’essuyer les doigts et <strong>la</strong> bouche mais<br />

également les couverts que l’on partageait. Cependant son usage se généralisa très rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Erasme écrivait "il est discourtois <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser ses doigts graisseux ou <strong>de</strong> les nettoyer à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa veste. Il vaut mieux se<br />

servir <strong>de</strong> <strong>la</strong> nappe ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> serviette"<br />

Catherine <strong>de</strong> Médicis en utilisait beaucoup et, comble du raffinement, en changeait à chaque p<strong>la</strong>t.<br />

Les serviettes du XVIe étaient plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> que celles que nous connaissons (environ 100 X 70cm ) souvent parfumées,<br />

elles nécessitent l’ai<strong>de</strong> d’un domestique pour réussir à « joindre les <strong>de</strong>ux bouts. »<br />

Au début du XVIIe, les serviettes sont pliées <strong>de</strong> façon à imiter les animaux ou les p<strong>la</strong>ntes.<br />

Pour comprendre l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fourchette, certains expliquaient qu’elle aurait été adoptée à<br />

l’époque où <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> était <strong>de</strong> porter <strong><strong>de</strong>s</strong> fraises afin d’éviter <strong>de</strong> tacher cette précieuse<br />

collerette <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelles pendant le repas. Selon d’autres sources, son usage en Italie serait lié<br />

à <strong>la</strong> consommation <strong><strong>de</strong>s</strong> spaghettis à partir du XIIIe siècle. Enfin se référant à l’œuvre <strong>de</strong><br />

Bartolomeo Scappi (cuisinier secret du Pape Pie V) d’autres pensent que l’on aurait<br />

commencé à s’en servir pour piquer les fruits confits du <strong>de</strong>rnier service. Tous, en revanche,<br />

s’accor<strong>de</strong>nt pour dire que c’est Catherine <strong>de</strong> Médicis qui <strong>la</strong> ramena, <strong>de</strong> Venise et <strong>de</strong><br />

Florence. Ces fourchettes sont d’abord à <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>nts, elles auront trois <strong>de</strong>nts vers 1640 et<br />

gagneront leur quatrième vers 1680.<br />

En France, c’est <strong>la</strong> cour qui s’initie à <strong>la</strong> fourchette dans <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié du XVIe; avant ce<strong>la</strong> <strong>la</strong> fourchette sert à piquer<br />

<strong>la</strong> nourriture que l’on porte ensuite à sa bouche du bout <strong><strong>de</strong>s</strong> doigts. La fourchette mettra près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux siècles pour être<br />

acceptée par l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> société.<br />

Une conséquence <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> fourchette est que les <strong>la</strong>mes <strong><strong>de</strong>s</strong> couteaux,<br />

jusqu’alors utilisées pour piquer les morceaux <strong>de</strong> vian<strong><strong>de</strong>s</strong> dans les p<strong>la</strong>ts, changent<br />

<strong>de</strong> forme : <strong>de</strong> pointues elles <strong>de</strong>viennent ron<strong><strong>de</strong>s</strong>. On raconte encore que vers 1630,<br />

Richelieu excédé <strong>de</strong> voir le chancelier Séguier se curer les <strong>de</strong>nts fit arrondir les<br />

pointes <strong>de</strong> ses couteaux.<br />

La Renaissance et le XVIIe sont marqués par l’importance <strong>de</strong> l’esthétisme et l’on s’intéresse également au décor qui vient<br />

se p<strong>la</strong>cer sur <strong>la</strong> nappe. Les artichauts, nouvellement introduits en France, représentent un élément <strong>de</strong> décor privilégié, tout<br />

comme les fleurs, qu’il est recommandé <strong>de</strong> répandre en gran<strong>de</strong> quantité sur les <strong>table</strong>s. Les fleurs sont naturelles ou <strong>de</strong><br />

soie et confectionnées à Paris, qui s’en fera une spécialité mondiale. Vers <strong>la</strong> fin du XVe, <strong>la</strong> cité <strong><strong>de</strong>s</strong> doges importe assez <strong>de</strong><br />

sucre <strong>de</strong> Chypre, l’île Candie, pour que l’on puisse en consommer autrement que comme un met rare et cher. On orne alors<br />

les <strong>table</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour avec <strong><strong>de</strong>s</strong> figures en sucre.


