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L es<br />
Suite de la page1<br />
raffineurs jurent par<br />
tous les saints qu’ils ne<br />
sont nullement responsa-<br />
bles de la situation, affirmant<br />
être tributaires des marchés<br />
internationaux.<br />
Les bourses moyennes appellent<br />
au secours si elles ne sont<br />
pas réduites à pratiquer l’austérité<br />
chez soi. «Avec un bidon<br />
d’huile qui frôle les 700 DA, j’ai<br />
carrément opté pour la graisse<br />
animale, le fameux ch’ham<br />
d’autrefois. Je n’utilise l’huile<br />
“sans goût” que rarement, pour<br />
les fritures inscrites rarement<br />
d’ailleurs au menu», s’est<br />
confiée une mère de famille.<br />
Principal ingrédient dans l’ordinaire<br />
familial, l’huile de table<br />
ne cesse de flamber, atteignant<br />
des coûts pour le moins inabordables<br />
pour de nombreux Algériens.<br />
Les prix des trois marques<br />
phares de Cevital, à savoir Fleurial,<br />
Fridor et <strong>El</strong>io se négocient<br />
entre 510 et 670 DA. Dépourvue<br />
de cholestérol, «saine et de<br />
bonne qualité», selon les témoignages<br />
des consommateurs,<br />
Fleurial est la variété la plus<br />
chère. Cédée à 635 DA par les<br />
services commerciaux de Cevital<br />
aux épiciers détaillants, le bidon<br />
de 5 litres de Fleurial est revendu<br />
entre 650 et 670 DA<br />
l’unité. Le prix diffère d’un<br />
quartier à un autre. «Je le revends<br />
à 650 DA, soit une marge<br />
bénéficiaire de seulement 15<br />
DA par bidon. Je préfère en rester<br />
là, car je fais rouler d’importantes<br />
quantités», explique<br />
un détaillant à Dar <strong>El</strong> Beïda. Ce<br />
dernier se dit «chanceux» d’être<br />
bien approvisionné du fait que<br />
son local soit à un jet de pierre<br />
des services commerciaux de<br />
Cevital qui alimentent les trois<br />
quarts du marché national.<br />
D’autres épiciers prennent toutefois<br />
35 DA de marge lorsqu’ils<br />
sont situés dans des zones<br />
«peu populeuses». «En définitive,<br />
je ne me permets que 5% de<br />
marge bénéficiaire sur chaque<br />
bidon d’huile de 5 litres. C’est<br />
insignifiant», souligne un gérant<br />
d’une «Alimentation générale»<br />
sise à <strong>El</strong> Biar. Il faut dire<br />
que les prix de l’huile de table<br />
ne cessent d’augmenter depuis<br />
le début de l’année 2007. De<br />
450 DA, la Fleurial a bondi à<br />
500 DA, puis à 560 DA et enfin<br />
à 650 DA au minimum. Ces<br />
derniers jours, la «must» des<br />
huiles Cevital a connu deux<br />
augmentations, la première de<br />
78 DA et la seconde de 12 DA,<br />
soit 90 DA. «C'est le prix d’une<br />
bouteille d’un litre, en 2006»,<br />
font remarquer les consommateurs.<br />
<strong>El</strong>io et Fridor, les deux<br />
autres marques du groupe<br />
agroalimentaire (le bidon de 5<br />
litres étant cédé entre 510 et 520<br />
DA) ont subi quant à elles des<br />
augmentations de moindre importance.<br />
La hausse est évaluée<br />
à environ 100 DA sur toute l’année<br />
2007. La même tendance<br />
<strong>El</strong> <strong>Watan</strong> - Lundi 10 décembre 2007 - 2<br />
L’ACTUALITÉ<br />
LES HUILES, LA SEMOULE ET LA POUDRE DE LAIT SONT DEVENUES INABORDABLES<br />
L’Etat absent face à la flambée des prix<br />
FILIÈRE DU LAIT<br />
Suite de la page 1<br />
insi, le niveau de cette subvention, expli-<br />
A quent-ils, a été calculé sur la base d'un prix<br />
de la poudre de lait à 3700 dollars la tonne. «Il<br />
était convenu que ce niveau de subvention ne<br />
serait pas fixe, et que la subvention suive la<br />
courbe d'évolution des prix de la poudre de lait.<br />
En d'autres termes, si le prix de la poudre de<br />
lait augmente, le niveau de la subvention augmente<br />
