L'unité de la gauche de transformation sociale se renforce, jour ...

N°3354 - Semaine du 26 février au 4 mars 2010
Portraits de campagne
A gauche maintenant! A deux semaines du premier tour des élections régionales,
qui se tiendra le 14 mars prochain, nous poursuivons notre série de portraits
des candidats réunis sur la liste «A gauche maintenant!». Connus ou moins
connus, toutes et tous ont un parcours politique, syndical, social différent, qui
est le reflet de la richesse de la liste. Ce sont, toutes et tous, des femmes et
des hommes de conviction, engagés dans la construction de la gauche de
transformation sociale régionale.
La rédaction
Philippe Galano. « La priorité d’une
région, c’est l'emploi »
ur
des citoyens »
d’arabe au lycée Arago, il persiste dans ses
engagements, notamment dans le combat
contre la casse du service public. Une situation
qu’il dit vivre au quotidien dans l’enseignement.
Avec Coup de soleil, il organise
régulièrement des débats afin de discuter de
discrimination ou encore de ghettoïsation.
L’association a aussi son festival militant,
«Maghreb, si loin, si proche», qui diffuse des
films de cinéastes maghrébins, souvent
controversés. Enfin, la question palestinienne
reste au coeur de ses préoccupations, comme
en témoigne sa participation au Collectif 66
Paix et justice en Palestine.
Ce que voudrait Abdelillah Mniai, c’est «porter
le militantisme au niveau politique». S’il
est passé par le PS ou la LCR, il concentre
aujourd’hui son engagement politique dans
l’association Initiatives citoyennes, qui fait
partie de la Fédération pour une alternative
sociale et écologique (FASE). «Nous devons
réfléchir sur les possibilités que nous avons
de militer pour agir au plus près du citoyen,
et avant tout au niveau local», rappelle-t-il.
Après deux essais infructueux pour les municipales
et les européennes, le rapprochement
avec une liste d’union a, cette fois, été possible
pour les régionales. M. Mniai est,
aujourd’hui, «content d’avoir pu rejoindre la
liste “A gauche maintenant!”, qui tient
compte des revendications de toutes ses formations».
Il espère, comme tous ses colistiers,
barrer la route à Georges Frêche tout en
apportant une alternative sociale au
Languedoc-Roussillon.
Sabrina Lang
La politique régionale, Philippe
connaît! Élu communiste régional dans
la précédente mandature, il résume
ainsi cette expérience: «Des moments
extrêmement douloureux et emplis de
doute, pour répondre aussi à ceux qui
sont parfois sévères avec les élus», et,
en même temps, une période épuisante.
«Je crois qu’être opposant dans
sa propre majorité te fait obligatoirement
travailler plus que tout autre.»
Ancien syndicaliste CGT des
Autoroutes du Sud de la France (ASF),
licencié en 2003 «pour avoir organisé
une manifestation et le blocage d’une
autoroute», condamné à trois mois de
prison avec sursis en dernière instance
-«c’est le tarif pour avoir défendu son
emploi, les retraites, et s’être opposé à
la décentralisation»-, l’élu régional est,
avant tout, un homme de terrain.
Représentant de la Région aux
conseils d’administration de deux
lycées, il n’a ménagé ni son temps, ni
sa peine. Son implication aux côtés des
enseignants, des personnels du lycée
Jean-Lurçat contre la fermetures de
classes, la suppression de postes, pour
l’agrandissement du gymnase, la création
d’une salle de danse, est amplement
reconnue. Il est aux côtés des
personnels du lycée agricole de Théza,
régionales 2010
contre la fermeture du BTSA Technicocommercial
produits alimentaires et
celle du bac pro Viticulture œnologie.
Et que dire de l’implication de cet élu
régional aux côtés des cheminots de
Cerbère, en lutte pour le maintien de
l’atelier de maintenance des rames
voyageurs et contre le transfert du bout
de ligne sur Perpignan?
Philippe est un homme de conviction.