LES FESTINS DE LA COUR<br />

Louis XIV, Roi Soleil, règne <strong>de</strong> 1661 à 1715. Avec Colbert, il conduit <strong>la</strong> réorganisation administrative et financière du<br />

royaume, ainsi que le développement du commerce et <strong><strong>de</strong>s</strong> manufactures. Il favorisera l’épanouissement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sciences.<br />

Versailles avait pour but d’imprégner les visiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> richesse et du pouvoir <strong>de</strong> ses occupants. Le mobilier en argent que<br />

Louis XIV fit installer à Versailles constituait un capital visible.<br />

Le siècle <strong>de</strong> Louis XIV est celui du luxe, <strong>de</strong> <strong>la</strong> richesse, il aime ce qui brille.<br />

Les couverts et <strong>la</strong> vaisselle sont en or et argent, ce faste contraste avec <strong>la</strong> vie <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans. Le Pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Versailles fut<br />

avant tout un lieu <strong>de</strong> fête, Louis XIV, tout d’abord très sensible aux fastes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong>, y organisa <strong><strong>de</strong>s</strong> repas somptueux.<br />

LE SERVICE A LA FRANCAISE :<br />

Au lieu d’être apportés un a un, les p<strong>la</strong>ts étaient posés à l’avance <strong>de</strong>vant les convives assis dorénavant <strong>de</strong> tous les côtés<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong>, puis retirés tous ensemble pour être remp<strong>la</strong>cés par une autre série <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ts qui restaient sur <strong>la</strong> <strong>table</strong> pendant<br />

tout le temps que dure ce que l’on appe<strong>la</strong>it un service.<br />

Un repas comptait en général trois services mais selon sa solennité,<br />

il pouvait en compter jusqu'à une douzaine. On picore les p<strong>la</strong>ts plus<br />

qu'on ne les finit vraiment....<br />

« Qui ne gaspille pas n'est qu'un manant ou un boutiquier »<br />

Cette manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r, propre à <strong>la</strong> <strong>table</strong> baroque, est appelée<br />

« service à <strong>la</strong> française ».<br />

Sil lui arrive <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>table</strong>s servies à <strong>la</strong> française, Louis XIV<br />

mange d'ordinaire tout seul. Tout seul ... ou presque, car une<br />

véri<strong>table</strong> ruche s'affaire autour <strong>de</strong> lui ; <strong>la</strong> briga<strong>de</strong> est organisée sur le<br />

mo<strong>de</strong> militaire: le Grand Maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> Maison du Roi, le Grand<br />

Panetier , le Grand Echanson, le Grand Ecuyer Tranchant, les<br />

Gentilshommes servants. Le grand jeu social <strong>de</strong> service se déroule à<br />

<strong>table</strong>, et les valets en sont exclus "leur service se borne à <strong>la</strong><br />

circu<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> assiettes" (Grimod <strong>de</strong> <strong>la</strong> Reynière).


1651-1789 L’APOGÉE DES ARTS DE LA TABLE<br />

La France connaît pendant près <strong>de</strong> quatre-vingts ans, <strong>la</strong> paix intérieure et <strong>la</strong> prospérité économique. A mesure, l’esprit<br />

philosophique se développe, dans les salons, les cafés ou les clubs.<br />

C’est dans <strong>la</strong> première moitié du XVIIIe que <strong>la</strong> France est à son apogée. Elle est considérée dans toute l’Europe comme un<br />

