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Histoire des dockers- Gurrea.pdf - bacalanstory

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Résumé de l’activité syndicale depuis le début du siècle<br />

<strong>des</strong> Dockers du Port de Bordeaux<br />

par Angel <strong>Gurrea</strong>, secrétaire CGT Dockers de 1964 à 1982 à Bordeaux<br />

Dans les deux premières décennies de notre siècle il<br />

n’existait pratiquement pas de <strong>dockers</strong> dignes de ce nom sur le port<br />

de Bordeaux.<br />

De nombreux malheureux arpentaient les quais, nus de toute structure<br />

à cette époque, à la recherche d’un emploi.<br />

Sur le terre-plein <strong>des</strong> quais face à la chambre de Commerce, place Lainé,<br />

étaient entreposées à ciel ouvert <strong>des</strong> marchandises recouvertes avec<br />

<strong>des</strong> bâches. Les gens de la chambre de Commerce ou les propriétaires<br />

de ces marchandises embauchaient <strong>des</strong> hommes à la corvée pour une<br />

heure, ou plus, selon le volume de marchandises à manutentionner.<br />

Le salaire était variable selon la durée du travail. Il était<br />

entièrement à la discrétion de ceux qui embauchaient.<br />

Pour les gros trafics, chargement ou déchargement <strong>des</strong> navires,<br />

quelques patrons acconiers embauchaient devant les navires pour une<br />

ou deux vacations. Ces patrons fixaient les salaires à leur gré, de<br />

même que la durée du travail qui n’était pas réglementée.<br />

Les travailleurs <strong>des</strong> quais à cette époque qu’on appelait aussi <strong>des</strong><br />

« débardeurs » réussissaient de temps en temps à former <strong>des</strong> syndicats,<br />

surtout <strong>des</strong> syndicats CGT.<br />

Mais ces syndicats n’avaient qu’une durée éphémère du fait de la<br />

mobilité <strong>des</strong> gens qui venaient travailler sur les quais. Ce n’était<br />

souvent que <strong>des</strong> gens de passage qui venaient faire quelques heures<br />

de travail pour se dépanner.<br />

Après la guerre de 1914-1918 beaucoup de travailleurs de passage,<br />

parmi eux beaucoup d’immigrés, surtout <strong>des</strong> Espagnols, devinrent<br />

sédentaires sur le port de Bordeaux. De ce fait sous l’impulsion<br />

principalement de la CGT, ces travailleurs créèrent <strong>des</strong> syndicats<br />

qui furent <strong>des</strong> syndicats catégoriels. C’est vers ces années que les<br />

travailleurs à la manutention <strong>des</strong> marchandises sur les ports prirent<br />

le nom de <strong>dockers</strong> du nom anglais docks.<br />

À Bordeaux il y avait sept syndicats catégoriels.<br />

Dockers de marchandises diverses, <strong>dockers</strong> arrimeurs, <strong>dockers</strong><br />

charbonniers, <strong>dockers</strong> piquetiers aux poteaux de mines, <strong>dockers</strong><br />

du bois du nord, <strong>dockers</strong> <strong>des</strong> bois merrains, <strong>dockers</strong> morutiers.<br />

Tous étaient indépendants les uns <strong>des</strong> autres. Les grèves pour les<br />

salaires étaient les plus fréquentes. Quelquefois le succès était au<br />

bout. Les salaires étaient augmentés et les conditions de travail<br />

améliorées.<br />

1


Lentement au fil <strong>des</strong> ans avec <strong>des</strong> hauts et <strong>des</strong> bas ces travailleurs<br />

progressaient dans leurs conditions de vie et de travail.<br />

La grève de 1928 la plus importante, qui dura 56 jours,<br />

permit l’intégration <strong>des</strong> sept syndicats catégoriels existants en<br />

un seul syndicat Unitaire du Port de Bordeaux et de ses annexes<br />

nouvellement créées. Cette grève victorieuse du fait de l’unité<br />

de tous les travailleurs <strong>des</strong> quais, apporta une augmentation <strong>des</strong><br />

salaires de plus de 17 %.<br />

Le syndicat unitaire devint fort de 3 100 syndiqués. Ces adhérents<br />

étant venus pour la plus grande part <strong>des</strong> syndicats CGT et CGTU pour<br />

former le syndicat CGT <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> du Port de Bordeaux.<br />

La grève avait fait augmenter les salaires, mais tout restait à faire<br />

pour améliorer les conditions de travail, d’embauche, d’hygiène et<br />

de sécurité, <strong>des</strong> compositions d’équipes.<br />

Deux ans après, l’organisation syndicale subit une forte baisse de<br />

ses adhérents. C’est alors que l’assemblée désigna comme secrétaire<br />

du syndicat le camarade Martinez André.<br />

Un cahier de revendication en 22 points fut mis en circulation parmi<br />

les <strong>dockers</strong> pour les faire discuter et les rassembler. Le syndicat<br />

fut renforcé en 1931 par l’élection d’un deuxième secrétaire, le<br />

camarade Frédou Breillac. À cette date les <strong>dockers</strong> faisaient échec à<br />

une tentative patronale de diminution de salaire. Grâce à la force<br />

syndicale retrouvée, la plupart <strong>des</strong> points de revendication furent<br />

intégrés dans la Convention Collective que le syndicat imposa aux<br />

patrons. Elle fut améliorée en 1936. À cette époque fut créée à Bordeaux<br />

la première carte professionnelle qui donnait priorité d’embauche<br />

aux <strong>dockers</strong> munis de cette carte. Cette convention collective qui a<br />

