06.07.2013 Views

samedi 25 mai 2002 - Tajan

samedi 25 mai 2002 - Tajan

samedi 25 mai 2002 - Tajan

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

28<br />

89. BOSSUET (J.-B.). Premier sermon pour la fête de la Visitation de la Sainte Vierge. Manuscrit autographe.<br />

Metz, 1659, 16 pages in-folio sur 8 feuillets montés sur onglets, suivis du texte imprimé,<br />

relié en un vol. in-folio maroquin janséniste bordeaux, étui (Alix).<br />

Important manuscrit de travail, avec de nombreuses corrections, d’un sermon complet sur la Visitation de la<br />

Vierge.<br />

Ordonné prêtre en 1652, Bossuet s’installe à Metz où il prononce son premier sermon en 1653. Sa renommée<br />

ira grandissant ; c’est en 1659 qu’il commence à prêcher à Paris, tout en continuant à appartenir au chapitre<br />

de Metz, et que son éloquence prend vraiment son essor. Notre sermon date de cette époque, il est destiné<br />

aux dames de la <strong>mai</strong>son de la Propagation de la Foi, fondée à Metz par Alix Clerginet, et dont Bossuet était le<br />

supérieur.<br />

Ce précieux manuscrit, complet, témoigne magnifiquement du travail créateur de Bossuet. Les premières<br />

pages présentent quelques corrections, <strong>mai</strong>s peu à peu, celles-ci deviennent plus nombreuses et gagnent en<br />

importance ; des mots ou des phrases sont ajoutés en interligne, Bossuet biffe une phrase venue immédiatement<br />

sous sa plume, <strong>mai</strong>s qu’il va ensuite développer. D’autres corrections ont été portées lors d’une relecture<br />

; certains développements biffés sont restés inédits.<br />

Bossuet se livre ici à une belle méditation sur le mystère du Fils de Dieu, “ ce moteur invisible qui meut toutes<br />

choses sans se mouvoir, qui conduit tout sans montrer sa <strong>mai</strong>n [...] si son action toute puissante ne nous<br />

paroist pas aujourd’hui en elle mesme dans le mistere de cette journée, c’est qu’elle se découvre assez dans<br />

l’action des autres qui n’agissent et ne se remuent que par l’impression qu’il leur donne. [...] L’un des plus<br />

grands misteres du Christianisme, c’est la sainte societé que le fils de Dieu contracte avec nous, et la maniere<br />

secrete dont il nous visite [...] Il importe aux chretiens de connoistre quels sentimens ils doivent avoir lorsque<br />

J.C. vient a eux ”...<br />

Se référant aux Pères de l’Église et notamment à Tertullien, Bossuet détaille les trois mouvements que Dieu<br />

imprime dans le cœur des hommes qu’il visite, à travers l’exemple d’Élisabeth, de Jean-Baptiste et de la Vierge<br />

Marie : “ premierement si tost qu’il approche, il nous inspire, avant toutes choses, une grande et auguste idée<br />

de sa majesté qui fait que lame tremblante et confuse de sa naturelle bassesse est saisie devant Dieu d’un profond<br />

respect et se juge indigne des dons de la grace [...] par un second mouvement, il presse au dedans son<br />

ardeur fidèle de s’approcher avec confiance et de courir a luy par de saints desirs. C’est le second sentiment<br />

qu’il donne. Enfin le troisieme et le plus parfait, c’est que se rendant propice à ses vœux, il fait triompher sa<br />

paix dans son cœur [...] et la comble d’une sainte joye par ses chastes embrassemens ”... L’exemple de Sainte<br />

Élisabeth illustre le premier point, cette nécessaire humilité et ce sentiment de respect devant la présence divine<br />

: “ dans la visite qu’elle recoit, il y a quelque chose qu’elle connoist et quelque chose qu’elle n’entend pas<br />

[...] Elle voit la dignité de Marie et dans une telle inégalité, elle la regarde de loin, s’humiliant profondément,<br />

s’abaissant humblement devant elle [...] ce qui nous merite les dons de la grace c’est de confesser humblement<br />

que nous ne pouvons les meriter : tellement que l’humilité c’est l’appui de la confiance. Quiconque s’est<br />

preparé par l’humilité peut ensuite s’abandonner aux desirs ardens ”... Jean-Baptiste est cette âme qui cherche<br />

Dieu, qui le désir ardent de courir vers le seigneur, il est envoyé sur la terre pour faire désirer Jésus-Christ aux<br />

hommes : “ il falloit à nos foibles yeux une lumiere douce et temperée pour nous accoutumer au jour du midi<br />

[...] il nous falloit montrer de petits rayons pour nous faire desirer de voir le soleil que nous avions entierement<br />

oublié dans la longue nuit de notre ignorance ”... Enfin le troisième point est cette paix céleste dont témoigne<br />

la sainte Vierge sous le regard de bienveillance et de protection de Dieu qui montre un visage ami et tranquille<br />

au fidèle qui espère en lui.<br />

Bossuet conclut son sermon en invitant ses auditrices à se consacrer au sentiment véritable de la vocation religieuse<br />

qui oppose Dieu et le monde. “ Le monde veut de la violence pour emporter ses faveurs, Dieu ne donne<br />

les siennes qu’à la retenüe, et il n’est rien ni de plus puissant devant Dieu, ni de plus inutile selon le monde,<br />

que cette mediocrité temperée en laquelle la vertu consiste [...] ce que l’un eleve l’autre le deprime ; et ce combat<br />

durera toujours, jusqu’a ce que le siecle finisse ”. Il les invite à chanter le cantique qui méprise le siècle, à<br />

chanter la défaite du monde, l’anéantissement des grandeurs hu<strong>mai</strong>nes, leurs richesses détruites, leur pompe<br />

évanouie en fumée... “ apprenez de la sainte Vierge [...] premierement que le Seigneur vous regarde, secondement,<br />

assurés sur cet appui immuable, ne vous laissez pas éblouir aux grandeurs du monde, dites qu’il est<br />

deja abattu, regardez la gloire future, regardez la fidelité de ses promesses ”...<br />

Le dernier feuillet est resté inédit. C’est un très beau commentaire du Magnificat dont nous citerons le début :<br />

“ Voici l’accomplissement de l’œuvre de Dieu dans les ames quil a choisies ; il les purifie par l’humilité, il les<br />

enflame par les desirs. Enfin luy mesme il se donne a elles, et leur ameine avec luy une paix celeste. Ce sont<br />

mes sœurs les chastes delices de ceste sainte et divine paix qui rejouissent la Sainte Vierge en nostre Seigneur<br />

[...] son ame est en paix puisqu’elle possede J.C. et c’est aussi pour ceste raison que ne pouvant assez expliquer<br />

ceste paix inconcevable des ames pieuses je m’adresse à la Sainte Vierge et je vous prie d’en apprendre<br />

d’elle ces incomparables douceurs en parcourant ce sacré cantique qui réjouit aujourd’hui le ciel et la terre ”...<br />

On a relié en tête du volume une l.a.s. de Jules Gossin, 19 décembre 1839, offrant ce manuscrit à M. Faure,<br />

ancien Conseiller à la cour. 15 000 / 22 000<br />

89. - BOSSUET (J.B.).<br />

29

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!