modèle <strong>de</strong> raffinement.<br />

En 1651, lorsque La Varenne publie « le cuisinier François" , c’est <strong>la</strong> rupture avec les traditions culinaires médiévales et <strong>la</strong><br />

naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> gastronomie française . La mo<strong>de</strong> alors n’est plus, comme au Moyen-âge, l’usage <strong><strong>de</strong>s</strong> épices; il faut rendre<br />

aux aliments leur saveur naturelle.<br />

La disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> convives se fait dorénavant tout autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong> et non plus d’un seul côté, par conséquent l’attention<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> dîneurs n’étant plus fixée sur les distractions proposées dans <strong>la</strong> salle, ils peuvent d’avantage se concentrer sur ce<br />

qu’ils mangent. Le service à <strong>la</strong> française crée un ordre symétrique dans <strong>la</strong> disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ts et <strong><strong>de</strong>s</strong> couverts.<br />

Au XVIIIe, <strong>la</strong> gourmandise s’accor<strong>de</strong> à <strong>la</strong> ga<strong>la</strong>nterie, cette époque est celle <strong><strong>de</strong>s</strong> soupers fins où pour être plus tranquille, on<br />

invente un petit meuble <strong>de</strong> déserte : le serviteur muet, qui, comme son nom l’indique, permet <strong>de</strong> se passer <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence<br />

indiscrète <strong><strong>de</strong>s</strong> domestiques.<br />

Louis XV acquiert Choisy en 1739, il retrouve là bas sa favorite <strong>la</strong> Marquise <strong>de</strong> Pompadour.<br />

A Choisy, il apprécie <strong>de</strong> pouvoir manger loin <strong><strong>de</strong>s</strong> fastes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour, il commanda une <strong>table</strong><br />

<strong>de</strong> douze couverts dont le milieu était un p<strong>la</strong>teau mobile qui pouvait <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> salle et remonter garni d’un nouveau service. Autour, quatre petites servantes<br />

contiennent l’eau, le vin.<br />

L’état <strong><strong>de</strong>s</strong> biens en <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>table</strong> <strong>de</strong> La Marquise <strong>de</strong> Pompadour rédigé peu avant son décès<br />

en 1764 estimait <strong>la</strong> batterie <strong>de</strong> cuisine <strong>de</strong> sa maison à 66 172 livres, sa vaisselle d’argent à<br />

537 600 livres, sa vaisselle d'or à 150 000 livres.<br />

Amie <strong><strong>de</strong>s</strong> écrivains et <strong><strong>de</strong>s</strong> philosophes comme Voltaire, protectrice <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes, <strong>la</strong><br />

Pompadour fut aussi <strong>la</strong> première égérie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong>. On raconte que <strong>la</strong> coupe à<br />

champagne aurait été moulée sur un <strong>de</strong> ses seins…


A partir <strong>de</strong> 1735, Louis XV crée <strong>de</strong>ux salles à manger à Versailles,<br />

l’une d’été, dans l’endroit le plus frais et le mieux orienté avec un<br />

accès direct aux jardins, indispensable lieu <strong><strong>de</strong>s</strong> col<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> fin<br />

d’après-midi ; l’autre d’hiver dans une pièce plus restreinte, à<br />

l’abri <strong><strong>de</strong>s</strong> courants d’air. Au début du XVIIIe, le marché français<br />

est envahi par les porce<strong>la</strong>ines <strong>de</strong> Chine et <strong>de</strong> Saxe, ce<strong>la</strong><br />

compromet l’équilibre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>vises. La vaisselle d’or et d’argent<br />

dut être apportée à <strong>la</strong> monnaie pour financer les dépenses<br />

excessives dues aux guerres royales. En 1740, Louis XV déci<strong>de</strong><br />

donc d’autoriser <strong>la</strong> création d’une manufacture royale, seule<br />

autorisée à marquer les porce<strong>la</strong>ines <strong>de</strong> son monogramme. De<br />

