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Premier tour - Le Travailleur Catalan

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L’hebdo communiste des P-O<br />

1,80 - N°3460 - Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

LE TRAVAILLEUR CATALAN<br />

1 er <strong>tour</strong><br />

Analyse P.4<br />

1 er mai<br />

Puissants défilés P.8<br />

Virons Sarko !


2 l’édito<br />

de René Granmont<br />

Premièrement :<br />

virer Sarko<br />

Mardi dernier, à l’occasion du premier mai, ouvriers, fonctionnaires,<br />

chômeurs, précaires, étudiants, retraités, ont exprimé<br />

avec force leur certitude que la solution, la réponse à leurs<br />

aspirations passent par le combat collectif. Face au poison de<br />

la division instillé jour après jour par la droite, de l’extrême à<br />

la « à peine plus fréquentable », le peuple des travailleurs a<br />

renoué avec la résistance, avec la lutte ensemble.<br />

Et que le président sortant ait retrouvé des accents pétainistes<br />

pour s’approprier une journée de lutte pour la réduction<br />

du temps de travail instituée par la IIe Internationale en 1889,<br />

voilà qui en dit long sur les objectifs de Nicolas Sarkozy, sur<br />

jusqu’où il est prêt à aller pour combattre les aspirations populaires.<br />

Voilà qui ne peut qu’inquiéter tout démocrate, tout républicain.<br />

C’est d’ailleurs ce qu’avaient parfaitement compris les<br />

milliers de citoyennes et citoyens qui ont arpenté les rues des<br />

villes et des villages du département.<br />

Mais le président sortant (et, espérons-le, bientôt sorti) a été<br />

plus loin ce mardi au Trocadéro, en ordonnant aux syndicats<br />

« Posez vos drapeaux rouges et servez la France ». On pourrait<br />

répondre avec ironie que la peur du rouge est une affaire de<br />

bêtes à cornes. Mais cette injonction est trop sérieuse et en<br />

dit long sur ce qui attend le monde des salariés, le peuple, si<br />

Nicolas Sarkozy revenait pour cinq ans : dans « sa » France,<br />

on obéit et on se couche…<br />

Il est donc évident que battre ce personnage qui « extrême<br />

droitise » son discours chaque jour un peu plus, c’est faire<br />

œuvre de salubrité publique pour la République et pour le<br />

pays.<br />

Utiliser le bulletin François Hollande pour virer Nicolas<br />

Sarkozy, voilà quelle est la première urgence.<br />

Cela ne signifie en rien donner un blanc-seing à qui que ce<br />

soit. Car la plupart des manifestants du 1er mai avaient bien<br />

conscience que ce sera leur rassemblement, que ce seront<br />

leurs luttes qui imposeront les changements qu’ils espèrent.<br />

Et que ce sera un point d’appui important que d’avoir à l’Assemblée<br />

nationale des députés dont le bras ne tremble pas quand<br />

il s’agit de s’opposer aux marchés financiers, aux banques,<br />

aux grandes fortunes. Quand il s’agit d’augmenter le Smic et<br />

les salaires, de rétablir la retraite à 60 ans, de s’opposer aux<br />

destructions d’emplois, … Que ce sera donc un point d’appui<br />

important d’avoir un fort groupe Front de gauche au parlement<br />

pour poursuivre ce qu’à fait germer ce premier mai.<br />

politique<br />

J. Irles vers la droite populiste<br />

La députée sortante de la 4 e circonscription<br />

craint sans doute de ne pas retrouver<br />

son siège après les législatives. <strong>Le</strong> résultat<br />

de la présidentielle dans le département a<br />

montré que le Front National a, encore plus<br />

qu’ailleurs, siphonné les voix de l’UMP. Dans<br />

sa propre commune, Villeneuve-de-la-Raho,<br />

la gauche devance la droite. Voilà pourquoi,<br />

à l’image de son chef Sarkozy, elle trouve désormais<br />

toutes les vertus au Front National<br />

et à ses idées nauséabondes. Jacqueline Irles<br />

ne veut ou ne peut franchir le cap et intégrer<br />

directement le parti de <strong>Le</strong> Pen, mais elle<br />

vient d’adhérer à la Droite populaire, ou peut<br />

être devrait-on dire populiste, dont un autre<br />

député des P.-O. est un des principaux membres.<br />

Chacun aura reconnu Daniel Mach qui<br />

chasse au bazooka sur les terres marécageuses<br />

du FN. Entre cette droite-là, où presque<br />

tout le monde à l’UMP a basculé, et l’extrême<br />

droite il y a une feuille de papier à cigarette.<br />

Raison de plus pour renvoyer Sarkozy à ses<br />

chères études avec pour l’accompagner les 3<br />

députés UMP des P.-O.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Travailleur</strong> <strong>Catalan</strong><br />

N°3460<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

LU - VU - ENTENDU<br />

José Puig, le plus socialiste<br />

des électeurs de Bayrou<br />

<strong>Le</strong> maire de Claira est un centriste (ex<br />

UDF) et actuellement Modem, ce qui<br />

ne l’a pas empêché de se faire élire au<br />

Conseil Général avec le Parti Socialiste<br />

contre l’UMP. Il est question qu’il soit le<br />

candidat de François Bayrou dans la 2 e<br />

circonscription des P.-O. où se trouve<br />

la commune dont il est le premier magistrat.<br />

Si ce dernier briguait la députation,<br />

il le ferait sans doute dans le but<br />

d’affaiblir l’UMP. Mais avec l’étiquette<br />

qui lui colle désormais à la peau, il n’est<br />

pas du tout sûr que ce ne soit pas la<br />

candidate socialiste qui finalement soit<br />

pénalisée par la présence de José Puig.<br />

La question est la suivante : qui donnera<br />

le feu vert au maire de Claira pour<br />

présenter sa candidature, le Modem ou<br />

le PS ?<br />

Bourquin inaugure<br />

une rame Train Express Régional<br />

Beaucoup de cheminots s’étaient donné rendezvous<br />

à Cerbère vendredi 27 avril. D’abord pour<br />

manifester leur volonté de conserver le petit train<br />

jaune et le site de Cerbère pour le fret et les voyageurs,<br />

devant le président de la Région et le responsable<br />

régional de la SNCF, puis pour souhaiter<br />

une bonne retraite à leur dirigeant syndical CGT,<br />

Georges Gauby. <strong>Le</strong>s travailleurs du rail ont bien entendu<br />

Christian Bourquin et ses bonnes intentions,<br />

sur le site de Cerbère, sur le train à 1 et sur le<br />

financement d’un tiers du coût de la mise aux normes<br />

du « Canari » (40 millions sur 120 millions).<br />

<strong>Le</strong>s agents SNCF souhaitent, quant à eux, que Cerbère<br />

reste le bout de ligne, que la ligne de la Côte<br />

Vermeille soit mieux utilisée, que celle du Boulou-<br />

Elne-Perpignan soit réouverte aux voyageurs, que<br />

la régionalisation soit inversée (financement par<br />

l’Etat, décision par les régions), que la SNCF ne<br />

devienne pas une holding mais demeure une entreprise<br />

nationale, que celle-ci reprenne la main sur<br />

le fret avec le re<strong>tour</strong> du wagon isolé, que la libéralisation<br />

du transport voyageur prévue pour janvier<br />

2013 soit annulée. Pas sûr que les cheminots aient<br />

reçu les réponses à ces questions.<br />

Jacques Cresta contre vents et marées<br />

Chacun en politique essaye de se faire un nom. <strong>Le</strong> secrétaire départemental<br />

du PS a bien mal choisi le moment et la méthode pour<br />

le faire. En avançant son nom, contre vents et marées, pour la<br />

candidature aux législatives dans la 1 ère circonscription des P.-O.,<br />

sans doute la plus dangereuse pour la gauche, Jacques Cresta<br />

met en colère beaucoup de socialistes du département, plus lucides<br />

que lui sur la question, mais aussi une majorité d’électeurs<br />

du Front de gauche, alors que l’heure est à rassembler toute la<br />

gauche pour battre Nicolas Sarkozy le 6 mai. Comment ne pas<br />

s’interroger sur l’attitude du secrétaire départemental du PS à ce<br />

moment crucial, alors que sur le site même du PS national, la<br />

1 ère circonscription apparaît comme « réservée aux partenaires »<br />

(sur les trois autres circonscriptions, les candidats(es) socialistes<br />

sont nommés). Par ailleurs tout le monde sait que le 23 avril<br />

les discussions ont repris entre forces de gauche pour décider de<br />

candidatures uniques face au danger d’élimination de la gauche<br />

dès le premier <strong>tour</strong> des législatives et que, dans ce cadre, le Front<br />

de gauche fait de la 1 ère circonscription, avec ses candidats Jean<br />

Vila et Nicole Gaspon, une priorité absolue.<br />

44 av. de Prades - 66000 Perpignan<br />

Tél. 04 68 67 00 88 - Fax 04 68 67 56 14<br />

Courriel : letravailleurcatalan@wanadoo.fr<br />

Site internet : www.letc.fr<br />

Commission Paritaire N° 0414 C 84 621<br />

N° ISSN 1279-2039<br />

Gérant : Christian Diéguez<br />

Impression : Imprimerie Salvador<br />

Directeur de publication :<br />

33 bd.d’Archimède - 66200 Elne (France)<br />

René Granmont<br />

Webmaster : Christian Diéguez<br />

Maquette : <strong>Le</strong> <strong>Travailleur</strong> <strong>Catalan</strong> Publicité : Richard Siméon


N°3460 politique 3<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

<strong>Le</strong> TC : Marie, pouvez-vous nous<br />

parler de votre histoire, de votre<br />

parcours ?<br />

Marie Guyot : Comme beaucoup, ici,<br />

dans ce coin, je suis une fille issue de la<br />

Retirada. Mon père, <strong>Catalan</strong>, est rentré<br />

en France en 39, à 14 ans. Très jeune, il a<br />

participé un temps aux combats. En France,<br />

comme chacun le sait, il « visita » les<br />

camps : Rivesaltes, Argelès et, étonnamment,<br />

Belle-Île-en-Mer. Il atterrit ensuite<br />

en Ariège et, à ce moment-là, il s’est rapproché<br />

des familles qui résistaient. Voilà.<br />

Marié après la guerre, il finit par s’installer<br />

dans les Pyrénées-Orientales, à Bages. J’ai<br />

donc 57 ans. J’ai passé ma jeunesse à<br />

Bages, passé mon bac à « Jean Lurçat » .<br />

J’ai ensuite effectué quelques études de<br />

droit et de gestion administrative. Je suis<br />

aujourd’hui employée dans une mairie.<br />

<strong>Le</strong> TC : Vous êtes militante depuis<br />

longtemps ?<br />

M.G. : Pas du tout. J’avais mes idées, forgées<br />

lentement dans ma famille et mon<br />

en<strong>tour</strong>age. C’était tout. Je n’allais pas<br />

plus loin. <strong>Le</strong> vote, à chaque élection, mais<br />

pas d’engagement. Je ne sais pas ce qui<br />

m’a décidé, aujourd’hui. Je pense qu’il<br />

s’agit d’un gros « ras le bol ! », d’une<br />

prise de conscience, mais surtout d’un<br />

homme, Mélenchon. La réalité des propositions<br />

faites, la précision de ses paroles,<br />

son enthousiasme m’ont convaincue de<br />

voter, mais aussi de militer, de m’engager.<br />

<strong>Le</strong> TC : C’est quoi, pour vous, militer<br />

?<br />

M.G. : Eh bien, sur le terrain, le tractage<br />

et le « reste ». Ensuite, et je l’ai beaucoup<br />

utilisé, Internet, pour transmettre aux<br />

connaissances, aux amis, les informations<br />

utiles à la réflexion de chacun. On a fait<br />

comme les jeunes, dans cette période. Et<br />

puis, les rencontres directes, pour expliquer,<br />

s’expliquer, avec les gens.<br />

<strong>Le</strong> TC : Qui, par exemple ?<br />

M.G. : Ceux avec qui je travaille, ceux<br />

que je rencontre habituellement, dans<br />

mon activité, en « buvant le café ».<br />

D’ailleurs, je crois qu’on a dû en oublier,<br />

un « paquet », les personnes les plus<br />

touchées par la crise et les difficultés,<br />

qui se « révoltent » contre un ordre<br />

établi, contre une certaine élite, éloignée<br />

d’eux. C’est ce qu’ils pensent. Je<br />

parle là des électeurs du FN. Nous ne<br />

l’avons pas entendu. Enfin, moi. J’ai un<br />

« Des élus actifs,<br />

capables de proposer,<br />

de contester et d’agir avec les gens »<br />

Marie Guyot. A la terrasse d’un café, dans son village, Marie confie ses premières<br />

réactions après le premier <strong>tour</strong>. <strong>Le</strong> vote Front National occupe une grande place dans<br />

l’échange. Elle s’interroge, confie ses analyses et parle de l’avenir.<br />

Marie Guyot : « Tout dépendra de la pression que les gens et le Front de gauche<br />

