Premier tour - Le Travailleur Catalan
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6 dans le département<br />
Sarkozy ripoline Pétain<br />
Présidentielle. <strong>Le</strong>s relents pétainistes du discours sarkozyste se confirment, donnant à voir des visées d’une partie de la droite.<br />
Au lendemain de sa défaite du premier <strong>tour</strong>,<br />
Sarkozy n’a rien trouvé de mieux que d’annoncer<br />
: « le 1 er mai, nous allons organiser la<br />
Fête du travail, mais la Fête du vrai travail, de<br />
ceux qui travaillent dur, qui souffrent et qui ne veulent<br />
plus que, quand on ne travaille pas, on puisse gagner<br />
plus que quand on travaille ». La proximité lexicale avec<br />
Pétain est évidente. N’est-ce pas ce dernier qui, en 1941,<br />
en pleine occupation nazie, avait organisé la «Fête du<br />
vrai travail » et lancé un « appel aux vrais travailleurs ».<br />
On pourrait rapprocher « la fête » sarkozyste, de celle<br />
du Front national de Jean-Marie <strong>Le</strong> Pen qui, en 1988,<br />
cherchait à récupérer le mythe de Jeanne d’Arc. Alors<br />
que le 8 mai est le jour où, en 1429, la « pucelle » aurait<br />
délivré Orléans de l’occupation anglaise, le FN avait<br />
choisi le 1 er mai, pour une « Fête du travail et de Jeanne<br />
N°3460<br />
Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />
d’Arc ». La date tombait, comme par hasard, entre les<br />
deux <strong>tour</strong>s de la présidentielle. Mais, ce précédent nauséeux<br />
ne se présentait pas comme une riposte directe<br />
au 1er mai des syndicats, contrairement à la contre-manif<br />
organisée par l’UMP. Cette initiative est inédite et s’inscrit<br />
dans le contexte de la radicalisation du discours de<br />
Nicolas Sarkozy, spécialement sa dénonciation violente<br />
du rôle des syndicats. C’est une dérive inquiétante de la<br />
droite classique qui ne mérite déjà plus le qualificatif de<br />
« républicaine ». Car, il ne s’agit pas seulement d’une<br />
manœuvre électoraliste d’entre deux <strong>tour</strong>s pour capter la<br />
plus grande part possible des voix du Front national. On a<br />
affaire à une accentuation de convergences idéologiques<br />
au<strong>tour</strong> d’un bloc d’ultra-droite. Cette dérive se traduit, à<br />
veille du second <strong>tour</strong>, par des discours aux accents pétainistes,<br />
tel celui de Longjumeau, dans lequel Sarkozy<br />
invoquait les « racines chrétiennes de la France et son<br />
long manteau de cathédrale », l’unité de la nation qui<br />
se serait construite « grâce aux rois », son « amour »<br />
du travail, de la famille et de la patrie, sa dénonciation<br />
des « corps intermédiaires », le travail qui « rend libre ».<br />
Et pour ne pas être en reste, dans la bonne tradition de<br />
la droite anti-républicaine, Sarkozy multiplie les mensonges.<br />
Sur TF1, il jure ses grands dieux qu’il n’a jamais dit<br />
« vrai travail ». Sur la même chaîne, il affirme, contre<br />
toute vérité, que Tariq Ramadan, l’idéologue de l’islam, a<br />
appelé à voter Hollande. Sur France Inter, il spécule sur un<br />
prétendu appel des mosquées à voter contre lui, ce qui<br />
a été immédiatement démenti par les responsables de<br />
l’islam en France. Du coup, les chiens de l’UMP sont lancés,<br />
avec en tête de la meute, les députés de la « droite<br />
populaire ». Deux députés de notre département, Mach<br />
et Irlès, sont membres de cette officine ultra droitière. Gageons<br />
que cela ne leur portera pas bonheur au moment<br />
des élections législatives.<br />
RH<br />
La CGT appelle à battre Sarkozy le 6 mai<br />
Présidentielle. En pointant très clairement les conséquences catastrophiques de la politique du gouvernement Sarkozy, sa<br />
capacité de nuisance, l’aggravation des inégalités, la CGT ouvre la voie d’une nouvelle période de résistance.<br />
Face aux provocations inqualifiables<br />
et indignes du Président de<br />
la République, quand bien même<br />
