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Strombus gigas La vie du Lambi

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A Kathy Orr<br />

Qui m’a appris l’importance de la<br />

diffusion des connaissances vers les<br />

enfants puisqu’on ne protège bien<br />

que ce qu’on connaît et qu’on aime<br />

depuis son plus jeune âge.<br />

Liliane Frenkiel


A Cosette, Emilie et à tous les enfants des<br />

Caraïbes, parce qu’ils sont l’avenir<br />

Dalila Aldana Aranda


<strong>La</strong> liberté d´aimer n´est pas moins<br />

sacrée que la liberté de penser<br />

Victor Hugo<br />

Qui pense peu<br />

se trompe beaucoup<br />

Leonard de Vinci


Résurrection des mollusques


<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> <strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi, <strong>La</strong> vida del Caracol rosa, The Queen<br />

conch life story


Le lambi est symbole de <strong>vie</strong><br />

l'artiste qui l'a créé<br />

ne lui a pas donné <strong>vie</strong> seulement au travers de la forme<br />

mais par l'union <strong>du</strong> volume et <strong>du</strong> rythme<br />

il atteint, avec des lignes qui s'évasent<br />

doucement, le mouvement constant<br />

et éternel <strong>du</strong> symbole vital<br />

Dans son infinie beauté<br />

le lambi nous rappelle<br />

l'eau, la mer, la pluie, la fertilité<br />

et enfin, tout ce qui fait<br />

la <strong>vie</strong>...”<br />

E<strong>du</strong>ardo Matos Moctezuma


<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong><br />

<strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi<br />

<strong>La</strong> vida del Caracol rosa<br />

The Queen conch life story


Ce livre doit etre cité de la façón suivante:<br />

Frenkiel Liliane y Aldana Aranda Dalila. 2003. <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, la <strong>vie</strong> <strong>du</strong><br />

<strong>La</strong>mbi, la vida del Caracol, the Queen conch life story. CYTED. Programa<br />

Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo. Yucatán,<br />

México. 170 pp<br />

ISBN 84-96023-11-7<br />

© D.R. Cyted. Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo<br />

www.cyted.org<br />

DIRECTION ET COORDINATION GENERALES<br />

Liliane Frenkiel<br />

liliane.frenkiel@wanadoo.fr<br />

www.archipel-des-sciences.com<br />

Dalila Aldana Aranda<br />

<strong>La</strong>boratorio de Biologia y Cultivo de Moluscos,<br />

Centro de Investigacion y de Estudios Avanzados – CINVESTAV-IPN.<br />

daldana@mda.cinvestav.mx<br />

www.mda.cinvestav.mx<br />

ILLUSTRATIONS<br />

Vonic <strong>La</strong>ubreton<br />

laubreton@wanadoo.fr<br />

EDITION, MAQUETTE et COMPOSITION<br />

Miguel Angel Tapia Arjona,<br />

Centro de Investigacion y de Estudios Avanzados – CINVESTAV-IPN.<br />

miguelt@mda.cinvestav.mx<br />

IMPRESSION<br />

Impresos Profesionales Aranda<br />

Merida, Yucatan, Mexico.<br />

Droits réservés: Les éditeurs souhaitent être informés de toute utilisation.<br />

Tout ou partie <strong>du</strong> CD ou de livrets issus <strong>du</strong> CD peuvent être repro<strong>du</strong>its<br />

librement pour tout document à but é<strong>du</strong>catif en citant les sources. Tout<br />

usage commercial est soumis à autorisation écrite conformément aux droits<br />

d’édition (copyrights).


<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong><br />

<strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi<br />

<strong>La</strong> vida del Caracol rosa<br />

The Queen conch life story<br />

Liliane Frenkiel<br />

Dalila Aldana Aranda<br />

édité par<br />

Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo<br />

Novembre, 2003


<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong><br />

<strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi<br />

CONTENU<br />

Prologue ………………...................................................... i<br />

Préface ………………........................................................ iii<br />

Remerciements ………………............................................ vii<br />

Intro<strong>du</strong>ction ………………................................................. 1<br />

Comment naissent les <strong>La</strong>mbis? …………………….....…..…. 7<br />

Où vivent les bébés <strong>La</strong>mbis? ………………........................ 9<br />

Comment grandit un <strong>La</strong>mbi? ………………........................ 13<br />

Comment se repro<strong>du</strong>isent les <strong>La</strong>mbis? …………............... 18<br />

Qui mange les <strong>La</strong>mbis? ………………................................ 20<br />

<strong>La</strong> disparition des <strong>La</strong>mbis ………………............................ 24<br />

Pourquoi? ……………….................................................... 24<br />

Pourquoi y a-t-il une telle augmentation de l’effort de<br />

capture des lambis? ………………..................................... 25<br />

Alors que faire? ………………............................................ 26<br />

1. Espaces protégés ………………................................... 30<br />

2. Petit lambi de<strong>vie</strong>ndra grand: <strong>La</strong>isse le vivre! ………… 31<br />

3. <strong>La</strong>isser les lambis a<strong>du</strong>ltes s’accoupler et pondre .... 31<br />

4. Plongée en apnée ou plongée en bouteille? ......... 32<br />

5. Limiter la pêche pour maintenir une pro<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong>rable ………………................................................... 33<br />

Glossaire ………………...................................................... 38<br />

Bibliographie genéralé ………………................................. 50<br />

Bibliographie citée ………....….…………….…………......… 50


Présentation<br />

L'expérience que a signifié pour moi diriger le parc natural de<br />

Xel-Há a été une privilège pour moi et pour mon équipe. Cette<br />

expérience m'a permis créer richesses et emplois qui sont très<br />

nécessaires pour le Mexique. Je me suis aussi involucré à la<br />

connaissance <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, et nous avons<br />

adoptés une gestion ayant responsabilité sociale. Ce travail a<br />

fortifié notre esprit et nous sommes maintenant des citoyens<br />

plus responsables. Nous sommes des citoyens de la terre plus<br />

conscients et engagés.<br />

Nous avons eu la chance de participer à différents projets de<br />

recherche et de conservation de la flore et la faune de notre<br />

région, lesquels sont fondamentaux pour le développement <strong>du</strong><br />

Quintana Roo. Pour nous un projet fascinant est et sera Le<br />

<strong>La</strong>mbi <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> : Connaissance Integral pour sa Gestion<br />

Durable. Ce projet présente une telle importance écologique,<br />

social, économique, politique et culturelle, qu'il constitue un<br />

défi pour les pays, les états, les institutions, les chercheurs qui<br />

y participent. Devant cette réalité il est nécessaire que<br />

l'initiative privée apporte financement et appui.


Pour le Parc de Xel-Há c'est un honneur et un compromis de<br />

présenter cet extraordinaire livre “<strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi <strong>Strombus</strong><br />

<strong>gigas</strong>” car il représente un pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong> Programme <strong>La</strong>mbi,<br />

lequel a pour objectif l'é<strong>du</strong>cation et le transfert des<br />

connaissances nécessaires à la mise en place de mesures de<br />

gestion rationnelle de la ressource.<br />

Nous remercions tous les participants de ce projet et en<br />

particulier au docteur Dalila Aldana Aranda pour ses efforts,<br />

son lidership, surtout pour son dévouement et surtout pour<br />

nous offrir l'opportunité de participer à cet effort dédie à la<br />

conservation d'une espèce aussi belle et importante pour la<br />

région des Caraïbes<br />

Francisco Córdova Lira<br />

Director Ejecutivo<br />

Grupo Xcaret


Prologue<br />

Le lambi <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> est un mollusque d’importance<br />

économique, alimentaire et écologique dans toute la Caraïbe.<br />

En 2002, son volume de capture a été estimé à 3 131 tonnes<br />

pour une valeur de 60 millions de dollars US.<br />

<strong>La</strong> connaissance est la base indispensable pour la<br />

gestion responsable d'une ressource renouvelable mais non<br />

inépuisable, et l'é<strong>du</strong>cation est le moyen pour transmettre les<br />

connaissances au grand public, de manière à assurer une<br />

utilisation rationnelle des ressources naturelles.<br />

Cet ouvrage contient des informations sur la biologie,<br />

l'écologie et les réglementations de la pêche au lambi, et son<br />

objectif est d'établir un pont entre chercheurs et é<strong>du</strong>cateurs de<br />

manière à transmettre les connaissances scientifiques au grand<br />

public et en particulier aux enfants.<br />

Les éditrices remercient tous les collègues et amis qui<br />

ont participé à ce travail destiné à la protection <strong>du</strong> lambi<br />

<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> patrimoine culturel, social et économique des<br />

peuples et pays de la Caraïbe.<br />

i<br />

Liliane Frenkiel<br />

Dalila Aldana Aranda


Préface<br />

Le document actuel a pour origine le livret intitulé « <strong>La</strong><br />

<strong>vie</strong> des <strong>La</strong>mbis » de Liliane Frenkiel qui était, lui-même, une<br />

édition revue et enrichie de « <strong>La</strong> <strong>vie</strong> des <strong>La</strong>mbis » publié en<br />

1985 par Katherine Orr et Liliane Frenkiel au Centre de<br />

documentation pédagogique de Guadeloupe, et la<br />

communication « E<strong>du</strong>cation pour la sauvegarde <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi<br />

<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> en Guadeloupe » présentée à la session<br />

spéciale sur les Strombes au 55 e congrès <strong>du</strong> Gulf and<br />

Caribbean Fisheries Institute (GCFI)qui s’est tenu à Xel-Ha sur<br />

la ri<strong>vie</strong>ra maya en Novembre 2002. Miguel Rolon <strong>du</strong><br />

Caribbean Fisheries Management Council (CFMC) a<br />

immédiatement réagi en proposant à Liliane le financement<br />

nécessaire pour éditer un disque CD comportant les textes<br />

illustrés dans les 3 langues officielles <strong>du</strong> GCFI qui sont les 3<br />

langues de la Caraïbe, avec la finalité de distribuer largement<br />

des documents pédagogiques dans tous les pays où ils peuvent<br />

être utiles.<br />

Liliane est une chercheuse confirmées dans le domaine<br />

de la repro<strong>du</strong>ction, <strong>du</strong> développement et de la nutrition des<br />