seront capables de mettre. »<br />

avis là-dessus. Mélenchon, et ce n’est<br />

pas une critique, développe un discours<br />

précis, complexe, de « haut niveau », difficile<br />

au fond. Il est instruit, cela se voit,<br />

littéraire, il est un intellectuel. Marine <strong>Le</strong><br />

Pen, au contraire, ne parle que par mots<br />

d’ordre, avec démagogie et simplisme,<br />

joue avec les contrevérités : sortir de<br />

l’Europe, immigrés responsables de tous<br />

les maux, chômage, déficits des caisses,<br />

délinquance, culture en danger, syndicats<br />

tous pourris … Je ne veux pas dire par là<br />

qu’il faut prendre les électeurs pour des<br />

imbéciles. Mais nous en sommes là. Nous<br />

avons le devoir d’affronter les problèmes,<br />

pour de vrai, ceux que rencontrent les<br />

gens, et nous devons faire les démons-<br />

trations, expliquer, expliquer, expliquer…<br />

s’expliquer.<br />

<strong>Le</strong> TC : Mais, pourtant, il semble<br />

que les problèmes soient moins<br />

aigus dans les campagnes et pourtant,<br />

le vote d’extrême droite y est<br />

aussi important qu’ailleurs ?<br />

M.G. : Oui. C’est vrai. Mais l’ambiance<br />

est créée. On fait peur aux gens, on décrit<br />

un avenir très incertain, on développe<br />

l’angoisse du futur, la peur de l’autre, et,<br />

en face, on pose des idées « simples ». La<br />

crise est utilisée pour provoquer ce repli<br />

sur soi. L’évolution des sociétés, de notre<br />

société, apparaît alors comme angoissante,<br />

complexe et dangereuse.<br />

<strong>Le</strong> TC : <strong>Le</strong> Front de gauche a fait un<br />

score intéressant, encourageant ?<br />

M.G. : Plus qu’honorable ! Oui. C’est<br />

un réel progrès, une avancée. Je ne sais<br />

pas si c’est général, si c’est exact, mais,<br />

au<strong>tour</strong> de moi, des familles, des personnes<br />

qui ont un métier, une « situation »,<br />

qui angoissent moins peut-être, ont été<br />

très sensibles à ce que nous disions et au<br />

programme « L’humain d’abord ». Certainement<br />

plus que ceux qui sont dans<br />

la difficulté à envisager l’avenir. Et puis,<br />

il y a ce dynamisme, cet enthousiasme,<br />

qui ont marqué la campagne, et çà aussi,<br />

c’est important pour la suite. De ce point<br />

de vue, la personnalité du candidat y est<br />

pour beaucoup. Je rajoute, et cela me<br />

semble nouveau, que beaucoup de jeunes<br />

sont devenus des acteurs dans la campagne,<br />

des « militants » et c’est très encourageant<br />

pour l’avenir.<br />

<strong>Le</strong> TC : Justement, la suite ?<br />

M.G. : Aucun problème. Il faut que Hollande<br />

soit élu, bien élu. Ce serait un pas.<br />

On serait déjà débarrassé de cette politique<br />

qui n’a profité qu’aux riches, et, pour<br />

parler simplement, de cette politique alignée<br />

sur ce que désire Merkel, celle qui<br />

veut la règle d’or dans la constitution.<br />

Nous avons montré qu’il y a une autre<br />

gauche, le futur gouvernement devra en<br />

tenir compte. Hollande dit vouloir renégocier<br />

le traité européen en cours. Eh bien,<br />

en fait, tout dépendra de la pression que<br />

le Front de gauche sera capable de mettre,<br />

avec les gens. Il est donc très important<br />

qu’il y ait plus de députés, combatifs,<br />

partout en France, pour que l’Assemblée<br />

nationale puisse entendre le groupe, avec<br />

ces élus capables de proposer, de contester<br />

et surtout, d’agir avec les gens.<br />

Propos recueillis par Michel Marc<br />

Pour suivre les assemblées citoyennes,<br />

Pour connaître les activités<br />

et les propositions des candidats<br />

du Front de gauche<br />

aux élections législatives,<br />

<strong>Le</strong> blog du Front de gauche et de ses<br />

candidats dans le département<br />

www.frontdegauche66.fr


N°3460<br />

4 politique Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

L’électorat<br />

de Jean-Luc Mélenchon<br />

CSA. Sondage réalisé le jour du vote au premier <strong>tour</strong><br />

de l’élection présidentielle<br />

Arrivé en 4e L’électorat du Front de gauche se trouve aussi<br />

parmi les jeunes<br />

position lors du premier <strong>tour</strong> de l’élection<br />

présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon<br />

a obtenu 11,11% des suffrages. Si le candidat du<br />

Front de gauche n’est pas parvenu à atteindre son<br />

objectif de devenir le troisième homme de cette élection,<br />

il a néanmoins réalisé le meilleur score d’un candidat<br />

à la gauche du Parti socialiste depuis Georges<br />

Marchais en 1981 (15,35%). Son succès tient au fait<br />

qu’il est parvenu à attirer un électorat venant de différents<br />

horizons. A la gauche du Parti socialiste tout<br />

d’abord, 80% de l’électorat communiste de 2007 et<br />

40% de celui d’Olivier Besancenot ont voté pour lui.<br />

Mais son haut résultat est également à mettre sur le<br />

compte d’un attrait qui va au-delà de cette frange de<br />

l’électorat puisqu’il a convaincu une partie non négligeable<br />

des électeurs de Ségolène Royal (12%) et de<br />

ceux de François Bayrou (10%) au premier <strong>tour</strong> de la<br />

présidentielle de 2007. Dans le détail, les zones de<br />

force de Jean-Luc Mélenchon sont à trouver parmi les<br />

plus jeunes (16% des 18-24 ans ont voté pour lui) et<br />

les classes populaires (13%). La dimension populaire<br />

de son électorat est encore plus nette au regard de<br />

la classe sociale subjective. <strong>Le</strong> candidat du Front de<br />

gauche a en effet davantage attiré les personnes qui<br />

se considèrent comme faisant partie des catégories<br />

populaires (13%), des classes moyennes modestes<br />

(12%) et des classes défavorisées (11%) que celles se<br />

percevant comme aisées. Par conséquent, la composition<br />

de son électorat est marquée par une proportion<br />

plus importante des catégories les moins favorisées<br />

par rapport à leur proportion au sein de la population<br />

en âge de voter (50% contre 47,3%).<br />

RH<br />

Re<strong>tour</strong> sur le scrutin du 22 avril<br />

Présidentielle. Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent ont, chacun de leur côté, procédé<br />

aux premières analyses du scrutin. Nous reprenons l’essentiel de leurs conclusions.<br />

<strong>Le</strong>s premiers sondages sont tombés en novembre<br />

2011. <strong>Le</strong> Front de gauche n’a pas été à la fête<br />

jusqu’à la mi-janvier. Rappelons l’étude de l’Ifop<br />

réalisée début janvier, peu différente de celles publiées<br />

par les autres instituts : François Hollande 28%, Nicolas<br />

Sarkozy 26%, Marine <strong>Le</strong> Pen 19%, François Bayrou<br />

12%, Jean-Luc Mélenchon 6%. Pas de quoi pavoiser. Et<br />

puis, à partir de la mi-février, ça commence à bouger :<br />

Mélenchon progresse, <strong>Le</strong> Pen régresse. Un mois après,<br />

c’est au <strong>tour</strong> de Bayrou. Vers la fin mars, il se voit damer<br />

le pion par Mélenchon qui, dans les sondages, continue à<br />

grignoter des points. C’est en se référant à ce temps long<br />

de la campagne, qu’il faut apprécier le score du candidat<br />

du Front de gauche comme « un événement majeur<br />

de l’élection » (Pierre Laurent), car « nous aurons été la<br />

force politique nouvelle, la seule qui ait percé et qui soit<br />

née dans cette élection » (Jean-Luc Mélenchon).<br />

La chute de la droite<br />

Pour comprendre les dynamiques en cours, voyons<br />

d’abord les les évolutions :<br />

Si l’on totalise les voix de toutes les droites, extrême<br />

droite comprise, elles sont en recul. En 2007, les votes<br />

pour <strong>Le</strong> Pen, Mégret et Nihous ajoutés à ceux de Sarkozy<br />

et Bayrou, donnaient 23 342 364 suffrages. En 2012,<br />

les mêmes catégories recueillent 19 550 966 voix. C’est<br />

16 % de moins. Autre chiffre : en 2012, le total Sarkozy-<br />

Bayrou est à 36,20 %, quand en 2007, le total de droite<br />

passait nettement la barre des 50%.<br />

<strong>Le</strong> cœur de la droite, c’est-à-dire l’UMP, est dans l’impasse.<br />

Nicolas Sarkozy perd 1,8 millions d’électeurs par<br />

rapport à 2007. L’analyse géographique de ses résultats<br />

montre que son électorat le plus fidèle et mobilisé est<br />

celui de la grande bourgeoisie. Pour Jean-Luc Mélenchon,<br />

« les grandes fortunes ont donc fait bloc au<strong>tour</strong><br />

de leur homme de main. Mais c’est un échec terrible,<br />

car les beaux quartiers ne peuvent gouverner que si les<br />

quartiers populaires se laissent séduire. Or le recul de<br />

Sarkozy est spectaculaire dans la partie plus populaire de<br />

l’électorat de droite ». Une partie de ce recul est en effet<br />

récupérée par le Front national, puisqu’il gagne 7,86%.<br />

Cette récupération du vote de droite est confirmée par<br />

une étude de l’IFOP, qui indique que Marine <strong>Le</strong> Pen a<br />

retrouvé 70% des électeurs de son père en 2007, et gagné<br />

11% des électeurs de Sarkozy, 10% des électeurs de<br />

Bayrou, 7% des électeurs de Royal, et 6% des électeurs<br />

d’extrême gauche. Pour autant, la puissance actuelle du<br />

vote FN ne doit pas empêcher de regarder son évolution<br />

dans le temps long. C’est un fait et il est alarmant :<br />

Marine <strong>Le</strong> Pen gagne 2,6 millions de voix par rapport<br />

au score de son père en 2007. Avec près de 18 %, elle<br />

dépasse le résultat historique du FN en 2002. Mais elle<br />

ne parvient pourtant pas au niveau cumulé des scores de<br />

son père et de Mégret qui était de 19 %.<br />

La percée du Front de gauche…<br />

Et maintenant à gauche. En 2012, les cinq candidats,<br />

Hollande, Mélenchon, Joly, Poutou et Arthaud, totali-<br />

sent 15 701 071 voix soit 43,43 %, des exprimés, alors<br />

qu’en 2007 les sept candidats, Schivardi, Besancenot,<br />

Laguiller, Buffet, Voynet, Bové, Royal en recueillaient<br />

13 377 032 soit 36,44 % des exprimés, soit une progression<br />

de 17%. On peut faire une comparaison en ne<br />

prenant que la gauche radicale. En 2007, Besancenot,<br />

Schivardi, Laguiller et Marie-George Buffet recueillaient<br />

3 300 254 suffrages. Cette fois-ci, Poutou, Arthaud et<br />

Mélenchon recueillent 4 599 038 voix, soit une progression<br />

de 39 %.<br />

Autre élément : en 2007, avec 27,87 %, Ségolène Royal<br />

réalisait à elle seule plus des trois quarts du résultat de<br />

la gauche. Aujourd’hui, François Hollande fait un beau<br />

score avec 28,13 % et plus de 10 millions de voix. Pour<br />

autant, il n’obtient que 770 000 voix de plus que Ségolène<br />

Royal. De sorte que, si le total des voix de gauche<br />

augmente fortement par rapport à la dernière présidentielle,<br />

son résultat n’est responsable que d’une petite<br />

partie de cette progression. <strong>Le</strong>s deux tiers des voix supplémentaires<br />

comptées à gauche viennent de la percée<br />

du Front de gauche.<br />

… fait gagner à gauche<br />

De sorte que « le fait majeur, le fait le plus nouveau et le<br />

plus prometteur est le score de notre candidat Jean-Luc<br />

Mélenchon, qui, avec 11,11% et quasiment 4 millions<br />

de voix, assure la part décisive du progrès de la gauche<br />

et sa dynamique la plus significative » (Pierre Laurent).<br />

Il faut rappeler, pour prendre la mesure de cette dynamique,<br />

que les candidats du PCF aux présidentielles<br />

avaient obtenu 2,6 millions en 1995 (Robert Hue,<br />

8,73%), 955 000 en 2002 et 691 000 voix en 2007.<br />

Deux ans après, pour les européennes de 2009, c’est,<br />

cette fois, le Front de gauche qui mène sa première campagne,<br />

et il rassemble 6,5 % des suffrages. Trois ans plus<br />

tard, il atteint 11,11 %. Ce score à deux chiffres, il aura<br />

fallu que les forces de transformation sociale attendent<br />

30 ans pour le retrouver. L’autre caractéristique, c’est<br />

qu’il est devenu un vote national homogène. Il fait plus<br />

de 7 % dans tous les départements sans exception en<br />

métropole (les plus bas, les deux départements d’Alsace,<br />

sont à 7,3%). Il recueille 10 % des votes ou plus dans 70<br />

départements et plus de 13 % dans 20 départements.<br />

Nous laissons la conclusion à Pierre Laurent : « Ne perdons<br />

pas de vue l’essentiel. Un bras de fer a lieu, en<br />

ce moment, en France et en Europe, entre les forces du<br />

capital et les forces sociales qui résistent à la généralisation<br />

des politiques d’austérité et au recul des droits<br />

sociaux. Dans ces conditions, nous parvenons à réunir<br />

quatre millions de voix sur une alternative de haut niveau.<br />

Nous créons les conditions de la victoire contre<br />

Sarkozy car la percée du Front de gauche est la contribution<br />

la plus importante du premier <strong>tour</strong> au progrès<br />

de toute la gauche. Et nous maintenons ouvert, en cas<br />

de victoire de François Hollande, le débat sur le sens de<br />

l’alternative politique. Tout cela représente des victoires<br />

politiques incontestables ».<br />

Roger Hillel


N°3460 politique 5<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

Nouveau cap dans la révolution<br />

citoyenne et le progrès social à Elne<br />

Présidentielle. Analyse des résultats du premier <strong>tour</strong> dans la cité illibérienne<br />

AElne, 856 électrices et<br />

électeurs ont accordé<br />

leurs suffrages au candidat<br />

du Front de gauche et<br />

permis ainsi une progression de<br />

11% et 531 voix. Cependant<br />

personne ne peut se satisfaire<br />

des 27% obtenus par le Front<br />

national sur la ville. Autre élément<br />

important, le total FNdroite<br />

est en recul de 7% entre<br />

2007 et 2012. On ne peut donc<br />

pas parler de déferlante, mais<br />

plutôt d’un transfert des voix<br />

de droite vers le FN. <strong>Le</strong> total des<br />

voix de gauche passe de 36%<br />

en 2007 à 42,7% en 2012 (+<br />

6,70%). La forte progression<br />

du Front de gauche sert donc<br />

toute la gauche.<br />

Au-delà des résultats de Sarkozy<br />

et <strong>Le</strong> Pen, encore bien trop<br />

élevés, la situation par rapport à<br />

2007 est des plus encourageantes<br />

pour le Front de gauche. En<br />

effet, en 2007, le résultat de<br />

Marie-George Buffet qui repré-<br />

2007 2012 Evolution<br />

Front de Gauche 7,13 % 18,26 % + 11,13 %<br />

Parti Socialiste 22,09 % 23,05 % + 0,96 %<br />

UMP/UDF 42,69 % 26,10 % - 16,59 %<br />

FN 16,14 % 27,36 % +11,22%<br />

sentait ce mouvement était de<br />

7 % contre 18% cette fois pour<br />

le candidat Mélenchon.<br />

Compte tenu de la progression<br />

enregistrée par le Front de<br />

gauche à la présidentielle qui<br />

va permettre de débarrasser<br />

la France de Nicolas Sarkozy,<br />

il faut que celles et ceux qui<br />

voient dans le programme du<br />

Front de gauche des réponses à<br />

leurs besoins pèsent sur la politique<br />

de gauche qui devra être<br />

menée après la présidentielle.<br />

Qu’ils favorisent la constitution<br />

d’un groupe parlementaire<br />

important du Front de gauche<br />

à l’Assemblée Nationale pour<br />

défendre becs et ongles leurs<br />

revendications.<br />

Ray Cathala<br />

Percée du Front de gauche, le PS reste<br />

stable, vases communicants à droite<br />

Cabestany. Que s’est-il passé dans cette ville connue pour voter plutôt à droite<br />

