You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
6 JuraL'IMPARTIAL / LUNDI 13 AOÛT 2007<br />
7<br />
JuraL'IMPARTIAL / LUNDI 13 AOÛT 2007<br />
LA VEDETTE<br />
CHRISTIAN GALLEY ET BIST<br />
>>> SPÉCIAL MARCHÉ-CONCOURS<br />
35 000 personnes pour un cru exceptionnel<br />
Le 104e <strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong> a<br />
été béni des dieux au niveau<br />
de la météo. Il n’en fallait pas<br />
plus pour que la réussite soit<br />
totale. Ce week-end à<br />
Saignelégier, il y avait plus de<br />
Genevois que de chevaux!<br />
C’est dire que ce fut haut,<br />
haut en couleur!<br />
GÉRARD STEGMÜLLER<br />
Surveillez vos allures! Le<br />
104e <strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong><br />
restera incontestablement<br />
d’un cru exceptionnel.<br />
Et pas uniquement à<br />
cause <strong>du</strong> discours <strong>du</strong> très atten<strong>du</strong><br />
Christoph Böbner.<br />
LA FÊTE Comme à son habitude, le <strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong> a eu droit à son lot d’émotions. Il y a eu des blessures, que l’on espère évidemment sans trop de gravité. Le cortège folklorique d’hier a été d’une cuvée exceptionnelle. Les Genevois se sont hissés à la hauteur de l’événement. Quant aux éleveurs, le samedi, ils ont régalé les connaisseurs et les curieux avec près de 500 sujets. Que demander de mieux?<br />
L’émissaire <strong>du</strong> Conseil fédéral<br />
a carrément subjugué l’assistance<br />
lors de la partie officielle.<br />
Bon, d’accord, on arrête<br />
les frais...<br />
Et si l’on redevenait sérieux?<br />
Hier matin sur le coup des 11<br />
heures, les 2000 places des tribunes<br />
avaient été casées. C’est<br />
tout juste s’il en restait une<br />
pour le président d’organisation,<br />
l’ancienne fine cravache<br />
Daniel Jolidon. Au moment de<br />
la synthèse, celui-ci grimpait<br />
d’ailleurs aux rideaux. Vidé<br />
mais heureux, le boss! Et comment!<br />
La fête fut somptueuse,<br />
avec 10 000 visiteurs le samedi,<br />
25 000 hier. Hôte d’hon-<br />
neur officiel, le canton de Genève<br />
a parfaitement rempli<br />
son rôle. En temps normal, la<br />
délégation officielle atteint 60<br />
personnes. Eh bien, des Genevois<br />
invités et bien habillés, il<br />
y en avait le triple! Et pas uniquement<br />
parce que les routes<br />
étaient bonnes. Genève aime<br />
le Jura, qui le lui rend bien.<br />
Genève est aussi un des premiers<br />
cantons agricoles <strong>du</strong><br />
pays, comme l’a rappelé à la<br />
tribune le conseiller d’Etat<br />
Pierre-François <strong>Un</strong>ger. De<br />
dieu comme ils étaient nombreux,<br />
les gens <strong>du</strong> jet d’eau!<br />
Le président <strong>du</strong> Gouvernement<br />
jurassien a profité <strong>du</strong><br />
Des bouteilles en veux-tu, en voilà...<br />
Pinard. Le canton de Genève n’a surtout pas<br />
atterri les mains vides dans les Franches-<br />
Montagnes. «Avec mes collègues, on a débarqué<br />
avec près de 5000 bouteilles», assurait le<br />
vigneron Herbert Schütz, propriétaire d’une vigne<br />
à Céligny. «On verra combien on en ramènera...»<br />
Sûrement que les frais de transport ne devraient<br />
pas coûter une fortune! Les visiteurs ont raffolé<br />
<strong>du</strong> pinard genevois. Marcel Arnoux, enfant <strong>du</strong><br />
Noirmont, ancien postier à La Chaux-de-Fonds, a<br />
fait la promotion de ces délicieux nectars, en<br />
compagnie de son épouse Marielyne, des<br />
Breuleux. Tous deux sont désormais expatriés sur<br />
les bords <strong>du</strong> Léman, mais ils n’en ont pas oublié<br />
leurs racines jurassiennes pour autant. «Les gens<br />