Mollusques ; au cours des dernières années, elle a réalisé un<br />

iii


important travail de développement de programmes<br />

d’é<strong>du</strong>cation à l’environnement, principalement dirigé vers les<br />

enfants dans le cadre d’Archipel des Sciences (Centre de<br />

culture Scientifique et Technique de la Guadeloupe), dans les<br />

Antilles françaises. Liliane m’a invitée à participer à cette<br />

initiative, ce que j’ai considéré comme un honneur parce que<br />

travailler avec elle est une expérience enrichissante pour son<br />

professionnalisme mais aussi pour ses qualités humaines, sa<br />

générosité et sa simplicité ; sans compter le fait d’être une<br />

femme infatigable et passionnée par son travail, capable de<br />

communiquer aux autres, énergie et joie.<br />

Notre collaboration nous permet de présenter ici aux<br />

Iles Vierges britanniques, au 56 e congrès <strong>du</strong> GCFI , le livre et<br />

le disque compact intitulés « <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, <strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi,<br />

<strong>La</strong> vida del Caracol rosa, The queen conch life story »<br />

Ce travail se compose de 3 parties: Il commence par la<br />

biologie et l’écologie <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>; la deuxième<br />

partie explique le pourquoi d’une pêche excessive de plus en<br />

plus grave ; la dernière partie propose des actions pour limiter<br />

la surpêche et revenir à un état d’équilibre entre la pro<strong>du</strong>ction<br />

et l’exploitation.<br />

iv


Tout au long <strong>du</strong> texte, on trouve des mots écrits en<br />

caractères gras qui sont définis dans le glossaire.<br />

<strong>La</strong> larve véligère <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi baptisée Conchita, mascotte<br />

<strong>du</strong> programme « Le lambi, <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, gestion intégrale et<br />

<strong>du</strong>rable » guide le lecteur dans les différentes parties <strong>du</strong> livre.<br />

Ce livre est écrit pour que des enfants puissent le lire<br />

avec leurs professeurs. Il peut être utile aussi pour les<br />

personnes qui travaillent avec <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>... chercheurs,<br />

administrateurs des Pêches, administrateurs de Parcs et de<br />

Réserves, associations de marins-pêcheurs, clubs de plongée,<br />

associations de protection de l'environnement, ONG, et tous<br />

les citoyens intéressés à la conservation de ressources<br />

naturelles qui constituent un patrimoine économique, social et<br />

culturel de la Caraïbe.<br />

v<br />

Dalila Aldana Aranda


Remerciements<br />

<strong>La</strong> parution de ce petit livre résulte d’évènements qui<br />

ont permis de rassembler l’essentiel des informations sur la<br />

Biologie, l’écologie et l’état de la pêcherie de <strong>Strombus</strong><br />

<strong>gigas</strong> et en particulier sur les réglementations nécessaires et les<br />

conséquences <strong>du</strong> non respect des réglementations de la pêche<br />

de cette espèce.<br />

<strong>La</strong> mise en chantier de ce travail a débuté en Novembre<br />

2002 au cours <strong>du</strong> 55° congrès <strong>du</strong> Gulf and Caribbean<br />

Fisheries Institute (GCFI) qui a été organisé conjointement par<br />

le parc de Xel-Ha, merveille de la Nature sur la ri<strong>vie</strong>ra maya et<br />

un centre de recherche, dans lequel je travaille, el Centro de<br />

Investigacionès Avanzadas (CINVESTAV). C’était la 3ème fois<br />

que j’avais l’honneur d’organiser le congrès annuel <strong>du</strong> GCFI et<br />

j’exprime toute ma gratitude aux docteurs Alejandro Acosta,<br />

LeRoy Creswell et Robert Glazer ainsi qu’à tous les membres<br />

<strong>du</strong> bureau directeur <strong>du</strong> GCFI.<br />

Depuis Novembre 2002, Liliane Frenkiel et les équipes<br />

de Xel-Ha et <strong>du</strong> laboratoire de Biologie et culture des<br />

Mollusques <strong>du</strong> CINVESTAV IPN ont uni leurs efforts, leurs<br />

appuis logistiques et financiers pour faire que cette œuvre<br />

constitue un apport scientifique, culturel et é<strong>du</strong>catif pour la<br />

vii


conservation et la réhabilitation des populations <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi<br />

<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, ressource surexploitée dans toute la région<br />

Caraïbe.<br />

Les tâches ont été multiples et parfois invisibles mais sans<br />

l’appui de la direction et de mes collègues des différents<br />

services <strong>du</strong> CINVESTAV, il n’aurait pas été possible de mener<br />

à bien ce travail et de présenter le livre et le disque compact<br />

<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, <strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi, <strong>La</strong> vida del Caracol rosa,<br />

The Queen conch life story, ici au 56° GCFI à Tortola, aux<br />

Iles Vierges anglaises.<br />

Merci à Miguel Tapia Arjona, étudiant en postgra<strong>du</strong>ation<br />

et boursier <strong>du</strong> CONACYT pour la réalisation de la maquette de<br />

cet ouvrage en version CD et en version papier.<br />

En ce qui concerne l’entreprise Xel-Ha , je souhaite<br />

exprimer mes remerciements à son Directeur général,<br />

Francisco Cordova Lira, au gestionnaire <strong>du</strong> Parc de Xel-Ha ,<br />

E<strong>du</strong>ardo Briones et au responsable <strong>du</strong> service d’é<strong>du</strong>cation à<br />

l’environnement, Manuel Sanchez Crespo, ainsi qu’à tous les<br />

collègues et amis de ce parc, en particuliers à ceux <strong>du</strong> service<br />

d’é<strong>du</strong>cation. Leur travail, leur appui logistique et les<br />

compléments de financement ont ren<strong>du</strong> possible la réalisation<br />

de cet ouvrage à la fois sous forme CD et sous forme papier.<br />

viii


Merci aussi au Centre de Culture Scientifique et<br />

Technique de de Guadeloupe (CCSTI) , Archipel des Sciences<br />

et merci en particulier à Vonic <strong>La</strong>ubreton et à Monique Barillot<br />

qui ont généreusement contribué à l’illustration <strong>du</strong> livre et à la<br />

création des personnages qui accompagnent notre propos.<br />

Merci à l’Ambassade de France qui a financè une mission<br />

pour Liliane Frenkiel, en nous permettant travailler les<br />

materiux de cet livre.<br />

Merci à Megan Davis, à Gabriel Delgado à Bob Glazer,<br />

Silvia Manzanilla, Mari-Luz Nicaise, Miguel Rolon et<br />

Stephanie Thiele, qui ont apporté leur appui tout au long de<br />

cette année pour corriger et améliorer notre livre.<br />

Au Conacyt, organisme partenaire de CYTED (Ciencia y<br />

Tecnologia pour le développement) et au projet II-7 qui s’est<br />

associé à cette initiative, mes remerciements vont aussi à Clara<br />

Moran de la sous direction des collaborations multilatérales.<br />

Cependant, le personnage clé de cette initiative reste<br />

Miguel Rolon <strong>du</strong> Caribbean Fisheries Management Council<br />

(CFMC – NOAA). Miguel est un homme visionnaire qui rend<br />

possible le passage à l’action dans de multiples projets.<br />

Travailler avec lui est un honneur, car c’est une personne de<br />

grande qualité tant professionnelle qu’humaine, impliqué dans<br />

ix


la conservation et la réhabilitation des espèces marines de la<br />

Caraïbe, dont l’importance est fondamentale dans le<br />

fonctionnement de ces écosystèmes. Toute notre gratitude à<br />

Miguel Rolon pour leur appui financier pour l’élaboration de<br />

cet ouvrage.<br />

Avec énergie, passion et espérance j’écris ces lignes pour<br />

dire à tous les participants ma confiance et mon amitié.<br />

Merci.<br />

x<br />

Dalila Aldana Aranda<br />

J’ajouterai mes remerciements chaleureux à ceux de<br />

Dalila à tous ceux qui ont répon<strong>du</strong> présents pour corriger,<br />

améliorer, enrichir notre travail. Merci tout particulièrement à<br />

Megan Davis qui m’a depuis des années offert la possibilité<br />

d’utiliser pour les actions é<strong>du</strong>catives que je mène en<br />

Guadeloupe, les superbes photos de larves de lambis qui ont<br />

servi de modèles pour bien dessiner les larves. Mais j’ajouterai<br />

que si j’ai eu l’idée de diffuser sous une forme facilement<br />

accessible les informations de base nécessaires à la protection<br />

de nos ressources communes, je n’aurai jamais pu mener à<br />

bien cette entreprise sans la collaboration, l’enthousiasme, le


sens de l’humour et la détermination de Dalila. J’espère qu’au-<br />

delà de ce travail commun nous irons vers de nouvelles<br />

collaborations pour que nous unissions encore plus nos efforts<br />

pour la sauvegarde <strong>du</strong> bien commun et partagé que représente<br />

le <strong>La</strong>mbi dans la Région Caraïbe.<br />

xi<br />

Liliane Frenkiel


xii


Intro<strong>du</strong>ction<br />

Dans la région Caraïbe, vit depuis très longtemps, plus<br />

longtemps que l'arrivée des premiers hommes, un grand et<br />

beau coquillage que tous les Caribéens connaissent et à qui ils<br />

ont donné une quantité de noms différents. On l’appelle<br />

Caracol rosa au Mexique, mais dans le Mexique<br />

préhispanique, les Aztèques l’appelaient Teccizmama. On le<br />

connaît sous le nom de Botuto au Venezuela, Cambombia au<br />

Panama, Cambute au Costa Rica, Caracol gigante au<br />

Hon<strong>du</strong>ras, Caracol pala en Colombie, Caracol au Nicaragua,<br />

Carrucho à Puerto Rico, Cobo à Cuba. En Floride, aux<br />

Bahamas et dans tous les pays où on parle anglais, on l’appelle<br />

Queen conch. En français, on l’appelle Strombe géant mais, en<br />

1


Guadeloupe et en Martinique, tout le monde le connaît sous le<br />

nom de <strong>La</strong>mbi, qui <strong>vie</strong>nt des temps lointains où les petites<br />

Antilles étaient habitées par des peuples indiens venus<br />

d’Amérique <strong>du</strong> Sud. On l’appelle aussi <strong>La</strong>mbí à Haiti et à Saint<br />