été améliorée depuis est toujours en vigueur aujourd’hui.<br />

Elle comprend tous les accords paritaires locaux ou nationaux.<br />

Le syndicat grâce à son unité, à ces adhérents devint un syndicat<br />

puissant face aux patrons.<br />

En 1936 la guerre civile sévissant en Espagne les <strong>dockers</strong> du port<br />

de Bordeaux apportèrent leur solidarité pécuniaire pendant toute<br />

la durée de la guerre aux combattants de la république contre les<br />

fascistes.<br />

Les navires de vivres ou d’armes à <strong>des</strong>tination <strong>des</strong> ports espagnols où<br />

se trouvaient les troupes républicaines, étaient chargés bénévolement<br />

par les <strong>dockers</strong> qui faisaient don de leur salaire à la caisse de<br />

solidarité pour les républicains espagnols.<br />

Certains <strong>dockers</strong> combattaient aux côtés <strong>des</strong> républicains dans les<br />

briga<strong>des</strong> internationales. Dans ces combattants il y a eu <strong>des</strong> morts<br />

et <strong>des</strong> blessés.<br />

2


La guerre de 1940 et l’occupation allemande provoquèrent<br />

un trou de cinq ans dans le syndicat.<br />

À la libération le syndicat fut reconstitué. Les <strong>dockers</strong> du port<br />

de Bordeaux comme les autres travailleurs participèrent à la<br />

reconstruction nationale du pays.<br />

Le syndicat reconstitué, la lutte <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> du port de Bordeaux<br />

pour les salaires, les améliorations <strong>des</strong> conditions de travail<br />

continua.<br />

Des revendications, comme les conditions d’embauche, les salaires<br />

de base, l’hygiène et la sécurité, devinrent <strong>des</strong> revendications<br />

nationales. Tous les <strong>dockers</strong> français ayant, à quelque chose près<br />

les mêmes problèmes dans leurs ports et les mêmes revendications.<br />

Ces revendications devenant nationales, la Fédération Nationale <strong>des</strong><br />

Ports et Docks à laquelle sont rattachés les <strong>dockers</strong>, prenaient ces<br />

revendications en mains ainsi que l’organisation <strong>des</strong> luttes à mener<br />

pour les faire aboutir auprès <strong>des</strong> patrons ou <strong>des</strong> pouvoirs publics.<br />

C’est en 1947 que les <strong>dockers</strong> français, après <strong>des</strong> mois<br />

et <strong>des</strong> années de luttes, arrachèrent leur plus belle<br />

victoire. Cette année avec l’aide <strong>des</strong> députés communistes dans le<br />

gouvernement d’Union Nationale du Général de Gaulle fut votée la loi<br />

du 6 septembre 1947 instituant le statut de l’ouvrier docker dans<br />

les ports français.<br />

Cette loi permit la création de la Caisse Nationale de Garantie<br />

<strong>des</strong> ouvriers <strong>dockers</strong> financée par les cotisations patronales et<br />

gérée paritairement. Cela permit la création de postes d’embauche<br />

<strong>des</strong> <strong>dockers</strong> dans les ports avec un bureau central de main-d’œuvre<br />

(BCMO). Paritairement dans ces postes d’embauche, <strong>des</strong> contrôleurs<br />

d’embauche ouvriers désignés par l’organisateur syndicale et payés<br />

par la Caisse Nationale de Garantie.<br />

Un salaire de garantie pour les <strong>dockers</strong>, pour les journées chômées<br />

avec un plafond de 180 vacations par an. Cela changeait avec les<br />

aumônes distribuées par la ville dans les pério<strong>des</strong> de chômage.<br />

La loi de 6 septembre 1947 conforta la carte professionnelle de<br />

l’ouvrier docker dans tous les ports. Cette carte est attribuée<br />

paritairement par les BCMO de chaque port dont les réunions sont<br />

présidées par le directeur du port. L’attribution de cette carte<br />

comporte un certain nombre de critères définis paritairement par les<br />

BCMO<br />

Cette loi rendit prioritaire l’emploi <strong>des</strong> ouvriers <strong>dockers</strong> dans<br />

tous les travaux de manutention de marchandises, chargement au<br />

déchargement <strong>des</strong> navires dans tous les ports. Cette loi améliora<br />

considérablement les conditions d’embauche <strong>des</strong> ouvriers <strong>dockers</strong>. Car<br />

auparavant l’embauche <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> se faisait au pied de la passerelle<br />