lors des scrutins nationaux et pour son maire communiste, Jean Vila, lors<br />

des élections locales ?<br />

D’abord, à Cabestany, le résultat du premier<br />

<strong>tour</strong> de l’élection présidentielle ne<br />

fait pas apparaître de changements dans<br />

l’ordre des trois premiers : Sarkozy est en tête<br />

avec 1.629 voix, Hollande est 2 e (1.470 voix), <strong>Le</strong><br />

Pen 3 e (1.371 voix).<br />

Mais cet élément ne doit pas masquer les deux<br />

faits qui ont marqué cette présidentielle :<br />

- à droite, le total des voix Modem/UMP/FN est<br />

en recul de 100 voix par rapport à 2007. Mais en<br />

détail, on observe la perte de 300 voix de l’UMP<br />

au profit du FN.<br />

- à gauche, le PS qui gagne seulement 100 voix<br />

(venant peut-être de l’électorat Modem) n’a vraisemblablement<br />

pas bénéficié de sa campagne<br />

nationale anti-Sarkozy, ni d’ailleurs du vote utile<br />

brandi durant de longs mois. Cet élément local<br />

rejoint la réalité nationale où le vote utile a, malgré<br />

tout, pesé un peu plus dans la balance.<br />

Seconde étape en juin<br />

Venons-en au Front de gauche. Avec près de<br />

1.000 voix à Cabestany (991 voix) et 16,13%,<br />

ce score est véritablement l’évènement de cette<br />

campagne. Ce rassemblement multiplie par 4 les<br />

voix de Marie-George Buffet en 2007, avec un<br />

gain de 730 électeurs supplémentaires. La progression<br />

des voix de gauche est donc à mettre<br />

au crédit de la campagne du Front de gauche, de<br />

la multiplication des gestes militants, des rencontres<br />

multiformes avec les habitants et de la forte<br />

résonance nationale de Jean-Luc Mélenchon. La<br />

bataille s’est menée de manière très structurée et<br />

dynamique. De nouveaux adhérents du PCF, des<br />

plus anciens, mais aussi de nombreux citoyens<br />

ont participé à ce résultat.<br />

Cette élection est bien une première étape sur<br />

laquelle il faut s’appuyer pour bousculer, dans 5<br />

semaines, le scénario des élections législatives.<br />

Sur la 1 ère circonscription, les 5.166 voix de plus<br />

qu’en 2007 rendent crédible la défaite de la droite.<br />

Ils placent également Jean Vila comme le rassembleur<br />

face à Daniel Mach (UMP) qui se doit<br />

d’assumer le bilan désastreux de la droite mais<br />

également face à Louis Aliot, le numéro 2 du FN.<br />

<strong>Le</strong> Front de gauche peut se targuer d’avoir multiplié<br />

par 4 ses voix dans les villes de gauche et par<br />

8 dans celles dirigées par la droite. Près de 500<br />

électeurs ont choisi la gauche de transformation<br />

sociale à Toulouges mais aussi à Bompas. Ce sont<br />

plus de 3.000 voix gagnées dans les cantons de<br />

Perpignan pour le Front de gauche.<br />

Cela augure d’une bataille électorale tout aussi<br />

acharnée au<strong>tour</strong> de Jean Vila, avec l’objectif d’envoyer<br />

à l’assemblée un député qui ne tremblera<br />

pas devant la finance et la pression des marchés.<br />

Rémi Lacapère<br />

<strong>Premier</strong> <strong>tour</strong> de la présidentielle<br />

dans les P.-O.<br />

Analyse. Comparaison 2002, 2007 et 2012<br />

En 2012 Fdg + LO + NPA<br />

38309 voix (+ 17000 voix)<br />

FN + Ext. Dr Gauche Radicale PS + Verts Droite<br />

2002 2007 2012<br />

La gauche radicale comprend : NPA, LO, le Front de gauche.<br />

C’est la gauche qui a dit non au référendum de 2005 sur le Traité<br />

constitutionnel européen<br />

2002 : 28840 voix (dont 9700 voix à Robert Hue candidat du PCF)<br />

2007 : 21080 voix<br />

2012 : 38309 voix (dont plus de 33739 pour Mélenchon).<br />

<strong>Le</strong> nombre de voix est donné sans les unités. Il s’agit d’un<br />

arrondi significatif.<br />

Quelques « petits candidats » ne sont pas pris en compte. Mal<br />

identifiés sur l’échiquier et au nombre de voix peu significatif.<br />

En 2012 Fdg + LO + NPA<br />

14,5% (+ 6,5 %)<br />

FN + Ext. Dr Gauche Radicale PS + Verts Droite<br />

2002 2007 2012<br />

Pour 2002, <strong>Le</strong> FN n’était pas seul à l’extrême droite. (26,53%). Mégret<br />

et, avec les mêmes orientations, Madelin, étaient candidats.<br />

(<strong>Le</strong> pourcentage de St Josse n’est pas pris en compte). Il n’y a<br />

donc pas progression par rapport à 2002. En 2007, Sarkozy l’avait<br />

considérablement siphonné.<br />

La « gauche radicale » (LO, NPA + PC et FDG) atteint 14,5% et progresse<br />

de 6,5% par rapport à 2007. <strong>Le</strong> Front de gauche seul réalise<br />

12,77%. (le PC, M.G.Buffet, avait réalisé 2,62% en 2007 et, avec<br />

Hue, 4,82% en 2002).<br />

La droite perd plus de 13%, en partie récupérés par le FN.<br />

<strong>Le</strong> Front de gauche, dans les PO, réalise un pourcentage légèrement<br />

supérieur à la moyenne nationale (11,1%), et s’installe sur<br />

l’ensemble des communes. Il permet, comme ailleurs, de rénover<br />

en profondeur les forces « transformatrices » et apparait aux électeurs<br />

comme l’outil unitaire dynamique, indispensable, incon<strong>tour</strong>nable.<br />

En tête dans plusieurs communes des PO. La « forme » du<br />

Front de gauche semble durablement validée.<br />

Nous ne pouvons, avec précision, apprécier le pourcentage de ceux<br />

qui, dans les derniers jours, ont craint l’absence d’un candidat de<br />

Gauche au second <strong>tour</strong>. <strong>Le</strong>s témoignages recueillis tendent à nous<br />

faire penser que ce pourcentage n’est pas négligeable. <strong>Le</strong> « vote utile<br />

» a, sans aucun doute, minimisé les résultats du Front de gauche.


6 dans le département<br />

Sarkozy ripoline Pétain<br />

Présidentielle. <strong>Le</strong>s relents pétainistes du discours sarkozyste se confirment, donnant à voir des visées d’une partie de la droite.<br />

Au lendemain de sa défaite du premier <strong>tour</strong>,<br />

Sarkozy n’a rien trouvé de mieux que d’annoncer<br />

: « le 1 er mai, nous allons organiser la<br />

Fête du travail, mais la Fête du vrai travail, de<br />

ceux qui travaillent dur, qui souffrent et qui ne veulent<br />

plus que, quand on ne travaille pas, on puisse gagner<br />

plus que quand on travaille ». La proximité lexicale avec<br />

Pétain est évidente. N’est-ce pas ce dernier qui, en 1941,<br />

en pleine occupation nazie, avait organisé la «Fête du<br />

vrai travail » et lancé un « appel aux vrais travailleurs ».<br />

On pourrait rapprocher « la fête » sarkozyste, de celle<br />

du Front national de Jean-Marie <strong>Le</strong> Pen qui, en 1988,<br />

cherchait à récupérer le mythe de Jeanne d’Arc. Alors<br />

que le 8 mai est le jour où, en 1429, la « pucelle » aurait<br />

délivré Orléans de l’occupation anglaise, le FN avait<br />

choisi le 1 er mai, pour une « Fête du travail et de Jeanne<br />

N°3460<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

d’Arc ». La date tombait, comme par hasard, entre les<br />

deux <strong>tour</strong>s de la présidentielle. Mais, ce précédent nauséeux<br />

ne se présentait pas comme une riposte directe<br />

au 1er mai des syndicats, contrairement à la contre-manif<br />

organisée par l’UMP. Cette initiative est inédite et s’inscrit<br />

dans le contexte de la radicalisation du discours de<br />

Nicolas Sarkozy, spécialement sa dénonciation violente<br />

du rôle des syndicats. C’est une dérive inquiétante de la<br />

droite classique qui ne mérite déjà plus le qualificatif de<br />

« républicaine ». Car, il ne s’agit pas seulement d’une<br />

manœuvre électoraliste d’entre deux <strong>tour</strong>s pour capter la<br />

plus grande part possible des voix du Front national. On a<br />

affaire à une accentuation de convergences idéologiques<br />

au<strong>tour</strong> d’un bloc d’ultra-droite. Cette dérive se traduit, à<br />

veille du second <strong>tour</strong>, par des discours aux accents pétainistes,<br />

tel celui de Longjumeau, dans lequel Sarkozy<br />

invoquait les « racines chrétiennes de la France et son<br />

long manteau de cathédrale », l’unité de la nation qui<br />

se serait construite « grâce aux rois », son « amour »<br />

du travail, de la famille et de la patrie, sa dénonciation<br />

des « corps intermédiaires », le travail qui « rend libre ».<br />

Et pour ne pas être en reste, dans la bonne tradition de<br />

la droite anti-républicaine, Sarkozy multiplie les mensonges.<br />

Sur TF1, il jure ses grands dieux qu’il n’a jamais dit<br />

« vrai travail ». Sur la même chaîne, il affirme, contre<br />

toute vérité, que Tariq Ramadan, l’idéologue de l’islam, a<br />

appelé à voter Hollande. Sur France Inter, il spécule sur un<br />

prétendu appel des mosquées à voter contre lui, ce qui<br />

a été immédiatement démenti par les responsables de<br />

l’islam en France. Du coup, les chiens de l’UMP sont lancés,<br />

avec en tête de la meute, les députés de la « droite<br />

populaire ». Deux députés de notre département, Mach<br />

et Irlès, sont membres de cette officine ultra droitière. Gageons<br />

que cela ne leur portera pas bonheur au moment<br />

des élections législatives.<br />

RH<br />

La CGT appelle à battre Sarkozy le 6 mai<br />

Présidentielle. En pointant très clairement les conséquences catastrophiques de la politique du gouvernement Sarkozy, sa<br />

capacité de nuisance, l’aggravation des inégalités, la CGT ouvre la voie d’une nouvelle période de résistance.<br />

Face aux provocations inqualifiables<br />

et indignes du Président de<br />

la République, quand bien même<br />

candidat, la CGT a remis Sarkozy<br />

à sa place et les choses en ordre en appelant<br />

clairement à le battre le 6 mai prochain.<br />

Pour François Copé, cela revient à<br />

appeler à voter Hollande. Jouant la surenchère,<br />

le secrétaire général de l’UMP, pris<br />

d’hystérie, déclarait: « C’est une insulte<br />

aux ouvriers, aux salariés, aux ingénieurs,<br />

aux chercheurs de la filière nucléaire, que<br />

François Hollande et ses amis verts et<br />

mélenchonistes ont promis d’anéantir ».<br />

Rien que ça ! A la veille du premier mai,<br />

au sortir du 1 er <strong>tour</strong> de l’élection présidentielle,<br />

comme pendant toute la durée de<br />

cette campagne, Sarkozy s’est exprimé<br />

encore plus violemment contre les syndicats.<br />

Stigmatisant principalement la CGT,<br />

dénaturant la Fête du travail en parlant<br />

« du vrai travail », engagé dans une croisade<br />

antisyndicale, Sarkozy drague sans<br />

complexe l’électorat frontiste le plus réactionnaire,<br />

fasciste, en lui promettant de<br />

se débarrasser des syndicats s’il était élu.<br />

Sur ce sujet, il fait mieux que <strong>Le</strong> Pen qu’il<br />

fait passer pour un démocrate. Comparé à<br />

Pétain dans l’Humanité, le chef de l’Etat<br />

montre son vrai visage et joue ses dernières<br />

cartes, instaurant volontairement<br />

un malaise profond et dangereux pour la<br />

démocratie et la paix civile. Pensant à tort<br />

que la CGT ne s’aventurerait pas sur le<br />

terrain politique, le positionnement de la<br />

centrale syndicale est un coup dur pour<br />

l’UMP et une première depuis 1981.<br />

Résistance :<br />

une nouvelle voie s’ouvre !<br />

Pour beaucoup, cet appel est légitime, car<br />

il répond aux attentes qui se sont exprimées<br />

dans cette période face à la crise.<br />

Il donne aussi un aperçu de la détermination<br />

du leader de la CGT à poursuivre<br />

la campagne de mobilisation face aux réformes<br />

antisociales de Sarkozy et pour la<br />

satisfaction des revendications exprimées,<br />

sur les salaires, la retraite, l’emploi... En<br />

pointant très clairement les conséquences<br />

catastrophiques de la politique de ce gouvernent,<br />

l’aggravation des inégalités, la<br />

capacité de nuisance de Sarkozy, la CGT<br />

ouvre la voie d’une nouvelle période de<br />

résistance. Une stratégie qui conduit Bernard<br />

Thibault et la CGT à un constat : « se<br />

défaire de Sarkozy, dans la nécessité de<br />

créer un contexte plus favorable aux revendications<br />

et au progrès social ». Mais<br />

cette stratégie est-elle partagée ? A priori<br />

oui ! Quoi de plus légitime ? Bien évidemment,<br />

cette déclaration fait débat dans<br />

la centrale. Pour autant, il n’agite qu’une<br />

petite minorité qui oppose l’indépendance<br />

de la CGT à la nécessité de s’exprimer<br />

en tant qu’acteur de la vie sociale, économique<br />

et politique du pays. Un débat qui<br />

n’est pas nouveau, mais qui, dans ces moments,<br />

s’affirme et a pris une nouvelle dimension,<br />

face aux attaques antisyndicales<br />

et aux dangers de la montée de l’extrême<br />

droite. De nombreux syndicalistes n’ont<br />

pas attendu le feu vert des états-majors<br />

pour s’exprimer. Ils l’ont fait très tôt, en<br />

appelant à voter Jean-Luc Mélenchon et à<br />

porter le programme du Front de gauche.<br />

Dans les Pyrénées-Orientales, des dizaines<br />

de syndicalistes de la CGT, mais aussi de<br />

la FSU, de Solidaires, se sont exprimés en<br />

ce sens. Pour la grande majorité, ce n’est<br />

pas qu’une réponse aux attaques fronta-<br />

© Jean Quillio<br />

Bernard Thibault : « Se défaire de<br />

Sarkozy, une nécessité »<br />

les de Sarkozy. C’est avant tout l’exigence<br />

de mettre en débat une véritable politique<br />

de transformation à gauche. Pour la CGT,<br />

le combat ne s’arrêtera donc pas au soir<br />

du 6 mai. C’est un message on ne peut<br />

plus clair.<br />

Philippe Galano


«<br />

N°3460<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

« Elles avaient choisi la liberté<br />

et la résistance »<br />

Hommage. Dans le hall d’accueil de la Préfecture, sous la plaque dédiée<br />

à la mémoire de Francine Sabaté, la présidente de l’Association de la<br />

Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Nicole Rey, a prononcé un<br />