Domingue. Tous ces noms traditionnels, différents dans<br />

chaque pays, sont des noms populaires ou noms vernaculaires.<br />

Les biologistes l’appellent <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>; c’est son<br />

nom scientifique, c’est à dire celui qui permet de le<br />

reconnaître pour les biologistes <strong>du</strong> monde entier, quelle que<br />

soit la langue qu’ils parlent.<br />

Maintenant que nous connaissons sa multitude de<br />

noms, pour simplifier, nous l’appellerons dans ce livre, soit par<br />

son nom scientifique soit <strong>La</strong>mbi en Français, soit Caracol rosa<br />

en Espagnol, soit Queen conch en Anglais.<br />

Il a été très utilisé depuis que les hommes ont colonisé<br />

les îles et les pays de la région Caraïbe. Les peuples<br />

amérindiens en faisaient des outils, des hameçons et aussi des<br />

œuvres d’art; ils mangeaient sa chair probablement grillée sur<br />

les plages où on retrouve des restes de coquilles qui portent<br />

des traces de feu.<br />

Plus tard, au temps de l’esclavage, il permettait de<br />

communiquer de colline en colline pour annoncer les grands<br />

2


événements de la <strong>vie</strong>; naissance, mariage, mort, mais aussi les<br />

révoltes. Il annonçait l’arrivée des canots de pêche et donnait<br />

le signal de la récolte des ignames. C’était à la fois la radio, le<br />

téléphone et un instrument de musique. Les plus belles<br />

coquilles décoraient les tombes des pêcheurs. Les autres ont<br />

été utilisées pour faire des digues et il reste encore des fours à<br />

chaux, témoins de son utilisation in<strong>du</strong>strielle. Il faisait partie<br />

de la <strong>vie</strong> de tous les jours, des jours de fête et des jours de<br />

deuil.<br />

Aujourd’hui, sa chair fait partie de la cuisine<br />

traditionnelle dans beaucoup de pays de la Caraïbe. Sa<br />

coquille, recouverte à l’intérieur de nacre rose, est ven<strong>du</strong>e aux<br />

touristes comme souvenir. Il retrouve sa place comme<br />

instrument de musique et participe aux fêtes traditionnelles<br />

comme le carnaval.<br />

Si on cherche les recettes de cuisine à travers la<br />

Caraïbe, il y en a encore bien plus. Dans les différents pays, on<br />

le mange en ceviche, macéré dans le citron, comme au<br />

Mexique, mais d’autres le préfèrent en brochettes; on le mange<br />

aussi avec une sauce pimentée et <strong>du</strong> riz et pois rouges.<br />

Aujourd’hui, en Guadeloupe, on fait même <strong>du</strong> boudin de<br />

lambi et <strong>du</strong> poulet farci au lambi! Si on va plus au nord, aux<br />

3


Bahamas, on mange <strong>du</strong> lambi en salade mais surtout des<br />

conch fritters et une délicieuse soupe qui s’appelle conch<br />

chowder.<br />

Savez-vous que les lambis font de très jolies perles roses<br />

et que leur coquille est sculptée et très utilisée en bijouterie<br />

aux Bahamas et dans certaines îles de la Caraïbe?<br />

Malheureusement, au soleil, et même dans l’ombre, avec le<br />

temps, la nacre perd aussi sa couleur rose!<br />

Mais le malheur des lambis, est qu’ils sont tellement<br />

appréciés pour leur coquille et pour leur chair, partout dans la<br />

Caraïbe que les pêcheurs, les consommateurs et les<br />

entrepreneurs ne sont pas convaincus que la mer ne pourra<br />

pas toujours nous en fournir en plus grande quantité. Ils ont<br />

oublié qu’il s’agit d’une ressource naturelle renouvelable à<br />

condition de l’utiliser raisonnablement.<br />

Dans certains pays, on consomme beaucoup plus de<br />

lambis que les pêcheurs peuvent en récolter dans leurs zones<br />

de pêche. Dans d'autres pays, les lambis sont surtout pêchés<br />

pour être exportés vers les pays consommateurs. Actuellement<br />

ce commerce international qui peut représenter un bon revenu<br />

pour certains pays de la Caraïbe, est une source<br />

d’enrichissement rapide pour les entrepreneurs de certains<br />

4


pays de la Caraïbe, mais il peut aussi con<strong>du</strong>ire au désastre<br />

écologique que serait la disparition de cette ressource<br />

surexploitée un peu partout, si on n'arrive pas à établir et à<br />

respecter des règles de pêche <strong>du</strong>rable.<br />

Pour une exploitation <strong>du</strong>rable, les captures doivent être<br />

limitées à la capacité de régénération de la ressource qui tient<br />

compte <strong>du</strong> rythme de repro<strong>du</strong>ction et de la vitesse de<br />

croissance de l’espèce exploitée.<br />

Depuis plusieurs années, petit à petit, les lambis sont<br />

devenus plus rares. Ils ont même disparu dans certains endroits<br />

et on a fini par se demander “mais que faut-il faire pour<br />

conserver cette ressource?”<br />

demandé:<br />

Alors, on s’est retourné vers les biologistes et on leur a<br />

“Est ce qu’on pourrait élever les lambis dans des fermes<br />

comme on élève des poulets“? Et les biologistes ont répon<strong>du</strong>:<br />

“Il faut d’abord bien connaître les lambis, savoir<br />

comment ils vivent, ce qu’ils mangent, qui les mange,<br />

comment ils se repro<strong>du</strong>isent, comment ils grandissent, jusqu’à<br />

quel âge ils vivent? Et c’est seulement quand on aura répon<strong>du</strong><br />

à toutes ces questions qu’on pourra dire si oui ou non il est<br />

possible de les élever dans des fermes marines“<br />

5


Mais les biologistes ont pensé à deux autres pistes de<br />

travail car l’aquaculture d’une nouvelle espèce n’est pas<br />

simple à mettre au point et n’est pas forcément l’unique<br />

solution aux problèmes d’exploitation <strong>du</strong>rable des ressources<br />

marines et <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi en particulier.<br />

Les biologistes ont proposé d’autres voies raisonnables<br />

pour maintenir cette ressource et son leur utilisation <strong>du</strong>rable:<br />

a) Protéger les lambis dans des réserves naturelles où<br />

ils existent encore. Ces réserves peuvent être de différentes<br />

sortes; réserves de biosphères, réserves régionales, parcs<br />

marins, dans lesquels tous les animaux et toutes les plantes<br />

sont protégées; on ne doit rien récolter, rien pêcher. Ce sont<br />

des sanctuaires de repro<strong>du</strong>ction.<br />

b) Mener une grande campagne d’é<strong>du</strong>cation en<br />

particulier pour expliquer aux enfants comment vivent les<br />

<strong>La</strong>mbis, quels sont leurs problèmes, et l’importance d’établir<br />

une protection pour le <strong>La</strong>mbi comme il est important de<br />

l’établir pour les tortues et pour toutes les espèces que la<br />

surexploitation met en danger.<br />

6


“Conchita” “Conchita”<br />

7<br />

Depuis 40 ans les<br />

biologistes ont travaillé et<br />

ce petit livre raconte ce<br />

qu’ils ont appris et aussi ce<br />

qu’on ne connaît toujours<br />

pas sur la <strong>vie</strong> <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi<br />

<strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>.<br />

Certains des enfants qui liront ce livre seront les<br />

biologistes de demain et certains continueront à travailler pour<br />

que les lambis soient toujours une espèce vivante que tous les<br />

peuples de la Caraïbe pourront continuer à exploiter de<br />

manière <strong>du</strong>rable, digne de l’humanité en harmonie avec son<br />

environnement, et non une pièce de musée.<br />

Comment naissent les <strong>La</strong>mbis?<br />

Oeuf de<br />

<strong>La</strong>mbi<br />

Oeuf de<br />

tortue<br />

Oeuf de<br />

poule


Le bébé lambi naît dans un œuf comme les poussins ou<br />

les bébés tortues. Mais les œufs de lambi sont beaucoup plus<br />

petits que des œufs de poule ou de tortue. Ils sont plus petits<br />

que des grains de sable, tellement petits qu’on ne peut pas les<br />

voir à l’œil nu.<br />

Les oeufs sont cachés dans un cordon de gelée collante<br />

que la maman lambi dépose avec son pied. Elle se balance<br />

doucement à droite et à gauche pour bien enrouler le cordon<br />

comme on fait une pelote de ficelle. <strong>La</strong> femelle lambi dépose<br />

toujours sa ponte sur un fond de sable ou de gra<strong>vie</strong>r. Les grains<br />

de sable collent au cordon, au fur et à mesure qu’elle le<br />

dépose.<br />

Quand la ponte est terminée, c’est un long cordon qui<br />

mesure jusqu’à 30 mètres si on le déroule mais qui, bien<br />

pelotonné, forme un croissant de 10 à 15 cm tout enrobé de<br />

grains de sable. Cette ponte contient environ 400 000 œufs.<br />

8


Dès qu’elle a fini de pondre, la maman <strong>La</strong>mbi<br />

abandonne sa ponte, camouflée dans le sable et s’en va. Dans<br />

la ponte, chaque œuf se transforme et de<strong>vie</strong>nt un embryon qui<br />

de<strong>vie</strong>ndra un petit lambi.<br />

Au bout de 5 jours, les œufs éclosent et il en sort des<br />

bébés lambis qui ne ressemblent pas <strong>du</strong> tout à leurs parents.<br />

Où vivent les bébés <strong>La</strong>mbis?<br />

2 jours<br />

6 jours<br />

Quand ils sortent de leurs œufs, les bébés lambis sont si<br />

petits qu’on ne peut toujours pas les voir à l’œil nu. On peut<br />

en trouver au moins 10 dans une goutte d’eau et il faut un<br />

microscope pour les voir. Un bébé lambi qui <strong>vie</strong>nt d’éclore a<br />

deux voiles arrondies bordées de cils qui battent très vite. Ces<br />

voiles forment le velum qui permet au petit lambi de nager, de<br />

9<br />

0,5 mm<br />

9 jours


espirer et d’envoyer des algues microscopiques vers la<br />

bouche pour les manger! Le velum est donc très important<br />

pour la <strong>vie</strong> <strong>du</strong> bébé lambi qui s’appelle une larve véligère. <strong>La</strong><br />

larve véligère a déjà une minuscule coquille transparente. Les<br />

bébés lambis vivent dans le plancton et se laissent porter par<br />

les courants marins pendant 3 semaines à un mois. Et il est<br />

difficile de dire où ils arriveront après ce long voyage mais on<br />

sait, par exemple, qu’en un mois ils peuvent aller <strong>du</strong> Mexique<br />