Vincennes, <strong>la</strong> manufacture sera transférée à Sèvres en 1756. La<br />

marque royale était le monogramme; les bords <strong><strong>de</strong>s</strong> assiettes et<br />

p<strong>la</strong>ts étaient dorés. La manufacture royale <strong>de</strong> Limoges fut<br />

achetée en 1784 par Louis XVI.<br />

A <strong>la</strong> fin du XVIIIe, le luxe et l’apparat cè<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce au confort et à l’intimité. Les salles<br />

se font plus petites et l’on cherche les moyens <strong>de</strong> se passer <strong>de</strong> l’omniprésence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

domestiques. Ce souci amène les architectes à imaginer une pièce spécialement<br />

conçue pour le repas avec à disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>table</strong>s <strong>de</strong> déserte et <strong><strong>de</strong>s</strong> points d’eau. La<br />

pièce pour le repas est alors inventée mais il semble qu’elle ne soit pas encore tout à<br />

fait une pièce à part. On trouve encore longtemps <strong><strong>de</strong>s</strong> antichambres ou <strong><strong>de</strong>s</strong> chambres<br />

servant <strong>de</strong> salle à manger.


Les surtouts <strong>de</strong> <strong>table</strong><br />

Il s’agit <strong>de</strong> p<strong>la</strong>teaux <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ce avec un rebord en argent travaillé, sur lequel est p<strong>la</strong>cée une pièce <strong>de</strong> porce<strong>la</strong>ine ou <strong>de</strong><br />

bronze. Cette pièce pouvait représenter une scène animalière ou mythologique, ou bien une garniture florale ou encore<br />

une coupe <strong>de</strong> fruits, encadrée <strong>de</strong> f<strong>la</strong>mbeaux et autres pièces d’orfèvrerie. Ces objets à <strong>la</strong> fois décoratifs et utiles<br />

servaient à réunir en milieu <strong>de</strong> <strong>table</strong>, durant tout le long du service, salière, boite à épices, huilier, vinaigrier et sucrier…<br />

Ils faisaient également office <strong>de</strong> chan<strong>de</strong>liers pendant le dîner. Leur taille était variable, mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te, ou faire près d’un mètre<br />

<strong>de</strong> long et <strong>de</strong> hauteur et représenter <strong><strong>de</strong>s</strong> monuments architecturaux.<br />

Au milieu du XVIIIème siècle, les surtouts <strong>de</strong> <strong>table</strong> strictement fonctionnels, apparus une cinquantaine d'années<br />

auparavant, n'étaient plus au goût du jour. On leur préférait <strong><strong>de</strong>s</strong> morceaux décoratifs n'ayant d'autre fonction que d'offrir<br />

au regard un spectacle <strong>de</strong> rêve <strong>de</strong> pure fantaisie. La <strong>table</strong> était alors conçue comme un univers en miniature, le plus<br />

souvent inspiré <strong>de</strong> l'architecture et <strong>de</strong> l'art <strong><strong>de</strong>s</strong> jardins.


1782-1900 NAISSANCE DE LA TABLE MODERNE<br />

S’il existait dès le Moyen-âge <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements tels que les auberges ou les re<strong>la</strong>is <strong>de</strong> poste, où il était possible <strong>de</strong><br />

se restaurer et <strong>de</strong> trouver le gîte, les restaurants au sens actuel du terme, c'est-à-dire proposant plusieurs p<strong>la</strong>ts,<br />

apparaissent à <strong>la</strong> Révolution. Avant <strong>la</strong> Révolution, les métiers <strong>de</strong> bouche étaient organisés en corporations.<br />

Ces associations délimitaient rigoureusement le rôle <strong>de</strong> chaque corporation en interdisant <strong>la</strong> concurrence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

métiers. Le restaurant servait un « bouillon restaurant » (bouillon qui restaurait les forces.)<br />