et inversement», rappellent-ils. Or, déplorent<br />
les signataires, «l'indexation de la subvention<br />
sur l'évolution de la courbe du prix de<br />
la poudre de lait n'a pas été appliquée». En effet,<br />
à titre d'exemple, la poudre de lait est passée<br />
est perceptible chez l’un des<br />
quatre opérateurs nationaux qui<br />
produisent l’huile de table. En<br />
effet, les marques produites par<br />
le groupe La Belle (Bonal, la<br />
Goutte d’or et Safia) sont cédées<br />
à 482 DA, sortie-usine,<br />
pour être revendues autour de<br />
520 DA le bidon de 5 litres. Ce<br />
qui amène à dire que Cevital ou<br />
La Belle sont branchées sur la<br />
même longueur d’onde, abstraction<br />
faite de l’huile de<br />
«luxe» Fleurial. Autre produit<br />
touché par la flambée, la semoule.<br />
Vendue à 1400 DA (700 DA<br />
en 2006) le sac de 25 kg, la semoule<br />
est cédée aujourd’hui<br />
presque à la cuillère. Balance<br />
électronique aidant, les consommateurs<br />
n’ont plus honte de demander<br />
une livre de semoule à<br />
l’épicier du coin. Les ménages<br />
admettent que c’est une quantité<br />
minuscule, «juste pour confectionner<br />
deux petites galettes<br />
pour les enfants». «Et dire que<br />
dans le stock domestique, il y<br />
avait toujours le sac de 50 kg»,<br />
soupire un retraité. La poudre de<br />
lait aussi se fait pousser des ailes.<br />
De 225 DA, elle saute brusquement<br />
à 280 DA pour certaines<br />
marques, et ce, en quelques<br />
jours. Le paquet de lait en poudre<br />
donne environ 3 litres de lait.<br />
Idem pour le concentré de tomates<br />
qui, en quelques jours, «saute»<br />
de 65 à 75 DA, voire 80 DA<br />
la boîte de 500 gr pour ce qui est<br />
d’une marque produite à l’est du<br />
pays. D. Z.<br />
de 3700 dollars à 6000 dollars la tonne sans que<br />
les pouvoirs publics ne réagissent. La sonnette<br />
d'alarme tirée en juillet et en août n'a eu aucun<br />
effet en raison de l'absence d'interlocuteurs entre<br />
les producteurs et les pouvoirs publics. Les<br />
producteurs laitiers affirment que malgré cet<br />
écueil, ils ont poursuivi la production de lait<br />
pour éviter toute déstabilisation du marché avec<br />
«promesse des pouvoirs publics de réévaluer la<br />
subvention à partir du mois d'août». «En raison<br />
de la rentrée sociale, de la période du mois sacré<br />
de Ramadhan et enfin des élections législatives<br />
et municipales, nous avons produit sans<br />
relâche et assuré la stabilité du marché du lait<br />
malgré les difficultés financières, les craintes<br />
■Karim Rebrab,<br />
membre de la direction<br />
du groupe Cevital<br />
«En 18 mois, les prix de la matière première ont<br />
été augmentés de 560 à 1350 dollars la tonne.<br />
Plus de 80% du produit fini est constitué de<br />
cette même matière importée de l’étranger. Si<br />
notre groupe a opéré des augmentations, c’est<br />
que nous sommes tributaires des marchés<br />
mondiaux. Et malheureusement, la bourse ne<br />
fait que s’enflammer. Nous continuerons tout<br />
de même à appeler les pouvoirs publics à<br />
supprimer la TVA qui est de l’ordre de 17%. Ceci<br />
serait une mesure urgente. Et si l’on veut régler<br />
le problème à sa source, l’Algérie devrait<br />
produire elle-même sa matière première. Pour<br />
cela, il faudrait encourager la culture du<br />
tournesol à grande échelle, une mission que<br />
Cevital est entièrement disponible à concrétiser<br />
si l’on se met à table – pouvoirs publics et<br />
opérateurs – et débattre sérieusement de la<br />
question.»<br />
■ Hamid Dahmani,<br />
membre du directoire<br />
du groupe La Belle<br />
«La TVA pèse trop lourd sur les<br />
consommateurs. La supprimer c’est alléger<br />