ont été surpris par la qualité de nos pro<strong>du</strong>its»,<br />
confessait Marcel Arnoux. «J’ai l’impression que<br />
le cliché qui collait aux basques des vins genevois<br />
a disparu. Vous savez, un temps, on disait que le<br />
neuchâtel était bon pour faire les fenêtres...»<br />
«Nous sommes des gens de terre et cette fête<br />
nous a convenu» surenchérissait Herbert Schütz.<br />
Santé, donc!<br />
Rentrée tardive. Le samedi à midi, la<br />
traditionnelle tête de veau vinaigrette a convaincu<br />
SANTÉ Excellent, ce pinard genevois vanté par<br />
le Noirmonier exilé Marcel Arnoux. (CHRISTIAN GALLEY)<br />
les invités <strong>du</strong> banquet officiel. Le soir, la partie<br />
récréative a été assurée par l’humoriste Thierry<br />
Meury, enfant de Delémont, qui a demandé à la<br />
fanfare de bisser la Rauracienne hier à la fin des<br />
allocutions officielles. C’est beau, le patriotisme<br />
cantonal! L’ancien facteur (on était obligé de la<br />
placer!) a déploré qu’il y avait moins d’ambiance<br />
qu’il y a deux ans, lors de la venue de Christoph<br />
Blocher... Les inondations de ces derniers jours?<br />
«C’est la première fois que les Jurassiens sont<br />
frappés par un abus de flotte!» Mais ce pincesans-rire<br />
a été obligé de l’avouer: le cheval, il le<br />
préfère «dans l’assiette ou placé, comme au<br />
tiercé». Entre deux godets, une dame l’a félicité<br />
pour sa prestation sur la scène de la halle <strong>du</strong><br />
<strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong>. «C’était magnifique. Vous nous<br />
avez fait rire! J’aurais voulu que ça <strong>du</strong>re deux<br />
heures!» L’humoriste: «Pas moi, madame!» Ce<br />
qui ne l’a pas empêché de regagner sa chambre<br />
d’hôtel à cinq heures <strong>du</strong> mat’, hier matin. Le givre,<br />
probablement...<br />
Cuillère de taille. Le dessert <strong>du</strong> banquet d’hier<br />
fut servi avec une cuillère à soupe, et non pas à<br />
café, comme c’est généralement le cas. «C’est<br />
pour ces grandes gueules de Genève», a plaisanté<br />
un invité. Mais où va-t-il chercher tout ça?<br />
Français en nombre. A l’occasion de ce 104e<br />
<strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong>, les Chemins de fer <strong>du</strong> Jura ont<br />
véhiculé près de 11 000 voyageurs. C’est trois à<br />
quatre mille de plus que l’année dernière, où il<br />
avait fait un temps de chien. Quelque 1500<br />
véhicules ont été parqués le samedi, 4700 hier. A<br />
une tune le parcage, c’est presque mieux qu’à la<br />
bourse! Seize cars ont également été dénombrés.<br />
Les motards? Tellement il y en avait que les<br />
organisateurs se sont résignés à ne pas les<br />
compter. La police cantonale a parlé d’une<br />
affluence record pour ce qui est des véhicules.<br />
Dopage. Instaurés l’année dernière, les<br />
contrôles antidopage ont à nouveau fonctionné ce<br />
week-end. Deux chevaux sont passés entre les<br />
mains des commissaires. Les résultats sont<br />
atten<strong>du</strong>s pour dans 15 jours. Nettement avant le<br />
départ <strong>du</strong> prochain Tour de France...<br />
Le «ouitze». Il est signé Daniel Jolidon. «On<br />
nous a proposé un truc pour sécher la piste.<br />
Comme à Dubaï. Là-bas, quand c’est mouillé, ils<br />
font tourner les hélicoptères. Mais ça n’aurait pas<br />
joué chez nous, on aurait dû enlever les mâts des<br />
drapeaux!» Coquin, va! /gst<br />
micro pour (ré)affirmer que<br />
les victimes des récentes inondations<br />
ne seront pas oubliées<br />
par les autorités. Laurent<br />
Schaffter s’est ensuite lancé<br />
dans un vibrant appel «à la capacité<br />
<strong>du</strong> canton <strong>du</strong> Jura à rassembler».<br />
Pas de doute pour le<br />