à la Floride.<br />

(2)<br />

(7)<br />

10<br />

(3)<br />

(1)<br />

(6)<br />

(4)<br />

(5)<br />

Comme le bébé lambi (1), les autres mollusques (2) les<br />

langoustes (3), et les autres crustacés (4), les oursins (5), les


palourdes (6), les poissons (7) et bien d’autres animaux ont des<br />

bébés qui flottent dans la mer <strong>du</strong>rant les premiers jours ou<br />

semaines de leur <strong>vie</strong>.<br />

Tous les petits animaux et toutes les algues<br />

microscopiques qui flottent dans l’eau de mer forment le<br />

plancton. Mais dans le plancton, tout le monde ne vit pas en<br />

paix. Il y a des larves comme toutes les larves de Mollusques<br />

qui mangent seulement des algues microscopiques (on peut<br />

dire qu’elles sont herbivores) mais d’autres sont carnivores. Par<br />

exemple, les larves de langoustes et de crabes mangent<br />

d’autres petits animaux comme les bébés lambis et les bébés<br />

palourdes.<br />

11<br />

<strong>La</strong>rve pédivéligère<br />

20 jours<br />

Après 3 semaines passé dans le plancton, le bébé lambi<br />

mesure à peu près 1 millimètre; il de<strong>vie</strong>nt lourd à cause de sa<br />

coquille qui a grandit et il descend se poser sur le fond de la


mer. En même temps, il se métamorphose (comme la chenille<br />

qui de<strong>vie</strong>nt papillon ou le têtard qui de<strong>vie</strong>nt grenouille).<br />

Le velum, qui lui permettait de nager, respirer et de<br />

manger, disparaît. En même temps, il a un pied qui pousse et<br />

qui va lui permettre de ramper ou de sauter sur le fond. Dans<br />

son mufle pousse une petite râpe appelée ra<strong>du</strong>la qui lui<br />

permettra de brouter d’autres algues que celles qu’il<br />

rencontrait dans le plancton. Il a aussi une branchie qui lui<br />

permettra de respirer différemment. A partir de ce moment, il<br />

commence à ressembler à l’anatomie d’un lambi… et il ne<br />

pourra plus jamais nager.<br />

Juvénile plantigrade<br />

25 jours<br />

Le petit lambi métamorphosé s’enfonce dans le sable et<br />

se cache pendant un an!!! Mais il sort quand même la nuit<br />

pour manger des algues minuscules et des bactéries collées à<br />

la surface des feuilles de l’herbier et il grossit. Il avale aussi <strong>du</strong><br />

sable pour récupérer les algues et les bactéries collées sur les<br />

grains de sable. C’est devenu un lambi miniature qui<br />

12


essemble à ses parents mis à part le pavillon de la coquille qui<br />

n’appartient qu’aux a<strong>du</strong>ltes.<br />

Comment grandit un <strong>La</strong>mbi?<br />

Le lambi construit sa coquille dès qu’il sort de l’œuf et<br />

peut-être même avant. A l’éclosion, sa coquille est<br />

transparente et elle a un tour et demi. Quand il se<br />

métamorphose, sa coquille est devenue opaque; elle a 4 tours<br />

et elle est devenue assez grande pour qu’il puisse s’y abriter.<br />

Sa coquille grandit au fur et à mesure que son corps grossit.<br />

Puis elle de<strong>vie</strong>nt <strong>du</strong>re et épaisse.<br />

1 mm<br />

1 mois<br />

Quand il a 2 ou 3 mois, sa coquille est blanche; quand<br />

il a 5 ou 6 mois elle commence à porter des dessins bruns. A 1<br />

an, la surface interne de la coquille a la coloration rose-<br />

13<br />

1 cm<br />

3 mois


orangée de la nacre typique <strong>du</strong> lambi. Sur son pied, se forme<br />

un opercule <strong>du</strong>r qui lui permet de s’enfermer lorsqu’il se met à<br />

l’abri au fond de sa coquille.<br />

3 ans<br />

1 an 2 ans<br />

10 cm<br />

20 cm<br />

14<br />

15 cm<br />

4 ans<br />

25 cm


Quand on commence à voir les petits lambis de 8 ou<br />

10 centimètres, dans les herbiers, ils ont déjà à peu près un an.<br />

Leur coquille forme des épines pointues, une vraie forteresse!<br />

Quand le <strong>La</strong>mbi grandit, sa coquille s’allonge et<br />

continue à s’enrouler en spirale. A deux ans il est toujours<br />

enroulé en spirale avec un bord coupant. Quand il a 3 ans, sa<br />

coquille commence à former un large pavillon étalé qu’on<br />

appelle aussi lèvre. Ce pavillon montre que le lambi a fini de<br />

grandir et qu’il sera bientôt mûr c’est à dire capable de se<br />

repro<strong>du</strong>ire. Le <strong>La</strong>mbi est comme un adolescent; le pavillon de<br />

sa coquille est encore fin et fragile.<br />

Il s’épaissit et atteint sa taille a<strong>du</strong>lte à peu près entre<br />

trois ans et demi et quatre ans. Après 4 ans la lèvre est épaisse.<br />

Quand il <strong>vie</strong>illit, sa coquille de<strong>vie</strong>nt de plus en plus<br />

épaisse et plus lourde. Les épines qui étaient longues et<br />

pointues de<strong>vie</strong>nnent émoussées, usées ou cassées. Souvent, la<br />

coquille se couvre d’algues et même de petits animaux se<br />

fixent dessus comme si c’était un rocher. Sa coquille épaisse<br />

est souvent plus petite que celle <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi a<strong>du</strong>lte parce que le<br />

bord est usé. On appelle ces <strong>vie</strong>ux lambis “Samba Conch”<br />

dans de nombreuses îles de la Caraïbe, dans d'autres on les<br />

appelle "stone conchs" ce qui veut dire "<strong>La</strong>mbi de pierre".<br />

15


Dans ma famille,<br />

pour grandir, on<br />

doit descendre au<br />

fond de la mer et se<br />

métamorphoser<br />

Et au fond de l'eau,<br />

on grandit jusqu'à ce<br />

qu'on ressemble à<br />

nos parents avec une<br />

coquille qui a un<br />

beau pavillon rose<br />

Ils sont tous<br />

petits dans<br />

cette école<br />

16<br />

Quand ils<br />

grandisse<br />

nt ils vont<br />

au collège<br />

Beaucoup de gens croient que chaque coquille (grosse,<br />

petite, avec lèvre, sans lèvre, avec des épines longues ou des<br />

épines courtes) appartiennent à des espèces différentes. Et


pourtant ces différentes formes sont seulement les différentes<br />

étapes de la croissance <strong>du</strong> lambi, exactement comme un bébé<br />

est bien différent d’un enfant et encore plus d’un a<strong>du</strong>lte ou<br />

d’un <strong>vie</strong>illard.<br />

Comme les hommes, tous les lambis a<strong>du</strong>ltes n’ont pas<br />

la même taille. On peut trouver des lambis plus ou moins<br />

grands avec un large pavillon.<br />

Mais il y a aussi des Strombes beaucoup plus petits<br />

avec une coquille épaisse et un pavillon blanc qui<br />

appartiennent à une autre espèce mais à la même famille<br />

(systématique). On les appelle Strombe laiteux, leur nom<br />

scientifique est <strong>Strombus</strong> costatus; ils sont exploités<br />

localement pour compléter la pro<strong>du</strong>ction de lambis mais<br />

n’entrent pas sur le marché international. Il existe aussi<br />

d’autres espèces, tellement plus petits qu’ils n’intéressent<br />

pratiquement que les collectionneurs comme le Strombe coq,<br />

<strong>Strombus</strong> gallus.<br />

Certaines petites espèces comme le Strombe<br />

combattant, <strong>Strombus</strong> pugilis sont exploitées localement dans<br />

certains pays comme le Mexique.<br />

17


Comment se repro<strong>du</strong>isent les <strong>La</strong>mbis?<br />

penis<br />

Canal ovigère<br />

mâle femelle<br />

accouplement<br />

Comme chez la plupart des animaux, il y a des mâles et<br />

des femelles mais on ne peut pas reconnaître les lambis mâles<br />

des lambis femelles sans les sortir de leur coquille car leurs<br />

coquilles ne sont pas assez différentes.<br />

Lorsque les lambis ont fini de grandir et sont devenus<br />

a<strong>du</strong>ltes, la femelle a développé son appareil génital qui se<br />

18


termine par un sillon qui court le long <strong>du</strong> côté droit <strong>du</strong> pied et<br />

qui lui permet de pondre ses œufs. L`appareil génital <strong>du</strong> mâle<br />

se termine grand pénis noir placé à droite en arrière de la tête<br />

et au-dessus <strong>du</strong> pied. Il est devenu capable de fabriquer les<br />

spermatozoïdes nécessaires pour féconder les œufs et leur<br />

permettre de se développer.<br />

Quand les lambis s’accouplent, ils se mettent tout près<br />

l’un de l’autre jusqu’à ce que leurs coquilles se touchent. Le<br />

mâle se met derrière la femelle; le pénis <strong>du</strong> mâle s’allonge<br />

sous le manteau de la femelle pour déposer le sperme et<br />

féconder les œufs.<br />

“Conchita” “Conchita”<br />

19<br />

Ça fait combien de<br />

millions de bébés<br />

lambis?<br />

Chaque femelle a<strong>du</strong>lte est capable de pondre 8 fois<br />

chaque année et dans chaque ponte il peut y avoir 400 000<br />

œufs.<br />

Alors on peut se demander ce que de<strong>vie</strong>nnent tous ces<br />

petits lambis pour qu’il y ait de moins en moins de lambis<br />

a<strong>du</strong>ltes dans la mer.