candidat, la CGT a remis Sarkozy<br />
à sa place et les choses en ordre en appelant<br />
clairement à le battre le 6 mai prochain.<br />
Pour François Copé, cela revient à<br />
appeler à voter Hollande. Jouant la surenchère,<br />
le secrétaire général de l’UMP, pris<br />
d’hystérie, déclarait: « C’est une insulte<br />
aux ouvriers, aux salariés, aux ingénieurs,<br />
aux chercheurs de la filière nucléaire, que<br />
François Hollande et ses amis verts et<br />
mélenchonistes ont promis d’anéantir ».<br />
Rien que ça ! A la veille du premier mai,<br />
au sortir du 1 er <strong>tour</strong> de l’élection présidentielle,<br />
comme pendant toute la durée de<br />
cette campagne, Sarkozy s’est exprimé<br />
encore plus violemment contre les syndicats.<br />
Stigmatisant principalement la CGT,<br />
dénaturant la Fête du travail en parlant<br />
« du vrai travail », engagé dans une croisade<br />
antisyndicale, Sarkozy drague sans<br />
complexe l’électorat frontiste le plus réactionnaire,<br />
fasciste, en lui promettant de<br />
se débarrasser des syndicats s’il était élu.<br />
Sur ce sujet, il fait mieux que <strong>Le</strong> Pen qu’il<br />
fait passer pour un démocrate. Comparé à<br />
Pétain dans l’Humanité, le chef de l’Etat<br />
montre son vrai visage et joue ses dernières<br />
cartes, instaurant volontairement<br />
un malaise profond et dangereux pour la<br />
démocratie et la paix civile. Pensant à tort<br />
que la CGT ne s’aventurerait pas sur le<br />
terrain politique, le positionnement de la<br />
centrale syndicale est un coup dur pour<br />
l’UMP et une première depuis 1981.<br />
Résistance :<br />
une nouvelle voie s’ouvre !<br />
Pour beaucoup, cet appel est légitime, car<br />
il répond aux attentes qui se sont exprimées<br />
dans cette période face à la crise.<br />
Il donne aussi un aperçu de la détermination<br />
du leader de la CGT à poursuivre<br />
la campagne de mobilisation face aux réformes<br />
antisociales de Sarkozy et pour la<br />
satisfaction des revendications exprimées,<br />
sur les salaires, la retraite, l’emploi... En<br />
pointant très clairement les conséquences<br />
catastrophiques de la politique de ce gouvernent,<br />
l’aggravation des inégalités, la<br />
capacité de nuisance de Sarkozy, la CGT<br />
ouvre la voie d’une nouvelle période de<br />
résistance. Une stratégie qui conduit Bernard<br />
Thibault et la CGT à un constat : « se<br />
défaire de Sarkozy, dans la nécessité de<br />
créer un contexte plus favorable aux revendications<br />
et au progrès social ». Mais<br />
cette stratégie est-elle partagée ? A priori<br />
oui ! Quoi de plus légitime ? Bien évidemment,<br />
cette déclaration fait débat dans<br />
la centrale. Pour autant, il n’agite qu’une<br />
petite minorité qui oppose l’indépendance<br />
de la CGT à la nécessité de s’exprimer<br />
en tant qu’acteur de la vie sociale, économique<br />
et politique du pays. Un débat qui<br />
n’est pas nouveau, mais qui, dans ces moments,<br />
s’affirme et a pris une nouvelle dimension,<br />
face aux attaques antisyndicales<br />
et aux dangers de la montée de l’extrême<br />
droite. De nombreux syndicalistes n’ont<br />
pas attendu le feu vert des états-majors<br />
pour s’exprimer. Ils l’ont fait très tôt, en<br />
appelant à voter Jean-Luc Mélenchon et à<br />
porter le programme du Front de gauche.<br />
Dans les Pyrénées-Orientales, des dizaines<br />
de syndicalistes de la CGT, mais aussi de<br />
la FSU, de Solidaires, se sont exprimés en<br />
ce sens. Pour la grande majorité, ce n’est<br />
pas qu’une réponse aux attaques fronta-<br />
© Jean Quillio<br />
Bernard Thibault : « Se défaire de<br />
Sarkozy, une nécessité »<br />
les de Sarkozy. C’est avant tout l’exigence<br />
de mettre en débat une véritable politique<br />
de transformation à gauche. Pour la CGT,<br />
le combat ne s’arrêtera donc pas au soir<br />
du 6 mai. C’est un message on ne peut<br />
plus clair.<br />
Philippe Galano