Un marchand <strong>de</strong> bouillon, nommé Bou<strong>la</strong>nger s’était établi près du Pa<strong>la</strong>is du Louvre et vendait ses bouillons<br />

restaurants non plus en plein air mais dans une boutique où l’on pouvait s’asseoir quelques instants à <strong>table</strong>.<br />

En 1782, Antoine Beauvillier, ancien chef <strong>de</strong> cuisine du prince <strong>de</strong> Condé et futur officier <strong>de</strong> bouche <strong>de</strong> Louis XVIII,<br />

ouvrit ce qui est considéré par <strong>la</strong> profession comme le premier restaurant, rue <strong>de</strong> Richelieu. Cette reconnaissance <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> profession est sans doute due au fait que Beauvillier a su transposer <strong>la</strong> cuisine et les manières <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

maisons à <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements payants.<br />

Bril<strong>la</strong>t-Savarin qui fût un <strong>de</strong> ses clients nous raconte que Beauvillier « fût un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers à avoir un salon élégant,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> garçons bien mis, un caveau soigné comme une cuisine. » Beauvillier, se promenait, dit-on, entre les dîneurs,<br />

l’épée au côté, privilège <strong><strong>de</strong>s</strong> officiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> couronne.<br />

Le terme <strong>de</strong> restaurant semble si nouveau à <strong>la</strong> révolution que Bril<strong>la</strong>t- Savarin dans <strong>la</strong><br />

« Physiologie du goût » en 1824, ressent <strong>la</strong> nécessité d'en donner une définition:<br />

« …Un restaurateur, affirme t-il, est<br />

celui dont le commerce consiste à<br />

offrir au public un festin toujours prêt,<br />

et dont les mets se détaillent en<br />

portions à un prix fixe sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> consommateurs[...] On appelle<br />

carte, l’état nominatif <strong><strong>de</strong>s</strong> mets, avec<br />

indication du prix, et carte à payer, <strong>la</strong><br />

note <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong><strong>de</strong>s</strong> mets fournis et<br />

<strong>de</strong> leurs prix. »


Les restaurants proliférèrent rapi<strong>de</strong>ment, il est alors impossible <strong>de</strong> servir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>table</strong>s individuelles (<strong>de</strong> 1 à 4 couverts) en suivant le modèle du service à <strong>la</strong><br />

française. Les chefs <strong>de</strong> cuisine commencèrent à revendiquer que l’on serve<br />

les p<strong>la</strong>ts au bon moment, afin <strong>de</strong> ne pas gâcher, ce qu’ils s’étaient évertués à<br />

préparer pendant <strong>de</strong> longues heures; ce sera <strong>la</strong> naissance du « service à <strong>la</strong><br />

russe. Dans le service à <strong>la</strong> russe, les p<strong>la</strong>ts, au lieu d’être présentés sur <strong>la</strong><br />

<strong>table</strong> au moment <strong>de</strong> l’arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> convives, étaient apportés <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine au<br />

fur et à mesure du déroulement du repas, puis présentés individuellement à<br />

chaque convive par le maître d'hôtel. Ce service, contrairement au service à<br />

<strong>la</strong> française qui attribuait <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ces privilégiées, se vou<strong>la</strong>it conforme aux<br />

idées <strong>de</strong> <strong>la</strong> Révolution en présentant les p<strong>la</strong>ts à tous les convives au même<br />

moment, sans que personne ne soit privilégié.<br />

Le déjeuner :<br />

Il naît sous <strong>la</strong> Révolution, les députés débattant tôt le matin avaient faim dès 10h00, ils trouvaient alors chez les<br />

restaurateurs <strong>de</strong> quoi patienter jusqu’au dîner qui avait lieu à l’époque entre 16h30 et 18h30.<br />