discours ancré dans les réalités de notre temps.<br />

Quand on dit Résistance, les images qui<br />

nourrissent notre imaginaire collectif se<br />

déclinent le plus souvent au masculin.<br />

Notre mémoire collective fait appel à des noms<br />

d’hommes, à des actes d’hommes, à des bravoures<br />

d’hommes. Nous savons aujourd’hui, que la<br />

Résistance fut aussi l’affaire des femmes, et pas<br />

seulement de femmes dont les noms résonnent<br />

dans l’excellence : Marie-Claude Vaillant-Couturier,<br />

Danièle Casanova, Geneviève de Gaulle, ou encore<br />

Germaine Tillon, ou Lucie Aubrac. Nous savons que<br />

ces femmes avaient nom aussi: Joséphine Sabaté,<br />

Francine Sabaté, Odette Sabaté, Rosette Blanc,<br />

Louisette Horte, Marcelle Sentis et Louisette Carreras<br />

(…). Elles étaient toutes, comme tant d’autres<br />

que je ne peux nommer, des résistantes issues de<br />

notre pays catalan. Et si aujourd’hui, Monsieur le<br />

Préfet, nous rendons hommage plus particulièrement<br />

à Francine Sabaté, vous me permettrez<br />

d’associer à cet hommage, Joséphine, sa maman<br />

et Odette sa jeune sœur, car ces trois femmes ont<br />

été étroitement unies dans cette Résistance, dont<br />

les premières manifestations n’avaient pas d’arme,<br />

si ce n’est celle de l’intelligence et du courage (…)<br />

Ce choix s’est impliqué dans la quotidienneté de<br />

ces trois femmes, un choix auquel elles n’avaient<br />

pas mis de limite, puisque Francine et Joséphine<br />

sont mortes au camp nazi de Ravensbrück. Odette,<br />

pour sa part, a connu les prisons et les interrogatoires<br />

de Barbie.<br />

L’hommage que nous leur rendons régulièrement<br />

sera empreint cette année d’une immense inquié-<br />

tude. Inquiétude de voir ressurgir et s’installer au<br />

cœur même de notre démocratie, et peut-être très<br />

vite au sein de nos institutions si nous ne sommes<br />

pas vigilants, ceux qui portent des idées nauséabondes,<br />

racistes et xénophobes, ceux qui stigmatisent<br />

les minorités et les populations vulnérables.<br />

Ceux qui emploient à leur égard un vocabulaire si<br />

dépréciatif qu’il installe un état de tension permanent<br />

entre les citoyens de notre pays. Toutes choses<br />

que les femmes dont nous honorons la mémoire<br />

aujourd’hui avaient combattues, avec tant de clairvoyance,<br />

au temps où elles en voyaient, comme<br />

aujourd’hui, monter les terribles dangers. »<br />

Nicole Rey devait poursuivre en retraçant « le parcours<br />

des Dames Sabaté, parce qu’il est intemporel<br />

et donc exemplaire de ce qu’il faut transmettre à<br />

notre jeunesse pour qu’elle accède, dans son actualité,<br />

à la vigilance ! »<br />

Ecolo et aide humanitaire<br />

UDAC 66. L’association organisait, samedi 28 avril, au Centro Espagnol,<br />

une journée sur les initiatives et alternatives locales.<br />

Quatre-vingts exposants<br />

étaient réunis. Produits<br />

bios en abondance,<br />

énergies nouvelles, dont des<br />

fours solaires destinés aux pays<br />

africains. Des stands plus revendicatifs<br />

tels que les faucheurs<br />

volontaires. Bref, une ambiance<br />

très sympathique et très orientée<br />

écolo et aide humanitaire. Une<br />

bouffée d’espoir dans l’homme<br />

dans ces temps qui se revendiquent<br />

individualistes.<br />

Impossible de rendre compte de<br />

la diversité présente à cette journée.<br />

<strong>Le</strong> TC a choisi de mettre en<br />

exergue une exposante, un peu<br />

atypique, mais qui nous a semblé<br />

incarner l’esprit du lieu.<br />

<strong>Le</strong>s créations de Petra<br />

Cantinière dans une école primaire<br />

à l’origine, Petra a participé<br />

à l’opération « récré fruitée »<br />

initiée par le Conseil général. Il<br />

s’agissait de distribuer des fruits<br />

aux enfants lors des récréations.<br />

Mais très vite le constat a été<br />

que les enfants ne mangeaient<br />

pas ces fruits. Dès lors est née de<br />

Nicole Rey rendant hommage à Francine Sabaté<br />

l’équipe pédagogique l’idée d’intéresser<br />

les enfants aux fruits par<br />

un biais artistique, confié à Petra.<br />

Elle s’est donc d’abord lancée<br />

dans des compositions de fruits<br />

découpés, forcément attirantes<br />

pour des enfants. Puis dans des<br />

sculptures de fruits : une banane<br />

devenant un dauphin ; une poire,<br />

un pingouin ; une orange, une<br />

coccinelle ; un citron, une souris<br />

; un kiwi, une grenouille. Résultat<br />

bluffant ! Autant dire que<br />

le succès a été immédiat. A tel<br />

point que l’équipe pédagogique<br />

envisage de confier un atelier à<br />

Petra pour qu’elle communique<br />

aux enfants à la fois l’amour des<br />

fruits et l’envie de créer.<br />

Belle réussite que d’associer le<br />

bio, le sain et l’art !<br />

A-M D<br />

Un sympathique<br />

rassemblement<br />

du Front de gauche<br />

Mardi 1er mai, le Front<br />

de gauche avait organisé<br />

un rassemblement<br />

festif au Bocal du Têt,<br />

à l’endroit où, chaque année,<br />

le <strong>Travailleur</strong> <strong>Catalan</strong> organise<br />

sa fête annuel. C’est donc sous<br />

le soleil, que près de 250 militants<br />

et amis se sont, à l’issue<br />

des manifestations du 1er mai,<br />

retrouvés dans une ambiance<br />

chaleureuse.<br />

Après Nicolas Garcia, secrétaire<br />

départemental du PCF, et<br />

Dany Benquet, responsable du<br />

Parti de gauche dans les P.O.,<br />

Jérome Quaretti a rappelé en<br />

quoi ce banquet communard<br />

était une tradition du mouve-<br />

Dany Benquet, Nicolas Garcia et Jérôme Quaretti<br />

7<br />

ment ouvrier et révolutionnaire<br />

et correspondait à l’esprit du<br />

Front de gauche.<br />

Au<strong>tour</strong> d’un méchoui, ce fut<br />

l’occasion de discuter des<br />

résultats du premier <strong>tour</strong> de<br />

l’élection présidentielle, de<br />

se féliciter de la magnifique<br />

campagne du Front de gauche.<br />

Mais aussi d’envisager déjà<br />

celle des prochaines élections<br />

législatives.<br />

Merci à Antoine, Michel, Annie,<br />

Nourredine, Maurice, Loulou,<br />

Nathalie, Michel, Victor, Martine,<br />

Michel, Rémi, Françoise<br />

et Maryse, sans qui rien ne se<br />

serait fait…


8 le 1 er mai à perpignan…<br />

<strong>Le</strong>s travailleurs montrent leur force<br />

Perpignan. <strong>Le</strong>s salariés ont répondu en nombre à l’appel des syndicats. Comme dans la manifestation de 7 000 personnes<br />

qui s’est déroulée à Perpignan, les revendications sociales et slogans contre Sarkozy ont alimenté les quatorze cortèges<br />

et rassemblements qui ont eu lieu dans le département<br />

C’est une manifestation importante<br />

qui a marqué ce premier mai<br />

à Perpignan. En effet, ce sont<br />

près de 7 000 personnes qui<br />

ont défilé dans les rues de la capitale du<br />

Roussillon. Et il fallait remonter assez loin<br />

dans le temps pour retrouver une telle<br />

affluence. C’est que, comme l’ont souligné<br />

les responsables syndicaux à l’issue<br />

de la manifestation, cette journée internationale<br />

des travailleurs (il convient de<br />

rappeler ici, en ces temps de dévoiement,<br />

l’origine de cette journée) se situe cette<br />

année dans une période particulière, celle<br />

de l’entre-deux <strong>tour</strong>s de l’élection présidentielle.<br />

Et si la foule était bon enfant,<br />

souriante, heureuse de se retrouver si<br />

nombreuse, elle n’en était pas moins très<br />

revendicative.<br />

Coup de gueule<br />

<strong>Le</strong>s aveugles<br />

Sachez qu’il existe une nouvelle race<br />

de journalistes. Ce sont les journalistes<br />

à qui l’on confie la tâche de rendre<br />

compte de ce qu’ils voient alors qu’ils<br />

souffrent de cécité, ce qui n’est pas,<br />

vous en conviendrez, sans poser de<br />

gros problèmes.<br />

Pour l’Indépendant, c’est un de ces<br />

journalistes qui a probablement couvert<br />

la manifestation du 1 er mai à Perpignan.<br />

En effet, alors que, derrière les organisations<br />

syndicales, le cortège du Front<br />

de gauche, derrière sa large banderole,<br />

rassemblait plusieurs centaines de<br />

manifestants, c’est-à-dire beaucoup plus<br />

que les autres formations politiques<br />

présentes, notre journaliste n’a vu que<br />

le président de la région et les candidats<br />

socialistes aux élections législatives.<br />

Comme nous ne saurions laisser un<br />

confrère avec un tel handicap, le <strong>Travailleur</strong><br />

<strong>Catalan</strong>, par esprit de solidarité,<br />

propose de prendre charitablement en<br />

charge ses frais d’ophtalmologue et<br />

d’opticien.<br />

R.G.<br />

«<br />

Bien sûr, les revendications syndicales<br />

étaient au premier plan comme le rappelait<br />

d’ailleurs la banderole unitaire<br />

des syndicats CFDT, CGT, FSU, Solidaires,<br />

UNSA, qui marquait le début du cortège :<br />

« Tous ensemble pour un 1 er mai unitaire<br />

et revendicatif ». Salaires, retraites, emploi,<br />

conditions de travail étaient au cœur<br />

des préoccupations de ceux qui ont battu<br />

le pavé mardi dernier. Et les salariés de<br />

Plaine de Roussillon, menacés de licenciement,<br />

n’étaient pas les derniers dans le<br />

défilé syndical.<br />

Mais une autre volonté transparaissait<br />

très clairement à la lecture des pancartes<br />

et calicots :« Ma France, c’est pas<br />

Sarko », « financiers, dégagez », « Sarko,<br />

dégage », … Celle de battre le président<br />

sortant dimanche prochain. Et si certains<br />

syndicats, tel FO (qui a participé au défilé<br />

N°3460<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

© Jean Quillio<br />

à la tête du cortège du Front de gauche, Dany Benquet, Françoise Fiter, Nicole<br />

Gaspon et Jean Vila<br />

« Notre 1 er mai !»<br />

mais en restant hors de l’appel commun),<br />

souhaitaient rester dans une sorte de<br />

neutralité politique, d’autres, tels la CGT,<br />

la FSU ou Solidaires ont très clairement<br />

exprimé leur souhait que Nicolas Sarkozy<br />

soit sorti.<br />

On retrouvait cette même volonté dans les<br />

rangs, denses et rouges de drapeaux, du<br />

Front de gauche, dans ceux, plus clairsemés,<br />

du NPA ou dans ceux, plus discrets,<br />

du Parti socialiste.<br />

Cette journée aura donc été marquée dans<br />

le département, par une très forte mobilisation<br />

des travailleurs, l’union départementale<br />

CGT totalisant près de 9 000<br />

participants dans les 14 rassemblements<br />

qui se sont déroulés dans les P.-O.<br />

René Granmont<br />

CGT. Extraits de l’intervention de Pierre Place, secrétaire départemental de la CGT<br />

L’injustice sociale a été le maître mot du quinquennat, de la<br />

même façon que reste injuste et inefficace une loi idéologique<br />

sur les retraites, décrétée sans réelles négociations et<br />

contre l’avis de 70 % des Français. Quoi de plus étonnant, dès<br />

lors, que le bilan du candidat sortant, Nicolas Sarkozy, soit considéré<br />

comme négatif par la CGT comme par une large majorité<br />

de salariés (…) c’est pour toutes ces raisons que la CGT appelle<br />

sans ambiguïté les salariés à ne pas prendre le risque d’une<br />

nouvelle période Sarkozy-Medef aux commandes. Elle appelle<br />

surtout à de réels changements dans les décisions pour remettre<br />

le travail au cœur de la croissance et des préoccupations ?<br />

<strong>Le</strong>s salariés nous le disent tous les jours, ils exigent des réponses<br />

concrètes, là, maintenant. Ils les ont imposés au cœur du débat<br />

de la campagne électorale et elles ont été reprises par une partie<br />

des candidats. Ces attentes sont légitimes, bien plus que la<br />

pitoyable provocation du président sortant ou de la fausse amie<br />

des salariés, Marine <strong>Le</strong> Pen, pour dévoyer notre, je dis bien notre,<br />

1 er mai. (…)<br />

Notre responsabilité est grande à créer des convergences de<br />

lutte, seules capables de nous faire atteindre un rapport de force<br />

© Jean Quillio<br />

gagnant. Ce sont elles qui sont, ici comme partout dans le monde,<br />

portées par le sens du 1 er mai, journée internationale de tous<br />

les travailleurs et qui résonne toujours du même message, celui<br />

de la défense de la paix et de la solidarité entre les peuples. »<br />

<strong>Le</strong>s dirigeants syndicaux en tête de la manifestation<br />

© Jean Quillio


N°3460 … et dans le département 9<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

Prades<br />

C e<br />

Une forte participation<br />

sont plus de trois cents personnes qui ont<br />

participé au rassemblement du 1er mai à<br />

Prades. Rassemblement où le responsable de la<br />

CGT a rappelé les revendications syndicales, mais<br />

P lus<br />

Estagel<br />

Un 1 er mai combatif<br />

C’est une tradition dans notre secteur, le 1 er<br />

mai des « vrais travailleurs » se fête à Estagel.<br />

Pour commencer la journée, c’est avec les syndicats,<br />

l’organisation d’une manifestation dans<br />

le village et d’un dépôt de gerbe au monument<br />

aux morts. Cette année, plus de 100 personnes<br />

ont répondu à l’appel des organisateurs. Ensuite,<br />

au<strong>tour</strong> d’un apéritif, Bernard Bocabarteille,<br />

secrétaire du syndicat CGT Agly-Fenouillèdes,<br />

a indiqué les perspectives de son union locale<br />

et invité son auditoire à continuer le combat<br />

et à tout faire pour battre dimanche prochain<br />

Nicolas Sarkozy.<br />

DP<br />

aussi la volonté de beaucoup de salariés de voir<br />

Sarkozy dégagé dimanche prochain. On notait la<br />

présence dans la foule des conseillers généraux<br />

communistes, Jean-Louis Alvarez et Guy Cassoly.<br />

Argelès-sur-Mer<br />

Un défilé fraternel et joyeux<br />

de 250 personnes ont participé<br />

au défilé du 1er mai dans les rues<br />

d’Argelès, mais celui-ci ne ressemblait<br />

pas aux précédents. On y percevait<br />

une dynamique nouvelle, une joie partagée.<br />

Nombreux étaient les drapeaux<br />

rouges. Un défilé joyeux, chantant<br />

« on lâche rien », repris par certains<br />

visiteurs qui, venus au vide grenier traditionnel,<br />

s’arrêtaient un instant pour<br />

applaudir et chanter avec ceux qui<br />

défilaient. Puis ce fut le temps des discours,<br />

l’occasion, entre autres, pour la<br />

CGT de rappeler que tout «en gardant<br />

son indépendance», elle «ne peut<br />

rester neutre dans cette période», que<br />

« battre Sarkozy en élisant un nouveau<br />

président est nécessaire » et contribue<br />

« à créer un contexte plus favorable<br />

aux revendications et au progrès social<br />

qui nécessiteront toujours des mobilisations<br />

syndicales». Un apéritif offert<br />

par la municipalité a précédé le repas<br />

convivial organisé par la CGT et auquel<br />

ont participé plus de 70 personnes.<br />

MD<br />

Toulouges<br />

Une manifestation<br />

revendicative<br />

Nous étions entre 150 et 200 personnes à Toulouges<br />

pour le défilé du 1 er mai. <strong>Le</strong> cortège s’est étiré dans les<br />

rues du village derrière les musiciens et les personnalités<br />

jusqu’à la cour de l’école. <strong>Le</strong> maire a fait un petit<br />

historique de la célébration du 1 er mai dans les années<br />

passées et a déploré la division instaurée cette année<br />

par le président de la République.<br />

<strong>Le</strong> représentant de la CGT a ensuite rappelé que le 1 er<br />

mai était la fête de tous les travailleurs sans aucune distinction,<br />

que les 5 années passées avaient malmené les<br />

travailleurs. <strong>Le</strong>s luttes seront nombreuses et se passeront<br />

dans la rue. <strong>Le</strong> 6 mai sera déterminant pour stopper<br />

les injustices. Après avoir chanté l’Internationale et la<br />

Marseillaise, les manifestants ont participé à l’apéritif<br />

servi par la municipalité.<br />

DN<br />

A noter que les rassemblements du 1 er mai ont rassemblé près de 100 personnes à<br />