ministre de l’Environnement:<br />
un Jura unifié à six districts est<br />
la solution d’avenir. Encore<br />
faudra-t-il convaincre. «Nous<br />
n’additionnerons pas deux entités,<br />
mais nous en créerons<br />
une nouvelle.»<br />
L’après-midi d’hier fut marquée<br />
par trois interventions de<br />
l’ambulance. <strong>Un</strong> spectateur<br />
frappé d’un malaise, un con-<br />
current qui est tombé de son<br />
char et une cavalière victime<br />
d’une commotion. Aux dernières<br />
nouvelles, rien de très<br />
grave.<br />
L’organisation? Nickel! Les<br />
transports nocturnes ont fonctionné<br />
à merveille, ce qui fait<br />
que, jusqu’à hier soir, aucun<br />
accident n’a été déploré sur les<br />
routes. Quelques actes d’incivilité<br />
ont inévitablement<br />
surgi, mais ils étaient l’œuvre<br />
de jeunes avinés que la police a<br />
rapidement maîtrisés.<br />
Seule race indigène <strong>du</strong> pays,<br />
le franches-montagnes s’est<br />
mis en vitrine l’espace de deux<br />
jours. Près d’un millier de che-<br />
vaux ont pris part à la fête. Le<br />
public a raffolé. Daniel Jolidon<br />
a évoqué «un incomparable<br />
<strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong> national de<br />
chevaux». <strong>Un</strong>e petite pointe à<br />
l’égard des organisateurs <strong>du</strong><br />
National FM d’Avenches?<br />
Surveillez vos allures, qu’on a<br />
dit!<br />
La météo sur la bonne selle,<br />
il n’en fallait pas plus pour que<br />
cette 104e édition soit une<br />
réussite totale. Venus en éclaireurs,<br />
les représentants des<br />
cantons d’Uri, Schwyz, Nidwald<br />
et Obwald, invités<br />
d’honneur en 2008, auront<br />
mesuré la tâche qui les attend.<br />
/GST<br />
Robes lustrées, crinières taillées,<br />
sabots graissés... Lorsqu’il s’agit<br />
de présenter leurs franchesmontagnes<br />
sous leur meilleur<br />
jour, les éleveurs ne lésinent pas.<br />
Pas moins de 500 juments,<br />
poulains et étalons ont caracolé<br />
sous les yeux affûtés des juges<br />
dans un concert de<br />
hennissements samedi.<br />
VAINQUEURS Avec «Fanny», «Lili», «Donna» et «Pupuce», les frères Vuillaume et leur sœur (Le Peuchapatte) ont remporté la course de char à quatre chevaux. Spectaculaire! (CHRISTIAN GALLEY)<br />
SARA SAHLI<br />
dire qu’avec autant<br />
d’équidés réunis sur la<br />
même place, la célèbre<br />
C’est<br />
manifestation se profile<br />
comme une véritable Mecque <strong>du</strong><br />
cheval. Les franches-montagnes y<br />
sont certes rois, mais pas n’importe<br />
lesquels, puisque seuls les<br />
plus beaux sont exposés lors des<br />
concours d’élevage. Comme le<br />
souligne Hermann Gehrig, le président<br />
<strong>du</strong> jury des chevaux, «le but<br />
est avant tout de montrer au public<br />
un cheval de qualité. Les poulains<br />
doivent ainsi avoir un minimum<br />
de points pour être inscrits,<br />
et l’âge des chevaux présentés est<br />
limité à 10 ans pour les juments et<br />
à 14 ans pour les étalons.» <strong>Un</strong>e sélection<br />
drastique qui se fait aussi<br />
<strong>du</strong> côté des éleveurs. «Les chevaux<br />
qu’ils amènent au <strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong><br />
sont les meilleurs de leurs<br />
élevages.<br />
Les autres, ils les gardent à la<br />
maison. Simple question d’image<br />
et de fierté Si les quelques curieux<br />
qui ont assisté aux concours d’élevage<br />
ont admiré les yeux de biche<br />
de telle pouliche et discuté de la<br />
belle robe de tel autre jeune cheval,<br />
les juges et les éleveurs avaient<br />
l’esprit occupé par des considérations<br />
autrement plus pointues. Les<br />
yeux rivés sur des détails infimes<br />