<strong>des</strong> navires.<br />

3


Les luttes syndicales qui se sont déroulées sur le port de Bordeaux<br />

depuis la stabilisation de la main-d’œuvre portuaire ont été quasiment<br />

les mêmes dans les autres grands ports français. Il y a similitude<br />

du caractère et de la mentalité <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>, qu’ils soient du nord<br />

ou du sud de la France. Il n’y a que l’accent qui change.<br />

Le renforcement <strong>des</strong> syndicats portuaires contribua au renforcement<br />

de la Fédération Nationale <strong>des</strong> Ports et Docks à laquelle sont<br />

rattachés les syndicats <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>. D’ailleurs sans fausse mo<strong>des</strong>tie<br />

ils en sont les piliers. Les <strong>dockers</strong> sont syndiqués dans tous les<br />

ports de 95 à 100 % à la CGT avec 12 timbres par carte sauf mois de<br />

maladie.<br />

Quelques années après l’apparition de la loi du 6 septembre 1947, les<br />

<strong>dockers</strong> revendiquèrent la création de Comités d’Hygiène et de Sécurité<br />

dans les ports. Cette loi ne s’appliquait pas aux ouvriers <strong>dockers</strong><br />

dû au fait qu’ils étaient travailleurs intermittents à employeurs<br />

multiples.<br />

Après quelques semaines d’actions ils eurent satisfaction. Des Comités<br />

d’Hygiène et de Sécurité furent mis en place dans tous les ports. Ils<br />

sont paritaires. Des ouvriers <strong>dockers</strong> désignés par l’organisation<br />

syndicale sont chargés journellement de veiller à l’hygiène et à la<br />

sécurité de leurs camara<strong>des</strong> de travail. À Bordeaux il y en a deux,<br />

correspondant à l’effectif du port. Ils sont permanents au CHS et<br />

payés par cet organisme. Ils ont pouvoir de décision immédiate pour<br />

faire appliquer la sécurité dans le travail. Par arrêt du travail<br />

du travail <strong>des</strong> équipes <strong>dockers</strong> si nécessaire, si l’hygiène ou la<br />

sécurité ne sont pas respectés.<br />

Les <strong>dockers</strong> par leur force syndicale ont imposé aux patrons portuaires<br />

ces CHS, ce qui a permis d’améliorer les mesures de sécurité sur les<br />

ports, le travail du docker étant un travail dangereux, de diminuer<br />

le risque d’accidents graves.<br />

En 1948 sur le port de Bordeaux au mois d’octobre les<br />

<strong>dockers</strong> se mirent en grève. Cette grève dura 32 jours. Elle<br />

fut très dure. Elle avait pour origine une revendication nationale,<br />

l’augmentation de l’indemnité de garantie.<br />

Les <strong>dockers</strong> de Bordeaux décidèrent, à l’encontre <strong>des</strong> autres ports,<br />

de continuer la grève sur d’autres revendications. Cette grève fut<br />

sauvage et localisée. Elle fut très pénible. Cette grève fut la<br />

conséquence de meneurs irresponsables. De nombreuses défaillances<br />

obligèrent le syndicat à mettre fin à cette grève après une assemblée<br />

générale <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> qui fut très houleuse.<br />

La suite fut douloureuse. Pendant sept mois le préfet fit occuper<br />

le port par les forces de police et les CRS. Les deux secrétaires<br />

du syndicat Martinez André et Frédou Breillac furent interdits de<br />

pénétrer sur le port pendant cette période. Ils faisaient les prises<br />

de parole en dehors du port à la débauche.<br />

4


Cette situation réglée après beaucoup de démarches, réunions, actions<br />

<strong>des</strong> <strong>dockers</strong>, les secrétaires de nouveau sur le port repartirent à la<br />

reconquête <strong>des</strong> adhérents perdus.<br />

La suite de cette grève fut néfaste pour le syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> de<br />

Bordeaux. Les patrons en profitèrent.<br />

Plusieurs syndicats se créèrent sur le port, FO, CFTC, indépendants,<br />

autonomes qui ne représentaient qu’un petit groupuscule de <strong>dockers</strong><br />

à eux quatre. Mais ils contribuèrent à semer la division chez<br />

les <strong>dockers</strong>. Le syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> CGT perdit la moitié de ses<br />

adhérents.<br />

Le travail <strong>des</strong> secrétaires du syndicat, <strong>des</strong> délégués et <strong>des</strong> <strong>dockers</strong><br />

restés fidèles à la CGT firent qu’une partie <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> perdus<br />

rejoignit leur organisation syndicale d’origine.<br />

Dans les années suivantes le bureau syndical se renforça.<br />

En plus <strong>des</strong> deux secrétaires Martinez et Frédou, la venue de nouveaux<br />

militants, en particulier de Gabas Émile, qui par la suite devint<br />

secrétaire général du syndicat et secrétaire non permanent de la<br />

fédération <strong>des</strong> Ports et Docks fit que l’action s’intensifia sur<br />

