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tomoko takase<br />

Voltaire au Japon ou Candide<br />

en Extrême-Orient au XXI e sièc<strong>le</strong><br />

Dans ce bref artic<strong>le</strong>, je tenterai d’aborder l’histoire de la traduction de Candide<br />

au Japon, ou plutôt, plus mo<strong>des</strong>tement, de suivre dans <strong>le</strong> contexte japonais l’évolution<br />

de sa <strong>le</strong>cture. Avant de commencer, il n’est pas inuti<strong>le</strong> d’évoquer la place du<br />

Japon chez Voltaire, à travers <strong>le</strong>s travaux <strong>des</strong> chercheurs japonais. Ces derniers<br />

soulignent l’esprit cosmopolite de Voltaire, qui mentionne à plusieurs reprises <strong>le</strong><br />

Japon ou la Chine dans ses ouvrages, tels que l’Essai sur <strong>le</strong>s mœurs 1 ou <strong>le</strong> Traité<br />

sur la tolérance 2 , alors que l’Extrême-Orient était encore peu connu en Europe au<br />

XVIII e sièc<strong>le</strong>, même s’il commençait à en être question dans quelques ouvrages<br />

d’histoire, principa<strong>le</strong>ment d’après <strong>le</strong>s récits de missionnaires jésuites 3 . Les chercheurs<br />

ont éga<strong>le</strong>ment attiré l’attention sur <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> regard porté sur <strong>le</strong> Japon<br />

par Voltaire, qui s’en servait comme révélateur de problèmes bien français, restait<br />

extérieur. Je n’examinerai pas en détail cette question dans <strong>le</strong> cadre de cet artic<strong>le</strong>,<br />

mais il est intéressant de noter que Shin-ichi Ichikawa porte son attention sur la<br />

manière particulière dont Voltaire cite <strong>le</strong> Japon et la Chine dans ses ouvrages historiques,<br />

notamment dans l’Essai sur <strong>le</strong>s mœurs : « Si Voltaire fait apparaître <strong>le</strong> Japon<br />

et la Chine comme tolérants en matière de religion ici ou là dans ses ouvrages d’histoire,<br />

c’est d’abord pour <strong>le</strong>s confronter avec <strong>des</strong> pays européens qui ne sont pas tolérants<br />

dans ce domaine. [...] Ne pourrait-on ainsi pas dire que Voltaire a tenté de<br />

mener une réf<strong>le</strong>xion sur ses propres considérations religieuses à travers l’observation<br />

de la Chine ou du Japon, considérés comme <strong>des</strong> instruments de réf<strong>le</strong>xion 4 ? »<br />

On pourrait presque dire la même chose de l’histoire de la traduction de Candide<br />

au Japon : chaque traduction est, au moment de l’histoire où el<strong>le</strong> paraît, <strong>le</strong><br />

miroir ou la projection de problèmes japonais contemporains. Je voudrais précisément<br />

présenter dans <strong>le</strong>s <strong>pages</strong> qui suivent <strong>le</strong> regain de faveur que connaît ce<br />

1. Un chapitre est entièrement consacré au Japon, <strong>le</strong> chap. CXCVI, « Du Japon au XVII e sièc<strong>le</strong> et<br />

de l’extinction de la religion chrétienne dans ce pays », Essai sur <strong>le</strong>s mœurs, éd. R. Pomeau, Paris, Bordas,<br />

1990, t. II, p. 794-799.<br />

2. « Les Japonais étaient <strong>le</strong>s plus tolérants de tous <strong>le</strong>s hommes : douze religions paisib<strong>le</strong>s étaient<br />

établies dans <strong>le</strong>ur empire... » (Traité sur la tolérance, Paris, Flammarion, « GF », 1989, chap. IV, p. 51-52).<br />

3. Voltaire se réfère à l’ouvrage d’Engelbert Kaempfer (Traité sur la tolérance, p. 162, note 31).<br />

4. Shin-ichi Ichikawa, Trois aspects de la pensée <strong>des</strong> Lumières. Voltaire, Diderot, Rousseau, Tokyo, Shinhyôron,<br />

2007, p. 25-26.

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