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Premier tour - Le Travailleur Catalan

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N°3460<br />

4 politique Semaine du 4 au 10 mai 2012<br />

L’électorat<br />

de Jean-Luc Mélenchon<br />

CSA. Sondage réalisé le jour du vote au premier <strong>tour</strong><br />

de l’élection présidentielle<br />

Arrivé en 4e L’électorat du Front de gauche se trouve aussi<br />

parmi les jeunes<br />

position lors du premier <strong>tour</strong> de l’élection<br />

présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon<br />

a obtenu 11,11% des suffrages. Si le candidat du<br />

Front de gauche n’est pas parvenu à atteindre son<br />

objectif de devenir le troisième homme de cette élection,<br />

il a néanmoins réalisé le meilleur score d’un candidat<br />

à la gauche du Parti socialiste depuis Georges<br />

Marchais en 1981 (15,35%). Son succès tient au fait<br />

qu’il est parvenu à attirer un électorat venant de différents<br />

horizons. A la gauche du Parti socialiste tout<br />

d’abord, 80% de l’électorat communiste de 2007 et<br />

40% de celui d’Olivier Besancenot ont voté pour lui.<br />

Mais son haut résultat est également à mettre sur le<br />

compte d’un attrait qui va au-delà de cette frange de<br />

l’électorat puisqu’il a convaincu une partie non négligeable<br />

des électeurs de Ségolène Royal (12%) et de<br />

ceux de François Bayrou (10%) au premier <strong>tour</strong> de la<br />

présidentielle de 2007. Dans le détail, les zones de<br />

force de Jean-Luc Mélenchon sont à trouver parmi les<br />

plus jeunes (16% des 18-24 ans ont voté pour lui) et<br />

les classes populaires (13%). La dimension populaire<br />

de son électorat est encore plus nette au regard de<br />

la classe sociale subjective. <strong>Le</strong> candidat du Front de<br />

gauche a en effet davantage attiré les personnes qui<br />

se considèrent comme faisant partie des catégories<br />

populaires (13%), des classes moyennes modestes<br />

(12%) et des classes défavorisées (11%) que celles se<br />

percevant comme aisées. Par conséquent, la composition<br />

de son électorat est marquée par une proportion<br />

plus importante des catégories les moins favorisées<br />

par rapport à leur proportion au sein de la population<br />

en âge de voter (50% contre 47,3%).<br />

RH<br />

Re<strong>tour</strong> sur le scrutin du 22 avril<br />

Présidentielle. Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent ont, chacun de leur côté, procédé<br />

aux premières analyses du scrutin. Nous reprenons l’essentiel de leurs conclusions.<br />

<strong>Le</strong>s premiers sondages sont tombés en novembre<br />

2011. <strong>Le</strong> Front de gauche n’a pas été à la fête<br />

jusqu’à la mi-janvier. Rappelons l’étude de l’Ifop<br />

réalisée début janvier, peu différente de celles publiées<br />

par les autres instituts : François Hollande 28%, Nicolas<br />

Sarkozy 26%, Marine <strong>Le</strong> Pen 19%, François Bayrou<br />

12%, Jean-Luc Mélenchon 6%. Pas de quoi pavoiser. Et<br />

puis, à partir de la mi-février, ça commence à bouger :<br />

Mélenchon progresse, <strong>Le</strong> Pen régresse. Un mois après,<br />

c’est au <strong>tour</strong> de Bayrou. Vers la fin mars, il se voit damer<br />

le pion par Mélenchon qui, dans les sondages, continue à<br />

grignoter des points. C’est en se référant à ce temps long<br />

de la campagne, qu’il faut apprécier le score du candidat<br />

du Front de gauche comme « un événement majeur<br />

de l’élection » (Pierre Laurent), car « nous aurons été la<br />

force politique nouvelle, la seule qui ait percé et qui soit<br />

née dans cette élection » (Jean-Luc Mélenchon).<br />

La chute de la droite<br />

Pour comprendre les dynamiques en cours, voyons<br />

d’abord les les évolutions :<br />

Si l’on totalise les voix de toutes les droites, extrême<br />

droite comprise, elles sont en recul. En 2007, les votes<br />

pour <strong>Le</strong> Pen, Mégret et Nihous ajoutés à ceux de Sarkozy<br />

et Bayrou, donnaient 23 342 364 suffrages. En 2012,<br />

les mêmes catégories recueillent 19 550 966 voix. C’est<br />

16 % de moins. Autre chiffre : en 2012, le total Sarkozy-<br />

Bayrou est à 36,20 %, quand en 2007, le total de droite<br />

passait nettement la barre des 50%.<br />

<strong>Le</strong> cœur de la droite, c’est-à-dire l’UMP, est dans l’impasse.<br />