dans la conformation ou les allures,<br />
invisibles aux yeux des amateurs.<br />
«Le <strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong> est<br />
l’occasion de prendre la température<br />
de l’évolution de la race des<br />
Franches-Montagnes», explique<br />
Eddy Von Allmen (Mont-Tramelan),unjugederacequiaévalué<br />
un grand nombre de sujets samedi<br />
matin. Encore cheval de trait il y a<br />
quelques décennies, le franchesmontagnes<br />
s’est adapté aux besoins<br />
des différentes époques pour<br />
se profiler aujourd’hui comme<br />
une monture de loisirs. Pour<br />
s’adapter à ce nouveau créneau,<br />
différents croisements, avec des<br />
demi-sang notamment, lui ont fait<br />
perdre quelques tours de sangle.<br />
«On peut constater que la race<br />
gagne en homogénéité. Les chevaux<br />
sont compacts, ont de la souplesse<br />
dans les allures et sont très<br />
typiques de la race», ajoute Eddy<br />
Von Allmen, confiant pour l’avenir<br />
de ce petit cheval des montagnes<br />
<strong>du</strong> Jura si cher au <strong>Marché</strong>-<br />
<strong>Concours</strong>. /SSA<br />
ÉLEVAGE La présentation des étalons a prouvé la bonne forme physique<br />
des sujets, venus <strong>du</strong> Jura historique et <strong>du</strong> haras national. (BIST)<br />
Le grand retour de Rochat<br />
Les oreilles pointent vers la ligne de départ, crinière au vent.<br />
Pour les chevaux qui ont déjà vécu une course campagnarde <strong>du</strong><br />
<strong>Marché</strong>-<strong>Concours</strong>, la tension monte d’un cran au premier brin<br />
d’herbe foulé de l’hippodrome de Saignelégier. Les courses <strong>du</strong><br />
samedi et <strong>du</strong> dimanche sont l’occasion pour les éleveurs, toutes<br />
générations confon<strong>du</strong>es, de mesurer leurs talents dans des<br />
rencontres aussi mythiques qu’atten<strong>du</strong>es par le public. Il faut<br />
d’ailleurs un certain cran, si ce n’est de la témérité, pour se<br />
lancer à cru sur son cheval au milieu d’une trentaine d’autres<br />
concurrents survoltés.<br />
Ou encore pour mener quatre équidés de front, attelés à un<br />
léger char romain. Autant dire une brindille pour ces chevaux à<br />
la force colossale. «Mis ensemble, ce n’est pas moins de 2400<br />
kilos de chevaux que les meneurs ont dans les mains!», raconte<br />
Marcel Frésard, le président de la commission des courses<br />
depuis 20 ans. Fait à souligner lors de cette édition <strong>du</strong> <strong>Marché</strong>-<br />
<strong>Concours</strong>, le grand retour de Jean-Pierre Rochat (Vauffelin), le<br />
meneur téméraire à l’imposante barbe, absent de la piste, ou<br />
plutôt de la coulée de boue, de l’année passée. «J’ai voulu faire<br />
une pause suite à l’accident de ma fille à une course de chars<br />
romains il y a deux ans», confie l’éleveur. «Nous nous sommes<br />
fait une grosse frayeur.» Si sa fille Jessica est toujours un peu<br />
réticente à s’essayer à ce petit jeu, l’appel des trompettes de<br />
Ben Hur a redonné à Jean-Pierre Rochat tout son mordant<br />
d’antan. Il a remporté la quatrième place au terme d’un galop à<br />
brides abattues. Pierre-Alain Waefler, de La Ferrière, a été le<br />
meilleur des meneurs version Péplum, suivi par la seule<br />
romaine de la course, Rebecca Hodel, de Cortébert. A noter que<br />
la meneuse s’essayait pour la première fois à la course de chars<br />
romains à quatre chevaux.<br />
Les organisateurs des courses de cette 104e édition ont pu<br />
se réjouir de la bonne qualité <strong>du</strong> terrain. Que les chevaux des<br />
cortèges genevois ont parcouru avant la première course, celle<br />
des poulains franches-montagnes. /ssa