énormément le fardeau. Cela étant, les prix de<br />
la matière première comme le soja, le tournesol<br />
et l’huile de palme, ont été augmentés<br />
respectivement de 600 à 1107 dollars la tonne,<br />
de 539 à 1400 dollars la tonne et de 500 à 1000<br />
dollars la tonne. Les cours mondiaux s’affolent.<br />
Sans aucune alternative, du moins pour<br />
l’instant, nous ne faisons que subir. Mais il faut<br />
savoir que l’Algérie est bien loin derrière<br />
Les producteurs du Centre à l'arrêt<br />
quant à notre avenir et les pressions externes»,<br />
soulignent-ils, en ajoutant que «notre outil de<br />
production est en fonction, alors qu'officiellement<br />
les mois de novembre et de décembre ne<br />
sont pas concernés par la subvention». Les<br />
producteurs laitiers ne manquent pas de s'interroger<br />
sur le pourquoi de la limitation des autorisations<br />
de subvention valable pour seulement<br />
deux mois. «De même, nous enregistrons un retard<br />
de l'ordre de 3 mois en moyenne dans le<br />
paiement de la subvention, et pour certains<br />
parmi nous, de 6 mois. Pourquoi ?», se demandent<br />
les signataires de la déclaration. La seconde<br />
problématique réside dans le «flou total» qui<br />
règne au sein de l'Office national interprofes-<br />
Les prix des différentes<br />
marques et variétés d’huile<br />
se négocient<br />
entre 510 et 670 DA<br />
Le prix de revient de la<br />
galette est revu<br />
sensiblement à la hausse<br />
PHOTO : H. LYÈS<br />
l’Europe pour ce qui est des augmentations des<br />
huiles de table. Ceci s’explique par le fait que<br />
l’énergie n’est pas chère chez nous.»<br />
■ Services<br />
du ministère<br />
du Commerce<br />
L’Etat régulateur doit assumer son rôle<br />
d’autant plus qu’il est question de produits de<br />
première nécessité. L’économie de marché et la<br />
concurrence ne veulent pas dire démission de<br />
l’Etat de la sphère économique. Le ministre du<br />
Commerce vient de le rappeler, en ce début du<br />
mois de décembre, lorsqu’il a évoqué l’urgence<br />
de créer des offices pour les produits de<br />
première nécessité. L’huile, comme le pain, le<br />
lait ou la semoule sont des produits de<br />
première nécessité.<br />
■ Le tournesol<br />
en bref<br />
L'huile est extraite des<br />
graines, dont la teneur dans<br />
les variétés améliorées varie<br />
de 45 à 50%. L'huile de<br />
tournesol est appréciée pour<br />
son équilibre en acides gras<br />
: elle contient 12%<br />
seulement d'acides gras<br />
saturés et beaucoup d'acides gras mono ou<br />
poly-insaturés, acide oléique, acide palmitique<br />
et surtout acide linoléique, qui est un acide<br />
gras essentiel. D'après les nutritionnistes,<br />
cette huile a d'excellentes qualités diététiques,<br />
par exemple pour combattre le diabète. C'est<br />
également une bonne source de vitamine E.<br />
L'huile de tournesol entre dans la composition<br />
des margarines. <strong>El</strong>le sert aussi à la fabrication<br />
sionnel du lait (ONIL) dont la tâche est d'assurer<br />
l'approvisionnement de la poudre de lait.<br />
«Que devons-nous faire ?», s'interrogent les<br />
producteurs laitiers, et d'ajouter : «Devonsnous<br />
continuer l'approvisionnement de nos entreprises<br />
ou attendre que l'ONIL le fasse ?»Autre<br />
question : «Y aura-t-il, pour une période<br />
transitoire, un système où les deux types de subvention<br />
coexisteront, et selon quelles modalités<br />
?» Déçus, les producteurs de lait relèvent que<br />
ces interrogations ont été posées «à maintes reprises<br />
sans qu'une réponse ne soit malheureusement<br />
apportée». Désormais, la balle est dans<br />
le camp du ministre du Commerce, Hachemi<br />
Djaâboub. M. R.