Qui mange le <strong>La</strong>mbi?<br />

Qui mange les petits lambis dans le plancton, qui<br />

mange les petits lambis quand ils se métamorphosent et qui les<br />

mange quand ils ont grandit?<br />

Et surtout combien, des millions de bébés lambis qui<br />

naissent chaque année, survivront jusqu’à devenir des a<strong>du</strong>ltes<br />

capables de se repro<strong>du</strong>ire?<br />

20


Beaucoup de petits animaux carnivores <strong>du</strong> plancton<br />

mangent les bébés lambis qui ne sont pas encore protégés par<br />

une coquille solide. Quand ils se métamorphosent et jusqu’à<br />

ce qu’ils aient un an, ils se cachent dans le sable et ne sortent<br />

manger que la nuit mais beaucoup sont quand même mangés<br />

par des poissons et par de nombreux animaux carnivores.<br />

“Conchita” “Conchita” “Conchita”<br />

(5)<br />

(4)<br />

21<br />

(1)<br />

Ils mangent les<br />

petits lambis<br />

(2)<br />

(3)


Quand ils ont un an et une coquille assez solide, ils<br />

sortent plus souvent mais ils sont obligés de se défendre contre<br />

leurs cousins carnivores les conques (1), contre les langoustes<br />

(2), les bernard-l’ermite (3), les autres crabes carnivores (4), les<br />

poissons carnivores (5) et tous les animaux qui, dans la mer,<br />

sont leurs prédateurs naturels.<br />

Ceux qui ont survécu jusqu’à deux ans sont presque sauvés car<br />

leur coquille est devenue assez <strong>du</strong>re pour bien les protéger.<br />

“Conchita” “Conchita”<br />

(6)<br />

(9)<br />

22<br />

Ceux-là<br />

mangent aussi<br />

les gros lambis<br />

(7)<br />

(8)


Les tortues (6), les poulpes (7) et les raies (8) arrivent<br />

encore à manger des jeunes lambis de deux ou trois ans et<br />

même des lambis a<strong>du</strong>ltes. Mais plus encore que tous ces<br />

animaux, l’homme est le plus grand ennemi des lambis<br />

lorsqu’ils sont assez gros pour se défendre contre leurs<br />

prédateurs naturels. Un lambi peut se défendre en se<br />

retournant brusquement et en donnant un bon coup de pied<br />

aux agresseurs. Il peut aussi rentrer dans sa coquille et fermer<br />

l’opercule.<br />

Mais que faire contre les plongeurs (9) qui les attrapent<br />

pour les remonter à la surface et les tuer en les sortant de leur<br />

coquille ? Leur dernier moyen de défense est de descendre<br />

dans les herbiers profonds, là où les pêcheurs de lambis ne<br />

vont pas.<br />

Comme partout dans la nature, des animaux mangent<br />

et sont mangés mais il s’établit un équilibre qui fait que, sur<br />

les millions de petits lambis qui naissent, il en reste toujours<br />

assez pour qu’ils puissent se repro<strong>du</strong>ire et remplacer leurs<br />

parents. Tout fonctionne très bien tant que les hommes ne<br />

détruisent pas l’équilibre de la chaîne alimentaire.<br />

23


<strong>La</strong> disparition <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi<br />

Autrefois, les pêcheurs attrapaient autant de lambis<br />

qu’ils voulaient et chaque année les lambis qui restaient,<br />

pro<strong>du</strong>isaient assez de jeunes pour remplacer ceux qui avaient<br />

été pêchés. Maintenant, il est de plus en plus difficile de<br />

trouver des lambis a<strong>du</strong>ltes et même des jeunes.<br />

Pourquoi?<br />

Tout simplement parce que, dans les pays<br />

consommateurs, de plus en plus de restaurants touristiques et<br />

de plus en plus de gens achètent des lambis même s’ils<br />

coûtent cher et de plus en plus de pêcheurs se sont mis à les<br />

pêcher parce qu’ils rapportent beaucoup d’argent.<br />

Alors, s’est développé un marché international vorace<br />

qui dépasse largement la Caraïbe et qui exige d’acheter<br />

toujours plus de <strong>La</strong>mbis pour satisfaire la demande <strong>du</strong> marché.<br />

Les pêcheurs travaillent <strong>du</strong>r pour pêcher de plus en plus<br />

de lambis chaque année et ils pêchent aussi bien les jeunes<br />

que les a<strong>du</strong>ltes. Et ainsi l’effort de capture par tous les moyens<br />

24


qui s’exerce sur les populations de lambis de<strong>vie</strong>nt chaque<br />

année plus fort.<br />

Et maintenant, les lambis a<strong>du</strong>ltes qui restent dans la mer<br />

ne sont plus assez nombreux pour remplacer chaque année<br />

ceux qui sont pêchés. Et les pêcheurs vont pêcher de plus en<br />

plus profond, là où les a<strong>du</strong>ltes repro<strong>du</strong>cteurs pouvaient vivre<br />

tranquillement.<br />

Pourquoi y a-t-il une telle augmentation de l’effort de capture<br />

des lambis?<br />

Parce qu’il est très demandé en particulier par les<br />

restaurants touristiques, parce qu’il est assez cher sur le<br />

marché pour rapporter beaucoup d’argent, parce qu’il<br />

représente une source de travail, parce que c’est un animal<br />

assez grand pour être bien visible et facile à capturer. Sa seule<br />

défense contre ses prédateurs naturels est sa coquille. Au<br />

contraire, pour l’homme, c’est justement sa coquille qui le met<br />

en danger, parce qu’elle est grande et bien visible, et parce<br />

qu’il n’a pas de moyens de s’échapper vu qu’il ne peut ni<br />

courir, ni mordre, ni piquer, et qu’il n’a pas de venin!<br />

25


Le Museum d’Histoire naturelle de Paris a des étiquettes<br />

pour des animaux disparus qui disent: "Je ne mords pas, je ne<br />

pince pas, je ne cours pas, mais ne me touchez pas parce que<br />

je suis le seul exemplaire qui reste".<br />

Et si on ne laisse pas assez de lambis a<strong>du</strong>ltes dans la<br />

mer pour faire des petits lambis, ils finiront par disparaître<br />

aussi des écosystèmes de la Caraïbe, et en tout cas, ils seront<br />

tellement rares que l’excès de pêche aura tué la pêche.<br />

“Conchita” “Conchita”<br />

Alors que faire ?<br />

A la question « alors que faire? » On peut répondre en<br />

prenant différentes mesures:<br />

Aujourd’hui, il n’y a pas<br />

assez de lambis pour que<br />

chaque pêcheur puisse<br />

prendre tous les lambis<br />

qu’il trouve, n’importe<br />

où, et n’importe quand.<br />

Arrêter de pêcher les lambis.<br />

Pêcher tous les lambis qu’on veut jusqu’à ce qu’il n’y en<br />

26


ait plus <strong>du</strong> tout, et alors on ne pourra plus jamais, ni en<br />

manger, ni en vendre.<br />

Prendre encore des lambis, mais en en laissant assez<br />

pour qu’ils se repro<strong>du</strong>isent, exactement comme on doit<br />

toujours garder des vaches et un taureau si on veut avoir<br />

des veaux l’année suivante.<br />

Chaque pêcheur n’aura pas pêché autant de lambis<br />

qu’il aurait voulu mais il continuera à pêcher et après lui, ses<br />

fils, ou d’autres jeunes pêcheurs pourront encore pêcher. Et le<br />

lambi restera une source de nourriture et de travail pour les<br />

habitants de la Caraïbe.<br />

Beaucoup de gens pensent que cette dernière solution<br />

est la meilleure et la réglementation de la pêche doit permettre<br />

aux lambis de se repro<strong>du</strong>ire pour qu’on puisse continuer à<br />

pêcher.<br />

Tous les pêcheurs doivent savoir combien ils peuvent<br />

pêcher (respecter les quotas de capture), comment ils peuvent<br />

pêcher (respecter les techniques de pêche autorisées) et quand<br />

ils peuvent pêcher (respecter les interdiction de pêche<br />

saisonnières) et ne pas prendre tous les lambis qu'ils trouvent,<br />

n’importe où, et n’importe quand.<br />

27


Mais de plus en plus de scientifiques et même de<br />

pêcheurs pensent que la situation <strong>du</strong> lambi est tellement grave<br />

dans toute la Caraïbe, que nous n’aurons bientôt plus d’autre<br />

solution que d’arrêter complètement de pêcher pendant<br />

plusieurs années avant qu’il soit trop tard pour que les<br />

populations de lambis puissent se reconstituer.<br />

Et comme chacun ne peut pas décider tout seul<br />

comment utiliser un bien commun, les scientifiques, les<br />

représentants des pêcheurs et des autres usagers de la mer se<br />

sont mis d’accord avec les administrateurs des affaires<br />

maritimes et de la pêche des différents pays pour établir des<br />

règles que tout le monde devra respecter.<br />

Une fois qu’on sait comment vivent et se repro<strong>du</strong>isent<br />

les lambis, il est plus facile de comprendre pourquoi ont été<br />

prises les décisions de réglementation, de les respecter et<br />

d’expliquer aux autres pourquoi c’est l’intérêt de tout le<br />

monde d’essayer de sauver les ressources de la mer et en<br />

particulier les lambis qui constituent une pièce fondamentale<br />

de la chaîne trophique des écosystèmes de récifs coralliens et<br />

qui représentent un patrimoine commun à tous les peuples de<br />

la Caraïbe.<br />

28


Certains pays ont réussi à établir un plan de gestion de<br />

la ressource en lambis; d’autres ne sont pas encore convaincus<br />

de l’urgence de protéger les populations de lambis dans leurs<br />

eaux pour en organiser l’exploitation <strong>du</strong>rable. Dans ces pays,<br />

les pêcheurs et autres usagers de la mer ont un accès non<br />

contrôlé à cette ressource. D’autres pays encore ont une<br />

réglementation de la pêche mais les pêcheurs ne sont pas<br />

convaincus <strong>du</strong> fait que tous doivent respecter ces règles pour<br />

maintenir une exploitation <strong>du</strong>rable <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi. Enfin certains<br />

pays ont une réglementation de la pêche tellement insuffisante<br />

qu’elle permet en particulier la capture de juvéniles qui ont un<br />

pavillon mince et qui n’ont donc pas eu le temps de se<br />

repro<strong>du</strong>ire; dans ce cas la réglementation est dangereuse<br />

puisqu’elle ne tient pas compte de la réalité des connaissances<br />

pour assurer la protection de façon efficace.<br />

Il existe différents moyens de protection, pour la<br />

ressource en lambis. Les différents moyens de protection sont<br />

basés sur les études de dynamique de population, sur la<br />

connaissance de la biologie de l’espèce et sur les discussions<br />

et les accords entre usagers de la mer et autorités de gestion de<br />

la pêche qui veillent à l’application des règles pour la capture<br />

de cette ressource. Et l’ensemble doit être porté à la<br />

29


connaissance de tous par un programme de publicité et<br />

d’é<strong>du</strong>cation qui ne doit pas se limiter à l’information rapide<br />

des pêcheurs.<br />

Nous pouvons résumer ici les principales méthodes de<br />

gestion de la ressource en <strong>La</strong>mbis mais différentes méthodes<br />

peuvent être employées pour limiter l’effort de capture à un<br />

niveau correct en fonction de l’état de la ressource et de la<br />

capacité à faire respecter mieux une limitation qu’une autre,<br />

dans chaque pays.<br />

1. Espaces protégés<br />

Pour protéger l’ensemble de l’environnement marin et<br />

les ressources marines, on a délimité des zones de réserves<br />

naturelles de biosphère et des réserves régionales: dans ces<br />

réserves, tous les animaux et toutes les plantes sont protégés.<br />

On ne peut pas y pêcher et on ne doit rien récolter, ni les<br />

pierres, ni les coraux, les gorgones, les mollusques, les<br />

crustacés, et autres organismes; ce sont des sanctuaires pour la<br />

repro<strong>du</strong>ction de tous les animaux et des plantes qui y vivent.<br />