le port contre les patrons. Avec le camarade Gabas Émile à la<br />

pointe du combat, elle prit une nouvelle dimension syndicale. Avec<br />

son autorité, ses qualités de militant, son caractère entier, il<br />

contribua efficacement avec l’ensemble du conseil syndical à la<br />

disparition de ces organisations syndicales fantômes plus ou moins<br />

à la solde <strong>des</strong> patrons.<br />

Les <strong>dockers</strong> du port de Bordeaux retrouvèrent dans les années qui<br />

suivirent la grève de 1948, leur unité au sein de leur organisation<br />

syndicale CGT.<br />

La grève de 1948 dont les <strong>dockers</strong> de Bordeaux firent la triste<br />

expérience, servit par la suite aux luttes futures. Jamais plus ils<br />

ne se lancèrent dans une grève illimitée. La tactique <strong>des</strong> luttes<br />

s’affina aussi bien sur le plan local que sur le plan national.<br />

Pendant la triste période de la guerre d’Indochine et après de la<br />

guerre d’Algérie, les <strong>dockers</strong> de Bordeaux œuvrèrent pour la paix.<br />

Les arrêts de travail étaient fréquents sur le port pour exiger du<br />

gouvernement français la fin de la guerre d’Indochine.<br />

Ils participèrent à toutes les manifestations pour la paix organisées<br />

par l’UD. La plupart refusèrent d’embarquer <strong>des</strong> armes sur les navires<br />

à <strong>des</strong>tination de l’Indochine. Les heurts avec les forces de police<br />

furent fréquents sur le port.<br />

Pour la guerre d’Algérie <strong>des</strong> problèmes de conscience se posèrent du<br />

fait que <strong>des</strong> fils, <strong>des</strong> parents de <strong>dockers</strong>, appelés pour faire leur<br />

service militaire étaient dans cette guerre en Algérie comme tous<br />

les appelés à cette époque.<br />

Bien qu’ayant une position ferme pour la paix et l’indépendance de<br />

5


l’Algérie, <strong>des</strong> grèves pour l’indépendance et la paix étaient souvent<br />

faites sur le port, le syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> à la suite d’une assemblée<br />

générale <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> ne donna aucune consigne pour l’embarquement du<br />

matériel à <strong>des</strong>tination de ce pays, il laissa ce choix à la conscience<br />

de chacun.<br />

À partir <strong>des</strong> années soixante, à la faveur <strong>des</strong> navires américains qui<br />

transportaient de l’armement pour les camps stationnés en France, <strong>des</strong><br />

nervis, à la solde <strong>des</strong> patrons et <strong>des</strong> pouvoirs publics, s’implantèrent<br />

sur le port et créèrent un syndicat autonome.<br />

Ils n’avaient qu’un but, téléguidés par certains patrons et les<br />

pouvoirs publics, c’était de combattre la CGT. Combattre le syndicat<br />

<strong>des</strong> <strong>dockers</strong> CGT de le faire disparaître du port. Car il était trop<br />

puissant et trop gênant pour les hommes de la droite pour les<br />

patrons.<br />

Ces nervis employèrent souvent la violence pour arriver à leur but.<br />

Ils frappèrent <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>, <strong>des</strong> délégués, avec la bienveillance de<br />

la police du port qui avait <strong>des</strong> ordres de pouvoirs publics de ne pas<br />

intervenir. Mais ces nervis eurent aussi dans la violence le revers<br />

de la médaille de la part <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>.<br />

La fermeté du syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>, l’attachement <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> à leur<br />

organisation syndicale, à leur unité, les luttes qu’ils menèrent,<br />

firent que ces nervis furent définitivement éliminés du port au<br />

grand dam de patrons et de la droite et on n’entendit plus parler du<br />

syndicat autonome.<br />

À partir de là le syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> devint plus fort que jamais.<br />

Depuis ces années mémorables les ouvriers <strong>dockers</strong> sont syndiqués à<br />

plus de 95 % à la CGT avec douze timbres par carte.<br />

En 1964 les <strong>dockers</strong> ont obtenu la création d’une commission<br />

de litiges dans les ports. Cela a permis de diminuer très<br />

sensiblement le nombre <strong>des</strong> conflits locaux. Tenant compte de la<br />

diversité du travail <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>. De la diversité <strong>des</strong> marchandises<br />

chargées ou déchargées <strong>des</strong> navires, les conflits locaux étaient<br />

fréquents. Les revendications sont journalières et permanentes.<br />

Grâce à leur force syndicale les <strong>dockers</strong> ont obtenu dans tous les<br />

ports, à partir de 1964, <strong>des</strong> délégués aux litiges dans le cadre d’une<br />

commission paritaire de litiges. Ces délégués aux litiges désignés<br />

par le syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> interviennent immédiatement sitôt qu’un<br />

litige se crée sur le port et le règlent avec l’accord <strong>des</strong> <strong>dockers</strong><br />

et de l’employeur en présence de son représentant. Ce qui permet<br />

dans la majorité <strong>des</strong> cas avec le même résultat pour les <strong>dockers</strong> qui<br />

ont revendiqué d’éviter d’en arriver au conflit. À Bordeaux il y a<br />

deux délégués aux litiges. Ils sont <strong>dockers</strong> permanents payés par la<br />

caisse de la commission <strong>des</strong> litiges.<br />

Quand la commission <strong>des</strong> litiges composée <strong>des</strong> deux délégués <strong>dockers</strong><br />