Alénya, près de trois cents à Céret, une cinquantaine à Port-Vendres, près de cent à<br />

Ille-sur-Têt, cent cinquante à Millas et à Saint-Laurent de Cerdans …<br />

Elne<br />

Un défilé<br />

revendicatif<br />

et en musique<br />

L e<br />

syndicat CGT, drapeaux au vent,<br />

en tête de cortège, suivi des élus<br />

dont le maire, Nicolas Garcia, et de<br />

plus d’une centaine de citoyennes<br />

et de citoyens de la ville ont porté<br />

les couleurs de l’espoir de nouvelles<br />

conquêtes sociales en souhaitant<br />

que Sarkozy soit, dimanche prochain,<br />

mis hors d’état de nuire. RP<br />

Saint-Cyprien<br />

Cent manifestants<br />

pour un 1er mai... cela<br />

s’est-il déjà vu ?<br />

A près<br />

un défilé réunissant une centaine de personnes,<br />

les responsables syndicaux, Christophe<br />

Meunard pour la CGT et Jean-Paul Boy pour la FSU,<br />

ont condamné la politique du président sortant, ses<br />

attaques contre les travailleurs à travers les organisations<br />

syndicales et ses appels du pied à l’extrême<br />

droite. Critiques à entendre au plan local aussi !<br />

Deux brins de muguet ont été déposés symboliquement<br />

sur la stèle des évadés de France par la plus<br />

jeune et « la moins jeune ». Un hommage à Raymond<br />

Aubrac a été rendu à cette occasion. Un pot<br />

fraternel a conclu cette manifestation.<br />

JPB<br />

Agly-Fenouillèdes<br />

C omme<br />

<strong>Le</strong> banquet du PCF<br />

tous les ans, la section Agly-Fenouillèdes du Parti<br />

communiste français conclut cette journée du 1er mai par<br />

son traditionnel banquet. Plus de 80 convives ont pu écouter<br />

l’intervention de Françoise Fiter, candidate du Front de gauche<br />

dans la 2e circonscription pour l’élection législative de<br />

juin, qui analysa les excellents résultats de Jean-Luc Mélenchon<br />

tant au plan national que sur le plan départemental et<br />

plus particulièrement dans les cantons de la section. Elle a<br />

invité les présents à tout faire pour battre la droite le 6 mai<br />

prochain, et à poursuivre les efforts pour que le Front de gauche<br />

est le maximum de députés à l’Assemblée nationale. <strong>Le</strong><br />

message a été reçu avec enthousiasme par les participants.<br />

DP


10 sports<br />

Flash du XIII<br />

Super <strong>Le</strong>ague<br />

<strong>Le</strong> week-end passé était consacré à la CUP . Pas<br />

de surprise avec des scores faramineux. <strong>Le</strong> seul<br />

match plus indécis a consolidé la valeur de Warringtonn<br />

vainqueur de Bradford par 32 à 16.<br />

Prochaines journées : vendredi : St Helens-Wakefields<br />

; Wigan-Hull Kr Sky. Samedi : Hull FC-<strong>Le</strong>eds<br />

Sky. Dimanche : London-Bradfords ; Warrington-Salford.<br />

Lundi : Castelford-Widnes Sky.<br />

Samedi 18h30 8h30 - <strong>Le</strong> choc :<br />

Dragons-Huddersfield<br />

Huddersfield<br />

Pour le match de<br />

coupe, aucun souci<br />

quant au résultat. tat.<br />

Mais la rigueur r<br />

était de mise, avec<br />

surtout Robinson, son,<br />

on ne passe pas as à<br />

côté de la plaque. ue. Avec<br />

4 essais en un quart d’heure, on savait à quelle<br />

sauce les Anglais ais passeraient et ce ne sont pas les<br />

quelques changements effectués qui ont perturbés<br />

nos Dragons qui, avec le maître à jouer, Dureau,<br />

flairant tous les bons coups, ont pris un avantage<br />

incontestable. Pryce, Bosc, Duport ou Menzies<br />

sont à citer, apportant les outils nécessaires, pour<br />

que le jeune Cardace se mette en évidence. Avant<br />

ces quarts de finale du 13 mai, le prochain gros<br />

morceau sera samedi avec la venue du leader de la<br />

poule, acteur pour le moment d’une saison exemplaire.<br />

Avec deux défaites dont la première sur son<br />

herbe, à la troisième journée face à Warrington<br />

(32 à 22) et à la huitième face à Hull KR (40 à 22),<br />

ce club ne totalise que des victoires et non des<br />

moindres. En CUP, ballade face à Swinton (52 à<br />

0), mais pas mal de remplaçants étaient présents<br />

car le match de samedi aura une autre envergure.<br />

Sauf imprévu de dernière minute, le demi de<br />

mêlée Brough, avec 4 essais et 83 points marqués<br />

au pied, reste une pièce maîtresse, tout comme<br />

l’ouvreur Brown. Ne pas oublier le centre Cudjoe<br />

avec 6 essais, ou l’ailié Mc Gillvary. Dans les<br />

avants, le pilier George avec 6 essais et l’imposant<br />

Crabtree, la plus grande ossature en super. C’est<br />

une équipe de valeur et les résultats le prouvent.<br />

<strong>Le</strong>s Dragons savent à quoi s’en tenir et croyez que<br />

l’équipe sera mobilisée au maximum. <strong>Le</strong>s Dreav,<br />

Price seront les fers de lance, car, de la qualité,<br />

il y en a chez les locaux. Mais toutes les choses<br />

seront à gérer pour un autre exploit. <strong>Le</strong> travail<br />

préparatoire a été fait dans ce sens.<br />

Robert Escaro<br />

USAP : petites histoires USAPistes<br />

En ce dernier « cap de setmana »<br />

du mois d’avril, pas de match<br />

pour l’USAP ! Pas plus d’an-<br />

no nonce officielle pour les recrues de<br />

la<br />

saison 2012-2013, le président<br />

Pa Paul Goze, en homme sage, préférant<br />

att attendre que son club soit définitive-<br />

me ment « qualifié pour le Top14 », ce qui<br />

de devrait se réaliser dès ce samedi 5 mai,<br />

au aux alen<strong>tour</strong>s de 16 heures 15, avec la<br />

ve venue de Lyon, lanterne rouge de ce<br />

ch championnat.<br />

No Notre « hebdo » est donc bâti cette se-<br />

ma maine sur des histoires de l’USAP et du<br />

ru rugby en général, certaines véridiques,<br />

d’a d’autres … un peu moins.<br />

Un U<br />

instit, dans une classe de CE2<br />

d’une école parisienne, demande<br />

à ses élèves : « Qui est supporter du<br />

Stade Français ? ». Tous les enfants lèvent<br />

le doigt sauf Kevin.<br />

L’instit : « Alors Kevin ! T’aimes pas le<br />

rugby ? »<br />

Kevin : « Oui, mais je suis supporter de<br />

l’USAP ! »<br />

L’instit : « De l’USAP ? Mais pourquoi<br />

donc ? »<br />

Kevin : « Parce que mon père et ma<br />

mère sont supporters de l’USAP ! »<br />

L’instit : « Ah bon ! Tu fais comme tes<br />

parents ! Et si ton père était un crétin<br />

et ta mère stupide, tu serais quoi ? »<br />

Et Kevin de répondre : « Ben, je serais<br />

supporter du Stade Français ! ».<br />

Jacky et René sont deux amis passionnés<br />

de rugby. Ils parlent rugby,<br />

pensent rugby, vivent pour le rugby.<br />

Un jour, Jacky dit à René : « On va se<br />

promettre que le premier de nous deux<br />

qui meurt reviendra sur Terre pour dire<br />

à l’autre si le rugby existe au Paradis.<br />

C’est très important ! ».<br />

Un jour, René rend l’âme et il tient la<br />

promesse : « Jacky ! J’ai une bonne et<br />

une mauvaise nouvelle ! »<br />

« Dis-moi René ! Hein qu’il y a du<br />

rugby là-haut ? »<br />

« Oh oui Jacky, ça c’est la bonne nouvelle<br />

! Mais la mauvaise, c’est que tu<br />

joues samedi prochain ! »<br />

Il est connu des passionnés de<br />

rugby que les joueurs de l’AS<br />

Clermont-Auvergne descendent<br />

toujours dans un hôtel thalasso de<br />

Canet lorsqu’ils se déplacent en Roussillon<br />

pour rencontrer l’USAP. Un jour,<br />

le jardinier de cet hôtel découvre que<br />

les rosiers font plus de 10 mètres de<br />

haut, des tomates de 20 cm de diamètre<br />

(comme des melons !) et les melons<br />

comme des ballons de foot.<br />

Stupeur ! Il appelle le directeur et lui<br />

dit : « Moi je veux bien que l’hôtel héberge<br />

chaque année les Clermontois,<br />

mais dites-leur d’arrêter de pisser dans<br />

le jardin ! ».<br />

La veille du match contre Lyon,<br />

une femme va voir son gynéco<br />

près de la « dalle à ragots ». Celui-ci<br />

se rend compte qu’elle a, à l’intérieur<br />

de chaque cuisse un tatouage :<br />

sur la cuisse gauche un tatouage de<br />

James Hook, sur la droite un tatouage<br />

de Nicolas Mas.<br />

Elle avoue être fan de l’USAP. <strong>Le</strong> gynéco,<br />

super fan lui aussi lui demande<br />

: « Puis-je faire une bise sur chacun<br />

d’eux afin de leur porter chance pour<br />

le match de samedi ? ». Elle accepte.<br />

<strong>Le</strong> médecin s’exécute, puis la patiente<br />

s’écrie : « Et à Pérez, on ne lui fait pas<br />

un bisou ? ».<br />

Dans les années 60, les derbies<br />

USAP-Béziers attiraient à « Aimé<br />

Giral » des foules nombreuses et<br />

très colorées, venues des quatre<br />

coins du département. C’était,<br />

pour certains supporters des hauts<br />

cantons, l’occasion de festoyer dans la<br />

capitale catalane. En ce dimanche de<br />

mars, trois copains, célibataires endurcis,<br />

décident d’amener avec eux Amé-<br />

N°3460<br />

Semaine du du4au10m 4 au 10 mai 2012<br />

dée, le curé de Fontpédrouse. <strong>Le</strong>s matches<br />

se jouaient dans ces années-là à<br />

15 heures le dimanche, et n’étaient en<br />

aucun cas tributaires d’une quelconque<br />

chaine cryptée.<br />

Amédée n’avait pas oublié, après la<br />

messe dominicale de 10 heures 30 de<br />

clouer sur la porte de l’église un petit<br />

panneau : « Ce soir , il n’y aura pas de<br />

vêpres ! » (sans autre précision !).<br />

<strong>Le</strong> match fut difficile pour nos <strong>Catalan</strong>s,<br />

car l’AS Béziers était alors la<br />

grande équipe crainte par tous. L’USAP<br />

l’emporta tout de même 9 à 6.<br />

Nos quatre compères arrosèrent copieusement<br />

la victoire dans un bistrot<br />

du centre ville (on ne parlait pas encore<br />

d’éthylotest et encore moins de<br />

savoir s’il en faudrait deux ou trois<br />

par voiture !). Après un bon repas au<br />

Café de la Source, ils décidèrent d’un<br />

commun accord de se rendre dans les<br />

petites ruelles tout près de la Loge.<br />

Amédée fit un signe de croix mais rapide.<br />

Il avait laissé sa soutane à Fontpédrouse,<br />

n’amenant dans ses poches<br />

que le chapelet dans le cas où le match<br />

aurait mal <strong>tour</strong>né.<br />

Notre curé entra donc dans la confidentialité<br />

de cette chambre exiguë<br />

avec la pulpeuse Jocelyne qui procéda<br />

alors aux préliminaires d’usage. En<br />

particulier elle s’enduisit « sa partie<br />

sacrée » d’une crème dont elle seule<br />

avait le secret.<br />

Amédée l’observa stupéfait, puis subitement<br />

sortit le chapelet de sa poche.<br />

Il l’enroula aussitôt au<strong>tour</strong> de la partie<br />

de son corps qu’il n’avait pas vu frémir<br />

depuis très longtemps. Jocelyne s’exclama<br />

alors : « Mais que fais-tu mon<br />

poussin ? ».<br />

Notre curé lui répondit alors : « Oh !<br />

Vous savez, à Fontpédrouse, quand ça<br />

glisse, on met les chaines ! ».<br />

Fins aviat !<br />

Jo Solatges


N°3460 communiqués 11<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

L’austérité pour les peuples,<br />

des milliards<br />

pour les dépenses militaires<br />

<strong>Le</strong> SIPRI, l’Institut International<br />

de Recherche pour la Paix de<br />

Stockholm, a publié les données<br />

de son étude annuelle concernant<br />

les dépenses militaires mondiales<br />

en 2011. « De record en record, les<br />

dépenses militaires mondiales atteignent<br />

en 2011 la somme extravagante<br />

de 1 738 milliards de dollars »<br />

dénonce Pierre Villard, co-président<br />

du Mouvement de la Paix. L’institut<br />

suédois note cependant une quasistabilisation<br />

puisque, en termes réels,<br />

l’augmentation par rapport à 2010<br />

n’est plus que de 0,3%. La crise semble<br />

donc avoir ralenti la course folle<br />

à la mort. « Ce haut niveau signifie<br />

cependant qu’en pleine crise, la part<br />

des richesses mondiales dé<strong>tour</strong>née<br />

dans les dépenses militaires reste à<br />

un niveau insupportable alors que les<br />

Objectifs du Millénaire pour le Développement<br />

qui visaient à réduire de<br />

moitié l’extrême pauvreté seront loin<br />

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AVIS DE CONSTITUTION<br />

Forme : SARL<br />

Dénomination : OASIA CONCEPT<br />

Siège social : 2 rue Léon Bourgeois, 66000 PERPIGNAN<br />

Capital social : 10 000 <br />

Durée : 99 ans<br />

Gérant : M. GIL Jacques, 16 rue Albert Bausil 66330 CABESTANY<br />

SCI MARIOL – 6 rue de Lanterne – 66000 PERPIGNAN<br />

CESSION DE PARTS<br />

ET TRANSFERT DE SIEGE SOCIAL<br />

Suivant acte sous seing privé du 15 avril 2012, notifié à la société, Mme RAMOUSSE<br />