Les réserves doivent être bien surveillées. Ce sont aussi<br />

des lieux privilégiés d’étude des espèces qui y vivent sans<br />

30


agressions majeures. Les réserves peuvent permettre des<br />

activités et des revenus autres que la pêche comme les<br />

observations d’animaux et d’autres activités ecotouristiques.<br />

2. Petit <strong>La</strong>mbi de<strong>vie</strong>ndra grand: laisse le vivre !<br />

En tout temps et en tous lieux, il est interdit de récolter<br />

les jeunes lambis dont la coquille n’a pas de pavillon. Cette<br />

règle est vraiment très importante parce que ces lambis sont<br />

les survivants de la grande disparition des jeunes qui sont<br />

soumis à la prédation naturelle. Leurs chances d’arriver à l’âge<br />

a<strong>du</strong>lte sont très importantes si on laisse faire la nature parce<br />

qu’à partir de la taille de 15 cm, ils ont peu de prédateurs à<br />

part l’homme. Le problème est que ces petits lambis vivent de<br />

préférence dans les herbiers peu profonds et qu’ils peuvent<br />

être récoltés par n’importe qui, même par des enfants.<br />

3. <strong>La</strong>isser les lambis a<strong>du</strong>ltes s’accoupler et pondre<br />

Pour garder suffisamment de lambis a<strong>du</strong>ltes pour<br />

assurer la repro<strong>du</strong>ction on doit interdire la pêche pendant la<br />

principale saison de repro<strong>du</strong>ction. L’interdiction peut être de 4<br />

31


à 8 mois en fonction des conditions de milieu et de<br />

populations de chaque pays. Cette réglementation est<br />

nécessaire et doit être appliquée strictement pour protéger la<br />

période d’accouplement et de ponte et éviter que les lambis de<br />

toute une région disparaissent parce qu’ils se sont rassemblés<br />

pour s’accoupler.<br />

4. Plongée en apnée ou plongée en bouteille?<br />

“Conchita” “Conchita”<br />

32<br />

Pour la <strong>vie</strong> des jeunes<br />

et des lambis: Stop a la<br />

pêche en bouteille !<br />

Dans de nombreux pays, il est interdit de pêcher les<br />

lambis, et aussi les langoustes et les poissons, en utilisant des<br />

bouteilles de plongée ou des compresseurs qui permettent de<br />

respirer sous l’eau et donc d’aller de plus en plus profond<br />

<strong>du</strong>rant des temps de plus en plus longs pour capturer des<br />

animaux qui n’ont aucune chance d’échapper. Il est important<br />

que les a<strong>du</strong>ltes repro<strong>du</strong>cteurs qui vivent au dessous de 20 m<br />

ne soient pas pêchés.


De plus la pêche avec des bouteilles de plongée met en<br />

danger la <strong>vie</strong> des pêcheurs <strong>du</strong> fait que la plongée doit<br />

respecter des règles de sécurité que les jeunes qui font la<br />

pêche illégale des lambis ne connaissent pas. En braconnant le<br />

lambi, ils risquent leur <strong>vie</strong> ou risquent de rester handicapés à<br />

cause d’accidents de plongée.<br />

Mais pour le marché, ne comptent ni le respect des<br />

ressources renouvelables ni la <strong>vie</strong> des hommes; seule compte<br />

la loi <strong>du</strong> marché et <strong>du</strong> profit.<br />

Les bouteilles de plongée doivent servir à travailler sous<br />

l’eau, elles doivent aussi servir à observer les animaux dans<br />

leur milieu; pas à les chasser sans aucun respect des règles<br />

d’exploitation <strong>du</strong>rable.<br />

Ce serait un objectif important pour les conférences<br />

internationales d'obtenir que l'interdiction de pêche avec<br />

équipement de plongée soit adoptée par l'ensemble des pays<br />

de la Caraïbe.<br />

5. Limiter la pêche pour maintenir une pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong>rable<br />

Quand le suivi d'une pêcherie montre que le nombre<br />

de lambis récoltés par un bateau pendant le même temps de<br />

33


pêche diminue, au cours des quelques mois d’ouverture, c'est<br />

un signal de surexploitation. Il est urgent dans ce cas de limiter<br />

l'effort de pêche. Cette limitation peut être différentes selon les<br />

pays: limitation par bateau, par jour, nombre de jours de<br />

pêche autorisés dans la semaine, le mois ou l'année, quotas de<br />

pêche pour l'année, limitation <strong>du</strong> nombre de bateaux autorisés<br />

à pratiquer cette pêche ou limitation <strong>du</strong> nombre de mois de<br />

pêche dans l'année.<br />

Il peut même être nécessaire d'arrêter complètement la<br />

pêche <strong>du</strong>rant une période de récupération ou de reconstitution<br />

<strong>du</strong> stock qui peut être de 4 ans ou plus.<br />

Mais pour que l’ensemble des règles de sur<strong>vie</strong> des<br />

populations de lambis soient efficaces, il faut que tous les pays<br />

de la Caraïbe passent de sérieux accords pour que les lambis<br />

pêchés dans un pays ne puissent pas être ven<strong>du</strong>s dans un<br />

autre.<br />

Une première étape devrait être pour tous les pays de la<br />

Caraïbe le respect des règles de gestion les plus urgentes:<br />

Tous les pays sont encouragés à mettre en réserve des<br />

zones naturelles et à s’engager à faire respecter leurs zones<br />

de réserve naturelles qui sont la garantie pour l'avenir non<br />

34


seulement des lambis mais de toutes les ressources <strong>du</strong><br />

milieu marin.<br />

“Conchita” “Conchita”<br />

C’est facile; il faut les peser<br />

et il ne doit pas y en avoir<br />

plus de 4 pour faire un kilo.<br />

Mais cette norme doit être<br />

vérifiée dans chaque pays<br />

parce qu’il peut y avoir des<br />

populations où les a<strong>du</strong>ltes<br />

sont plus ou moins grands<br />

35<br />

Et si on vend les lambis<br />

sans la coquille comment<br />

reconnaître si ce sont des<br />

a<strong>du</strong>ltes qui avaient un<br />

large pavillon épais?<br />

Tous les pays devraient s'engager à respecter au moins:<br />

a) <strong>La</strong> limite de taille et de poids à des niveaux corrects pour<br />

protéger sérieusement les juvéniles et ne pas permettre la<br />

pêche de lambis qui n’ont pas pon<strong>du</strong> pendant au moins<br />

une saison.


) Existence d’un pavillon assez épais pour ne pas être cassé<br />

à la main et poids correspondant de chair lorsque les<br />

animaux sont ven<strong>du</strong>s sans coquille (4 lambis dans 1 kilo).<br />

Ces deux limites appliquées correctement sont les seuls<br />

moyens de protéger les jeunes qui n'ont pas encore eu le<br />

temps de se repro<strong>du</strong>ire.<br />

Tous les pays devraient être encouragés à organiser le<br />

suivi de leur pêcherie. Mais il est important pour tous<br />

d'appliquer le principe de précaution qui veut qu'on<br />

décide de mesures de protection sans attendre les résultats<br />

des études. Il est plus facile de diminuer la protection que<br />

de reconstituer ce qui a été détruit.<br />

Tous les pays doivent pouvoir respecter une limitation de<br />

pro<strong>du</strong>ction en relation avec leurs zones de pêche.<br />

Et il faut aussi une grande concertation entre tous les<br />

pays et un grand effort pour éliminer la pêche illégale qui est<br />

une véritable piraterie <strong>du</strong> bien commun.<br />

Cette pêche pirate ne sera éliminée que par un effort<br />

d’é<strong>du</strong>cation pour que tout le monde comprenne que c’est à la<br />

fois l’intérêt des pêcheurs et celui des consommateurs et de<br />

36


tout le monde d’instituer une exploitation <strong>du</strong>rable des<br />

ressources de la mer. Mais il ne suffit pas d’établir des règles, il<br />

faut aussi que tous les pays soient prêts à organiser la<br />

surveillance de leurs ressources et de leurs réserves naturelles<br />

et à punir sévèrement ceux qui ne les respectent pas.<br />

Tous les pays doivent être encouragés à organiser des<br />

programmes é<strong>du</strong>catifs sur le bon usage des ressources de<br />

la mer et à prendre le lambi comme exemple d'une<br />

gestion sage des ressources aussi bien pour les enfants que<br />

pour les pêcheurs et pour les consommateurs.<br />

Et ce livre et les documents qui l'accompagnent sont<br />

faits pour aider les pays de la Caraïbe à mettre en chantier leur<br />

programme d'é<strong>du</strong>cation.<br />

Rendez-vous dans quelques années, pour savoir si ces<br />

mesures ont permis de reconstituer le stock de lambis. Il faut<br />

des millions de jeunes lambis pour qu’il y ait des lambis<br />

a<strong>du</strong>ltes repro<strong>du</strong>cteurs en quantité suffisante si on veut laisser<br />

des ressources normales à nos enfants et aux enfants de nos<br />

enfants.<br />

37


Glossaire<br />

ACCOUPLEMENT. L’accouplement se fait avec un allongement très<br />

important <strong>du</strong> pénis qui pénètre dans la bourse copulatrice sans gêner la<br />

ponte qui se fait jusqu’à la gouttière de ponte qui court le long <strong>du</strong> côté<br />

droit <strong>du</strong> pied. Mais les œufs pon<strong>du</strong>s ne sont pas ceux qui <strong>vie</strong>nnent d’être<br />

