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Societe feodale - Pedagogie 2nd degré

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elation. En parcourant le périple de la conquête de sa dame, l’amant devra mériter les faveurs de sa<br />

bien-aimée dont il se plie aux caprices. Dans ce style littéraire qui était fait pour être chanté<br />

principalement (poésie lyrique), on retrouve de nombreux obstacles ayant pour but de créer une<br />

augmentation du désir avant l’obtention de la satisfaction de l’amour, qui doit être mérité bien que<br />

jamais assouvi.<br />

La manière de vivre s’apparente à celle de la cour du roi : l’amant doit posséder des talents à<br />

la chasse et comme guerrier - exploits accomplis lors d’épreuves qualifiantes -, posséder une bonne<br />

éducation et se conduire avec aisance devant la dame, qui devient l’inspiration de la poésie<br />

courtoise.<br />

Tout le long du roman Perceval, les chevaliers sont des hommes courtois, à l’exception peutêtre<br />

de «l’ami » de la pucelle sous la tente, qui dit : « Dure peine vous attend. Jamais votre cheval<br />

ne mangera d’avoine, jamais il ne sera soigné que de l’affaire je ne sois vengé ! s’il se déferre, il ne<br />

sera point referré ! S’il meurt, vous me suivrez à pied ! Jamais vous ne changerez d’habit et vous<br />

irez à pied et nue tant que je n’aurai tranché la tête de celui qui vint, ici. ». Gauvain ne se comporte<br />

guère comme un «fin amant » : il conte fleurette mais ne s’attache pas.<br />

L’amour passionné de Tristan et Yseut, les amants inséparables, bouleverse les codes de<br />

l’amour courtois par la trahison du roi, pour l’amour d’Yseut.<br />

On peut penser enfin que la fin’amor est surtout une vision littéraire.<br />

• Suzerains et Vassaux<br />

1. La vassalité<br />

La vassalité résulte d’un contrat par lequel un homme, le vassal, devient dépendant d’un autre<br />

homme, le seigneur. Cet engagement engendre des obligations de part et d’autre. Ce contrat est un<br />

contrat archaïque, ce qui implique qu’il est formaliste et oral. C’est donc un véritable rite, excellent<br />

moyen d’en conserver le souvenir, l’écrit n’étant qu’accessoire à l’époque.<br />

a) Les services<br />

Le fonctionnement normal des institutions prévoit que le vassal rende à son suzerain «le<br />

service de conseil ». En certaines grandes occasions, en dehors des assemblées de justice, il se rend<br />

à sa «cour » pour y faire entendre sa voix au milieu des intérêts de son seigneur.<br />

C’est le cas dans Tristan et Yseut, lorsque le roi Marc reçoit la lettre d’Ogrin et doit prendre<br />

une décision capitale pour lui-même et pour son royaume : « Seigneurs, on m’a remis la lettre que<br />

voici. Je suis votre roi, vous êtes mes vassaux. Qu’on lise la lettre, écoutez-la et quand on aura fini<br />

la lecture du message, donnez-moi votre avis, je vous le demande. C’est votre devoir que de me<br />

donner conseil ». C’est une obligation à laquelle nul ne saurait se soustraire et qui exclut toute prise<br />

en considération d’intérêts particuliers : « Quiconque donne un mauvais conseil à son seigneur<br />

légitime commet le plus grave des crimes ». C’est dire à quel point Tristan a été traître envers son<br />

roi en préservant sa liaison avec Yseut et en déformant la vérité dans la missive rédigée par Ogrin.<br />

La préparation de la scène du flagrant délit fait bien apparaître les entorses que Tristan fait subir aux<br />

valeurs féodales. Bien qu’animés par la jalousie et la haine, les barons respectent le droit, alors que<br />

Tristan est, lui, le vrai félon qui manque à son service. Tristan bafoue des valeurs essentielles ; il<br />

profite de sa supériorité dans un autre service dû au suzerain, le «service d’aide », qui s’exerce dans<br />

le domaine militaire. En rappelant régulièrement les exploits passés du héros, et notamment son<br />

combat victorieux contre le Morholt, Béroul assure au lecteur une bonne compréhension du récit ; il<br />

souligne aussi l’exceptionnelle vaillance de Tristan, qui peut à tout moment se transformer en baron<br />

révolté, qui ne trouve personne pour se mesurer à lui en duel judiciaire et qui inspire une telle<br />

crainte que personne n’ose plus fréquenter la forêt où il s’est réfugié. Le service d’aide appliqué à la

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