Anne-Marie cède à M. PALETTA Olivier ses 400 parts qu’elle possède de la société, M.<br />

PALETTA est à la suite de cette cession titulaire des droits attachés aux parts sociales<br />

cédées. Suivant l’assemblée générale du 24 Avril 2012 le siège social de la SCI MARIOL<br />

est transféré à : 2, rue Léon Bourgeois 66000 PERPIGNAN<br />

Pour avis, le gérant<br />

d’être atteints » note le responsable<br />

pacifiste qui poursuit « il faut d’urgence<br />

réduire massivement les dépenses<br />

militaires pour consacrer ces<br />

sommes au développement des services<br />

publics et à la satisfaction des<br />

besoins sociaux, contribuant ainsi à la<br />

construction d’un monde plus juste et<br />

plus sûr. »<br />

La France, qui conserve un niveau de<br />

dépenses très élevé, est passée du<br />

3 e au 5 e rang des pays aux dépenses<br />

militaires les plus élevées en 2011 du<br />

fait de la très importante augmentation<br />

(+9,3%) des dépenses militaires<br />

russes. Elle reste avec les autres membres<br />

permanents du Conseil de sécurité<br />

de l’ONU, l’un des pays les plus<br />

à la pointe de cette course mortelle.<br />

« Triste record » déplore Pierre Villard.<br />

Il poursuit « la France aurait tout à gagner<br />

à investir dans la construction de<br />

la paix, plutôt que dans la poursuite<br />

VIIe journée nationale des mémoires<br />

de la traite négrière transatlantique,<br />

de l’esclavage et de leur abolition<br />

A Thuir, jeudi 10 mai à 18h15, devant le mémorial de la<br />

déportation.<br />

Dépôt d’une gerbe, chanson de Billie Holiday « Strange<br />

fruit », discours.<br />

Re<strong>tour</strong> à la mairie où sera servi un vin d’honneur.<br />

A 20h30, salle du 3ème âge de la MJC, présentation d’un<br />

court métrage « <strong>Le</strong> 10 mai » suivie d’une libre parole.<br />

des guerres ».<br />

<strong>Le</strong> budget français de la Défense<br />

s’élevait à 32,15 milliards d’ en<br />

2010, à 31,19 Md en 2011. Il devrait<br />

passer à 31,83 Md en 2012,<br />

en augmentation de 1,8% et avoisiner<br />

encore les 32 Md en 2013.<br />

C’est le 3 e poste budgétaire de l’État.<br />

Dans le même temps, de nombreux<br />

discours affirment que la France (qui a<br />

encore 4 000 soldats en Afghanistan)<br />

n’a pas d’argent pour financer les besoins<br />

sociaux !<br />

Pour notre pays, nous demandons la<br />

diminution du budget militaire et le<br />

transfert des économies réalisées :<br />

- au développement des services publics<br />

de base : éducation, santé, recherche,<br />

aide aux personnes âgées,<br />

culture, …<br />

- au financement des politiques d’emploi<br />

et de ré-industrialisation,<br />

- à la protection de l’environnement<br />

et à promotion des sources d’énergie<br />

renouvelables,<br />

- à la promotion et au développement<br />

d’une culture de la paix et de la gestion<br />

des conflits à tout niveau (depuis<br />

la formation à la médiation à l’école<br />

jusqu’au développement d’actions<br />

diplomatiques internationales pour la<br />

paix).<br />

A l’occasion de la journée mondiale<br />

du 17 avril dernier pour la réduction<br />

des dépenses militaires, le Mouvement<br />

de la Paix a réitéré sa proposition<br />

de mettre en débat la réduction<br />

de moitié des budgets militaires pour<br />

les 10 ans à venir.<br />

<strong>Le</strong> Mouvement de la Paix<br />

SOCIETE FIDAL<br />

AVOCATS AU BARREAU DES PYRENEES-ORIENTALES<br />

Résidence « <strong>Le</strong> Marilyn »<br />

39, Boulevard Kennedy – B.P. 11515<br />

66103 PERPIGNAN CEDEX<br />

Tél : 04.68.66.43.80<br />

ALPHA AMBULANCES<br />

Société par actions simplifiée<br />

Au capital de 5.000 euros<br />

Siège social : 269, Avenue de l’Industrie<br />

66000 PERPIGNAN<br />

RCS PERPIGNAN N° 539.444.091<br />

Suivant décidions de l’associé unique du 25 Avril 2012, il résulte que :<br />

la dénomination sociale, sera désormais : « ALPHA TAXIS 66 » à compter de ce jour.<br />

L’article 2 des statuts a été modifié en conséquence<br />

Pour avis,<br />

Picasso à Céret<br />

C ’était<br />

un soir de fin de corrida (1953 ?) au premier<br />

étage du café du Commerce, sur le boulevard<br />

bordé de platanes centenaires.<br />

Pablo Picasso avait, l’après-midi, présidé un spectacle<br />

taurin aux arènes. Je l’avais observé sous son large<br />

chapeau noir, avec ses amis proches, assis sur les<br />

gradins.<br />

Ses camarades du Parti l’avaient invité pour un apéritif<br />

intime. Au<strong>tour</strong> des guéridons rapprochés, verres sur<br />

les marbres, était Picasso, Hélène Parmelin (écrivain)<br />

et le peintre Pignon, ainsi que quelques responsables<br />

politiques du département des PO et des militants<br />

cérétans.<br />

Paroles de bienvenue et de fraternité dans une ville<br />

connue dans sa jeunesse ; Pablo écoutait. Quelques<br />

échanges et voilà Pierre Mau, professeur de dessin<br />

du lycée voisin qui pose sur le guéridon une feuille<br />

de « canson » blanc, un flacon d’encre de Chine, un<br />

pinceau et demande à Pablo de bien vouloir laisser<br />

une trace de son passage à ses camarades catalans.<br />

Impossible de reculer ! Une seconde de surprise tout<br />

de même, puis, trempant le pinceau dans l’encrier une<br />

première goutte tombe sur la feuille. Volontairement ?<br />

Involontairement ? La sardane se met en mouvement,<br />

bras levés, pieds sautillants, hommes et femmes<br />

dansent. Une colombe les survole.<br />

Pablo a terminé en quelques secondes. Applaudissements,<br />

mais Pierre Mau en rajoute : « Pablo, et<br />

la signature ? » Picasso semble hésiter (il connaît la<br />

valeur de sa signature !) puis, signe, date et précise le<br />

lieu : Céret.<br />

J’avais 17 ans et, avec mon père, nous venions de<br />

vivre un moment exceptionnel.<br />

Cette « sardane de la paix » a été offerte, quelques<br />

années après, au Musée d’art moderne de Céret par<br />

la section locale du Parti communiste, où elle est<br />

exposée aujourd’hui.<br />

Œuvre simple, spontanée mais comme une pierre<br />

pour poursuivre la découverte d’un « artiste » (il<br />

n’aimait pas cette étiquette paraît-il), sans cesse en<br />

mouvement.<br />

Avec Marie-Claude, nous avons encore retrouvé les<br />

traces de Picasso, à Vauvenargues, bien des années<br />

plus tard, dans une demeure où il vécut quelques<br />

temps avec Jacqueline, son épouse. Là où il repose.<br />

Serge Guisset, mars 2012<br />

AVIS<br />

SARL MDCP<br />

Société à responsabilité limitée<br />

Au capital de 30 000,00 euros<br />

502 231 541 RCS PERPIGNAN<br />

Aux termes d’une décision en date du 26 mars 2012, les associés ont décidé à l’unanimité<br />

de transférer le siège social du Pôle Nautique - Quai des Corbières, 66140 CANET<br />

EN ROUSSILLON au Pôle Nautique - Rue Nautile, 66140 CANET EN ROUSSILLON à<br />

compter du même jour et de modifier en conséquence l’article 4 des statuts.<br />

Pour avis La Gérance<br />

<strong>Le</strong> <strong>Travailleur</strong> <strong>Catalan</strong><br />

est habilité à publier les annonces<br />

légales et judiciaires.<br />

Renseignements<br />

au 04 68 67 00 88


12 culture<br />

A l afFiche<br />

Perpignan<br />

Théâtre de la Rencontre. Samedi 5 mai à<br />

20h30, dimanche 6 mai à 17h. « En mai,<br />

dis-moi Dimey » : le Bestiaire de Paris, <strong>Le</strong><br />

Milieu de la Nuit, Poèmes Voyous-Chansons<br />

voyelles, etc. Avec André Stuber<br />

(orgue de barbarie) et Bernadette Boucher.<br />

Théâtre de l’Archipel, le<br />

Carré. Vendredi 4 mai à 18h30.<br />

Clôture festive des Heures<br />

musicales. Avec la Cobla<br />

Mil.lenaria, direction Jesus<br />

Ventura. Tarif unique : 5 .<br />

Théâtre de l’Archipel, le Carré. Jeudi 10<br />

mai, vendredi 11 mai 20h30. « Déjeuner<br />

chez Wittgenstein » de Thomas<br />

Bernhard, mise en scène Frédéric Borie.<br />

Spectacle en français surtitré en catalan.<br />

L’écriture de Thomas Bernhard se<br />

nourrit joyeusement de la détestation,<br />

de la colère et de la dénonciation. C’est<br />

résolument une langue qui « boxe ». Tarif<br />

C (18, 15, 12, 11 ). 04 68 51 64 40.<br />

Institut Jean Vigo. Salle Marcel<br />

Oms. Vendredi 4 mai à 19h. Festival<br />

Zoom Arrière. Soft et Hard au temps<br />

du muet : Ciné Clandé (50mn). Une<br />

séance de films érotiques et de<br />

films de bordels. Interdit aux moins<br />

de 18 ans. Sélection de courts<br />

métrages de 1902 à 1925 : scènes<br />

«coquines», saynètes «grivoises»,<br />

premières «nudités»,... jusqu’à des<br />

films pornographiques à destination<br />

des maisons de prostitution.<br />

Jeudi 10 mai à 19h. Dans le cadre<br />

de la Semaine de l’Europe<br />

et en partenariat avec la ville<br />

de Perpignan, « Open Hearts »,<br />

Suzanne Bier, Danemark 2003,<br />

1h54.<br />

Elmediator. Vendredi 11 mai à<br />

20h30. Soirée « 100 grammes<br />

de têtes ». Nouvel Album,<br />

« Good Stuff » ! Ska-reggae.<br />

Quelques grammes suffiraient<br />

pour revivre avec jubilation<br />

le long cheminement de la<br />

musique jamaïcaine... <strong>Le</strong>s 100<br />

grammes font tout ça, et ils le<br />

font bien. + Sound System :<br />

Dapatch Selector (La Main<br />

Verte) + Papet J de Massillia<br />

Sound System. + Projection<br />

du documentaire « <strong>Le</strong> <strong>Premier</strong><br />

Rasta » d’Hélène <strong>Le</strong>e (sorti au<br />

cinéma en avril 2011) à 20h30.<br />

Tarifs: 12 / 9 adhérent.<br />

Librairie Torcatis. Vendredi 4 mai à<br />

partir de 17h30. Jean Soler pour la<br />

présentation de son dernier essai :<br />

« Qui est Dieu ? » (Ed. de Fallois).<br />

Présentation par Bernard Revel.<br />

Jean Soler, agrégé de lettres, a<br />

été conseiller culturel auprès de<br />

l’ambassade de France en Israël<br />

de 1969 à 1973 ; puis de 1989<br />

à 1993. Il a publié aux éditions<br />

de Fallois « Aux origines du Dieu<br />

unique » en trois volumes et, en<br />

2009, « La violence monothéiste ».<br />

Dans les années 60, il était jeune, beau, impétueux<br />

et il brûlait l’écran de la télé dans Thierry la Fronde.<br />

Aujourd’hui, Jean-Claude Drouot ne renie pas cette<br />

période enthousiaste. A la question « Est-ce que ça vous<br />

agace qu’on en parle encore ?», il répond « Pas du tout !<br />

Je n’ai non seulement rien à renier mais en plus, j’en suis<br />

fier. Ç’a été une période importante de ma vie… D’autant<br />

plus qu’après trente ans, d’autres générations découvrent<br />

ce feuilleton ; le personnage de Thierry la Fronde continue<br />

de renouveler son propre mythe ». Si Jean-Claude Drouot ne<br />

regrette rien, c’est aussi parce qu’il a su ne pas se laisser<br />

enfermer dans ce personnage et qu’il a fait depuis l’époque<br />

de ses vingt ans une belle carrière au théâtre, au cinéma et<br />

à la télévision.<br />

« Mon amour pour le théâtre m’a protégé, confie-t-il. Dès<br />

1963, je suis devenu un homme de théâtre à part entière. Je<br />

suis quelqu’un qui a toujours été totalement responsable de<br />

son destin d’homme et d’homme de théâtre. Parallèlement<br />

au théâtre, j’ai continué à <strong>tour</strong>ner régulièrement pour la télévision<br />