fécondés puisqu’ils transitent dans l’utérus où ils sont entourés par les<br />

enveloppes protectrices. Le mâle profite plutôt de l’immobilité de la<br />

femelle pendant la ponte.<br />

L’accouplement n’est pas très sélectif puisqu’on a observé des<br />

mâles essayant de s’accoupler avec des femelles d’autres espèces. De plus,<br />

une femelle peut avoir été fécondée par plusieurs mâles ce qui met en<br />

compétition les spermatozoïdes.<br />

ANATOMIE. Toutes les espèces de Strombes ont en commun des<br />

caractères anatomiques caractéristiques. Ils ont en particulier des<br />

pédoncules oculaires (voir oeil) très grands et des tentacules oculaires très<br />

petits, un long mufle appelé proboscis, un pavillon ou lèvre plus ou moins<br />

grand de la coquille qui se développe chez les a<strong>du</strong>ltes. Tous ces caractères<br />

ont été décrits surtout chez <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> mais sont valables pour les<br />

autres espèces.<br />

APPAREIL GENITAL FEMELLE. L’appareil génital femelle comporte un<br />

ovaire brun qui est situé dans la région superficielle des derniers tours de<br />

spire de la masse viscérale et un appareil plus compliqué que celui <strong>du</strong> mâle<br />

puisqu’il comporte des poches qui permettent l’accouplement (bourse<br />

38


copulatrice), le stockage <strong>du</strong> sperme (réceptacle séminal) et une région<br />

sécrétrice très développée qui participe à la formation des enveloppes<br />

protectrices de chaque œuf et à la constitution des enveloppes protectrices<br />

de la ponte, qu’on appelle «utérus» mais qui n’a pas <strong>du</strong> tout le même rôle<br />

que l’utérus d’une femelle de mammifère.<br />

<strong>La</strong> disposition des différentes parties de l’appareil génital permet<br />

l’accouplement en même temps que la ponte avec des trajets bien distincts<br />

pour les œufs et pour le sperme.<br />

APPAREIL GENITAL MALE. L’appareil génital mâle comporte un testicule<br />

qui est la glande blanche qui occupe l’extrémité spiralée de la masse<br />

viscérale. En réalité le testicule recouvre la glande digestive et n’occupe<br />

que la région superficielle des 3 derniers tours de spire même en période<br />

de repro<strong>du</strong>ction. Les tubules <strong>du</strong> testicule débouchent dans un canal très<br />

replié (canal déférent ou vas deferens) qui contient les spermatozoïdes<br />

murs. Ce canal se prolonge par une gouttière formée par la prostate et le<br />

manteau qui arrive jusqu’au pénis qui est situé sur la droite de l’animal au<br />

dessus <strong>du</strong> pied et en arrière de la tête. Le développement <strong>du</strong> pénis est le<br />

repère le plus évident de l’état a<strong>du</strong>lte de maturité. Cependant ce n’est que<br />

la partie la plus visible <strong>du</strong> développement <strong>du</strong> tractus génital.<br />

Chez les juvéniles l’ébauche de pénis forme une petite<br />

protubérance jaune.<br />

CONCHITA. En espagnol "Conchita" signifie petit coquillage. Conchita<br />

c’est une larve veligère <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi. Elle est la mascotte de ce livre et <strong>du</strong><br />

Program <strong>La</strong>mbi.<br />

39


COQUILLE. <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, comme la plupart des mollusques fabrique sa<br />

coquille dès les premiers stades <strong>du</strong> développement embryonnaire, c'est à<br />

dire avant l'éclosion de l'œuf.<br />

<strong>La</strong> coquille des Strombes est spiralée comme celle de la plupart<br />

des Gastéropodes<br />

Au moment de l'éclosion, la petite coquille est transparente parce<br />

qu'elle n'est pas encore calcifiée mais elle a déjà un tour et demi. Elle est<br />

constituée uniquement par la trame protéique de la coquille.<br />

Elle a 4½ tours au moment de la métamorphose et elle est devenue<br />

opaque à cause <strong>du</strong> dépôt de calcium mais c'est encore une coquille<br />

larvaire qui restera au sommet de la coquille a<strong>du</strong>lte qui commence à<br />

grandir au moment de la métamorphose.<br />

Formation de la coquille a<strong>du</strong>lte. Les Strombes ont une croissance limitée<br />

qui s'arrête peu avant la maturité sexuelle. A partir de 3 ans, le Strombe<br />

forme le pavillon de la coquille en 2 temps. (voir pavillon).<br />

Structure de la coquille. <strong>La</strong> coquille est formée par le dépôt de cristaux de<br />

carbonate de calcium dans une matrice protéique. Elle comporte 3 parties :<br />

<strong>La</strong> couche externe brune qui se dessèche et se détache à la surface externe<br />

des coquilles mortes est le periostracum qui se forme à partir <strong>du</strong> bord de<br />

manteau<br />

<strong>La</strong> coquille proprement dite formée de prismes de conchioline<br />

(partie protéique) et de carbonate de calcium sous forme de calcite ou<br />

40


d'aragonite s'agrandit avec la croissance à partir <strong>du</strong> bord palléal comme le<br />

périostracum.<br />

<strong>La</strong> nacre est la couche interne de la coquille, lisse, brillante et<br />

colorée, qui est déposée par toute la surface externe <strong>du</strong> manteau Elle<br />

s’épaissit par dépôt de nouvelles couches par toute la surface <strong>du</strong> manteau<br />

qui peut aussi pro<strong>du</strong>ire des perles si des petites particules sont intro<strong>du</strong>ites<br />

entre le manteau et la coquille. <strong>La</strong> nacre pigmentée en rose <strong>du</strong> pavillon,<br />

perd sa couleur au soleil et même avec le temps à l'obscurité.<br />

LARVE VELIGERE. <strong>La</strong> larve de Strombe est une larve véligère qui possède<br />

un velum qui lui permet de nager, respirer, se nourrir. <strong>La</strong> larve véligère a<br />

une petite coquille transparente qui est assez grande pour qu'elle puisse se<br />

rétracter et se mettre à l'abri dans sa coquille mais ceci n'empêche pas de<br />

nombreux animaux planctonophages (mangeurs de plancton) d'engloutir<br />

des quantités de petits animaux <strong>du</strong> plancton. Il y a donc une perte très<br />

importante de juvéniles <strong>du</strong>rant la <strong>vie</strong> larvaire.<br />

LEVRE de la coquille = PAVILLON.<br />

MANTEAU. Le manteau est le tissu qui sécrète la coquille ; il recouvre le<br />

corps de tous les mollusques en contact avec la coquille.<br />

Il recouvre la cavité palléale dans laquelle se trouve la branchie et<br />

dans laquelle débouche le tube digestif, le rein et l'appareil génital.<br />

Il forme chez le lambi un bourrelet orangé qui borde la coquille et<br />

qu'on appelle bourrelet palléal ou bord palléal. C'est la région <strong>du</strong> manteau<br />

41


qui permet à la coquille de grandir au fur et à mesure que l'animal grandit.<br />

Cependant l’épaississement de la coquille se fait par toute la surface.<br />

METAMORPHOSE. <strong>La</strong> métamorphose est l'ensemble des modifications<br />

anatomiques et physiologiques qui permettent de passer d'un milieu de <strong>vie</strong><br />

à au autre au cours <strong>du</strong> développement. Chez les strombes comme chez<br />

beaucoup d'autres mollusques, les œufs éclosent en donnant une larve très<br />

différente de l'a<strong>du</strong>lte: larve nageuse planctonique appelée larve véligère.<br />

Au cours de la métamorphose, la larve véligère perd son organe essentiel<br />

qui est le velum et de<strong>vie</strong>nt benthique. Elle acquiert essentiellement un pied<br />

qui lui permet de se déplacer, une branchie qui lui permet de respirer et<br />

une ra<strong>du</strong>la qui lui permet de manger.<br />

<strong>La</strong> larve qui est prête à la métamorphose a déjà un pied<br />

fonctionnel mais pas encore de branchies.<br />

<strong>La</strong> métamorphose est une période de la <strong>vie</strong> <strong>du</strong>rant laquelle la<br />

mortalité naturelle est très importante <strong>du</strong> fait que la destruction <strong>du</strong> velum<br />

ne permet plus une bonne respiration alors que la nouvelle branchie n’est<br />

toujours pas fonctionnelle. Le stade intermédiaire entre la larve véligère<br />

planctonique et le juvénile métamorphosé qui est benthique s'appelle<br />

pédiveligère (ce qui signifie qu'il a en même temps un pied et un velum).<br />

Les problèmes de la métamorphose ne sont pas particuliers aux strombes ni<br />

même aux Gastéropodes mais concernent tous les mollusques.<br />

Comme chez beaucoup de mollusques, le succès de la<br />

métamorphose dépend pour les strombes de la présence de facteurs<br />

environnementaux qui permettent une métamorphose rapide. <strong>La</strong><br />

connaissance de ces facteurs déclenchants de la métamorphose est<br />

42


essentielle pour la réussite d’élevages en aquaculture. Pour les strombes, le<br />

principal facteur déclenchant reconnu est une algue rouge mais la<br />

métamorphose peut aussi être déclenchée par d’autres facteurs chimiques.<br />

ŒIL. Comme tous les escargots de mer, les strombes ont des yeux placés à<br />

la base des tentacules céphaliques alors que les yeux sont au bout des<br />

tentacules chez les escargots terrestres. Mais, avec des yeux à la base des<br />

tentacules, <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, à l'abri sous son grand pavillon ne voyait pas<br />

grand-chose à l'extérieur. Le pédoncule oculaire (c'est à dire la base de<br />

l'œil) s'est allongé de telle façon que ce pédoncule ressemble à un<br />

tentacule. Le vrai tentacule est la toute petite excroissance qui a l'air de<br />

faire une petite casquette pour protéger l'œil. Et pour mieux surveiller<br />

l'ennemi, les Strombes ont un pli spécial au bord <strong>du</strong> pavillon de la coquille<br />

qui leur permet de surveiller d'un œil tout ce qui se passe à l'extérieur.<br />

OPERCULE. L'opercule est une plaque cornée <strong>du</strong>re qui est fixée à la partie<br />

dorsale postérieure <strong>du</strong> pied qui existe chez la plupart des Gastéropodes<br />

Prosobranches. L'opercule de <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> a une forme caractéristique<br />

en virgule; il est pointu d'un côté et arrondi de l'autre. Cet opercule joue<br />

deux rôles: il permet de fermer l'orifice de la coquille quand l'animal se<br />

cache au fond de la coquille. Chez <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>, la taille assez ré<strong>du</strong>ite<br />

de l'opercule ne permet pas de fermer correctement l'ouverture de la<br />

coquille. L'animal est obligé de se rétracter au fond de la coquille pour que<br />

l'opercule s'adapte à une section plus étroite. Les poulpes arrivent à forcer<br />

l'ouverture de la coquille et à manger même des lambis a<strong>du</strong>ltes.<br />