6


et du représentant patronal ne peut régler le litige, la commission<br />

paritaire locale se réunit pour essayer de le régler avant d’en<br />

arriver au conflit.<br />

En 1968-1974-1981 les <strong>dockers</strong> sur le plan national obtinrent<br />

la réduction du temps de travail qui se concrétise dans les<br />

ports par <strong>des</strong> heures de repos compensateurs payées. Les horaires<br />

de travail pour les <strong>dockers</strong> dans chaque port sont appliqués après<br />

avoir été discutés entre le syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>, les patrons et le<br />

Directeur du Port.<br />

En ce qui concerne le port de Bordeaux les horaires de travail pour<br />

les <strong>dockers</strong> sont de 8 h 40 par jour et de 7 h 40 par shift ou journée<br />

continue.<br />

Les <strong>dockers</strong> bénéficient pour cet horaire de 1 h 10 de repos compensateurs<br />

par jour de travail. Ces heures de repos compensateurs sont capitalisées<br />

du 1er janvier de chaque année au 31 décembre. Le total de ces heures<br />

donne par exemple pour 180 jours de travail dans l’année : 1 h 10*180<br />

= 210 heures.<br />

Ces 210 heures sont divisées par 8 heures ce qui donne 26 jours<br />

jours de repos compensateurs. Ces jours de repos compensateurs sont<br />

rémunérés sur la base de 8 heures sur le salaire moyen du docker<br />

primes comprises. Ces repos compensateurs sont pris par les <strong>dockers</strong><br />

dans la période du mois de janvier au mois de mai de chaque année.<br />

Les progrès techniques ont bouleversé les moyens de manutention dans<br />

les ports français et étrangers. Pour faire face à cette modernisation,<br />

à cette évolution du progrès technique, les <strong>dockers</strong> français après<br />

plusieurs conflits ont obtenu la formation professionnelle continue.<br />

Accord du 21 mai 1974.<br />

Un organisme paritaire (C.O.P.A.M.A.L.I.) a été mis en place sur le<br />

pan national qui est chargé de cette formation professionnelle. Il a<br />

pour tâche de répartir le financement de la formation professionnelle<br />

dans chaque port, selon les besoins. De veiller à ce que cette<br />

formation soit effectivement faite.<br />

Dans chaque grand port français la formation professionnelle est<br />

faite par <strong>des</strong> moniteurs <strong>dockers</strong> qui ont suivi <strong>des</strong> stages de haut<br />

niveau dans <strong>des</strong> organismes officiels I.F.T.I.M. etc.<br />

Ces moniteurs <strong>dockers</strong>, à Bordeaux il y en a deux, sont chargés de<br />

former leurs camara<strong>des</strong> à la conduite de tous les nouveaux engins de<br />

manutention, à la technique de tous les moyens modernes de manutention<br />

sur le port.<br />

L’accord sur la formation professionnelle a permis aux <strong>dockers</strong> de<br />

déjouer les manœuvres patronales.<br />

Les patrons sous prétexte que les <strong>dockers</strong> n’étaient pas qualifiés<br />

pour conduire <strong>des</strong> engins de manutention perfectionnés, voulaient<br />

7


mettre du personnel à eux en excluant les <strong>dockers</strong>. Pour eux les<br />

<strong>dockers</strong> étaient réservés à <strong>des</strong> tâches plus manuelles comme le portage<br />

à dos <strong>des</strong> sacs.<br />

C’est-à-dire qu’à moyen terme c’était l’élimination <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> dans<br />

les ports, car avec les progrès techniques dans les prochaines années,<br />

le travail manuel de manutention <strong>des</strong> marchandises aura pratiquement<br />

disparu.<br />

Cette formation continue permet aux ouvriers <strong>dockers</strong> de s’adapter à<br />

l’évolution du progrès dans leurs ports, et par de même de préserver<br />

leur emploi.<br />

Ils ont fait la démonstration au patronat portuaire qu’en tant que<br />

travailleurs responsables attachés à leur port, ils étaient capables<br />

de s’adapter à toutes les nouvelles techniques de manutention.<br />

Les frais de stages de formation, les journées <strong>des</strong> stagiaires et<br />

les deux moniteurs sont pris en compte par l’organisme paritaire<br />

C.O.P.A.M.A.L.I. financé par les patrons dans le cadre de la formation<br />

professionnelle.<br />

Les deux contrôleurs d’embauche ouvriers, les deux délégués au CHS,<br />

les deux délégués aux litiges, les deux moniteurs de la formation<br />

professionnelle sont désignés par le syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> et sont<br />

tous membres du bureau ou du conseil syndical comme dans tous les<br />

ports.<br />

Avant de terminer ce résumé de l’activité du syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> CGT<br />

du port de Bordeaux voici la récapitulation <strong>des</strong> principaux acquis<br />

obtenus par la lutte <strong>des</strong> ouvriers <strong>dockers</strong>.<br />