« l’homme qui a substantiellement déjeuné vaut dix buveurs <strong>de</strong> thé ou <strong>de</strong> café. Il a plus <strong>de</strong> vitesse, d’activité, d’énergie,<br />

ses perceptions sont plus nettes, plus audacieuses et tel agioteur qu’un coup <strong>de</strong> bourse a enrichi n’a dû sa fortune qu’à<br />

sa hardiesse et sa hardiesse à son déjeuner. »<br />

Le dîner bourgeois :<br />

Au début du XIXe, on se met à <strong>table</strong> vers 17h pour finir au plus tard à 20h, progressivement, sous le second empire, l’heure<br />

du dîner est reculée à 18h pour finir au plus tard à 21h.<br />

C’est par le dîner à domicile que <strong>la</strong> famille bourgeoise, par l’intermédiaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> maîtresse <strong>de</strong> maison, joue son rôle <strong>de</strong><br />

représentation et justifie son rang dans <strong>la</strong> société.<br />

Le souper:<br />

Disparus au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> Révolution, ils réapparaissent à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Restauration, tard dans <strong>la</strong> soirée après le théâtre.<br />

Après 1850, le souper remettra au goût du jour les re<strong>la</strong>tions courtisanes qui avaient connu leur apogée un siècle plus tôt<br />

lors <strong><strong>de</strong>s</strong> dîners fins.<br />

Si <strong>la</strong> salle à manger apparaît au XVIIIe, elle ne <strong>de</strong>vient <strong>la</strong> norme qu’au XIXe. La <strong>table</strong> <strong>de</strong> salle au manger au XIXe est un<br />

meuble qui se p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> façon permanente au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, sa forme est en général oblongue ou ron<strong>de</strong> avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rallonges. A travers le dîner bourgeois, se marque <strong>la</strong> rupture <strong>de</strong> <strong>la</strong> bourgeoisie par rapport au modèle aristocratique. La<br />

bourgeoisie affirme son désir <strong>de</strong> créer ses propres normes et règles, <strong>de</strong> les divulguer aux autres couches <strong>de</strong> <strong>la</strong> société<br />

et se réserve le droit <strong>de</strong> les modifier lorsque leur divulgation les prive <strong>de</strong> leur fonction <strong>de</strong> distinction.


Contrairement à l’usage <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles précé<strong>de</strong>nts et sans doute à cause <strong>de</strong> l’adoption du service à <strong>la</strong> russe, les<br />

verres dès le début du XIXe sont sur <strong>la</strong> <strong>table</strong> où ils font partie du décor. Le service <strong>de</strong> verres naquit à cette<br />

époque avec une sorte <strong>de</strong> verre pour chaque boisson. Les verres à vin, madère et à liqueur apparurent.<br />

L’invention du service à verre reviendrait à <strong>la</strong> cristallerie <strong>de</strong> Saint Louis en Moselle, une manufacture qui mit au<br />

point en 1781 <strong>la</strong> fabrication du cristal au plomb pour <strong>la</strong> première fois en France.<br />

La fourchette à gauche et le couteau à droite, comme norme <strong>de</strong> <strong>table</strong> sont <strong>la</strong> marque du XIXe : c’est l’apparition<br />

<strong>de</strong> couverts à usage particulier comme <strong>la</strong> pince à homard et écrevisse, <strong>la</strong> pince à asperge et l'apparition <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ts<br />

et assiettes sensés permettre <strong>de</strong> consommer avec plus d’élégance. Apparaissent dans <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié du<br />

XIXe, <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ts et assiettes à artichaut, à coquil<strong>la</strong>ge, les melonnières, les cuillères à huîtres, les pinces à sucre…<br />

La porce<strong>la</strong>ine prend <strong>de</strong> l’importance et l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveautés décoratives née à Sèvres à l’époque <strong>de</strong> Napoléon<br />

premier est <strong>la</strong> peinture <strong>de</strong> <strong>table</strong>aux sur <strong><strong>de</strong>s</strong> pièces <strong>de</strong> service. Une autre caractéristique est le bord <strong><strong>de</strong>s</strong> assiettes<br />

noir avec sur <strong>la</strong> tranche un filet d’or.<br />

A son retour <strong>de</strong> sa campagne d’Egypte en 1799, Napoléon commanda un service représentant <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages<br />

égyptiens, cette campagne influença les <strong>arts</strong> <strong>de</strong> l’époque.