S’il reconnaît que «la politique régionale
est, certes, différente de celle de la
droite», les orientations politiques qu’il
espérait «n’ont pas été au rendezvous.
Nous voulions une politique de
résistance et en rupture avec le libéralisme.
Force est de constater qu’elle n’a
pas eu lieu.» Et d’ajouter: «Les logiques
européennes sont réaffirmées
dans les orientations de la Région,
notamment la stratégie de Lisbonne,
destructrice d’emplois.» Pour la troisième
fois, il n’a donc pas validé le
budget de la Région pour 2010. La
rupture avec la majorité régionale est,
alors, consommée; «il était hors de
question de repartir avec une liste
conduite par Georges Frêche.»
Quoi de plus naturel que de le retrouver
sur la liste «À gauche maintenant!»,
dont l’une des priorités est
l’aménagement du territoire, en lien
avec la gratuité des transports régionaux,
l’équité d’accès aux services
publics comme à l’emploi, alliant à la
fois l’exigence sociale et l’exigence
écologique. Un projet cher à l’élu
régional et pour lequel il est particulièrement
investi. «Je vis cette
période avec beaucoup d’espoir, car
elle peut être historique, dans le sens
où nous pouvons réussir un rassemblement
qui change les choses à gauche.»
Avec lucidité et beaucoup de sincérité,
il nous confie: «C’est un moment exaltant,
teinté de doute, car nous avons
décidé d’un chemin difficile, celui de la
bataille idéologique.»
Michèle Devaux
Photothèque Rouge / Esteban
L’aller-détour
d’Alain Krivine !
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NPA. Au détour d’une tournée des
départements et des régions de
France, à l’occasion des élections
régionales, le leader historique de la
LCR Alain Krivine est venu soutenir la
liste «À gauche maintenant!».
Exclu du Parti communiste français en
1966 par, notamment, un certain Roland
Leroy -avec lequel il tenait une conférence
de presse le 18 février dans l’Hérault-,
Alain Krivine, responsable national du tout
récent NPA, ne pouvait pas faire l’impasse
du Languedoc-Roussillon, seule région de
France à avoir concrétisé cette union tant
demandée par le mouvement social. Une
présence attendue par les militants du
NPA, mais pas qu’eux!
Rassemblés au café de Vienne, avant d’assister,
au Rive gauche, à la projection d’un
documentaire sur la création du NPA, les
colistiers de la liste «À gauche maintenant!»
et Alain Krivine ont répondu aux
questions des journalistes des P-O, vite
entrés dans le vif du sujet. Mais c’est vers
le «chibani» (l'ancien, le sage en arabe)
que toutes les questions convergeaient:
alors, cette unité, dans les luttes comme
dans les urnes, il semblerait que ça se
concrétise? Pour Alain Krivine, la réponse
se trouve dans la particularité du
Languedoc-Roussillon. «Frêche et Sarkozy
ont mis tout le monde d’accord… Les
réformes pleuvent, la crise lamine les
ouvriers, le Smic, les retraites, les services
publics, la réforme des collectivités sont
autant de raisons de se mobiliser. Frêche
ne fait rien sur tous ces sujets; au
contraire, il est même complètement d’accord
avec un grand nombre de réformes
de Nicolas Sarkozy.» Une façon de dire
aussi que l’union réalisée en Languedoc-
Roussillon par toutes les forces de gauche
se réclamant de la transformation sociale
et anticapitaliste est une bonne manière de
répondre aux attaques du gouvernement
et du Medef.
Bavard sur beaucoup de sujets, le
«Commandante» ne s’étend pas sur tout.
Alors, quand on lui parle de regarder audelà
des régionales, en prenant exemple
sur le rassemblement constitué en
Languedoc-Roussillon, Alain Krivine
répond que la gauche anticapitaliste a
besoin de s’unir, qu’elle a un avenir, mais,
pour autant, il semble dire qu’il ne pense
pas qu’il faille brûler les étapes.
Ph. G.