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REGARDEZ-MOI OU JE TIRE ! - Source - Arte

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23.15 Film<br />

Tarnation<br />

Film de Jonathan Caouette (États-Unis, 2004, 1h28mn, VOSTF)<br />

Avec, dans leurs propres rôles : Jonathan Caouette, Renée Leblanc, Adolph Davis, Rosemary Davis, David Sanin Paz<br />

TROPHÉE SUTHERLAND, FESTIVAL DU FILM DE LONDRES 2004 • GRAND PRIX ASTURIAS, FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE GIJÓN 2004 •<br />

PRIX DE LA MEILLEURE ŒUVRE HORS FICTION, SOCIÉTÉ NATIONALE DE LA CRITIQUE DE FILMS, ÉTATS-UNIS 2005<br />

Depuis l’enfance, Jonathan rend la caméra témoin de son quotidien chaotique.<br />

L’autoportrait dérangeant, produit avec un tout petit budget et monté sur un coin de<br />

table, d’un cinéaste repéré par Gus Van Sant.<br />

Le Texas, dans les années 80. Depuis ses<br />

11 ans, Jonathan se fi lme lui, ainsi que<br />

sa famille. Sa mère, Renée, a connu une<br />

existence tragique. Très belle et photogénique,<br />

elle a débuté une carrière de<br />

mannequin local à l’âge de 11 ans. Un<br />

an plus tard, elle commence à déprimer.<br />

Ses parents la confi ent à des médecins<br />

qui lui font subir de fréquentes séances<br />

d’électrochocs. Renée en ressort laminée.<br />

Mère célibataire à 19 ans, elle entame<br />

avec Jonathan une vie erratique et violente.<br />

Plusieurs fois, l’enfant lui est retiré.<br />

Confi é à des familles d’accueil, il subit à<br />

son tour de mauvais traitements…<br />

Kit de survie<br />

Pur produit de la révolution numérique, Tarnation propulsait<br />

en haut de l’affi che un jeune réalisateur inconnu<br />

de 31 ans, repéré par Gus Van Sant, qui, pour moins de<br />

219 dollars, avait réussi à tourner un fi lm remarquable,<br />

monté à la maison grâce au logiciel iMovie. Autoportrait<br />

kaléidoscopique mêlant archives familiales, extraits de<br />

fi lms et de messages sur répondeur, le fi lm avançait<br />

d’un cran supplémentaire le curseur<br />

dérangeant de l’autofi ction. Assumant<br />

son homosexualité, regardant en face<br />

ses problèmes mentaux et ceux de sa<br />

mère, traquant ses proches tour à tour<br />

complaisants ou réticents, Jonathan<br />

Caouette n’épargne ni sa famille ni<br />

le public. Triturées, dédoublées, morcelées,<br />

livrées sous forme de message subliminal<br />

ou de fl ash insistant, les images défi lent,<br />

inscrivant dans la rétine du spectateur<br />

le chaos intérieur du narrateur. Comme<br />

en témoigne la séquence où Jonathan,<br />

à 11 ans, déguisé en ménagère, pleure<br />

et décrit les violences d’un mari imaginaire, Tarnation<br />

est le kit de survie d’un adolescent qui s’extirpe de sa vie<br />

sordide à coups de caméra. C’est aussi la construction<br />

d’une esthétique nourrie de couleurs saturées, de quotidien<br />

pavillonnaire, de musique pop et d’images gore<br />

tirées de la culture underground qui s’élabore peu à peu,<br />

faisant passer Tarnation du statut de journal fi lmé à celui<br />

d’œuvre cinématographique.<br />

Multidiffusion le 26 août à 3.00 et le 3 septembre à 0.55<br />

vendredi<br />

24/8<br />

1.05 | LA LUCARNE<br />

Et comment vont<br />

les enfants ?<br />

Documentaire de Babacar Sow<br />

(Sénégal/France, 2000, 57mn, noir et blanc)<br />

ARTE FRANCE<br />

(Rediffusion du 12 mars 2005)<br />

Un fi lm manifeste, presque sans<br />

paroles, sur la condition des enfants<br />

des rues de Dakar. Hypnotique<br />

et sans concessions.<br />

Ce fi lm a été tourné à Dakar dans le<br />

cadre de l’action d’une association<br />

sénégalaise d’artistes pour l’aide<br />

aux enfants errants, Man-Keneen-<br />

Ki. Cette vision spectrale de la<br />

condition des enfants des rues<br />

de Dakar est caractérisée par un<br />

usage très personnel de la caméra<br />

DV et une approche audacieuse<br />

et provocante des corps. Scrutant<br />

les visages des enfants, explorant<br />

leurs corps endormis enchevêtrés<br />

sur le sol, leurs pieds et leurs<br />

vêtements dévorés par la vermine,<br />

leurs bouches édentées et malades,<br />

s’attardant sur leurs yeux hallucinés<br />

par les dissolvants qu’ils inhalent,<br />

la caméra ne les lâche pas d’un<br />

millimètre, suscitant le malaise.<br />

Sommés d’assister à leur défonce<br />

(ils imbibent des chiffons qu’ils<br />

se mettent dans la bouche), nous<br />

découvrons de tout près une réalité<br />

âpre, insupportable, que n’adoucit<br />

aucune explication, aucune plainte.<br />

Chaque séquence est entrecoupée,<br />

leitmotiv obsédant, d’une question<br />

sur fond noir, sous forme de carton :<br />

“Et comment vont les enfants ?”<br />

arte magazine n° 34 du 18|8|07 au 24|8|07 29

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