1900-2001 MODES DE VIE ACTUELS<br />

La fin du siècle précé<strong>de</strong>nt à fait apparaître par l’industrialisation un accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong>. Ceci à pour première conséquence une diminution <strong><strong>de</strong>s</strong> prix <strong>de</strong> vente et donc une<br />

vulgarisation à l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, <strong><strong>de</strong>s</strong> objets <strong>de</strong> <strong>table</strong>. Cette vulgarisation se traduit surtout<br />

par l’accroissement <strong><strong>de</strong>s</strong> gammes <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées aux c<strong>la</strong>sses moyennes. Les préceptes en matière <strong>de</strong> manières <strong>de</strong><br />

<strong>table</strong> changent, il n’est plus question d’imiter les grands <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, les manuels vont s’adresser aux femmes<br />

qui vont voir leur rôle dans <strong>la</strong> société s’accroître après les <strong>de</strong>ux guerres mondiales.<br />

Après <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> guerre mondiale, et le droit <strong>de</strong> vote qui leur est accordé en 1944, les femmes vont acquérir les<br />

mêmes droits que les hommes; dans les années 70, c’est l’explosions <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvements féministes. Aujourd’hui<br />

<strong>la</strong> femme représente près <strong>de</strong> 45% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, le travail féminin a une influence directe sur<br />

l’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> repas dans <strong>la</strong> société. En 1965, les français passaient en moyenne <strong>de</strong>ux heures à <strong>table</strong> chaque<br />

jour, ils n’y restent plus qu’une heure vingt minutes aujourd’hui. Cette diminution concerne surtout le déjeuner et<br />

le dîner qui durent en moyenne respectivement 33 et 38 minutes. Les déjeuners pris à l’extérieur durent aussi<br />

moins longtemps : 27 minutes par jour en moyenne pour l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> français. A l’inverse, le petit-déjeuner<br />

reprend <strong>de</strong> l’importance dans l’apport nutritionnel quotidien. Le temps qui lui est consacré est en moyenne <strong>de</strong> 20<br />

minutes contre 10 en 1980 et 5 en 1965. En ce qui concerne les repas festifs, ils sont <strong><strong>de</strong>s</strong> moments <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir et <strong>de</strong><br />

convivialité. L’objectif alors n’est plus le gain <strong>de</strong> temps, tant pour <strong>la</strong> préparation que pour <strong>la</strong> consommation, mais<br />

<strong>de</strong> partager un moment <strong>de</strong> détente, en famille ou entre amis. Ce p<strong>la</strong>isir s’exprime par les produits utilisés, <strong>de</strong><br />

meilleure qualité ou exotiques mais aussi par <strong>la</strong> vaisselle utilisée, le linge <strong>de</strong> <strong>table</strong>, <strong>la</strong> décoration <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ts et<br />

l’ambiance visuelle.<br />

La réduction <strong>de</strong> l’espace domestique et le manque <strong>de</strong> personnel ont logiquement mis fin aux nombreux<br />

accessoires utilisés au XIXe et dans l’entre-<strong>de</strong>ux guerres. Fini donc, les fourchettes à melon et autres pinces à<br />

asperges, ces <strong>de</strong>rnières sont remp<strong>la</strong>cées par <strong>de</strong> simples couverts à entremets.<br />

Avant <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> guerre mondiale, un service <strong>de</strong> <strong>table</strong> c<strong>la</strong>ssique comprenait 70 pièces, après <strong>la</strong> guerre, il se<br />

réduit à une quarantaine.


