l'île pour pdf..pub - la-bibliothèque Saint-Herblain

U.G. : En littérature, le thème de l’île déserte renvoie au mythe pédagogique de l’apprentissage de
l’autonomie et à la métaphore du nouveau départ : quand il n’en sort pas des hommes neufs, ce sont des
sociétés nouvelles qui éclosent sur le terrain insulaire. Monde clos, l’île est proche de la figure idéale du
cercle, symbole de la perfection.
J. F. : Lieu de tous les possibles, l’île présente constamment un double visage : l’un enchanteur (l’île au
trésor riche en surprises et en promesses), l’autre menaçant ou sinistre (laboratoire d’expérimentation ou
enceinte carcérale), négatif du nirvana promis : l’ambivalence des îles est largement déclinée dans le
numéro de Chemins d’étoiles consacrée aux îles funestes, îles bienheureuses. La société insulaire est
une société en réduction, une sorte de « monde éprouvette ».
À lui seul, le beau roman d’Elsa Morante, L’Île d’Arturo contient tous les ingrédients de la littérature
insulaire : histoire d’amours ardentes, récit d’un parcours initiatique dominé par l’imposante silhouette du
pénitencier, perte du paradis de l’enfance à la fin du livre lorsque le héros adolescent se décide à couper
le cordon ombilical et à faire le deuil de ses rêves et illusions.
Chez Anna Maria Ortese, auteur de L’Iguane, on retrouve aussi tous les éléments caractéristiques de
cette littérature insulaire (tempête, fable politique, initiation, sacrifice final, amour absolu) incorporés dans
une étonnante fantasmagorie qui se déroule en dehors du monde et du temps.
Et je n’oublie pas la livraison d’avril 2005 de la revue Grands reportages intitulée : L’Île mystérieuse
existe-t-elle ? Pour découvrir les derniers territoires de l’utopie, qui nous embarque sous la conduite
de Michel Le Bris pour un tour du monde des îles de papier, des îles mythiques, des îles de rêve. Quant à
l’album Îles, recueil de photographies de Jean Hervoche des îles au large de l’Armorique, avec un texte
de Philippe Le Guillou, il nous parle d’errances, de dépaysement, de rêverie méditative.
Mais l’insularité ouvre aussi de nouvelles pistes et un nouveau rapport de l’homme au monde : si les
bords de l’île circonscrivaient réellement un espace clos, elle serait condamnée au cercle mortifère de
l’identique au lieu que tout porte à croire que ces bords sont poreux et ouverts à l’échange.
Au delà d’un exotisme facile, l’île est un carrefour de communications, d’influences et d’inspirations.
U.G. : Cette exposition est donc une bonne entrée en matière puisqu’elle annonce la documentation
présentée dans les salles.
J. F. : Vous avez tout compris. Venez par ici. Nous entrons dans la première salle…
U.G. : LES CHEMINS DU PARADIS ?