Revue belge de numismatique et de sigillographie
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38 VICTOR TOURNEUR. 1<br />
L'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Stephen van Herwijck <strong>et</strong> du médailleur STE.H.<br />
est prouvée non seulement par les qualifications <strong>de</strong> portraitiste<br />
en médailles <strong>et</strong> <strong>de</strong> médailleur qu'il se donne lui-même, mais<br />
par un détail <strong>de</strong>s requêtes : il s'était déjà rendu en Angl<strong>et</strong>erre,<br />
puisqu'il y avait commencé <strong>de</strong>s travaux, <strong>et</strong> nous avons vu que<br />
STE.H. avait séjourné dans ce pays en 1562-1563.<br />
C'est encore en Angl<strong>et</strong>erre qu'il s'est transporté après son<br />
départ d'Anvers. Or, les nombreux documents d'archives du<br />
règne d'Elisab<strong>et</strong>h qui ont été publiés en Angl<strong>et</strong>erre sont mu<strong>et</strong>s<br />
à son suj<strong>et</strong>. Il <strong>de</strong>vait cependant être chargé <strong>de</strong> travaux impor-<br />
tants, puisqu'ils <strong>de</strong>vaient durer trois ans. Ces travaux <strong>de</strong>vaient<br />
être <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> sculpture. Il semble donc que notre artiste<br />
ne les ait pas exécutés, sinon on en r<strong>et</strong>rouverait mention dans<br />
les archives (i). On est donc amené à croire que Steven van<br />
Herwijck a péri peut-être dans la traversée <strong>de</strong> la Manche, puisqu'on<br />
ne connaît même plus aucune médaille <strong>de</strong> lui postérieurement<br />
à 1564.<br />
* *<br />
Bien que les documents d'arcJiives qui ont été r<strong>et</strong>rouvés<br />
soient formels, ils ne nous fournissent pas beaucoup <strong>de</strong> détails<br />
(i) On peut aussi se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s'il est bien exact que Steven van Her-<br />
wijck dût partir pour le compte <strong>de</strong> la Reine d'Angl<strong>et</strong>erre. Qu'il eût l'in-<br />
tention <strong>de</strong> se rendre en Angl<strong>et</strong>erre, cela est fort naturel puisqu'il y avait<br />
déjà séjourné avec profit. Mais était-il bien engagé pour le compte <strong>de</strong> la<br />
souveraine, c'est ce que le silence <strong>de</strong>s archives anglaises nous porte à<br />
m<strong>et</strong>tre en doute.<br />
En eff<strong>et</strong>, il y a dans la secon<strong>de</strong> supplique <strong>de</strong> Steven van Herwijck un<br />
passage qui éveille le scepticisme: le mag'strat d'Anvers lui avait réclam.é<br />
<strong>de</strong>s pièces établissant qu'il était engagé au service <strong>de</strong> la Reine. Or, l'artiste<br />
répond qu' (( il n'y a (à Anvers), personne qui sache en parler ».<br />
n y avait cependant à Anvers à c<strong>et</strong>te époque un représentant anglais;<br />
si ddnc l'enga.gement avait été fait verbalement par l'intermédiaire 'e<br />
celui-ci, van Herwijck pouvait lui réclamer une attestation ; si l'engagement<br />
avait été conclu par co^rrespondance venue d'Angl<strong>et</strong>erre, il pouvait<br />
produire les pièces.<br />
Or, il déclare tout simplement ne rien pouvoir prouver, en invoquant<br />
un prétexte qui n'en est pas un: « que l'on gar<strong>de</strong> le secr<strong>et</strong> sur <strong>de</strong> semblables<br />
œuvres jusqu'à ce qu'elles soient terminées » !<br />
Vu ces considérations, je pense que Steven van Herwijck voulait r<strong>et</strong>ourner<br />
en Angl<strong>et</strong>erre pour son compte personnel, <strong>et</strong> qu'il a mis gratuitement<br />
en avant la reine d'Angl<strong>et</strong>erre en nourrissant le vain espoir d impressionner<br />
le magistrat d'Anvers par c<strong>et</strong>te déclaration.