ET AUJOURD’HUI…<br />

Quand le contenant et le contenu se concertent….<br />

travail <strong>de</strong> Stéphane Bureaux , <strong><strong>de</strong>s</strong>igner culinaire<br />

www.stephane-<strong><strong>de</strong>s</strong>ign.com/culinaire/culinaire.html


Pratiques artistiques en lien avec les <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>table</strong>:<br />

Réalisation en céramique d’ éléments <strong>de</strong> services <strong>de</strong> vaisselle spécifiques, en re<strong>la</strong>tion avec les évolutions <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>table</strong>, et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> du goût: ces éléments prendront en compte l’idée <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sert, à partir <strong>de</strong> recherches historiques<br />

(découverte du choco<strong>la</strong>t, d’épices, <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conservation <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits sous forme <strong>de</strong> « confitures »…).<br />

« A <strong>la</strong> <strong>table</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Princes »


La connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres du patrimoine, proposée par le musée<br />

national <strong>de</strong> céramique, s’inscrit dans <strong>la</strong> recherche et <strong>la</strong> pratique<br />

artistique.


Organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> objets dans l’espace, les photographier et les <strong><strong>de</strong>s</strong>siner selon un point <strong>de</strong> vue, avoir quelques<br />

références dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature morte, viennent compléter les apprentissages proposés.


Prévoir les différentes étapes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

construction par <strong><strong>de</strong>s</strong> croquis et <strong><strong>de</strong>s</strong>sins<br />

techniques.<br />

Mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière à <strong>la</strong> Manufacture <strong>de</strong> Sèvres en respectant<br />

ses contraintes.


Arts du <strong>la</strong>ngage, Littérature:<br />

Œuvres en résonance<br />

Pour ouvrir à d’autres champs artistiques<br />

Carnets et récits <strong>de</strong> voyage, correspondances (Madame <strong>de</strong> Sévigné, Rossini)<br />

« Physiologie du goût » <strong>de</strong> Bril<strong>la</strong>t-Savarin, lettres <strong>de</strong> François Xavier d'Entrecolles ( Il<br />

révé<strong>la</strong> <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong> <strong>la</strong> porce<strong>la</strong>ine chinoise dans <strong>de</strong>ux lettres restées<br />

célèbres, <strong>la</strong> première en date du 1/09/1712, et <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> en date du 25/01/1722).<br />

Arts du visuel:<br />

films « Vatel » (Ro<strong>la</strong>nd Joffé), « Le Roi danse » (Gérard Corbiau), « Marie Antoinette »<br />

(Sophia Coppo<strong>la</strong>), « Le festin <strong>de</strong> Babette » (Gabriel Axel)<br />

Arts du son, <strong>arts</strong> du spectacle vivant:<br />

« Symphonies pour les soupers du Roy » <strong>de</strong> Michel Richard De<strong>la</strong><strong>la</strong>n<strong>de</strong><br />

« Cantate du café » <strong>de</strong> J. S. Bach<br />

scène du bal chez Violetta « <strong>la</strong> Traviata » <strong>de</strong> Verdi


Pour aller plus loin…<br />

Musée du Quai Branly www.quaibranly.fr<br />

Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> années 30 www.boulognebil<strong>la</strong>ncourt.com<br />

Musée d’Orsay www.musee-orsay.fr<br />

Musée du Louvre www.louvre.fr<br />

Musée <strong>de</strong> Versailles www.chateauversailles.fr<br />

Musée <strong>de</strong> Malmaison vwwchateau-malmaison.fr<br />

Musée <strong>de</strong> Fontainebleau www.musee-chateau-fontainebleau.fr<br />

Musée Guimet www.guimet.fr<br />

Musée Cernuschi www.cernuschi.paris.fr<br />

Musée <strong>de</strong> Cluny www.musee-moyenage.fr<br />

Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> décoratifs www.les<strong>arts</strong><strong>de</strong>coratifs.fr<br />

Musée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance à Ecouen www.musee-renaissance.fr<br />

Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> antiquités nationales à Saint Germain en Laye<br />

www.musee-antiquitesnationales.fr

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