1928 : Reconnaissance par les patrons portuaires du droit<br />

syndical, du syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> du port de Bordeaux, <strong>des</strong><br />

délégués syndicaux<br />

1934 : 1re Convention Collective locale et première carte<br />

professionnelle de l’ouvrier docker à Bordeaux<br />

1936 : Application à Bordeaux sur le port pour les ouvriers<br />

<strong>dockers</strong> de la loi <strong>des</strong> 40 heures par semaine. Amélioration de la<br />

Convention Collective. Confirmation du droit syndical.<br />

1947 : Loi du 6 septembre 1947 instituant le statut de l’ouvrier<br />

docker. Carte professionnelle. Création de postes d’embauche<br />

dans les ports. Salaire de garantie pour les jours d’inemploi.<br />

1952 : Création de Comités d’Hygiène et de Sécurité dans tous<br />

les ports pour les ouvriers <strong>dockers</strong>.<br />

1964 : Création de commissions de litiges dans les ports.<br />

1968 : Accord sur la réduction du temps de travail (repos<br />

compensateurs rémunérés).<br />

1974 : Accord sur l’indemnisation <strong>des</strong> journées de maladie. Capital<br />

décès, invalidité.<br />

8


1975 : Accord sur le point de retraite complémentaire. La<br />

cotisation passe de 4 à 8 %, ce qui double le nombre annuel de<br />

points de retraite complémentaire.<br />

1974 : Accord sur la formation professionnelle continue dans les<br />

ports pour les ouvriers <strong>dockers</strong>.<br />

1982 : Accord sur la possibilité <strong>des</strong> ouvriers <strong>dockers</strong> de partir<br />

en préretraite à partir de 55 ans. Cet accord était valable pour<br />

deux ans renouvelables.<br />

Voilà les principaux acquis <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>, obtenus par les luttes<br />

locales ou nationales. Il n’y a pas tout. Car ce n’est pas dans un<br />

résumé qu’on peut mettre la totalité de l’activité du syndicat <strong>des</strong><br />

<strong>dockers</strong> du Port de Bordeaux depuis le début du siècle, il faudrait<br />

plus qu’un résumé.<br />

Les <strong>dockers</strong> du port de Bordeaux comme dans les autres ports ont<br />

compris depuis longtemps que le pluralisme syndical est la division<br />

<strong>des</strong> travailleurs. Ils en ont pour l’exemple tous les jours dans les<br />

entreprises où il y a plusieurs syndicats. Ils savent que le patronat<br />

n’a pas oublié la devise <strong>des</strong> rois, « Diviser pour régner » qu’il a<br />

prise à son compte.<br />

C’est pour cette raison que les <strong>dockers</strong> n’ont qu’un syndicat, la CGT.<br />

C’est ce qui fait leur force. La démocratie est appliquée dans leur<br />

syndicat de façon concrète. Les assemblées générales <strong>des</strong> ouvriers<br />

<strong>dockers</strong> sont là pour le démontrer. Dans leurs assemblées générales,<br />

les <strong>dockers</strong> s’expriment librement avec un esprit critique. Dans ces<br />

assemblées générales sont prises après avoir été sanctionnées par un<br />

vote, toutes les décisions importantes concernant la marche du syndicat<br />

et la défense <strong>des</strong> intérêts <strong>des</strong> <strong>dockers</strong>. Toutes les propositions dans<br />

ces assemblées pour qu’elles soient acceptées doivent être votées et<br />

adoptées à la majorité. Les <strong>dockers</strong> respectent à la lettre le vote à<br />

la majorité et les décisions ou propositions qui en découlent.<br />

Les secrétaires du syndicat, les membres du Bureau et du Conseil<br />

syndical, l’ensemble <strong>des</strong> délégués syndicaux sont élus au cours d’une<br />

assemblée générale de fin d’année.<br />

Les responsables syndicaux, secrétaires et délégués sont tous les<br />

jours sur le port en contact avec leurs camara<strong>des</strong> de travail.<br />

Depuis une vingtaine d’années, les principales revendications <strong>des</strong><br />

<strong>dockers</strong> dans les ports se rejoignent. De ce fait elles se posent et<br />

se discutent en commission paritaire nationale avec les représentants<br />

patronaux de l’UNIM (Union Nationale <strong>des</strong> Industries Maritimes) et la<br />

Fédération Nationale <strong>des</strong> Ports et <strong>des</strong> Docks CGT.<br />

Cela donne un impact national à ces revendications. Si les actions<br />

n’engagent pour les faire aboutir, c’est tous les <strong>dockers</strong> <strong>des</strong> ports<br />

français qui entrent dans la lutte à l’appel de la Fédération<br />

Nationale <strong>des</strong> Ports et <strong>des</strong> Docks par l’intermédiaire <strong>des</strong> syndicats<br />

