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On mange avec les doigts, vian<strong><strong>de</strong>s</strong> et légumes, que l'on a taillés à même les p<strong>la</strong>ts et déposés sur son tranchoir.<br />
Il n'y pas d'assiette, le tranchoir est une tranche <strong>de</strong> pain épaisse qui évoluera avec le temps en p<strong>la</strong>que <strong>de</strong> bois,<br />
<strong>de</strong> métal ou d'or. Lorsque le banquet reçoit <strong>la</strong> présence d’un prince, celui-ci dispose d’une vaisselle qui lui est<br />
propre et sa p<strong>la</strong>ce à <strong>table</strong> se signifie par une nef.<br />
La nef représente un navire qui peut être en or et dont le pont renferme ce dont le souverain pouvait avoir<br />
besoin au cours du repas : cuillère, couteau, cure <strong>de</strong>nt, <strong>la</strong>nguiers permettant <strong>de</strong> déceler les poisons ainsi que<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> boites à épices rares comme le sel, le poivre, <strong>la</strong> musca<strong>de</strong> ou les clous <strong>de</strong> girofle. Les nefs étaient en général<br />
fermées à clef.<br />
Dès le XIIe siècle, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> règles <strong>de</strong> conduite à <strong>table</strong>. C’est par ces normes que les<br />
aristocrates <strong>de</strong> cour évoluant dans l’entourage <strong><strong>de</strong>s</strong> grands seigneurs féodaux<br />
exprimaient <strong>la</strong> conscience <strong>de</strong> leur propre valeur et <strong>de</strong> leur sensibilité pour se distinguer<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> autres c<strong>la</strong>sses.. Le terme qui incarnait cette prise <strong>de</strong> conscience se disait en<br />
français "courtoisie.."<br />
Voici quelques exemples <strong>de</strong> ces règles <strong>de</strong> courtoisie, illustrées à l'époque par <strong><strong>de</strong>s</strong> poèmes<br />
que l'on récitait à <strong>table</strong>:<br />
« Quelques personnes mor<strong>de</strong>nt dans leur tranche <strong>de</strong> pain<br />
Et <strong>la</strong> replongent dans le p<strong>la</strong>t à <strong>la</strong> manière <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans ;<br />
Les hommes « courtois » s’abstiennent <strong>de</strong> ces mauvaises habitu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
Boire dans <strong>la</strong> soupière n’est pas convenable<br />
Même s’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui font l’éloge<br />
De <strong>la</strong> manière cavalière dont certains s’emparent <strong>de</strong> <strong>la</strong> soupière<br />
Et en ingurgitent le contenu comme s’ils avaient perdu <strong>la</strong> raison.<br />
Il est discourtois <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser ses doigts graisseux ou <strong>de</strong> les nettoyer à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa veste.<br />
Il vaut mieux se servir <strong>de</strong> <strong>la</strong> nappe ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> serviette<br />
Se moucher avec les doigts était un procédé courant, le mouchoir n’existait pas encore mais<br />
à <strong>table</strong> il fal<strong>la</strong>it s’entourer <strong>de</strong> certaines précautions, il était déconseillé <strong>de</strong> se moucher dans<br />
<strong>la</strong> nappe :<br />
« celui qui se mouche sur <strong>la</strong> <strong>table</strong> et essuie le résultat avec <strong>la</strong> main est un sot qui à mon avis<br />
ne sait pas se conduire.<br />
Écarquiller ses yeux en buvant pour regar<strong>de</strong>r n'importe où est malséant,<br />
tout comme se renverser le cou en arrière à <strong>la</strong> manière <strong><strong>de</strong>s</strong> cigognes<br />
pour ne pas <strong>la</strong>isser une goutte au fond du verre.<br />
Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui à peine assis portent <strong>la</strong> main au p<strong>la</strong>t c'est ressembler aux loups. »