: « <strong>Le</strong>s gens de Mogador », « Gaston Phébus »... Non<br />

pas pour briser une image mais pour cumuler les personnages.<br />

La vie d’un acteur n’est pas faite au service d’un personnage<br />

plus marquant que d’autres. Nous sommes la somme<br />

de tous les personnages qui nous ont hanté. »<br />

Des histoires de « taiseux »<br />

Aujourd’hui c’est avec les « Portraits cévenols » que nous<br />

revient Jean-Claude Drouot. Un coin en forme de veillée. Un<br />

texte magnifique, un vrai bonheur de langue, de malice et<br />

de tendresse pour les autres, de Gilbert Léautier. Ce dernier,<br />

venu d’ailleurs, a vécu quarante ans dans les Cévennes. De<br />

son intimité avec ce terroir et ses habitants, il a tiré une série<br />

de portraits. Des portraits de « taiseux ». Une attitude que<br />

La salle du rez-de-chaussée du Musée<br />

des Arts et Traditions Populaires<br />

de Thuir était trop petite pour<br />

accueillir amis, admirateurs et curieux du<br />

travail de Monique Hillel. Une ambiance<br />

particulièrement chaleureuse régnait en<br />

ce lieu aux parois en cayrou, support<br />

idéal au feu d’artifice de couleurs auquel<br />

conviait Monique. Des tableaux de tous<br />

formats, à l’acrylique, des collages, et,<br />

sa dernière création, des petits meubles<br />

peints, tabourets, chaises ou consoles.<br />

Sur chaque toile, un enchevêtrement,<br />

une infinité de sujets mis en tous sens,<br />

personnages, traits, figures géométriques,<br />

paysages, ballons, roues, jouets...<br />

un joyeux melting-pot sur lequel le<br />

regard doit s’attarder pour, progressivement,<br />

en déceler la teneur, comme<br />

dans ces jeux où le but est de deviner<br />

la forme cachée. Plaisir d’aller de l’une<br />

à l’autre de ces oeuvres aux couleurs<br />

éclatantes, toute la gamme mêlée, sans<br />

Toujours fougueux,<br />

passionné, plein de foi<br />

dans le monde<br />

Théâtre de la Rencontre. Vendredi 27 avril, Jean-Claude<br />

Drouot a donné le meilleur de lui-même dans « Portraits<br />

cévenols » de Gilbert Léautier.<br />

crainte d’appariements culottés, mais<br />

elle a raison d’oser, Monique, cela touche<br />

juste. C’est tout un univers qui n’est<br />

pas étranger aux peintures africaines,<br />

ou aux peintres « naïfs », sans doute<br />

parmi les sources d’inspiration de l’artiste,<br />

univers ludique et émouvant, avec<br />

des références à l’enfance, aux rêves, au<br />

temps qui passe... Quelques collages,<br />

aux tons plus doux, montrent des villes,<br />

des maisons de bas en haut, aux jolis<br />

toits rouges, des arbres... images du vivre<br />

ensemble.<br />

Et puis il y a les meubles ! Et l’idée géniale<br />

de les peindre à la manière des<br />

toiles, à l’acrylique, avec mille formes et<br />

couleurs. <strong>Le</strong>s voilà transformés en objets<br />

d’art et de décoration, belle réussite<br />

qui risque fort de donner du travail supplémentaire<br />

à l’artiste, les amateurs se<br />

sont précipités, comme pour les toiles.<br />

Pressée par Jean-Georges Mas (prési-<br />

N°3460<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

partagent tous ceux qui ont un rapport intime avec la terre,<br />

avec ses travaux rythmés par la nature, avec le besoin d’observation<br />

qu’ils exigent, avec la réflexion, le souci du concret, la<br />

solidité nécessaires. « Taiseux » mais parfois aussi roublards,<br />

occultant leur malice, protégeant leur quant-à-soi. Car, à la<br />

campagne, chacun voit vivre l’autre. On n’est pas perdu dans<br />

la foule qui vous servirait d’écran. On est aussi marqué par la<br />

tradition, voire l’atavisme : l’apparente ladrerie selon laquelle<br />

« un sou est un sou » est le fruit de générations de misère qui<br />

ont laissé de profondes traces.<br />

C’est tout cela que Léautier et Drouot nous font sentir. Avec<br />

une tendresse profonde pour ces personnages déjà un peu<br />

outrepassés par nos temps devenus frivoles. Avec beaucoup<br />

d’humour aussi. La malice est un trait paysan : de beaux<br />

exemples en sont la Louise, ou la Muguette, Georgette ou<br />

autre « ette », toujours là où on ne les attend pas. Avec la<br />

longue histoire de l’oncle siphonnant trop souvent son tonneau<br />

qu’on a fini par envoyer à l’hospice, arrachant après son<br />

départ les vignes qu’il n’avait plus le loisir de cultiver. Avec<br />

tant d’autres encore…<br />

Si Jean-Claude Drouot nous fascine tant avec ses portraits<br />

cévenols, c’est grâce à la vie, au mouvement qu’il sait leur<br />

donner. « Ce qui m’anime, avoue-t-il, c’est une foi immense<br />

au monde. Je me trouve mieux dans la violence des orages<br />

qu’au milieu d’un calme plat. Je me suis forgé une exigence,<br />

par tempérament et par besoin de dépaysement. Et étant très<br />

exigeant avec moi-même, je suis très souvent insatisfait. Je<br />

suis perpétuellement en quête de nourritures. »<br />

Pour couronner le tout, il nous confie que bientôt, en chaire<br />

de la cathédrale de Meaux, il dira du Bossuet. Devinez quoi.<br />

Un texte sur les riches et les pauvres.<br />

Y.L.<br />

Elle nous en fait voir de toutes les couleurs<br />

Peinture. Monique Hillel expose à Thuir<br />

dent des Cimaises Ephémères et hôte<br />

des lieux) de parler de son travail, Monique,<br />

discrète, devait seulement dire son<br />

amour des couleurs et de la mixité, à<br />

tous les niveaux, « les couleurs se font<br />

du bien entre elles »; ajoutant qu’il ne<br />

faut pas « chercher de clé » dans ses<br />

créations , elle laissait à chacun le soin<br />

de les découvrir et se les approprier.<br />

NG<br />

A voir jusqu’au 6 mai, Musée à côté<br />

de la Mairie.


N°3460 culture 13<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

Cantilène pour un poète<br />

« L’ocell cerdá ». En coopération Compagnie du Sarment - Jordi Pere Cerdá<br />

Un jour, le maire a proposé à<br />

Neus Vila de monter un spectacle<br />

à Bellver de Cerdagne, son<br />

village natal. Profondément attachée<br />

à l’œuvre de Jordi Pere Cerdá, que ses<br />

proches préfèrent nommer Antoine,<br />

elle a choisi les poèmes tirés du recueil<br />

« Ocells / Oiseaux » écrit durant un hiver<br />

en Cerdagne, dans le village de Nahuja.<br />

<strong>Le</strong> spectacle fut réalisé au cours de l’année<br />

2011. Antoine Cayrol participa à sa<br />

gestation. Il y figure, en images, filmé<br />

quelques semaines avant sa mort et sa<br />

voix y est fugitivement présente. L’Ocell<br />

cerdá fut joué le 15 août 2011 à Tallo,<br />

nouveau centre de recherche du parc<br />

naturel Cadi-Moixeró. <strong>Le</strong> 11 septembre<br />

suivant, Antoine quittait ce monde.<br />

Fait de poèmes, « l’Ocell cerdá - l’Oiseau<br />

cerdan » est en soi un vaste poème où<br />

se tissent en puissante évocation de la<br />

montagne, de sa rudesse et de ses charmes,<br />

les mots, les images et les sons.<br />

La comédienne, Neus Vila, qui dit les<br />

poèmes, le plus souvent dans la langue<br />

rocailleuse de la Cerdagne, de temps en<br />

temps dans la souplesse atténuée du<br />

français, est au cœur. La profusion des<br />

images, immense enveloppement d’un<br />

horizon sans limites, leur fusion, le choc<br />

du ciel aux couleurs d’azur ou de feu,<br />

les cascades de roches, le jaillissement<br />

des plantes et des fleurs, est envoyée en<br />

symbiose active avec le rythme de son<br />

jeu. La musique, elle aussi diffusées en<br />

direct, s’associe à ce rythme, s’y mêle<br />

en contrepoint : se taisant pour laisser<br />

la place au texte elle atteint dans les<br />

intermèdes et vers le final, un « climax<br />

explosif ».<br />

Deux oiseaux, deux rapaces, le faucon<br />

et le grand duc, guident cet itinéraire<br />

où la nature apparaît tantôt telle<br />

quelle, tantôt abstraite. <strong>Le</strong>s oiseaux ne<br />

figurent pas sur les images, nous dit le<br />

metteur en scène, Cédric Chayrouse,<br />

ils ne sont présents que dans la voix<br />

de la comédienne. <strong>Le</strong>s échanges avec<br />

Antoine Cayrol ont aidé à donner sens<br />

à la composition : à l’origine l’appel,<br />

un appel inconnu, ouvrant un chemin<br />

pour la fuite. <strong>Le</strong> poète que son corps<br />

abandonne va partir pour l’ailleurs. La<br />

fuite des couleurs s’y mêle, la musique<br />

est plus allégée. Ce cheminement est<br />

un symbole dont les poèmes portent le<br />

sens, il est l’élévation du poète ancré<br />

dans le réel.<br />

L’accord profond entre les quatre interprètes<br />

: Neus Vila, la comédienne,<br />

Cedric Chayrouse, le metteur en scène,<br />

François Grandjacques qui a filmé les<br />

images sur place au mois d’août, Sébastien<br />

Chatron qui a composé en mêlant<br />

musique acousmatique et flûte, alliant<br />

sons du réel et matériel abstrait, leur<br />

écoute l’un pour l’autre, leur entente<br />

profonde et leur amour pour Antoine<br />

Cayrol, la volonté farouche de « rester<br />

d’accord avec lui, avec les images qu’il<br />

donnait dans sa langue », ont produit<br />

ce joyau, messe profane pour un envol<br />

vers l’infini.<br />

Cette puissante source d’inspiration,<br />

les membres de la compagnie du Sarment<br />

entendent ne pas l’abandonner.<br />

Ils continueront à travailler sur l’œuvre<br />

de Jordi Pere Cerdá. La matière leur en<br />

sera riche.<br />

Yvette Lucas<br />

Un cadre d’époque pour musiques 1900<br />

Concert costumé. La musique entre 1900 et 1910 c’est - parmi d’autres - Reynaldo<br />

Hahn, Ravel, Fauré, Chausson, Saint-Saëns. Pour le concert dédié à ces compositeurs,<br />

samedi 28 avril à Thuir, Mme Danielle Hamelin avait décidé de créer des costumes<br />

d’époque et d’en vêtir les musiciens.<br />

Amandine Trenc, soprano, Guillaume Chilenne, violoniste<br />

et Nathanaël Gouin, pianiste, se présentaient<br />

donc dans les costumes qu’ils auraient portés au<br />

cours d’une soirée musicale en 1902. Costumes inspirés de<br />

Jeanne Paquin, qui libéra la femme du corset et eut Paul Poiret<br />

comme dessinateur. Dames en robes fluides ornées de<br />

dentelles et de broderies, toute aérienne pour la cantatrice,<br />

fourrures pour les messieurs illustrant chacun un type : le rapin<br />

pour Nathanaël Gouin, le dandy pour Guillaume Chilenne.<br />

Si Amandine put garder sa robe, aussi légère que seyante,<br />

ces messieurs durent ôter leurs vestes lourdes et entravantes<br />

pour rejoindre leurs instruments. Nous connaissons déjà bien<br />

Nathanaël Gouin, lauréat à Collioure l’an dernier du grand<br />

prix Alain Marinaro et nous le retrouvons chaque fois avec<br />

bonheur. Pour la circonstance il s’était fait l’accompagnateur<br />

attentif et inspiré de la soprano Amandine Trenc, issue entre<br />

autres lieux de formation, du Conservatoire National de Musique<br />

et de Danse de Lyon. Guillaume Chilenne, qui a débuté<br />

le violon à Toulouse dès l’âge de trois ans, fut reçu en 2005<br />

premier nommé à l’unanimité du jury au Conservatoire National<br />

Supérieur de Musique de Paris et a obtenu en 2010 le<br />

3e Grand Prix du concours de violon Long-Thibaud.<br />

Familière de la mélodie et du lied, Amandine Trenc charma<br />

le public avec de courtes pièces où texte et musique jouent<br />

à part égale : quatre chansons de Reynaldo Hahn écrites en<br />

anglais (dites en français) sur des textes de Stevenson, des<br />

mélodies populaires grecques richement harmonisées par<br />

Nathanaël Gouin en rapin, Amandine Trenc d’une élégance<br />

raffinée et une dame invitée<br />

Maurice Ravel, deux mélodies de Fauré - Mandoline et les<br />

Roses d’Ispahan – et deux pièces de Chausson : Papillons,<br />

sur un texte de Théophile Gauthier et le Colibri, sur un sonnet<br />

de <strong>Le</strong>conte de Lisle. <strong>Le</strong> moment purement instrumental<br />