<strong>des</strong> <strong>dockers</strong>.<br />

9


Du fait que les <strong>dockers</strong> sont syndiqués de 95 à 100 % dans les ports et<br />

qu’il n’y a qu’un seul syndicat les actions sont suivies à 100 %.<br />

L’expérience du passé fait que dans les ports les <strong>dockers</strong> ont<br />

amélioré la tactique <strong>des</strong> luttes. Ils ont eu à mener nationalement <strong>des</strong><br />

actions concrétisées par <strong>des</strong> arrêts de travail d’une heure, de deux<br />

heures, de 24 ou 48 heures. Certaines actions ont duré plusieurs mois<br />

dont une 9 mois, sans que les <strong>dockers</strong> y laissent <strong>des</strong> plumes. Ils ont<br />

obtenu satisfaction sur les revendications posées.<br />

Les plus gran<strong>des</strong> luttes, les plus dures aussi, ont été menées par les<br />

<strong>dockers</strong> du port de Bordeaux quand ils étaient seuls dans l’action.<br />

En plus <strong>des</strong> grèves qu’ils firent, ils eurent à subir dans les années<br />

cinquante un lock-out patronal qui dura 57 jours.<br />

L’accord sur la préretraite à 55 ans fit qu’au port de Bordeaux les<br />

secrétaires, la presque totalité <strong>des</strong> dirigeants syndicaux partirent<br />

vers la fin de 1982 en préretraite.<br />

Il fallut mettre en place la relève syndicale.<br />

Ce qui fut fait au cours de l’assemblée générale <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> le<br />

5 janvier 1983.<br />

Des plus jeunes prirent la relève à cette assemblée après avoir été<br />

élus. Immédiatement ils prirent la succession de leurs aînés et<br />

l’activité syndicale continua sur le port, les nouveaux secrétaires<br />

prenant exemple sur les anciens, mais apportant eux-mêmes <strong>des</strong> idées<br />

nouvelles à l’activité syndicale, comme l’avaient fait leurs aînés.<br />

Ce qui permet au syndicat de ne pas rester figé, mais au contraire<br />

d’évoluer dans la bataille <strong>des</strong> idées, dans l’orientation syndicale,<br />

dans la tactique <strong>des</strong> luttes.<br />

Malheureusement un point noir dans ce résumé, c’est la situation<br />

économique du port de Bordeaux, c’est son activité depuis un bon<br />

nombre d’années.<br />

La modernisation du conditionnement <strong>des</strong> marchandises, le progrès<br />

technique <strong>des</strong> moyens de manutention, les conteneurs ont fait que sur les<br />

navires les effectifs de <strong>dockers</strong> ont été réduits considérablement dans<br />

les équipes de bord et de terre, dans le relevage <strong>des</strong> marchandises.<br />

Cette réduction <strong>des</strong> effectifs <strong>dockers</strong> dans les équipes a touché tous<br />

les ports de France et du monde.<br />

C’est l’évolution du progrès technique.<br />

En ce qui concerne les grands ports français, tous les ports sauf<br />

Bordeaux ont pu néanmoins conserver leur effectif total et même dans<br />

certains ports l’augmenter et ce depuis une quinzaine d’années.<br />

C’est que dans ces ports la modernisation de l’outillage portuaire,<br />

l’agrandissement <strong>des</strong> structures du port, la prospection de trafics<br />

nouveaux ont fait qu’ils ont compensé l’évolution du progrès technique<br />

par un accroissement régulier de leurs trafics traditionnels et par<br />

l’apport de trafics nouveaux.<br />

10


En ce qui concerne le port de Bordeaux depuis une quinzaine d’années,<br />

la situation économique du département de la région s’est dégradée<br />

d’année en année. La fermeture d’entreprises, le manque de structures<br />

industrielles ont porté un préjudice considérable à l’activité du<br />

port de Bordeaux.<br />

Le laxisme <strong>des</strong> pouvoirs publics, <strong>des</strong> hommes politiques de droite, <strong>des</strong><br />

autorités de tutelle et <strong>des</strong> patrons ont contribué à la dégradation<br />

de la situation économique du port et de son activité.<br />

La conséquence de cette dégradation c’est que l’effectif <strong>des</strong> <strong>dockers</strong><br />

à l’inverse <strong>des</strong> autres ports a diminué considérablement.<br />

En 1970 l’effectif docker du port était de 1200 <strong>dockers</strong>.<br />

En 1985 il est de 456 <strong>dockers</strong>.<br />

C’est le seul port en France qui ait subi une baisse aussi importante<br />

<strong>des</strong> effectifs <strong>dockers</strong>.<br />

Malgré les interventions au conseil d’administration du port du<br />

représentant <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> concernant la situation économique du<br />

port, malgré les critiques auprès <strong>des</strong> administrateurs représentants<br />

politiques, d’état, patronaux et direction du port, la situation du<br />

port a continué à se dégrader.<br />

La lutte <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> pour défendre leur outil de travail n’a pas pu<br />

faire évoluer les positions <strong>des</strong> responsables de cet état de fait. À<br />

croire que c’est voulu.<br />

Les effectifs <strong>dockers</strong> ont été réduits considérablement, cette<br />

réduction s’étant faite par extinction du fait qu’il n’y a pas de<br />

licenciement dans notre profession.<br />

Les patrons, les pouvoirs publics n’ont jamais eu de cesse pour faire<br />

abroger le statut du docker.<br />

Les attaques patronales et gouvernementales ont été nombreuses, les<br />

ripostes <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> aussi. Les luttes que les <strong>dockers</strong> ont eu à mener<br />

simplement pour la défense de leur statut, de leur emploi ont été<br />

aussi nombreuses que pour leurs revendications. Suite aux directives<br />

de la Fédération Nationale <strong>des</strong> Ports et Docks, du syndicat <strong>des</strong><br />