43


Le rôle très particulier de l'opercule chez les strombes est qu'il<br />

permet à l'animal de prendre appui sur le sol et d'effectuer des sauts en<br />

utilisant la puissance musculaire <strong>du</strong> pied. Ce comportement joue un rôle<br />

important dans la défense contre les prédateurs.<br />

PAVILLON ou LEVRE de la coquille. Le pavillon commence à se former à<br />

partir de 3 ans en deux étapes.<br />

Le bord de la coquille commence à s'étaler et atteint sa taille<br />

maximale en environ 6 mois. Ensuite, la coquille continue sa croissance<br />

uniquement en épaisseur. Les études sur la repro<strong>du</strong>ction et la croissance<br />

ont montré que la maturité sexuelle est atteinte chez les Strombes de 4 ans<br />

dont le pavillon mesure plus de 4 mm d'épaisseur. Cette mesure est trop<br />

compliquée à prendre pour être utile dans le domaine de la<br />

réglementation. Il est par contre facile de vérifier la solidité <strong>du</strong> pavillon. Si<br />

on peut casser le bord à la main, l'animal n'est pas encore mûr. Il faut lui<br />

laisser une saison de repro<strong>du</strong>ction supplémentaire. Cette caractéristique<br />

devrait être intro<strong>du</strong>ite dans les projets de réglementation<br />

PIED. Le pied <strong>du</strong> <strong>La</strong>mbi est constitué essentiellement de muscles très<br />

puissants. Sa surface extérieure est riche en cellules qui pro<strong>du</strong>isent le<br />

mucus qui permet le glissement mais les lambis sont capables de faire de<br />

véritables sauts soit pour se retourner soit pour échapper à des prédateurs.<br />

Pour le faire, ils prennent appui au sol sur l'extrémité pointue de l’opercule<br />

qui est fixé à la face dorsale <strong>du</strong> pied.<br />

44


Le pied et le muscle columellaire (muscle qui fixe les<br />

Gastéropodes à leur coquille) sont les deux parties de l'animal qui sont<br />

principalement consommées.<br />

PLANCTON. On appelle plancton, l'ensemble des petits animaux et des<br />

petites algues qui flottent librement dans la mer. L'ensemble <strong>du</strong> plancton<br />

dérive avec les courants et peut donc parcourir des distances importantes.<br />

L'ensemble des cellules qui possèdent <strong>du</strong> pigment photosynthétique<br />

constitue le phytoplancton. L'ensemble des petits animaux forme le<br />

zooplancton. Le zooplancton est constitué à la fois d'animaux, de petite<br />

taille qui passent toute leur <strong>vie</strong> en pleine eau et de stades larvaires<br />

d'animaux dont les a<strong>du</strong>ltes vivent au fond de l'eau comme les strombes et<br />

beaucoup de mollusques et de crustacés. Dans ce cas on dit que l'a<strong>du</strong>lte<br />

est benthique et que les stades larvaires sont planctoniques. <strong>La</strong> phase<br />

larvaire planctonique permet par sa grande mobilité de disperser l'espèce<br />

sur de grandes surfaces. Cependant des études génétiques sont encore<br />

indispensables pour connaître avec précision le niveau de brassage ou<br />

d'isolement de certaines populations.<br />

<strong>La</strong> phase planctonique est une phase de déperdition très<br />

importante en nombre d'indivi<strong>du</strong>s par rapport au nombre de larves issues<br />

des pontes.<br />

Le passage <strong>du</strong> stade planctonique au stade benthique se fait par<br />

une transformation très importante des organes vitaux de l'animal qui est la<br />

métamorphose.<br />

45


PONTE. <strong>La</strong> ponte est à la fois le fait d’émettre les œufs qui sont déjà<br />

fécondés (fécondation interne) et le résultat de cette ponte, c’est à dire le<br />

cordon contenant les œufs organisé pour former une masse en forme de<br />

croissant contenant les œufs. <strong>La</strong> ponte constitue un dispositif très efficace<br />

de protection des œufs <strong>du</strong>rant les premiers jours <strong>du</strong> développement.<br />

Chaque œuf est enveloppé dans une gangue muqueuse et possède une<br />

coque protectrice particulièrement résistante. Et l’ensemble est enveloppé<br />

dans un tube muqueux qui agglutine les grains de sables ce qui renforce la<br />

protection en terme de résistance et en terme de camouflage.<br />

PROBOSCIS. Probablement toujours en relation avec l'existence <strong>du</strong><br />

pavillon, la bouche est placée à l'extrémité d'un mufle très extensible qui<br />

peut s'allonger jusqu'à arriver au bord <strong>du</strong> pavillon. C'est ce mufle qui<br />

s'appelle proboscis. Dans la bouche une petite bandelette qui porte des<br />

dents constitue la ra<strong>du</strong>la (ou petite râpe).<br />

RADULA. <strong>La</strong> ra<strong>du</strong>la est un ruban situé dans le bulbe buccal et la bouche<br />

qui existe chez tous les Gastéropodes. Sur la ra<strong>du</strong>la sont fixées des dents<br />

cornées qui permettent de râper la surface des feuilles de Thalassia ou de<br />

manger des algues plus tendres.<br />

STYLET CRISTALLIN. Le lambi possède un bâtonnet gélatineux translucide<br />

qui mesure à peu près 10 cm et qu'on voit sortir de la masse viscérale<br />

lorsqu'on les nettoie pour les préparer. A travers toute la Caraibe court la<br />

légende de ce bâtonnet qui aurait des propriétés aphrodisiaques. En réalité,<br />

ce bâtonnet est un élément <strong>du</strong> tube digestif qui existe chez la plupart des<br />

46


mollusques; il est sécrété par la paroi d'une annexe <strong>du</strong> tube digestif<br />

appelée sac <strong>du</strong> stylet. C'est un comprimé d'enzymes qui se dissout<br />

progressivement dans l'estomac et participe à la digestion.<br />

SYSTEMATIQUE. Le <strong>La</strong>mbi <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> est l’espèce la plus étudiée des<br />

72 espèces de la famille des Strombidae et des 55 espèces <strong>du</strong> genre<br />

<strong>Strombus</strong> qui vivent dans les mers tropicales et subtropicales <strong>du</strong> monde. Il<br />

vit dans la grande région Caraibe des Bermudes au nord, jusqu'au Brésil au<br />

sud. Il appartient à l'embranchement des Mollusques (animal mou protégé<br />

par une coquille calcaire <strong>du</strong>re), à la classe des Gastéropode (qui veut dire «<br />

qui a l'estomac près <strong>du</strong> pied »). Comme tous les Gastéropodes, il a subit la<br />

torsion qui ramène la cavité palléale vers l'avant ce qui a d'importantes<br />

conséquences sur son anatomie puisque les Gastéropodes n'ont qu'une<br />

branchie, qu'un rein, qu'une gonade. Il n’a aussi qu’un pied comme tous<br />

les Mollusques même ceux qui n’ont pas subi la torsion. Il appartient à la<br />

sous-classe des Prosobranches avec la branchie située vers l'avant. Il<br />

appartient à l'ordre des Caenogastropodes et à la famille des Strombidae.<br />

Les autres espèces de Strombes. Dans la région Caraibe, <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong> est<br />

la seule grande espèce de Strombe. Il existe 4 espèces plus petites : le<br />

Strombe blanc, <strong>Strombus</strong> costatus qui a un pavillon blanc très épais; le<br />

Strombe combattant <strong>Strombus</strong> pugilis qui a un petit pavillon rouge; le<br />

Strombe coq, <strong>Strombus</strong> gallus et le Strombe aile de faucon moins fréquent,<br />

<strong>Strombus</strong> raninus qui ne sont récoltés qu'occasionnellement et ven<strong>du</strong>es<br />

comme objets touristiques.<br />

47


Au nord, on peut aussi trouver <strong>Strombus</strong> alatus uniquement en<br />

Floride, et au sud <strong>Strombus</strong> goliath, encore plus grand que <strong>Strombus</strong> <strong>gigas</strong>,<br />

qui existe au Brésil.<br />

(1974).<br />

Pour plus de détails, il faut consulter American sea shells de Abbott<br />

TENTACULE. Les vrais tentacules sont très ré<strong>du</strong>its chez les strombes. Ils ne<br />

doivent pas être confon<strong>du</strong>s avec les pédoncules oculaires qui portent les<br />

yeux et qui sont très allongés chez les Strombes.<br />

Les tentacules sont des organes sensoriels qui portent différents<br />

récepteurs. Ils peuvent détecter des substances chimiques<br />

(chemorecepteurs), qui permettent d'identifier soit la nourriture, soit les<br />

partenaires sexuels soit les prédateurs. Les tentacules peuvent aussi porter<br />

des récepteurs qui permettent de détecter les mouvements.<br />

(mécanorecepteurs). Il n'y a pas d'étude particulière des récepteurs<br />

sensoriels chez les strombes.<br />

VELIGERE= LARVE VELIGERE.<br />

VELUM. Le velum est formé par des lobes transparents bordés de cils qui<br />

battent ce qui permet un renouvellement rapide de l'eau, un déplacement<br />

et l'envoi de particules de nourriture vers la bouche. C’est un organe qui<br />

permet de respirer, de nager et de manger en capturant les particules <strong>du</strong><br />

phytoplancton qui sont envoyées vers la bouche. Les véligères de<br />

mollusques sont des microphages, pas des filtreurs.<br />

48


Le velum des strombes grandit pendant toute la <strong>vie</strong> larvaire. A<br />

l'éclosion de l'œuf, il possède deux lobes et avant la métamorphose il en a<br />

six.<br />

49


Bibliographie générale<br />

http://www.oakhammockbooks.com/conchnews<br />

http:// www.savetheconch.org.<br />

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Integral para su Manejo Sustentable en el Caribe. CYTED. Programa<br />

Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo. Yucatán,<br />

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DELPUECH A. 2001. Guadeloupe amérindienne. Monum Editions <strong>du</strong><br />

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Général de la Guadeloupe. France. 24p<br />

LITTLE C. 1965. Notes on the anatomy of the Queen Conch <strong>Strombus</strong><br />

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ORR K. (1984) Shelley Macmillan Caribbean<br />

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CDDP ( centre departamental de documentation pedagogique de<br />

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51


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