Nicolas Sarkozy perd 1,8 millions d’électeurs par<br />

rapport à 2007. L’analyse géographique de ses résultats<br />

montre que son électorat le plus fidèle et mobilisé est<br />

celui de la grande bourgeoisie. Pour Jean-Luc Mélenchon,<br />

« les grandes fortunes ont donc fait bloc au<strong>tour</strong><br />

de leur homme de main. Mais c’est un échec terrible,<br />

car les beaux quartiers ne peuvent gouverner que si les<br />

quartiers populaires se laissent séduire. Or le recul de<br />

Sarkozy est spectaculaire dans la partie plus populaire de<br />

l’électorat de droite ». Une partie de ce recul est en effet<br />

récupérée par le Front national, puisqu’il gagne 7,86%.<br />

Cette récupération du vote de droite est confirmée par<br />

une étude de l’IFOP, qui indique que Marine <strong>Le</strong> Pen a<br />

retrouvé 70% des électeurs de son père en 2007, et gagné<br />

11% des électeurs de Sarkozy, 10% des électeurs de<br />

Bayrou, 7% des électeurs de Royal, et 6% des électeurs<br />

d’extrême gauche. Pour autant, la puissance actuelle du<br />

vote FN ne doit pas empêcher de regarder son évolution<br />

dans le temps long. C’est un fait et il est alarmant :<br />

Marine <strong>Le</strong> Pen gagne 2,6 millions de voix par rapport<br />

au score de son père en 2007. Avec près de 18 %, elle<br />

dépasse le résultat historique du FN en 2002. Mais elle<br />

ne parvient pourtant pas au niveau cumulé des scores de<br />

son père et de Mégret qui était de 19 %.<br />

La percée du Front de gauche…<br />

Et maintenant à gauche. En 2012, les cinq candidats,<br />

Hollande, Mélenchon, Joly, Poutou et Arthaud, totali-<br />

sent 15 701 071 voix soit 43,43 %, des exprimés, alors<br />

qu’en 2007 les sept candidats, Schivardi, Besancenot,<br />

Laguiller, Buffet, Voynet, Bové, Royal en recueillaient<br />

13 377 032 soit 36,44 % des exprimés, soit une progression<br />

de 17%. On peut faire une comparaison en ne<br />

prenant que la gauche radicale. En 2007, Besancenot,<br />

Schivardi, Laguiller et Marie-George Buffet recueillaient<br />

3 300 254 suffrages. Cette fois-ci, Poutou, Arthaud et<br />

Mélenchon recueillent 4 599 038 voix, soit une progression<br />

de 39 %.<br />

Autre élément : en 2007, avec 27,87 %, Ségolène Royal<br />

réalisait à elle seule plus des trois quarts du résultat de<br />

la gauche. Aujourd’hui, François Hollande fait un beau<br />

score avec 28,13 % et plus de 10 millions de voix. Pour<br />

autant, il n’obtient que 770 000 voix de plus que Ségolène<br />

Royal. De sorte que, si le total des voix de gauche<br />

augmente fortement par rapport à la dernière présidentielle,<br />

son résultat n’est responsable que d’une petite<br />

partie de cette progression. <strong>Le</strong>s deux tiers des voix supplémentaires<br />

comptées à gauche viennent de la percée<br />

du Front de gauche.<br />

… fait gagner à gauche<br />

De sorte que « le fait majeur, le fait le plus nouveau et le<br />

plus prometteur est le score de notre candidat Jean-Luc<br />

Mélenchon, qui, avec 11,11% et quasiment 4 millions<br />

de voix, assure la part décisive du progrès de la gauche<br />

et sa dynamique la plus significative » (Pierre Laurent).<br />

Il faut rappeler, pour prendre la mesure de cette dynamique,<br />

que les candidats du PCF aux présidentielles<br />

avaient obtenu 2,6 millions en 1995 (Robert Hue,<br />

8,73%), 955 000 en 2002 et 691 000 voix en 2007.<br />

Deux ans après, pour les européennes de 2009, c’est,<br />

cette fois, le Front de gauche qui mène sa première campagne,<br />

et il rassemble 6,5 % des suffrages. Trois ans plus<br />

tard, il atteint 11,11 %. Ce score à deux chiffres, il aura<br />

fallu que les forces de transformation sociale attendent<br />

30 ans pour le retrouver. L’autre caractéristique, c’est<br />

qu’il est devenu un vote national homogène. Il fait plus<br />

de 7 % dans tous les départements sans exception en<br />

métropole (les plus bas, les deux départements d’Alsace,<br />

sont à 7,3%). Il recueille 10 % des votes ou plus dans 70<br />

départements et plus de 13 % dans 20 départements.<br />

Nous laissons la conclusion à Pierre Laurent : « Ne perdons<br />

pas de vue l’essentiel. Un bras de fer a lieu, en<br />

ce moment, en France et en Europe, entre les forces du<br />

capital et les forces sociales qui résistent à la généralisation<br />

des politiques d’austérité et au recul des droits<br />

sociaux. Dans ces conditions, nous parvenons à réunir<br />

quatre millions de voix sur une alternative de haut niveau.<br />

Nous créons les conditions de la victoire contre<br />

Sarkozy car la percée du Front de gauche est la contribution<br />

la plus importante du premier <strong>tour</strong> au progrès<br />

de toute la gauche. Et nous maintenons ouvert, en cas<br />

de victoire de François Hollande, le débat sur le sens de<br />

l’alternative politique. Tout cela représente des victoires<br />

politiques incontestables ».<br />

Roger Hillel

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