<strong>dockers</strong> dans chaque port, la lutte s’engageait à 100 % et les <strong>dockers</strong><br />

faisaient reculer les patrons et les pouvoirs publics.<br />

Même à l’heure actuelle, les attaques <strong>des</strong> pouvoirs publics contre<br />

le statut du docker continuent. À chaque fois les <strong>dockers</strong> avec leur<br />

organisation syndicale CGT ripostent.<br />

Certains bien-pensants dans ce gouvernement voudraient que dans les<br />

ports il y ait une main-d’œuvre comme il en existe dans certains pays<br />

d’Europe où les patrons et le gouvernement ont réussi à faire <strong>des</strong><br />

<strong>dockers</strong> <strong>des</strong> travailleurs dociles et sans identité ayant perdu leur<br />

combativité. Il n’y a qu’à lire le projet du secrétaire d’État à la<br />

Mer « La mer retrouvée » pour en être convaincu.<br />

11


Considérations générales et commentaires<br />

Partis pratiquement de zéro ceux que l’on appelait <strong>des</strong> débardeurs<br />

au début du siècle, qui étaient <strong>des</strong> travailleurs sans droits, sont<br />

devenus, grâce à l’action syndicale, une profession organisée et<br />

respectée.<br />

La situation <strong>des</strong> <strong>dockers</strong> d’aujourd’hui comparée à celle du début<br />

du siècle représente de fait une véritable révolution sociale. Cela<br />

a été laborieux. Il a fallu que les militants s’accrochent avec<br />

vigueur, surtout pour garder les adhérents. Qu’ils fluctuent entre les<br />

actions, les grèves. Car si la grève était victorieuse les adhérents<br />

venaient en masse au syndicat, mais si la grève était perdue c’était<br />

la baisse <strong>des</strong> adhérents. Sans compter toutes les attaques patronales<br />

qu’eurent à subir les responsables syndicaux.<br />

Oui si les <strong>dockers</strong> aujourd’hui sont <strong>des</strong> travailleurs comme<br />

devraient être tous les travailleurs avec <strong>des</strong> salaires décents, une<br />

qualification professionnelle qui leur permet de s’adapter à leur<br />

travail en constante évolution, une protection sociale améliorée,<br />

<strong>des</strong> conditions de travail où le maximum est fait pour empêcher les<br />

risques d’accidents, la stabilité de l’emploi car chez les <strong>dockers</strong><br />

il n’y a pas de licenciement sauf faute grave, c’est grâce à l’action<br />

syndicale.<br />

C’est d’avoir su rester unis, c’est d’avoir choisi depuis le début<br />

du siècle l’organisation la plus responsable, la plus près <strong>des</strong><br />

travailleurs, la CGT.<br />

Tous les membres du conseil syndical, tous les délégués ont œuvré<br />

en militants responsables à <strong>des</strong> degrés divers à l’activité de<br />

l’organisation syndicale depuis ses origines.<br />

Voici les noms et les dates <strong>des</strong> secrétaires du syndicat <strong>des</strong> <strong>dockers</strong><br />

en poste depuis 1930 :<br />

1930 à 1964 : Martinez André 86 retraité. Décédé<br />

1931 à 1966 : Frédou Breillac décédé<br />

1958 à 1982 : Gabas Émile pré-retraité. Décédé<br />

1964 à 1982 : <strong>Gurrea</strong> Angel pré-retraité<br />

1964 à 1982 : Phélipot Louis pré-retraité. Décédé<br />

À partir de 1983 : Dieu Jacky retraité<br />

À partir de 1983 : Abbal Christian (1983-1986) secrétaire général<br />

adjoint pré-retraité<br />

À partir de 1992 : Monseigne Alain pré-retraité<br />

À partir de 2003 : Garcia Yves pré-retraité<br />

À partir de 2005 : Jean-François Blanco en activité<br />

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En 1992 le gouvernement socialiste a supprimé la loi spécifique sur<br />

le statut <strong>des</strong> ouvriers Dockers. Loi du 6 septembre 1947<br />

Les députés communistes ont voté contre la suppression de cette loi<br />

qui régissait les <strong>dockers</strong> de France en leur donnant une identité<br />

professionnelle. La suppression de cette loi a eu pour conséquence la<br />

réduction <strong>des</strong> effectifs avec une diminution de 8 000 emplois <strong>dockers</strong><br />

dans l’ensemble <strong>des</strong> ports français.<br />

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