fut consacré par le pianiste et le violoniste à la sonate pour<br />

piano et violon de César Franck dont le public salua la fort<br />

belle interprétation avant qu’un tutti rassemble les trois musiciens<br />

pour Violons dans le soir de Camille Saint-Saëns. Un<br />

programme parfaitement équilibré où chacun sut jouer sa<br />

partition avec ferveur et simplicité.<br />

Y.L.<br />

La Poudrière. Rue Rabelais à<br />

Perpignan. Vendredi 4 mai à 18h.<br />

Vernissage de l’exposition de<br />

photographies de Michel Nicolau,<br />

« <strong>Le</strong> rock et les filles ». Passionné<br />

d’images et de sons, Michel<br />

Nicolau présente une exposition<br />

consacrée aux filles dans le rock.<br />

Seront exposés une quarantaine<br />

de tirages pris sur le vif, qui traduisent<br />

toute l’énergie des groupes<br />

qui ont fait l’histoire musicale du<br />

Crockmore. Exposition du 4 mai<br />

2012 au 24 juin 2012. Entrée libre.<br />

Canohès<br />

Théâtre de la Rencontre.<br />

Jeudi 10 mai à 15h.<br />

Théâtre Jeune Public,<br />

pour les 3-11 ans.<br />

« Rondouille et Pipelette<br />

». Tarif : 5 . Infos<br />

au 04 68 55 39 77.<br />

Elne<br />

Cinéma Vautier-Cinémaginaire.<br />

Vendredi 4 mai à 18h30.<br />

Nouveau ! <strong>Le</strong> Ciné des Ado :<br />

l’ AdoCiné en partenariat avec<br />

le P.I.J. « Avengers » de Joss<br />

Whedon (USA 2012, VF et en<br />

3D) avec Chris Evans, Robert<br />

Downey Jr., Chris Hemsworth.<br />

Cinéma Vautier-Cinémaginaire.<br />

Mardi<br />

8 mai à 14h30. <strong>Le</strong><br />

Ciné des Aînés :<br />

« Hasta la vista »<br />

de Geoffrey Enthoven<br />

(Belgique<br />

2012, 1h53) avec<br />

R. V. Thoren, G.<br />

De Schrijver, Tom<br />

Audenaert.<br />

Tarif : 5 euros.<br />

Cinéma Vautier-Cinémaginaire.<br />

Jeudi 10 mai<br />

à 21h. Cinémaginaire<br />

accueille Jean-Claude<br />

Taki, réalisateur du film<br />

« Sotchi 255 » (France<br />

2012, 1h55) avec Ania<br />

Svetovaya.<br />

Ille-sur-Têt<br />

La Fabrica. Vendredi<br />

4 mai à 20h30. « <strong>Le</strong>s<br />

Fantoches » par la<br />

Compagnie Gérard<br />

Gérard. Ces jeunes<br />

comédiens installés à<br />

Rivesaltes se démarquent<br />

par leur talent<br />

et leur créativité.<br />

Vous voulez vraiment<br />

savoir ce qu’il y a derrière<br />

la nuit ? Entrez<br />

dans le bar itinérant<br />

des Gérard Gérard.<br />

La Fabrica, 25 rue de<br />

la neige, 66130, Illesur-Têt.<br />

04 68 84 08<br />

09. www.lafabrica66.<br />

com


14 culture<br />

« J’écris pour que les mots et les notes<br />

<strong>Le</strong> Boulou<br />

Eglise Sainte-Marie du Boulou.<br />

Samedi 5 mai à 20h30. XVIe Festival<br />

international de musique Jeunes interprètes.<br />

Gaspard Dehaene, pianiste<br />

gagnant du grand prix Alain Marinaro<br />

au Concours international de<br />

piano de Collioure 2011. Œuvres de<br />

Schubert, Chopin, Ravel et Boulez.<br />

On entendra aussi le jeune pianiste<br />

Camille Patau. Gratuit.<br />

Eglise Sainte-Marie du<br />

Boulou. Dimanche 6<br />

Mai à 18h. RaGa Duo,<br />

Raphaëlle et Gabrielle<br />

Rubio. Récital violon et<br />

guitare. Œuvres de Paganini,<br />

Sarasate, Boutros,<br />

Pujol, Ourkouzounov.<br />

On entendra aussi la<br />

jeune violoniste Roxane<br />

Kiowalski. Gratuit.<br />

Salses-le-Château<br />

<strong>Le</strong> Portail à Roulettes. Vendredi<br />

4 et samedi 5 mai à 21h. Amnésik<br />

Théâtre : Soirée « Chamallows<br />

et psychotropes ». Tarif :<br />

8 pour les adhérents, 12<br />

pour les non-adhérents (4<br />

de carte d’adhésion + 8 du<br />

spectacle)<br />

On peut compter sur Thérèse Roussel pour nous rappeler<br />

régulièrement que notre département est une<br />

terre d’artistes. La galerie de la place Desprès est<br />

ainsi, depuis des années, lieu de rencontre, de découvertes,<br />

de redécouvertes, où l’on côtoie les plasticiens d’ici ou les<br />

nombreux qui y ont élu domicile. C’est aujourd’hui Albert<br />

Woda, Niçois d’origine, installé depuis 30 ans à Reynès, qui<br />

occupe les cimaises de cet espace emblématique.<br />

Treize toiles, est-ce un signe ? De toute façon il ne pourrait<br />

y avoir de place pour plus de ces huiles de belle dimension.<br />

Un regard, et l’on sent d’emblée la haute valeur de l’ensemble<br />

à la sombre tonalité, excepté une seule oeuvre qui<br />

tranche, justement nommée « Recevoir la lumière », grande<br />

tache orange fluo, comme pour irradier les autres. Dans ces<br />

dernières dominent les bruns, les bleus gris, le vieil or, des<br />

peintures figuratives sans doute - on y devine des arbres, des<br />

nuages, quelques vagues silhouettes - sans que ce soit tout<br />

à fait exact. On serait plutôt dans quelque chose d’allusif,<br />

à plusieurs niveaux de lecture, des références multiples. A<br />

l’évidence, Albert Woda est marqué par la peinture hollandaise<br />

dont on retrouve chez lui les immenses ciels nuageux<br />

qui occupent les trois quarts de la toile, les horizons infinis,<br />

il en fait juste autre chose, des paysages nimbés de mystère,<br />

de mélancolie, suscitant le sentiment d’un monde perdu. <strong>Le</strong>s<br />

titres sont d’ailleurs éloquents : « <strong>Le</strong>s âmes errantes », « <strong>Le</strong><br />

silence »... Ouvrant l’exposition un « Hommage à Rothko »<br />

peut aussi évoquer la mythologie que le peintre américain<br />

plaçait au coeur de son inspiration. Et d’autres, « La Re-nais-<br />

N°3460<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

vivent ensemble »<br />

Nilco. <strong>Le</strong> 30 juin, ce jeune chanteur, au carrefour de toutes les cultures, sera sur la scène des Fêlés du Bocal à la fête du <strong>Travailleur</strong> <strong>Catalan</strong><br />

Entretien éclectique. Un<br />

jeune artiste nous reçoit,<br />

simplement. Il écrit textes<br />

et musiques, les entremêlent,<br />

les accordent, les unit<br />

pour que les notes et les sons<br />

fassent sens, pour que les mots<br />

résonnent en harmonie. Il est,<br />

nous dit-il, « poésicien ». Il sera<br />

à la fête du <strong>Travailleur</strong> <strong>Catalan</strong>, le<br />

29, accompagné de musiciens.<br />

<strong>Le</strong> T.C. : Qui êtes-vous monsieur<br />

Nicolas Moogin ?<br />

Nilco : Je m’appelle, sur scène<br />

et pour le chant, Nilco. N’y voyez<br />

là aucune forfanterie, ni la volonté<br />

d’épouser l’esprit « star<br />

système », mais la conséquence<br />

simple de règles pour protéger<br />

mes créations, surtout mes créations<br />

écrites. J’ai donc rajouté le<br />

« L » à mon surnom, parce que le<br />

« L » est léger et sensible, parce<br />

qu’il colle assez bien à la couleur<br />

et à la sensibilité de mes textes.<br />

<strong>Le</strong> T.C. : Votre parcours, quel<br />

est-il ?<br />

Nilco : La musique, d’abord, au<br />

conservatoire de Perpignan, où<br />

j’ai étudié le solfège et le piano<br />

pendant de nombreuses années.<br />

J’ai commencé l’écriture bien<br />

plus tard, presque par hasard, en<br />

aidant un ami. Nous avons ensuite<br />

« monté » un petit groupe,<br />

j’y ai trouvé ma place, je me suis<br />

mis à écrire. <strong>Le</strong> groupe s’appelait<br />

Amice. Puis j’ai continué, un peu<br />

seul, avec textes et musiques.<br />

Ensuite, c’est ce qui m’a lancé et<br />

encouragé, au théâtre de la mer<br />

à Sète, j’ai fait la première partie<br />

de Lavilliers. <strong>Premier</strong> concert,<br />

premiers tests. La rencontre avec<br />

le public a été bonne. Ca s’est<br />

très bien passé. Impressionnant.<br />

J’ai fait ensuite d’autres premières<br />

parties, dont celle de Magid<br />

Cherfy, chanteur de Zebda que je<br />

vais donc retrouver sur la fête.<br />

Ont suivi de nombreuses premières<br />

parties, puis la sortie d’un CD,<br />

distribué nationalement, « Au<br />

nom de qui… », qui a reçu de<br />

bonnes critiques et qui a bien<br />

marché. Sélection des Francofolies<br />

de La Rochelle. L’histoire<br />

continue maintenant, je suis<br />

identifié, j’ai d’ailleurs reçu un<br />

prix SACEM.<br />

<strong>Le</strong> T.C. : Comment faitesvous<br />

pour écrire ? De quoi<br />

parlent vos textes ? Quel<br />

est votre monde d’inspiration<br />

?<br />

Nilco : Ecoutez. Trois immenses<br />

artistes ont marqué le monde<br />

francophone, pas tous pour les<br />

mêmes raisons. Brassens, Brel<br />

et Ferré. Que dire de plus. J’ai<br />

écouté et ils m’ont, c’est incontestable,<br />

touché et « influencé ».<br />

Je me sens très proche de Ferré,<br />

« écorché et léger », « violent<br />

et poétique ». Mon écriture est<br />

« consciente » et poétique à la<br />

fois, elle est musicale, parce que<br />

les mots sont aussi musique.<br />

J’écris pour que les mots et les<br />

notes vivent ensemble et s’alimentent<br />

en harmonie. Et oui, les<br />

mots ont une couleur, un son,<br />

une musique, un sens.<br />

<strong>Le</strong> T.C. : C’est donc de la<br />

chanson française ?<br />

Nilco : Oui, c’est clair. Pour la<br />

fête, je ne serai pas seul. Une<br />

formation portera les textes.<br />

Nous serons cinq. Un batteur,<br />

Damien Françon, qui vient du<br />

jazz, un bassiste, Dayon, et Aude<br />

et Isabelle Massat, l’une au violon<br />

alto, l’autre au violoncelle. La<br />

volonté sera de métisser les musiques,<br />

en douceur, de manière<br />

boisée, avec la volonté de ne pas<br />

couvrir le texte, un peu jazz, rap,<br />

soul et rock acoustique.<br />

<strong>Le</strong> T.C. : Vous connaissez<br />

cette fête ?<br />

Nilco : J’y suis venu souvent. J’ai<br />

assisté à mon premier concert<br />

sur ce terrain. Je m’en souviens<br />

très bien. C’était le concert de<br />

Bernard Lavilliers. J’avais à peine<br />

3 ans. Extraordinaire. Lavilliers.<br />

<strong>Premier</strong> concert dans le public,<br />

premier concert sur scène. On<br />

n’oublie pas. Ensuite, j’y ai déjà<br />

joué, avec le groupe Amicel,<br />

comme « artiste » donc, au stand<br />

de Cabestany. C’est un espace,<br />

un environnement que j’apprécie<br />

beaucoup. On y est bien. L’état<br />

d’esprit qui flotte, là, est super.<br />

<strong>Le</strong>s idées qui y circulent ne le<br />

sont pas moins. A bientôt, donc.<br />

<strong>Le</strong> soleil noir de la mélancolie<br />

Exposition. Albert Woda expose chez Thérèse Roussel<br />

Propos recueillis par M. M.<br />

sance », « La chute d’Icare », « <strong>Le</strong> colloque des anges »...<br />

des titres comme autant de points de repère. Il ne faut enfin<br />

pas oublier qu’Albert Woda est en même temps graveur<br />

et dessinateur, un élément qui complète l’approche de son<br />

travail, de cet univers étrange et fascinant qui offre une traversée<br />

de l’histoire de la peinture pour mieux ancrer sa forte<br />

singularité.<br />

NG<br />

A voir jusqu’au 19 mai, 7 place Joseph Desprès du mardi<br />

au samedi inclus l’après-midi.


N°3460 humeur 15<br />

Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

Devant l’accumulation des « cagades<br />

» que l’agité-président a<br />

pu proférer depuis les résultats<br />

du premier <strong>tour</strong>, je me suis dit :<br />

« il faut faire quelque chose, c’est l’image<br />

du pays qui est en jeu ». Cet homme<br />

n’est plus tout à fait maître de lui-même,<br />

il a tellement peur de perdre. Que serat-il<br />

sans le Fouquet’s, sans les courtisans,<br />

sans l’Airbus présidentiel ? Il sent le cataclysme<br />

proche et il panique ! Il en veut<br />

à la terre entière et il dit n’importe quoi.<br />

Puis il dit qu’il ne l’a pas dit. Puis quand<br />

on lui fait entendre qu’il l’a dit, il dit que<br />

c’est un complot. <strong>Le</strong> temps avançant et<br />

les échéances définitives se rapprochant,<br />

il est logique de craindre le pire pour ses<br />

derniers moments de président, au cas où<br />

les urnes ne voudraient plus de lui.<br />

Ma sagesse proverbiale, mon flegme<br />

unanimement reconnu (pourquoi tu tousses<br />

?), m’incitent à lui prodiguer quelques<br />

conseils de bon aloi, pour, après<br />

avoir pratiquement tout raté pendant son<br />

quinquennat, ne pas rater son départ. Je<br />

crains de ne pas être entendu, de mauvais<br />

esprits verront de la moquerie dans<br />

ma démarche. Ils se trompent ; je pense<br />

très fortement qu’il est totalement inutile<br />

d’ajouter du malheur au malheur et que<br />

ce n’est pas parce qu’il en a beaucoup<br />

fait aux autres, en particulier à tous ceux<br />

qui ont le portefeuille raplapla, qu’il ne<br />

faut pas lui tendre une main secourable<br />

au moment où il pourrait débarrasser le<br />

plancher.<br />

Ecoute bien<br />

« Donc écoute bien, Nicolas ! Arrête de<br />

tressauter ! Il faut te calmer ; respire<br />

profondément, ne gigote pas sans arrêt.<br />

Commence modestement à tenter<br />

de rester sans bouger pendant quelques<br />

secondes, puis augmente la durée de ces<br />

moments de zénitude où tu ferais bien de<br />

penser à ta fifille et à ta Carlita. Entraîne-<br />

Ultimes recommandations<br />

toi tous les jours à réduire ton agitation<br />

chronique. C’est indispensable pour retrouver<br />

un semblant d’équilibre…<br />

Evite aussi de te laisser aller à tes penchants<br />

colériques naturels : il est inutile<br />

le soir du second <strong>tour</strong> de faire venir Fillon<br />

et Copé à l’Elysée, tu vas les engueuler<br />

comme des moins que rien, tu vas leur<br />

expliquer qu’ils sont nuls, qu’ils sont la<br />

cause de tous tes malheurs, qu’ils n’ont<br />

L’actu vue par Delgé<br />

rien compris à ton génie. Sans doute tu<br />

as raison ! Mais à ce moment-là ressasser<br />

tout ce qui peut te faire souffrir est inutile.<br />

Ne crie pas, comme tu l’as fait pendant<br />

cinq ans…<br />

L’adversité est parfois une bonne occasion<br />

de trouver la sagesse, ne la laisse pas passer.<br />

Dis-toi qu’il y a eu pendant cinq ans<br />

des millions de gens qui ont dû, à cause<br />

de toi, affronter l’adversité des fins de<br />

mois difficiles, du chômage qui n’en finit<br />

pas, des services publics qui marchent<br />

comme ils peuvent. Ils ont certes manifesté,<br />

protesté, mais ils sont restés à peu<br />

près tranquilles. Imite-les : il est bon que<br />

de temps à autre les grands (enfin, c’est<br />

une formule toute faite) de ce monde<br />

s’inspirent de la sagesse populaire et de<br />

sa capacité à encaisser les coups. Apprécie<br />

donc cette adversité qui te confronte à<br />

toi-même, dans la nudité d’une affectivité<br />

ébranlée. Surtout ! Surtout ! Surtout ! Ne<br />

pète pas les plombs. Ils attendent tous ça,<br />

tes « amis », les faux et aussi peut-être<br />

les « vrais »…<br />

Et tais-toi !<br />

Parle le moins possible en public, si tu vois<br />

un micro, une caméra, dé<strong>tour</strong>ne-toi, si tu<br />

vois un groupe assemblé, passe au large.<br />

C’est la meilleure façon de ne plus dire de<br />

bêtises. Laisse se décanter, au fond de ta<br />

cervelle, tous les mots, toutes les phrases,<br />

tous les discours que tu as proférés, et<br />

qui t’ont mis dans cette situation, certes<br />

inconfortable (tu n’es plus grand-chose),<br />

mais porteuse de promesses pour le plus<br />

grand nombre (nous n’aurons plus à te<br />

supporter)…<br />

Un monde nouveau commence pour toi,<br />

mais aussi pour nous. Si pour toi, c’est<br />

douloureux, dispense-toi de croire que<br />

pour nous ce soit une catastrophe. Tu<br />

t’abuserais une nouvelle fois inutilement.<br />

Je ne veux pas te faire trop de peine. C’est<br />

sans doute même le contraire. Pour beaucoup,<br />

beaucoup, beaucoup, c’est un moment<br />

d’espoir, un moment gagné sur la<br />

résignation, un moment où il peut devenir<br />

possible de construire un avenir…<br />

S’il te plaît, par une ultime bêtise dont on<br />

sait que tu es capable, ne nous gâche pas<br />

ce plaisir…<br />

Tchao ! Pantin ! »<br />

Jean-Marie Philibert.

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